Mot du Président et assemblée générale du 25 janvier 2020 sur l'exercice 2019
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Bulletin de la Société Paul Claudel
2020 – 1, n° 230. Correspondance Claudel ‒ Saint-John Perse - Pages : 97 à 101
- Revue : Bulletin de la Société Paul Claudel
Mot du Président
et ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
du 25 janvier 2020 sur l’exercice 2019
Le mot du Président
Chers amis claudéliens,
En ce début d’année, je vous souhaite, à vous et aux vôtres une belle année 2020 et je remercie Joël Huthwohl de nous accueillir une nouvelle fois dans cette prestigieuse BnF Richelieu.
En 2019, nous avons eu à déplorer la disparition de plusieurs et chères personnalités claudéliennes auxquelles nous rendrons hommage dans un instant par une minute de silence. Charles Galpérine nous a quittés le 29 janvier et nous savons tous le rôle éminent qu’il a joué, philosophe et scientifique, avec Pierre Claudel, dans la création de la Société Paul Claudel et et des bulletins de la Société. Nous redisons à sa fille Natacha notre émotion et la fidélité de notre souvenir. Ces sentiments sont toujours présents et nous le redisons à Francis qui a eu la douleur de perdre sa chère épouse Marie-Pierre le 22 février. Sa joie de vivre, son courage et tout ce qu’elle nous apportait ne seront pas oubliés. Michel Aumont, sociétaire honoraire de la Comédie-Française et interprète d’Amalric du Partage de midi en 1975 et 1977, est mort le 28 août. Claude Régy, metteur en scène de Jeanne d’Arc au bûcher en 1992 à l’Opéra Bastille a disparu le 26 décembre. Je vous invite à vous lever et à leur rendre hommage dans le silence. Je vous en remercie.
Je vous rappelle l’ordre du jour de notre assemblée :
–Approbation du rapport moral
–Approbation du rapport financier
98–Renouvellement du mandat d’un administrateur
–Questions diverses.
Ensuite François Claudel fera son court rappel habituel de l’année théâtrale et Marie-Victoire dira un mot des Rencontres de Brangues.
Enfin nous aurons la chance d’entendre Sir Michaël Edwards, de l’Académie française, qui nous fait l’honneur de nous parler dans de libres propos claudéliens.
Je terminerai en soulignant la richesse de l’année écoulée pour notre Société et de belles perspectives pour l’avenir, grâce à l’équipe du travail quotidien et l’apport inestimable de tous les contributeurs à notre action. Nous maintenons ainsi la force toujours actuelle du message de Paul Claudel dont nous avons toujours besoin à notre époque d’un inquiétant mélange de progrès et de décadence.
Hubert Martin
Compte rendu
de l’Assemblée générale
De multiples projets ont été entrepris ou réalisés au cours de l’année 20191. La Société a poursuivi ses efforts de publication d’inédits et de diffusion de l’œuvre de Claudel par ses trois Bulletins annuels publiés aux éditions Garnier et soutenus par le CNL. Ceux de l’année 2020 publieront la correspondance privée non tronquée de Claudel et Saint-John Perse (no 230), retravailleront le sujet inépuisable de Claudel et l’Extrême-Orient (no 231), étudieront les premières correspondances avec de grandes personnalités [Suarès, Jammes, Gide, Schwob…] (no 232). 99D’autres « entretiens » seront accueillis à l’avenir [avec Gilles Blanchard, cinéaste et metteur en scène (no 230), avec Marc Bleuse compositeur d’un opéra créé à Toulouse (no 230) ; un autre avec Christian Schiaretti (no 232)]. Les thématiques des sommaires sont généralement bâties en amont, et des chercheurs, des écrivains, des artistes, parfois éloignés de Claudel, sont sollicités pour vivifier la recherche et multiplier les points de vue. Au début de 2021, deux jeunes chercheurs élaboreront le thème du Bulletin 233 et feront intervenir des personnalités de divers horizons. Les rédactrices du Bulletin sont volontiers à l’écoute des propositions des membres de la Société.
Le travail collaboratif mis en place pour traduire le site de la SPC en anglais porte ses fruits : environ trente textes ont été traduits par plusieurs membres volontaires et relus par Nina Hellerstein2 pour garantir l’homogénéité de la langue. Les textes traduits seront bientôt mis sur le site de façon à l’ouvrir à des lecteurs non francophones. Ce travail sera poursuivi dans les deux ans à venir pour achever si possible la traduction de tous les textes : merci aux (nouvelles) bonnes volontés de se faire connaître.
Pour l’année qui s’ouvre, la Société s’est engagée dans un partenariat scientifique avec la Fondation Saint-John Perse qui organise de juin à novembre 2020 une « saison Claudel » avec une exposition « Claudel – Saint-John Perse, chemins croisés » et un livre d’études et de photographies – tous deux destinés à circuler dans les ambassades et consulats étrangers, notamment aux US ; la Fondation prévoit aussi des conférences et manifestations artistiques qui verront intervenir des membres de notre Société et des personnalités du monde intellectuel, théâtral et musical liées à Claudel.
