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Classiques Garnier

L’utilisation de l’activité partielle en France pendant la crise de la Covid-19 Une analyse empirique sous l’angle du genre

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Socio-économie du travail
    2020 – 2, n° 8
    . Genre et politiques de l’emploi et du travail
  • Auteurs : Calavrezo (Oana), Hounkpevi (Lewis), Journeau (Florence), Robin (Yoan)
  • Résumé : L’activité partielle est une mesure phare mise en avant par les pouvoirs publics pour lutter contre les répercussions de la crise sanitaire sur l’emploi. En utilisant des données originales d’enquête, cet article interroge les aspects genrés liés à l’utilisation de l’activité partielle en France pendant la crise de la Covid-19. Globalement, nous avons pu constater que le recours des femmes et des hommes à l’activité partielle était assez semblable. Quelques différences ont été mises en avant mais d’assez faible intensité. Notamment les femmes avec enfant ont plus été en activité partielle, constat à relier au fait que l’activité partielle indemnisait également des situations pour garde d’enfant. Les conséquences économiques de plus long terme seront à étudier, notre enquête montrant que les femmes et les hommes ayant connu l’activité partielle ne sont pas prêts aux mêmes concessions pour garder leur emploi.
  • Pages : 163 à 201
  • Revue : Socio-économie du travail
  • Thème CLIL : 3319 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Économie publique, économie du travail et inégalités -- Travail, emploi et politiques sociales
  • EAN : 9782406123613
  • ISBN : 978-2-406-12361-3
  • ISSN : 2555-039X
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-12361-3.p.0163
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 08/12/2021
  • Périodicité : Semestrielle
  • Langue : Français
  • Mots-clés : Covid-19, activité partielle, genre, parcours sur le marché du travail, concessions, confiance
163

Lutilisation de lactivité partielle
en France pendant la crise
de la Covid-19

Une analyse empirique sous langle du genre

Oana Calavrezo

Unédic et Laboratoire déconomie dOrléans

Lewis Hounkpevi

Unédic

Florence Journeau

Unédic

Yoan Robin

Unédic

Introduction

Comme observé lors de précédentes crises (Bettio, 2002 ; Rubery, 2010), la crise de la Covid-19 est susceptible davoir dimportantes conséquences sur la distribution genrée du travail. Une littérature en plein essor sintéresse aux effets socioéconomiques de la Covid-19 (Adams-Prassl et al., 2020 ; Blundell et al., 2020), et notamment aux aspects genrés (Hupkau et Petrongolo, 2020 ; Lambert et al., 2020 ; Boring et al., 2020 ; Bajos et al., 2020 ; Collet et Gayraud, 2021). Notre 164recherche contribue à la littérature sur les effets de la crise sanitaire sur le marché de lemploi salarié1 en interrogeant les aspects genrés liés à lutilisation de lactivité partielle. Le dispositif dactivité partielle (ou chômage partiel), qui est un dispositif ancien en France visant à éviter les licenciements économiques tout en permettant aux entreprises dadapter le volume dheures travaillées de leurs salariés aux variations de leur activité, a été adapté aux caractéristiques de cette crise. Depuis le 1er mai 2020 notamment, les arrêts pour garde denfant ou personnes vulnérables sont intégrés temporairement dans le dispositif dactivité partielle. Il a ainsi été au centre de la politique menée en France pour soutenir lemploi dans le cadre des mesures de confinement prises face à la crise de la Covid-19. Son utilisation, dune ampleur sans précédent a permis, au plus fort de la crise sanitaire, de protéger plus de 8 millions de salariés et plus dun million détablissements en France (Calavrezo et al., 2020).

Dans sa conception réglementaire, lactivité partielle est un dispositif neutre en termes de genre (gender-neutral) : il ne sadresse pas à un sexe plutôt quà un autre. La littérature montre cependant que de tels dispositifs a priori aveugles aux différences femmes-hommes peuvent donner lieu à une utilisation qui, elle, est genrée et nourrit des inégalités femmes-hommes. Cette analyse dun dispositif non-genré donnant lieu à une utilisation genrée sapplique-t-elle à lactivité partielle ? Larticle pose la question pour la France dans le contexte de la crise de la Covid-19 : lutilisation de lactivité partielle au cours du premier confinement de 2020 et de la période qui a suivi a-t-elle été neutre en termes de genre ? Nous répondons à cette question en testant différentes hypothèses.

Dans la continuité des travaux de Maruani et Nicole (1989) puis Maruani (1996), qui ont souligné que lors de crises précédentes les femmes étaient moins mises en activité partielle que les hommes dune même entreprise et à poste équivalent, mais plus souvent sorties du marché du travail, nous faisons lhypothèse que, durant la crise sanitaire actuelle, les femmes sont moins souvent que les hommes en activité partielle, toutes choses égales par ailleurs.

Considérant les caractéristiques particulières de la crise de la Covid-19 liées au premier confinement et à la mise en arrêt des écoles, et étant donné 165que les femmes prennent plus souvent en charge le travail domestique et les tâches parentales que les hommes (Garner, Méda et Senik, 2005 ; Pailhé et Solaz, 2009 ; Pfefferkorn, 2011 ; Bèque, 2019 ; Eurofund, 2020 ; Collet et Gayraud, 2021), nous faisons lhypothèse que les femmes ont été davantage concernées par les arrêts de travail pour garde denfants. Nous testons cette hypothèse en analysant séparément pour les hommes et les femmes le lien entre le fait davoir des enfants et la probabilité davoir été en activité partielle entre le 17 mars et le 31 août 2020 compte tenu du fait quà partir du 1er mai 2020, lactivité partielle indemnisait également, temporairement, des situations pour garde denfant ou pour personnes vulnérables.

Lenquête mobilisée dans ce travail renseigne en outre sur les différents états possibles sur le marché du travail entre le premier confinement et la fin de lété 2020 (maintien au travail, activité partielle, chômage, congés). La mise en activité partielle na pas le même sens selon quelle intervient alternativement au chômage total ou à lemploi. En partant de résultats observés lors de crises précédentes et en les extrapolant, nous faisons lhypothèse ici que larticulation entre ces états diffère entre les hommes et les femmes.

