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Classiques Garnier

Évaluation de la durabilité de l’agropole d’ananas de Nlohe (Cameroun) par la méthode IDEA

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Systèmes alimentaires / Food Systems
    2018, n° 3
    . varia
  • Auteurs : Sotamenou (Joël), Soh Fogwa Pogha (Armand Chancelin)
  • Résumé : Cet article évalue la durabilité agro-écologique, socio-territoriale et économique de l’agropole d’ananas de Nlohe au Cameroun. L’outil utilisé est la méthode de diagnostic IDEA. Les scores de la durabilité économique de ces exploitations sont faibles (compris entre 54% et 58%) ; des efforts doivent donc être faits pour améliorer la viabilité économique des exploitations. Ceci passe par la diversification du système de production et l'amélioration de l’autonomie financière au sein de l’agropole de Nlohe.
  • Pages : 219 à 241
  • Revue : Systèmes alimentaires
  • Thème CLIL : 3306 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Économie de la mondialisation et du développement
  • EAN : 9782406087229
  • ISBN : 978-2-406-08722-9
  • ISSN : 2555-0411
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08722-9.p.0219
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 10/12/2018
  • Périodicité : Annuelle
  • Langue : Français
  • Mots-clés : Durabilité, évaluation, agropole, ananas, méthode IDEA, Cameroun
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Évaluation de la durabilité
de lagropole dananas de Nlohe (Cameroun) par la méthode IDEA

Joël Sotamenou,
Armand Chancelin
Soh Fogwa Pogha

Faculté des Sciences économiques
et de gestion, Yaoundé

Introduction

Selon le rapport Brundtland publié en 1987 par la Commission mondiale pour lenvironnement et le développement, le développement durable est un mode de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la possibilité pour les générations futures de satisfaire les leurs (WCED, 1987). Lors de la conférence des Nations Unies de Rio (UNCED, 1992), les États signataires se sont engagés à mettre sur pied des stratégies nationales de développement durable et à élaborer des indicateurs de durabilité (agenda 21, chapitre 40). Dans un souci de protection de la nature et de conservation de la biodiversité, lONU a proposé les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) en 2002 et les Objectifs du développement durable (ODD) en 2014. Alors que lobjectif 7 des OMD fait allusion à la nécessité dassurer la durabilité des ressources environnementales, les objectifs 2 et 12 des ODD soulignent lurgence déliminer la faim, dassurer la sécurité alimentaire, daméliorer la nutrition, de promouvoir lagriculture durable et détablir les normes de consommation et de production durables.

220

Lagriculture à travers son mode de production, parfois intensif, et sa fonction de production alimentaire et lutilisation particulière quelle fait des ressources environnementales, est lun des domaines les plus concernés par la question du développement durable (Humbert, 2008). En effet, selon Jollivet (2001), le développement agricole des 50 dernières années a engendré des dysfonctionnements au niveau social (baisse de la main-dœuvre, etc.), économique (accroissement des inégalités, revenu subventionné, etc.) et écologique (érosion des sols, pollution de leau, etc.). Cest pour cette raison que la Commission européenne (2000) a soutenu lélaboration des indicateurs de durabilité en agriculture en vue dorienter les politiques en faveur dune agriculture durable.

Selon Harwood (1990), une agriculture durable est une agriculture qui évolue indéfiniment vers une utilité humaine plus grande, une utilisation plus efficace des ressources, tout en respectant un équilibre avec lenvironnement qui soit favorable aux hommes comme aux autres espèces. Autrement dit, lagriculture est appelée à remplir trois fonctions principales : une fonction économique visant une production efficace de biens et de services, une fonction écologique maintenant les agroécosystèmes et leurs fonctions, une fonction sociale renforçant les liens sociaux entre acteurs du monde rural (De Castro et al., 2009).

Le Cameroun pour sa part, en réponse aux préoccupations de développement durable et de préservation de lenvironnement, a fait voter la loi cadre relative à la gestion de lenvironnement1 qui stipule en son article 2 que « lenvironnement constitue en République du Cameroun un patrimoine commun de la nation. Il est une partie intégrante du patrimoine universel (alinéa 1) ; sa protection et la gestion rationnelle des ressources quil offre à la vie humaine sont dintérêt général. Celles-ci visent en particulier la géosphère, lhydrosphère, latmosphère, leur contenu matériel et immatériel, ainsi que les aspects sociaux et culturels quils comprennent (alinéa 2) ». Partant de cette loi cadre sur lenvironnement, lÉtat du Cameroun sest fixé pour objectif daméliorer le bien-être des générations présentes et à venir.

Depuis quelques années, le Cameroun est engagé dans des accords commerciaux avec lUnion européenne et les États-Unis à travers 221notamment les Accords de partenariat économique (APE)2 et lAfrican Growth and Opportunity Act (AGOA)3. Pour être compétitif, il est donc appelé à produire de façon propre et durable.