Un projet très important que la SPC s’est engagée à appuyer est la publication d’une version illustrée par Jean Charlot de Au milieu des vitraux de l’Apocalypse. Nina Hellerstein est le maître d’œuvre de ce projet3. Ce travail presque mené à son terme par Claudel et Jean Charlot n’a jamais vu le jour et nous espérons le faire aboutir dans de belles conditions. Nous sommes à la recherche d’une solution dans le cadre d’un partenariat entre les éditions Gallimard et la BnF. Il faudra certainement une action de mécénat. Merci à ceux qui ont des idées ou l’expérience de ce type d’entreprise de nous joindre.
100François Claudel a présenté au cours de l’AG le riche bilan des représentations théâtrales de l’année 2019 ; plus d’une trentaine de manifestations ont eu lieu : pièces jouées, spectacles adaptés d’œuvres claudéliennes et lectures, opéra et concerts littéraires ou tables rondes comme celle du 5 février à la Maison de la Culture du Japon à Paris autour des Cent phrases pour éventails dont a rendu compte le Bulletin no 228. Deux spectacles créés en 2018 ont poursuivi leur belle carrière : L’Échange mis en scène par Christian Schiaretti et repris dans le cadre des Rencontres de Brangues (no 227 et no 229) et Partage de midi mis en scène par Éric Vigner et invité en Chine (no 227).
À l’issue des bilans moral et financier réglementaires, l’Assemblée générale de la Société Paul Claudel a eu l’insigne honneur et immense plaisir d’accueillir Monsieur Michael Edwards, professeur au Collège de France (chaire d’étude de la création littéraire en langue anglaise) et membre de l’Académie française depuis 2013 (premier Britannique à intégrer cette institution française), qui a reçu de très nombreuses et prestigieuses distinctions. Poète et philosophe de la création littéraire et artistique, Sir Michael est l’auteur de travaux sur Shakespeare, Molière, Racine, et bien d’autres. Sa devise d’académicien : Agir bien et être joyeux, rayonne dans ses œuvres aux titres expressifs – dont nous ne citons qu’un court florilège : De l’émerveillement, Le Bonheur d’être ici, Bible et poésie… sans compter le très beau texte qu’il a lui-même enregistré sur CD L’Étrangèreté. Sir Michael publie actuellement aux éditions de Fallois un nouvel opus au titre très claudélien : Pour un christianisme intempestif. Monsieur Segrestaa, membre de notre Société, recommande tout particulièrement deux ouvrages : À la racine du feu (anthologie poétique bilingue) et, dernier publié, Dialogues singuliers sur la langue française, « une merveille d’intelligence et de sensibilité » selon lui. L’intervention de Michael Edwards (« Claudel contradicteur ») a essentiellement porté sur la position, à contre-pied des idées reçues, de Claudel sur la langue française : si l’on admet généralement que la langue anglaise est à dominante consonantique et la langue française à dominante vocalique, Claudel insiste au contraire sur la place majeure de la consonne dans la résonance et dans le rythme de la langue française. Il se situe ainsi plus du côté d’une langue préclassique, voire médiévale et aux sonorités rugueuses. Citant divers textes de Claudel (Les mots ont une âme, L’Harmonie imitative, Introduction à un poème sur Dante), mais aussi d’autres auteurs (Yves Bonnefoy, la « Lettre à l’Académie » de 1714 de 101Fénelon, le Père Bouhours), le critique a souligné à quel point Claudel, par son « génie poétique suprême », est à l’écoute de la langue et parle en poète, témoignant selon son propre mot d’une « Grâce d’attention4 ».
Catherine Mayaux
Secrétaire générale
1 Ceci ne constitue qu’un résumé partiel du bilan moral de l’année 2019. Le bilan complet peut être envoyé aux adhérents sur demande. Se reporter aussi à la lettre mensuelle de René Sainte-Marie Perrin et aux rubriques « publications » et « actualités » du Bulletin. François Claudel peut également communiquer le recensement des manifestations théâtrales de l’année 2019.
2 Professeur émérite à l’université de Georgia à Athens, US, et auteur de Mythe et structure dans les « Cinq Grandes Odes » de Paul Claudel, Annales littéraires de Besançon, 1990.
3 Voir Nina Hellerstein, « Le fantôme d’un chef-d’œuvre absent, Au milieu des vitraux de l’Apocalypse et les illustrations de Jean Charlot », BSPC no 224, p. 55-72.
4 Introduction à un poème sur Dante, Œuvres en prose, éd. Jacques Petit et Charles Galpérine, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1965, p. 423 (pour les deux citations).
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-10523-7
- EAN : 9782406105237
- ISSN : 2262-3108
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10523-7.p.0097
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 15/04/2020
- Périodicité : Quadrimestrielle
- Langue : Français