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Classiques Garnier

Commercialisation des produits agricoles en circuit court : analyse du cas français

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Systèmes alimentaires / Food Systems
    2016, n° 1
    . varia
  • Auteur : Aubert (Magali)
  • Résumé : La vente en circuit court est un mode de commercialisation qui répond à une demande tant des politiques publiques que des consommateurs. Est effectuée, sur la base du recensement agricole français de 2010, une analyse économétrique des déterminants de cette stratégie commerciale. Il ressort que la vente en circuit court est mise en œuvre par des exploitants relativement jeunes, installés sur des exploitations de petite dimension et qui privilégient les emplois permanents.
  • Pages : 121 à 145
  • Revue : Systèmes alimentaires
  • Thème CLIL : 3306 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Économie de la mondialisation et du développement
  • EAN : 9782406068631
  • ISBN : 978-2-406-06863-1
  • ISSN : 2555-0411
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06863-1.p.0121
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 25/05/2017
  • Périodicité : Annuelle
  • Langue : Français
  • Mots-clés : Commercialisation, circuits de vente, gestion des exploitations agricoles, structures agricoles
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Commercialisation de produits agricoles en circuit court :
analyse du cas français1

Magali Aubert

Inra, UMR 1110 Moisa

Introduction

Présente dès lAntiquité, la vente en circuit court a connu depuis lors un déclin progressif. Récemment, du fait des récentes crises sanitaires, ce mode de commercialisation connaît un regain dintérêt. La vente en circuit court apporte ainsi une réponse aux exigences croissantes des consommateurs, soutenues par les pouvoirs publics. Ce mode de commercialisation permet notamment de pallier les méfiances liées aux ventes en circuits dits longs ou traditionnels (Moinet, 2010).

La vente en circuit court englobe tout à la fois la vente directe et la vente indirecte. Ainsi, au maximum un seul intermédiaire peut intervenir dans la transaction entre le consommateur et le producteur. De nombreux travaux soulignent limportance de facteurs comme les capacités matérielles et immatérielles présentes sur les exploitations pour comprendre le choix fait par lexploitant (Capt, 1994 ; Gilg et Battershill, 1999) ainsi que la proximité entre le producteur et le consommateur (Capt, 1994 ; Capt et Schmitt, 2000 ; Low et Vogel, 2011).

122

Limportance soulignée de ces caractéristiques individuelles et structurelles fait écho à la théorie des ressources et compétences qui suppose que la combinaison de ces deux types de facteurs permet à une entreprise de se développer et donc délargir ses activités productives (Penrose, 1963 ; Richardson, 1972 ; Jacobides et Winter, 2005 ; Richards et Buckley, 2007). Lapproche par les ressources et compétences positionne le comportement de lentreprise comme étant en recherche dune adéquation avec les exigences des clients et donc en réponse à des opportunités externes (Marchesnay, 2002). Les entreprises réalisent alors un arbitrage entre différentes alternatives. Appliqué au milieu agricole, et plus précisément à la vente en circuit court, ce cadre danalyse semble le mieux indiqué pour éclairer le choix des exploitants.

Lobjectif de notre étude est de comprendre pourquoi certains producteurs décident de vendre tout ou partie de leur production en circuit court, et de repérer les freins et leviers internes conditionnant ce choix. Afin de prendre en compte tout à la fois les caractéristiques individuelles des exploitants et celles, structurelles et organisationnelles, des exploitations, nous mobilisons les données issues du recensement agricole (RA) réalisé en France en 2010. Lensemble des productions est considéré afin de porter un regard complet sur les déterminants de la mise en œuvre de cette stratégie commerciale par les exploitants.

Notre article est organisé comme suit : dans un premier temps, nous analysons le regain dintérêt porté à la vente en circuit court ; dans un second temps, nous présentons les déterminants de la vente en circuit court, ensuite nous caractérisons les exploitations et présentons les résultats issus de la modélisation économétrique. Enfin, nous concluons sur les stratégies de commercialisation des exploitations françaises.

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1. Vente en circuit court :
définition, historique et dynamique récente

1.1 Définition et historique de la vente en circuit court

Alors que la vente en circuit court est un mode de commercialisation très ancien, son évolution na été ni stable ni linéaire. Elle a connu un déclin progressif depuis la fin du xxe siècle. Ce déclin sest accentué au début des années 1960 au profit de la grande distribution et de la valorisation de produits plus standardisés (Chiffoleau et Gauche, 2013 ; Capt et Wavresky, 2014). Par la suite, la disparition des plus petites exploitations, qui sont également les plus enclines à vendre en circuit court, a renforcé cette diminution (Butault et Delame, 2005 ; Capt et Wavresky, 2014). Aujourdhui, « le renouvellement du lien producteur consommateur fonde lémergence ou le renouvellement de certains circuits courts » (Chiffoleau et Gauche, 2013).

Il est important de souligner que lévaluation du nombre dexploitations qui vendent en circuit court est délicate dans la mesure où cette activité na pas toujours été correctement estimée puisque pas toujours valorisée par les exploitants (Capt et Wavresky, 2014).

