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Classiques Garnier

Conditions de succès d’une dynamique collective : le cas de la filière du liège en France

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Systèmes alimentaires / Food Systems
    2016, n° 1
    . varia
  • Auteurs : Dari (Laetitia), Paché (Gilles)
  • Résumé : L’article examine l’importance que peuvent prendre des acteurs tiers dans la relance d’une filière en impulsant une dynamique collective entre entreprises. Le travail conduit s’appuie sur l’étude de la filière du liège en France, menacée par l’entrée de nouveaux opérateurs étrangers. Il ressort de l’investigation de terrain que si un acteur tiers peut efficacement contribuer à la relance d’une filière, son action reste ancrée dans un territoire.
  • Pages : 43 à 67
  • Revue : Systèmes alimentaires
  • Thème CLIL : 3306 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Économie de la mondialisation et du développement
  • EAN : 9782406068631
  • ISBN : 978-2-406-06863-1
  • ISSN : 2555-0411
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06863-1.p.0043
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 25/05/2017
  • Périodicité : Annuelle
  • Langue : Français
  • Mots-clés : Analyse de filière, action collective, interprofession, industrie de l’emballage
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Conditions de succès
dune dynamique collective :
le cas de la filière du liège en France

Laetitia Dari

Gilles Paché

CRET-LOG,
Aix-Marseille Université

Introduction

Le liège constitue une matière première ayant de nombreux débouchés, notamment pour différentes industries agroalimentaires. Or, force est dadmettre que la plupart des surfaces des suberaies, cest-à-dire des forêts de chêne-liège, sont largement sous-exploitées depuis une trentaine dannées (Piazzetta, 2005 et 2013). Si, à la fin du xixe siècle, les activités économiques autour du liège étaient florissantes, lindustrie du liège en France nexiste aujourdhui quasiment plus. La majorité des entreprises sapparentent à des négociants et intermédiaires qui ne transforment pas la matière première, mais la font transiter depuis le Portugal ou la Sardaigne. Ce désintérêt a entraîné une perte de savoir-faire, notamment dans la récolte du liège, qui nécessite une forte expérience pour éviter dabîmer larbre, et plus généralement dans la subericulture (gestion des suberaies). De plus, la concurrence de produits de substitution jugés plus rentables, tels que le plastique, a également favorisé un déclin accéléré. Pour autant, toutes les bouteilles de vin, notamment des grands crus, ne sont pas bouchées avec du plastique…

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Quelques irréductibles poursuivent lactivité de production du liège en proposant des produits traditionnels ou en se diversifiant avec des produits innovants comme les composants en liège pour le secteur aérospatial. Dans un marché où la tendance à privilégier des produits naturels et écologiques est désormais significative, le liège se révèle une matière issue de lagriculture de premier choix : imperméable, léger, imputrescible, auto-extinguible. Les potentialités de relance existent par conséquent, à condition que les entreprises encore présentes comprennent lintérêt dune approche qui dépasse les égoïsmes individuels pour envisager collectivement un avenir plus radieux. La capacité des entreprises à penser une construction collective de leur environnement pour en saisir les opportunités constitue une nouvelle manière détudier les logiques concurrentielles en œuvre dans un écosystème ; elles sinscrivent plus largement dans une dynamique inter-organisationnelle faisant lobjet de travaux riches et foisonnants (Le Roy et Sanou, 2014). Différentes contributions soulignent ainsi combien une action collective peut être efficacement menée par un acteur jouant le rôle dintermédiaire entre les différents acteurs dune filière (Astley et Fombrun, 1983 ; Yami et Le Roy, 2006 ; Loubaresse, 2008). Lintégration dune entreprise au sein de laction collective nest néanmoins pas toujours évidente face à la volonté farouche de certains acteurs à poursuivre des objectifs individuels.

Cest la thématique quaborde le présent article, en référence à la filière du liège en France. Il sinterroge sur les raisons pouvant inciter ou freiner des entreprises à se fédérer autour dacteurs tiers qui impulsent une stratégie collective dans une perspective inter-organisationnelle. Lunité danalyse est la filière du liège, étudiée lors dune recherche conduite dans différents territoires français. La démarche se veut de nature compréhensive, à partir dun cadre robuste largement mobilisé par le passé dans la littérature : celui des stratégies collectives (Astley et Fombrun, 1983). La structure de larticle est la suivante. Dans un premier temps, nous exposons les principaux aspects théoriques liés aux stratégies collectives et aux éléments explicatifs de leur constitution. Dans un deuxième temps, nous précisons la méthodologie de recherche retenue avant de présenter et discuter, dans un troisième temps, les principaux résultats obtenus. Dans un quatrième et dernier temps, les apports, limites et perspectives sont évoqués, notamment à partir dun bouclage théorique1.