En complément de ces analyses, cette recherche sintéresse à des points de vue plus subjectifs liés à la mise en activité partielle ouvrant en même temps sur les répercussions de plus long terme que le confinement est susceptible davoir sur les situations professionnelles des femmes et des hommes, notamment au travers des questions sur les concessions que les unes et les autres seraient prêts à faire ou encore la confiance dans leur avenir professionnel ou dans léconomie. Comme les femmes sont moins protégées que les hommes, à situation égale, et peuvent parfois être perçues comme « une armée de réserve » (Rubery et Tarling, 1988 ; Rubery, 2010), nous faisons lhypothèse que les femmes en activité partielle sont prêtes à plus de concessions pour garder un emploi que les hommes. Nous supposons par ailleurs que les hommes et les femmes auraient des niveaux de confiance différents dans leur avenir professionnel et dans léconomie, selon les parcours quils rencontrent durant la crise sanitaire et notamment selon la place occupée par lactivité partielle au sein de ces parcours.

Pour répondre statistiquement à ces questions et vérifier nos hypothèses, après avoir présenté brièvement le dispositif dactivité partielle et la littérature, nous mobilisons lenquête « Impact de la crise de la Covid-19 sur 166le marché du travail » et estimons des modèles économétriques analysant leffet du sexe sur deux variables de résultat relatives à lactivité partielle : la mise en activité partielle proprement dite ainsi que le fait de connaître un parcours plus ou moins marqué par lactivité partielle, le chômage ou lemploi au cours de la période considérée. Nous étudions également les résultats liés à des aspects plus subjectifs de la mise en activité partielle en mobilisant des statistiques descriptives sur la confiance en son avenir professionnel et les concessions qui pourraient être acceptées.

I. Règlementation et revue de littérature

I.1. Quelques rappels réglementaires

Nous présentons ici brièvement la règlementation dactivité partielle en vigueur entre le début de la crise sanitaire et le 31 décembre 2020. La réglementation a été plusieurs fois modifiée afin de tenir compte des évolutions de la crise de la Covid-19. En France, lactivité partielle ou le chômage partiel est un dispositif de sauvegarde de lemploi encadré par la loi. Aujourdhui, lallocation dactivité partielle est financée par lÉtat à hauteur de 67 % et par lUnédic à hauteur de 33 %. Il sagit dun dispositif ancien : les partenaires sociaux ont défini les modalités de mise en œuvre du chômage partiel par laccord national interprofessionnel du 21 février 1968.

En raison de lépidémie de Covid-19, le dispositif a été réformé afin de limiter les conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire. En 2020, pour chaque heure chômée, lindemnité versée au salarié devait être égale à 70 % de sa rémunération brute et ne pouvait être inférieure à 8,03 €. Dans le cadre de la réforme de lactivité partielle, outre lextension temporaire du dispositif à de nouveaux bénéficiaires (particuliers employeurs, salariés de droit privé demployeurs de droit public, à partir du 1er mai 2020, arrêts pour garde denfant ou pour personnes vulnérables, etc.), lallocation versée aux entreprises a été revalorisée et modulée :

167

Du 1er mars au 31 mai 2020, elle a été portée à 70 % de la rémunération horaire brute de référence (limitée à 4,5 Smic) afin de neutraliser le coût de lactivité partielle pour les employeurs avec un minimum de 8,03 € (étant donné que lindemnité versée au salarié ne peut pas être inférieure à ce seuil) ;

Du 1er juin au 31 décembre 2020, elle a été portée à 60 % de la rémunération horaire brute de référence (limitée à 4,5 Smic), hormis pour les entreprises de secteurs particulièrement affectés par la crise sanitaire (secteurs « protégés » : tourisme, restauration, sport, culture, évènementiel, etc.) et les entreprises de secteurs faisant lobjet de restrictions législatives ou réglementaires particulières, qui continuent dêtre indemnisées à hauteur de 70 % de la rémunération horaire brute de référence (limitée à 4,5 Smic). Durant cette période, lallocation minimale perçue par lemployeur sélève à 8,03 €.

En outre, un dispositif spécifique dactivité partielle de longue durée (APLD) sapplique depuis le 1er juillet 2020. La mise en œuvre de lAPLD est conditionnée à la conclusion dun accord collectif comportant notamment des engagements de maintien dans lemploi et validé au préalable par lautorité administrative compétente, la DIRECCTE (DREETS depuis le 1er avril 2021). Ce dispositif est applicable pour 6 mois renouvelables, dans la limite de 24 mois et est limité aux accords transmis pour validation à lautorité administrative. La réduction de lhoraire de travail dun salarié ne peut dépasser 40 % de lhoraire légal par salarié, sur la durée totale de laccord2.

I.2. marché du travail et genre

Rubery et Tarling mettent en évidence dès 1988 lexistence dune ségrégation genrée sur le marché du travail, entre des emplois majoritairement féminins et dautres majoritairement masculins. Si cette ségrégation sest légèrement amenuisée, quoique toujours très prégnante (Lemière et Silvera, 2014), elle se fait de plus en plus sur la qualité de lemploi. En effet, les femmes sont plus souvent sujettes au temps partiel et aux CDD (Silvera, 2017), notamment à des âges extrêmes de 168la vie ce qui exclut le choix de cette forme demploi pour concilier vie professionnelle et vie familiale (Maruani, 2002). Cette ségrégation de la qualité de lemploi serait à lorigine des bons taux demploi affichés dans le Nord de lEurope, mais au détriment de la qualité de lemploi féminin, très soumis au temps partiel (Maruani, 2017). Une explication de cette ségrégation trouve son origine dans le constat que les femmes sont sous-représentées dans le monde syndical et en conséquence moins bien défendues. Ceci en raison à la fois de difficultés darticulation entre temps militant, temps professionnel et familial, et la nécessité fréquente davoir le soutien de son conjoint pour parvenir à être une femme responsable syndicale (Le Quentrec et Rieu, 2003), ainsi que dune culture syndicale fondée sur des normes masculines (Silvera, 2012). Les femmes seraient toujours, en 2010 en France, moins bien représentées que les hommes à tous les échelons syndicaux (Lescurieux, 2019).

