Abstracts
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Archéologie du Contre Sainte-Beuve
- Pages: 327 to 333
- Collection: Proustian Library, n° 14
Résumés/Abstracts
José-Luis Diaz, « La Critique biographique en procès (1832-1871) »
Quels procès ont été intentés à la « critique biographique » du vivant de Sainte-Beuve ? On l’accuse de ne pas respecter les bienséances, de s’intéresser de manière indue à des détails, d’analyser sans juger. C’est dans une autre lignée que s’inscrit le Contre Sainte-Beuve : celle des critiques qui, bien avant lui, dénoncent l’attention accordée par la critique biographique au moi social au détriment du moi profond, lequel se manifeste dans les œuvres d’art : Jean Aicard, Alfred Michiels et Émile Bersot.
What was “biographical criticism” accused of in Sainte-Beuve’s lifetime? Of being improper, of focusing in an inappropriate way on details, and of analysing without judging. Contre Sainte-Beuve is inscribed in a different lineage: that of the critics who, long before it, denounced the attention biographical criticism paid to the social self to the detriment of the profound self, which manifests itself in works of art: Jean Aicard, Alfred Michiels, and Émile Bersot.
Marie-Christine Alix Garneau de L’Isle-Adam, « Cri de Chateaubriand, surdité de Sainte-Beuve, cécité de la canaille moderne ! »
Selon Proust, tout lecteur intelligent est romantique. Romantique à l’origine, Sainte-Beuve défia la critique antibiographiste traditionnelle en posant les jalons d’une méthode biographiste à même de sonder le mystère des génies et de leurs créations. Dans le cas de Chateaubriand, Sainte-Beuve ne fut blâmable qu’à partir du moment où il rejoint la cohorte de ceux qui avaient contribué à faire de Chateaubriand un imposteur en doutant de sa sincérité, de sa véritable vie de l’esprit, de son génie.
According to Proust, all intelligent readers are Romantics. Originally a Romantic, Sainte-Beuve defied traditional anti-biographical criticism by paving the way for a biographical method capable of probing the mystery of geniuses and their creations. In the case of Chateaubriand, Sainte-Beuve can only be blamed from the moment he
joined the cohort of those who turned Chateaubriand into an imposter by doubting his sincerity, intellectual life, and genius.
Esther Pinon, « De la poésie avant tout chose. Vigny précurseur du Contre Sainte-Beuve ? »
Le différend qui opposa Vigny à Sainte-Beuve est bien connu. Suffit-il à faire de l’auteur de Stello un précurseur de la pensée critique de Proust ? Leur commun rejet de la « méthode Sainte-Beuve » éclaire tout à la fois ce qui sépare Vigny et Proust, et ce qui les unit. Face à la critique, tous deux sont en effet à la recherche d’une poésie perdue, qu’ils retrouvent par-delà les frontières mouvantes du moi créateur, et par-delà le temps.
The difference of opinion which turned Vigny and Sainte-Beuve against each other is well known. But is it enough to the make the author of Stello a precursor to the critical thought of Proust? Their shared rejection of “Sainte-Beuve’s method” illuminates what separates Vigny and Proust, and also what unites them. Faced with criticism, both search for a lost poetry which they find beyond the moving boundaries of the creator self, and beyond time.
Fabienne Bercegol, « Le “Tallemant des Réaux de la Critique”. Barbey d’Aurevilly juge de Sainte-Beuve »
Cette étude montre comment les nombreux articles consacrés par Barbey d’Aurevilly à l’œuvre critique de Sainte-Beuve ont pu nourrir les reproches adressés par Proust à la méthode de ce dernier. C’est que, si Barbey sait gré à Sainte-Beuve de s’être intéressé à la vie et à la personnalité des écrivains, il lui reproche sa lâcheté et son utilisation de l’anecdote à des fins dégradantes, qui réduit la critique littéraire à n’être plus qu’une collection de ragots.
This study shows that the numerous articles Barbey d’Aurevilly wrote about Sainte-Beuve’s critical work might have nourished Proust’s attack on Sainte-Beuve’s method. If Barbey took against Sainte-Beuve for his interest in the life and personality of writers, he also reproached him for his cowardice and degrading use of anecdotes, which reduced literary criticism to nothing more than gossip.
Julie Anselmini, « Gautier contre Sainte-Beuve. Les Grotesques »
Nourri par la lecture du Tableau historique et critique de la poésie et du théâtre français au xvie siècle publié par Sainte-Beuve en 1828 mais accueilli sévèrement par celui-ci, se présentant comme une série d’études mais affichant de la désinvolture et même de l’ironie à l’égard de l’enquête biographique, Les Grotesques de Théophile Gautier (1844) est le lieu idéal pour analyser la position ambiguë de cet écrivain vis-à-vis de la critique biographique et le débat qui l’oppose sur ce point à Sainte-Beuve.
