Annonces
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Bulletin de la Société Paul Claudel
2013 – 3, n° 211. Correspondance Paul Claudel - José María Sert - Pages : 111 à 118
- Revue : Bulletin de la Société Paul Claudel
ANNONCES
Théâtre
– 28 juin 2013, au théâtre morave d’Olomouc (République tchèque), création mondiale d’un opéra inspiré de L’Annonce faite à Marie. Livret : Josef Hrdlička. Mise en scène : Michael Tarant. Décors et costumes : Petr Hloužek. Musique : Zdeněk Pololáník. Chef d’orchestre : Petr Šumník. Acteurs : Lea Vítková (Violéna / Violaine) ; David Szendiuch (Petr z Craonu / Pierre de Craon) ; Zdeňka Mollíková (Matka / La Mère) ; Jiří Přibyl (Otec / Anne Vercors) ; Polášková (Barbora / Mara) ; Petr Martínek (Jakub Hury / Jacques Hury).
Présentée sous le titre « Noc plná světla » [Une nuit pleine de lumière], une œuvre de Paul Claudel revient à Olomouc après dix années. À l’origine du projet se trouve l’auteur du livret : Josef Hrdlička (évêque auxiliaire d’Olomouc)1. Son livret a été mis en musique par Zdeněk Pololáník (auteur également de la musique de L’Annonce jouée à Brno dans les années quatre vingts-dix). La première représentation s’est déroulée sous le patronage du cardinal et archevêque de Prague Dominik Duka et de Karel Schwarzenberg, l’ancien ministre des Affaires étrangères de la République tchèque.
Les auteurs de cet opéra ont respecté pleinement le texte original de la pièce, mais le livret devait être raccourci, car la musique a ses propres moyens d’expression et d’interprétation. Le prologue est conservé. Dans la première partie de l’opéra, les spectateurs assistent au départ d’Anne Vercors pour Jérusalem et aux conflits qui opposent Mara aux siens. Elle s’achève par le départ de Violaine de la maison natale. Après l’entr’acte, l’action se recentre sur Violaine, lépreuse et aveugle, et le miracle qu’elle réalise. La scène finale se déroule à Combernon où Anne Vercors ramène le corps de Violaine demi-morte.
L’espace théâtral est dominé par une construction métallique (est-ce une tour d’église surmontée d’une cloche ?) édifiée sur la scène tendue de tissus de différentes couleurs vives, que les projecteurs éclairent par intermittence. L’espace s’élargit à la fosse d’orchestre grâce à deux ponts.
On a beaucoup applaudi les solistes, en particulier Lea Vítková (Violaine) et Barbora Polášková (Mara). Les deux actrices ont parfaitement incarné les personnages claudéliens. Anne Vercors joué par Jiří Přibyl est aussi exellent. Les autres solistes sont un peu moins bons. Certains partis pris de mise en scène, ainsi que les costumes, sont plus contestables. Le public a été décontenancé (comme souvent) par la dimension spirituelle de la pièce, qui exige de lui un grand effort d’adaptation à la vision claudélienne du monde. Cependant, c’est un beau spectacle, dont l’intensité emporte l’adhésion grâce à la musique.
Ce nouvel opéra a été donné à l’occasion des 1150 ans de la venue des frères Cyrille et Méthode en Moravie qu’on célèbre tout au long de cette année2.
Martin Kucera
– 23, 24, 29 et 31 juillet 2013 au Centre diocésain de Besançon, L’Annonce faite à Marie (spectacle itinérant), mise en scène de Pierre Louis, théâtre de la Clairière. Le 31 juillet : rencontre-débat sur Paul Claudel avec Pascal Lécroart.
– 21 novembre 2013 au théâtre des Chalands, à Val-de-Reuil et 3 décembre au théâtre de Lisieux, Partage de Midi, mise en scène de Christophe Blondel [reprise].
– Du 3 au 25 décembre 2013, à Marseille, au théâtre de Lenche, L’Annonce faite à Marie, mise en scène d’Ivan Romeuf, Compagnie l’Égrégore. Avec Antoine Amblard (Jacques Hury), Heidi-Eva Clavier (Violaine), Lucile Oza (Mara), Pascal Rozand (Pierre de Craon), Maurice Vinçon (le Père), Marie-Line Rossetti (la Mère).
