Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Actualité de l’humanisme. Mélanges offerts à Serge Stolf
- Pages : 347 à 352
- Collection : Rencontres, n° 449
Résumés
Patrizia De Capitani et Cécile Terreaux-Scotto, « Introduction »
Les études réunies dans ce volume offert à Serge Stolf, spécialiste d’Enea Silvio Piccolomini (Pie II), d’Alberti, de Boccace et de la traduction, entre autres, abordent l’humanisme comme une attitude mentale qui s’interroge sur la nature humaine ainsi que sur la relation de l’individu avec le monde qui l’entoure.
Jean-Claude Zancarini, « “Faire épreuve de son style”. Comment le Prince a été traduit en français au xvie et au xviie siècle »
Après un bref rappel des voyages en France des textes de Machiavel, on analyse la façon dont les traducteurs du Prince au xvie et au xviie siècle ont rendu l’écriture du Prince. Procèdent-ils ou pas à des ajouts, respectent-ils ou pas l’ordre de l’argumentation, le rythme des phrases ? On s’interroge alors sur l’historicité des façons de traduire et des mots que les traducteurs utilisent pour les décrire.
Emanuela Nanni, « Traduire Pétrarque au début du xviie siècle aux Pays-Bas. Pourquoi relire Philippe De Maldeghem “translateur” des Rime ? »
La présente étude s’intéresse au rôle de la traduction des Rime de Pétrarque réalisée par Philippe de Maldeghem en 1600. L’approche très rigoureuse que ce traducteur adopte l’amène à reproduire une versification rimée, tout en restant fidèle à l’aspect sémantique du texte de départ. Une double gageure qui fait de cette traduction une écriture à contrainte. Les classiques sont à relire à la lumière de leurs traductions, des textes qui constituent un fragment très important de leur identité.
348Patrizia De Capitani, « Le Turc dans deux comédies de Giambattista Della Porta (1535-1615). Entre héritage plautinien et commedia all’improvviso »
Pendant la seconde moitié du xvie siècle, les Turcs étaient un sujet de crainte pour les habitants de la région de Naples. Le Napolitain Della Porta s’empare de ce sujet d’actualité dans deux de ses comédies, La Sorella et La Turca. Mais la seule nouveauté du sujet ne suffit pas pour renouveler le genre de la comédie classique héritée de l’Antiquité. Della Porta se tourne alors du côté de la commedia dell’arte, bien présente à Naples, pour donner une nouvelle impulsion à sa dramaturgie.
Sonia Porzi, « Les Épistres de la séraphique vierge saincte Catherine de Sienne (1644), une traduction de Jean Balesdens ? »
Cet article a pour objet la toute première traduction intégrale des lettres de Catherine de Sienne imprimée en France en 1644, à partir de l’Aldine parue en 1500. La présentation du contexte politique, religieux et éditorial dans lequel s’inscrit cette publication met progressivement en lumière son éditeur, Jean Balesdens, secrétaire du chancelier Séguier, son libraire et imprimeur, Sébastien Huré fils, et son probable traducteur Simon Martin.
Luisa Secchi Tarugi, « Le séjour de Pétrarque à Milan à la cour des Visconti »
Dégoûté par le comportement de la Cour avignonnaise et en désaccord avec le pape Innocent VI, Pétrarque quitta Avignon à la fin du mois de mars 1353. Il arriva à Milan où il fut dignement accueilli par l’archevêque Giovanni Visconti. Le séjour milanais de Pétrarque se prolongea jusqu’en 1361. Malgré les critiques de certains qui lui reprochaient d’être à la cour des Visconti, la période milanaise fut très profitable tant sur le plan littéraire que sur celui de l’activité diplomatique.