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1. Stratégies et dynamique collectives

Les relations inter-organisationnelles sapparentent à des relations sociales dans la mesure où elles se fondent sur des interactions entre acteurs dans une perspective de création collective de valeur. Selon le contexte dans lequel évoluent lesdits acteurs, les antécédents liés à leur relation, ou encore les enjeux économiques propres à lécosystème concerné, par exemple une filière, ces relations déchange seront plus ou moins coopératives (Le Roy et Sanou, 2014). Loin dune vision purement mécaniste selon laquelle nexiste aucune « force de frottement » entre agents économiques, les rapports entre entreprises échappent à un modèle uniforme et savèrent plus complexes quun simple schéma opposant le conflit à la coopération.

1.1. Stratégies collectives :
de quoi parle-t-on ?

Selon Astley et Fombrun (1983, p. 580), les stratégies collectives correspondent à une « réponse globale dun ensemble dorganisations qui collaborent pour absorber la variation issue de lenvironnement inter-organisationnel ». Autrement dit, il existe une « mobilisation commune de ressources et la formulation de laction au sein de collectivités dorganisations » (Yami et Le Roy, 2006, p. 28). Une telle démarche contribue à lémergence dun environnement social collectivement construit par les entreprises, leur permettant de faire face aux variations trop importantes de leur environnement. Astley et Fombrun (1983) distinguent différents types de stratégies collectives en retenant deux critères principaux : (1) le type de relations existant entre les entreprises, à savoir les stratégies « commensales » (entre entreprises concurrentes) et les stratégies « symbiotiques » (entre entreprises non concurrentes) ; (2) le caractère direct ou indirect des stratégies (avec ou sans contrat liant les partenaires). Au final, quatre types de stratégies collectives peuvent être identifiées, comme lindique la fig. 1.

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Types dassociation

Commensale

Symbiotique

Directe

Confédérée

Conjuguée

Indirecte

Agglomérée

Organique

Fig. 1 – Les quatre types de stratégies collectives.
Source : Adapté de Astley et Fombrun (1983).

Les stratégies confédérées se retrouvent dans des environnements où coexistent un petit nombre dentreprises ; il sagit généralement de fusions, dalliances ou encore de joint ventures. Les stratégies agglomérées se développent dans des milieux où lon observe un grand nombre dentreprises de petite taille ; il est alors possible didentifier des organismes centraux, tels que les syndicats ou les associations professionnelles, qui tentent de coordonner lécosystème (Geindre, 2005), mais sans aucun lien formel entre entreprises. Les stratégies conjuguées correspondent à un contrat direct pour mettre ensemble en place des activités industrielles ou commerciales, selon une logique de donneur dordres et de sous-traitant. Enfin, les stratégies organiques reposent sur des engagements mutuels pris par des entreprises appartenant à un réseau daffaires, les entreprises membres ayant développé des activités interdépendantes qui les obligent à coopérer pour créer de la valeur.

Dans chacune des quatre configurations, en faisant partie dun collectif, lentreprise prend la décision de partager différents types de ressources matérielles et immatérielles, et bénéficie davantages lui permettant notamment de réduire les incertitudes liées à son milieu. Le cas des vignerons du Pic Saint-Loup est particulièrement illustratif dune action collective conduite dans le but de faire face aux forces de lenvironnement, faute de ressources individuelles suffisantes (Granata et al., 2016). Dans des environnements où il nexiste pas dentreprise dominante, les acteurs peuvent se regrouper autour dune communauté solidaire, souvent pilotée par des associations ou encore des syndicats. Au fil du temps, cette gouvernance associative se consolide, notamment par la forte proximité géographique entre acteurs (Ehlinger et al., 2015). Néanmoins, force est dadmettre que le fait de sintégrer à une communauté (un collectif) oblige à suivre les règles établies par lensemble des acteurs, au risque dêtre sanctionné, voire exclu du groupe (Astley et Fombrun, 1983).

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1.2. Dynamique collective et acteur tiers

Carney (1987) indique que les stratégies collectives apparaissent en réponse à un environnement instable lié à une menace concernant les ressources de lentreprise, ou à une opportunité de se développer (voir la fig. 2). Sinscrivant dans cette perspective, Dollinger et Golden (1992) notent que des stimuli environnementaux contribuent fortement à lapparition des stratégies collectives. En effet, les entreprises ne pouvant réduire individuellement lincertitude, elles développent des comportements relativement similaires (Oliver, 1988 ; Le Roy et Sanou, 2014). Di Maggio et Powell (1983) et, à leur suite, Messeghem (2005) dans le cadre des filières agroalimentaires, parlent de processus mimétiques ou disomorphisme : les entreprises vont opter pour des comportements identiques afin de réduire lincertitude perçue, puis apprendre à coopérer, par exemple pour développer un puissant contre-pouvoir vis-à-vis de clients en position de force dans la négociation daffaires. Le conformisme facilite un « encastrement social » au sens de Granovetter (1985), ce qui signifie que lentreprise aura un comportement conforme aux attentes de son milieu et obtiendra la reconnaissance de sa propre légitimité.

