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Classiques Garnier

Research, innovation and competitiveness of French vineyards: an analysis by the institutions

  • Publication type: Journal article
  • Journal: Systèmes alimentaires / Food Systems
    2016, n° 1
    . varia
  • Authors: Boyer (James), Touzard (Jean-Marc)
  • Abstract: This article analyzes the role of research and innovation mechanisms in the economic dynamics of French vineyards based on an institutional approach to innovation systems. The competitiveness of vineyards can only be partly explained by investments in research and development. Other factors are in play like the weight and functions of the regional trade organization. The results call for institutional analysis to be complemented by analysis of social networks.
  • Pages: 69 to 96
  • Journal: Food systems
  • CLIL theme: 3306 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Économie de la mondialisation et du développement
  • EAN: 9782406068631
  • ISBN: 978-2-406-06863-1
  • ISSN: 2555-0411
  • DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-06863-1.p.0069
  • Publisher: Classiques Garnier
  • Online publication: 05-25-2017
  • Periodicity: Annual
  • Language: French
  • Keyword: Research and development, competitiveness, institutions, viticulture
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Recherche, innovation et compétitivité des vignobles français :
une analyse par les institutions

James Boyer

Montpellier SupAgro

Jean-Marc Touzard

Inra, UMR 0951 Innovation

Introduction

Dans le secteur viticole, une série détudes récentes en économie ou sciences de gestion ont souligné le rôle de la recherche et de linnovation dans le développement des vignobles des pays du « nouveau monde » (Californie, Argentine, Chili, Afrique du Sud, Brésil…) et limportance de leur organisation sous forme de clusters pour renforcer leurs compétitivités (Porter, 1998 ; Fensterseifer, 2007 ; Giuliani and Arza, 2009). Cependant, les premiers travaux abordant ce thème pour les vignobles français suggèrent que les liens entre les entreprises viticoles et les organisations de recherche sont variables selon les régions et ne semblent pas avoir deffets économiques évidents (Touzard, 2010). Ainsi, les vignobles bordelais et languedocien, qui pourraient bénéficier de la proximité géographique de centres de recherche importants, ont connu une situation économique difficile entre 2000 et 2011, avec une diminution de surface et de chiffre daffaires (FranceAgrimer, 2014).

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Ces premières observations interrogent le rôle de la proximité géographique entre entreprises viticoles et organisations de recherche dans le développement dinnovations capables de favoriser la compétitivité de chaque vignoble. Cette question peut être étudiée à partir de la notion de système dinnovation (SI) qui vise à saisir « les combinaisons dacteurs, dorganisations et dinstitutions favorisant linnovation dans un espace donné » (Lundvall, 2010). Nous proposons dans cet article une approche structurelle et institutionnelle des SI associés aux principaux vignobles régionaux français. Quelles sont les caractéristiques institutionnelles de ces SI ? Comment peuvent-elles jouer sur la compétitivité de chaque vignoble ? Une analyse purement institutionnelle est-elle suffisante pour expliquer des liens entre recherche/innovation et compétitivité des vignobles ?

Pour répondre à ces questions nous combinerons i) une analyse des dynamiques économiques des vignobles sur la période 2000-2014 à partir de données statistiques et ii) une caractérisation du dispositif institutionnel de recherche et dinnovation associé à chaque vignoble, à partir denquêtes, de sources administratives et dune étude bibliométrique.

Larticle est organisé de la manière suivante : dans une première partie nous revenons sur les travaux qui analysent le rôle économique des dispositifs institutionnels régionaux dédiés à la recherche et linnovation, en nous focalisant sur les approches en termes de SI ; nous préciserons ensuite la méthode utilisée pour analyser la compétitivité des vignobles français et les institutions de recherche, denseignement et de développement qui y sont présentes. Nos résultats sont ensuite exposés en montrant comment les caractéristiques des institutions peuvent être liées, ou non, aux évolutions économiques des vignobles. Nous discutons enfin ces résultats en suggérant lintérêt de compléter lanalyse institutionnelle par une analyse des réseaux sociaux.

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1. Une approche
par les systèmes dinnovation

1.1. La recherche et linnovation
source davantage compétitif des régions

À la suite des travaux précurseurs de Schumpeter, les recherches sur linnovation se sont multipliées en économie et sciences de gestion, en la présentant comme une source majeure de croissance ou davantages compétitifs pour les firmes, les nations ou les régions (Porter, 1998). Linnovation permet en effet daccroître la productivité des entreprises, de réduire leurs coûts de production ou daméliorer la qualité des biens ou services produits. Si les liens entre innovation et compétitivité semblent établis, lenjeu est alors danalyser les conditions favorables à linnovation, en particulier celles qui se construisent à une échelle locale : environnement institutionnel ; densité et formes des réseaux dacteurs ; connaissances, compétences et culture ; politique locale incitative ; investissements dans les infrastructures et les biens publics locaux… Parmi ces conditions, la localisation dorganisations denseignement et de recherche est mise en avant du fait de leur rôle particulier dans la construction et diffusion de connaissances nouvelles, pouvant générer des innovations.

