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Classiques Garnier

L’économie territoriale circulaire Un pas vers la soutenabilité des territoires ?

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Systèmes alimentaires / Food Systems
    2019, n° 4
    . varia
  • Auteurs : Torre (André), Dermine-Brullot (Sabrina)
  • Résumé : Dans cet article nous discutons de la dimension territoriale de l’économie circulaire et de son caractère soutenable. Dans un premier temps nous montrons comment les approches de l’EC et du développement territorial, largement étrangères au départ, se sont rapprochées et tendent à s’hybrider. Dans un second temps nous nous posons la question de la validité d’une approche circulaire au niveau des territoires, et surtout de son caractère vertueux, ainsi que de son degré de soutenabilité.
  • Pages : 27 à 47
  • Revue : Systèmes alimentaires
  • Thème CLIL : 3306 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Économie de la mondialisation et du développement
  • EAN : 9782406098294
  • ISBN : 978-2-406-09829-4
  • ISSN : 2555-0411
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-09829-4.p.0027
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 26/11/2019
  • Périodicité : Annuelle
  • Langue : Français
  • Mots-clés : Économie circulaire, économie territoriale, développement territorial, soutenabilité
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Léconomie territoriale circulaire

Un pas vers la soutenabilité des territoires ?

André Torre

INRA, AgroParistech,

Université Paris-Saclay

Sabrina Dermine-Brullot

Université de technologie de Troyes, ICD-CREIDD

Introduction

Commençons par un constat sur lequel tous les scientifiques saccordent aujourdhui : les ressources naturelles sépuisent, le climat change et se réchauffe, la pollution provoquée par les activités humaines saccumule et nuit aux écosystèmes naturels comme aux services quils peuvent rendre. Parallèlement, les inégalités sociales et économiques entre les territoires ou en leur sein se creusent, alors que les inquiétudes relatives au bien-être des populations actuelles et futures touchent progressivement lensemble des régions et des États, même les plus prospères.

Les effets de ces mutations globales et complexes ne font que se répandre, souvent en raison des choix économiques et politiques réalisés depuis plusieurs décennies dans le but de les combattre. Paradoxe ? Non, car la croissance économique, la mondialisation et linnovation technologique, qui constituent les principaux ingrédients du remède administré, sont également à lorigine de la situation actuelle et continuent de lalimenter par le biais notamment des processus de production linéaires. La recherche de la croissance provoque un accroissement du 28nombre et de la quantité de biens produits et repose sur une incitation grandissante à leur consommation. Cette stratégie a considérablement fait évoluer les habitudes des populations vers lachat plaisir de biens à durée de vie limitée que lon jette dès lors que leur fonction nest plus remplie, voire de produits jetables. Ainsi, déchets et substances polluantes sont générés de manière croissante, dautant que lorganisation linéaire du système industriel conduit au prélèvement toujours plus important de ressources naturelles et énergétiques, incompatibles avec les limites physiques de la biosphère.

Léconomie circulaire (ou croissance verte), définie par les scientifiques dans les années 60 à partir des limites physiques et économiques des flux de matières qui transitent dans le système industriel, apparait comme une réponse à ce modèle linéaire dominant (Boulding, 1966). Comme son nom lindique, elle vise à rompre avec la linéarité grâce à une nouvelle organisation de la société industrielle et de ses flux, basée sur la circularité ; la question environnementale devient une opportunité de développement économique plutôt quune contrainte. Reprise par de nombreuses politiques de transition écologique et économique des territoires, cette notion a maintenant remplacé celle de développement durable sur les plans politique et institutionnel, même si lobjectif poursuivi est similaire. Au travers de politiques menées du local au national, il sagit de tendre vers une société plus soutenable sur le plan physique (ce que peut supporter la biosphère au regard de ses capacités et limites physiques) et sur le plan moral (jusquoù sommes-nous prêts à aller afin de satisfaire nos besoins ?). Dans la suite de cet article, nous parlerons déconomie circulaire, de développement soutenable et de soutenabilité

Pourtant, les stratégies déconomie circulaire (EC) se révèlent ambiguës. Préconisant des méthodes opérationnelles de rupture des processus linéaires, elles sappuient en effet avant tout sur les innovations technologiques, sans remettre en cause le modèle économique dominant fondé sur la globalisation de léconomie, la production et consommation de masse. À quoi bon améliorer la circularité des flux de matières et leur taux de recyclage si la consommation de ces flux augmente toujours plus ? Ou sil est difficile, voire impossible, de les collecter ?

