![Cahiers de sémiotique des cultures. 2024 – 1, n° 1. Sciences, épistémologie, arts – Perspectives de l’énaction - Éditorial](https://classiques-garnier.com/images/Vignette/CeeMS01b.png)
Éditorial
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Cahiers de sémiotique des cultures
2024 – 1, n° 1. Sciences, épistémologie, arts – Perspectives de l’énaction - Auteur : Kurts-Wöste (Lia)
- Pages : 11 à 13
- Revue : Cahiers de sémiotique des cultures
Éditorial
Ce premier numéro marque l’inauguration d’une nouvelle revue scientifique aux éditions Classiques Garnier, les Cahiers de sémiotique des cultures. Elle se veut un vecteur d’exploration et de rayonnement durable d’une pensée critique transdisciplinaire aujourd’hui en plein développement partout en France mais ayant encore peu de visibilité institutionnelle. Ainsi s’appuiera-t-elle aussi souvent que possible sur un élargissement international, dans la mesure où nos voisins s’y consacrent depuis plus longtemps de manière mieux identifiée. La genèse d’un tel mode de pensée sémiotique remonte au début du siècle dernier avec l’élaboration progressive de l’épistémologie des sciences de la culture, en Europe puis aux États-Unis. Cette approche déborde aujourd’hui largement ce moment fondateur, en amont comme en aval, avec des prospections très actuelles, que la revue s’attachera à faire partager à un lectorat le plus large possible.
La ligne éditoriale se donne pour cap de poursuivre et développer la réflexion sur ce qui fait la spécificité de l’« ordre du sens » propre à l’humain, dans ses interrelations avec son entour, humain et non humain. Une telle pensée porte une attention renouvelée aux médiations, aux formes-sens conçues comme autant de conditions socio-historiques de couplage des individus avec cet entour. Le sens y est conçu comme une forme instituée/instituante à retravailler constamment, aux multiples régimes de fonctionnement et de légitimation – thématique sémiotique large et partageable qui constitue, outre sa légitimité propre, un antidote aux réductionnismes, aux déterminismes et aux logiques de repli. Dans ce cadre, la relation de connaissance propre à la science est appréhendée comme une relation qui gagne à reconnaître sa propre implication dans le fait de créer le monde dans lequel nous vivons, au même titre que d’autres types de relations. Un tel constat se spécifie pour la science dans la responsabilité qui lui incombe quant au choix des approches théoriques et des objets d’étude qu’elle se donne et quant à la reconnaissance des 12relations qu’elle contracte avec d’autres types de pensées et de pratiques (artistiques, techniques et mythiques notamment). Ainsi fait-elle sienne l’idée selon laquelle la situation spatio-temporelle de l’observateur se voit redoublée par la situation historico-culturelle de l’interprète. Ces quelques lignes introductives suffisent sans doute à comprendre que la revue se réjouisse d’accueillir dans ce premier numéro thématique des contributions mettant en perspective la notion d’« énaction », selon une approche pluridisciplinaire et avec une coordination plurielle (et paritaire !). En effet, la notion d’« énaction », du moins dans la version qui restitue autant que faire se peut l’esprit de la collaboration entre les biologistes Francisco Varela et Humberto Maturana, permet d’explorer, dans des champs très différents (de l’éthologie aux pratiques artistiques les plus contemporaines), l’idée de « couplage co-constituant » d’un individu ou groupe d’individus avec son environnement. Ce principe de couplage co-constituant va à l’encontre d’une approche scientiste et naïve selon laquelle les données existent indépendamment des relations de connaissance que les individus élaborent pour les appréhender. Dans le mouvement auto-réflexif et les réévaluations de paradigmes qu’un tel principe induit, les disciplines et leur logique propre restent cependant parfaitement caractérisées.
Aujourd’hui, la compréhension des modalités d’une interrelation viable entre les humains et leurs milieux qui prendrait en compte toute la diversité et la profondeur historique des médiations (langage, arts, sciences, mythes, techniques, etc.) par lesquelles ils se couplent à ces milieux, revêt un caractère nécessaire et urgent. Ce faisant, la revue entend participer au renouvellement de la conception des rapports entre nature et culture.
Astrid Guillaume, directrice de cette revue et de la collection Sémiotiques à laquelle les Cahiers de sémiotique des cultures sont rattachés, s’associe à ce mot d’inauguration de la direction éditoriale pour souhaiter la bienvenue à tous les futurs contributeurs et coordinateurs et se réjouit tout particulièrement, en tant que présidente de la Société française de Zoosémiotique (SfZ), de la place conférée à l’étude des comportements animaux dans ce premier numéro. Tous nos remerciements vont également au comité de lecture, aux spécialistes relecteurs extérieurs et au comité scientifique, international, pluridisciplinaire et pluri-institutionnel, qui ont apporté à l’occasion de l’élaboration de ce premier numéro et qui 13apporteront dans le futur leur savoir et leur savoir-faire pour porter haut l’intelligence collective d’une sémiotique des cultures. On ne saurait terminer ce premier éditorial sans exprimer notre vive reconnaissance à l’égard du directeur des éditions Classiques Garnier pour nous avoir donné les moyens d’engager cette nouvelle aventure éditoriale.
Bonne lecture à toutes et à tous !
Lia Kurts-Wöste
Directrice éditoriale
et rédactrice en chef
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-17100-3
- EAN : 9782406171003
- ISSN : 3039-0133
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-17100-3.p.0011
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 19/06/2024
- Périodicité : Semestrielle
- Langue : Français