Des travaux empiriques montrent en effet que la présence dune masse critique duniversités, dinstitutions de recherche et de développement dans une région peut améliorer la position des entreprises dans la compétition économique internationale. On peut citer les travaux sur la Silicon Valley (Saxenian, 1996), les districts italiens (Becattini, 2004) ou de nombreux clusters dans les pays industrialisés ou émergents (Uzunidis, 2010). La proximité géographique entre centres de recherche, universités et entreprises apparaît favorable à la construction de relations formelles de coopération et de projets, mais aussi dexternalités positives, par exemple sur le développement des compétences des travailleurs ou laccès à des technologies (Grosseti, 2008). Ces relations « université, recherche, entreprises » font lobjet danalyses spécifiques et de propositions normatives, à limage du modèle de la « triple hélice » (Etzkowitz and Leydesdorff, 2000) utilisé comme référence en France pour les pôles de compétitivité.

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Toutefois, lévaluation de limpact de la recherche locale sur la compétitivité dun cluster ou dune région rencontre des problèmes méthodologiques importants (Barge-Gil and Modrego, 2011). Citons entre autre :

les difficultés dattribution à la recherche des gains de compétitivité obtenus par le cluster, du fait de limbrication de multiples facteurs concourant à linnovation et aux performances des entreprises ;

la temporalité de limpact de la recherche sur lamélioration de la compétitivité observée, amenant à comparer des données sur des périodes différentes ;

des problèmes de disponibilité des données spécifiques et fiables sur une période assez longue ;

la difficulté dévaluer les externalités positives (par exemple sur les compétences) des organismes de recherche ;

le manque de contrefactuels, situations de référence pour pouvoir établir des comparaisons.

Ces questions méthodologiques sont un enjeu des travaux sur les clusters et de ceux qui mobilisent la notion de système dinnovation à une échelle régionale.

1.2. Analyser linfrastructure institutionnelle
des systèmes dinnovation

Lapproche par les SI propose de saisir linfluence conjointe des acteurs, institutions, réseaux et dynamiques de connaissance sur linnovation. Lapproche structurelle et institutionnelle dun SI va se centrer sur les éléments qui le composent, sur leurs fonctions, leur agencement.

Les éléments des SI identifiés à une échelle nationale par Lundvall (2010) sont les entreprises, les liens inter-entreprises, les services publics ou financiers, les universités et instituts de R&D, et plus largement « the set of institutionswhose interactions determine the innovative performance ». Les travaux sur les systèmes régionaux dinnovation se limitent souvent aux universités et centres de recherche, aux organismes qui produisent, facilitent et diffusent les innovations au niveau régional, aux services publics et aux institutions financières qui les soutiennent (Cooke et al., 731997). À léchelle sectorielle, Malerba (2002) prend davantage en compte les entreprises elles-mêmes, leurs réseaux, le marché du travail et leur « base de connaissance ». Les études sur les systèmes dinnovation technologiques (TIS) mettent en évidence autour de lémergence dune technologie, les entreprises concernées, les universités, les centres de recherche et les agences de régulation publique (Carlsson et al., 2002).

Ces travaux se réfèrent tous à des institutions, sans être toutefois toujours clairs sur leurs définitions (Touzard et al., 2014). Dune manière générale, les institutions peuvent être assimilées à des règles, des normes, des organisations, des règlementations qui facilitent ou accompagnent le processus dinnovation. Lundvall (2010) invite aussi à prendre en compte les paradigmes technologiques qui conditionnent lémergence des innovations. Nelson va jusquà traiter les cadres cognitifs comme des institutions qui influencent le processus dinnovation (Nelson and Sampat, 2001). Les travaux sur les TIS retiennent la notion dinfrastructure institutionnelle qui « supporte, stimule ou régule le processus dinnovation et de diffusion de technologies » (Carlsson and Stankiewicz, 1991). Linfrastructure institutionnelle peut avoir des dimensions normatives (production de normes), cognitives (production de connaissances et apprentissage) et régulatrice (production de règles). Elle est associée à un espace social qui peut être territorial et permet disoler et danalyser les activités de R&D dans un cluster, puis de les comparer entre régions, selon leur poids (en emplois, par exemple) et leur agencement, cest-à-dire les combinaisons dorganisations qui les portent. Nous utiliserons cette notion pour analyser les SI de la vigne et du vin dans différentes régions, en testant deux hypothèses :

H1 : La proximité géographique dinstitutions de recherche et denseignement avec les entreprises nest pas une condition suffisante pour améliorer la compétitivité dun cluster.

H2 : Lagencement de linfrastructure institutionnelle dédiée à la recherche et linnovation est un facteur clé qui explique la performance dun cluster.