Par ailleurs, la dimension spatiale et territoriale reste en question, alors que cest dans les territoires que la circularité sincarne et doit sopérationnaliser. Les stratégies de recyclage mettant en œuvre des 29flux dénergie nécessitent une certaine proximité géographique entre le producteur et le consommateur, pour des raisons techniques évidentes. Mais dans les autres cas, le principe de localité est rarement recherché, ce qui pose problème sur le plan environnemental. Le transport des flux sur de grandes distances génère dimportantes émissions de gaz à effet de serre (GES). De plus, la délocalisation du recyclage rend les impacts liés à ces procédés invisibles aux yeux des producteurs et donc finalement acceptables par ignorance ou aveuglement. Dans la tension qui saffirme – atteindre les objectifs globaux de soutenabilité de la société industrielle sans ralentir son économie – quelle est la place de la variable territoriale ? Le développement économique envisagé à léchelle des territoires et non plus globale constitue-t-il un début de solution ? La circularité peut-elle contribuer ou soppose-t-elle à cette territorialisation de léconomie ?

Lobjectif de cet article est de discuter de la dimension territoriale de lEC et de son caractère soutenable, à travers deux sections. Dans un premier temps, nous montrons comment les approches de lEC et du développement territorial, pourtant largement étrangères au départ, se sont rapprochées et tendent à shybrider. Dans un second temps, nous nous posons la question de la validité dune approche circulaire au niveau des territoires, et surtout de son caractère vertueux, ainsi que de son degré de soutenabilité.

1. Économie circulaire et développement territorial : deux approches qui convergent

Les notions déconomie circulaire et de développement territorial ont émergé dans des contextes très différents et possèdent des histoires qui ne se recoupent que rarement. Pourtant, on constate aujourdhui une convergence des réflexions dans ces deux domaines, qui se manifeste par un rapprochement des problématiques et une intégration réciproque des préoccupations propres à chacun de ces courants de réflexion.

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1.1. La prise en compte progressive de la question spatiale,
puis territoriale, par l
économie circulaire

Le lien entre lorganisation linéaire de notre société industrielle – couplée à un objectif de croissance – et la dégradation de lenvironnement et du bien-être social est mis en avant depuis les années 60. Différents concepts visant une meilleure conciliation de la croissance économique, de la préservation de lenvironnement et du bien-être social sont apparus : léconomie de lenvironnement (Cropper et Oates, 1992), lécologie politique (Bourg et Papaux, 2015), léconomie écologique (Frogern et al., 2016), lécologie industrielle (Erkman, 2004) ou encore lEC (Boulding, 1966). Si la dimension spatiale y est plus ou moins présente, tous ambitionnent de traduire localement les grands enjeux du développement durable (DD) de la société, de manière concrète et opérationnelle et influencent ainsi bon nombre de politiques publiques internationales, nationales et locales.

Cest surtout le concept dEC qui sera repris, dès les années 90, dans de nombreuses politiques publiques en lieu et place de celui de développement durable1. Si les objectifs du DD sont clairement énoncés, les modalités restent floues, notamment en ce qui concerne léchelle à laquelle il est le plus pertinent et efficace dagir. La formulation laisse entendre quun compromis est nécessaire : se développer, mais de manière soutenable. Le terme manque de précision et de rationalité opérationnelle ; galvaudé par les politiques et industriels il fait parfois sourire, associé au courant de la décroissance il suscite la crainte (Latouche, 2006).

Le terme dEC, en revanche, a le mérite dêtre très explicite sur la question de la circularité de la matière (en opposition à la linéarité de la société actuelle). Elle repose sur un principe : un fonctionnement en boucle, couplé à une écologisation des pratiques. On parle déconomie – et donc indirectement de croissance – dune manière positive et optimiste qui fait sens dans lesprit des acteurs publics, des entreprises et des citoyens.

En réponse aux limites physiques et thermodynamiques de la biosphère qui simposent aux sociétés humaines, lEC propose un nouveau modèle opposé au modèle linéaire classique. Selon Boulding 31(1966), il est nécessaire de considérer le système fermé « Terre » dans son ensemble, avec ses ressources et capacités limitées dabsorption de la pollution, pour repenser les interactions entre environnement et économie. Lhomme doit trouver sa place dans ce système écologique, qui va recycler continuellement les matières en utilisant seulement les apports énergétiques externes, à savoir le soleil. Cest donc sous le prisme des flux matériels dont on va chercher à optimiser le rendement grâce à une nouvelle organisation du système industriel que lEC est initialement abordée. Lobjectif est dassurer une forme de croissance économique sinscrivant dans un système « Terre » contraint, aux caractéristiques biophysiques limitées. Cette vision repose sur la croyance en la puissance de linnovation technologique ainsi quen une possible substitution des différents capitaux (matériels, énergétiques et de connaissance).

