![Bulletin de la Société Paul Claudel. 2021 – 2, n° 234. varia - Tribute to Madame Renée Nantet](https://classiques-garnier.com/images/Vignette/BclMS231b.png)
Tribute to Madame Renée Nantet
- Publication type: Journal article
- Journal: Bulletin de la Société Paul Claudel
2021 – 2, n° 234. varia - Author: Chujo (Shinobu)
- Pages: 25 to 26
- Journal: Bulletin of the Paul Claudel Society
HOMMAGE À MADAME RENÉE NANTET
Madame Renée Nantet nous a quittés le 23 janvier à l’âge de cent quatre ans. C’est le 24 janvier que j’ai reçu la triste nouvelle de monsieur Hubert Martin, président de la Société Paul Claudel, et des membres de son Conseil d’administration.
Le choc que j’ai eu est indescriptible. Pour moi, elle était la conservatrice très généreuse des manuscrits de son père et l’excellente directrice de mes recherches.
Quand je l’ai rencontrée pour la première fois au bureau du boulevard Lannes, je n’étais qu’un simple étudiant boursier du gouvernement français à la Sorbonne. Pourtant elle m’a permis de consulter les livres lus par le jeune Claudel qui étaient déposés à Villeneuve-sur-Fère. Depuis, elle a accepté mes demandes, y compris même les invitations afin que je puisse assister avec ma femme à la représentation du Soulier de satin mis en scène par Olivier Py au Théâtre de la Ville.
Un jour, un miracle s’est produit. À ma demande, elle m’a montré l’Anthologie de la poésie japonaise de Georges Bonneau. À notre surprise, sortirent parmi les pages de nombreux morceaux de papier sur lesquels étaient écrits de petits poèmes. Jacques Petit les a édités sous le titre de Dodoitzu dans la nouvelle Pléiade, Œuvre poétique, en 1967.
Un soir, elle a pris la peine de venir chez nous, lors de son séjour au Japon. Après le dîner, elle a chanté une chanson japonaise, Moshi moshi kameyo (Allô, allô, Tortue). « C’est dans ma petite enfance que je l’ai apprise au Japon », a-t-elle dit.
En 2001, grâce à elle, les Rencontres internationales de Brangues ont porté sur le sujet Paul Claudel écoute le Japon. Quand elle m’a demandé des conseils sur le programme du colloque et sur l’exposition, j’étais très heureux de pouvoir lui rendre, même partiellement, la bienveillance qu’elle m’avait accordée.
C’est également grâce à elle que j’ai pu m’approcher d’éminents claudéliens. Lors de mon premier séjour à Paris, je lui ai parlé de mon intérêt pour l’image du conquérant dans l’œuvre de Claudel. Elle m’a présenté madame Jacqueline de Labriolle qui préparait alors une thèse 26de doctorat sur Le Livre de Christophe Colomb. C’est elle qui m’a adressé à monsieur Pierre Brunel, et celui-ci m’a présenté monsieur Marius-François Guyard. Ainsi j’ai fait successivement la connaissance de plusieurs claudéliens de renom et j’ai bénéficié de leur précieuse direction.
Dans ses dernières années, je l’ai rencontrée quelquefois au bureau de la rue du Pont-Louis-Philippe. Son image et sa voix restent encore toutes vivantes dans mon souvenir, comme si c’était hier. Face à cette triste nouvelle, de nombreuses réminiscences affluent dans mon esprit.
Shinobu Chujo