Fig. 2 – Processus dapparition des stratégies collectives.
Source : Adapté de Carney (1987).

Afin de conserver la dynamique collective ayant été impulsée, certaines conditions doivent être réunies ; leur présence favorise lintégration des entreprises au sein de la démarche collective. Mitchell et al. (1997) présentent ainsi différents attributs qui font que les acteurs vont entrer en coopération et développer une vision globale de leur écosystème : (1) le pouvoir, à savoir la capacité dun acteur à convaincre un autre acteur dêtre son partenaire ; (2) la légitimité, autrement dit la garantie que la démarche collective est partagée par tous ; (3) linstabilité de la 48demande, nécessitant que les entreprises se regroupent pour y faire face. Le pouvoir et la légitimité sont généralement détenus par des organismes centraux qui influencent les entreprises et les incitent à se coordonner (Poissonnier, 2004). Pouvoir et légitimité proviennent soit dune nécessité pour les entreprises de se référer à un acteur tiers, soit de la capacité que possède cet acteur tiers à se positionner de manière neutre au sein de lécosystème. Loubaresse et Preste (2012) indiquent toutefois que les stratégies collectives ne peuvent réussir que si quatre logiques daction sont présentes : (1) les intérêts collectifs sont vus comme plus importants que les intérêts individuels ; (2) un acteur intermédiaire savère capable de fédérer lensemble des entreprises ; (3) la cohésion globale entre les acteurs permet déviter les conflits ; (4) lidentité collective, partagée par tous, conduit à une meilleure intégration inter-organisationnelle.

Il ressort de différentes recherches que la présence dun acteur intermédiaire (ou tiers) est essentielle pour coordonner une démarche collective (Yami et Le Roy, 2006 ; Loubaresse, 2008 ; Loubaresse et Preste, 2012). En effet, les entreprises sont encastrées dans un système socialement construit, dont les bénéfices savèrent évidents en termes de ressources et de compétences mises à la disposition de chaque acteur, ainsi quen termes de protection face aux turbulences du marché. Néanmoins, le fait dinstitutionnaliser des relations inter-organisationnelles peut limiter la marge de manœuvre individuelle des entreprises, et dans ces conditions, certaines dentre elles peuvent être réfractaires à lidée dimpulser une dynamique collective. Un acteur tiers va alors jouer le rôle de facilitateur pour inciter les entreprises à se coordonner, et surmonter les freins au développement de laction collective (Geindre, 2005). La filière du liège en France constitue une excellente illustration du rôle que peut tenir (ou non) un acteur tiers dans une dynamique collective. La question de recherche du présent article porte ainsi sur les conditions de succès dune dynamique collective, et plus précisément en quoi lacteur tiers peut faciliter ou non la mise en œuvre de stratégies collectives au sein dune filière donnée.

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2. Étude de cas :
la filière du liège en France

En cohérence avec la question de recherche, lobjectif est ici de mettre en évidence le rôle de lacteur tiers dans la relance dune filière en situation économique difficile, mais aussi les raisons qui peuvent inciter ou non les entreprises à sengager dans une action collective. Plusieurs travaux académiques soulignent dailleurs quune approche en termes de filière constitue une grille de lecture robuste pour saisir les enjeux liés au déploiement de stratégies compétitives ou coopératives (Trognon, 2009 ; Temple et al., 2011 ; Fenneteau et Paché, 2016). Nous présenterons rapidement la méthodologie retenue dans le cadre de la présente recherche de terrain, puis les stratégies collectives de type aggloméré et les modes de coordination ayant été identifiés dans la filière française du liège.

2.1. Éléments méthodologiques

Nous nous inscrivons dans une démarche qualitative par étude de cas, avec pour unité danalyse principale la filière du liège2. La justification dun usage de létude de cas se fonde sur la complexité organisationnelle du problème à examiner, mais également sur sa dimension évolutive. Selon Ring et Van de Ven (1992), létude de cas met ainsi en lumière plusieurs étapes distinctes : lidentification dévènements et linterprétation des données recueillies ; lanalyse des relations de cause à effet ; la construction du cheminement logique dans une suite dévènements. Il sagit, le plus souvent, dune démarche de nature exploratoire devant répondre à la question de recherche en termes de comment et de pourquoi (Yin, 2013). Cest le cas ici puisque nous souhaitons comprendre le comment et le pourquoi de distorsions dans la manière de conduire des stratégies collectives agglomérées au sein de la filière du liège en France.