La vente en circuit court est une stratégie commercialedéfinie sous une forme non exclusive (Dubuisson-Quellier et Le Velly, 2009). Les producteurs peuvent décider de vendre tout ou partie de leur production à travers ce circuit de commercialisation. Cette diversification des modes de commercialisation se traduit, pour le producteur, par une diversification des débouchés où circuits courts et circuits longs coexistent (ministère de lAgriculture, 2009a ; Chiffoleau et Gauche, 2003).

Le circuit court est défini, par le ministère de lAgriculture et de la pêche, comme « un mode de commercialisation des produits agricoles qui sexerce soit par la vente directe au consommateur, soit par la vente indirecte, à condition quil ny ait quun seul intermédiaire2 ».

Dautres définitions de la vente en circuit court apparaissent dans la littérature. Certains auteurs couplent, au nombre dintermédiaires, la distance physique qui sépare les producteurs des consommateurs (Aubry 124et Chiffoleau, 2009 ; Martinez et al., 2010). Cette dernière définition est conditionnée par laccès à des données relatives au producteur, au consommateur, ainsi quau lieu dachat. Plus précisément, la distance physique entre producteur et consommateur nest appréciable que si les données relatives à la transaction sont précisées. Cette définition mériterait par ailleurs de prendre en compte le lieu dhabitation et le contexte dachat. En effet, le lieu de consommation ne rend pas nécessairement compte de la difficulté, pour le consommateur, dy accéder (ministère de lAgriculture, 2009a). De la même façon, les lieux dachat ne permettent pas de rendre compte du contexte de la transaction. Les ventes en circuits courts, réalisées dans un contexte de tourisme notamment, ne sont pas retranscrites précisément si seul le lieu dachat est considéré. Lensemble de ces éléments traduit alors la complexité de la définition de ce mode de commercialisation.

En France, en 2007, on estime que 100 000 consommateurs ont acheté des produits via les marchés de producteurs, ce qui représente près de 7 % du marché total (ministère de lAgriculture, 2009a). Ce marché est approvisionné par plus de 83 000 exploitations, soit près de 20 % des exploitations françaises (ministère de lAgriculture, 2009a). Ces éléments soulignent limportance de la vente en circuit court, même si celle-ci ne représente pas une forme majoritaire de consommation et de production (Chiffoleau et Gauche, 2013).

La vente en circuit court correspond essentiellement à de la vente directe avec plus de 80 % des ventes réalisées. Plus précisément, la vente à la ferme et la vente sur les marchés représentent respectivement 60 % et 23 % des ventes directes réalisées. Les ventes indirectes sont, quant à elles, essentiellement (77 %) à destination des détaillants (fig. 1).

Pour les exploitations qui vendent en circuit court, on constate un comportement dual. Alors que pour près de 40 % de ces exploitations cette activité représente plus de 75 % de leur chiffre daffaires, elles sont 30 % à déclarer quelle y contribue à moins de 10 % (fig. 2).

À lorigine du regain dintérêt de la vente en circuit court se trouvent les récentes crises sanitaires et plus précisément limpact que celles-ci ont eu sur le comportement des consommateurs et sur les pouvoirs publics. Il apparaît donc indispensable de préciser à quelles exigences les circuits courts répondent tant du point de vue des consommateurs que du point de vue des pouvoirs publics, leviers incontestables de cette dynamique.

125

 

Dénombrement

Répartition

Vente directe

(sans intermédiaire)

Vente à la ferme

39 751

58,34 %

81,40 %

Vente en point de vente collectif

3 930

5,77 %

Vente sur les marchés

15 422

22,63 %

Vente en tournée, à domicile

7 060

10,36 %

Vente par correspondance

324

0,48 %

Vente en paniers

1 172

1,72 %

Vente en salons et foires

479

0,70 %

Ensemble des ventes directes

68 138

 

Vente indirecte

avec un seul

intermédiaire

Restauration commerciale

651

4,18 %

18,60 %

Restauration collective

228

1,46 %

Commerçant détaillant

11 992

77,01 %

Grandes et moyennes surfaces

2 702

17,35 %

Ensemble des ventes indirectes

15 573

 

Ensemble

83 711

 

100,00 %

Fig. 1 – Principaux modes de commercialisation en circuit court.
Source : Agreste – recensement agricole 2010.

Part de la vente en circuit court dans le chiffre daffaires total

< 10 %

10 % – 50 %

50 % – 75 %

> 75 %

Non renseigné

Ensemble

Dénombrement

24 795

17 998

8 087

32 831

18 329

102 040

Répartition (en %)

29,62 %

21,50 %

9,66 %

39,22 %

100,00 %

Fig. 2 – Mode de commercialisation et intensité de la vente
en circuit court. Source : Agreste – recensement agricole 2010.

126

1.2. Dynamique récente de la vente en circuit court

1.2.1. La vente en circuit court :
une réponse aux exigences des consommateurs

Les différentes crises alimentaires ont eu pour conséquence de faire évoluer les consommateurs dans un climat de méfiancevis-à-vis des filières agricoles diteslongues (Nicourt et al., 2013). Elles sont alors indirectement à lorigine de lengouement observé pour la vente en circuit court (Chiffoleau et Gauche, 2013).