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2. Matériel et méthode

2.1. Choix du terrain détude :
les vignobles français

En France, lactivité viti-vinicole sorganise autour de vignobles régionaux, généralement constitués de petites aires spécialisées et contiguës, se reconnaissant autour dun nom et dune histoire commune et coordonnées par des organisations interprofessionnelles régionales. Nous avons retenu les 7 vignobles les plus importants au plan économique, reconstitués à partir de 30 départements (FranceAgrimer, 2014) : Languedoc-Roussillon, Bordeaux, Vallée-de-la-Loire (Pays de Loire et Centre), Vallée-du-Rhône (Rhône-Alpes et Vaucluse), Champagne, Bourgogne et Alsace.

2.2. Étude des dynamiques économiques

Lévolution de la compétitivité de ces vignobles a été décrite pour la période 2000-2014 à partir i) de la part de la production (en valeur) de chaque vignoble dans la production globale des vins français, ii) de sa productivité moyenne en valeur par hectare et iii) de la valeur moyenne par hectolitre.

Les données économiques proviennent des comptes départementaux de lagriculture élaborés par le Ministère de lagriculture (DISAR1). Les données structurelles (surface, rendement, volume) ont été fournies par FranceAgrimer, à partir des déclarations de récolte dans chaque département.

Les données régionales sont obtenues par agrégation de données départementales, et peuvent différer des données des interprofessions dont laire de gestion ne correspond pas toujours aux contours des départements. Cest le cas pour le Gard dont une partie du vignoble est associée à linterprofession des Côtes du Rhône, mais que nous avons maintenu dans le vignoble de la région Languedoc-Roussillon.

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2.3. Analyse de linfrastructure institutionnelle

Linfrastructure institutionnelle des SI des vignobles régionaux a été décrite à partir dun repérage des institutions qui peuvent influencer linnovation dans le secteur, depuis la recherche et lenseignement jusquau conseil, en passant par lexpérimentation ou le financement. Nous nous sommes concentrés sur les institutions de R&D et denseignement, en les analysant selon 3 critères :

1. La présence des institutions dans chaque région a été caractérisée à partir de sources administratives et denquêtes auprès de chercheurs et responsables dorganisations viticoles. Les composantes des institutions de R&D ont été précisées à léchelle de leurs entités fonctionnelles : unités de recherche, services techniques, pôles ou départements. Les établissements denseignement ont été recensés en fonction de lexistence de formations dédiées à la viticulture ou lœnologie.

2. Les moyens consacrés à la vigne ou au vin ont été recensés pour les organisations de R&D des 7 régions à partir denquêtes auprès des responsables de chaque entité fonctionnelle, puis évalués en ETP (équivalent temps plein). Des informations sur les budgets de R&D ont été recueillies pour les interprofessions viticoles.

3. La production scientifique des laboratoires de recherche a été analysée à partir dune étude bibliométrique sur leurs publications vigne et vin. Nous avons complété létude réalisée par lInra sur la période 1999-2008 (Tatry et al., 2010) par celle des publications de 2008 à 2014. Létude sur les bases WOS2 localise les publications dans chaque région en fonction de ladresse des auteurs. Une publication peut donc avoir plusieurs localisations, lanalyse se faisant sur un ensemble de « références géographiques ». Ces références ont été classées selon les thèmes des publications, à partir des mots clés.

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3. Résultats

3.1. Dynamiques économiques des vignobles

Les vignobles français présentent des caractéristiques différentes au regard de leurs tailles, volumes et valeurs de production, ou des valorisations moyennes du vin par hectare ou hectolitre (fig. 1). Le Languedoc-Roussillon se distingue par limportance de sa surface et de son volume de production, mais aussi par sa faible valorisation du vin. À linverse, la Champagne bénéficie de la plus forte valorisation par hectolitre sur une surface modeste (31 000 ha), constituant de loin le premier vignoble français en valeur (près de 3 milliards deuros à la production). Les vignobles dAlsace et de Bourgogne, de surface également modeste, ont des productivités élevées en valeur à lhectare. La Vallée-de-la-Loire et la Vallée-du-Rhône ont des caractéristiques proches avec des niveaux de valorisation plus faibles que les précédents. Enfin Bordeaux, deuxième vignoble français en surface, volume et valeur, offre en moyenne une valorisation modeste, bien en dessous des niveaux de prix de ses grands crus.

Vignoble

superficie
milliers ha

production
milliers d
hl

valeur
millions €

valeur
K€/ha

valeur
K€/Hl

Languedoc-R.

223,4

14 726

1 355,39

6,07

92

Bordeaux

115,2

6 188

1 519,73

13,19

246

Vallée Rhône

91,6

2 558

786,33

8,58

175

Val de Loire

56,5

3 159

662,09

11,72

210

Champagne

31,5

2 876

2 964,38

94,11

1031

Bourgogne

30,8

1 772

1 089,59

35,38

615

Alsace

15,1

1 182

552,38

36,58

467

Fig. 1 – Caractéristiques économiques des principaux vignobles régionaux en 2011-2012. Sources : Agreste et FranceAgrimer.

