Plan du texte d’Oraisons données à Gray’s Inn
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : La Nouvelle Atlantide et autres textes littéraires. Tome III, volume I. Œuvres complètes
- Pages : 133 à 134
- Collection : Textes de philosophie, n° 20
Plan du texte
d’Oraisons données à Gray’s Inn
Après une entrée en matière en forme de pantomime musicale, le prince de Purpoole informe ses conseillers qu’il les a réunis afin qu’ils puissent lui indiquer dans quelle direction ses efforts doivent tendre.
Le premier conseiller conseille au roi de se consacrer à l’art de la guerre, qui seul évite que la gloire et le plaisir ne s’émoussent. Le monde est un vaste champ de bataille où toute chose aspire à la victoire. Or il n’y a pas de victoire plus glorieuse que celle de la guerre.
Le deuxième conseiller écarte au contraire cette voie comme étant trop dangereuse : elle n’apporte que la mort et la désolation. Il lui préfère la contemplation, qui donne lieu à la seule conquête véritablement estimable et innocente, à savoir celle de la nature. De plus, dans l’histoire, les royaumes les plus heureux sont aussi ceux qui ont fait le plus grand cas du savoir. Il conseille donc au prince de se doter d’une bibliothèque, d’un jardin, d’un laboratoire et d’un atelier.
Le troisième conseiller réfute les arguments des deux premiers orateurs : l’un a proposé une voie trop dangereuse, l’autre une voie qui manque de dignité. Mais il s’accorde avec ses deux contradicteurs pour dire qu’il sied au prince de rechercher la gloire et l’immortalité. Cependant ce n’est ni dans la guerre ni dans la philosophie que celles-ci doivent être recherchées, mais dans l’édification de bâtiments royaux majestueux et d’augustes sociétés, comme en attestent de nombreux exemples antiques.
Pour le quatrième conseiller, les trois voies précédentes sont des impasses, soit parce que, contrairement aux apparences, la guerre est source de faiblesse (elle affaiblit plutôt qu’elle ne renforce le prince) soit parce que la vie contemplative et la construction de monuments sont périlleuses (car, négligeant les affaires de l’État, le prince cessera d’être respecté tandis que la frénésie architecturale rendra son règne instable et turbulent). Ce sont, de plus, des entreprises ruineuses et dont l’honneur 134et la gloire ne découlent pas nécessairement. Par conséquent, le bon gouvernement du royaume est la seule voie sûre et digne pour un prince, et la seule qui soit susceptible de lui valoir la gloire et la fortune.
Le cinquième conseiller commence son discours sur une note ironique : tous les orateurs ont souhaité que le prince fût fort, ou puissant, ou renommé, mais aucun ne l’a encouragé à gouverner de façon juste et vertueuse. Or c’est bien vers ce but qu’il doit tendre. Il faut corriger les vices du royaume, notamment en matière de justice, et encourager la vertu en veillant à ce que les sujets du royaume soient bien éduqués. Il faut en outre s’assurer qu’aucune partie du corps politique ne soit malade ou affaiblie en protégeant les pauvres de la misère et en prenant soin du commerce.
Enfin, le sixième conseiller recommande au prince une vie de loisirs et de plaisirs.
Conclusion du prince, qui, pour l’heure, dit suivre le dernier conseil mais qui réserve son jugement définitif pour une date ultérieure, quand sa réflexion sur le sujet aura mûri.