Cest dans cette optique que, en 2012, le programme économique daménagement du territoire pour la promotion des entreprises moyennes et de grande importance dans le secteur rural, appelé « Programme agropoles » est créé. Ce programme est axé sur les filières végétales, animales et halieutiques. Entre 2012 et 2016, 20 agropoles ont été lancés, dont lagropole dananas de Nlohe (23 unités dexploitations). Ces agropoles sont largement subventionnés par lÉtat camerounais. À titre dexemple, le budget 2016 du « Programme agropoles » sélevait à 12 milliards FCFA (18 millions deuros). Rappelons quun agropole est un ensemble dentreprises circonscrites dans une aire géographique donnée, qui entretiennent des relations fonctionnelles dans leurs activités de production, de transformation et de commercialisation dun produit animal, végétal, halieutique ou forestier donné.

Cet article se propose donc dévaluer la durabilité agro-écologique, socio-territoriale et économique de lagropole dananas de Nlohe au Cameroun, à laide de la méthode IDEA (indicateurs de durabilité des exploitations agricoles). Il sarticule autour de la revue de la littérature (1), la méthodologie (2), les résultats et discussions (3) et enfin la conclusion.

222

1. Évidence théorique et empirique
de la durabilité en agriculture

1.1. Analyse théorique du concept de durabilité

Le concept de durabilité est au cœur de lévaluation de la performance des systèmes agricoles. La littérature met en avant les concepts dagriculture durable et dexploitation agricole durable.

Le concept dagriculture durable précède linstitutionnalisation du concept de développement durable tel que formalisé dans le rapport Brundtland de 1987. Lors du sommet mondial de lalimentation de 1996, sept objectifs majeurs ont été assignés au concept dagriculture durable. Ces objectifs ont été repris par Hulse (2008). En effet, lagriculture durable a pour objectif : (1) datteindre une production agricole acceptable et adéquate sur le plan des quantités, de la variété et de la qualité ; (2) de maintenir des environnements favorables aux humains et aux autres organismes vivants ; (3) de prévenir la pollution des eaux superficielles et souterraines, protéger la nature ainsi que les droits des animaux ; (4) dempêcher ou limiter la destruction et la détérioration des terres fertiles par lérosion, létalement urbain ou les activités néfastes pour lagriculture ; (5) détablir et maintenir les infrastructures rurales indispensables à la production et à la commercialisation des produits agricoles ; (6) de protéger les écosystèmes naturels et privilégier la conservation à long terme plutôt que lexploitation à court terme ; (7) de favoriser le recyclage des nutriments et maintenir un bon équilibre entre lutilisation immédiate et la stabilité à long terme.

Gips (1984) fut le premier à proposer une définition de lagriculture durable. Pour lui, cest une agriculture écologiquement saine, économiquement viable, socialement juste et humaine. Pour Vilain et al. (2000), lagriculture durable devient économiquement viable, écologiquement saine et socialement équitable. Cette définition a été complétée par Broodagh (2000) qui assigne trois conditions à remplir pour qualifier une agriculture de durable : a) préserver les conditions du caractère renouvelable des ressources patrimoniales, cest-à-dire minimiser limpact de leur exploitation et promouvoir un niveau suffisant de leur production ; b) partager de façon équitable les revenus entre les acteurs du territoire, 223producteurs de ces caractéristiques culturelles et naturelles (externalités positives ou biens publics) ; c) mettre en place des mécanismes de bonne gouvernance locale permettant dappuyer les productions particulières sur des stratégies de développement durable du territoire partagées par lensemble des acteurs et éviter les effets déviction du développement dune monoculture.

Aujourdhui, après ces nombreuses mutations conceptuelles, pour Zahm et al. (2015), lagriculture durable est une agriculture qui contribue, dune part, à la durabilité du territoire dans laquelle elle sancre par la multifonctionnalité de ses activités et, dautre part, à la fourniture de services environnementaux globaux qui répondent aux enjeux non territorialisables du développement durable. Cest une agriculture écologiquement saine, économiquement viable, socialement juste et humaine.

Pendant longtemps, dans la littérature aussi bien francophone quanglophone, les concepts dagriculture durable et dexploitation agricole durable sont considérés comme un tout. En effet, beaucoup détudes nabordent le concept dexploitation durable que de façon implicite. Selon Landais (1998), une exploitation agricole est qualifiée de durable si elle est « viable, vivable, transmissible et reproductible ». Pour Zahm et al. (2015), le développement dune exploitation agricole durable sappuie sur cinq propriétés : capacité productive et reproductive de biens et services, robustesse, ancrage territorial, autonomie et responsabilité globale. Cest sur ces cinq propriétés que sappuie la récente version de la méthode IDEA.

1.2. Littérature empirique

Bon nombre détudes qui utilisent la méthode IDEA arrivent à la conclusion selon laquelle léchelle de durabilité économique constitue le principal facteur limitant de la plupart des exploitations agricoles. En effet, beaucoup dexploitations agricoles ont du mal à sautofinancer et à être rentables sur le long terme.