Sur le plan institutionnel, lEC a été introduite dans de nombreuses politiques publiques nationales. LAllemagne prend une série de mesures relatives à la prévention et au recyclage des déchets dans une loi sur lEC en 2012. Le Japon explore la possibilité dune transition revenant à organiser le recyclage des matériaux en fin de vie et structurer des filières en raison principalement dun manque de ressources locales nécessitant de nombreuses importations. La Chine introduit la notion de territoire comme périmètre institutionnel daction, en distinguant et promouvant la mise en œuvre de mesures prises à trois niveaux : micro (lusine), méso (lécoparc) et macro (la ville, la région, le pays) (Shi et al., 2006). Quelles que soient les approches, lobjectif est de concilier, grâce au bouclage des flux et à la circularité, une croissance économique rapide et une consommation plus sobre de matières premières et dénergie (Su et Zhou, 2005). On sinscrit dans le paradigme dominant de la production et de la consommation de masse, grâce à des optimisations technologiques permettant de réduire la pression sur lenvironnement.

La France sengage dans lEC selon la même logique au début des années 2010, dans la continuité de plusieurs initiatives européennes comme la création de la Fondation Ellen Mac Arthur (2010) et la publication dune feuille de route par la Commission européenne (2011). La création de lInstitut de léconomie circulaire, en 2013, consacre son introduction dans les politiques publiques françaises et induit une diffusion rapide auprès des entreprises et des territoires. LADEME (Agence de lenvironnement et de la maîtrise de lénergie) sempare 32du sujet et propose une définition qui devient rapidement la référence opérationnelle. Elle distingue trois domaines daction (gestion des déchets, offre des entreprises et consommation), répondant à sept axes stratégiques qui correspondent à autant de modalités de fonctionnement des entreprises et des particuliers. Mises à part lécologie industrielle et territoriale2 et léconomie de fonctionnalité3, la dimension spatiale et territoriale est quasi absente des préconisations : le recyclage, lallongement de la durée dusage des biens par leur réparation ou leur revente, lapprovisionnement responsable et lécoconception qui vise à réduire limpact sur lenvironnement dun produit ou dun service sur lensemble de son cycle de vie. Pourtant, afin de contribuer à une réduction de lempreinte de lactivité humaine sur lenvironnement, ces stratégies gagnent à être mises en œuvre de manière localisée afin de réduire les distances parcourues par les flux ou encore répondre à des problématiques locales (Brullot et Torre, 2019). Les envisager au niveau local constitue un nouveau défi pour le développement des territoires.

1.2. Le développement territorial au défi de la circularité

Les jalons dune analyse du développement territorial ont été posés dans les années 80 par des travaux faisant la part belle aux dimensions locales, avec un accent fort sur les processus de production, puis sur linnovation et la technologie. Cest en particulier le cas des analyses des systèmes productifs locaux. Dans une première phase est apparue lapproche des districts industriels (Brusco, 1982), inspirés de Marshall (1919), regroupements localisés de personnes et dentreprises compétitives sur le marché mondial en dépit de leur (très) petite taille.

Cette conception sest rapidement étendue à dautres types de regroupements localisés de producteurs, impliquant des laboratoires de R&D et des firmes de tailles différentes, nappartenant pas toujours au même secteur (Markusen, 1996). Les approches des milieux et des systèmes 33productifs locaux ont ainsi mis laccent sur un modèle plus générique, davantage axé sur les relations formelles et les échanges, dans lequel la production de connaissances est essentielle au développement territorial (Camagni et Maillat, 2006). Les entreprises, liées par des relations de coopération, partagent des activités complémentaires au sein dun ensemble spécialisé (Courlet, 2002), souvent marqué par une dimension technologique forte.

Enfin Porter (1985, 2003) a imposé le terme canonique de clusters, regroupement de firmes et de laboratoires travaillant dans des industries liées, au sein dun environnement proche, et dont les interactions en termes de technologies et de savoir-faire permettent daugmenter les performances, la compétitivité et le niveau dinnovation. Cette approche dépasse rapidement le champ dorigine du management (Vicente, 2016) pour sétendre vers des systèmes moins axés sur les activités high tech ou au degré de performance plus faible (Giuliani et Bell, 2005), puis simposer comme un outil de politiques de développement, local ou national (OCDE, 2001). Cest la multiplication des approches en termes de technopoles, pôles de compétitivité, parcs scientifiques, grappes dentreprises…

Simpose alors lidée que le développement est lié à des processus dinnovation ou de création qui génèrent des transformations des systèmes productifs et conduisent à la concentration spatiale des personnes et des richesses. Innovations endogènes, dépenses de R&D ou incitations à innover jouent un rôle important dans la mise en œuvre et le succès des dynamiques de croissance, le transfert et la diffusion des innovations au niveau local (Feldman, 1994 ; Autant-Bernard et al., 2007), les relations de face à face et les phases dessaimage par spin-off ou laccompagnement de leffort de création. Les spillovers localisés dinnovation ou de connaissance, qui se diffusent au sein du système local, sont considérés comme les moteurs du développement.

