Quand les mouvements stratégiques récurrents fragilisent les relations professionnellesAnalyse à partir de deux monographies de l’industrie pharmaceutique
Résumé : Cet article interroge la manière dont les mouvements stratégiques (externalisation, fusion-acquisition et restructuration) dégradent les relations professionnelles, en jouant sur deux dimensions : le lieu où elles se tiennent et leur contenu. Il s’appuie pour cela sur deux monographies du secteur pharmaceutique où ces mouvements sont incessants. Induisant la fragmentation changeante de l’intérêt des salariés, ces mouvements contribuent à l’absence d’instances centralisées, augmentant d’autant la forte déconnexion entre lieu de négociation et lieu réel de décision inhérente à la structuration en groupe. Ces mouvements sont aussi l’opportunité de saturer l’espace social pour le « vider » de ses enjeux et d’abaisser le contenu des accords existant, affectant en bout de course la capacité des instances représentatives du personnel à peser sur la détermination des conditions de travail.