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Classiques Garnier

Pratique de l’alimentation durable L’influence de l’environnement matériel

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Systèmes alimentaires / Food Systems
    2021, n° 6
    . varia
  • Auteurs : Innocent (Morgane), François-Lecompte (Agnès), Gabriel (Patrick), Divard (Ronan), Le Gall-Ely (Marine)
  • Résumé : Cette recherche porte sur les éléments matériels impliqués dans l’alimentation durable. Treize éléments ont été identifiés et regroupés en quatre sphères : logement, environnement de proximité, zone d’approvisionnement et environnement numérique. L’étude montre que pour faciliter la pratique d’une alimentation durable, l’environnement matériel doit réduire les contraintes de l’individu, simplifier ses pratiques, s’intégrer avec fluidité dans son quotidien et être source de bénéfices.
  • Pages : 217 à 238
  • Revue : Systèmes alimentaires
  • Thème CLIL : 3306 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Économie de la mondialisation et du développement
  • EAN : 9782406127055
  • ISBN : 978-2-406-12705-5
  • ISSN : 2555-0411
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-12705-5.p.0217
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 05/01/2022
  • Périodicité : Annuelle
  • Langue : Français
  • Mots-clés : alimentation durable, théorie des pratiques, environnement matériel, transition alimentaire, changement des comportements.
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Pratique de lalimentation durable

Linfluence de lenvironnement matériel

Morgane Innocent

Université de Bretagne Occidentale, Laboratoire LEGO

Agnès François-Lecompte

Université de Bretagne Sud, Laboratoire LEGO

Patrick Gabriel

Ronan Divard

Marine Le Gall-Ely

Université de Bretagne Occidentale, Laboratoire LEGO

Introduction

De nombreuses études mettent en évidence un engouement des Français pour une alimentation plus durable (Mercier et Dusseaux, 2016). Toutefois, les pratiques observées incitent moins à loptimisme que les déclarations (Anses, 2017). Ce décalage entre les attitudes affichées et les comportements a souvent été relevé par les chercheurs en matière dalimentation durable et, plus généralement, lorsquil est question de comportements responsables (Vermeir et Verbeke, 2006). Il montre la nécessité didentifier et danalyser lensemble des facteurs pouvant influencer ces comportements, au-delà des seules motivations 218et attitudes. Steg et Vlek (2009) soulignent à cet égard limportance des facteurs contextuels et des habitudes pour expliquer les comportements pro-environnementaux. Selon Geller (2002), cest sur les facteurs externes – et non internes – à lindividu quil faut agir pour faire adopter des comportements plus responsables. Vision que nous pouvons rapprocher du constat établi par Roques et Roux (2018, p. 51) en matière de transition énergétique : « Lindividu est dabord pris dans des routines, enserré dans un système de normes sociales et contraint par un environnement sociotechnique particulier ». 

Cette recherche est focalisée sur le rôle des facteurs externes à lindividu –lenvironnement matériel– sur ses comportements en matière dalimentation durable. La définition de référence sur ce sujet est celle de la FAO (Food and Agriculture Organization of the United Nations) : lalimentation durable a « de faibles conséquences sur lenvironnement, contribue à la sécurité alimentaire et nutritionnelle ainsi quà une vie saine pour les générations présentes et futures » (FAO, 2010). Les enjeux sont donc avant tout environnementaux, mais concernent aussi la santé humaine, les deux dimensions étant étroitement associées en matière dalimentation. En cohérence avec ces deux enjeux, les pratiques dalimentation durable étudiées ici se réfèrent plus spécifiquement aux différentes étapes, entre le champ et lassiette, au cours desquelles un aliment génère une empreinte environnementale (Ademe, 2016). Du point de vue du consommateur, cette approche amène à prendre en compte les pratiques dapprovisionnement (lieux dachat ; logistique des courses), le choix des produits et dun régime alimentaire (type de produits achetés), ainsi que les usages à domicile (rangement des courses ; préparation des repas ; gestion des déchets) (Innocent et al., 2019). À ces différents stades, des éléments matériels peuvent jouer un rôle, en facilitant ou, au contraire, en entravant les pratiques alimentaires durables. Cette recherche a pour point de départ lidentification de ces éléments, quelle que soit leur nature, en lien direct ou indirect avec lalimentation, internes au domicile ou non. Létude se focalise toutefois uniquement sur les repas au sein du foyer et ne prend pas en compte la restauration collective ou commerciale.

Lobjet de cet article est de répondre à deux questions intimement liées : (1) Quels sont les éléments matériels qui facilitent le plus ladoption et la persistance de comportements alimentaires durables ? Et (2) comment 219les individus sapproprient-ils cet environnement matériel afin dadopter des pratiques alimentaires durables ?

Lanalyse repose sur une étude qualitative exploratoire menée auprès de 30 individus sous forme dentretiens semi-directifs.