Plus récemment se manifeste la nécessité de prendre en considération lensemble des acteurs – ou parties prenantes – des territoires, avec lidée que la seule croissance ne peut suffire et quun processus de développement se pilote et se négocie, avec la nécessité dimpliquer les populations locales dans les processus de prise de décision. Les recherches sur la gouvernance des territoires révèlent comment les mobilisations collaboratives et conflictuelles des populations locales ainsi que les mobilités 34résidentielles modèlent les processus de développement territorial (Torre et Beuret, 2012 ; Vodoz et al., 2013). Le tournant citoyen saffirme, avec la volonté de sortir des seules dimensions productives et de prendre en compte les avis des populations locales.

Aujourdhui, lémergence des individus, qui impose la montée des territoires, se double dun intérêt accru pour les dimensions environnementales et de DD. Les préoccupations globales de changement climatique, de préservation de la biodiversité ou de transition énergétique et écologique trouvent une traduction locale (Perrin et al., 2018). Ainsi, face aux limites sociales et environnementales des modèles économiques et à lavènement des problématiques de DD, de nouvelles façons danalyser et de définir les actions de développement territorial apparaissent, avec un souci marqué pour les dimensions environnementales ou écologiques. Ces approches innovantes reposent sur un ancrage territorial fort et contribuent à bouleverser la vision du développement territorial, en le réorientant vers un lien plus fort aux dimensions de nature et la création de nouveaux outils, instruments et dispositifs pour sa mise en œuvre.

On sinterroge sur le développement territorial soutenable et de nouvelles préoccupations voient le jour, qui répondent à celles vues plus haut en termes de circularité et privilégient des boucles territoriales et un recours explicite aux ressources locales matérielles et immatérielles (Pecqueur, 2004). Cest le cas des circuits courts de proximité, avec le faible nombre détapes entre producteur et consommateur et la référence à des consommations locales, en particulier agricoles ou alimentaires, ou plus globalement des systèmes alimentaires fondés sur des clusters de bioéconomie circulaire territorialisée4 (Rastoin, 2015). Les questions environnementales et écologiques se trouvent au cœur du débat, comme avec lexemple de la méthanisation. Alternative énergétique non fossile permettant de répondre aux besoins croissants en énergie, cette méthode propose un traitement naturel des déchets organiques, conduisant à la production de gaz convertible en énergie (biogaz), provenant de la décomposition biologique des matières organiques ainsi que dun digestat utilisable comme compost. Projet agricole à la ferme, territorial quand il 35sagit dapports provenant de différents acteurs locaux ou encore industriel et lié à des dimensions plus urbaines comme les stations dépuration, elle implique souvent des collectifs dacteurs.

Les pouvoirs publics affirment un soutien à ces méthode dEC, avec plusieurs dispositifs daction publique comme la Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020 (SNTEDD 2015-2020), la Feuille de route de la transition écologique 2016 (FRTE, 2016) et les stratégies régionales de léconomie circulaire ou le Programme national de prévention des déchets 2014-2020. Des organismes tels que le Conseil général de lenvironnement et du développement durable pronent un modèle de développement fondé sur une réduction et une meilleure réutilisation des déchets. La mise en place des SRADDET (Schémas régionaux daménagement, de développement durable et dégalité des territoires, documents durbanisme instaurés par la loi de 2016) et des schémas régionaux biomasse constitue une opportunité pour réaliser dans chaque région un schéma de bioéconomie5, à partir dexpérimentations sur des territoires ciblés pour leur potentiel.

Sesquisse ainsi une convergence entre les deux approches : alors que lEC sest peu à peu rapprochée de la question spatiale, puis territoriale, parallèlement, les analyses territoriales sintéressent toujours plus aux dimensions circulaires.

2. La longue route vers un développement territorial soutenable

Si les approches dEC, prises isolément, semblent répondre à des problématiques environnementales et contribuer au développement économique des territoires, une analyse plus systémique des solutions mises en place révèle lémergence deffets rebond significatifs sur les plans environnemental, économique et social. Elle pose la question de 36la validité dune approche circulaire au niveau des territoires et, surtout, de son caractère vertueux, en raison des effets externes plus ou moins maitrisés, locaux ou globaux, ainsi que des impacts sur la croissance. Par ailleurs, on peut sinterroger sur son degré réel de soutenabilité quand on la raisonne au niveau dun territoire et non plus de manière globale.