Lévolution de la part de chaque région dans la valeur de la production française de vin est un premier indicateur de compétitivité (fig. 2). 77Pour la Champagne, elle a considérablement augmenté entre 2000 et 2007 (de 22 % à plus de 30 %) pour se maintenir ensuite autour de 27 %. Bordeaux, qui était proche de la Champagne en 2000, a au contraire décliné pour atteindre 15 % en 2011 et revenir autour de 18 %. Le Languedoc dont la part a diminué jusquen 2007 a dépassé depuis 2011 sa position initiale. La Bourgogne a progressivement accru sa part (aujourdhui 12,5 %) ; la Vallée du Rhône a vu sa part diminuer puis croître, sans retrouver son niveau initial ; la Vallée-de-la-Loire et lAlsace ont sensiblement décliné sur la période.

Fig. 2 – Évolution de la part de la valeur de la production du vignoble.
Source : Données Agreste, graphe Boyer (2015).

Lévolution de la valeur moyenne de la production par hectare (fig. 3) et lévolution par hectolitre (fig. 4) confirment la première position du vignoble de Champagne. Le vignoble bourguignon, en deuxième place, enregistre une forte progression, alors que lAlsace, en troisième position, est stable. À un niveau de valorisation plus faible, la Vallée-de-la-Loire, la Vallée-du-Rhône et Bordeaux ont des évolutions proches, avec une revalorisation sensible pour le dernier depuis 2011. Le Languedoc-Roussillon reste le vignoble qui valorise le moins bien son vin, mais ses valeurs sont en progression.

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Fig. 3 – Évolution de la productivité en valeur à lhectare
(milliers deuros/ha). Source : Données agreste, graphe Boyer (2013).

Fig. 4 – Évolution de la valeur moyenne du vin en euros par hectolitre.
Source : Données agreste, graphe Boyer, 2015.

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Le croisement de ces critères (fig. 5) fournit une indication des évolutions de compétitivité des vignobles, avec des situations opposées entre dune part la Champagne et la Bourgogne (très favorable) et Bordeaux (défavorable), et des évolutions intermédiaires contrastées comme le Languedoc-Roussillon (plutôt favorable mais à des niveaux faible de valorisation) ou lAlsace (défavorable mais à des niveaux élevés de valorisation).

Niveau/
évolution
part production

Niveau/
évolution
valeur/ha

Niveau/
évolution
valeur/hl

Niveau/
évolution
compétitivité

Champagne

1 ++

1 ++

1 ++

1 +++

Bourgogne

4 +

2 +

2 ++

2 ++

Languedoc-Roussillon

3 +

7 +

7 +

7 +

Vallée-de-la-Loire

6 -

5 +

5 =+

5 =

Vallée-du-Rhône

5 =

6 =

6 =+

6 =

Alsace

7 -

3 =

3 +

3 -

Bordeaux

2 -

4 =

4 +

4 -

Fig. 5 – Évaluation synthétique de lévolution de la compétitivité
des vignobles régionaux.

3.2. Infrastructure institutionnelle
des SI des vignobles français

Lanalyse institutionnelle sappuie dabord sur un repérage des organisations pouvant jouer sur linnovation dans chaque vignoble (fig. 6, annexe). Une première observation est que les SI de ces vignobles partagent une même infrastructure institutionnelle :

des centres de recherche (Inra, CNRS, IRSTEA), auxquels sont rattachés des unités mixtes de recherche (UMR), des unités de recherche (UR) ou expérimentales (UE), ont pour objectif principal la production de connaissances scientifiques ;

des institutions denseignement supérieur (université, école dingénieur ou de commerce) et secondaire (lycée agricole) proposent dans chaque région des formations liées à la viticulture ;

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des organisations dexpérimentation et de conseil sont représentées dans chaque région par des pôles de lIFV (Institut français de la vigne et du vin) qui conduit des études techniques pour la filière, et par des chambres dagriculture (départementales et régionales) dont des services sont en contact direct avec les viticulteurs ;

des interprofessions viticoles regroupent dans chaque région producteurs et négociants pour assurer la promotion, la défense et la gestion dun vignoble. Elles peuvent développer des activités de R&D sur les enjeux de chaque vignoble. Des syndicats et organismes de gestion (ODG) de chaque appellation assurent parfois ces fonctions ;

des services de lÉtat (DRAAF, DDTM, FranceAgrimer) ou de collectivités locales (région, département, intercommunalité) mettent en œuvre les politiques publiques viticoles, incitant ou limitant les innovations, mais peuvent aussi proposer des services spécifiques (observatoire, formation, concertation…) ;

des structures locales ou régionales de transfert (pôles de compétitivité) soutiennent des entreprises porteuses dinnovation pour la filière vin (startup, notamment) ;

des institutions de financement, publiques ou privées, interviennent à différents stades de linnovation, depuis des projets de recherche, jusquau soutien à linvestissement innovant dans les entreprises ;

enfin, des institutions médiatiques (presse spécialisée, salon, événements) jouent dans chaque région des rôles importants dans la diffusion dinformations sur linnovation.

Cette infrastructure institutionnelle peut être représentée par un schéma générique (fig. 7, annexe).