Abou et al. (2018) utilisent la méthode IDEA pour évaluer la durabilité agro-écologique des aménagements hydro-agricoles dans les communes de Dangbo et dAdjohoun au sud-est du Bénin. Au total, la durabilité agro-écologique de 20 périmètres aménagés sur 66 a été évaluée. Les résultats montrent que le score de durabilité moyen de ces espaces aménagés est de 58,72 sur 100. Globalement, les composantes 224« diversité » (23,88) et « organisation de lespace » (22,79) sont celles qui ont obtenu des scores moyens élevés contribuant ainsi à la durabilité agro-écologique des périmètres aménagés. Par contre, les « pratiques agricoles » (12,05) constituent une composante dont les pistes de réflexion et damélioration sont envisageables à travers des indicateurs « fertilisation, pesticides et protection de la ressource sol » pour un aménagement hydro-agricole durable.

Egle et al. (2017) évaluent la contribution du système de riziculture intensif (SRI) à la durabilité de 46 exploitations agricoles du sud du Togo. En regroupant les dix composantes de durabilité selon les trois échelles de durabilité, léchelle de durabilité socio-territoriale constitue le facteur limitant de la durabilité des exploitations étudiées. Ils arrivent à la conclusion selon laquelle laccroissement de la durabilité de la technologie SRI passera aussi par le développement des unités complémentaires de production du compost, de transformation et de commercialisation en circuit court pour améliorer la productivité, la compétitivité et le service emploi du terroir.

Ahouangninou et al. (2016) ont évalué la durabilité de 197 exploitations maraîchères dans trois communes du sud du Bénin, à laide de la méthode IDPM (indicateurs de durabilité de la production maraîchère) adaptée de la méthode IDEA. Leurs résultats montrent que la majorité des exploitations enquêtées se caractérisent par une durabilité dont la valeur limitante est déterminée par la dimension agro-écologique. Pour eux, lamélioration des composantes « diversité écologique », « organisation spatiale », « pratiques agricoles » et des indicateurs « fertilisation », « protection des végétaux » et « gestion des emballages de produits chimiques », sont les pistes damélioration de la durabilité de la production. Leurs résultats montrent également que la durabilité socio-territoriale de la production est caractérisée par un manque de formation au niveau des producteurs, un défaut dhygiène et de sécurité dans leur activité de production et une faible contribution à lemploi. La dimension économique, elle, est caractérisée par une faible viabilité et une faible transmissibilité économique, mais une indépendance financière et une bonne efficience du processus productif. Ils arrivent à la conclusion quune intégration des systèmes de pompage solaire de leau pour lirrigation pourrait accroître le niveau de durabilité de la production maraîchère.

225

Dans la plaine de Sais au Maroc, Baccar et al. (2016) montrent que dans 14 exploitations agricoles, seul le volet économique est pris en compte. Pour ces exploitants, lobjectif est de maximiser leurs revenus afin de soutenir leur famille, ce qui fait que les aspects socio-territorial et agro-écologique sont négligés.

Benidir et al. (2013) et Gavrilescu et al. (2012) mettent en avant la faiblesse du niveau de durabilité de léchelle socio-territoriale des systèmes de production en Algérie et en Roumanie respectivement. En effet, les systèmes de production en Algérie ont subi une mutation. Lélevage côtoie désormais les espèces végétales, ce qui favorise la diversité de la production. La durabilité agro-écologique de ces systèmes de production présente la meilleure performance avec une valeur moyenne de 56,3 % du maximum théorique. Par contre, le niveau socio-territorial est celui qui présente le plus mauvais score (35,84 % du maximum théorique) du fait de labsence de collaboration entre les éleveurs de la steppe, ce qui influence négativement la gestion des ressources. En Roumanie, sur 800 exploitations agricoles dans les districts de « Macroregion 1 », la durabilité agro-écologique enregistre un score de 59,5/100 points, contre 80,75/100 points pour la durabilité économique et seulement 49,5/100 pour la durabilité socio-territoriale. Ce faible score sexplique par le caractère difficilement accessible des exploitations agricoles (situées en moyenne à 15 km du centre-ville), mais aussi par la non qualification de la main-dœuvre utilisée.

Il apparaît clairement que, daprès la méthode IDEA, les facteurs explicatifs de la mauvaise performance des exploitations agricoles sont, entre autres : une forte dépendance à légard des intrants achetés, la non spécialisation, la vulnérabilité et la dépendance financière, pour la durabilité économique. Le manque de formation des producteurs, le défaut dhygiène et de sécurité dans leurs activités de production, les conflits entre producteurs, et la mauvaise gestion des ressources, pour la durabilité socio-territoriale.