Après avoir expliqué le cadre conceptuel retenu et la méthodologie adoptée, nous présentons les résultats de cette étude et émettons des préconisations à lattention de ces acteurs.

1. Lalimentation durable :
une approche par les pratiques

Définir le périmètre de lalimentation durable (AD) suppose de prendre en compte tous les comportements de consommation ayant un impact sur la transition écologique (Verain et al., 2015). En matière dimpact environnemental, lanalyse par le cycle de vie du produit est la référence méthodologique (ISO, 2006a, 2006b). Dans cette logique et de manière cohérente avec les travaux de lAdeme (2016, 2018), les pratiques dalimentation durable incluent les différentes étapes de vie de laliment :

modes de production durables : produits issus de lagriculture biologique, produits issus du commerce équitable Nord-Sud et Nord-Nord, pêche durable, fruits et légumes de saison ;

modes de transformation et conditionnement durables : minimiser la quantité de déchets générés via les produits en vrac, à la coupe ou ayant un emballage réduit/éco-conçu, tri sélectif, réutilisation des emballages ; favoriser les produits frais et peu transformés ;

transport et distribution durables : privilégier la nourriture qui a peu voyagé et/ou qui est commercialisée directement par le producteur, circuits courts de proximité ou de circuits territorialisés.

Les pratiques alimentaires durables se traduisent aussi, pour lindividu, dans le choix du régime alimentaire et par les usages à domicile, dont limpact environnemental est plus ou moins important :

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régimes alimentaires durables : modération des aliments à base de protéines animales, modération alimentaire générale, produits peu émetteurs de GES (locaux, de saison, etc.) ;

usages alimentaires durables à domicile : sapprovisionner en utilisant des mobilités douces, autoproduction alimentaire, minimiser le gaspillage en stockant/rangeant et lors de la préparation des repas, compostage et tri des déchets.

À travers cette recherche, nous proposons daborder lensemble de ces pratiques dAD. Se situer du point de vue du consommateur amène cependant à les regrouper selon son vécu du quotidien. Dans cette logique, les pratiques dAD seront structurées ici selon trois séquences : (1) lapprovisionnement, (2) le choix des produits, et (3) les usages à domicile. La première étape touche au choix des points de vente et au mode de transport utilisé pour les courses ; la seconde concerne le choix de produits ou daliments à moindre impact environnemental ; la troisième porte sur les pratiques de la sphère domestique telles que le stockage des aliments, la cuisine, la gestion des déchets ou encore lautoproduction. Une telle approche permet daller au-delà de la seule sphère marchande et dinclure les gestes du quotidien en plus des achats.

Finalement, une analyse des pratiques de lAD amène à tenir compte de la multiplicité des pratiques présentées, mais aussi à sintéresser aux différents éléments matériels ou individuels à lorigine de ces comportements. La théorie des pratiques, issue de la sociologie, offre un cadre conceptuel répondant bien à cette visée intégratrice (Sirieix et Le Borgne, 2017).

2. Théorie des pratiques
et environnement matériel de lAD

La théorie des pratiques sest développée au Royaume-Uni et dans les pays scandinaves dans les années 2000. Ce courant danalyse inverse la perspective habituellement retenue en proposant de partir des pratiques plutôt que des individus. La démarche amène ainsi à étudier comment les pratiques se transforment et se diffusent en « recrutant 221des individus » qui ensuite les mettent en œuvre de façon routinière. Une pratique est envisagée comme « une constellation dactions » en lien avec une activité, faisant intervenir pour lindividu des significations, des compétences et des objets (Shove et al., 2012). Ce cadre est donc particulièrement adapté pour comprendre des pratiques sociales en portant attention aux dispositifs matériels, à leur appropriation et aux routines (Dubuisson-Quellier et Plessz, 2013).

Il est appliqué ici à létude de lAD dans la mesure où celle-ci rassemble un ensemble dactions de la vie quotidienne liées entre elles par une même finalité (Schatzki, 2001). Lanalyse de ces actions invite donc à sintéresser aux trois dimensions qui les sous-tendent (figure 1) : les représentations de lindividu sur le sujet (significations), lenvironnement matériel dont il dispose ou auquel il peut accéder (un composteur, un jardin, un magasin de produits biologiques accessible, etc.) et les connaissances et compétences lui qui lui permettent de développer sa pratique (Gleim et al., 2013). Cest plus spécifiquement le rôle de lenvironnement matériel qui est étudié dans cette recherche.

Fig. 1 – La pratique de lalimentation durable (AD)
sous langle de la théorie des pratiques (Innocent et al., 2019).