Opéra
– 3, 4 et 5 mars 2014, salle Gaveau à Paris, L’Échange, opéra d’Antoine d’Ormesson d’après la pièce de Paul Claudel.
Mise en scène : Brigitte de La Chauvinière. Chef d’orchestre : Sébastien Billard. Peinture « live » : Aurore Pallet.
Yété Queiroz (Marthe), Ksenija Skacan (Lechy Elbernon), Rémy Poulakis (Louis Laine), Jean-Louis Serre (Thomas Pollock Nageoire).
Voir plus loin dans ce bulletin l’offre tarifaire (à la suite des annonces).
Colloques
– 12 avril 2013 à l’ENS de Lyon, journée d’étude organisée par Mireille Mosco-Lena et Anne Pellois sur « L’expérience d’Hellerau : laboratoire de la scène, utopie de la cité », en relation avec l’exposition : Hellerau : l’atelier de l’art futur (conception Claire Kuschnig et Anne Mariotte), accueillie du 9 au 14 juin par l’Institut Goethe de Lyon.
(Voir Alain Beretta et Christelle Brun : « Le centenaire de l’Institut Jacques Dalcroze à Hellerau » dans le Bulletin 203).
– 5 et 6 octobre 2013 à la Maison franco-japonaise de Tokyo (Japon), colloque sur « Le rapprochement franco-japonais dans l’entre-deux-guerres ».
Dans le cadre de la séance consacrée à « Paul Claudel ambassadeur de la langue et de la culture françaises » (modération : Christophe Marquet), conférences de Chûjô Shinobu sur : « La fondation de la Maison franco-japonaise en 1924 » et de Michel Wasserman sur : « La fondation de la Maison franco-japonaise du Kansai en 1927 ».
– 11 janvier 2014 à Chicago (USA), dans le cadre du congrès annuel de la Modern Langage Society, une journée d’étude est organisée par la Paul Claudel Society sur : « Claudel et les Amériques : théâtre et poésie ». Présidence : Christophe Ippolito (Georgia Institute of technology).
Interventions de Didier Alexandre (Université de la Sorbonne-Paris IV) : « Paul Claudel et le monde américain » ; Pascale Alexandre (Université Paris-Est) : « D’un théâtre poétique à un théâtre parodique : L’Échange de Paul Claudel 1893-1951) » ; Eric Touya de Marenne (Clemson University) : « Leçons économiques et bibliques : Claudel L’Échange et l’Apocalypse » ; Hélène Poiré (Québec, Canada) : « Le “Tableau” épistolaire de Claudel en Amérique (New York / Boston, 1893-1894) nous convainc-t-il de son éminent avenir ? »
Exposition
– Du 9 au 28 juillet 2013 au musée Cernuschi à Paris : « Pékin-Hankou, financement et construction de la première grande ligne ferroviaire chinoise (1899-1905) ».
BNP Paribas et le musée Cernuschi ont organisé conjointement une exposition dédiée à l’un des plus grands chantiers du tournant du siècle : la construction du premier chemin de fer chinois, reliant sur 1 200 km Pékin à Hankou. À travers l’histoire de ce projet d’infrastructures, l’exposition nous plonge par un foisonnement de témoignages, de photos et d’anecdotes dans les réalités politiques, diplomatiques et économiques de l’époque.
Ébranlé par la révolte des Taïping et désireux de préserver la souveraineté nationale, le pouvoir impérial chinois avait pris conscience de l’insuffisance de ses moyens de communication et notamment de l’absence de liaison nord-sud depuis que le Grand Canal reliant Pékin à la vallée du Fleuve bleu avait été abandonné à la vase.
Se méfiant des visées colonialistes des grandes puissances, les Chinois s’adressèrent en 1896 à la Belgique pour avoir accès à la technologie et aux financements occidentaux, mais ils ne purent empêcher que la France se joigne finalement au projet.
C’est donc Paul Claudel, alors consul suppléant à Shanghai, et son ami Émile Francqui, consul de Belgique à Hankou, qui menèrent conjointement les difficiles négociations avec d’un côté les Chinois et de l’autre les banques de financement, ancêtres de BNP Paribas : la Société générale de Belgique, la Banque de Paris et des Pays-Bas et le Comptoir national d’escompte de Paris.