La collecte des données se fonde sur des entretiens semi-directifs. Ils ont été interrompus lorsque nous avons constaté que les nouveaux 50entretiens effectués napportaient plus rien de nouveau. Les entretiens ont duré en moyenne 1 h 30 et se sont majoritairement déroulés en face à face. Les notes et observations durant les entretiens ont également fait lobjet dune retranscription. Le corpus final sappuie sur 31 entretiens auprès de lensemble des acteurs de la filière (propriétaires, leveurs, négociants, experts forestiers, industriels, syndicats, associations, etc.), soit environ 35 heures denregistrement entièrement retranscrit. Le codage a été effectué suite aux premiers entretiens, en permettant de préparer lanalyse à laide du logiciel NVivo. La méthode danalyse des données qualitatives retenue est lanalyse de contenu, qui sest portée sur des « unités de sens » à partir dun codage thématique au sens de Bardin (2007). Une telle analyse permet effectivement de faire émerger des thèmes centraux afin de comprendre un phénomène, ici le rôle et limpact de lacteur tiers dans la filière, tout en faisant ressortir les éléments constitutifs de la démarche collective ainsi que les points sensibles rencontrés. Les fig. 4a, 4b et 4c (voir Annexes) synthétisent les caractéristiques des répondants, tant en termes de fonctions que de rôles et de missions.

2.2. Modes de coordination
dans la filière française du liège

Le chêne-liège est un arbre que lon trouve majoritairement sur le pourtour méditerranéen : Espagne, Maroc, Algérie, Tunisie, Italie et France (voir la fig. 3). En France, quatre zones géographiques sont dotées de suberaies : une zone atlantique (Aquitaine), et une zone méditerranéenne (Pyrénées-Orientales, Var et Corse). Elles représentent une surface de 65 000 hectares et une production de liège femelle de 5 000 à 7 000 tonnes par an. Larrêt progressif des activités forestières, dans les années 1950 et 1960, sest inévitablement traduit par un abandon des suberaies qui a entraîné une diminution de la qualité du liège (le liège non levé ne peut être utilisé dans la fabrication des bouchons, principale activité rémunératrice pour la filière) et donc de son prix. Le liège non bouchonnable représente désormais des quantités importantes quil devient nécessaire découler pour deux raisons : (1) remettre en état les suberaies pour quelles produisent de nouveau un liège de qualité ; (2) financer les travaux en forêt afin de rémunérer convenablement les acteurs de la filière.

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Fig. 3 – Zones de production du chêne-liège.
Source : Adapté de Piazzetta (2013).

Labandon des suberaies a également produit une perte de savoir-faire dans la levée du liège, une activité nécessitant une forte expertise et des compétences techniques reconnues. La sous-exploitation de la ressource liège, associée à une forte concurrence des substituts, ont ainsi rendu nécessaire la restructuration de la filière au niveau national. De façon incontestable, la concentration de la ressource sur un territoire limité a permis de faire émerger plus aisément des structures collectives locales. Ainsi, à limage de la filière du bois (Dittier et Bobulescu, 2010), la filière du liège tend à se concentrer et à valoriser sa ressource en misant sur des projets collectifs spatialement rapprochés pour assurer une dynamique de territoire. Létude de terrain a conduit à identifier des stratégies collectives agglomérées dans les quatre régions françaises productrices de liège, ainsi que leurs spécificités en termes de subericulture :

Dans le cas des régions Aquitaine, Pyrénées-Orientales et Var, nous pouvons globalement observer une cohésion des différents 52acteurs, leur implication dans la dynamique collective et leur volonté de coopérer afin dassurer un avenir pour leurs activités. En Aquitaine, par exemple, même si la région dispose de peu de suberaies, le territoire concentre de nombreux industriels, et ces derniers, ayant besoin de matière première, nont pas hésité à se regrouper afin dassurer la production de leurs produits avec un liège local. Lassociation syndicale libre (ASL) qui a été créée, le Liège Gascon, intègre ainsi à la fois des industriels et des propriétaires œuvrant principalement pour replanter du chêne-liège sur le territoire. Dans les Pyrénées-Orientales et dans le Var, les surfaces subericoles sont plus importantes. Les associations regroupent surtout des propriétaires forestiers. Leur création résulte dune volonté déviter les incendies en réhabilitant les forêts. Progressivement, leurs missions se sont tournées vers les activités liées au liège afin dassurer des débouchés pour leurs adhérents :

lASL des Pyrénées-Orientales a réussi à négocier un contrat dapprovisionnement avec un industriel local, et la proximité géographique avec lEspagne et le Portugal facilite échanges et contrats avec ces deux pays ;

lASL du Var est à linitiative de projets économiques valorisant la filière avec la mise en place de nouveaux modes dexploitation du liège et la création dune formation qualifiée de leveurs.