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Si linfluence de lenvironnement matériel sur les pratiques alimentaires a pu être mise en évidence (Dyen et al., 2018), cest essentiellement sur le sujet du tri des déchets que les travaux se sont concentrés. Dobernig et Schanes (2019) soulignent le rôle déléments tels que la conception de lespace de vie, les technologies disponibles, ainsi que les infrastructures locales de ravitaillement alimentaire et de tri des déchets. Monnot et al. (2014) montrent que la capacité à gérer laspect logistique du tri (séparation, stockage et expédition des déchets) au sein du logement doit être prise en compte.

Lobjectif de cette recherche vise à recenser plus largement lensemble des éléments matériels, présents au domicile ou à lextérieur, qui interviennent dans les pratiques dAD, et à analyser leurs rôles dans ces pratiques.

3. Méthodologie

Afin de répondre à cet objectif, une étude qualitative exploratoire par entretiens semi-directifs a été réalisée au printemps 2019. Léchantillon a été constitué en recherchant de la diversité dans le profil des personnes interrogées (Gavard-Perret et al., 2012) aussi bien sur lintensité de pratiques dAD que sur les critères sociodémographiques identifiés dans la littérature comme ayant une influence, à savoir lâge, le genre, le milieu social, la taille et la structure du foyer, ou encore la zone dhabitation. Au final, 30 entretiens en face à face ont été menés, par lintermédiaire dassociations locales et de réseaux sociaux (description de léchantillon en annexe).

Le guide dentretien portait sur la familiarité avec le concept dAD puis abordait lensemble des pratiques présentées en première section. Des supports visuels, sous la forme de neuf cartes thématiques étaient successivement présentées au répondant pour servir de point de départ à la discussion sur les trois thèmes de lAD : (1) les courses, (2) les lieux dachat sur le volet approvisionnement ; (3) les emballages, (4) les modes de production, (5) les produits de saison, (6) le régime alimentaire sur le volet choix des produits ; (7) le rangement des courses, (8) la préparation des repas, (9) la gestion des déchets sur le volet usages à domicile.

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Pour chaque thématique, il était demandé aux répondants dindiquer ce quils faisaient (par exemple acheter bio, prendre leur voiture ou un vélo pour aller faire leurs courses, etc.), ce que cela leur apportait, ce quils ne faisaient pas et pourquoi.

Les retranscriptions intégrales des discours ont été analysées à laide du logiciel NVivo. Dans la perspective de la théorie des pratiques, un premier codage a permis de distinguer les propos relatifs aux pratiques elles-mêmes, aux compétences, aux significations et à lenvironnement matériel de lAD. Le discours en lien avec lenvironnement matériel représentait un corpus de 33 pages et a fait lobjet dun traitement spécifique. Le codage en résultant a donné lieu à un regroupement, sous forme de méta-catégories appelées sphères de lenvironnement matériel et présentées ci-après.

Enfin, dans une dernière étape, nous avons effectué un retour au corpus complet afin de mieux comprendre les liens entre laspect matériel de lAD et les autres dimensions plus cognitives de cette pratique. Nous avons choisi langle des mécanismes dappropriation pour expliquer comment un élément matériel – un composteur, par exemple – est adopté par un individu.

4. Résultats : lenvironnement matériel
de lalimentation durable, entre aide et entrave
à la mise en œuvre des pratiques

4.1. Les quatre sphères de lenvironnement matériel
de lalimentation durable pour le consommateur

Lanalyse des entretiens a permis didentifier 13 éléments matériels, qui concernent le logement et des infrastructures ou éléments matériels extérieurs au domicile. Ces 13 éléments ont été classés en 4 sphères, en suivant une logique de proximité (figure 2) : le logement, lenvironnement à proximité immédiate, la zone dapprovisionnement, lenvironnement numérique. Lobjectif de lanalyse est de faire ressortir, pour chaque sphère, les éléments matériels qui facilitent ou entravent la pratique de lalimentation durable.

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Fig. 2 – Les quatre sphères de lenvironnement matériel de lalimentation durable.
Source : Auteurs.