226

2. Méthodologie

2.1. La méthode IDEA

La littérature propose plusieurs méthodes qui permettent dévaluer la durabilité en lagriculture, aussi bien à léchelle de lexploitation quà léchelle des territoires. Contrairement aux méthodes IDA (indice de durabilité de lagriculture) de Taylor et al. (1993), ACVA (analyse du cycle de vie pour lagriculture) dAudsley et al. (1997) ou encore MEA (management environnemental pour lagriculture) de Lewis et Bardon (1998) qui évaluent limpact environnemental, les méthodes DCE (durabilité des cultures énergétiques) de Biewinga et van der Bijl (1996) et ASA (attributs des systèmes agro-écologiques) de Dalsgaard et Oficial (1997) visent des objectifs environnementaux et économiques. Cependant, ces méthodes montrent la difficulté de créer des méthodes dévaluation qui puissent concilier les différentes échelles de la durabilité. Pour répondre à cette principale limite, les méthodes VDO (vers une durabilité opérationnelle) de Rossing et al. (1997), PMO (paramètres multi-objectifs) de Vereijken (1997), RISE (response-inducing sustainability evaluation) de Hani et al. (2003) et IDEA (Vilain et al., 2000) ont été développées.

Ces méthodes ont lavantage de prendre en compte les aspects environnementaux, sociaux et économiques liés à la durabilité des exploitations agricoles. Mais seule la méthode IDEA semble être suffisamment complète, du fait quelle aborde lensemble des thématiques de la durabilité et est destinée à un large public. Selon Vilain et al. (2000), elle permet dévaluer la durabilité des exploitations agricoles à partir denquêtes directes auprès des exploitants. Pour Zahm et al. (2005), non seulement la méthode IDEA offre un contenu opérationnel à la notion de durabilité à léchelle de lexploitation, mais elle a aussi une sensibilité qui permet dobserver des différences de durabilité entre systèmes de production, et à lintérieur dun même système de production. Elle sappuie sur les cinq étapes issues de la démarche scientifique associée à la construction dindicateurs de durabilité proposées par Girardin et al. (1999).

La première étape consiste à décliner dans un cadre conceptuel le principe de la durabilité en objectifs clairement identifiés. En effet, la méthode IDEA comporte trois échelles de durabilité, de même poids. 227Léchelle de durabilité agro-écologique analyse la propension du système technique à combiner valorisation efficace du milieu, coût écologique minimal et, bien sûr, viabilité technico-économique. Léchelle de durabilité socio-territoriale est évaluée au moyen dindicateurs qui favorisent un ensemble dobjectifs (développement humain, qualité de vie, éthique, emploi et développement local, citoyenneté et cohérence). Léchelle de durabilité économique, dont les indicateurs résultent des orientations techniques et financières du système de production, constitue un baromètre économique qui aide à comprendre les résultats économiques au-delà du court terme. Chaque échelle de durabilité est subdivisée en trois ou quatre composantes (10 composantes au total) qui regroupent elles-mêmes 41 indicateurs.

La deuxième étape consiste à construire une matrice qui croise les objectifs poursuivis avec les indicateurs chargés de les caractériser. Pour passer du cadre conceptuel des objectifs à la mesure de leur réalisation, létape intermédiaire est la proposition dindicateurs censés traduire ces objectifs en critères mesurables. Dans cette phase, il est utile de construire une matrice croisant les objectifs et les indicateurs. La matrice de la méthode IDEA est construite avec 41 indicateurs censés rendre compte des 16 objectifs.

La troisième étape pose les hypothèses et les choix de départ pour la construction des indicateurs et leur mode de calcul. Dans la méthode IDEA, lhypothèse de départ postule quil est possible de quantifier les diverses composantes dun système agricole en leur attribuant une note chiffrée, puis de pondérer et dagréger les informations obtenues pour obtenir un score de lexploitation pour chacune des trois échelles qualifiant la durabilité. Quant au mode de calcul, il est basé sur un système de points avec un plafonnement. Les trois échelles de durabilité sont de même poids et varient entre 0 et 100 points. Lensemble des informations est traduit en unités élémentaires de durabilité déterminant la note attribuée à chaque indicateur. Plus la note est élevée, plus lexploitation est considérée comme durable pour léchelle considérée. Les notes sont ensuite agrégées en une note unique globale pour qualifier la durabilité. Dans la méthode IDEA, sagissant de cette question de lagrégation des notes globales entre les 3 échelles, les auteurs attribuent la valeur la plus faible des trois échelles à la valeur numérique finale de la durabilité, appliquant ainsi la règle des facteurs limitant qui simpose dans la 228dynamique des écosystèmes. En effet, lattribution dune note unique formée à partir de la moyenne des 3 notes données aux 3 dimensions de la durabilité autoriserait des compensations entre les trois échelles.

La quatrième étape consiste à développer le contenu des trois échelles, organiser la cohérence densemble à lintérieur de chaque échelle et détailler la construction de chaque indicateur. Cette étape permet de formaliser le contenu respectif des trois échelles de durabilité (agro-écologique, socio-territoriale et échelle économique) et de les organiser pour leur donner un sens.

La cinquième et dernière étape analyse les résultats issus des enquêtes, appréhende les limites et valide les indicateurs.

La méthode IDEA a ceci de positif quelle est un outil pédagogique et lisible qui mobilise les données simples daccès (collectées au moyen dune enquête chez lagriculteur) et facilement manipulables.