Si la ségrégation par secteur réduit la compétition directe entre les femmes et les hommes sur le marché de lemploi, elle les expose aussi différemment selon les effets récessifs et les secteurs et emplois touchés (Bettio, 2002 ; Rubery, 2010 ; Rubery et Rafferty, 2013). La crise de 2008-2009 a ainsi dabord été nommée « he-cession » en raison de son impact récessif majoritairement sur les secteurs masculins (Rafferty, 2015). Cest depuis cette crise que le sur-chômage féminin observé en France a pris fin (Meurs et Pora, 2019), même si les femmes restent plus exposées à linactivité et au sous-emploi (Guergoat-Larivière et Lemière, 2018).

Cependant, quand lamélioration économique survient, des changements dans la ségrégation peuvent intervenir à la faveur dune substitution de genre, au profit dun genre ou de lautre (Bettio, 2002 ; Rubery, 2010), notamment en conséquence des politiques publiques anti-crise. Lors de la crise de 2008-2009, en Angleterre, si les hommes ont été plus touchés par la crise, les femmes ont plus subi les conséquences des mesures daustérité car elles sont plus souvent employées du secteur public et bénéficiaires de prestations sociales (Rubery et Rafferty, 2013 ; Rafferty, 2015). Deux rapports daudit genrés sur les politiques publiques mises en œuvre en Angleterre après la crise de 2008-2009 ont par exemple mis en évidence quentre 74 % et 81 % des revenus tirés des augmentations dimpôts et des réductions daides viendraient des femmes (House of Commons Library, 2010 ; Womens budget group, 1692012). En France, un rapport sur limpact genré des mesures de soutien à léconomie à la suite de la crise de la Covid-19 (Collet et Gayraud, 2021) souligne le risque de renforcer les inégalités femmes-hommes sur le marché du travail en mobilisant la plupart des moyens sur des secteurs très masculins (bâtiment, aéronautique, automobile, numérique, transition écologique…).

Les politiques publiques, et notamment les politiques de soutien à léconomie en crise, peuvent donc ne pas être neutres sur le plan du genre et tendre au contraire à renforcer la prépondérance dun sexe ou de lautre sur le marché du travail ou dans certains secteurs. Cet effet indirect peut avoir lieu alors même que les politiques publiques ne sont pas conçues pour favoriser un genre par rapport à lautre. Lactivité partielle néchappe pas à cette analyse : si de prime abord lors des précédentes crises les chiffres indiquent que les hommes subissent plus souvent lactivité partielle que les femmes (en France, 29 % de lactivité partielle est féminine entre 1992 et 1994 (Calavrezo et Duhautois, 2013) et 25 % entre le 4e trimestre 2008 et le 2e trimestre 2010 (Calavrezo et Lodin, 2013)), Maruani et Nicole (1989) puis Maruani (1996) expliquent que dans une même entreprise, les femmes pourraient être plus contraintes au temps partiel et les hommes au chômage partiel. La conséquence pour les femmes serait de tomber de façon structurelle et non plus conjoncturelle dans un sous-emploi, avec une baisse de salaire non prise en charge par lÉtat comme cest le cas pour lactivité partielle.

Notre article apporte à cette littérature un éclairage sur les potentielles inégalités femmes-hommes liées à lactivité partielle lors de la crise de la Covid-19 en France. Les spécificités de cette crise et de ses réponses par les politiques publiques ont en effet des implications différentes des précédentes crises étudiées sur la mise en activité partielle des femmes et des hommes.

I. Description des données utilisées

Dans cet article, nous nous appuyons sur le volet « salariés » de lenquête « Impact de la crise de la Covid-19 sur le marché du travail » 170réalisée par lUnédic en collaboration avec linstitut de sondages CSA. Il sagit dune enquête qui sintéresse aux effets de la crise de la Covid-19 sur le marché du travail en recueillant les points de vue des demandeurs demploi, des salariés et des employeurs. Elle vise à mieux comprendre limpact de la crise sanitaire sur les transformations à lœuvre sur le marché du travail en abordant plusieurs thématiques comme par exemple le recours à lactivité partielle, la confiance dans lavenir, le projet professionnel, la recherche demploi, laccompagnement ou encore la formation (voir Ducroz et Martin, 2021).

Dans le volet « salariés » de lenquête, 2 028 personnes ont été interrogées en ligne entre la mi-septembre et la mi-octobre 2020 (soit avant la mise en place du couvre-feu dans certaines régions puis lannonce dun second confinement) à propos de la période allant du premier confinement à la fin de lété 2020 soit entre le 17 mars et le 31 août 2020 (voir Tableau 1).

Les personnes interrogées étaient salariées au moment de lenquête. Il sagit dun échantillon national (France métropolitaine) représentatif des salariés de 18 ans ou plus qui travaillent dans les entreprises privées ainsi que dans les grandes entreprises publiques hors salariés embauchés par des particuliers employeurs et hors agriculture. La représentativité est assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, sexe croisé avec lâge, catégorie socioprofessionnelle, type dentreprise, taille dentreprise, taille dagglomération et secteur dactivité). Les données sur lesquelles sont déterminés les quotas sont issues du fichier « salariés » DADS grand format 2015 en se restreignant aux emplois ordinaires chez des employeurs privés ou des personnes morales de droit public soumises au droit commercial et dont les établissements embauchent un salarié ou plus3. Les 2 028 personnes interrogées ont été retenues à partir du panel dinternautes CSA Link de près de 140 000 panélistes en appliquant les quotas précédemment identifiés.

