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Classiques Garnier

Compte rendu du séminaire international JR-SME « Stratégies et entrepreneuriat dans le secteur agroalimentaire », Tlemcen, 20 mars 2018

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Systèmes alimentaires / Food Systems
    2018, n° 3
    . varia
  • Auteur : Chikhi (Kamel)
  • Pages : 273 à 276
  • Revue : Systèmes alimentaires
  • Thème CLIL : 3306 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Économie de la mondialisation et du développement
  • EAN : 9782406087229
  • ISBN : 978-2-406-08722-9
  • ISSN : 2555-0411
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08722-9.p.0273
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 10/12/2018
  • Périodicité : Annuelle
  • Langue : Français
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Compte rendu du séminaire international JR-SME

« Stratégies et entrepreneuriat
dans le secteur agroalimentaire »,
Tlemcen, 20 mars 2018

Kamel Chikhi

École supérieure de management, Tlemcen

LÉcole supérieure de management de Tlemcen (ESMT) a organisé, le 20 mars 2018 à Tlemcen (Algérie), un séminaire international en français consacré aux stratégies des entreprises agroalimentaires et à lentrepreneuriat dans le secteur agroalimentaire.

Le séminaire, qui a réuni une centaine de participants, a comporté 2 séquences : 4 conférences invitées et un atelier de présentation des différents dispositifs daide à la création dentreprises et de porteurs de projets opérant dans le secteur agroalimentaire.

Jean-Louis Rastoin, expert associé de lIPEMED, professeur émérite à Montpellier SupAgro (France) et fondateur de la chaire UNESCO Alimentations du monde, a présenté les leviers stratégiques mobilisables pour un développement durable des PME agroalimentaires méditerranéennes. Il a évoqué les systèmes alimentaires et linsécurité alimentaire mondiale (problèmes de consommation alimentaire, instabilité des prix, changements climatiques et asymétrie dans le partage de la valeur créée). Lexpert international a mis laccent sur la nécessité de faire émerger un modèle alternatif en soulignant lexigence de la durabilité dans les stratégies agroalimentaires et les nouvelles tendances telles que la santé et le bio, les qualités gustatives des aliments, lauthenticité des 274produits, les produits du terroir et les innovations organisationnelles. Il a recommandé que les produits locaux, reconnus mondialement à travers la diète méditerranéenne, fassent lobjet dun label.

Baghdad Chaib, professeur à la Faculté des sciences économiques, de gestion et des sciences commerciales de luniversité de Tlemcen, responsable de la filière finance et comptabilité et chef déquipe au laboratoire de recherche MIFMA (Marché et institution financière dans le Maghreb arabe) a analysé le secteur agroalimentaire en Algérie, ses contraintes et ses perspectives. Si le secteur agroalimentaire occupe 23 % de la population active en Algérie, en moyenne 45 % du budget familial est consacré à lalimentation et 75 % des besoins alimentaires sont importés en raison de linsuffisance de la production agricole nationale. Il a indiqué que les contraintes de lindustrie agroalimentaire concernaient principalement le modèle de consommation (préférence pour les céréales, le sucre, lhuile et le café). Les pouvoirs publics ont demandé aux industriels de procéder à une autoévaluation du domaine, relancé le centre technique dédié aux industries agroalimentaires (CTIA) et sensibilisé les acteurs de la filière autour du thème de la sécurité alimentaire. Il conviendrait de tenir compte de plusieurs facteurs afin dassurer un lien durable entre la production et la demande, à savoir : le niveau des prix à linternational, la nature du régime fiscal et le cadre réglementaire instauré.

Sid Ahmed Ferroukhi, enseignant chercheur associé à lÉcole nationale supérieure dagronomie dAlger et ancien ministre de lAgriculture, du développement rural et de la pêche a évoqué les innovations et la création de start-up dans les filières agroalimentaires en Algérie et esquissé des scénarios de prospective sectorielle. Le conférencier a évoqué la révolution numérique (brevets et technologies) de la société et les nouvelles exigences de léconomie durable (santé et nanotechnologie, big data, objets connectés, blockchains, witricité, carburant solaire et management avatar), les innovations dans les systèmes alimentaires (zéro poubelle, alimentation synthétique, les fermes intelligentes, la data food, etc.) et les modèles de croissance alternatifs (bio, agro-écologie, pêche responsable, économie bleue, agrofoodtech, nouvelles plateformes, produits naturels et locaux). S. A. Ferroukhi a incité les auditeurs et plus particulièrement les étudiants à se projeter dans le futur en évoquant les métiers davenir, les nouveaux usages alimentaires et les start-up.