4.1.1. La sphère logement et équipement individuel

Caractéristiques et taille du logement : un logement individuel ou collectif, le fait de disposer dun minimum despace dans la cuisine ou encore la présence dun jardin vont constituer autant de facteurs qui rendront plus ou moins facile la mise en place dune pratique dalimentation durable. Les équipements de cuisine à visée « fait-maison » qui regroupent les ustensiles polyvalents ou spécialisés pour une fonction (machines à pain, par exemple) sont jugés nécessaires et facilitants, mais un équipement hautement perfectionné nest pas forcément requis. Les bocaux et boîtes de rangement des produits au domicile sont très présents dans les discours sans être toutefois systématiquement associés à des achats en vrac. Ils peuvent en effet être adoptés pour des motifs esthétiques ou de praticité demploi. Les contenants alimentaires réutilisables pour usage nomade désignent les contenants permettant la consommation hors domicile des aliments et des boissons ou le transport des produits achetés en vrac. Les 225matériaux neutres et naturels (inox, verre, bois) sont parfois plébiscités au détriment du plastique, jugé moins acceptable pour lenvironnement et la santé. Ces contenants ne sont pas encore si facilement accessibles ni toujours adaptés à la mobilité au quotidien (vélo…). Les moyens de transport doux ou collectifs sont associés à une alimentation plus durable, puisquils permettent de réduire lempreinte carbone des approvisionnements. Mais leur usage peut aussi impliquer dadapter le mode de transport aux chargements ou inversement. Ce qui peut nécessiter de faire preuve dingéniosité –notamment quand le vélo devient le mode principal– ou de renoncer à acheter en quantités importantes. Avoir des recettes de cuisine, quel quen soit le support (livre, site internet), apparaît comme un élément assez neutre au regard de lAD, car souvent le support est « archivé ». Ce sont toutefois des sources dinspiration lorsque lon doit cuisiner végétarien ou préparer des produits inhabituels ou de saison. Sont également associés à lAD le fait de cultiver un potager et, ce qui est moins fréquent, la possession de poules. Le potager est un moyen davoir des produits de qualité et économiques, une source de satisfaction et de plaisir et une occasion de reprendre contact avec la nature. Enfin, le tri, dans lespace domestique, donne lieu à divers arrangements. La multiplication des circuits de recyclage conduit à la multiplication des poubelles. Toutefois, la logistique de tri est considérée comme fluide par la plupart des ménages. Concernant le compost, la fourniture dun équipement par la collectivité et la possession dun jardin favorisent fortement cette pratique. Toutefois, la gestion du compost est parfois peu évidente et nécessite une certaine maîtrise technique.

4.1.2. La sphère environnement à proximité immédiate

Lélément matériel qui apparaît comme le plus influent dans cette sphère est le dispositif de tri et de collecte des déchets mis à disposition par les pouvoirs publics. Les systèmes qui entraînent des contraintes (participation financière pour les dépôts, points de collecte éloignés du logement, multiplication des bacs à déchets) sont mal acceptés. En revanche, le dispositif permettant de déposer tout type demballage dans la poubelle jaune est vécu comme une simplification, puisquil lève les doutes. Est également à souligner la difficulté que peuvent éprouver les ménages, lorsquils déménagent, à sadapter à des règles et dispositifs différents 226de ceux qui prévalaient dans leur collectivité dorigine. Les jardins partagés ou collectifs offrent des possibilités que, parfois, le logement ne permet pas. Ils sont appréciés, car ils donnent loccasion de passer des moments agréables en extérieur. Toutefois, le caractère collectif de ces jardins peut constituer un frein.

4.1.3. La sphère de zone dapprovisionnement

Dans une perspective dalimentation durable, les individus privilégient les modes de déplacement doux et/ou couplés à dautres déplacements. Le problème logistique est dautant plus complexe quun approvisionnement respectant les principes de lalimentation durable va de pair avec une plus grande dispersion des lieux dachats. Ne pas utiliser sa voiture peut avoir pour conséquence une réduction du volume transportable et donc des volumes dachats, ce qui est parfois perçu comme un bénéfice en soi (sobriété alimentaire). Quand les personnes utilisent leur voiture, elles intègrent leurs parcours dapprovisionnement à leurs activités quotidiennes afin de réduire le nombre de trajets en voiture, allant parfois jusquà combiner plusieurs modes de transport. Laccès à une offre en produits alimentaires durables (bio/locale/en vrac) ne va pas de soi, encore aujourdhui, pour beaucoup. Derrière ce terme daccessibilité se trouve une réalité allant au-delà de lexistence de producteurs ou dun magasin bio/vrac/produits locaux dans un rayon dune vingtaine de kilomètres. Nous avons vu que lorganisation des déplacements est en soi une contrainte et que la proximité renforce donc laccessibilité. Mais elle ne suffit pas, car il faut encore que les horaires douverture puissent sintégrer au quotidien des consommateurs, en prenant notamment en compte les contraintes inhérentes à leurs horaires de travail. Sajoutent à cela les problèmes daccessibilité financière ou encore de largeur de gamme proposée dans les lieux de ventes. Enfin, lachat en circuit court ou auprès de producteurs constitue encore une nouveauté qui tranche avec les habitudes de la plupart des consommateurs. En définitive, loffre bio/locale/vrac doit être accessible pour le plus grand nombre, quels que soient les circuits de distribution concernés : proximité du domicile, tarifs abordables, horaires douverture amples et largeur de gamme. Laccès à lachat en vrac, qui nécessite dutiliser ses propres contenants, présente un degré de complexité supplémentaire, puisquil 227requiert une adaptation logistique et un renouvellement des modes dapprovisionnement encore plus profond.