Au-delà du caractère original et de la fraicheur des données mobilisées, ces dernières présentent quelques limites. En effet, la représentativité des données étant basée sur les quotas décrits ci-dessus, des déformations peuvent être observées pour certaines autres caractéristiques en lien avec 171la structure du panel mobilisé (voir notamment la sous-représentation des contrats à durée limitée ou encore la surreprésentation des femmes parmi les cadres et les professions intellectuelles supérieures).

Les caractéristiques sociodémographiques des individus ainsi que les caractéristiques des emplois occupés au moment de lenquête sont considérées entre la mi-septembre et la mi-octobre 20204. Les individus sont par ailleurs interrogés quant à leur situation sur le marché du travail entre le 17 mars et le 31 août. Séparément, pour les périodes du 17 mars au 10 mai (i.e. la période du premier confinement soit 8 semaines) et du 11 mai au 31 août (cest-à-dire entre le premier déconfinement et la fin de lété 2020 soit 16 semaines), les individus ont déclaré le nombre de semaines occupées dans une des quatre situations suivantes (avec rotation aléatoire des items au moment de linterrogation) :

en activité partielle (chômage partiel), en arrêt maladie ou en arrêt de travail pour garde denfants ou pour personne vulnérable

au travail, sur le lieu de travail ou à distance (télétravail)

au chômage, cest-à-dire sans contrat de travail pendant cette période

en congés payés ou RTT.

Par la suite, et pour simplifier la lecture, nous ferons référence à la première catégorie comme à de lactivité partielle. La mesure de lactivité partielle dans lenquête est différente de celle des données administratives de lagence de services et de paiement (ASP), qui est lorganisme qui verse les allocations dactivité partielle auprès des employeurs, ce qui peut conduire à des résultats parfois différents mais dont nous tenons compte dans notre analyse.

Premièrement, les données de lenquête sont déclaratives et les questions peuvent donner lieu à une interprétation qui ne correspond pas à la lettre au dispositif tel que prévu dans la loi. Notamment, lenquête interroge sur un nombre de semaines en activité partielle alors que les 172données administratives renseignent lactivité partielle dès la première heure effectuée. Cette différence peut avoir pour effet de diminuer la part de salariés en activité partielle dans lenquête par rapport à la même période dans les données administratives, ce que nous constatons en effet : 49 % des salariés de lenquête ont déclaré avoir été en activité partielle entre le 17 mars et le 31 août 2020 (Tableau 1), contre 55 % des salariés du privé selon une estimation réalisée à partir des données administratives combinées à lenquête Emploi 20195.

Deuxièmement, lactivité partielle telle que mesurée dans lenquête intègre les arrêts pour maladie, garde denfants ou pour les personnes vulnérables à la Covid-19, alors que le dispositif dactivité partielle nintègre que temporairement les arrêts pour garde denfant ou pour les personnes vulnérables à partir du 1er mai 2020. Cette différence dans la définition de lactivité partielle peut avoir pour conséquence daugmenter lactivité partielle dans les données de lenquête pour la période avant le 1er mai comparativement aux données administratives en particulier pour les femmes qui soccupent plus souvent des personnes à charge (Albouy et Legleye, 2020 ; Barbara, 2020 ; Lévy, Potéreau et Prunier, 2020 ; Recchi et al., 2020 ; Barhoumi et al., 2020 ; Collet et Gayraud, 2021)6. Daprès une enquête de lUgict-CGT, pendant le 1er confinement, ce sont en majorité les femmes (70 %) qui ont pris un congé maladie pour garde denfant. Par ailleurs, lors du 1er confinement, 21 % des mères de famille se sont arrêtées de travailler pour soccuper des enfants contre 12 % des hommes (Collet et Gayraud, 2021 citant des données de lassurance maladie).

Les statistiques descriptives de lenquête sont retranscrites dans le Tableau 1.

173

Tab. 1 – Caractéristiques des individus interrogés (en %).

Activité partielle entre

le 17 mars et le 31 août 2020

Navoir pas déclaré de lactivité partielle

51

Avoir déclaré de lactivité partielle

49

Sexe

Homme

57

Femme

43

Âge

Moins de 30 ans

22

30 à 49 ans

52

50 ans ou plus

26

Lieu de résidence

Île-de-France

24

Autre région

76

Type de contrat de travail

Contrat à durée limitée (CDD, intérim)

4

CDI

96

Catégorie socioprofessionnelle

Cadre et professions intellectuelles supérieures

19

Profession intermédiaire

19

Employé

33

Ouvrier

29

Diplôme

Moins que le Bac

24

Bac

25

Bac+2

25

Bac+3 ou plus

26

Nature de lemployeur

Entreprise privée, association

98

Entreprise publique (EDF, La Poste, SNCF, etc.)

2

Secteur dactivité

Industrie

18

Construction

7

Commerce (commerce, transports et entreposage, hébergement et restauration)

33

Services

42

174

Ancienneté dans lentreprise

Moins dun an

9

De 1 an à moins de 3 ans

19

De 3 ans à moins de 10 ans

34

10 ans ou plus

38

Taille de lentreprise

Moins de 10 salariés

23

De 10 à 49 salariés

30

De 50 à 249 salariés

27

250 salariés ou plus

20

Enfants de moins de 14 ans vivant au sein du foyer

Au moins un enfant

37

Aucun enfant

63

Personnes dans le foyer

1 personne

22

2 personnes

28

3 personnes

23

4 personnes ou plus

26

Propriété logement

Locataire

43

Propriétaire

57

Montant mensuel net habituel des revenus du foyer

Moins de 2 000 euros

28

De 2 000 euros à moins de 3 000 euros

27

De 3 000 euros à moins de 5 000 euros

28

5 000 euros ou plus

7

Ne souhaite pas répondre

10

Nombre dobservations

2 028

Source : enquête Unédic « Impact de la crise de la Covid-19 sur le marché du travail », volet « salariés ».

Champ : salariés de 18 ans ou plus du secteur privé et des entreprises publiques au moment de lenquête, hors salariés des particuliers employeurs et hors agriculture, France métropolitaine ; statistiques pondérées.

