MOND’Alim 2030 Panorama prospectif de la mondialisation des systèmes alimentaires France – Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, Centre d’études et de prospective (Jean-Marc Touzard), Paris, La Documentation française, 2017, 232 p.
- Publication type: Journal article
- Journal: Systèmes alimentaires / Food Systems
2017, n° 2. varia - Author: Touzard (Jean-Marc)
- Pages: 295 to 297
- Journal: Food systems
- CLIL theme: 3306 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Économie de la mondialisation et du développement
- EAN: 9782406071969
- ISBN: 978-2-406-07196-9
- ISSN: 2555-0411
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-07196-9.p.0295
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 11-17-2017
- Periodicity: Annual
- Language: French
MOND ’ Alim 2030
Panorama prospectif
de la mondialisation
des systèmes alimentaires
France – Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, Centre d’études et de prospective,
Paris, La Documentation française, 2017, 232 p.
Jean-Marc Touzard
INRA, UMR 0951 Innovation
Le Centre d’études et de prospective du ministère de l’Agriculture vient d’éditer un ouvrage qui permet d’explorer les transformations récentes et à venir des systèmes alimentaires à l’échelle mondiale. Les informations et textes rassemblés résultent du travail d’un groupe d’une trentaine d’experts qui, en 2015 et 2016, ont traité six grandes thématiques pour dégager une centaine de tendances. De fait, il ne s’agit pas d’une prospective à proprement parler, mais d’une synthèse des évolutions récentes et projetées ou envisagées en 2030 pour les systèmes alimentaires.
L’ouvrage s’organise à partir d’une introduction générale sur la mondialisation des systèmes alimentaires, puis de six chapitres traitant chacun des thèmes renseignés par le groupe d’experts : les conduites alimentaires ; le commerce et les échanges ; les dynamiques de l’information et de l’innovation ; les risques et problèmes publics ; les acteurs de la mondialisation ; la régulation et la gouvernance des systèmes alimentaires.
C’est d’abord une véritable mine d’informations, récentes et très bien documentées scientifiquement (près de 700 références). Au-delà des textes de synthèse, il est agréablement illustré par de nombreux graphiques 296et cartes et contient aussi des encadrés précisant une notion, illustrant une tendance particulière, dévoilant un fait émergent ou donnant à voir un exemple concret. Il s’agit donc non pas d’un ouvrage scientifique classique, mais d’un format proche d’un atlas ou d’une encyclopédie de la mondialisation des systèmes alimentaires. La lecture en est facilitée, pouvant se faire par touches, selon les thèmes ou les encadrés.
Mais plus qu’un atlas bien documenté et illustré, l’originalité de l’ouvrage tient surtout aux questions traitées et aux tendances explorées. On trouvera bien sûr un point très pédagogique sur les définitions et approches des systèmes alimentaires et sur la mondialisation, ainsi que la mise à plat de tendances classiquement abordées sur la démographie, la production, les échanges ou la consommation alimentaires. Ces dimensions structurelles ou quantitatives (issues, par exemple, des travaux de la FAO) permettent un cadrage nécessaire qui est d’ailleurs judicieusement questionné. Mais il faut souligner la nouveauté de compléter ces évolutions par l’analyse de tendances moins étudiées ou souvent séparées des questions agricoles et alimentaires : liens à la biodiversité et aux risques sanitaires ; impacts des NTIC et des dynamiques collaboratives de connaissance ; évolutions de la recherche agronomique ; coexistence d’une diversité de modèles alimentaires et de trajectoires d’innovation, apparaissant comme un trait même de la mondialisation… Surtout, de nombreux textes – et en particulier les deux derniers chapitres – proposent une analyse des dimensions politiques de la mondialisation des systèmes alimentaires. Les jeux d’acteurs globaux se modifient, impliquant de nouveaux rapports entre organisations internationales, firmes, États et ONG, mais aussi avec des acteurs non issus des systèmes alimentaires, comme les villes, des communautés virtuelles ou des trafiquants en tout genre. La gouvernance mondiale de l’agriculture et de l’alimentation est questionnée, le multilatéralisme étant contesté par des formes de gouvernances hybrides et fragmentées.
La richesse et les ouvertures de l’ouvrage sont importantes, mais on pourrait néanmoins regretter de ne pas avoir davantage exploré une pluralité de scénarios, c’est-à-dire d’avoir osé faire un saut dans la prospective. Une diversité possible de tendances est certes parfois exposée, et une série d’incertitudes pour 2030 est clairement présentée en conclusion. C’est la limite de l’exercice, mais il faut considérer que ce type de travail et d’ouvrage ouvre précisément la possibilité d’élaborer 297des hypothèses qui pourraient alimenter la construction de scénarios pour l’agriculture et l’alimentation à l’échelle mondiale. Dans tous les cas, l’ouvrage apparaît comme une référence et un think tank pour des étudiants, enseignants, chercheurs, décideurs politiques ou privés, responsables d’organisations ou simples citoyens voulant s’informer et mieux comprendre l’évolution des systèmes alimentaires mondiaux.