« Indigène » ou « étranger » ? La nationalité française d’Auguste de Staël contestée en 1824

En 1824, attaqué sur sa nationalité française, Auguste de Staël fit publier par un éditeur anglais proche de ses réseaux protestants revivalistes, une consultation juridique rédigée par deux grands avocats parisiens, Messieurs Billecocq et Gairal. À l’origine de cette affaire, une implantation terrienne et politique dans le département de l’Ain sur les pas du libéral Camille Jordan ainsi que son inscription au sein du collège électoral. Mais il apparaît que lui étaient surtout reprochées ses origines familiales. Né en France sous la Révolution de parents étrangers, puis d’une mère proscrite sous l’Empire, son cas relevait du code civil de 1804 mais également d’une jurisprudence fluctuante en la matière. En témoigne la même année le combat engagé au parlement par Benjamin Constant. Droit politique et citoyenneté étant devenus indissociables, la qualité de citoyen et la nationalité française ne cessèrent en effet d’être un sujet de discorde sous la Restauration.