Toutefois, la méthode IDEA a quelques limites quil est important de souligner. Sa première limite est quelle est basée sur du déclaratif. La qualité des renseignements se heurte donc aux écueils habituels du recueil de données par interviews : lexploitant répond-il en fonction de ses représentations, ou de ce quil est convenu de répondre, ou de ce qui est censé faire plaisir à lenquêteur ? etc. La méthode IDEA permet de caractériser les représentations dun agriculteur sur la situation dune exploitation agricole à un moment bien précis. Ce qui veut dire quentre deux campagnes agricoles, elle peut donner deux notes de durabilité différentes pour la même exploitation. La méthode IDEA est plus adaptée aux exploitations agricoles européennes qui allient très souvent agriculture et élevage. Or ce nest pas toujours le cas en Afrique. Ce qui fait que lutiliser de façon stricte sans ladapter au contexte local dans lequel elle sapplique peut biaiser les résultats du fait de labsence de certaines informations (liées, par exemple, à lutilisation des déchets animaux comme amendement organique).

2.2. Les sources de données

La ville de Nlohe est située à 77 km de Douala, capitale économique du Cameroun. Elle couvre une superficie de 430 km² avec une population totale estimée à environ 40 000 habitants en 2016. Son climat est de type équatorial, fortement influencé par la mousson guinéenne. Son relief est dominé par de hautes montagnes, des collines et des plateaux. La zone 229urbaine occupe un plateau alors que les zones rurales sont accidentées. Les données utilisées dans cette étude ont été collectées au cours dinterviews orales avec les chefs des exploitations et/ou de production, entre les mois de mars et avril 2016, auprès de chacun des 23 producteurs dananas regroupés au sein de lagropole de Nlohe. Le questionnaire utilisé est celui fourni par le guide denquête de la méthode IDEA, légèrement modifié : les informations concernant, par exemple, les quantités de semences, dengrais et de pesticides utilisées y ont été rajoutées.

3. Résultats et discussions

3.1. Caractéristiques des exploitations
de l
agropole d ananas de Nlohe

Le tableau 1 présente quelques données statistiques de lagropole de Nlohe.

Tab. 1 – Caractéristiques des exploitations agricoles de Nlohe.
Source : à partir des données denquête.

Variables

Unité

Moyenne

Écart-type

Minimum

Maximum

Production dananas

Tonne

114,79

135,942

12

480

Superficie

Hectare

7,25

8,872

1

33

Engrais

Kilogramme

147,04

257,421

10

1200

Pesticide

Litre

67,89

120,442

0

500

Eau

Litre

857,44

629,641

32

2000

Semence

Rejetsi

290869,57

424174,739

35000

1650000

Jachère

Hectares

3,68

4,337

0

15

Déforestation

Hectares

1,39

0,583

1

3

i. Les rejets coûtent entre 25 et 50 FCFA lunité (entre 5 et 10 centimes deuros).

Les superficies agricoles des exploitations enquêtées à Nlohe varient de 1 à 33 ha avec une moyenne de 7 ha pour une production estimée à 115 tonnes par an. Cette production présente cependant une grande 230disparité avec les valeurs minimum et maximum de production respectives de 12 et 480 tonnes dananas. Les grandes exploitations bénéficient dappui financier et de conseils plus importants que les petites. Cette production est obtenue en mobilisant en moyenne 147 sacs dengrais de 50 kg4, 68 litres de pesticides5 et 857 litres deau de source et de puits.

3.2. Les scores de durabilité de l agropole de production,
de transformation et commercialisation d
ananas
de Nlohe (pondérés par surface)

3.2.1. Durabilité agro-écologique

Léchelle de durabilité agro-écologique analyse les systèmes de production du point de vue de leur durabilité agro-écologique. Elle donne un avis sur la façon dont le capital nature (eau, sol, biodiversité, air, etc.) de lexploitation est géré par le système de production à court et à moyen terme.

La moyenne de la durabilité agro-écologique de lagropole dananas de Nlohe est de 70 sur 100 points avec une variabilité de 61 à 76 points. Ce pilier de la durabilité regroupe la diversité domestique, lorganisation de lespace et les pratiques agricoles (tab. 2).

Tab. 2 – Scores des composantes
de la durabilité agro-écologique de Nlohe.
Source : à partir des données denquête.