Dans ce contexte, la vente en circuit court apparaît comme un mode de commercialisation alternatif capable de répondre aux exigences des consommateurs (AlimAgri, 2010). Le ministère de lAgriculture (2009a) indique que la vente en circuit court répond à une « exigence grandissante des produits de terroir, de tradition, dauthenticité restaurant le lien social entre consommateur et producteur, valorisant les qualités de fraîcheur [] ainsi que la connaissance des produits et de leurs modes de production ».

Les consommateurs souhaitent notamment pallier lanonymat associé aux produits achetés via les circuits longs(Benezech, 2012). La vente en circuit court lève cet attribut, du fait de la proximité entre producteur et consommateur, et permet de tisser un lien avec le client (Langhade, 2010). Par ailleurs, la vente en circuit court renvoie à une consommation engagée et portant des valeurs éthiques alors que les circuits traditionnels renvoient à une consommation davantage standardisée (Chessel et Cochoy, 2004 ; Chiffoleau et Gauche, 2013).

La convergence des attentes des consommateurs vers la vente en circuit court est donc à lorigine de son regain dintérêt.

1.2.2. Le soutien des pouvoirs publics
au développement des circuits courts

Lobjectif des pouvoirs publics rejoint celui des consommateurs en renforçant leur lien avec les agriculteurs (ministère de lAgriculture, 2009b). Cet objectif est soutenu tant au niveau européen dans le cadre du second pilier de la politique agricole commune (PAC) quau niveau national avec le plan daction établi en 2009.

127

Au niveau européen, un des axes du second pilier de la PAC porte sur « lamélioration de la qualité de la vie en milieu rural et promotion de la diversification des activités économiques ». Pour le mettre en œuvre,la mesure 311 sattache plus spécifiquement à « la diversification vers des activités non agricoles – Point de vente directe des produits des exploitations agricoles ». Cette mesure vise non seulement à maintenir et développer les activités économiques, mais aussi à favoriser lemploi dans les zones rurales(Commission européenne, 2006).

Au niveau national, un plan daction a été lancé en 2009 par le ministère de lAgriculture et de la Pêche. La volonté daugmenter la part de produits saisonniers et celle de renforcer la proximité entre producteur et consommateur sont deux des engagements identifiés lors du Grenelle de lenvironnement. Le plan daction vise explicitement à favoriser le développement des circuits courts des produits agricoles au sein de 4 axes (ministère de lAgriculture, 2009a).

2. Déterminants de la vente en circuit court :
une approche par les ressources et compétences

La vente en circuit court reflète un choix individuel de commercialisation de lexploitant dans un environnement en évolution (Capt, 1994 ; Aubert et Enjolras, 2015). Considérer lexploitant au cœur de ce processus sous-tend que les caractéristiques intrinsèques de chaque producteur contribuent au choix du mode de commercialisation mis en œuvre.

Lélargissement des activités productives, et plus précisément la vente en circuit court, repose sur des connaissances, des compétences, des savoirs et des capacités qui sont propres à chaque exploitant (Capt, 1994). Au-delà de ces facteurs internes, de nombreux auteurs soulignent notamment le rôle clef de la proximité entre le producteur et le consommateur (Bowler et al., 1996 ; Daskalopoulou et Petrou, 2002 ; Capt, 1994 ; Capt et Wavresky, 2014).

La théorie des ressources et compétences (TRC), appliquée au domaine agricole, considère que lélargissement des activités agricoles est en partie déterminé par les contraintes daccès aux facteurs de production (Jacobides 128et Winter, 2005 ; Penrose, 1963 ; Richardson, 1972), compte tenu de lenvironnement dans lequel évolue lexploitant (Evans et Ilbery, 1993 ; Bowler et al., 1996 ; McNally, 2001 ; Daskalopoulou et Petrou, 2002 ; Capt et Wavresky, 2014). La TRC apparaît ainsi comme la plus appropriée pour appréhender ce choix de commercialisation dans la mesure où elle permet non seulement de souligner limportance des caractéristiques des exploitants et de leur exploitation, mais aussi de pouvoir apprécier lhétérogénéité individuelle. La diversité des exploitations et des exploitants justifie donc le fait que seuls certains vendent en circuit court.

2.1. Les ressources

Le lien entre la dimension physique et la vente en circuit court est controversé dans la littérature. Pour certains auteurs, les exploitations de plus grande dimension physique sont celles qui possèdent le plus grand potentiel de croissance (Aubert et Perrier-Cornet, 2012). Elles présentent ainsi une plus forte probabilité détendre le spectre de leurs activités, en développant notamment une stratégie de commercialisation en circuit court. Pour dautres, la vente en circuit court correspond à une opportunité pour les plus petites exploitations dexplorer des circuits de commercialisation autres que les circuits traditionnels auxquels elles ne peuvent pas nécessairement accéder (Dufour et Lanciano, 2012 ; Langhade, 2010).

La vente en circuit court revêt des formes différentes qui semblent elles-mêmes correspondre à des exploitations de tailles différentes. Les plus petites sorientent davantage vers de la vente directe sur les marchés ou à la ferme. Les plus grandes sorientent vers des points de vente collectifs ou une vente via des intermédiaires (Moinet, 2010).

