Abstracts
- Publication type: Journal article
- Journal: Bulletin de la Société internationale des amis de Montaigne
2015 – 2, n° 62. varia - Pages: 193 to 197
- Journal: Bulletin for the International Society of Friends of Montaigne
Journal article: Previous 16/16
Résumés/Abstracts
Philippe Desan, « Quelles sont les “quelques lourdes erreurs en [l]a vie” de Montaigne ? »
La distinction établie par Montaigne dans ses Essais entre erreurs particulières et erreurs publiques ne se comprend qu’à la lumière d’une carrière politique parsemée d’échecs et de rebondissements. Les Essais permirent de rattraper certaines erreurs ou du moins de les justifier : ainsi la traduction de la Théologie naturelle de Sebond vue comme une erreur de jeunesse ; ou le projet finalement abandonné de mettre le Discours de la servitude volontaire de La Boétie au centre du premier livre.
In his Essays, Montaigne establishes a distinction between particular and public errors. This difference can be understood in light of a political career filled with successes and failures. The Essays enabled their author to explain and justify some of these errors. It is even possible to consider the translation of Sebond’s Natural Theology as a youthful error and the later project to include La Boétie’s Discourse on Volontary Servitude in his Essays as a political error.
Evelien Chayes, « Le Parlement de Bordeaux et les Essais, de l’erreur au jugement. Statut d’autographe et rhétorique »
Le rapport entre la fonction que Montaigne a exercée au sein du parlement de Bordeaux et son œuvre d’humaniste est souvent évoqué mais beaucoup moins étudié à partir des documents originaux des archives du parlement. Cet article en propose une approche comparative qui tisse le lien entre vérité, jugement et erreur dans les Essais et les nouvelles données et observations relatives à l’autographe et à l’écriture judiciaires dans les arrêts signés de Montaigne.
The relationship between Montaigne’s functions as a councillor at the parliament of Bordeaux and his work as a humanist is a recurrent theme in Montaigne scholarship. It is, however, less often studied through archival documentation connected to
that parliament. This article proposes a comparative approach witch offer new findings between truth, judgement and error in the Essays, and the autograph and judicial composition in documents signed by Montaigne.
Laura Willet, « Manum de Tabula. Dispositio et vues obliques dans le cabinet de Montaigne »
Les fresques que Montaigne avait journellement sous ses yeux furent conçues et distribuées selon un programme défini. Les oppositions binaires structurant le parcours visuel du cabinet incarnent par leurs mythologies un langage oblique. Dans un sens géométrique, il y a aussi un curieux jeu de diagonaux reliant les tableaux. Leur disposition matérielle reproduit la stratégie d’écriture de biais annoncée par Montaigne : « Mes fantaisies se suivent, et se regardent, mais d’une vue oblique. »
The frescos that Montaigne saw daily in his study were conceived and distributed according to a program that defined a visual itinerary. The mythologies they illustrated came to life in a set of binary oppositions that are also connected by a strange set of geometric diagonals. The physical arrangement of these pictures reproduces Montaigne’s off-set writing strategy: “My imaginings follow one another, and look to each other, but obliquely.”
Alain Legros, « L’essai selon Montaigne. Un droit à l’erreur théologique »
La comparaison de trois textes (Essais, Journal de voyage, notes des censeurs romains de 1581) montre que Montaigne connaissait bien, non seulement le vocabulaire théologique, mais aussi l’échelle hiérarchique de l’ars censoria. En acceptant par avance, à partir de 1582, toute censure relative à d’éventuelles erreurs, il s’autorise la témérité d’opinion. La raison pour laquelle il ne corrige pas le mot « fortune » est plutôt littéraire que religieuse.
The comparison of three texts (Essays, Travel Journal, notes from the Roman censors of 1581) shows that Montaigne knew very well, not only the theologian glossary, but also the hierarchical scale of Ars censoria. By accepting in advance, from 1582 on, all censorship relative to eventual errors, he allows himself to be audacious. The reason he does not correct the term “fortune” is more for literay reasons than for religious ones.
Daniel Ménager, « Curiosité et erreur religieuse chez Montaigne »
Il est utile d’établir un dialogue entre l’erreur et un autre mot qui peut s’avérer d’une grande utilité : celui de curiosité. Pour les auteurs du xvie siècle, beaucoup de notions et d’affects se greffent sur lui. Nous sommes naturellement curieux, c’est la Bible qui le dit. Quels sont les bienfaits et les méfaits de la curiosité ? Le mot se trouve plusieurs fois dans les Essais et entraîne souvent une réflexion sur l’erreur, notamment dans le domaine de la religion.
It is useful to establish a dialogue between “error” and another word which can prove to be of great usefulness: that is curiosity. For the authors of the 16th century, many notions and emotions graft themselves on that word. We are naturally curious, the Bible says so. What are the good and bad deeds generated by curiosity? The word can be found several times in the Essays and often provokes a reflection on the word “error”, notably in the religious domain.