Composantes

Moyenne

(score) %

Écart-type

Minimum

Maximum

Borne

Diversité domestique

56

4,46

10,00

25,00

0-33

Organisation de lespace

71

3,07

19,00

29,50

0-33

Pratiques agricoles

81

3,44

20,00

32,00

0-34

Total

70

3,87

61,00

75,50

0-100

231

Avec un score de 56 %, la composante « diversité domestique » est la plus faible des trois composantes qui constituent la durabilité agro-écologique. Cette composante comprend les indicateurs tels que la diversité des cultures annuelles ou temporaires, la diversité des cultures pérennes, la diversité végétale associée, la diversité animale et la valorisation et la conservation du patrimoine génétique. Ce faible score se justifie par le fait que lananas, plante héliophile, nécessite de très grands espaces dépourvus de couvert végétal, ce qui ne favorise pas la diversité domestique. Néanmoins, lagropole dananas de Nlohe regroupe également en son sein des cultures telles que la banane plantain, le macabo, la pistache, le poivre, le cacao, le palmier à huile, les arbres fruitiers, le taro, le maïs, larachide, les cocotiers et la pisciculture, mais a un faible degré. Rappelons que bien avant lananas, les autres cultures étaient pratiquées sur ces mêmes parcelles. Ce nest quaprès la création de lagropole, et grâce aux subventions de lÉtat, que les producteurs ont décidé de produire davantage dananas au détriment des autres cultures.

La composante « organisation de lespace », elle, a un score de 71 %. Ce bon score montre que les exploitants de cet agropole ont une bonne maîtrise de lorganisation de lespace. Cette composante comprend plusieurs indicateurs : lassolement, le dimensionnement des parcelles, la gestion de la matière organique, lexistence des zones de régulation écologique, les actions en faveur du patrimoine naturel, le chargement animal et la gestion des surfaces fourragères.

Quant à la composante « pratiques agricoles », elle présente le score le plus élevé (81 %) de la durabilité agro-écologique. Lutilisation des fertilisants et des pesticides, les traitements vétérinaires, la protection de la ressource des sols, la gestion de la ressource eau et la dépendance énergétique en sont les principaux indicateurs. Cette composante affiche un bon score, preuve que les agropoleurs de Nlohe respectent les règles en matière de fertilisation des sols, dépandages des engrais et des pesticides, de la gestion de leau et de la protection de la ressource sols pour ne citer que ces pratiques agricoles.

3.2.2. Durabilité socio-territoriale

Léchelle de durabilité socio-territoriale cherche à évaluer la qualité de vie de lagriculteur et le poids des services marchands rendus au territoire 232et à la société. Dautres indicateurs comme la pérennité prévue, lintensité du travail et la démarche qualité sont également pris en compte.

Selon le tableau 3, la moyenne de la durabilité socio-territoriale des agropoles de Nlohe est de 65 sur 100 points avec une viabilité de 56 à 73 points, soit 65 % du maximum théorique. Ce pilier de la durabilité comporte trois composantes : la qualité des produits et des territoires, lemploi et les services, léthique et le développement humain.

Tab. 3 – Scores des composantes de la durabilité socio-territoriale de Nlohe.
Source : à partir des données denquête.

Composantes

Moyenne (score) %

Écart-type

Minimum

Maximum

Borne

Qualité des produits et des territoires

55

3,42

12,00

24,00

0-33

Emploi et services

75

1,95

19,00

27,00

0-33

Éthique et développement humain

64

2,32

15,00

27,00

0-34

Total

65

4,60

56,00

73,00

0-100

La composante « qualité des produits et des territoires » a une moyenne estimée à 55 % du maximum théorique. Elle est constituée des indicateurs suivants : qualité des aliments produits, valorisation du patrimoine bâti et du paysage, traitement des déchets non organiques, accessibilité de lespace et implication sociale. Le score moyen de cette composante sexplique surtout par le fait que les agropoleurs de Nlohe nont pas encore de bonnes pratiques en matière de gestion des déchets non organiques.

La composante « emploi et services », qui regroupe les indicateurs valorisation par filière courte, pluriactivité, contribution à lemploi, travail collectif et pérennité probable, a une moyenne estimée à 75 % du maximum théorique. Ce bon score montre que les agropoleurs de Nlohe, à travers leurs activités de production, créent des emplois et contribuent au « bien-être » des localités environnantes.

Quant à la composante « éthique et développement humain », sa moyenne représente 64 % du maximum théorique. Cette composante comprend les indicateurs tels que la contribution à léquilibre alimentaire, la formation, lintensité de travail, la qualité de la vie, lisolement, laccueil, lhygiène et la sécurité. Le score de cette composante est 233largement supérieur à la moyenne, ce qui signifie que pour la plupart dentre eux, les agropoleurs de Nlohe ont une qualité de vie correcte et que leur travail, bien que contraignant, ne les empêche pas de contribuer à léquilibre alimentaire du Cameroun et donc, du monde.

3.2.3. Durabilité économique

Léchelle de durabilité économique aborde les pratiques et comportements des agriculteurs évalués sur les échelles précédentes, mais sous un angle économique.

Selon le tableau 4, la moyenne de la durabilité économique est de 55 points sur 100 avec une étendue de 54 à 58 points. Cette échelle de durabilité économique comporte quatre composantes, à savoir : la viabilité économique, la transmissibilité, lindépendance et lefficience.

