Résumés
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Après Kant. Mélanges offerts à Jean-Pierre Fussler
- Pages: 381 to 386
- Collection: Encounters, n° 600
Résumés
Antoine Hatzenberger, « Avant-propos »
Ce recueil d’études philosophiques s’origine dans l’enseignement reçu de Jean-Pierre Fussler, commentateur de l’œuvre kantien. Condisciples, anciens étudiants et collègues s’associent pour un travail collectif rendant compte de la diversité et de l’actualité des domaines et des régimes d’exercice de la raison critique, avec Kant, et après Kant.
Alain Lhomme, « La Dissertation de 1770. Essai d’approche stylistique »
Cet article montre le caractère opératoire d’une approche proprement stylistique des textes philosophiques dans le champ de l’histoire de la philosophie, permettant de mettre en évidence dans un texte aussi hétérogène que la Dissertation de 1770 l’entrelacement de deux styles logico-argumentatifs profondément différents, et de rendre compte de la naissance difficultueuse de ce qui se présentera, à terme, comme la manière proprement kantienne de philosopher.
Claude Arlaud, « D’un mythe gréco-latin développé dans La Religion comprise dans les limites de la seule raison »
L’image du « ciel étoilé » ne se rencontre pas par hasard dans La Religion. Il s’agit de retrouver dans les œuvres de Kant quelle influence l’a conduit à faire de cette image une métaphore, sinon une allégorie, celle d’Astrée. On découvrira d’abord Albrecht von Haller et ses poèmes pour arriver peu à peu à question de la morale en nous.
Antoine Hatzenberger, « Kant im Morgenland. Remarques sur le mahométanisme »
À partir des mentions de l’islam dans La Religion comprise dans les limites de la seule raison, cet article reprend le dossier de la relation complexe de Kant à la 382religion et à la civilisation islamiques. En mettant en série les diverses remarques de Kant à ce propos, formulées ici et là tout au long de son œuvre, sur des points de doctrine ou sur des éléments culturels, il est possible de réévaluer sa participation à l’orientalisme en construction à la fin du siècle des Lumières.
Hedwig Marzolf, « La fraternité chez Kant »
Un sympathisant de la Révolution française aurait-il craint la dictature de la plèbe et défendu la propriété privée ? Il est difficile pour les commentateurs « républicains » de Kant de comprendre autrement la substitution de « liberté » par « indépendance civile », conditionnant l’accès à l’indépendance politique à un critère économique. Kant n’aurait-il pas perçu les effets moraux de la pauvreté et recherché, au-delà de la politique ici impuissante, comment y parer avec le christianisme ?
Antoine Grandjean, « “À la paix perpétuelle !” »
Le problème de la paix conduit Kant à articuler deux registres de discours : l’impératif juridique de pacification des rapports humains s’accompagne de considérations historico-anthropologiques sur la guerre, l’impossibilité définitive d’une paix perpétuelle ne signifiant pas l’absurdité d’une résolution de travailler à la raréfaction des conflits. Kant s’efforce de garantir ce qui constitue la disposition affective pratique caractéristique d’une liberté finie : une espérance inquiète.
Nicolas Class, « Goethe et la philosophie de Kant »
Goethe a trouvé dans l’entreprise critique de Kant la justification de sa démarche scientifique comme de sa réflexion sur l’art. Il en est résulté une vision originale de la nature et de l’être humain qui a rendu possible la rencontre avec Schiller bien plus qu’elle n’en a résulté.
Audrey Rieber, « Objet d’art, objet scientifique. La fondation postkantienne d’une science de l’art selon Edgar Wind »
Les tentatives pour fonder une science de l’art constituent une postérité théoriquement féconde du kantisme qui s’appuie moins sur les analyses de 383l’art de la Critique de la faculté de juger que sur la méthode de connaissance déployée dans la Critique de la raison pure. La thèse de doctorat que le philosophe et historien de l’art Edgar Wind défend en 1922 devant Erwin Panofsky et Ernst Cassirer en est un cas remarquable.
Michaël Foessel, « Qui est le sujet de la critique ? De Kant à Foucault, et retour »
Qui est le sujet de la critique ? En posant cette question préalable, le dernier Foucault a procédé à une subjectivation de la critique entendue comme « attitude » plutôt que comme réflexion. Cette élaboration s’est faite dans un dialogue avec Kant dont on restitue ici la logique. Tout en insistant sur les limites d’un tel rapprochement entre Kant et Foucault : là où le premier maintient une dimension transcendantale, le second réduit le sujet au résultat de l’activité critique.
Valéry Pratt, « Kant et l’éthique en contexte. Lecture d’Albrecht Wellmer, Éthique et dialogue »
L’ouvrage d’Albrecht Wellmer paru en 1986 est une confrontation de l’éthique de la discussion avec l’exigence universaliste et formaliste kantienne. Wellmer cherche à redonner force au contexte du jugement moral en prenant en compte les conditions de l’universalisabilisation et en posant la question du négatif. L’enjeu est de rendre hommage à la puissance de l’analyse par Kant du jugement moral tout en réactualisant ses potentialités dans les débats en philosophie contemporaine.
Alexis Anne-Braun, « Terminer Kant ? Nelson Goodman et la théorie du worldmaking »
Le texte s’interroge sur les usages imprévisibles de Kant dans la théorie goodmanienne du worldmaking. Par-delà la référence constante au motif kantien de la construction, la théorie des symboles de Goodman n’a jamais tout à fait quitté le sol des questions formulées dans la première Critique. En dernière analyse, le texte s’emploie à faire résonner la notion de worldmaking avec l’idée d’un Weltbegriff de la philosophie.