Nourished by the reading of the Tableau historique et critique de la poésie et du théâtre français au xvie siècle, published by Sainte-Beuve in 1828 although severely received by him, presenting itself as a series of studies but displaying a certain carelessness and even irony with regard to the biographical quest, Les Grotesques by Théophile Gautier (1844) is the ideal place for analysing the ambiguous position of this writer with regard to biographical criticism and the debate which pitted him against Sainte-Beuve on this point.
Thomas Carrier-Lafleur, « Archéologie de la vie moderne. Foucault, Baudelaire, Proust et la question du présent »
Afin d’en saisir la complexité, cet article entend respecter la nature chaotique de cette nébuleuse que le lecteur connaît sous le titre Contre Sainte-Beuve. Selon la méthode foucaldienne de la généalogie, cette étude s’intéresse à une puissance qui ressort de ce désordre originel, afin d’en performer l’histoire. Cette puissance, nous l’appellerons « la force Baudelaire ». Il nous sera enfin possible d’insister sur la dimension archéologique des projets de Proust et de Baudelaire.
In order to grasp its full complexity, this article respects the chaotic complexity of the nebulous work the reader knows as Contre Sainte-Beuve. Using the Foucaldian method of the genealogy, this study focuses on the power which emerges from this original disorder in order to perform the history of it. We shall call this power “the Baudelaire force”. We shall finally be able to insist on the archaeological dimension of Proust’s and Baudelaire’s projects.
Thierry Poyet, « De la difficulté de théoriser le rejet de la critique biographique. Flaubert lecteur de Maxime Du Camp »
Flaubert lecteur de Du Camp pratique la critique biographique pour mieux condamner une œuvre qui, en favorisant une telle approche, atteste sa trahison du dogme de l’impersonnalité. Persuadé d’avoir prouvé chez Du Camp la confusion du moi social et du moi créateur, Flaubert rompt avec son œuvre pour mieux promouvoir la modernité littéraire. La réflexion flaubertienne incarne là un totalitarisme idéologique que l’homme de Croisset revendiquera quitte à provoquer l’avortement de la fameuse école de Rouen.
As a reader of Maxime du Camp, Flaubert practices biographical criticism in order to condemn all the more effectively a work which, by facilitating this approach, attests its treason against the dogma of impersonality. Persuaded that he has shown the confusion between the social self and the creator self in the work of Du Camp, Flaubert breaks with his work in order to promote literary modernity all more effectively. Flaubertian reflection incarnates an ideological totalitarianism that the man of Croisset will claim at the risk of provoking the abortion of the famous school of Rouen,
Mamadou Abdoulaye Ly, « Sainte-Beuve jugé par la critique fin-de-siècle »
Même si Sainte-Beuve appartient à la génération romantique du début du xixe siècle, il effectue un retour remarqué dans la critique littéraire fin-de-siècle. Presque tous les grands critiques de la fin du xixe siècle se mesurent à lui et portent des jugements soit cléments soit sévères sur son œuvre critique. Certains comme Gourmont, Lemaitre, Bourget et Faguet défendent sa méthode biographique. D’autres tels que Zola et Brunetière réfutent la validité de l’explication biographique beuvienne en critique littéraire.
Even if Sainte-Beuve belonged to the Romantic generation of the early nineteenth century, he effected a remarkable return in fin-de-siècle literary criticism. Nearly all the great critics of the end of the nineteenth century measured themselves against him and cast their judgement, either generous or severe, on his critical work. Some, like Gourmont, Lemaitre, Bourget, and Faguet, defended his biographical method. Others, like Zola and Brunetière, refuted the validity of Beuvian biographical explanation in literary criticism.
Martine Jey, « L’antibiographisme de Lanson »
G. Lanson accorde à la biographie une place non négligeable si bien qu’on le présente souvent comme un émule de Sainte-Beuve. Dès l’avant-propos d’Hommes et livres, pourtant, il se démarque de Sainte-Beuve et de sa critique biographique. Cet article interroge cette divergence, analyse les arguments par lesquels il réfute la méthode beuvienne, tente de comprendre quelle fonction il accorde à la biographie et précise enfin les relations qu’il envisage dans le domaine de la création entre individu, collectif et œuvre.
G. Lanson accords such an important role to biography that he is often presented as a disciple of Sainte-Beuve. From the preface to Hommes et livres, however, he distinguishes himself from Sainte-Beuve and his biographical criticism. This article interrogates this divergence, analyses the arguments with which he refutes the Beuvian method, seeks to understand the function with which he imbues biography, and, finally, specifies the relations which he envisages between individual, collective, and œuvre in the domain of creation.