3.3. Évaluation du poids de la R&D viticole
dans chaque région

Lanalyse quantitative des activités de R&D dédiées au secteur viti-vinicole révèle une concentration des institutions de recherche et denseignement en Languedoc-Roussillon et Bordeaux. Ces deux régions comptent plus de deux tiers des unités de recherche qui interviennent 81dans le domaine de la vigne et du vin, les centres Inra les plus importants, des installations stratégiques pour lIFV.

Les moyens humains dédiés à la R&D dans chaque région ont été évalués en ETP (fig. 8). Les résultats confirment la prédominance des régions Languedoc-Roussillon (322 ETP) et Bordeaux (275 ETP) qui totalisent deux tiers des ETP de la R&D vitivinicole des régions étudiées, avec un poids important des UMR (64 % et 68 %). Champagne, Alsace et Bourgogne disposent dune centaine dETP, contre près de 50 en Vallée-de-la-Loire et Vallée-du-Rhône. Parmi ces 5 vignobles, lAlsace est marquée par les ETP de chercheurs (poids du centre Inra de Colmar).

Fig. 8 – ETP en R&D mobilisés par vignoble.
Source : Enquêtes J. Boyer (2013).

Les formations supérieures en viticulture-œnologie (Masters, licences, DNO, BTS) des universités et grandes écoles (fig. 9) renforcent limportance du Languedoc-Roussillon (16) et surtout de Bordeaux (27).

Lanalyse bibliométrique des publications scientifiques sur la vigne et le vin confirme limportance des régions Languedoc-Roussillon (30 % sur 1999-2008, 26 % sur 2008-2014) et Bordeaux (30 % puis 32 %) pour toutes les thématiques. Les cinq autres régions se situent entre 7 % et 10 % des publications (fig. 10, annexe). Chaque région présente des « spécialisations thématiques » : œnologie pour Bordeaux, mais aussi 82Bourgogne ; mode de conduite et irrigation pour Languedoc-Roussillon et Vallée du Rhône ; gestion des terroirs pour Val de Loire ; maladies et génétique pour lAlsace.

Fig. 9 – Nombre de formations dédiées vigne et vins, par vignoble.
Source : Enquêtes J. Boyer (2013).

3.4. Intensités en R&D
et implication des interprofessions

Comparer de manière absolue le dispositif de recherche du vignoble languedocien (plus de 220 000 ha) avec celui dAlsace (15 600 ha) introduit un biais de taille. Une analyse en termes dintensité de R&D, rapportant les indicateurs quantitatifs à la surface et au volume de chaque vignoble, permet de corriger ce biais (fig. 11 et 12). Les résultats opposent alors des vignobles à fortes intensité de R&D (Alsace, Champagne, Bourgogne et, dans une moindre mesure, Bordeaux), avec des vignobles à faible intensité de R&D : Languedoc-Roussillon, Vallée-de-la-Loire et Vallée-du-Rhône. Ces résultats suggèrent une correspondance entre lintensité de R&D et la valeur moyenne du vin par hectolitre, mais beaucoup moins nette avec lévolution de la compétitivité, du fait de la situation particulière de lAlsace marquée par le poids du centre Inra de Colmar alors que sa compétitivité a plutôt diminué.

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Fig. 11 – ETP mobilisés dans la recherche pour mille hectares,
par vignoble. Source : Enquêtes J. Boyer (2013).

Fig. 12 – ETP mobilisés dans la recherche pour un million dhectolitres, par vignoble. Source : Enquêtes J. Boyer (2016).

Lévaluation de limplication des interprofessions dans la recherche et linnovation fournit des informations complémentaires (fig. 13, annexe). Les ETP et budgets R&D des interprofessions (2013) révèlent la situation 84particulière de la Champagne où le CIVC est lacteur essentiel de la R&D, avec plus de 40 ETP et 5 millions deuros dinvestissement, soit plus de 150 € par hectare et 1,6 € par hectolitre. En Bourgogne, le BIVB consacre moins dETP à la R&D mais en est un financeur important, avec un niveau proche de la champagne par hectolitre (1,2 €). À lopposé, les interprofessions du Languedoc-Roussillon simpliquent peu dans la recherche et linnovation. Celles de la Vallée-du-Rhône, de la Vallée-de-la-Loire et dAlsace sont dans des situations intermédiaires avec des investissements de 15-20 € par hectare. À Bordeaux, le CIVB participe à, et finance, lexpérimentation, mais les valeurs sont finalement modestes ramenées à limportance du vignoble en surface et volume. Les ETP ou investissements des interprofessions par hectolitre montrent une bonne correspondance avec le classement des régions selon leur compétitivité ou leur prix moyen (fig. 14).

Fig. 14 – Relation entre valorisation du vin et intensité
de R&D globale et de R&D des interprofessions.
Source : Enquêtes J. Boyer (2013).