2.1. Léconomie circulaire au service des territoires ?

Considérée comme un facteur de développement territorial, capable de générer de nouvelles activités pourvoyeuses demplois et de valeur, lEC pourrait constituer une solution innovante aux défis territoriaux en termes de compétitivité, de résilience et de valorisation des ressources spécifiques locales, voire de mobilisation des acteurs autour de questions de gouvernance territoriale.

Les vertus de la proximité géographique entre les différentes unités de production et/ou de consommation sont souvent mises en avant, selon une logique qui rappelle celle des systèmes productifs locaux vus plus haut. Elle permettrait de réduire les coûts de transport en facilitant la circulation des flux, et de nouer des partenariats productifs pertinents entre entreprises locales (Beaurain et Brullot, 2011), y compris dans le secteur agricole (Madelrieux et al., 2017) ou agroalimentaire (Rastoin, 2015). Par ailleurs, les marchés locaux du travail sont privilégiés dans les activités de collecte et de démantèlement des déchets qui nécessitent une importante main-dœuvre peu qualifiée (Bazin et al., 2009). Ainsi, les entreprises développant les modèles économiques circulaires seraient en mesure de dégager des bénéfices et de créer des emplois tout en diminuant leur consommation de ressources et dénergie, dans le but daméliorer leur performance socioéconomique et environnementale (Bonet Fernandez et al., 2014).

LEC repose sur de nouveaux modèles daffaires, comme dans le cas de léconomie de fonctionnalité. Ces business models soutenables (Maillefert et Robert, 2017) permettent la réduction des coûts liés aux matières premières et au développement de produits à forte valeur ajoutée. Ancrés dans les territoires, ils contribuent à la création dune valeur territoriale en intériorisant les enjeux économiques, sociaux et environnementaux dans leurs interactions avec les autres acteurs (Aurez et Georgeault, 2016). LADEME (2017) donne lexemple de Naturis, entreprise familiale sinsérant dans un écosystème coopératif territorial impliquant différents 37acteurs (producteurs maraichers, ménages, etc.) et adoptant, en plus de la production et vente de produits maraîchers, un modèle serviciel dalimentation soutenable qui consiste à offrir à ses clients des formations à mieux se nourrir et réduire les gaspillages et les déchets alimentaires.

La méthanisation, par sa valorisation des déchets organiques de lagriculture et des collectivités locales en bioénergie et en engrais organique, est également présentée comme un exemple positif. Reposant sur un ancrage territorial fort, la boucle locale sinscrit dans une logique de développement des énergies renouvelables par la production de biogaz et de fertilisation agricole à partir du digestat (Aurez et Levy, 2013). Elle permet ainsi de contribuer à la réduction de la pollution diffuse (eau et sol) et des émissions de GES dues à la fertilisation chimique, ainsi quau dynamisme des territoires ruraux par la création de nouvelles entreprises et demplois ancrés localement.

Pour les collectivités territoriales, cest également la possibilité de réduire les dépenses publiques grâce à la diminution des déchets à gérer, et daméliorer la qualité de vie des populations grâce à la réduction des pollutions de leau, de lair et du sol et des émissions de GES (Mirabella et al., 2014 ; Ness, 2008). Enfin, la promotion des énergies renouvelables et les synergies dans la production et la consommation dénergie sont susceptibles de contribuer à la lutte contre la précarité énergétique des ménages les plus défavorisés et à la maîtrise de lénergie.

Mais lEC peut également provoquer des impacts économiques et sociaux négatifs, surtout quand elle découle dactions individuelles dont la rentabilité répond aux critères du modèle dominant. Ses effets, notamment en termes de coûts dopportunité rarement étudiés, sont réels, comme les conflits dusage et de voisinage (Torre et Caron, 2005). Pour la méthanisation, Bourdin et Raulin (2017) font état de conflits relevant de lacceptabilité sociale des projets et du rejet des populations devant les risques perçus. Des observations réalisées dans le territoire agricole de lAube6 montrent que les méthaniseurs individuels ou collectifs à la ferme conduisent les agriculteurs à dédier tout ou partie de leur culture à cette activité, au détriment de lécosystème économique local et des pratiques culturales historiques, afin dobtenir une source de revenu liée à la revente du biogaz.