4.1.4. La sphère de lenvironnement numérique

Lenvironnement numérique peut faciliter la pratique de lalimentation durable en fournissant de linformation sur différents sujets : la saisonnalité des produits, les recettes de cuisine, limpact environnemental des produits alimentaires, etc. De plus en plus doutils, de type applications, permettent dévaluer le caractère durable des produits. Lenvironnement numérique peut aussi aider à sapprovisionner en produits locaux par le biais de plateformes mettant en relation consommateurs et producteurs dun territoire géographique donné. Il existe un grand nombre dinitiatives sur le sujet, ce qui ne signifie pour autant pas que ces plateformes soient fortement diffusées au sein de la population. De façon surprenante, seul un répondant de léchantillon a évoqué lenvironnement numérique en soulignant davantage ses attentes sur le sujet plutôt que lutilisation doutils particuliers.

4.2. Lenvironnement matériel :
caractère facilitant et appropriation

Au-delà de la description de lenvironnement matériel, il apparaît important de comprendre son rôle dans lalimentation durable ; autrement dit, les raisons pour lesquelles les éléments présentés ci-avant seront effectivement utilisés ou non par un individu. Cette réflexion nous amène à aborder deux points successifs : la compréhension de ce quest un environnement matériel facilitant du point de vue de lindividu (4.2.1), et létude des mécanismes menant à son appropriation (4.2.2).

4.2.1. Les caractéristiques dun environnement matériel facilitant

Les entretiens mettent en évidence des profils dindividus variés, allant dune pratique dAD faible à très forte. Lenvironnement matériel est, de ce fait, abordé différemment par les répondants : absent des propos, perçu comme entravant parfois, ou à linverse évoqué comme support des pratiques dalimentation durable. Dans ce dernier cas de 228figure, les éléments matériels évoqués varient dun individu à lautre : certains vont par exemple parler de leur vélo pour aller faire les courses, dautres de leur matériel de cuisine, quil soit élaboré (machine à pain, robot cuisine, etc.) ou non (casseroles, boîtes de rangement, etc.), dautres encore de leurs producteurs locaux habituels, etc.

Il paraît donc intéressant de faire ressortir les caractéristiques dun environnement matériel intégré à lalimentation durable, quelle que soit la forme quil prend pour un individu. Lanalyse des résultats montre que cet environnement peut se caractériser par trois qualités.

1. Le matériel ou dispositif concerné est considéré comme étant facile à utiliser et peu contraignant, que cela soit en temps, en déplacement ou en espace à allouer :

Et lavantage quon a ici, cest quon a un petit compost, là, un petit… puis, à [lieu dhabitation], ils passent aussi pour retirer les composts toutes les semaines (Rémi).

2. Il est vécu comme porteur de bénéfices, que ceux-ci soient utilitaires (un composteur permet dalimenter le potager en engrais naturel), esthétiques (les bocaux de rangement), liés à la santé (un vélo pour les courses) et au bien-être, hédoniques et récréatifs (un potager, des poules), sociaux (jardins partagés et collectifs) ou économiques (diminution du gaspillage alimentaire, meilleure maîtrise de ses volumes dachat, autoproduction) :

Prendre mon vélo [] Cest… Enfin tu es 10 fois plus content et heureux que de prendre ta bagnole pour aller à Géant quoi je pense ; [] cest carrément plus de bien-être de fonctionner comme ça (Lena).

3. Enfin, il est intégré de manière fluide dans les routines quotidiennes, que ce soit dans les déplacements de lindividu, ses loisirs ou encore les habitudes au sein de la sphère domestique :

Le samedi matin, on va au marché de Kérinou, en gros. Cest dans nos habitudes, ça, [] tous les samedis, je prenais mon petit caddy et je descendais à pied, deux minutes à pied (Florence).

À linverse un environnement matériel nest pas associé à la pratique et est perçu comme entravant lorsquil est générateur de coûts et defforts au quotidien et quil ne trouve pas sa place dans les activités quotidiennes.

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En fait ils font payer pour la poubelle classique et par contre ils font pas payer pour les emballages recyclables [] le souci, cest que du coup, les gens ne trient pas bien du tout puisquils jettent plus de choses quils ne devraient dans les poubelles jaunes qui ne devraient pas être jetées [] Eh bien moi, je fais, jai justement tendance à être partisane de mettre plus puisque je ne trie pas bien. Jai souvent tendance à me tromper justement (Clémentine).

Lévaluation du caractère plus ou moins facilitant de lenvironnement matériel est évidemment fonction de la situation objective des individus. Autrement dit, certains contextes matériels sont plus porteurs pour lalimentation durable. Habiter une grande maison est par exemple plus facile pour trier des déchets et avoir un compost ; habiter à proximité dun marché rend la venue sur place plus aisée.