384Laura Tavernier, « Ne pas suivre la nature. L’impiété selon Marc-Aurèle (commentaire des Pensées, IX, 1) »
Marc-Aurèle rapporte l’injustice, la fausseté et l’intempérance à un vice commun : l’impiété (asebeia). Que ce soit sur le registre éthique, logique ou épithumique, ne pas suivre la nature revient toujours à outrager le divin. En suivant la logique thématique du texte, qui redéploie en les infléchissant les trois topoi d’Epictète, l’article éclaircit le sens philosophique et la portée pratique de cette requalification théologique et de cette réinscription cosmique des dérèglements humains.
Jean-François Kervégan, « Le caractère institutionnel de la Sittlichkeit hégélienne »
À partir d’une définition élargie, étayée par les écrits des juristes Friedrich Carl von Savigny et Maurice Hauriou, de ce qu’est une institution, l’article montre que la théorie hégélienne met en œuvre un institutionnalisme « faible », en décrivant les formes de ce qu’on peut nommer l’institution éthique de l’individualité.
Fabien Lamouche, « Freud et la question du mal »
Se réclamant d’un mode de pensée spinoziste, Freud ne cherche pas à juger la nature humaine, mais à la rendre plus intelligible grâce à la psychanalyse. En tant que théorie des mécanismes psychiques inconscients, celle-ci permet de retracer le destin de la pulsion d’agression. En tant que pratique thérapeutique, elle se concentre sur le sentiment de culpabilité qui en est l’héritier. Et comme théorie de la culture, elle met en évidence le travail de la civilisation contre la pulsion de mort.
Pierre Guenancia, « Tradition et origine. Sur Husserl »
Avec L’Origine de la géométrie, Husserl cherche à dépasser l’opposition cartésienne et pascalienne entre l’histoire, ou la tradition, et la raison et la science, ou l’origine. Il cherche à réactiver l’origine de la géométrie ou de la science en général en recourant non pas à une méthode historique mais à une méthode génétique. Il faut faire revivre, réveiller la tradition qui ne peut pas désigner un passé révolu, mort, historique, devenu étranger à la pratique théorique de la science.
385Bernard Baas, « De Husserl à Heidegger, l’épuisement de la raison critique »
La Krisis montre que les dérives de la rationalité unilatérale dans les sciences procèdent d’une crise de la raison qui appelle une décision critique affirmant résolument « l’héroïsme de la raison » et la « fonction archontique » de la philosophie. À quoi Heidegger oppose la double exigence de la « fin de la philosophie » et de la « tâche de la pensée », soucieuse de la responsabilité de la pensée à l’ère de la technique, mais semblant signifier l’épuisement de la raison critique.
Benjamin Delmotte, « La chose ou l’objet ? Phénoménologie de l’objection »
Peut-on assimiler une chose et un objet ? Depuis son origine husserlienne et ses développements heideggériens, la phénoménologie semble particulièrement confrontée aux liens problématiques entre les deux notions, entre distinction et recouvrement. L’article a pour but de mettre au jour ces ambiguïtés en les confrontant à un travail photographique de Bernd et Hilla Becher.
Alexandre Hubeny, « Sens historique et action politique chez Merleau-Ponty »
Cette étude revient sur le projet philosophique énoncé dans l’avant-propos de la Phénoménologie de la perception : « saisir le sens […] de l’histoire à l’état naissant ». À rebours des téléologies classiques, l’analyse phénoménologique de la liberté et de l’action fonde une conception originale de la responsabilité politique. Le concept d’institution permet à Merleau-Ponty de penser un sens de l’histoire qui en valorise la contingence et la fécondité.
Camille Dreyfus-Le Foyer, « Le Christ du Traité théologico-politique, une provocation de la raison ? »
Il est tentant de réduire la place accordée à la foi dans le Traité théologico-politique de Spinoza à un pis-aller ne concernant que les ignorants. Cependant, le philosophe spinoziste ne peut-il achever son projet qu’en réévaluant ce qu’il prétend pourtant critiquer sévèrement, à savoir la religion révélée ? C’est ce qu’invite à se demander le statut exceptionnel alors accordé au Christ.
386Jean Goldzink, « L’enfance dans les deux premiers livres d’Émile »
L’article revient sur la distinction des deux phases de l’enfance opérée par Rousseau, sur la spécificité du traité pédagogique par rapport aux Confessions, et sur la priorité d’une lecture interne par rapport aux considérations tirées de la biographie et de ses autres œuvres. Si Émile conserve un tel impact, c’est que Rousseau pousse à bout les tensions de cette éducation hors normes : enfant/adulte, éducation/instruction, nature/société, liberté/contrainte, bonheur/utilité, présent/futur.
Thierry Bernard, « Nietzsche et les dernières paroles de Socrate »
L’article reprend le problème classique de l’interprétation des dernières paroles de Socrate et les accusations nietzschéennes auxquelles elles donnent lieu, pour en proposer une nouvelle lecture qui concerne le sanctuaire d’Asclépios et le rôle supposé que Platon attribue au personnage de Diotime. Ce volet de la lecture nietzschéenne étant récusé, l’article complète cela par une référence à la justification de la vie par Diotime, indissociable d’une place accordée aux phénomènes sensibles.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-15413-6
- EAN: 9782406154136
- ISSN: 2261-1851
- DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-15413-6.p.0381
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 01-10-2024
- Language: French