Commencée en 1899, la ligne fut inaugurée en 1905 malgré les perturbations liées à la révolte des Boxers en 1900. La première à l’emprunter fut l’impératrice de Chine Cixi. Ce fut un grand succès technique, avec notamment la construction d’un pont de plus de 3 km pour enjamber le Fleuve jaune. Ce fut aussi un succès économique et financier, dont Claudel dira : « Ce fut […] l’exploit de mon ami Francqui, auquel je ne suis pas peu fier d’avoir collaboré ».
Louis d’Arvieu
Les Nouvelles Rencontres de Brangues 2013
Les Nouvelles Rencontres qui se sont tenues à Brangues du 5 au 7 juillet 2013 présentaient un format allégé. Au programme : trois représentations de L’École des Femmes de Molière sous le chapiteau des Tréteaux de France ; une lecture-spectacle d’extraits du Ravissement de Scapin de Claudel à la Ferme ; la lecture sous le tilleul d’un texte de Ricardo Montserrat inspiré de L’École des femmes ; et deux ateliers de lecture à voix haute animés par Robin Renucci.
Dans cette coproduction de L’École des femmes associant les Tréteaux de France et le Théâtre National Populaire de Lyon-Villeurbanne, la mise en scène est signée par Christian Schiaretti. Fanny Gamet et Julia Grand (responsables respectivement de la scénographie et de l’éclairage) ont préparé un décor qui rappelle le théâtre de Tréteaux : un plancher en bois surélevé est installé au centre du chapiteau, des quinquets bordent la rampe, et les paravents peints installés frontalement en fond de scène pourraient évoquer un rideau. De beaux effets d’éclairage en contre-jour soulignent les changements d’acte.
Dans un décor de maison de poupées, représentant une façade comme dessinée par un enfant, Arnolphe promène sa hantise du cocuage, son projet délirant de maîtriser le désir de sa future épouse, ainsi que ses emportements à voir le destin et Agnès déjouer ses plans l’un après l’autre. Robin Renucci propose un Arnolphe sobre (si on le compare aux « roulements d’yeux extravagants » avec lesquels Molière, aux dires de ses détracteurs, tenait le rôle), mais tourmenté et tragique dans la vanité de son dessein. Chaque fois qu’il s’approche du décor, il doit se pencher pour frapper à une porte plus petite que lui, image saisissante d’un adulte entrant par effraction dans un monde d’enfance qui n’est pas le sien. L’incompatibilité entre sa taille et celle de la maison, entre le volume de son corps et la représentation à plat du décor, entre le réalisme et la richesse de son costume xviie et la stylisation naïve du dessin, illustre dès le premier abord la monstruosité de son abus de pouvoir et l’échec programmé de sa tentative d’asservissement. Face à lui, Jeanne Cohendy, avec de grands rires niais, souligne la naïveté d’Agnès et son apparente bêtise soigneusement cultivée par son tuteur, mais sa voix grave et presque rauque, ainsi qu’un très beau jeu de regards, montrent toute la malice de la jeune femme qui naît à l’amour. À la fin heureuse de Molière, qui parachève la déconfiture d’Arnolphe et rend inéluctable le mariage des jeunes gens par le traditionnel coup de théâtre révélant l’identité véritable de l’héroïne, Christian Schiaretti ajoute une dernière image : après le dénouement, Agnès revient en scène, seule, préfigurant peut-être par-là l’échec de son mariage de convention (convention purement théâtrale de la comédie) avec ce grand bêta d’Horace… Outre la simplicité et la beauté de la scénographie et la profondeur du jeu des comédiens, ce qui frappe dans cette mise en scène est l’importance du travail de diction, permettant d’apprécier le sens et la beauté de la langue de Molière.
Conduite avec énergie et enthousiasme par des comédiens tout acquis à la bouffonnerie de Paul Claudel, la lecture du Ravissement de Scapin emporte immédiatement l’adhésion du public de la Ferme de Brangues. Toutefois le montage d’Évelyne Loewe, privilégiant les scènes qui reprennent des extraits du texte de Molière, montre surtout le Claudel metteur en scène qui propose des idées délirantes et iconoclastes pour jouer Scapin. En effet cette lecture-spectacle s’attarde peu sur le sens mystique de cette réécriture qui finit par devenir une œuvre purement claudélienne, s’interrogeant de façon burlesque sur la mort, les tentations terrestres et la possibilité du Salut.