Lhypothèse considérée dans le cadre de notre étude est quil existe une relation positive entre la dimension physique et le mode de commercialisation en circuit court du fait de coûts incompressibles relativement plus faciles à supporter par les exploitations de plus grande dimension.

Plus la dimension physique de l exploitation est importante et plus elle peut vendre sa production via les circuits courts.

Les ressources dont disposent les exploitations peuvent également être définies en termes de dimension financière. Vendre en circuit court 129nécessite délargir les activités agricoles productives à des activités non agricoles de commercialisation. Pour répondre aux contraintes notamment financières liées à cet élargissement, les exploitations ayant le plus de disponibilités financières sont les plus enclines à adopter ce mode de commercialisation (Dierickx et Cool, 1989).

Plus la dimension financière de l exploitation est importante et plus elle peut vendre sa production via les circuits courts.

Par ailleurs, la vente via les circuits courts se traduit par une charge de travail supplémentaire (Langhade, 2010) qui repose sur une organisation spécifique du travail qui tient compte destâches de production, de transformation et de commercialisation (Lanciano et Saleilles, 2010). Une exploitation est dautant plus en mesure délargir ses activités quelle dispose de main-dœuvre pour répondre à cette surcharge dactivité (Capt et Dussol, 2004). Cette surcharge doit être considérée en elle-même, mais aussi en lien avec les autres activités dans la mesure où ce besoin peut être en conflit avec dautres obligations de lexploitation agricole selon la période de lannée considérée. La vente en circuit court se traduit alors par une organisation de lactivité et une définition de règles de coordination (Hernandez, 2008 ; Lanciano et Saleilles, 2010). Sur la base des travaux de Aubert et Perrier-Cornet (2012) reposant sur les données du recensement agricole de 2000 et sur lenquête structure de 2007, lhypothèse formulée est que les ressources dont disposent les exploitations conditionnent le mode de commercialisation et plus précisément que la main-dœuvre est un préalable à la diversification des activités agricoles.

Plus l exploitation dispose de main-d œuvre et plus elle peut vendre sa production via les circuits courts.

Plus précisément, et afin de prendre en compte limportance de linvestissement dans ces circuits de commercialisation, le poids des actifs salariés permanents parmi lensemble des salariés est pris en compte (Aubert et Perrier-Cornet, 2012). Lactivité régulière de commercialisation ne répond pas à la même logique que celle de production qui peut être centrée sur une période de lannée. Les emplois dédiés à la vente relèvent davantage demplois permanents que saisonniers dans la mesure où la relation commerciale repose sur la construction de relations stables. Cette fidélisation est une « richesse de lentreprise » qui nécessite lemploi de personnels permanents (Moinet, 2010).

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Plus une exploitation privilégie des emplois salariés permanents et plus elle peut vendre sa production via les circuits courts.

La commercialisation de la production en circuit court nécessite la mise en œuvre dune stratégie de diversification notamment en termes de productions (Allaire et Boyer, 1995 ; Lanciano et Saleilles, 2010 ; Dufour et Lanciano, 2012). Cette différenciation permet de satisfaire les attentes des consommateurs et de stabiliser le revenu de lexploitation (Dufour et Lanciano, 2012).

Plus l exploitation est diversifiée et plus elle peut vendre sa production via les circuits courts.

2.2. Les compétences

La vente en circuit court nécessite de rapprocher des compétences diverses qui ne relèvent pas nécessairement du domaine agricole (Allaire et Boyer, 1995). La seule activité productive nécessite des compétences purement agricoles.

Plus l exploitant possède un niveau de formation agricole élevé et plus il peut vendre sa production via les circuits courts.

Coupler cette activité à une fonction de commercialisation se traduit par un besoin en compétences générales (Lanciano et Saleilles, 2010 ; Aubert et Perrier-Cornet, 2012 ; Benezech, 2012). Ces compétences sont appréhendées par le niveau de formation qui renvoie à une diversité des cursus et donc à une palette de compétences complexe à qualifier (Aubert et Enjolras, 2015).

Plus l exploitant possède un niveau de formation générale élevé et plus il peut vendre sa production via les circuits courts.

Les nouveaux installés en agriculture, qui correspondent souvent à de jeunes exploitants, privilégient la vente en circuit court puisquelle leur permet de lever une contrainte financière du fait des débouchés offerts par ce mode de commercialisation (Benezech, 2012).

Plus l exploitant est jeune et plus il peut vendre sa production via les circuits courts.

Il est à souligner que lâge du chef dexploitation est souvent considéré en termes statiques. Or, le cycle de vie de lexploitation doit également 131être considéré afin de prendre en compte la potentielle non-linéarité de leffet âge sur le mode de commercialisation. Alors que les chefs les plus jeunes sont soulignés comme davantage enclins à vendre en circuit court, une tout autre relation peut être envisagée selon que les exploitants les plus âgés sont potentiellement sur une dynamique de reprise et que celle-ci sinsère éventuellement dans le cadre dune installation familiale.