La composante « viabilité économique » représente 65 % du maximum théorique. Elle regroupe les indicateurs : excédent dexploitation net, besoins de financement et taux de spécialisation économique. Cette composante montre que lagropole de Nlohe est viable malgré le mauvais score attribué au taux de spécialisation économique, ce qui met en évidence le caractère vulnérable aux retournements de conjoncture économique de cet agropole puisque le système de production mis en place dans cet agropole nest pas très diversifié.

La composante « indépendance », elle, représente 44 % du maximum théorique. Elle regroupe les indicateurs autonomie financière et sensibilité aux aides directes. Le mauvais score de cette composante se justifie par le fait que lagropole de Nlohe est non seulement grandement sensible aux aides publiques, mais aussi quil est fortement lié aux crédits bancaires et emprunts.

La composante « transmissibilité », dont lindicateur principal est le capital dexploitation, a obtenu une moyenne de 50 %. Le score de cet indicateur traduit le fait que la transmissibilité est moyenne au sein des exploitations de lagropole, cest-à-dire que la transmissibilité de père en fils ou dassocié à associé en cas de décès se fera probablement sans risques pour lexploitation.

Quant à la composante « efficience » qui a pour principal indicateur le niveau des charges opérationnelles, elle représente 60 % du maximum théorique. Le score de cet indicateur montre que la moyenne des 23423 exploitations de cet agropole a une bonne efficience financière. La production dans cet agropole est donc rentable financièrement.

Tab. 4 – Scores des composantes de la durabilité économique de Nlohe.
Source : à partir des données denquête.

Composante

Moyenne

(score) %

Écart-type

Minimum

Maximum

Borne

Viabilité économique

65

1,64

18,00

22,00

0-30

Indépendance

44

0,00

11,00

11,00

0-25

Transmissibilité

50

0,00

10,00

10,00

0-20

Efficience

60

0,00

15,00

15,00

0-25

Total

55

1,64

54,00

58,00

0-100

Fig. 1 – Scores et maximum des composantes
de la durabilité de lagropole de Nlohe.
Source : à partir des données denquête.

La figure 1 schématise lécart existant entre la valeur moyenne obtenue pour lensemble des exploitations agricoles et leur maximum théorique en ce qui concerne les 10 composantes.

235

3.2.4. Note de durabilité de lagropole dananas de Nlohe

Par convention, la note globale de durabilité est donnée par la plus petite valeur (facteur limitant) des trois dimensions (agro-écologique, socio-territoriale et économique) de la durabilité globale. Dans le cas de lagropole dananas de Nlohe, le facteur limitant de la durabilité (représenté sur la figure 2 par le trait horizontal noir) correspond à 55 points sur 100. Ce qui signifie que cet agropole doit encore faire beaucoup deffort sur laspect économique de sa durabilité, tout en améliorant les autres dimensions de la durabilité.

Fig. 2 – Facteur limitant de la durabilité de lagropole dananas de Nlohe.

La figure 3 présente les différents scores des trois dimensions de la durabilité de chaque exploitation dananas de lagropole de Nlohe.

Fig. 3 – Score de la durabilité des 23 exploitations agricoles
de lagropole dananas de Nlohe enquêtées.

236

Lexploitation EN7 a le plus petit score de la dimension agro-écologique, et lexploitation EN1 le plus grand score de cette dimension. Concernant la dimension socio-territoriale de la durabilité, cest lexploitation EN10 qui a eu le plus petit score et lexploitation EN23 le plus grand score de cette dimension. Enfin, au niveau de la dimension économique de la durabilité, la quasi-totalité des exploitations de lagropole de Nlohe doit encore faire des efforts pour améliorer les résultats économiques, ce qui améliorera leurs scores IDEA.

Conclusion

Cet article6 avait pour objectif dévaluer la durabilité agro-écologique, socio-territoriale et économique de 23 unités de production dananas au sein de lagropole de production, de transformation et de commercialisation de Nlohe au Cameroun. La méthode de diagnostic IDEA développée par Vilain et al. (2000) a été utilisée. Les résultats obtenus montrent que les scores de durabilité agro-écologique, socio-territoriale et économique de lagropole dananas de Nlohe au Cameroun sont respectivement de 70 %, 65 % et 55 %.