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Meriem-Hind Ben-Mahdi, professeure à lÉcole supérieure des sciences vétérinaires dAlger et directrice de lESSAIA (École supérieure des sciences de laliment et des industries agroalimentaires) dAlger, a insisté sur limpératif de linnovation comme fer de lance pour le développement du marché des produits du terroir. Plusieurs produits du terroir ont été labélisés en Algérie comme les vins dAlgérie (Appellation dorigine garantie), les figues séchées de Beni Maouche (Appellation dorigine) et les dattes « Deglet Nour » de Tolga (Indication géographique). Dautres produits ayant des potentialités de développement comme le lait de chamelle et lhuile de pépin de raisin ont été présentés. La conférencière a relevé la nécessité de se « réinventer » par linnovation, la recherche et développement (R&D) et le marketing (nouveau look, nouvelle identité et nouvelle cible) afin de valoriser les produits du terroir algérien.

Latelier qui a suivi les conférences plénières a permis de présenter un panorama des acteurs publics et professionnels intervenant dans les IAA en Algérie et deux jeunes micro-entreprises agroalimentaires régionales.

LAgence nationale de soutien à lemploi des jeunes (ANSEJ) est un organisme public qui a pour objectifs de favoriser la création et lextension dactivité de biens et de services par les jeunes promoteurs et dencourager toutes formes dactions (formation, études et promotion) et de partenariat (notamment avec la CNAS1 et la CASNOS2, tendant à promouvoir lentrepreneuriat.

LAgence nationale de gestion du micro-crédit (ANGEM) a comme objectifs la lutte contre le chômage et la précarité dans les zones urbaines et rurales en favorisant lauto-emploi, le travail à domicile et les activités artisanales et de métiers, en particulier dans la population féminine ; la stabilisation des populations rurales ; le développement de lesprit dentreprenariat ; laccompagnement et le suivi des bénéficiaires du micro-crédit.

La Caisse nationale dassurance chômage (CNAC), créée en 2004 pour la mise en œuvre du dispositif de soutien à la création dactivité pour les chômeurs promoteurs, vise au développement de la culture entrepreneuriale, la création et lextension des capacités de production de biens et services, le soutien aux micro-entreprises nouvellement créées. Ses instruments concernent la réduction des droits de douanes, 276lexonération fiscale et parafiscale, loctroi de prêts sans intérêt, la couverture des risques crédits par un fonds de garantie.

LAgence nationale de lemploi (ANEM) a pour missions dorganiser et dassurer la connaissance de la situation et de lévolution du marché national de lemploi et de la main-dœuvre, et de garantir à tout demandeur et à toute entreprise un service de recrutement efficace et personnalisé.

La Fédération nationale des jeunes entrepreneurs (FNJE) est une organisation syndicale dédiée à la défense des intérêts matériels et moraux des jeunes entrepreneurs algériens. Libre et indépendante de toute tutelle administrative et de tout parti politique, elle tire ses ressources uniquement de ses adhérents.

À titre dillustration, Mme Najet Rahmoun présente sa micro-entreprise de conservation de fruits et légumes et transformation alimentaire créée en 2014 à partir du dispositif CNAC et M. Zoher Morsli son projet de conditionnement de produits alimentaires monté en 2016 à partir du dispositif ANSEJ.

Les débats ont permis daborder les différentes facettes de la problématique de durabilité du secteur agroalimentaire et de la sécurité alimentaire : formation et métiers, protection des consommateurs (qualité, accessibilité), préservation de lenvironnement et égalité sociale. Les conclusions ont rappelé la nécessité de recherches complémentaires, tant théoriques quappliquées, à mener dans un cadre de pluridisciplinarité.

1 Caisse nationale des assurances sociales des travailleurs salariés.

2 Caisse nationale de sécurité sociale des non-salariés.