La dynamique de cycle de vie de l exploitation peut affecter la stratégie commerciale de vente en circuit court.

La pluralité des tâches imposée par la vente en circuit court nécessite une forte implication de lexploitant (Langhade, 2010 ; Moinet, 2010). Le temps dactivité de lexploitant est alors un élément clef lui permettant délargir ses activités productives à des activités de commercialisation.

Plus l exploitant est présent sur son exploitation et plus il peut vendre sa production via les circuits courts.

Au-delà des ressources et compétences dont disposent les exploitations, lenvironnement dans lequel elles évoluent conditionne le choix du mode de commercialisation (Aubert et Perrier-Cornet, 2012). En effet, même si la vente en circuit court est mise en œuvre dans toutes les filières, elle lest davantage pour les fruits et légumes ou la viticulture (Moinet, 2010). Le comportement individuel observé répond à un double processus, individuel et collectif, puisque les exploitants-entrepreneurs répondent à des opportunités externes et adoptent un comportement en lien avec lenvironnement dans lequel ils évoluent (Marchesnay, 2002).

La production dans laquelle est spécialisée une exploitation a un effet significatif sur la vente en circuits courts.

Lenvironnement dans lequel évolue une exploitation peut être également considéré en termes de localisation géographique. Vendre en circuit court nécessite une proximité physique entre producteur et consommateur. Être localisé à proximité dun bassin de consommation est alors un atout (Bowler et al., 1996 ; Daskalopoulou et Petrou, 2002 ; Capt, 1994 ; Capt et Wavresky, 2014). Il est à noter que cette proximité est toutefois à mettre en lien avec des contraintes notamment de pression foncière (Capt et al., 2000).

Plus l exploitation est localisée à proximité d un bassin de consommation, plus elle peut vendre sa production via les circuits courts.

132

3. Méthode

3.1. Modélisation économétrique

La vente en circuit court est une activité non exclusive. Ainsi, pour plus de 60 % des exploitations qui vendent en circuit court, cette activité représente moins de 75 % de leur chiffre daffaires (fig. 2). Or, les données dont nous disposons, pour précises quelles soient, contraignent certains aspects de lanalyse. En effet, alors que nous aurions souhaité considérer la vente en circuit court au travers dun gradient – mesuré par limportance relative de cette activité à lactivité totale ou encore par la part des volumes vendus – les données nous ont contraint à ne considérer ce mode de commercialisation quen termes dichotomiques. De ce fait, le modèle mis en œuvre est un modèle de type logit dont lobjectif est dapprécier les facteurs qui contribuent à comprendre le choix fait par les exploitants. Plus précisément, lobjectif de la modélisation mise en œuvre est de comprendre dans quelle mesure les ressources et compétences expliquent cette stratégie commerciale.

Formellement, ce modèle se traduit comme suit :

CCi=1 si,CCi*>0;0sinon

La décision de vendre en circuit court (CC) est conditionnée par une variable latente continue et inobservable, notée CCi* telle que :

CCi*= α + β Ressourcesi+δCompétencesi+γOTEXi+,εi

Avec :

i, lindice relatif aux exploitations

α, la constante du modèle

β et δ, les coefficients associés respectivement aux ressources et aux compétences

γ, le coefficient associé à lorientation productive

ε, le terme résiduel

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Il est à noter que la multicolinéarité a été testée en amont et cest notamment pour ces raisons quont été considérées la surface totale et la main-dœuvre à lhectare. Si nous avions considéré la main-dœuvre totale, nous aurions rencontré une multicolinéarité relative à un effet taille. Chacune des variables incluses dans lanalyse apporte alors une information unique et indépendante des informations apportées par ailleurs par les autres variables.

Si nous considérons par ailleurs la question de la simultanéité des facteurs, nous nous appuyons sur les travaux de Aubert et Perrier-Cornet (2012) qui ont démontré que les facteurs matériels, comme le niveau de main-dœuvre, sont un préalable à la diversification des activités. De ce fait, la causalité établie correspond aux résultats que ces auteurs ont mis en évidence.

3.2. Les données

Le recensement agricole de 2010 fait un état des lieux exhaustif des exploitations. Il permet dinventorier les surfaces exploitées ainsi que les productions mises en œuvre. Au-delà de cette caractérisation structurelle, le recensement indique les caractéristiques liées à la main-dœuvre présente sur lexploitation, quelle soit familiale ou salariée.

En 2010, le RA recense 516 152 exploitations dont 102 040 vendent tout ou partie de leur production via les circuits courts, soit près de 20 %. Parmi les exploitants qui ont adopté cette stratégie de commercialisation, 80 % ont indiqué la part de leur chiffre daffaires total issu de cette activité. Près de 40 % dentre eux déclarent que cette activité contribue à plus de 75 % de leur chiffre daffaires total alors que près de 30 % estiment à moins de 10 % cette contribution (fig. 2). La vente en circuit court peut être alors considérée comme une activité alternative ou complémentaire à la vente en circuit long (Dubuisson-Quellier et Le Velly, 2009 ; Benezech, 2012). Il est à noter que, dans la mesure où les données sont identifiées au niveau de lexploitation, les facteurs relatifs à la relation producteur-consommateur ne peuvent pas être pris en compte. Plus précisément, les données dont nous disposons ne nous permettent pas de disposer de la commune dans laquelle se situe lexploitation bien quelle soit recensée dans le questionnaire original. De ce fait, aucune appréciation de la proximité entre le producteur et les bassins de consommation na été possible.