Les exploitations visitées dans cet agropole ont globalement de bons scores de durabilité agro-écologique. Ces scores sont compris entre 61 % et 75 % pour les 23 exploitations visitées. Les scores ainsi obtenus laissent entrevoir la volonté des exploitants de cet agropole de sarrimer au concept dagriculture durable afin dêtre compétitifs à léchelle nationale, régionale et internationale, surtout avec lentrée en vigueur des APE depuis le mois daoût 2016. Quant aux scores de durabilité socio-territoriale, ils sont compris entre 56 % et 73 %. Ce niveau satisfaisant est dû au fait que plusieurs de ces exploitations ont acquis la certification GLOBALGAP pour les producteurs conventionnels et la certification ECO-CERT pour les producteurs qui pratiquent lagriculture biologique. En effet, ces 237certifications demandent le respect dun cahier des charges touchant aussi bien laspect environnemental, à travers les pratiques culturales, que laspect social, à travers la gestion du territoire et de la ressource « homme ». Rappelons que, généralement, les scores relativement élevés au niveau de cette dimension montrent que linsertion des exploitations dans leur milieu est bonne. Malgré leur bonne efficience financière, les scores de durabilité économique des agropoleurs de Nlohe sont faibles puisque plus de la moitié des exploitations enquêtées a obtenu un score de 54 %, pour un maximum de 58 % pour quelques-unes dentre elles. Les raisons principales de cette contre-performance sont liées à la fragilité de ces exploitations, ainsi quà leur dépendance aux subventions de lÉtat et au crédit bancaire. Ces faibles scores sont également symptomatiques du fait que 79 % des exploitations nappliquent pas encore tous les principes de fonctionnement dune entreprise. Ceci est certainement dû au fait que ces exploitations sont toujours gérées comme des exploitations familiales avec pour objectif premier de satisfaire les besoins alimentaires de la famille. Seuls 22 % des exploitants de cet agropole essaient de respecter les principes de fonctionnement dune entreprise et obtiennent des scores bien plus élevés. Ces résultats sont proches de ceux obtenus au Mexique par Salas-Reyes (2015) et Fadul-Pacheco et al. (2013) où les scores de durabilité économique constituent le principal facteur limitant.

Lamélioration de la performance des exploitations dananas au sein de lagropole de Nlohe est une nécessité impérieuse puisque le Cameroun veut être durablement compétitif sur le marché international. En effet, 45 % de la production totale dananas de cet agropole est exporté vers lUnion européenne, notamment en Belgique et en Italie, et 55 % est vendu sur place dans lagropole.

En fin danalyse, lamélioration de la performance des exploitations dananas de lagropole de Nlohe passe par la prise en compte de certaines recommandations :

la culture de lananas doit certes être prioritaire dans cet agropole, mais aussi contrôlée (au sens de son expansion) au risque de voir complètement disparaître les autres cultures au seul profit de lananas ;

les agropoleurs de Nlohe doivent améliorer leurs pratiques en matière de gestion des déchets non organiques, en les éliminant de façon à préserver la qualité des sols de leurs exploitations ;

238

si lobjectif est daméliorer les scores économiques apparents par la méthode IDEA, les exploitations regroupées au sein de cet agropole doivent passer dun statut purement familial à de véritables entreprises respectant des modes de gestion stricts ;

enfin, lÉtat camerounais doit non seulement continuer à accompagner financièrement ces agropoles, mais il devra surtout veiller à les accompagner dans ces profondes mutations.

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1 Loi no 96/12 du 05 Aout 1996 portant loi-cadre relative à la gestion de lenvironnement.

2 LAccord de partenariat économique entre lUnion européenne et le Cameroun est entré en vigueur le 4 août 2016 avec le démantèlement tarifaire, suite à la décision du président de la République Paul Biya ratifiant laccord détape paraphé entre les deux parties en 2014. La décision du gouvernement camerounais fixant les règles dorigine applicables aux produits importés de lUE fait état dune réduction de 25 % des taxes par an sur quatre ans pour les produits du premier groupe (produits pharmaceutiques, engrais, pesticides, tourteaux, papier journal, livres, brochures, journaux, véhicules et matériels pour voie ferrée, fauteuils roulants et autres véhicules pour invalides).

3 Le Cameroun bénéficie depuis 2000 de la loi américaine sur la croissance et les opportunités économiques en Afrique (AGOA). Le pays a jusquici tiré profit de ce régime préférentiel en ce qui concerne les hydrocarbures. Le potentiel agricole du Cameroun lui donne un avantage comparatif évident sur une gamme variée de produits agro-pastoraux dont les fruits. La politique sectorielle gouvernementale dans le domaine de lAGOA est donc de diversifier les importations au-delà du pétrole, notamment dans les filières telles que lartisanat et la décoration, les textiles et les vêtements, ainsi que les aliments spécialisés et ethniques.

4 Les engrais utilisés sont : Spécial maraîchères dont la formule est NPK-MgO-B (12-14-19-3.5-15) ; Spécial ananas NPK-Mg (11-6-27-5) ; Sulfate de potasse KSO2 ; Urée N(46) et les fientes de poules pondeuses.

5 Les pesticides utilisés sont : les fongicides ALIETTE 80 WG (Fosetyl-Aliminium 80g/kg, peu toxique) ; les nématicides COUNTER 15 FC (Terbufos 150g/kg, très toxique) ; les insecticides TAPIR (Chlorpyrifos-Ethyl 600g/l, assez toxique) ; les herbicides DIURALM 800 SC (Diurom 800g/l, peu toxique) ; les régulateurs de croissance MAT (Ethéphon 480g/l, peu toxique).

6 Cette étude a bénéficié de lappui financier et technique du Programme agropoles du Cameroun. Les auteurs expriment également leur gratitude aux producteurs dananas de Nlohe qui ont bien voulu se prêter au jeu de questions – réponses auquel ils ont été soumis.