[Introduction à la deuxième partie]
- Publication type: Book chapter
- Book: De paysans à techniciens. Sociohistoire d’une qualification scolaire et sociale au Mexique
- Pages: 127 to 128
- Collection: History of Technology, n° 31
Les socialisations primaires et secondaires constituent le fondement des identités sociales. Ces identités sont intimement liées aux choix possibles, aux parcours sociaux, scolaires et professionnels des individus. Si l’identité est le résultat d’un processus individuel au sein d’une structure sociale, elle s’inscrit dans un processus collectif : elle façonne des institutions, détermine des rapports de classe et des sentiments d’appartenance, oriente des choix. C’est pourquoi nous allons tenter dans cette deuxième partie d’appréhender les identités sociales des individus participant de la formation professionnelle considérée comme institution de convergence et ce, à travers les traits signifiants de leur groupe social. Afin de mieux approcher la réalité sociale des étudiants, nous faisons le choix de procéder par comparaison, en examinant deux filières professionnelles et deux filières générales situées à proximité dans deux villes mexicaines, l’une au Sud, dans l’État régional du Chiapas, l’autre au Nord, dans l’État régional de Durango.
Grâce à des instruments quantitatifs et qualitatifs de recherche, nous avons construit un profil sociologique des élèves et des enseignants en fonction de leur origine sociale et de leur trajectoire scolaire. Nous nous sommes ainsi aperçus qu’il existe des différences significatives entre les filières, et que le « choix » de la formation professionnelle ne représente généralement que le prolongement d’un parcours scolaire dans des filières « dominées ». Nous allons nous efforcer de montrer que même si les structures sociales ne déterminent pas totalement l’action des individus, elles les orientent fortement en tant que « structures structurées et structurantes », en ce que Pierre Bourdieu appelle un « habitus » (Bourdieu 1979, p. 191). Les choix scolaires des individus sont ainsi « orientés » par une histoire et une culture (Dubet et Martuccelli 1996), où l’institution scolaire participe des rapports propres à une hiérarchie sociale préétablie.
Ainsi, de toute évidence, ce qui distingue les élèves et les enseignants dans les établissements de formation professionnelle observés, ce sont leurs trajectoires. Les élèves sont issus majoritairement des classes populaires, particulièrement du milieu paysan dans la ville de San Cristobal de las Casas au sud du Mexique, et du milieu ouvrier non qualifié dans la ville de El Salto, au nord du pays.
128Nous pouvons ainsi avancer une hypothèse qui a été corroborée par notre recherche : les déterminants sociaux influencent les choix scolaires des élèves et les parcours professionnels des enseignants. Grâce au courant sociologique de l’interactionnisme symbolique, nous savons aujourd’hui que les individus n’agissent pas seulement en tant qu’agents soumis à des règles préétablies dont ils ne peuvent que s’ajuster. Orientés – parfois très fortement – par des structures sociales, ils élaborent des stratégies de sens de l’expérience et gardent une certaine autonomie dans leur action.
Dans cette deuxième partie, il s’agit surtout de montrer que l’identité sociale des individus qui participent d’un processus social confère également une identité aux institutions auxquelles ils adhérent et dans lesquelles ils se regroupent en fonction de leurs socialisations primaires et secondaires. Ces socialisations limitent l’action des individus par un certain nombre de normes qui organisent et encadrent leur autonomie.
- CLIL theme: 3378 -- HISTOIRE -- Histoire générale et thématique
- ISBN: 978-2-406-16033-5
- EAN: 9782406160335
- ISSN: 2264-458X
- DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-16033-5.p.0127
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 04-03-2024
- Language: French