À linverse, en Corse, une coopérative, dénommée Corsica Furesta, a été créée puis dissoute après quatre années dexistence seulement. La raison principale tient à une perte progressive de légitimité vis-à-vis de ses adhérents, de par une mauvaise organisation interne, sachant que la coopérative a également dû faire face à un environnement externe instable (problème récurrent de lindivision sur lîle, diminution progressive de la qualité du liège, manque de confiance des investisseurs étrangers dans le futur de léconomie corse). La dynamique collective que lon peut observer sur le continent nest sensiblement pas la même en Corse, ce qui na pas permis de faire perdurer la structure collective (conflits, problème de confiance et de transparence notamment). Une nouvelle coopérative, Sylva Coop, a été créée 53depuis lors. Une étude sur le long terme permettra dapprécier si la structure collective peut sinscrire dans la durée.

Les trois associations dAquitaine, des Pyrénées-Orientales et du Var ont su trouver leur place dans la filière, apporter des compétences aux acteurs quelles représentent, et créer de la valeur ajoutée par lintermédiaire de projets innovants. Lidentité de chacune est également forte et se fonde sur le partage de valeurs et dune passion commune. À lopposé, la précédente coopérative corse nest pas parvenue à développer une dynamique collective ; la prépondérance des intérêts individuels sur les intérêts collectifs, le manque de cohésion entre les acteurs, la volonté affichée de ne pas coopérer, et le manque de reconnaissance de la structure sont autant de facteurs ne permettant pas à une dynamique collective de se mettre en place. Lexamen des trois associations continentales permet en revanche de prendre conscience de leur statut dacteurs tiers au sens de Fourcade (2006). Le rôle de mentor quelles sont conduites à jouer facilite le travail de coordination des relations et des activités de la filière, et parfois même dêtre à linitiative de projets collectifs afin de favoriser la dynamique sectorielle. Nous retrouvons ici les quatre rôles attendus dun acteur tiers (Greenwood et al., 2002), trouvant un écho dans la filière singulière du liège : (1) un rôle de neutralité, permettant de mettre en place une gouvernance acceptée par tous ; (2) un rôle de fédérateur, pour rassembler, mais aussi porter la démarche collective ; (3) un rôle danimateur, afin déchanger et de créer des synergies ; (4) un rôle de conseil et de contrôle, en vue déviter les comportements individuels déviants.

3. Freins et leviers à lintégration
dans une structure collective

Les éléments clés de la littérature ont précisé les conditions nécessaires à la mise en place dune dynamique collective. Nous pouvons retrouver des dimensions comparables dans le cas de la filière française du liège. Les conditions dans lesquelles lacteur tiers trouve sa place au sein de la filière permettent didentifier différents leviers utilisés pour 54inciter les acteurs à sintégrer dans une structure collective, sachant que, dans certains cas, la structure collective ne réussit pas à les mobiliser. Les entretiens ont ainsi fait ressortir plusieurs éléments explicatifs des raisons pour lesquelles des industriels et des propriétaires ne se fédèrent pas toujours autour dun acteur tiers. La fig. 5 (voir Annexes), dont le cadre danalyse sinspire de Jeanneaux et al. (2009) et Loubaresse et Preste (2012), synthétise les résultats de lenquête de terrain quil est possible de regrouper en deux catégories principales autour du pilotage de la structure et de lancrage territorial.

3.1. Reconnaître lintérêt
dun pilotage global de la structure

Les propriétaires et industriels nont pas de vision globale de la filière et nenvisagent pas le développement de projets pour faire perdurer leur activité à long terme. De plus, les effets de dépendance à la structure nincitent pas certains acteurs à sassocier à une stratégie collective agglomérée. Cela tient principalement à deux raisons : (1) leur connaissance de la matière première leur permet denvisager une activité sans lexpertise dun acteur tiers ; (2) les routines organisationnelles qui sont en place rendent difficile, par inertie, un quelconque changement. De manière générale, le fait dappartenir à un collectif peut être perçu négativement comme lallégeance totale à un ensemble de contraintes et de règles qui simposent à ladhérent. Enfin, des comportements opportunistes peuvent survenir, si bien que le collectif est perçu en tant que simple moyen daccéder à des financements. Il savère donc indispensable de penser un pilotage global de la structure, et de reconnaître une certaine capacité dorientation et de décision à lacteur tiers.

