Je ne la connus qu’en été, aux chaudes heures du mois de juin finissant, au soleil des Rencontres de Brangues. La première fois, la ressemblance troublante avec son père dépassée, ce qui me frappa fut la simplicité franche de son accueil. Après tout, dans cette reprise des Rencontres, j’étais un intrus, tout comme dans le domaine d’ailleurs, et en dehors de la politesse élémentaire qui m’imposait le respect, elle sut se montrer de notre famille. Mélange d’exigence et de subversion, quelque chose de rebelle et d’intransigeant, entre l’acier bleu de ses yeux et l’immense rire qui souvent la prenait. Jamais je ne me serais lancé dans l’aventure de l’Association pour un Centre culturel de rencontre à Brangues sans elle. C’est par elle que les Rencontres furent initiées, par elle qu’elles perdurèrent, pour elle que j’y travaillais. Rien de ce qui par la suite se fit ou se fera ne doit, dans sa tenue comme dans sa générosité, oublier ce cœur audacieux et sans complaisance qui bat encore au plein des Nouvelles Rencontres.
C’est le sien. Même si son père lui décommanda toute intention de jouer, toute intention de théâtre, il y avait en elle quelque chose de nous, comme un entêtement, comme un défi. Je l’appelais ma fiancée d’été, se fixant tous deux, chaque année, un improbable rendez-vous au mois de juin à venir. Elle ne sera pas du prochain. Ma fiancée au travers des branches en fleurs, salut !