85

4. Discussion

4.1. Un nouveau « French Paradox » ?

Les vignobles français présentent des dynamiques économiques différentes, opposant le dynamisme du Champagne et lérosion de la position de Bordeaux ou la faible valorisation du Languedoc, tout en partageant des composantes institutionnelles. Cette convergence institutionnelle peut être vue comme le résultat dune même histoire politique et économique nationale imprimant une régulation sectorielle viticole (Bartoli et Boulet, 1989), complétée plus récemment par une décentralisation « cadrée par lÉtat » des politiques dinnovation et de développement (Berriet-Solliec, 1999). Toutefois, des différences dans ces infrastructures institutionnelles sont mises en évidence, dans le poids absolu ou relatif des organisations et dans leur agencement, pouvant expliquer ou non les différences de compétitivité observées.

En premier lieu, le poids des institutions de recherche et dinnovation, saisi par plusieurs indicateurs (ETP, unités de recherche, formations, publications) ne correspond pas au classement établi sur les compétitivités des vignobles, pouvant confirmer ce qui a été qualifié de « new French Paradox » de la viticulture française (Touzard, 2010). Les vignobles qui ont les infrastructures institutionnelles les plus importantes (Languedoc et Bordeaux) sont parmi ceux qui ont connu des difficultés économiques, même si les évolutions récentes sont plus positives. Ce résultat relativiserait les conclusions de travaux sur les externalités locales de connaissances (Feldman, 1999), les rendements croissants de connaissance induits par la recherche (Foray, 2000) ou limportance de ces activités comme indicateur de performance (Jaffe, 1989). La polarisation bordelaise et languedocienne de la recherche scientifique française sur la vigne et le vin aurait finalement peu dexternalités positives locales. En première analyse, notre travail confirmerait donc lhypothèse que la présence dans une région dun dispositif important de recherche dédiée à un secteur ne garantit pas la compétitivité de cette région pour ce secteur (Hypothèse 1 vérifiée). Ce premier point ouvre alors la discussion sur dautres facteurs explicatifs, que nos résultats permettent de montrer ou suggérer : intensité et ciblage de la R&D ; agencement du SI et 86fonctions de ses composantes ; influence dautres variables structurelles, cognitives ou relationnelles du SI.

4.2. Effets contrastés de lintensité
et de la spécialisation de la R&D

Lanalyse des ETP de R&D par hectolitre ou par hectare permet déliminer leffet de taille et montre une meilleure correspondance avec les positions économiques des vignobles, même si les vignobles bordelais et alsaciens restent dans des situations « paradoxales » (intensité élevée de R&D pour une baisse de compétitivité). La R&D serait bien un facteur de compétitivité dun vignoble et surtout de valorisation de ses vins.

La spécialisation thématique des recherches dans chaque région napparaît pas liée à la compétitivité de chaque vignoble. La spécialisation en œnologie ou génétique concerne des vignobles aux niveaux de compétitivité différents (Bourgogne et Bordeaux, Alsace et Languedoc-Roussillon) ; la Champagne, en première position de compétitivité, ne présente pas de spécialisation particulière ; les recherches en économie et gestion sont distribuées entre tous les vignobles, ce qui ne permet pas de tester leur influence. On peut suggérer que les spécialisations thématiques ne prennent en compte que partiellement des problématiques régionales (irrigation en Languedoc-Roussillon, maladies pour les vignobles septentrionaux), mais sont par contre influencées par des arbitrages nationaux, en particulier lInra (par exemple, spécialisation génétique sur Colmar).

Lanalyse des investissements de R&D des interprofessions viticoles montre un effet positif sur les dynamiques économiques des vignobles, plus marqué que lintensité de R&D globale. Une interprofession représente les entreprises (production et négoce) avec des missions premières de défense, négociation, promotion des vins dune région. Lorsquelle simplique dans la R&D, avec des budgets et salariés dédiés, elle contribue à lefficacité du SI et à la compétitivité de son vignoble régional. On retrouve ici un résultat de travaux sur les SI : la performance dun SI repose sur lexistence dacteurs ou dorganisations capables dassurer la pertinence, lajustement et la diffusion des connaissances scientifiques et techniques pour les utilisateurs finaux, mais aussi de structurer leur « demande de recherche et dinnovation ».

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4.3. Rôle de linterprofession et agencement du SI

Analyser limplication et les fonctions des interprofessions viticoles ouvre la question de lagencement des infrastructures institutionnelles des SI des vignobles, avec deux modèles extrêmes : Languedoc-Roussillon et Champagne.

En Languedoc-Roussillon, linfrastructure institutionnelle est importante, avec un poids fort de la recherche publique mais des liens vers les entreprises qui apparaissent faibles et éclatés entre de multiples acteurs, peu coordonnés. Quatre interprofessions (six, si lon prend en compte les vins doux naturels et les vins bio), simpliquant peu dans la R&D, renforcent cet éclatement et ne jouent pas le rôle de mise en cohérence entre les objectifs des chercheurs et les problèmes ou attentes des viticulteurs. Ce décalage est observable à travers la faible prise en compte de questions régionales dans la recherche publique en région (Tatry et al., 2010) et une difficulté des entreprises, essentiellement PME et TPE sans service R&D, à faire émerger des questions concrètes.