Gérard Luciani, « Vicissitudes posthumes de Gaspara Stampa »
Dans ses Mémoires inutiles, Carlo Gozzi (1720-1806) faisait l’éloge de Gaspara Stampa, « jeune poétesse morte d’amour », un sort qu’il jugeait incompréhensible pour ses contemporains. Cette étude résume les diverses étapes de la « fortuna » des Rime depuis la mort de Gaspara (1554) jusqu’à nos jours, avec ses prolongements inattendus dans les universités Nord-Américaines.
349Jean-Claude Ternaux, « Michel de Montaigne dans le premier chapitre du livre III des Essais »
Riche en réflexions morales, « De l’utile et de l’honeste » contient des renseignements sur Montaigne. En effet, l’auteur des Essais prend souvent appui sur sa propre expérience pour réfléchir sur les deux notions. Gaieté et autodérision sont parfois de mise, par exemple à propos du mariage. Mais l’autoportrait est aussi marqué par le sérieux, à propos de la prudence en politique et de la franchise en tant que négociateur ennemi du mensonge. Montaigne a su respecter l’utile en restant honnête.
Edwige Comoy Fusaro, « Quasi-récits des quasi-moi de Carlo Dossi alias Alberto Pisani »
Les œuvres de Carlo Dossi relèvent-elles du genre autobiographique ? Pour y répondre, les textes que Dossi qualifia de « quasi-autobiographies » et quelques autres sont examinés à la lumière des affirmations de Dossi lui-même en la matière et des théories contemporaines du genre, notamment celle de Lejeune. Le bilan mitigé invite à retenir des catégories plus élastiques telles que le roman autobiographique ou l’hypergenre autobiographique.
Emmanuel Mattiato, « Aspects des “fictions de l’écrivain” dans l’œuvre de Dino Buzzati. Les articles oubliés de la guerre civile italienne »
Les écrits de Buzzati, notamment ses nouvelles, impliquent des protagonistes eux-mêmes écrivains ou concernés par les questions de l’écriture. Souvent, comme l’attestent de rares articles des années 1943-1945, la mission de l’écrivain, par de multiples résonances métatextuelles, est vécue sous l’angle de la crise (oppression, censure, angoisse, épuisement de l’inspiration). Cette détresse s’estompe dans l’après-guerre, mais ressurgit dans les carnets qu’il rédige quelques mois avant de mourir.
Johannes Bartuschat, « “Giotto è maestro d’ogni cosa”. Une note sur les peintres dans la nouvelle de Boccace à Sacchetti »
L’article analyse deux nouvelles des Trecento Novelle de Sacchetti dont Giotto est le héros. Leurs principaux thèmes s’inspirent du modèle des nouvelles des peintres du Décaméron, mais aussi de la « légende de l’artiste » étudiée 350par Otto Kurz et Ernst Kris. On démontre ensuite que ces nouvelles ne se bornent pas à célébrer Giotto et à défendre le prestige social de l’artiste, mais qu’elles contiennent également une réflexion sur la nature et les finalités des arts figuratifs.
Cécile Terreaux-Scotto, « Prédication et nouvelle. Quelques observations sur les récits fictifs dans les sermons de Bernardin de Sienne »
Les récits fictifs que Bernardin de Sienne expose à ses ouailles sont destinés à leur rendre accessible la parole divine. Autonomes et autosuffisants, ils constituent de véritables petites nouvelles à l’intérieur de ses sermons. Facilement mémorisables, ils favorisent aussi, par leur réalisme, l’identification de l’auditoire aux personnages. Ils constituent ainsi un des rouages du dispositif de persuasion adopté par le prédicateur franciscain.
Jean-Louis Charlet, « Sur quelques mètres d’Enea Silvio Piccolomini »
L’étude de quatre mètres particuliers des Epygrammata d’E. S. Piccolomini montre qu’à côté de deux mètres traditionnels de l’épigramme empruntés à Catulle et à Martial, de facture classique avec une originalité dans les scazons, Piccolomini, à la différence de Beccadelli, a voulu introduire dans son recueil une touche de variété avec deux mètres provenant de la dislocation de strophes d’Horace, comme l’avaient fait Sénèque et Boèce (hendécasyllabe sapphique et quaternaire dactylique).