175

I. « Toutes choses égales par ailleurs »,
la probabilité davoir connu de lactivité partielle est légèrement plus importante pour les femmes

Dans cette partie de larticle, nous nous intéressons aux déterminants de la propension à avoir déclaré une mise en activité partielle entre le premier confinement et la fin de lété 2020.

Les femmes salariées (hors salariées des particuliers employeurs et hors agriculture) sont légèrement plus nombreuses à avoir connu une période dactivité partielle entre le 17 mars et le 31 août 2020 que les hommes : 51 % contre 48 % (Annexe 1 ; différence qui nest pas statistiquement significative).

Pour étudier « toutes choses égales par ailleurs » la corrélation entre sexe et probabilité davoir connu une période dactivité partielle entre le 17 mars et le 31 août 2020, et tester notre première hypothèse selon laquelle durant la crise sanitaire les femmes seraient moins souvent concernées par lactivité partielle que les hommes, nous estimons un probit simple (Tableau 2)7. Il apparaît ainsi quêtre une femme par rapport à être un homme augmente la probabilité davoir déclaré des situations dactivité partielle, des arrêts maladie ou des arrêts de travail pour garde denfants ou pour personne vulnérable même si leffet nest pas très massif en valeur absolue8.

Le fait que les femmes sont « toutes choses égales par ailleurs » plus souvent en activité partielle que les hommes abonde dans le sens que les femmes constitueraient une « armée de réserve » et seraient les premières sorties de lemploi actif en cas de mise à lécart dune partie des salariés (Rubery et Tarling, 1988 ; Rubery, 2010). Contrairement aux crises précédentes, le soutien massif au chômage partiel se traduirait ainsi par une féminisation du chômage partiel. Lactivité partielle pourrait alors avoir plus protégé les femmes qui en labsence de ce dispositif auraient 176été plus souvent que les hommes évincées (totalement ou partiellement par une diminution du temps de travail) du marché du travail, comme ce fut le cas lors des crises précédentes (phénomène décrit par Maruani et Nicole, 1989 puis Maruani, 1996). Ce résultat infirme ainsi notre première hypothèse9.

En modélisant séparément pour les hommes et les femmes deux probit simples, nous souhaitons tester notre deuxième hypothèse selon laquelle les femmes ont été davantage concernées par les arrêts de travail pour garde denfants durant la crise sanitaire. Nous testons cette hypothèse en analysant le lien entre le fait davoir des enfants et la probabilité davoir été en activité partielle entre le 17 mars et le 31 août 2020 compte tenu du fait quà partir du 1er mai 2020, lactivité partielle indemnisait également, temporairement, des situations pour garde denfant ou pour personnes vulnérables (Tableau 2). Dans lenquête « Impact de la crise de la Covid-19 sur le marché du travail » nous avons plus précisément linformation sur le fait davoir des enfants de moins de 14 ans.

En regardant leffet de cette variable sur les modèles des sous-populations hommes et femmes, nous remarquons quavoir un enfant de moins de 14 ans naugmente significativement la probabilité davoir été en activité partielle que pour les femmes (voir Tableau 2), dans la lignée de la littérature sur le travail domestique (Albouy et Legleye, 2020 ; Barbara, 2020 ; Lévy, Potéreau et Prunier, 2020 ; Recchi et al., 2020 ; Barhoumi et al., 2020 ; Collet et Gayraud, 2021). Ce résultat confirme ainsi notre deuxième hypothèse.

177

Tab. 2 – Probabilités davoir déclaré la mise en activité partielle.

Ensemble

Hommes

Femmes

Constante

+0,38

(0,24)

+0,06

(0,30)

+0,90 **

(0,39)

Sexe

Homme

-0,12 **

(0,06)

Femme

Réf.

Âge

Moins de 30 ans

Réf.

Réf.

Réf.

30 à 49 ans

+0,10

(0,08)

+0,29 **

(0,12)

-0,12

(0,12)

50 ans ou plus

+0,09

(0,10)

+0,34 ***

(0,14)

-0,20

(0,15)

Lieu de résidence

Île-de-France

Réf.

Réf.

Réf.

Autre région

-0,11

(0,07)

-0,06

(0,10)

-0,21 **

(0,10)

Type de contrat de travail

Contrat à durée limitée (CDD, intérim)

-0,40 **

(0,16)

-0,26

(0,20)

-0,54 **

(0,26)

CDI

Réf.

Réf.

Réf.

Catégorie socioprofessionnelle

Cadre et profession intellectuelle supérieure

-0,49 ***

(0,10)

-0,52 ***

(0,14)

-0,74 ***

(0,17)

Profession intermédiaire

-0,01

(0,09)

+0,13

(0,12)

-0,44 ***

(0,16)

Employé

-0,13

(0,08)

+0,06

(0,10)

-0,54 ***

(0,15)

Ouvrier

Réf.

Réf.

Réf.

178

Nature de lemployeur

Entreprise privée, association

-0,01

(0,15)

-0,03

(0,19)

+0,04

(0,28)

Entreprise publique (EDF, La Poste, SNCF…)

Réf.

Réf.

Réf.

Secteur dactivité

Industrie

-0,10

(0,09)

-0,03

(0,12)

-0,30 *

(0,16)

Construction

+0,32 ***

(0,11)

+0,42 ***

(0,14)

+0,25

(0,19)

Commerce (commerce, transports et entreposage, hébergement et restauration)

Réf.

Réf.

Réf.

Services

-0,28 ***

(0,07)

-0,24 **

(0,09)

-0,36 ***

(0,11)

Ancienneté dans lentreprise

Moins dun an

Réf.

Réf.

Réf.

De 1 an à moins de 3 ans

+0,11

(0,12)

-0,07

(0,17)

+0,40 **

(0,18)

De 3 ans à moins de 10 ans

+0,06

(0,12)

+0,02

(0,16)

+0,13

(0,17)

10 ans ou plus

+0,03

(0,12)

-0,07

(0,17)

+0,17

(0,18)

Taille de lentreprise

Moins de 10 salariés

Réf.