En Champagne, linfrastructure institutionnelle du SI sorganise autour dune interprofession, le CIVC, très impliquée dans la R&D avec des salariés et investissements dédiés. Elle construit des liens forts, dune part avec des organismes de recherche en région mais aussi nationaux et internationaux et, dautre part, avec les entreprises et domaines vitivinicoles. Le CIVC coordonne environ 7 réseaux formels de R&D, sur différents domaines daction et dinnovation concernant le Champagne, avec des résultats rapidement transférés aux entreprises (Panigai et al., 2014).

Lanalyse de lagencement dun SI permet donc de comprendre le rôle de la recherche dans la compétitivité dun vignoble et montre son influence (Hypothèse 2 vérifiée) mais doit être spécifiée. La compétitivité dun vignoble dépend dune gouvernance régionale de la R&D, contrôlée par les entreprises (à travers une organisation de type interprofession), capable de définir des besoins de recherche et de construire des collaborations et des réseaux de connaissances pertinents, mais pas forcément en région.

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4.4. Compléter lanalyse structurelle
et institutionnelle dun SI

Lanalyse de linfrastructure institutionnelle dun SI peut être vue comme une première étape indiquant des facteurs pouvant jouer sur la compétitivité des vignobles. Des facteurs institutionnels complémentaires au rôle de linterprofession pourraient être ainsi précisés : les dispositifs de coordination mis en place par les acteurs de la recherche (ISVV à Bordeaux, pôle vigne et vin à Montpellier…) ou les politiques régionales dinnovation (État, Europe et région) orientant et finançant une part des investissements de R&D sont pointés, mais ils sont encore récents et font lobjet dévaluation critique (OCDE, 2014) ; la structure des vins et de leurs signes de qualité (diversité, hiérarchisation, marques) et surtout leurs réputations constituées jouent sur les valorisations et capacités de financement de R&D ; les structures mêmes des entreprises viti-vinicoles varient dune région à lautre (domaines, coopératives, négoce régional) et offrent des conditions différentes pour linnovation…

Mais lexemple champenois suggère surtout combien la nature des liens et la capacité des acteurs à construire des réseaux entre entreprises, enseignement supérieur et recherche importent pour la compétitivité du vignoble. Il convient alors de développer une analyse plus précise des réseaux en tenant compte du type de lien (demande de conseil, partenariat formel, amitié entre acteurs…), de leur densité et de leur structure, prolongeant des approches déjà engagées pour étudier linnovation dans des clusters viticoles (Chiffoleau et Touzard, 2014). Cette dimension relationnelle peut être vue soit comme une composante des SI, soit comme une méthode complémentaire à lapproche institutionnelle, révélant les interdépendances entre institutions ou stratégies qui comptent pour linnovation.

Conclusion

Lanalyse de linfrastructure institutionnelle des SI des vignobles français fournit des résultats qui permettent dexpliquer, au moins partiellement, leur différences de compétitivité. La seule présence importante 89dorganisations de R&D dans une région viticole ne garantit pas des externalités positives pour ses entreprises. Cest lintensité de R&D et surtout limplication directe de lorganisation interprofessionnelle qui importent. Plus un vignoble régional possède une intensité forte de R&D (salariés et budget dédiés par hectolitre) et contrôlée par une organisation interprofessionnelle (unique)… plus il est compétitif. Le sens de la détermination nest toutefois pas établi et cest potentiellement un cercle vertueux quil faut considérer autour de linnovation viti-vinicole, à limage de lexemple champenois. Lagencement des institutions au sein dun SI nest pas neutre et constitue un facteur clé de linnovation au même titre que lampleur des investissements réalisés.

Lapprofondissement de lanalyse des SI des vignobles français suppose alors de développer une étude complémentaire des interactions entre ses acteurs. Au-delà du repérage des éléments du SI, de leurs fonctions et de leur agencement, cest la nature, lintensité et la structure des liens entre les acteurs professionnels et les acteurs de la recherche et de lenseignement qui est indispensable pour comprendre la performance des vignobles.

90

ANNEXE

Région

Languedoc

Bordeaux

Val. Rhône

Val de Loire

Bourgogne

Champagne

Alsace

Centre de recherche publique

Inra Montpellier.

Cirad, CNRS,

IRSTEA

Inra Bordeaux

CNRS

Inra Avignon

Inra Angers
CNRS

Inra Dijon

CNRS

CNRS Reims

Inra Colmar

Recherche appliqué et développement

Siege IFV,

Pole m. végétal

Sites Nîmes et Pech-Rouge

Site IFV Bordeaux

Sites IFV Orange et Vidauban

Sites IFV Nantes, Angers, Tours

Site IFV Beaune

Pole IFV development durable

Site IFV Alsace

Comité Interprofession

CIVL, CIVR

InterOc, (InterRhône)