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Par ailleurs, les boucles locales peuvent savérer complexes à gérer. Un circuit court alimentaire fait la part belle à des produits ou intrants locaux mais peut également entrainer des augmentations importantes des coûts en raison de la nécessaire logistique liée au conditionnement, au stockage et à la vente des produits quil convient dorganiser. Ceci peut limiter sa compétitivité face à la grande distribution qui adopte des politiques visant à développer des gammes de produits dits responsables (produits biologiques, filières locales, commerce équitable).

La mise en place de démarches dEC dans un territoire nécessite donc la connaissance des externalités négatives, en termes de conflits de voisinage, de destruction demplois et de valeur sur dautres secteurs dactivités ou dimpacts environnementaux. Un projet dEC devrait nécessairement faire lobjet dune analyse globale coûts-avantages permettant de mettre en évidence ses impacts territoriaux (et dépassant léchelle individuelle généralement retenue pour toute décision relative au déploiement de projets innovants), positifs et négatifs. Une réduction de la dépendance extérieure des territoires en matières et énergies primaires pourrait ouvrir aux acteurs locaux la possibilité de se réapproprier leurs choix de développement (Torre, 2015) et de se prémunir des tensions liées à laugmentation des prix de matières premières (Fondation Ellen Macarthur, 2012). À condition déviter les effets rebond, ils pourraient devenir plus attractifs et résilients et éviter la fuite des populations et compétences locales.

Séduisantes, les approches dEC fleurissent mais peinent à faire modèle car elles soulèvent de nombreuses interrogations. Est-il possible de résister aux effets de concurrence et de mettre en place des modalités de fonctionnement de boucles locales non impactées par lextérieur et sans incidence négative au niveau territorial ? Le raccourcissement des filières et la volonté dapprovisionnement local peuvent-ils contrecarrer lallongement des distances pour rationaliser les coûts ? Quels sont les impacts en termes de conflits et sur la biodiversité ou la qualité des sols ?

2.2. Quelle soutenabilité du développement territorial ?

La question du territoire se trouve au cœur de certaines stratégies dEC. Lécologie industrielle et territoriale, léconomie de fonctionnalité, le recyclage, etc. sappuient sur la proximité géographique et sur lorganisation des acteurs locaux, dans le but de répondre à des 39problématiques environnementales et sociales tout en générant de nouvelles ressources. Les avantages offerts par les territoires constituent des conditions essentielles à leur développement. Certaines stratégies nont de sens que parce quelles impliquent des acteurs géographiquement proches, comme la valorisation énergétique, qui nécessite une proximité entre la transformation des déchets en énergie et sa consommation.

Ces stratégies sont devenues les fers de lance de politiques publiques visant à contribuer au développement des territoires et répondre au changement climatique. Compte tenu des problèmes potentiels quelles peuvent engendrer, il importe dexaminer leurs conditions de soutenabilité au niveau territorial. LEC permet-elle de contribuer de manière soutenable au développement territorial ? À quelles conditions et à quelle échelle se situe son efficience ? Parle-t-on de soutenabilité forte ou faible ?

À linverse de la soutenabilité forte, la soutenabilité faible considère que le capital construit peut se substituer au capital naturel et que les externalités négatives générées par les activités économiques peuvent être compensées par les innovations technologiques et la croissance économique (Passet, 1996). Lanalyse des modalités de mise en œuvre des stratégies dEC et de leurs effets directs et indirects sur les plans environnementaux, économiques et sociaux montre que les politiques poursuivent majoritairement des objectifs de soutenabilité faible.

Le tableau 1 propose une série de critères permettant de qualifier un développement territorial soutenable, dans le cadre de différentes expressions de lEC. Les critères retenus sont issus des approches du développement territorial de la soutenabilité (Brullot et Torre, 2019). En raison de la diversité importante dactions possibles pour chacune des stratégies, il ne révèle que des tendances. Nous indiquons « oui » lorsque la stratégie contribue dans la plupart des situations au critère de soutenabilité (et inversement « non »), même sil sera toujours possible de trouver un contre-exemple. « Pas toujours » correspond à une absence de tendance claire.

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Tab. 1 – La contribution des stratégies dEC
à un développement territorial soutenable.

Critères de développement territorial soutenable

Recyclage

Appro. responsable

Conso. responsable

Allongement de la durée dusage

Éco-conception

Éco. de fonctionnalité

Écologie industrielle et territoriale

Induit une innovation technique ou organisationnelle

Seulement technique, et pas nécessairement

Organisationnelle : choix de solutions alternatives dapprovisionnement

Technique indirectement (en amont, chez le producteur du bien à approvisionner)

Organisationnelle dans le choix de solutions alternatives dapprovisionnement

Technique indirectement (en amont, chez le producteur du bien consommé)

Oui

Technique pour rendre le produit plus robuste

Organisationnelle pour en prolonger la durée de vie

Oui

Technique et ouverture du concepteur à lensemble des acteurs du cycle de vie du bien ou du produit

