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Classiques Garnier

Repères chronologiques

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REPÈRES CHRONOLOGIQUES

1840

Naissance à Paris, le 2 avril, au 10, rue Saint-Joseph. Émile Zola est le fils de François Zola (né à Venise en 1795) et d’Émilie Aubert (née en 1819 dans la Beauce).

1843-1847

Les Zola s’installent à Aix-en-Provence. L’ingénieur François Zola dirige la construction d’un barrage dans les gorges de l’Infernet et celle d’un canal pour l’alimentation en eau potable d’Aix. Il meurt à Marseille, le 27 mars 1847, d’une pneumonie vraisemblablement contractée sur un chantier. La famille, en butte à d’habiles usurpateurs, connaît une période de grandes difficultés financières.

1848-1858

Émile Zola est élève à la pension Notre-Dame (où il sympathise avec Marius Roux et Philippe Solari), puis au collège Bourbon (où il a pour camarades Jean-Baptistin Baille et Paul Cézanne). Ses premiers écrits, dont la plupart ont disparu, datent de cette époque.

1858-1862

Émilie Zola, après la mort de sa mère Henriette Aubert le 16 novembre 1857, part pour Paris chercher du soutien. Elle est bientôt rejointe par son fils et son père, Louis Aubert, qui meurt à son tour en 1860. Émile Zola entre comme boursier au lycée Saint-Louis. En août 1859 à Paris, puis en novembre de la même année à Marseille, il échoue au baccalauréat. Grâce à Alexandre Labot, il est embauché pour travailler à l’administration des Docks de Paris. Il quitte cette place deux mois plus tard. L’hiver 1860-1861 est particulièrement difficile sur le plan matériel. La vie de bohème est propice à l’écriture (l’heure est toujours à la poésie), à la lecture et aux découvertes artistiques (Zola visite avec Cézanne le Salon de Peinture et les académies). C’est aussi le temps de la maturation, qui dure encore toute une année.

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1862-1865

Zola entre à la librairie Hachette le 1er mars 1862. En tant qu’employé au bureau des Expéditions, il est d’abord chargé de faire les paquets, puis se voit confier de nouvelles responsabilités par Louis Hachette. Il est promu chef de la publicité en juin 1864. Ses fonctions lui permettent de découvrir le monde de l’édition, de la presse et, plus largement, des lettres. C’est à cette période qu’il devient chroniqueur (il collabore à de nombreux journaux comme Le Salut public de Lyon, Le Figaro ou Le Petit Journal), conteur (il écrit ses premiers Contes à Ninon dès 1862) et romancier (La Confession de Claude paraît chez Lacroix en novembre 1865). Il déploie une énergie considérable à assurer en même temps ses dix heures de travail quotidien chez Hachette, la rédaction de ses articles (parmi tant d’autres, le compte rendu très élogieux de Germinie Lacerteux des frères Goncourt) et l’écriture de ses premières œuvres. Le 31 janvier 1866, il décide de quitter la librairie pour vivre de sa plume.

1866-1869

Zola entretient une liaison avec Gabrielle-Alexandrine Meley, qu’il a rencontrée en 1865 et épousera le 31 mai 1870. Il publie Mes Haines, son premier recueil critique, en 1866, Thérèse Raquin et Les Mystères de Marseille en 1867, puis Madeleine Férat en 1868. Il fréquente le milieu des peintres : parmi eux, Pissarro ou encore Manet, qui réalise son portrait en 1868 et dont le tableau Olympia vient de faire scandale. Il sympathise également avec Paul Alexis, un jeune Aixois qu’il accueille chez lui et deviendra l’un de ses plus fidèles amis. Il se met à lire des ouvrages sur l’hérédité et la physiologie : le projet d’une Histoire d’une famille est en germe. Le plan des Rougon-Macquart remis à l’éditeur Albert Lacroix en 1869 prévoit dix volumes.

1870-1871

Zola écrit La Fortune des Rougon et commence à préparer La Curée avant que n’éclate la guerre franco-prussienne. Pendant les événements, il séjourne à Marseille (où il fonde avec Marius Roux un journal éphémère), puis à Bordeaux (après l’armistice du 28 janvier 1871, il devient chroniqueur parlementaire pour La Cloche et Le Sémaphore

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de Marseille) et enfin à Paris (lorsque l’Assemblée est déplacée à Versailles). Il assiste à la répression sanglante de la Commune et à l’instauration d’une république ultra conservatrice. Il poursuit son activité de journaliste polémique et d’écrivain. L’éditeur Lacroix ayant fait faillite, c’est désormais à Charpentier qu’est confiée la publication en volumes des Rougon-Macquart.

1872-1877

Zola publie la suite de son cycle à raison d’un volume par an : Le Ventre de Paris en 1873, La Conquête de Plassans en 1874, La Faute de l’abbé Mouret en 1875 et Son Excellence Eugène Rougon en 1876. Il se lie d’amitié avec Flaubert (qui lui présente Maupassant), Daudet et Tourguéniev. Joris-Karl Huysmans, Henry Céard et Léon Hennique sont bientôt considérés comme ses disciples. En 1876, la publication en feuilleton de L’Assommoir dans Le Bien public fait scandale. Elle est interrompue et doit s’achever dans La République des Lettres. La polémique assure le succès de la parution en librairie, en janvier 1877. La fortune littéraire de Zola est acquise.