Alexandre Tarrête, « Montaigne et Ronsard face à l’“erreur” protestante »
L’engagement catholique de Montaigne s’exprime souvent de manière bien visible, mais il arrive aussi que ses convictions religieuses affleurent de manière inattendue. Dans un chapitre d’apparence purement ludique, « Des vaines subtilités », Montaigne dénonce presque en passant « l’erreur des opinions ». La périphrase désigne ceux qui remettent en cause la religion traditionnelle, c’est-à-dire les protestants et vise ici la Réforme, en tant qu’hérésie.
The commitment of Montaigne to Catholicism is often expressed in a very visible manner, but it also happens that his religious beliefs come through in an unexpected way. In the chapter that appears purely playful, “Of vain subtleties”, Montaigne denounces the error of opinions almost in passing. The paraphrase designates those who question traditional religion, that is the Protestants, and aims here at the Reformation, as heresy.
François Roussel, « “Un vrai témoignage de l’humaine imbécillité”. L’erreur et ses formes judiciaires »
En se focalisant sur des cas précis d’erreurs judiciaires, l’intérêt d’un certain nombre de passages des Essais est de rendre davantage perceptible ce qui ne les rabat pas trop vite sur une faiblesse générale et congénitale de la raison humaine. Il s’agit plutôt d’en analyser les formes assez différentes dans
leurs ressorts et dans leurs effets souvent terribles, mélange de présomptions hasardeuses et de procédures institutionnelles parfois implacables.
By focusing on specific cases of judiciary errors, the interest of a certain number of excerpts of the Essays lies in making more perceptible that which does not fold them too quickly into a general and inherited weakness of human reason. The point is instead to analyze the rather different forms of their mechanisms and their effects, often terrible, which are a mixture of random presumptions and of sometimes intransigent institutional procedures.
André Tournon, « Ne pas se tromper d’erreur »
Par trois fois au moins Montaigne a gagné le respect d’adversaires prêts à l’assassiner, en raison, selon lui, de la fermeté confiante dont il faisait preuve face à eux. La réaction inverse était également possible, il le savait assez pour s’intéresser aussi aux esquives par mensonge diplomatique. Reste à s’interroger sur les combinaisons auxquelles se prêtent les deux attitudes concurrentes, aux prises entre elles plus étroitement qu’on ne pourrait s’y attendre.
On at least three occasions, Montaigne gained the respect of adversaries who were ready to kill him, owing, he believed, to the confident resoluteness he displayed towards them. The opposite reaction would have been just as possible: he knew well enough how to weave and dodge by lying diplomatically. It remains to consider the combinations to which the two rival attitudes, which are closer than one might think, lend themselves.
Telma de Souza Birchal, « “Vicieusement et lâchement”. Faute morale et condition humaine »
Dans le domaine de la connaissance les erreurs sont signes de faiblesse et de misère de la condition humaine – et pourtant, dans l’évaluation de Montaigne, elles ne sont pas toujours mauvaises ou nuisibles. Au contraire, il parle des bénéfices venants des erreurs de l’imagination, de la fantaisie et de la diversion qui, en nous éloignant de la vérité, nous détournent aussi de la souffrance.
In the domain of knowledge errors are signs of weakness and of misery of the human condition, and yet, in Montaigne’s evaluation, they are not always bad or harmful. On the contrary, he talks about the benefits that derive from the imagination, from fantasy, and from diversion which, while taking us away from truth, also keep us away from suffering.
Blandine Perona, « “La plus universelle et commune erreur des hommes”. Philautie et/ou présomption dans les Essais »
Après en avoir étudié les sources, cet article met en évidence les caractéristiques propres de la présomption montaignienne. La conscience ironique de ce vice comme erreur universelle est un principe régulateur de l’écriture et de la réécriture des Essais, en particulier après 1588. L’ironie permet aussi à Montaigne d’accepter cette partie de lui que, dans une visée devenue plus éthique que morale, il rebaptise vanité.
This article highlights the sources and core characteristics of Montaigne’s notion of presumption. Montaigne is always rereading and rewriting the Essais with the ironic consciousness of this vice as a universal error, especially after 1588. Irony also enables Montaigne to accept this facet of himself which, in a view more ethical that moral, he renames vanity.
Sylvia Giocanti, « Naturalisation sceptique de l’erreur et art d’errer dans les Essais »
Conformément à la tradition sceptique, la conception montaignienne de l’erreur se comprend relativement à l’expérience humaine de la réalité du non-être, si bien que la plus grande erreur consiste à prétendre arrêter la vérité. La quête du vrai suppose une naturalisation de l’erreur comme « errance ». Un art rationnel d’errer peut alors être conçu comme élaboration sociale de la vérité, un réajustement permanent d’un dire vrai, dans le cadre d’une expérience partagée.
In compliance with skeptical tradition, Montaigne’s insight about mistake takes over human experience of the existence of non-being, so that the biggest mistake consists in claiming what Truth is. The search for truth implies that mistake has been naturalized as “wandering”. Then, a rational art of wandering can be thought as a social elaboration of thruth, a constant adjustment of talk to the experience of people who live together.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-05748-2
- EAN: 9782406057482
- ISSN: 2261-897X
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-05748-2.p.0193
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 04-04-2016
- Periodicity: Biannual
- Language: French