Oui

Transformations nécessaires au sein de lentreprise productrice du bien ou du service

Oui

Échanges de flux entre entreprises

Sinscrit dans un projet de territoire

Non

Pas toujours

Non

Oui

Non

Pas toujours (dépend du type dEF)

Oui

Met en œuvre une gouvernance spécifique

Non

Oui

Non

Oui

avec tout type dacteurs du territoire (publics et privés)

Oui

entre les acteurs de la filière

Oui

avec tout type dacteurs du territoire (publics et privés) et de la filière

Oui

avec tout type dacteurs du territoire (publics et privés)

Contribue à lattractivité du territoire et à sa résilience

Non

Pas toujours

Non

Oui

Non

Oui

Oui

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Génère de la richesse

Oui

pour les acteurs du recyclage

Non

Non

Oui

pour le territoire

Oui

pour les acteurs de la filière

Oui

pour les entreprises et le territoire

Oui

pour les entreprises et le territoire

Permet de réduire lempreinte environnementale

Pas toujours

Oui

à léchelle globale

Oui

à léchelle globale

Oui

à léchelle globale

Oui

à léchelle globale

Oui

à léchelle du territoire

Oui

à léchelle des entreprises, du territoire et au-delà

Permet un usage vertueux des sols

Oui, mais peut générer des conflits dusage

Oui, mais pas forcément sur le territoire

Non

Non

Non

Oui

Pas toujours

Permet de réduire les inégalités sociales et daméliorer le bien-être

Non

Pas toujours

Pas toujours

Oui

Non

Pas toujours

Non

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La lecture du tableau 1 révèle quaucune stratégie dEC ne permet seule de conduire un développement soutenable des territoires :

Le recyclage, considéré isolément, génère des problématiques spatialisées. Certaines opérations peuvent être à lorigine de pollutions des milieux naturels, surtout lorsquelles sont réalisées dans des pays émergents aux contraintes environnementales plus légères. La manipulation de substances dangereuses par les opérateurs du démantèlement dappareils en vue de les recycler, par exemple, constitue une problématique sanitaire majeure, dautant plus complexe quelle constitue une source de revenu non négligeable pour les populations locales.

Lécologie industrielle et territoriale et léconomie de la fonctionnalité induisent une innovation organisationnelle puisquil sagit dactions collectives. Elles nécessitent des innovations technologiques pour rendre le flux dune entreprise substituable par celui dune autre ou transformer la vente dun bien en vente du service rendu, et correspondent à des projets de territoire, portés par leurs parties prenantes et dont lobjectif est de répondre à des problématiques et besoins locaux. Elles sappuient sur les ressources territoriales, en créent de nouvelles et permettent de réduire limpact environnemental associé à lactivité des entreprises et aux biens et services produits, grâce à la réduction de leur intensité matérielle et énergétique.

Lécoconception (ISO14062, 2002) permet de réduire limpact environnemental associé à la fabrication, au transport, à la consommation et à la fin de vie des produits. Au-delà de laspect environnemental, elle intègre dautres dimensions de la soutenabilité en réinterrogeant lidée même de consommation et dusage des biens (Spangenberg et al., 2010). Mais elle reste orientée sur le produit et sa filière, organisés sur un espace aux contours difficiles à définir. Associée à une réduction de la consommation et de la production de masse, elle pourrait contribuer au développement soutenable de la société, mais pas nécessairement du territoire sur lequel lentreprise est implantée.

Lapprovisionnement et la consommation responsables, qui sadressent aux consommateurs en les incitant à choisir des modalités 43alternatives quand elles existent, ne sinscrivent pas nécessairement dans un territoire, ninduisent pas forcément de gouvernance spécifique, ne génèrent pas de richesse locale, etc. Les innovations contribuant à réduire limpact environnemental et les inégalités sociales se situent au niveau de la conception de loffre alternative, cest-à-dire des biens et services et de leurs circuits de distribution et de commercialisation. Les bénéfices peuvent être locaux (vente de produits de lagriculture biologique en circuit court) ou globaux (consommation de papier issu de forêts gérées durablement). Cette offre alternative peut avoir recours à lécoconception ou à léconomie de fonctionnalité afin de réduire lempreinte environnementale dun produit sur différentes phases de son cycle de vie. Ainsi, elle contribue potentiellement au développement soutenable dun territoire, en fonction des biens et logiques dapprovisionnement considérées.