Pour autant, les perceptions semblent très subjectives. Ainsi, un contexte matériel a priori favorable à lalimentation durable ne conduit pas forcément à déclencher la pratique. Par exemple, avoir un jardin nest pas synonyme de compost ; avoir léquipement associé au vrac nimplique pas dacheter en vrac au quotidien :

Jen ai acheté des petits sacs en tissu. Mais je les ai jamais avec moi (Catherine).

À linverse, certains individus semblent capables de saffranchir de contraintes parfois fortes. Leur inventivité et leur désir de mener une alimentation durable les amènent à contourner les problèmes et à trouver des solutions matérielles ad hoc :

Avant, on vivait en appartement. Donc, on a dû chercher où composter. Heureusement, il y avait un jardin partagé avec un compost juste à côté et on avait un lombricomposteur aussi (Florence).

En résumé, un environnement matériel donné, quil concerne le foyer de lindividu ou les autres sphères plus éloignées de son domicile, peut faciliter la pratique de lAD, mais ne semble pas prédire celle-ci.

Le lien entre environnement matériel et pratique de lAD est donc influencé par dautres éléments propres à lindividu. La motivation à salimenter de façon durable explique probablement en partie le fait que ce lien se crée ou ne se crée pas. Mais dautres aspects liés à lappropriation ou la non-appropriation du matériel semblent intéressants à analyser. Ce point est approfondi dans la section suivante.

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4.2.2. Les mécanismes dappropriation
de lenvironnement matériel de lalimentation durable

Lappropriation, autrement dit le fait quun objet devienne sien, passe par différents mécanismes, souvent dordre cognitif (Marion, 2017). Dans le domaine de lalimentation, quatre modes dappropriation possibles ont été identifiés, sachant quils peuvent intervenir de façon isolée ou combinée (Brunel et al., 2013) :

1. le contrôle désigne la maîtrise instrumentale qui permet dutiliser lobjet ;

2. la créativité comprend les actions de création de lindividu pour faire sien un objet ;

3. la connaissance relève de la découverte cognitive des objets ou des dispositifs ;

4. la contamination se produit par transmission de proximité, notamment par limitation dautrui. Cest un mode dappropriation passif, étant donné que lindividu ne va pas au-devant de lobjet, mais que ce dernier vient à lui.

Les entretiens menés mettent en évidence la présence de ces différents mécanismes dappropriation du matériel de lAD. Ils permettent de comprendre plus largement la genèse des pratiques au niveau individuel en observant comment celles-ci sinstallent. Les résultats sont présentés ici en reprenant la typologie proposée par Brunel et al. (2013).

Lappropriation par la connaissance

Un premier mode dappropriation passe par la connaissance et la compréhension. Cela peut porter par exemple sur la façon dont fonctionne un dispositif ou un objet, notamment quand le dispositif simpose à lindividu.

Donc, maintenant, les poubelles sont concentrées, on a un point de ralliement. [] des gens ont un petit peu râlé, mais ça y est, tout le monde sy met à partir du moment où on explique pourquoi (Betty).

Ben moi, jestime que si à un moment donné des collectivités investissent dans des poubelles qui coûtent je ne sais pas combien, cest parce que derrière, 231il y a un circuit qui va aller jusquau bout et quon va effectivement recycler le plastique et faire des bouteilles en plastique avec des bouteilles recyclées. Jy crois (Coralie).

Lappropriation par la créativité

Le mécanisme dappropriation faisant appel à la créativité a été fréquemment évoqué par les répondants. Dans ce cas, les individus « bricolent » des solutions maison (de Certeau, 1981) pour intégrer lAD au quotidien.

On a bricolé un vélo rallongé avec plein de pochettes et plein de trucs. Si je dis ça cest parce quen fait ça nous permet justement de faire des courses à vélo parce que, on peut stocker plein de trucs sur ces vélos-là quoi (Léna).

La gestion des déchets, alors, jai une étagère là-bas dans laquelle jai fait deux trous, et [] il y a des couleurs quon peut choisir [] donc support jaune, poubelle jaune, et on accroche le sac (Fanny).

Lappropriation par le contrôle

Lappropriation passe parfois par le fait de savoir comment se servir des objets ou de dispositifs dont lutilisation ne va pas de soi. Cette dimension a été particulièrement mise en avant dans des cas où la pratique suppose de lentraînement ou une acculturation, comme par exemple le sport ou la maîtrise de sa consommation électrique.

Lalimentation, bien quétant une activité universelle, est également concernée par cette question de la maîtrise du matériel.

[Dans le panier bio] jai découvert le topinambour []. Cest vrai on se demande comment cuisiner. Mais en plus quand on reçoit le panier, on a une recette avec les légumes du panier. [] Jai fait des gnocchis de topinambour (Margaux).