Aude Jeannerod, « Usages du biographique dans la critique littéraire de Joris-Karl Huysmans »
Dans sa critique littéraire, Huysmans fait un usage problématique de la méthode biographique héritée de Sainte-Beuve : « É. Zola et L’Assommoir » (1877) ne dresse le portrait de l’écrivain que pour mieux distinguer l’homme et l’œuvre ; l’autoportrait « J.-K. Huysmans » (1885) choisit avec parcimonie les éléments biographiques à utiliser afin de mettre l’œuvre en valeur ; et la préface aux Poésies religieuses (1904) de Verlaine rejette sa vie matérielle pour relier l’œuvre à sa vie spirituelle.
In his literary criticism, Huysmans makes problematic use of the biographical method inherited from Sainte-Beuve: “É. Zola et L’Assommoir” (1877) constructs the portrait of the writer only to distinguish the man and the work more effectively; the self-portrait “J.-K. Huysmans” (1885) carefully selects the biographical elements to use in order to bring out the value of the work; and the preface to Verlaine’s Poésies religieuses (1904) rejects his material life in order to link the work to his spiritual life.
Anne Boyer, « Remy de Gourmont, le masque du critique »
Figure essentielle de la critique de la fin du xixe siècle, Remy de Gourmont s’est nécessairement confronté à la figure beuvienne. Cette confrontation, dont
les formes sont diverses, accompagne une réflexion sur le génie littéraire, sur ses rapports avec l’instinct et l’intelligence. La mise en regard du texte de Proust et de la pensée gourmontienne fait émerger une mise en question de la notion de genre, par laquelle écriture critique et écriture créatrice se nourrissent l’une de l’autre.
A crucial figure of late nineteenth-century criticism, Remy de Gourmont inevitably confronted the Beuvian figure. The diverse forms this confrontation takes is accompanied by a reflection on literary genius and on the rapports between instinct and intelligence. The comparison between Proust’s text and Gourmont’s thought brings out a questioning of the notion of genre in which critical writing and creative writing nourish each other.
Thierry Roger, « Mallarmé médiateur. Du moi au soi »
La question de la dualité du moi constitue un véritable lieu commun dans cette seconde moitié du xixe siècle. Comme plus tard Proust, Mallarmé tend d’abord à isoler le moi créateur du moi socialement déterminé, et oppose la « monnaie » courante du langage quotidien à la parole poétique. Mais la division mallarméenne passe aussi par d’autres plans de coupe, ceux de l’humanisation et de la déshumanisation, ceux du moi et du soi, de la solitude et de la foule, du jour et de la nuit.
The question of the duality of the self constitutes a veritable commonplace in the second half of the nineteenth century. As Proust will do later, Mallarmé isolates the creator self from the socially determined self, and places the current “money” of daily life in opposition to poetic speech. But this act of opposition also pertains to other areas of separation: between humanisation and dehumanisation; self and other; solitude and crowd; day and night.
Edward Bizub, « Les résurrections de Proust. La critique génétique à l’épreuve de la mémoire du corps »
L’exposé des résurrections, rédigé en 1908 et publié comme une préface au Contre Sainte-Beuve, constitue le pivot entre le roman entamé au début de l’année et la partie critique qui va suivre. Se situant entre le vécu et l’écriture romanesque, il pose également la question de l’articulation entre la philosophie et la visée artistique de Proust. Les résurrections traduisent un manifeste de la vision de l’inconscient de l’époque, inconscient auquel on a accès grâce à la mémoire du corps.
The presentation of the resurrections, written in 1908 and published as a preface to Contre Sainte-Beuve, constitutes the pivot between the novel begun at the beginning of the year and the critical part to follow. Situated between lived experience and novelistic writing, it also interrogates the connection between Proust’s philosophy and his artistic aims. The resurrections translate a manifestation of the era’s vision of the unconscious, an unconscious which can be accessed thanks to the memory of the body.
Luc Fraisse, « L’archéologie de Contre Sainte-Beuve dans l’évolution créatrice de Proust »
Pour reconstituer les raisons qui ont amené Proust à concevoir l’idée d’une double personnalité de l’artiste, plusieurs ressources sont à notre disposition : la correspondance, les lectures sur Sainte-Beuve autour de 1904 à l’occasion du centenaire de sa naissance, la grande presse et la méditation de quelques lectures philosophiques finalement déterminantes dans la mise en scène romanesque de la thèse. Ces documents ouvrent à un éventail de significations.
To reconstitute the reasons which led Proust to conceive of the idea of the dual personality of the artist, we have several resources at our disposition: correspondence, readings about Sainte-Beuve around 1904 on the occasion of the centenary of his birth, the broadsheet press, and meditations on some of the philosophical readings which ultimately determined the novelistic mise-en-scène of the thesis. These documents contain a range of possible significations.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-8124-5055-6
- EAN: 9782812450556
- ISSN: 2258-9058
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-8124-5055-6.p.0327
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 02-25-2016
- Language: French