Ismène Cotensin, « “[…]spero che chi verrà doppo noi arà da scrivere la quarta età del mio volume”. De Vasari à Passeri, du modèle à son avatar »
Cet article a pour objet la confrontation entre le recueil de Vies d’artistes d’un biographe romain méconnu du xviie siècle, Giovanni Battista Passeri, et celui de Giorgio Vasari, publié un siècle plus tôt, et considéré comme paradigme. L’étude proposée se veut à la fois narrative et stylistique. Par l’analyse de plusieurs extraits de l’ouvrage de Passeri, il s’agit de mettre en lumière les questions d’héritage qui se posent quand on compare un avatar à son modèle.
351Sylvie MartinMercier, « Théâtre et merveilleux en images. Mangefeu et son Grand théâtre de marionnettes vus par les illustrateurs »
Cet article propose d’étudier le traitement du théâtre et de la théâtralité dans Les Aventures de Pinocchio de Carlo Collodi, à travers l’épisode du montreur de marionnettes Mangefeu mis en image par six illustrateurs italiens parmi les plus remarquables (Enrico Mazzanti, Carlo Chiostri, Attilio Mussino, Roberto Innocenti, Lorenzo Mattotti et Massimiliano Frezzato) qui en donnent tour à tour une interprétation sociale, théâtrale ou merveilleuse.
Stefano Pittaluga, « Éloges de la médecine et médecins ignorants »
Cette contribution est une analyse de la fluctuation des événements littéraires liés à l’image du médecin et de la médecine, de la métaphore du Christus medicus dans Augustin à la médecine comme ars mechanica dans Hugues de Saint Victor, de l’aphorisme « dum dolet accipe » de Jean de Salisbury aux Invectivæ contra medicum de Francesco Petrarca aux caricatures des médecins ignorants et avides de gain dans le Liber Facetiarum de Poggio Bracciolini.
Florence Bistagne, « Éditer et traduire une correspondance humaniste, enjeux et méthodes. Le cas Giovanni Pontano »
Éditer et traduire une correspondance de l’époque humaniste oblige à la fois à utiliser les méthodes les plus strictes de la philologie et de l’ecdotique mais aussi à se décentrer dans l’acte de traduction. Le texte ainsi dégagé de toute gangue et de toute une tradition de partis-pris parfois désuets peut alors acquérir aussi le statut de source historique. C’est le cas notamment pour l’histoire de la langue italienne à la fin du Quattrocento.
Francis Goyet, « Le Discours de la Servitude volontaire, ou les misères des gens de cour »
On propose ici de lire le Discours de la Servitude volontaire d’Étienne de La Boétie à la lumière du De curialium miseriis d’Enea Silvio Piccolomini. L’idée, très simple, est que la fin du Discours décrit Les Misères des gens de cour, les misères d’une servitude volontaire. La question est plutôt : puisque c’est si simple, pourquoi cela passe-t-il autant inaperçu de la critique sur La Boétie ?
352Gilbert Bosetti, « Della ragione di stato de Giovanni Botero. Un anti-machiavélien machiavélique ? »
Dans la seconde moitié du xvie siècle, à l’époque de la Contre-Réforme, le réalisme politique de Machiavel trouve un écho dans les cours européennes. Parmi les plus hostiles de ses détracteurs se distingue Botero, formé par les Jésuites et bien en cour chez les Espagnols et la Maison de Savoie. Tout en condamnant le cynisme du Florentin, il s’inspire de son réalisme pour s’afficher comme le défenseur du bien public en contribuant à la reprise en main de l’Église sur les consciences.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-09605-4
- EAN : 9782406096054
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09605-4.p.0347
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 02/11/2020
- Langue : Français