1878-1885

Grâce aux droits d’auteurs de L’Assommoir, Zola acquiert une propriété à Médan, près de Poissy. Il y séjourne désormais l’été et l’automne de chaque année, y reçoit avec sa femme de nombreux amis ; le lieu devient un symbole du naturalisme. Une page d’amour paraît en 1878. L’adaptation de L’Assommoir au théâtre, en 1879, est un grand succès. Le Roman expérimental est publié dans Le Voltaire en même temps que Nana ; ils sont repris en volume en 1880. Le neuvième volet des Rougon-Macquart produit à nouveau le scandale et déchaîne la critique. La même année paraît Les Soirées de Médan, qui réunit des nouvelles de Zola, Alexis, Céard, Huysmans, Hennique et Maupassant. 1880 s’achève sur une grave crise morale que déclenchent la mort des amis Duranty et Flaubert, puis celle d’Émilie Zola, le 17 octobre. Zola n’en continue pas moins de consacrer toute son énergie à l’écriture. Nulla dies sine linea : telle est la devise de l’auteur inscrite, à Médan, sur

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la cheminée de son cabinet de travail. Le Naturalisme au théâtre et Les Romanciers naturalistes, deux textes théoriques majeurs, paraissent en 1881. Le cycle se déroule : Pot-Bouille en 1882, Au Bonheur des Dames en 1883 et La Joie de vivre en 1884, qui témoigne de l’ébranlement affectif éprouvé quatre ans plus tôt. Germinal, en 1885, consacre le génie de Zola. L’adaptation au théâtre est interdite par la censure (la pièce, finalement créée en 1888, sera un échec).

1886-1893

L’Œuvre, en 1886, met un terme à l’amitié avec Cézanne : croyant s’être reconnu dans le personnage de Claude Lantier, le peintre s’éloigne définitivement de Zola. Les rudesses de La Terre, en 1887, conduisent plusieurs jeunes écrivains proches de Goncourt (Bonnetain, Rosny, Descaves, Margueritte et Guiches) à s’insurger dans « Le Manifeste des Cinq ». Le cycle s’achève, toujours au rythme très soutenu d’un volume par an : Le Rêve en 1888, La Bête humaine en 1890, L’Argent en 1891, La Débâcle en 1892 et Le Docteur Pascal en 1893. Le personnage de Clotilde, dans le dernier volet, doit beaucoup à Jeanne Rozerot. La jeune femme, rencontrée en 1888, devient la maîtresse de Zola et lui donne deux enfants : Denise (en 1889) et Jacques (en 1891). Alexandrine finit elle-même par accepter cette double vie. En 1890, Zola se présente pour la première fois à l’Académie française : il échoue à dix-neuf reprises ; il doit se contenter de la Légion d’honneur et de son poste de président de la Société des gens de lettres.

1894-1898

Lourdes (en 1894), Rome (en 1896) et Paris (en 1898) forment la trilogie des Trois Villes. Pierre Froment y évolue en prêtre tourmenté, travaillé par le désir de retrouver la foi, de réconcilier en lui la dévotion de sa mère et le positivisme athée de son père. L’expérience de la cité mariale, le séjour au Vatican et l’ultime tentative d’un catholicisme social se soldent par des échecs. Le cycle est traversé par les inquiétudes fin de siècle, le spectre des

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attentats anarchistes et la tentation d’un renouveau mystique. C’est finalement dans son union avec Marie que Pierre trouve le salut : ses fils seront, dans le cycle des Évangiles, les hérauts d’une nouvelle religion de la vie.

1898-1902

Le grand combat de ces dernières années est l’engagement dans l’affaire Dreyfus. Le capitaine juif a été condamné en 1894 à la déportation perpétuelle à l’île du Diable pour avoir prétendument communiqué à l’Allemagne des renseignements secrets. Zola, encouragé par Leblois, Bernard Lazare et Scheurer-Kestner, convaincu de la culpabilité d’Esterházy et scandalisé par l’injustice faite à Dreyfus, se décide à entrer dans la mêlée. Le 13 janvier 1898, il publie « J’Accuse…! » à la une de L’Aurore, le journal de Clemenceau. Sa lettre ouverte au président de la République provoque l’indignation du courant nationaliste et militariste. La cour d’assises de Paris le condamne pour diffamation à un an de prison et 3000 francs d’amende. Le jugement, confirmé par la cour de Versailles, l’oblige à s’exiler en Angleterre pendant environ un an. La révision du procès de Dreyfus (en 1899) lui permet de rentrer en France et d’y poursuivre son nouveau cycle. Dans le prolongement des Trois Villes, Zola travaille aux Quatre Évangiles : Fécondité et Travail sont publiés en 1899 et 1901 ; Vérité ne paraîtra qu’après sa mort, en 1903 ; Justice restera à l’état de projet. Dans la nuit du 28 au 29 septembre 1902, l’auteur et sa femme sont asphyxiés par une cheminée défaillante et retrouvés inconscients à leur domicile du 21 bis, rue de Bruxelles. Seule Alexandrine parvient à être réanimée. L’enquête conclut à un accident, mais de nouvelles données recueillies cinquante ans plus tard font émerger la thèse de la malveillance criminelle (Jean Bedel, Zola assassiné, Paris, Flammarion, 2002). L’écrivain est enterré le 5 octobre au cimetière de Montmartre. Ses cendres seront transférées au Panthéon le 4 juin 1908.