134

4. Résultats

4.1. Statistiques descriptives

4.1.1. Caractéristiques des exploitants qui vendent en circuit court

Les analyses descriptives soulignent limportance des caractéristiques individuelles des chefs dexploitation pour différencier les exploitants qui vendent en circuit court des autres exploitants (fig. 3).

 

Vente en circuit court

Oui

Non

Tous

Test dégalité des moyennes

Dénombrement

 

102 040

414 112

516 152

Surface exploitée

Moyenne

38,62

58,88

54,94

***i

Écart-type

62,78

95,09

90,09

Main d œuvre hectare

Moyenne

0,73

0,26

0,35

***

Écart-type

9,86

4,32

5,84

Part de la main-d œuvre permanente dans l emploi total (en %)

Moyenne

91,69

95

93,94

***

Écart-type

17,42

15,48

14,36

Diversification des activités

Moyenne

1,95

1,76

1,8

***

Écart-type

0,99

0,91

0,93

 ge du chef d exploitation

Moyenne

49,08

51,48

51

***

Écart-type

11,7

12,4

12,3

i. Note de lecture : les moyennes sont significativement différentes au seuil de 1 % (***), 5 % (**) et10 % (*).

Fig. 3 – Comparaison de facteurs quantitatifs relatifs aux caractéristiques individuelles et structurelles. Source : Agreste – recensement agricole 2010.

135

Les exploitants qui décident de vendre en circuit court sont légèrement plus jeunes que les autres exploitants. Alors que les premiers ont en moyenne 49 ans, les seconds ont 51,5 ans. Ceci semble confirmer que le développement dune activité parallèle de commercialisation est davantage le fait de jeunes exploitants.

En termes de formation initiale des chefs dexploitation, il ne ressort pas de différenciation nette entre les exploitants qui vendent en circuit court et les autres exploitants. Les premiers sont légèrement surreprésentés pour les niveaux de formation les plus faibles comme les niveaux les plus élevés (cf. fig. 4, en annexe).

Si on considère limplication du chef dexploitation, il ressort que si plus de 80 % des exploitants qui vendent en circuit court déclarent travailler à plus de mi-temps sur leur exploitation, 66,83 % déclarent travailler à temps complet ; ils sont respectivement 59,14 % et 55,80 % pour les exploitants qui ne vendent pas en circuit court. La mise en œuvre dune activité de commercialisation semble nécessiter la présence du chef dexploitation, ce qui suppose un investissement en temps important.

4.1.2. Caractéristiques structurelles
des exploitations opérant une vente en circuit court

Si nous considérons les ressources dont disposent les exploitations, les premières analyses soulignent limportance relative de la main-dœuvre et la diversification des productions.

Alors que les exploitations qui vendent en circuit court disposent en moyenne de 0,75 unité de travail annuel (UTA) par hectare, les autres exploitations en déclarent 0,26. La vente en circuit court semble nécessiter davantage de main-dœuvre, et plus précisément de main-dœuvre permanente. En effet, sur les exploitations qui vendent en circuit court, les emplois salariés sont davantage des emplois permanents. Ces exploitations ont en moyenne 19,68 % de leurs salariés qui ont un statut permanent, contre 10,74 % pour les autres exploitations. Ce résultat confirme que la vente en circuit court nécessite davantage de main-dœuvre qui doit répondre aux besoins liés aux activités productives dune part et commerciales dautre part. Par ailleurs, le fait que cette activité soit une activité à pérenniser se traduit par lembauche dune main-dœuvre qui est davantage permanente.

136

Un autre indicateur de ressources pris en compte est celui de la diversification qui correspond au nombre de productions différentes mises en œuvre, sur la base des 7 OTEX considérées3. Cette distinction renvoie à une diversité en termes dorientations techniques4. Les exploitations qui vendent en circuit court ont, en moyenne, un indicateur de diversification supérieur à celui des autres exploitations. Répondre aux exigences des consommateurs en termes notamment de diversification semble être associé à la vente en circuit court.

À la lecture des premiers éléments descriptifs, il ressort que les ressources et compétences distinguent les exploitations selon le choix de leur stratégie commerciale. Ceci conforte le fait que le potentiel des exploitations est un des piliers de la mise en œuvre de la vente en circuit court. Une analyse économétrique plus détaillée permet de confirmer ces intuitions statistiques et par là même de quantifier plus précisément chacune des relations établies.

4.2. Modélisation économétrique

Le taux de concordance est un indicateur de la qualité du modèle mis en œuvre. Il conforte le fait que plus des trois quarts du comportement des producteurs sont appréhendés par leurs caractéristiques individuelles et les caractéristiques structurelles de leur exploitation (cf. fig. 5 en annexe).