Mais linstrumentalisation du matériel peut aller au-delà, et les individus peuvent appliquer un sens nouveau aux objets qui coïncide avec cette idée de maîtrise de leur consommation alimentaire.

Jai mon petit vélo, mon petit panier. Donc, quand jai mon petit vélo, mon petit panier, ben automatiquement je limite mes achats (Marie-Thérèse).

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Lappropriation par la contamination

Un dernier mode dappropriation identifié dans les entretiens est celui mettant en œuvre un mécanisme de contamination, quelle soit interne ou externe : soit lindividu maîtrise le matériel dans un domaine et étend sa pratique, soit lindividu est influencé dans sa pratique par son entourage et les objets quil croise.

En 2013, javais pris dix kilos. Et en 2013, cétait ma porte dentrée, cétait la santé, cétait la perte de poids. Et javais suivi un programme à lépoque qui du coup, me disait de faire des détox, etc., et javais pu privilégier les aliments bio, etc., et puis petit à petit, je suis rentrée dans le truc (Florence).

Et donc, je la vois ce matin [la prof de Gym], et puis elle avait sa bouteille deau [] en inox, [] on est toutes avec nos bouteilles en plastique. Et il y a un moment donné, il faut quand même réagir. [] Et je vais vite trouver une gourde et éviter ma bouteille deau. Voilà (Marie-Thérèse).

5. Discussion

Cette étude permet détablir le rôle des différents éléments matériels de lalimentation durable, afin didentifier les objets et éléments de contexte qui interviennent dans cette pratique. Elle offre une grille de lecture structurée de la relation entre environnement matériel et pratique de lAD et pourra servir de base pour une exploration plus approfondie des différents équipements et dispositifs que nous avons identifiés.

Les résultats font aussi apparaître plusieurs mécanismes dappropriation du matériel dans le domaine de lalimentation durable. Ils offrent différentes pistes à explorer pour les acteurs de la transition alimentaire. Enfin, la mise en évidence des éléments matériels de lAD et des mécanismes de leur appropriation permet dapporter des éléments de réponses à trois questions : quels sont les acteurs à même de faciliter la pratique de lAD ? Quelles sont les actions à mener en priorité ? Et, enfin, quels foyers ou individus faut-il viser ?

Sur le premier point, lenvironnement matériel de lAD a cette particularité de faire intervenir plusieurs acteurs : pouvoirs publics, 233entreprises, associations ainsi que le foyer lui-même. Ce qui est du ressort des pouvoirs publics concerne les infrastructures, que celles-ci aient trait à la collecte des déchets, aux jardins partagés, à loffre de modes de transport doux/collectifs ou encore aux sites dinformation numérique. Loffre alimentaire proposée sur un territoire peut également être le fruit des politiques des collectivités locales, comme pour le cas des marchés ou des magasins de producteurs. Ce qui est du ressort des entreprises ou des associations concerne essentiellement la zone dapprovisionnement, cest-à-dire la distribution de produits alimentaires locaux, biologiques et en vrac. Enfin, ce qui est du ressort du foyer englobe léquipement du logement, et tout ce qui concerne les déplacements, lorganisation des courses, le stockage des denrées, la préparation des repas et la gestion domestique des déchets. Lanalyse montre donc quil est possible de distinguer deux types déléments matériels intervenant dans lalimentation durable : ceux qui émanent plutôt de sources externes à lindividu (environnement de proximité immédiate, zone dapprovisionnement, environnement numérique) et ceux qui relèvent davantage de son pouvoir décisionnel (logement et équipement individuel).

Concernant les actions à mener pour stimuler lAD, les résultats montrent que les actions doivent tendre vers quelques grands objectifs : simplifier les pratiques, se montrer adaptable afin dêtre inséré avec fluidité dans le quotidien et être source de bénéfices pour lindividu (Monnot et Reniou, 2012). Certaines mesures gouvernementales vont aujourdhui dans le sens de cette facilitation pour le consommateur. Ainsi, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (loi no 2020-105 du 10 février 2020) vise la simplification des règles de tri des plastiques pour les consommateurs. Par exemple, lindication du logo Triman et linformation sur le geste de tri approprié deviennent obligatoires à partir de 2021. Il est prévu, par ailleurs, que la couleur des poubelles de tri soit harmonisée sur tout le territoire au plus tard dici fin 2022.