Réf.

Réf.

De 10 à 49 salariés

-0,08

(0,09)

-0,12

(0,12)

-0,01

(0,13)

De 50 à 249 salariés

-0,17 **

(0,09)

-0,19

(0,12)

-0,15

(0,13)

250 salariés ou plus

-0,13

(0,09)

-0,15

(0,12)

-0,12

(0,14)

179

Enfants de moins de 14 ans vivant au sein du foyer

Au moins un enfant

+0,18 ***

(0,07)

+0,10

(0,09)

+0,29 ***

(0,10)

Aucun enfant

Réf.

Réf.

Réf.

Propriété logement

Locataire

+0,03

(0,06)

+0,02

(0,09)

0,00

(0,10)

Propriétaire

Réf.

Réf.

Réf.

Montant mensuel net habituel des revenus du foyer

Moins de 2 000 euros

Réf.

Réf.

Réf.

De 2 000 euros à moins de 3 000 euros

-0,04

(0,08)

+0,04

(0,11)

-0,16

(0,12)

De 3 000 euros à moins de 5 000 euros

-0,11

(0,08)

-0,09

(0,11)

-0,18

(0,12)

5 000 euros ou plus

-0,41 ***

(0,14)

-0,16

(0,19)

-0,80 ***

(0,22)

Ne souhaite pas répondre

-0,08

(0,11)

-0,08

(0,17)

-0,12

(0,15)

Nombre dobservations

2 028

1 108

920

Observations : estimation de probit simples. Sont indiqués les coefficients estimés et les écarts-types entre parenthèses. *** : coefficient significatif au seuil de 1 % ; ** : coefficient significatif au seuil de 5 %, * : coefficient significatif au seuil de 10 % ; « Réf. » correspond à la modalité de référence dune variable.

Source : enquête Unédic « Impact de la crise de la Covid-19 sur le marché du travail », volet « salariés ».

Champ : salariés de 18 ans ou plus du secteur privé et des entreprises publiques au moment de lenquête, hors salariés des particuliers employeurs et hors agriculture, France métropolitaine.

180

I. LA RÉPARTITION entre lACTIVITÉ PARTIELLE,
LE TRAVAIL ET LE CHÔMAGE EST PEU CORRÉLÉE AVEC LE SEXE

La mise en activité partielle na pas le même sens selon quelle intervient alternativement au chômage total ou à lemploi. En partant de résultats observés lors de crises précédentes et en les extrapolant, nous faisons lhypothèse que larticulation entre activité partielle, chômage et emploi diffère entre les hommes et les femmes. Pour tester cette hypothèse, dans cette partie de létude, nous construisons une typologie de parcours entre le 17 mars et le 31 août 2020.

Dans lenquête « Impact de la crise de la Covid-19 sur le marché du travail », il est possible dappréhender la situation professionnelle des salariés sur 24 semaines, entre le 17 mars et le 31 août 2020, à légard de la durée (exprimée en semaines) passée dans quatre états sur le marché du travail10 : activité partielle, travail (sur le lieu de travail ou à distance), chômage et congés payés / RTT. Un moyen dexaminer les corrélations entre les variables décrivant les parcours des salariés consiste à réaliser une analyse de classification. Comme dans ce travail nous souhaitons identifier des combinaisons récurrentes détats sur le marché du travail, seules quatre variables décrivant les parcours sont retenues : le nombre de semaines en activité partielle, le nombre de semaines au travail, le nombre de semaines au chômage ainsi que le nombre de semaines en congés payés / RTT. Nous avons élaboré une typologie à laide dune classification ascendante hiérarchique (CAH) sur lensemble des salariés interrogés. La CAH répartit les parcours en groupes homogènes, les plus distincts entre eux. Ces groupes sont emboîtés par regroupements successifs en fonction de leur proximité, mesurée ici à partir de la distance de Ward. Le nombre final de groupes est obtenu de façon à maximiser la moyenne de lindice des silhouettes de Rousseeuw. Par ailleurs, le nombre final de groupes permet que ces derniers conservent une taille suffisante, tout en limitant la perte dinertie induite par le regroupement.

181

IV.1. Les parcours des salariés
entre le 17 mars et le 31 août 2020

La classification des 2 028 parcours professionnels entre le 17 mars et le 31 août 2020 des personnes interrogées conduit à identifier quatre groupes deffectifs différents. Le groupe « travail », qui est le plus conséquent en termes deffectifs (58 % des parcours des salariés), rassemble des parcours caractérisés quasi intégralement par le travail. En effet, en moyenne, les parcours comptent un peu plus de 21 semaines sur 24 en travail (télétravail ou sur le lieu de travail), 2 semaines de congés ou de RTT et un peu moins dune semaine dactivité partielle entre le 17 mars et le 31 août (Tableau 3).

Le groupe « mix travail et activité partielle » rassemble des parcours qui combinent les situations de travail et dactivité partielle et représente 30 % des salariés de lenquête (voir Tableau 3). Près de la moitié de la période considérée est caractérisée par le travail (11,9 semaines) et un peu plus dun tiers de la période est caractérisée par lactivité partielle (8,8 semaines). Il sagit par ailleurs du groupe qui déclare le plus de jours de congés ou de RTT (près de 3 semaines déclarées en moyenne). Les salariés de ce groupe déclarent en outre 0,4 semaine de chômage sur la période danalyse.

En moyenne, les salariés du groupe « mix chômage et travail » (7 % des enquêtés ; cf. Tableau 3) ont passé près de la moitié de la période étudiée au chômage (11,8 semaines) et près de 10 semaines en travail. Les personnes de ce groupe ont déclaré par ailleurs avoir passé en moyenne environ une semaine en congé et une autre en activité partielle.