La question de la capacité dorientation et de décision est caractéristique du bon fonctionnement du collectif. La légitimité de la structure passe notamment par la confiance que lui accordent les membres. Cest en se structurant collectivement dans un cadre institutionnel que la confiance sera favorisée, et que lanimation et le pilotage de la structure pourront seffectuer au mieux. Excepté en Aquitaine, où lassociation parvient à fédérer industriels et propriétaires, les deux autres ASL ne représentent quune partie des acteurs de la filière. Néanmoins, nous pouvons noter que leurs actions commencent à avoir un impact favorable dans la mesure où lASL des Pyrénées-Orientales a mis en place 55un contrat dapprovisionnement avec une entreprise locale, et celle du Var vend son liège à lentreprise portugaise Amorim. Si un premier pas a été franchi, il reste encore de nombreux projets à développer pour parvenir à reconstruire une véritable filière : convaincre de nouveaux propriétaires dadhérer au collectif, de communiquer sur les actions des ASL, de continuer de remettre en état les suberaies, de réussir à mettre en place un partenariat avec les industriels locaux et, enfin, de trouver de nouveaux débouchés pour le liège mâle.

3.2. Tenir compte de la dimension territoriale

Létat desprit des acteurs, passionnés par le liège, ainsi que leur volonté de travailler ensemble avec des objectifs partagés, sont des éléments essentiels de réussite dune dynamique collective. De manière générale, cet état desprit est respecté par tous. La motivation et lidentité collective sont notamment construites par des acteurs tiers qui participent au développement du collectif et à son succès. Ils sont force de proposition (formations, investissements, R&D, etc.) et assurent une dynamique en incitant les autres acteurs à simpliquer. Leur proximité géographique, et linscription de la structure collective dans un ancrage territorial fort, permettent également de favoriser les synergies au sein de la filière. Les ASL étudiées entretiennent par ailleurs de bonnes relations entre elles, dans une dynamique également collective. Ainsi, de nombreux échanges entre les responsables des différentes structures sont régulièrement organisés, des colloques et réunions dinformation sont loccasion de se voir et de partager les pratiques et expériences de chacun. Nous pouvons donc observer une proximité géographique entre les acteurs et la structure collective, mais aussi une proximité organisée dans la mesure où les structures collectives favorisent les interactions entre acteurs dans et entre régions.

Il nempêche que des conflits sont visibles entre acteurs de la filière, notamment entre propriétaires, leveurs et industriels, la source principale de désaccord restant toujours la fixation du prix de la matière première dune région à lautre. Dune manière générale, la fixation du prix dans la filière ne fait lobjet daucune décision collective, et la démarche ne contrevient donc pas à larticle 101 du Traité sur le fonctionnement de lUnion européenne (anciennement article 81 TCE) qui interdit aux entreprises de fixer en commun les prix en adoptant des pratiques de 56collusion. En effet, chaque leveur de liège propose officiellement, en fonction de létat de la matière première, un prix au propriétaire, qui va varier selon le niveau dexpertise dudit propriétaire, mais aussi de la nature des relations interpersonnelles étant nouées au sein de la filière. À ce niveau, les ASL des Pyrénées-Orientales et du Var, composées exclusivement de propriétaires, ont souvent des difficultés à se faire accepter des industriels locaux dans la mesure où elles sont directement perçues comme « pro-propriétaires ». Lacteur tiers peut alors jouer un rôle clé de conciliateur, et participer à la relance dune filière, qui nexistait quasiment plus en France, grâce à sa position darbitre neutre. Plus généralement, par leurs actions, leurs projets, les valeurs quelles véhiculent et les relations quelles ont su tisser, les structures collectives étudiées sur le continent parviennent à sétablir de manière durable et légitime auprès des acteurs de la filière, même si un travail important reste à faire pour convaincre lensemble des protagonistes de se regrouper autour delles.

3.3. Retour sur les stratégies collectives

Les éléments issus des entretiens permettent deffectuer un bouclage théorique en référence directe aux stratégies collectives dAstley et Fombrun (1983). Il apparaît ainsi que les acteurs de la filière du liège en France évoluent dans un environnement instable où leur survie est menacée à moyen terme (perte de savoir-faire, fermeture dentreprises, non reprise de lactivité, abandon des suberaies, etc.). Face à ce constat inquiétant, les régions subericoles ont développé des actions afin de préserver leurs activités liées à la production du liège. À cette intention, les acteurs se sont regroupés autour de structures collectives agglomérées, telles quidentifiées par Astley et Fombrun (1983), comme en témoigne la présence, en Aquitaine, dans les Pyrénées-Orientales et dans le Var, de trois associations syndicales représentant les propriétaires et/ou les entreprises.

Létude de ces trois structures a pour intérêt de souligner leur implication à différents niveaux au sein de la filière : (1) en amont, elles assurent la coordination entre les acteurs du secteur en les fédérant autour de projets collectifs et en favorisant les échanges entre eux ; (2) en aval, elles garantissent un contrôle efficace sur les actions développées et évitent lémergence de comportements déviants. De manière plus générale, les trois associations continentales assurent une gouvernance coordonnée de la filière, car les acteurs quelles représentent (et fédèrent) perçoivent 57leur neutralité en tant quacteur tiers. À linverse, le cas de la filière du liège en Corse met en évidence léchec de la stratégie collective dans la mesure où la structure ne remplit pas les rôles qui lui sont dévolus.

