Note sur l'établissement du texte
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Théâtre complet. Tome I
- Pages : 397 à 399
- Collection : Bibliothèque du théâtre français, n° 55
NOTE SUR L’ÉTABLISSEMENT
DU TEXTE
Le texte retenu ici est celui de la première édition : Les Corbeaux, pièce en quatre actes, Paris, Tresse, 1882. Ce premier état du texte sera ultérieurement reproduit par Stock en 1947, par Le Delta en 1970, par la Librairie théâtrale en 1982, c’est-à-dire par toutes les éditions séparées de la pièce.
En revanche, les recueils publiés chez Charpentier en 1890, par La Plume en 1898 et chez Crès et Cie en 1924, reproduisent tous un autre état du texte, qui correspond à la dernière version publiée du vivant de l’auteur, aujourd’hui consultable sur le site Gallica. Les variantes qu’il présente sont signalées en notes à la fin du texte (abréviation : 1890).
Du manuscrit des Corbeaux, la trace a malheureusement été perdue. L’éditeur Pierre-Victor Stock, qui l’a eu le premier en sa possession, raconte dans son « Mémorandum » publié au Mercure de France le 15 février 1935, l’avoir vendu cent francs à quelqu’un qui l’aurait ensuite revendu mille francs à André Antoine. Ce qui est certain, c’est que ce manuscrit ne figure pas parmi la liste de ceux que Jean Robaglia, le petit-neveu de l’auteur, propose à Auguste Rondel d’acquérir en 1923. Robaglia lui-même a cru un moment que Rondel l’avait déjà en sa possession. Une lettre datée du 1er décembre 1924 l’atteste : « Je suis passé à votre bibliothèque, où l’on a mis à ma disposition les documents si intéressants que vous avez recueillis. La dame qui m’a reçu, tout à fait aimablement, m’a dit qu’elle croyait que vous possédiez le manuscrit des Corbeaux. Vous savez sans doute que la Comédie-française organise pour la reprise des Corbeaux une sorte d’exposition Henry Becque, et elle serait heureuse de pouvoir exposer le manuscrit. » [RMN 40, document non catalogué]. En réalité, Rondel n’a sans doute jamais possédé le manuscrit des Corbeaux, puisque celui-ci ne figure plus dans le fonds qui porte son nom. Peut-être en connaissait-il, en revanche, l’heureux propriétaire, puisque le manuscrit 398demandé a bel et bien été présenté dans le cadre de l’exposition de la Comédie-Française en 1925, comme en témoigne le catalogue [8-RF-51219] publié la même année chez Champion. Aujourd’hui, il appartient sans doute à un collectionneur privé.
Faute d’avoir pu consulter le manuscrit des Corbeaux, nous avons pu tirer parti de deux copies dramatiques. L’une est le Manuscrit de Censure conservé aux Archives Nationales [F/18/684], portant la mention « Reçu le 14 octobre 1881 pour être joué à la Comédie-Française », puis la date du « 7 septembre 1882 », accompagnée de la signature de l’administrateur général, Émile Perrin. Au crayon bleu, un simple OUI en guise d’approbation par la censure. Les variantes que comporte ce Manuscrit de Censure (abrév. MC) sont signalées à la fin du texte. L’autre est un exemplaire d’épreuves, non daté, conservé aux Arts du Spectacle [Rondel Ms 959 Réserve], portant la mention « Bonnes feuilles », avec corrections autographes de l’auteur : les variantes qu’il présente, tant imprimées (abrév. BF) que manuscrites (abrév. BF correction autographe), sont signalées, elles aussi, à la fin du texte.
À en croire le « Mémorandum » de Stock, publié dans Le Mercure de France du 15 février 1935, ces épreuves corrigées, et même la première édition du texte, seraient antérieures à la création de la pièce. Le manuscrit en aurait été envoyé à l’imprimeur dès février 1881, soit « vingt mois » avant que la pièce ne soit jouée pour la première fois, le 14 septembre 1882. Après que la Comédie-Française a accepté la pièce, en octobre 1881, Becque serait venu trouver Stock en ces termes : « Voici ma pièce reçue, un de vos confrères m’en offre 6 000 francs, voulez-vous me les donner ? Si oui, elle est à vous ; si non, dites-moi quel est le montant de vos frais d’impression et je vous les rembourse1 ». Stock aurait emprunté la somme. Le contrat qui le lie à Becque date du 29 octobre 1881.
L’on s’étonne, dans ces conditions, que Stock puisse affirmer que « le texte de la brochure est celui de la représentation ». Divers témoignages, y compris le sien, indiquent au contraire que le texte joué à la Comédie-Française est sensiblement différent de celui qui a été publié peu de temps auparavant : le dialogue, jugé trop scandaleux, aurait été tantôt coupé, tantôt modifié pendant les répétitions et, surtout, entre la générale et la première. Ces coupures et ces modifications, sur lesquelles 399tous les contemporains ne s’accordent pas, sont signalées, elles aussi, parmi les variantes.
Enfin, nous avons signalé les coupures opérées par Jean-Pierre Vincent (abrév. JPV) pour sa mise en scène à la Comédie-Française, représentée pour la première fois le 22 mai 1982, telles qu’elles sont indiquées sur l’exemplaire du régisseur conservé à la Bibliothèque-Musée de la Comédie-Française sous la cote [RMS. COR. 1982 (1)].
1 Pierre-Victor Stock, Mercure de France, 15 février 1935, p. 51.
- Thème CLIL : 3622 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Théâtre
- ISBN : 978-2-406-07259-1
- EAN : 9782406072591
- ISSN : 2261-575X
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07259-1.p.0397
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 23/12/2019
- Langue : Français