Enfin, le groupe « activité partielle », 5 % des salariés, rassemble des parcours quasi intégralement en activité partielle entre le 17 mars et le 31 août (en moyenne, 23 semaines dactivité partielle). Les salariés de ce groupe connaissent également un peu de congés (0,7 semaine en moyenne) et de travail (en moyenne, 0,2 semaine ; voir Tableau 3).

182

Tab. 3 – Répartition des parcours des salariés entre le 17 mars et le 31 août 2020 et statistiques descriptives, selon le groupe de parcours.

Groupes de parcours

Effectifs

Part

Moyenne

Nombre de semaines en activité partielle

Nombre de semaines au chômage

Nombre de semaines en congés

Nombre de semaines au travail

Groupe « mix chômage et travail »

121

7 %

1,3

11,8

1,3

9,5

Groupe « mix travail et activité partielle »

600

30 %

8,8

0,4

2,9

11,9

Groupe « travail »

1 205

58 %

0,6

0,0

2,2

21,2

Groupe « activité partielle »

102

5 %

23,0

0,0

0,7

0,2

Total

2 028

100 %

4,3

1,0

2,3

16,5

Source : enquête Unédic « Impact de la crise de la Covid-19 sur le marché du travail », volet « salariés ».

Champ : salariés de 18 ans ou plus du secteur privé et des entreprises publiques au moment de lenquête, hors salariés des particuliers employeurs et hors agriculture, France métropolitaine ; statistiques pondérées.

La répartition des groupes « travail » et « mix travail et activité partielle » est plutôt similaire entre les femmes et les hommes (Figure 1). La différence femmes-hommes nest pas statistiquement significative à 10 % pour le groupe « travail » tandis quelle est faiblement significative (i.e. significativité à 10 %) pour le groupe « mix travail et activité partielle ». Les différences sont légèrement plus élevées pour les groupes « mix chômage et travail » (6 % des femmes et 8 % des hommes) et « activité partielle » (7 % des femmes et 4 % des hommes). Ces différences femmes-hommes sont statistiquement significatives à 1 %.

183

Fig. 1 – Répartition des personnes interrogées selon leur situation
sur le marché du travail par sexe (en %).

Source : enquête Unédic « Impact de la crise de la Covid-19 sur le marché du travail », volet « salariés ».

Champ : salariés de 18 ans ou plus du secteur privé et des entreprises publiques au moment de lenquête, hors salariés des particuliers employeurs et hors agriculture, France métropolitaine ; statistiques pondérées.

IV.2. « Toutes choses égales par ailleurs », le sexe
apparaît comme déterminant uniquement pour
le groupe dindividus caractérisés par des parcours
quasi intégralement en activité partielle

Afin danalyser la corrélation entre sexe et appartenance aux quatre types de parcours, tout en tenant compte des effets de structure, nous estimons un modèle logit multinomial. Plus précisément, à partir de ce dernier, nous présentons les différences de probabilités prédites par le modèle (voir Tableau 4). Ce mode de présentation permet dalléger fortement les commentaires en ne faisant plus systématiquement mention de la catégorie de référence et de chiffrer leffet de chaque variable par un nombre de points de probabilité. Les écarts-types sont estimés par bootstrap avec 100 itérations (Afsa-Essafi, 2003). Les statistiques descriptives relatives aux quatre types de parcours sont données en Annexe 2.

184

Le sexe nintervient que pour un seul type de parcours, celui des individus quasi intégralement en activité partielle entre le 17 mars et le 31 août 2020. « Toutes choses égales par ailleurs », la probabilité dun homme de connaître un parcours de type « activité partielle » est inférieure de 3,09 points à celle dune femme de connaître ce type de parcours (Tableau 4). Ce résultat, combiné avec les statistiques descriptives de la Figure 1, ne souligne que peu de différences entre les hommes et les femmes dans larticulation de lactivité partielle avec le chômage et lemploi entre le premier confinement et la fin de lété 2020. Cela conduit ainsi à rejeter notre hypothèse selon laquelle larticulation entre ces états diffère de manière significative entre les hommes et les femmes.

185

Tab. 4 – Différences moyennes des probabilités prédites selon les caractéristiques retenues.

Groupe « mix chômage et travail »

Groupe « mix travail et activité partielle »

Groupe « travail »

Groupe « activité partielle »

Sexe

Homme

+0,52

(1,10)

+0,29

(1,80)

+2,29

(1,97)

-3,09 ***

(1,16)

Femme

Réf.

Réf.

Réf.

Réf.

Âge

Moins de 30 ans

Réf.

Réf.

Réf.

Réf.

30 à 49 ans

+1,17

(1,39)

-6,03 **

(2,89)

+3,52

(3,08)

+1,35

(1,12)

50 ans ou plus

-0,33

(1,48)

-5,02

(3,82)

+1,46

(3,93)

+3,88 ***

(1,44)

Lieu de résidence

Île-de-France

Réf.

Réf.

Réf.

Réf.

Autre région

-2,53 **

(1,24)

-3,43

(2,82)

+9,08 ***

(2,84)

-3,11 *

(1,58)

Type de contrat de travail

Contrat à durée limitée (CDD, intérim)

+1,55

(2,32)

-7,48

(4,83)

+10,04 *

(5,38)

-4,12 ***

(1,10)

CDI

Réf.

Réf.

Réf.

Réf.

Catégorie socioprofessionnelle

Cadre et professions intellectuelles supérieures

-3,28

(1,98)

-14,96 ***

(3,60)

+24,16 ***

(3,56)

-5,92 ***

(1,96)

Profession intermédiaire

-2,14

(1,81)

-2,24

(2,89)

+7,99 **

(3,20)

-3,61

(2,22)

Employé

-2,38

(1,44)

-3,63

(2,95)

+9,17 ***

(3,17)

-3,16

(1,99)

Ouvrier

Réf.

Réf.

Réf.

Réf.

186

Nature de lemployeur

Entreprise privée, association

+6,00

(4,68)

-10,53

(10,86)

+1,25

(6,52)

+3,28

(4,73)

Entreprise publique (EDF, La Poste, SNCF…)

Réf.