CIVB

Inter Rhône

InterLoire

BIVB

CIVC

CIVA

Chambres d agriculture

4

1

5

5

3

2

1

École

d agronomie

Montpellier

SupAgro

Bordeaux Sciences Agro

ISARA et Suze

ESA Angers

AgroSup Dijon

Université,

Business S

U Montpellier,

UPVD, MBS

U Bordeaux

BEM

U. du vin,

IUT Valence

U.Angers, Tours, Nantes, ESSCA

IUVV

ESC Dijon

U. Reims

Neoma

UDS

UHA

Structures de coordination recherche enseignement

IHEV

Pôle vigne et vin

ISVV

Vinopôle Bordeaux-Aquitaine

Institut rhodanien

Conseil techn. de bassin

UMT Vinitera

CRECEP

Chaire Unesco

IUVV

ITV

Biopole de Colmar

91

Pôle de

Compétitivité

ou d innovation

Qualimed

InnoVin
Agri sud ouest innovation

Terralia

PRI M. Belay

Vinopole centre VdeL

Vitagora

EuropolAgro de Carinna

Alsace Vitae

CIVA

INAO

Unité

Languedoc Roussillon

Unité

Sud-ouest, Bordeaux

Unité

Sud-Est

Unité

Val-De-Loire

Unité

Centre-Est

Site Dijon

Unité :

Nord-Est, Épernay

Unité :

Nord-Est, Colmar

Service France Agrimer

Pole Languedoc-Roussillon

Pole Aquitaine

Pole Rhône-Alpes

Poles centre et

Pays de Loire

Pole Bourgogne

Pole Champagne

Pole Alsace

Presses / magazines techniques

La journée

vinicole

Paysan du midi

Amateur bord.

Lettres de Chateaux

UGVB

Guide viticulture et œnologie de la Vallée du Rhône

Le Vigneron Val de Loire

Vin de Loire magazine

Bourgogne auj.

Guide des vins de Bourgogne

Bourgogne Vins

Le Vigneron Champenois

Champagne viticole

Revue des vins dalsace

LEst agricole et Viticole

Salon, événements

SITEVI Millésimes bio

Vinisud

Sud de France

Vinexpo

Vignerons indépendants Bordeaux

Rencontres Rhodaniennes

Découvertes vins Rhône

Salon des Vins

de Loire

Les Grands Jours de Bourgogne

Vineales

Hospices de B.

Terres et Vins

de Champagne

Foire aux vins dAlsace

Vins et saveurs des terroirs

Fig. 6 –Repérage des institutions de R&D et denseignement dédiées à la vigne et au vin.
Source : J. Boyer (2013).

92

Fig. 7 – Diagramme de linfrastructure institutionnelle
des vignobles français. Source : enquêtes Boyer 2013,
schéma inspiré de Spielman and Birner (2008).

93

Thèmes

tous thèmes

non déterminé

œnologie

maladies vigne

matériel végétal

conduite vignoble

économie conso.

plantation localisation

irrigation

Régions

nb

%

nb

%

nb

%

nb

%

nb

%

nb

%

nb

%

nb

%

nb

%

Bordeaux

535

31

42

8

338

63

136

25

112

21

85

16

59

11

27

5

23

4

Languedoc

443

26

44

10

211

48

67

15

113

26

114

26

43

10

45

10

59

13

Alsace

176

10

40

23

55

31

94

53

50

28

22

13

10

6

3

2

0

0

Bourgogne

164

9,5

24

15

94

57

41

25

16

10

20

12

20

12

8

5

4

2

Champagne

133

8

16

12

70

53

41

31

17

13

19

14

11

8

3

2

1

1

Val-Rhône

126

7

23

18

54

43

36

29

14

11

34

27

17

13

4

3

9

7

Val-Loire

114

7

24

21

62

54

9

8

12

11

25

22

12

11

15

13

6

5

Autres

565

33

107

19

289

51

127

22

78

14

96

17

56

10

31

5

21

4

Fig. 10 – Répartition géographique et thématique des publications 2008-2014.

94

Vignoble

Interpro

ETP

Invest R&D

(K€)

ETP/ 1000 ha

Invest R&D

€/ha

ETP/ 10 6 Hl

Invest R&D €/ Hl

Coordination
R&D région

Champagne

CIVC

43

4700

1,39

151,61

14,95

1,63

++++

Bourgogne

BIVB

8.5

2200

0,28

72,13

4,80

1,24

++++

Alsace

CIVA

2.5

350

0,17

23,33

2,11

0,30

+++

Vallée Rhone

Inter Rhone

6

1500

0,06

16,48

2,35

0,59

+++

Vallée-Loire

Inter Loire

3

800

0,05

14,28

0,95

0,25

++++

Bordeaux

CIVB

5

1200

0,04

10,43

0,81

0,19

+++

Languedoc-Roussillon

CIVL

-

3

0,04

1,80

0,68

0,03

+

CIVR+Ca66

10

400

InterOc

-

0

Fig. 13 – Moyens humains et financiers des interprofessions pour la R&D, 2013.
Source : Enquêtes J. Boyer (2013).

95

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1 Diffusion interactive des statistiques agricoles de référence.

2 Web of Science (WoS) géré par lInstitute for Scientific Information, qui recense plus de 10 000 revues.