Le « feuilleton contemporain » de Ricardo Montserrat offre quant à lui une École des femmes dans laquelle Agnès s’ennuie en écoutant son iPod sur une île déserte où son tuteur Arnolphe – un broker sans scrupules – la retient confinée… et ce, jusqu’au jour où débarque le beau surfeur Horace. Outre les clins d’œil de la réactualisation, avec ses allusions à des réalités extrêmement contemporaines, le feuilleton a l’intérêt, en proposant une succession des points de vue d’Agnès, d’Horace puis d’Arnolphe, de proposer une réflexion originale sur la vie intérieure des héros de la comédie de Molière.
Enfin les deux ateliers de lecture à voix haute de Robin Renucci réunissent, dans un grand cercle ombragé par les arbres du parc de Brangues, un certain nombre de participants, jeunes et moins jeunes, professionnels et amateurs, autour d’un grand sac qui enveloppe, non pas Géronte, mais un amas d’ouvrages sélectionnés au hasard. La règle du jeu est simple : plusieurs volontaires se succèdent pour aller puiser un volume dans le sac, ouvrir une page au hasard et commencer à lire à voix haute. Robin Renucci, fervent défenseur de la cause de l’éducation populaire, endosse alors sa casquette de professeur pour montrer la nécessité d’une lecture qui fasse sens, s’appuyant sur le rythme de la prose ou du vers, et surtout sur la structure grammaticale de la phrase. Il insiste sur la nécessité de séparer le sujet du groupe verbal, et de lier au contraire dans un seul souffle tous les éléments du groupe nominal, aussi long et complexe soit-il. Puis s’effaçant, le maître laisse la place aux jeunes comédiens qui l’accompagnent, pour leur donner l’occasion de mettre à l’épreuve à leur tour leurs dons de pédagogues au service de l’art de la diction.
Aussi intéressants soient-ils, ces quelques événements ne remplissent guère les belles journées d’été d’un week-end à Brangues. Si l’on compare le format des Nouvelles Rencontres au marathon des anciennes qui enchaînaient, de la Ferme au tilleul, et du parc à la cour du château, les lectures, spectacles et conférences, sans laisser aux festivaliers le temps de reprendre haleine, cela a malgré tout un avantage : livré à lui-même, le flâneur des Rencontres a le temps de s’imprégner du charme des lieux et de s’abandonner aux plaisirs des rencontres et de la conversation.
Sever Martinot Lagarde
Journées européennes du patrimoine 2013
– 14 septembre 2013 au château de Brangues, L’Échange de Paul Claudel, dans une mise en scène de Grégory Benoit, manifestation placée sous l’égide de l’Association des Nouvelles Rencontres de Brangues.
– 15 septembre 2013 au château de Brangues, La Cantate à trois voix de Paul Claudel, mise en voix de Bernard Pigot, à l’invitation de François Claudel (également en charge des visites). [Voir dans le Bulletin 212 le compte rendu des activités claudéliennes de l’année 2013.]
Errata
Bulletin 207, dans la conférence de Paul Claudel à Nikko, « Tradition japonaise & tradition française », présentée par Shinobu Chujo, il faut lire :
–page 24, ligne 9 : cachent (au lieu de cache) ;
–page 26, ligne 5 : parfait (au lieu de parfois) ;
–page 28, ligne 28 : partie (au lieu de parler).
Bulletin 210, bibliographie p. 119 : Marie-Victoire Nantet, « Camille Claudel parmi les fous », revue Commentaire, article à paraître.
1 Né en 1942, il est connu pour ses traductions de poèmes anglais d’inspiration spiritualiste. Une forte amitié le lie au compositeur Zdeněk Pololáník.
2 Nés en Grèce, ils christianisent la province morave au ixe siècle. Saint Méthode en devient le premier archevêque. Saint Cyrille (Konstantin) traduit (avec son frère), en slavon, quelques parties des Écritures Saintes. Ensemble, ils fondent la Littérature et le Droit de la nation tchèque dont ils sont les patrons. Le pape Jean-Paul II les proclame patrons de l’Europe en 1980.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-8124-2090-0
- EAN : 9782812420900
- ISSN : 2262-3108
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-2090-0.p.0111
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 17/01/2014
- Périodicité : Quadrimestrielle
- Langue : Français