Il est cependant important de préciser que si la stratégie collective se présente comme essentielle pour la relance dune filière, le rôle de la structure lest tout autant, et de bonnes conditions doivent être réunies pour garantir la pérennité du processus. Loubaresse et Preste (2012) soulignent ainsi les facteurs de réussite dune stratégie collective : des intérêts collectifs supérieurs aux intérêts individuels, la présence dun acteur central, une cohésion entre acteurs et une identité collective partagée par tous. Notre étude de terrain, tout comme le cas de 1001Libraires.com dans le commerce du livre (Poirel, 2015), indique clairement que si les objectifs individuels ne sont pas, dès le départ, suffisamment convergents pour rendre les règles et contraintes « acceptables », voire « souhaitables », laction collective aura le plus grand mal à se mettre en place, en expliquant ainsi son possible échec, ce qui rejoint les conclusions de Loubaresse et Preste (2012).

Linvestigation conduite sur la filière du liège en France signale que dautres éléments peuvent aussi influer sur la démarche collective. Dune part, le pilotage de la structure doit sétablir à différents niveaux, ce qui nécessite que lacteur central soit « multi-tâches » : (1) en étant force de proposition pour lancer des projets ; (2) en disposant dune expertise reconnue sur laquelle repose sa capacité à fédérer et à coordonner, mais aussi à trouver des partenaires économiques et financiers et de nouveaux débouchés. Dautre part, le territoire occupe une place non négligeable dans le développement plus ou moins contrarié du projet collectif. Ainsi, selon lancrage plus ou moins fort de la structure dans ledit territoire, son impact ne sera pas le même, comme le montre la comparaison entre les associations continentales et celles qui ont été développées en Corse. En dautres termes, le territoire devient un élément central de la coopération, comme lont déjà souligné Rallet et Torre (2004), Fourcade (2008) et Assens (2013) dans leur analyse de contextes proches, notamment celui des systèmes industriels localisés de type clusters ou districts.

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4. Apports, limites et perspectives

La structure collective semble être un élément fondamental de gouvernance des relations inter-organisationnelles et de la dynamique collective inhérente au fonctionnement dune filière. Par les nombreux rôles quelle doit tenir, elle est en capacité de développer une telle dynamique en facilitant les échanges entre acteurs, en fédérant et en offrant une visibilité de tous les membres, et en faisant respecter les règles du jeu afin de garantir la survie du collectif. Néanmoins, leur présence nest pas toujours acceptée facilement par tous. Lanalyse des discours fait ainsi ressortir les difficultés à faire émerger un affectio societatis autour des dynamiques collectives, autrement dit une volonté clairement affichée des acteurs de mettre durablement en commun leurs ressources et leurs compétences pour dynamiser lécosystème dont ils sont partie prenante.

4.1. Apports de la recherche

Il ressort de la recherche que les actions individuelles peuvent prendre le pas sur la volonté collective de relancer une filière, lintérêt à jouer un « cavalier seul » étant considéré comme plus avantageux, au moins à court terme, pour certains membres du collectif. Les relations interpersonnelles entre les acteurs sont aussi parfois plus fortes que celles que peut établir une structure collective perçue comme une institution bureaucratique. En dautres termes, les réseaux sociaux construits de longue date entre des individus qui ont appris à se connaître, à se « jauger » et à sapprécier transcendent les règles formelles de pilotage que lacteur tiers peut impulser. Notons que cette dimension sociale recoupe les résultats de travaux conduits en supply chain management, et qui soulignent combien la confiance interpersonnelle est une dimension essentielle dans la construction de partenariats logistiques pérennes et, plus largement, dans la capacité de résilience collective aux chocs externes (Johnson et al., 2013). Plus largement, la recherche rejoint la position de Ahrne et Brunsson (2010) pour qui lenvironnement des organisations, quelles soient publiques ou privées, est par nature organisé. De ce fait, toute entreprise développe des stratégies collectives sans quémergent mécaniquement des logiques réticulaires, 59contrairement à ce nous disent certains travaux académiques (Uzzi, 1996 ; White, 2002).

Létude de la filière française du liège souligne les difficultés que peut rencontrer une structure collective à se dynamiser et les points sur lesquels elle doit se focaliser. Certains éléments ont été mis en évidence comme vecteurs favorisant lémergence dune dynamique collective : la confiance, le profil des acteurs, la rentabilité des projets, ou encore la capacité technique de la structure à répondre aux attentes des membres, fondant ainsi sa légitimité dexpertise. Tous ces éléments peuvent notamment se consolider si la proximité géographique entre les acteurs est suffisante pour créer une dynamique positive. La notion de territoire, élément essentiel dans la construction et le succès dune démarche collective, pourrait alors être le garant de sa pérennité. Si tel était le cas, nul doute que les implications seraient dune importance majeure en termes daction publique quant à la manière daborder le soutien aux entreprises, non pas dans une seule perspective micro-économique (aider une entreprise pour en faire un « champion » à linternational), mais dans une perspective méso-économique (aider des entreprises locales dune même filière à mieux se coordonner afin de renforcer leur compétitivité).