4.2.1. Déterminants individuels de la vente en circuit court

Les résultats tendent à souligner limportance des caractéristiques individuelles des chefs dexploitation. Les exploitants qui commercialisent tout ou partie de leur production en circuit court sont ceux qui semblent sinvestir le plus sur leur exploitation. Un exploitant qui déclare travailler à temps complet sur son exploitation présente quatre fois plus de chance de vendre en circuit court quun exploitant qui déclare y travailler à moins dun quart de temps. La vente en circuit court semble reposer 137sur un investissement conséquent du chef dexploitation. Limplication accrue du chef dexploitation apparaît alors comme un facteur clef de la vente en circuit court.

Par ailleurs, on constate que les exploitants les plus jeunes semblent davantage vendre en circuit court que les exploitants plus âgés. Ceci conforte le fait que les jeunes actifs voient ce mode de commercialisation comme une opportunité financière. Opportunité dautant plus importante que ce mode de commercialisation sinscrit dans une logique de long terme reposant notamment sur la notion de fidélisation des clients.

La formation initiale, quelle soit agricole ou générale, ne joue que faiblement et négativement sur la vente en circuit court. Les exploitants qui mettent en œuvre cette stratégie de commercialisation correspondent donc à des actifs moins bien formés. Un chef dexploitation qui possède un niveau supérieur de formation agricole présente ainsi 1,5 fois plus de chances de ne pas vendre en circuit court quun exploitant sans formation agricole. Au niveau de la formation générale, un exploitant ayant un niveau supérieur possède 1,2 fois moins de chances de vendre en circuit court quun exploitant sans formation.

La vente en circuit court apparaît comme davantage mise en œuvre par les plus jeunes exploitants, quel que soit leur niveau de formation. Cette activité, chronophage, nécessite par ailleurs que ceux-ci soient davantage présents sur leur exploitation.

4.2.2. Déterminants structurels de la vente en circuit court

Il est manifeste que les exploitations qui vendent en circuit court semblent correspondre à des exploitations de plus petite dimension. Ce mode de commercialisation peut apparaître comme une alternative aux circuits longs quil est plus difficile dapprocher pour les exploitations de petite dimension. Dans ce cadre, la vente en circuit court ressort comme étant un mode de commercialisation complémentaire aux canaux traditionnels.

Comme le souligne Moinet (2010), les exploitations qui vendent en circuit court reposent sur de petites surfaces qui créent de lemploi. Les résultats issus de la modélisation confirment cette relation dans la mesure où plus les exploitations disposent dUTA à lhectare et plus leur probabilité de vendre en circuit court est élevée. De la même façon, plus les emplois salariés sont des emplois permanents et plus lexploitation 138est encline à vendre en circuit court. Il semble ressortir que la vente en circuit court est une activité pour laquelle le chef dexploitation doit sinvestir en termes de temps dactivité et qui nécessite de faire appel à des actifs permanents pour répondre aux besoins liés aux activités productives et commerciales.

Sil apparaît que toutes les filières commercialisent en circuit court, nos résultats confirment que certaines spécialisations développent davantage cette activité de commercialisation que dautres. Ainsi, les exploitations spécialisées en maraîchage, viticulture et cultures fruitières ou permanentes ont plus de chance de vendre en circuit court que les exploitations spécialisées en grandes cultures. La plupart de ces productions se situent par ailleurs dans des zones touristiques, ce qui favorise la proximité des consommateurs et des producteurs.

Conclusion

La vente en circuit court connaît aujourdhui un regain dintérêt du fait des récentes crises sanitaires et de lengouement du public et des pouvoirs publics. Ce mode de commercialisation est adopté par près de 20 % des exploitants français, toutes productions confondues.

Sur la base du recensement agricole, notre étude a souligné limportance des caractéristiques individuelles des exploitants et des caractéristiques structurelles des exploitations dans le choix de vendre en circuit court. Les exploitants qui vendent en circuit court sont plus jeunes. Ils sont davantage présents sur leur exploitation et ils diversifient leurs activités de production afin notamment de répondre aux exigences des consommateurs. Ils font également appel à plus de main-dœuvre et plus précisément à de la main-dœuvre salariée permanente, et cela sur des surfaces de plus petite dimension.

Notre étude souligne alors limportance des facteurs individuels et structurels dans la décision dadopter ce mode de commercialisation. Toutefois, du fait de la nature des données, la proximité avec le consommateur na pas pu être mesurée. Or, elle est soulignée comme un facteur clef dans la littérature (Bowler et al., 1996 ; Daskalopoulou 139et Petrou, 2002 ; Capt, 1994 ; Capt et Wavresky, 2014). Une prise en compte de la distance entre la localisation de lexploitation et les zones de consommation permettrait dappréhender cette proximité.

De la même façon, cette étude mériterait également dêtre approfondie en considérant la dynamique des exploitations. Connaître leur trajectoire en termes de pérennité ou encore de croissance économique, au regard du mode de commercialisation mis en œuvre, permettrait dapprécier plus précisément limpact de la vente directe en circuit court sur la dynamique des exploitations.