Lallongement de la durée dusage renvoie au champ de léconomie sociale et solidaire ; ses bénéfices économiques et sociaux sapprécient au niveau local, alors que la réduction des impacts sur lenvironnement est plus globale et indirecte. Allonger la durée dusage dun bien retarde notamment le traitement des déchets et lexploitation de ressources neuves. Mais ces activités évitées nont pas nécessairement lieu sur le territoire. Cette stratégie contribue donc au développement soutenable du territoire sur le plan social et, de manière plus globale, sur le plan environnemental.

Conclusion

Le territoire semble constituer léchelle pertinente pour envisager la circularité de léconomie, du fait de la proximité des acteurs impliqués, des problématiques environnementales locales à résoudre et des bénéfices économiques et sociaux à en attendre. Toutefois, certaines stratégies peuvent contribuer au développement soutenable des territoires, alors que dautres vont provoquer, localement, des bénéfices environnementaux, économiques ou sociaux intéressants, tout en étant à lorigine 44deffets rebond négatifs sur dautres territoires (Arnsperger et Bourg, 2016) – recyclage, par exemple. La question de la contribution de lEC à la soutenabilité des territoires reste donc complexe et soumise aux différentes stratégies et à leur mise en œuvre, même si elle apporte une contribution positive à leur développement.

Par ailleurs, lobjectif poursuivi par lEC, qui vise à concilier la croissance économique des systèmes de production et la réduction de leur empreinte sur lenvironnement, sinscrit plutôt dans une logique de soutenabilité faible : substitution dautres formes de capital au capital naturel et compensation des externalités négatives des activités économiques par les innovations technologiques et la croissance économique (Passet, 1996). Il est possible (Grosse, 2015) que des stratégies comme lécologie industrielle et territoriale, lécoconception ou le recyclage naient quun effet dérisoire à léchelle de quelques décennies sur limpact des activités sur lenvironnement, et principalement sur lépuisement des ressources, tant que la consommation des matières premières continue de croitre, i.e. que le paradigme dominant de consommation et production de masse nest pas remis en cause. LEC, même avec des taux defficacité importants, ne fera que repousser léchéance de lépuisement des ressources mais ne permettra pas datteindre des objectifs de soutenabilité forte.

Certaines stratégies comme lécoconception pourraient toutefois permettre de tendre vers un objectif de soutenabilité forte. En effet, pour lapprovisionnement et la consommation responsable, la marge de manœuvre du consommateur et donc le type de soutenabilité visée sont influencés par les caractéristiques des biens et services et le choix qui soffre à lui. En dautres termes, si le concepteur décide de proposer des alternatives sinscrivant dans une logique de soutenabilité forte, ces options seront progressivement choisies par le consommateur. Inversement, si ce dernier le demande, le concepteur proposera des produits et services plus soutenables et les infrastructures locales nécessaires à lallongement de la durée dusage des produits se déploieront (recyclerie, lieux de vente doccasion et de réparation, etc.). Le potentiel dinnovation territoriale permettant de basculer vers la soutenabilité forte savère ainsi intéressant et pourrait permettre un changement de paradigme, par effets dentrainement et de transformation de la société et des valeurs sur lesquelles reposent les choix des parties prenantes des territoires.

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1 Défini et institutionnalisé dans le rapport Bruntdland en 1987, le développement durable est censé répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Lenjeu est de réconcilier le développement de léconomie avec le bien-être et la protection de lenvironnement.

2 LEIT se traduit par le bouclage de flux de matières et dénergie entre entreprises dun même territoire pour que les déchets des uns soient utilisés en ressources par dautres. Elle comprend également la gestion mutualisée de flux et le partage déquipements ou de ressources entre acteurs économiques géographiquement proches.

3 Modèle économique visant à vendre les fonctionnalités dusage dun bien matériel à la place du bien, dont le producteur reste propriétaire. Buclet propose plusieurs types déconomie de fonctionnalité dont lune qui consiste à répondre à des fonctions territoriales telles que la mobilité (Buclet, 2014).

4 Propose un renouvellement du système alimentaire caractérisé par une consommation durable, une triple proximité (entre les filières et selon les principes de lagroécologie, entre agriculture et industries alimentaires, entre producteurs et consommateurs), lorganisation des filières agroalimentaires en réseaux régionaux, et enfin une gouvernance partenariale.

5 Proche de lagriculture par son objet – les biotechnologies – et centrée sur le développement rural (Segar et Harayama, 2013), elle englobe lensemble des activités de production et de transformation de la biomasse (forestière, agricole ou aquacole) à des fins de production alimentaire, de matériaux biosourcés et dénergies renouvelables (OCDE, 2009).

6 Dans le cadre du projet BOAT (biomasse dorigine agricole), financé par lADEME (appel à projet GRAINE) et coordonné par P. Lescoat, AgroParistech.