4.2. Limites et perspectives ouvertes

Dun point de vue théorique, larticle prend pour cadre danalyse les stratégies collectives, dont la robustesse est largement reconnue dans la littérature relative aux relations inter-organisationnelles (Le Roy et Sanou, 2014). Mais il sagit sans doute dune limite au plan conceptuel, car un élargissement à la coopétition pourrait sans doute éclairer la dimension ago-antagonique dentreprises en concurrence qui ont intérêt à coopérer pour relancer la filière. Une réinterprétation des entretiens réalisés pourrait ainsi souligner combien les logiques coopétitives restent vivaces au sein dun même territoire, à limage de lIGP « Volailles Fermières des Landes » étudiée par Petzold et Carpenter (2015). Une autre limite de la recherche est liée à sa validité externe, qui demeure réduite. La filière du liège, de par sa forte présence sur le pourtour méditerranéen (voir la fig. 3), sinscrit dans un espace géographique confiné dont les singularités économiques et culturelles empêchent toute généralisation des résultats à dautres filières agroalimentaires. Enfin, nous nous sommes attachés à aborder uniquement la filière du liège en France, alors que celle-ci 60fait justement partie dun vaste espace méditerranéen dans lequel des projets mutualisés commencent à voir le jour.

Effectuer des études comparatives entre pays exploitant la ressource liège, en faisant émerger de « bonnes pratiques de gestion », permettrait sans doute daméliorer significativement notre compréhension du rôle tenu par des acteurs tiers dans lémergence de stratégies collectives agglomérées au sein dun écosystème (filière). Nos résultats semblent converger avec ceux obtenus par Gruen et al. (2000), qui soulignent combien la légitimité dun acteur tiers de type association professionnelle se fonde finalement sur sa capacité à proposer des services de soutien jugés performants par les membres de lécosystème, mais aussi à faciliter la diffusion de connaissances organisationnelles et techniques, et à améliorer linterdépendance des membres en tant que source de création (collective) de valeur. La dimension organisationnelle, malgré son importance avérée, ne doit cependant pas conduire à mésestimer la question du territoire et de la proximité des acteurs. En effet, celle-ci a clairement émergé chemin faisant des entretiens, sur un mode inductif, comme un facteur pouvant stimuler ou au contraire freiner la mise en œuvre dune stratégie collective. Il nous semble ainsi intéressant (et nécessaire) de se pencher plus précisément sur cette problématique dans de futurs travaux de recherche faisant le lien entre le champ de léconomie spatiale et celui de lorganisation des entreprises.

Si la création de liens entre acteurs peut favoriser le développement dun territoire en créant des synergies locales et une identité territoriale forte, le territoire peut aussi apparaître comme déterminant dans la mise en place de la stratégie collective et dans le développement dune filière. La notion de territoire nest néanmoins pas toujours favorable à lémergence de comportements coopératifs. Une étude comparative entre le continent et la Corse permettrait de mettre en évidence que le rôle de lacteur tiers nest pas toujours le seul élément de la réussite de la stratégie collective ; celle-ci peut être conditionnée par des facteurs environnementaux et culturels spécifiques. La proximité géographique ne débouche donc pas toujours sur une proximité relationnelle, pourtant essentielle afin de dynamiser un territoire et assurer la pérennité de la stratégie collective. Ceci ouvre incontestablement des perspectives de recherche nouvelles, fondées sur le débat critique, face aux défenseurs dun ancrage territorial comme élément clé de co-construction dun projet commun localement « situé » face à un monde de plus en plus globalisé.

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Annexes

Fig. 4a – Les répondants de lenquête : syndicats et fédération.
Source : Élaboration des auteurs.

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Fig. 4b – Les répondants de lenquête : associations. Source : Élaboration des auteurs.

63

Fig. 4c – Les répondants de lenquête : entreprises, propriétaires et experts.
Source : Élaboration des auteurs.

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Fig. 5 – Leviers et freins à la dynamique collective.
Source : Inspiré de Jeanneaux et al. (2009) et Loubaresse et Preste (2012).

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1 Les auteurs remercient deux évaluateurs anonymes de Systèmes Alimentaires/Food Systems pour leurs commentaires et suggestions qui ont permis daméliorer des versions antérieures de larticle.

2 Cette analyse sinscrit dans le cadre dune étude menée pour le compte du GIP Corse Compétences concernant létat des lieux de la filière du liège et ses perspectives dévolution.