Dautres initiatives visant un usage simple et générateur de bénéfices pour lusager sont à encourager. Il est important de souligner à cet égard que certaines pratiques de lAD sont probablement prioritaires au regard de leur impact environnemental. Les travaux de lAdeme offrent des repères solides sur le sujet et pointent par exemple limportance du contenu de lassiette, le poids des emballages ou encore celui du gaspillage (Ademe, 2016). Les pratiques qui y sont associées doivent donc être visées 234en priorité. Il sagit ainsi de trouver les éléments matériels permettant de stimuler des comportements vertueux dans ces domaines. Par exemple, les initiatives existantes montrent le potentiel des plateformes numériques pour faciliter lapprovisionnement en produits locaux (Utopies, 2017). Les applications clé en main pourraient plus largement représenter un levier efficace et à large échelle pour rendre les régimes alimentaires plus durables de la part des consommateurs. Dans le domaine de la réduction des déchets, les systèmes de consignes du verre (les bouteilles en verre représentent 57 % du tonnage des emballages alimentaires en France (Ademe, 2016)) prévoyant une récompense monétaire, même symbolique, pourraient être généralisés.

Enfin, sur la question de la cible à viser, nos résultats montrent que les adeptes de lalimentation durable parviennent à saccommoder dun environnement contraignant et à trouver des solutions dans leur organisation quotidienne. La mise en place dun environnement facilitateur naura donc que peu dimpact sur eux. En revanche, il pourra faire évoluer les comportements des personnes qui sont en transition vers une alimentation plus durable et qui, pour le moment, se limitent à une adoption ponctuelle (Daniel et Siriex, 2012). Prêtes au changement, elles se heurtent à des obstacles matériels du quotidien, qui tiennent aux éléments ou dispositifs ou à des difficultés à se les approprier. La simplification des opérations de tri des emballages, la mise à disposition (accompagnée dune information) de systèmes de compostage ou encore le développement de solutions de vente en vrac innovantes bénéficieront à ce public.

Conclusion, limites et perspectives

Cette recherche nest évidemment pas exempte de limites. En premier lieu, le guide dentretien utilisé nétait pas uniquement focalisé sur la thématique de lenvironnement matériel. Cela présente évidemment lavantage dobtenir un témoignage de lusage du matériel en contexte, mais limite aussi le nombre de références faites aux usages de ce matériel. Les résultats montrent toutefois lintérêt détudier le matériel en lien avec une pratique sociale (Shove et al., 2012), pour tenir compte des 235autres dimensions de la pratique étudiée, cest-à-dire les compétences des individus et les significations quils attribuent au matériel.

Par ailleurs, nous avons réalisé des entretiens avec des individus et non avec lensemble des membres des foyers rencontrés. Une étude portant sur les foyers dans leur intégralité viendrait certainement enrichir ces résultats, en permettant notamment de mieux comprendre les différences interpersonnelles, mais aussi les mécanismes de contamination intra-foyer.

Ces résultats ouvrent aussi de nouvelles perspectives. La nature qualitative de notre étude invite à la prolonger par une étude quantitative qui permettrait détablir des liens statistiques entre caractéristiques de lenvironnement matériel et niveau de pratique individuel. Les processus dappropriation des éléments matériels associés à la transition alimentaire pourraient aussi être approfondis. Ils confortent lidée que les innovations, quelles soient numériques, sociales ou sur les systèmes de distribution, gagnent à être étudiées en prenant le point de vue de lutilisateur afin de discerner les conditions de leur adoption. Par ailleurs, et dun point de vue plus théorique, une étude approfondie des mécanismes dappropriation de lenvironnement matériel alimentaire permettrait certainement de mieux comprendre comment ils sarticulent et sorganisent dans le temps, par exemple à laide dapproches longitudinales. Les acteurs de la transition alimentaire pourraient ainsi disposer de connaissances plus précises des leviers à utiliser pour renforcer lappropriation des innovations en matière dalimentation durable.

Plus généralement, les différentes sphères matérielles identifiées dans cette étude montrent quil sagit dune problématique complexe, impliquant consommation, aménagement du territoire, conduite des politiques publiques, le tout combiné à des enjeux environnementaux et de santé (Rastoin, 2018). Dès lors, les approches interdisciplinaires doivent être favorisées. Elles pourraient permettre, par exemple, de lier létude des pratiques à leur impact en matière environnemental, ou aux enjeux daménagement du territoire. Dans ce second cas, les études pourraient sancrer sur une zone géographique afin de préciser localement les solutions à développer. Ces approches sont dailleurs particulièrement compatibles avec le développement des PAT (plans alimentaires territoriaux) qui viennent soutenir la création de SAT (systèmes alimentaires territorialisés) et dont léchelle géographique varie de la commune aux pays, en passant par les territoires des métropoles.

236

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238

Annexe 1

Description de léchantillon

Modalités

Effectif

N=30

Genre

Femme

23

Homme

7

Tranche dâge

18-29

7

30-44

9

45-59

10

60-74

4

Taille du foyer

1

10

2

10

3 et plus

10

Niveau détude

Sans diplôme ou CAP, BEP

4

Baccalauréat

2

De bac + 2 à bac + 4

12

Bac + 5 et plus

12

Localisation

Urbaine

14

Rurale

9

Périurbaine

7

Source : Auteurs.