140

Annexes

 

Vente en circuit court

(dénombrement)

Vente en circuit court (répartition en %)

Test de Chi2

 

Oui

Non

Tous

Oui

Non

Tous

Nombre d exploitations

 

102 040

414 112

516 152

 

 

Formation générale

Aucun diplôme

25 665

82 923

108 588

25,15 %

20,02 %

21,04 %

***i

Études primaires

41 539

214 815

256 354

40,71 %

51,87 %

49,67 %

Bac

14 922

4 041

18 963

14,62 %

0,98 %

3,67 %

Études supérieures

19 914

69 333

89 247

19,52 %

16,74 %

17,29 %

Formation agricole

Aucun diplôme

52 900

202 365

255 265

51,84 %

48,87 %

49,46 %

***

Études primaires

25 011

124 325

149 336

24,51 %

30,02 %

28,93 %

Bac

13 038

53 183

66 221

12,78 %

12,84 %

12,83 %

Études supérieures

11 091

34 239

45 330

10,87 %

8,27 %

8,78 %

Temps d activité sur l exploitation du chef

Moins de 1/4 temps

10 583

103 503

114 086

10,37 %

24,99 %

22,10 %

***

1/4 temps à 1/2 temps

9 692

43 067

52 759

9,50 %

10,40 %

10,22 %

1/2 temps à 3/4 temps

7 753

22 607

30 360

7,60 %

5,46 %

5,88 %

3/4 temps à moins de temps complet

5 816

13 851

19 667

5,70 %

3,34 %

3,81 %

Temps complet

68 196

231 084

299 280

66,83 %

55,80 %

57,98 %

141

Orientation Technique des Exploitations (OTEX)

Grandes cultures

15 394

116 317

131 711

15,09 %

28,09 %

25,52 %

***

Maraîchage et horticulture

6 799

9 517

16 316

6,66 %

2,30 %

3,16 %

Viticulture

19 354

50 608

69 962

18,97 %

12,22 %

13,55 %

Cultures fruitières et cultures permanentes

8 404

13 505

21 909

8,24 %

3,26 %

4,24 %

Bovins

14 169

108 777

122 946

13,89 %

26,27 %

23,82 %

Ovins

10 544

46 129

56 673

10,33 %

11,14 %

10,98 %

Autres

27 376

69 259

96 635

26,83 %

16,72 %

18,72 %

i. Note de lecture : les variables sont dites liées au seuil de 1 % (***), 5 % (**) et 10 % (*).

Fig. 4 – Vente en circuit court : Comparaison de facteurs qualitatifs relatifs
aux caractéristiques individuelles et structurelles.
Source : Agreste – recensement agricole 2010.

142

 

 

Estimation

Odds Ratio

Pr > Khi-2

Constante

-1,9294***i

 

< 00001

Surface

-0,0084***

 

< 0,0001

Poids de la main-dœuvre salariée

0,0066***

 

< 0,0001

Part de la main-dœuvre permanente

0,0076***

 

< 0,0001

Diversification

0,2886***

 

< 0,0001

Temps dactivité sur lexploitation

< 1/4 temps

Référence

1/4 temps – 1/2 temps

0,8098***

2,25

< 0,0001

1/2 temps – 3/4 temps

1,3117***

3,71

< 0,0001

3/4 temps – complet

1,5769***

4,84

< 0,0001

Temps complet

1,3697***

3,93

< 0,0001

Niveau de formation agricole

Aucun

Référence

Primaire

-0,3528***

0,7

< 0,0001

Secondaire

-0,1891***

0,83

< 0,0001

Supérieur

0,0259*

1,02

0,0753

Niveau de formation générale

Aucun

Référence

Primaire

0,3937***

0,67

< 0,0001

Secondaire

-0,1754***

0,83

< 0,0001

Supérieur

-0,1696***

0,84

< 0,0001

Âge du chef dexploitation

-0,0153***

< 0,0001

OTEX

Grandes cultures

Référence

Maraîchage Horticulture

0,7760***

2,17

< 0,0001

Viticulture

0,6756***

1,97

< 0,0001

Fruits et cultures

permanentes

1,5953***

3,3

< 0,0001

Bovins

-0,3483***

0,71

< 0,0001

Ovins

0,2553***

1,29

< 0,0001

Autres

0,5687***

1,77

< 0,0001

Nombre dobservations

506 663

Classification correcte

74,60 %

i. Note de lecture : les coefficients sont significatifs au seuil de 1 % (***), 5 % (**) et 10 % (*).

Fig. 5 – Déterminants de la vente en circuit court.

143

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1 Remerciements : Cet article a bénéficié du financement de lAgence nationale de la recherche dans le cadre du projet ANR-11-ALID-0006ILLIAD. – Les données ont été mises à disposition par le Service de la statistique et de la prospective (SSP) via le Centre daccès sécurisé distant (CASD).

2 http://www.agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf_primeur275.pdf

3 Grandes cultures, maraîchage et horticulture, viticulture, cultures fruitières et permanentes, bovins, ovins et autres orientations.

4 Une exploitation spécialisée en maraîchage qui produit des légumes en plein air et des légumes en plein champ aura un indicateur de diversification égal à 1. Si une exploitation produit des légumes en plein champ et élève des ovins, son indicateur de diversification sera égal à 2.