Réf.

Réf.

Réf.

Secteur dactivité

Industrie

-4,07 **

(1,88)

-6,30 *

(3,46)

+12,04 ***

(3,72)

-1,68

(1,59)

Construction

-4,33 **

(1,98)

-0,81

(4,47)

+7,27

(4,45)

-2,13

(1,61)

Commerce (commerce, transports et entreposage, hébergement et restauration)

Réf.

Réf.

Réf.

Réf.

Services

-4,31 ***

(1,33)

-6,88 ***

(2,45)

+13,09 ***

(2,54)

-1,90

(1,38)

Ancienneté dans lentreprise

Moins dun an

Réf.

Réf.

Réf.

Réf.

De 1 an à moins de 3 ans

-12,75 ***

(3,24)

+3,80

(4,12)

+7,96 *

(4,75)

+0,98

(2,43)

De 3 ans à moins de 10 ans

-14,62 ***

(3,29)

+3,71

(3,79)

+11,06 ***

(3,98)

-0,15

(2,27)

10 ans ou plus

-16,37 ***

(3,04)

+6,28

(3,83)

+11,98 ***

(4,33)

-1,89

(2,29)

Taille de lentreprise

Moins de 10 salariés

Réf.

Réf.

Réf.

Réf.

De 10 à 49 salariés

+3,35 *

(1,76)

-2,25

(3,06)

-1,28

(3,18)

+0,18

(1,29)

De 50 à 249 salariés

-1,21

(1,49)

-6,72 **

(2,78)

+8,06 **

(3,07)

-0,13

(1,26)

250 salariés ou plus

-2,36

(1,43)

-3,37

(3,25)

+4,85

(3,27)

+0,88

(1,45)

187

Enfants de moins de 14 ans vivant au sein du foyer

Au moins un enfant

+0,36

(1,04)

+6,73 **

(2,60)

-7,51 ***

(2,71)

+0,43

(1,20)

Aucun enfant

Réf.

Réf.

Réf.

Réf.

Propriété logement

Locataire

+2,77 **

(1,33)

-0,84

(2,10)

-2,60

(2,51)

+0,68

(1,21)

Propriétaire

Réf.

Réf.

Réf.

Réf.

Montant mensuel net habituel des revenus du foyer

Moins de 2 000 euros

Réf.

Réf.

Réf.

Réf.

De 2 000 euros à moins de 3 000 euros

+2,11 *

(1,26)

-1,24

(2,79)

+0,28

(2,92)

-1,16

(1,37)

De 3 000 euros à moins de 5 000 euros

+0,37

(1,32)

-3,14

(2,91)

+3,51

(2,93)

-0,74

(1,47)

5 000 euros ou plus

+5,61

(4,14)

-12,21 ***

(4,18)

+7,28

(4,56)

-0,68

(2,46)

Ne souhaite pas répondre

-1,26

(1,56)

-4,03

(3,46)

+5,96

(3,93)

-0,67

(1,94)

Nombre dobservations

121

600

1 205

102

Observations : différences moyennes des probabilités prédites calculées à partir dun logit multinomial. Les écarts-types donnés entre parenthèses sont calculés par bootstrap avec 100 itérations. *** : coefficient significatif au seuil de 1 % ; ** : coefficient significatif au seuil de 5 %, * : coefficient significatif au seuil de 10 % ; « Réf. » correspond à la modalité de référence dune variable.

Source : enquête Unédic « Impact de la crise de la Covid-19 sur le marché du travail », volet « salariés ».

Champ : salariés de 18 ans ou plus du secteur privé et des entreprises publiques au moment de lenquête, hors salariés des particuliers employeurs et hors agriculture, France métropolitaine.

188

I. Lactivité partielle impacte les concessions
des individus ainsi que leur confiance

Nous investiguons ici des dimensions plus subjectives liées à la mise en activité partielle ouvrant en même temps sur les répercussions de plus long terme que le confinement est susceptible davoir sur les situations professionnelles des femmes et des hommes notamment au travers des questions sur les concessions que les unes et les autres seraient prêts à faire ou encore la confiance dans lavenir professionnel ou dans léconomie. Dans un premier temps, nous faisons lhypothèse que les femmes en activité partielle sont prêtes à plus de concessions pour garder un emploi que les hommes. Dans un second temps, nous faisons lhypothèse que les hommes et les femmes, en fonction des parcours quils rencontrent durant la crise sanitaire et notamment de la place occupée par lactivité partielle au sein de ces parcours, auraient des niveaux de confiance différents dans leur avenir professionnel et dans léconomie. Ces deux hypothèses sont testées ci-dessous.

V.1. Dans les concessions face à la crise chez les personnes
en activité partielle, les femmes accepteraient plus souvent
un temps partiel et les hommes une réduction du temps
accordé à la famille et aux loisirs

Parmi les individus qui ont été en activité partielle au moins une fois entre le 17 mars et le 31 août 2020 et qui ont déclaré lenvie dun changement professionnel, les femmes feraient davantage des concessions par rapport au temps de travail que les hommes. En effet, 35 % de ces femmes seraient prêtes à accepter un emploi à temps partiel contre 24 % des hommes (Figure 2). Au contraire, les femmes sont moins disposées à faire des concessions en acceptant des emplois réduisant le temps accordé à la famille ou aux loisirs (19 % des femmes versus 26 % des hommes) ou en acceptant des emplois qui impliquent des trajets domicile-travail plus longs (21 % des femmes contre 34 % des hommes).

Ces résultats peuvent sexpliquer en partie par le fait que les femmes sont déjà davantage plus soumises au temps partiel que les hommes (Maruani, 2017). Femmes et hommes auraient ainsi, pour une partie, 189intériorisé leurs rôles supposés de « M. Gagnepain » pourvoyeur de revenus, et « Mme Gagnemiette » plus centrée sur le rôle domestique (Périvier, 2020). Autrement dit, les femmes valoriseraient plus le temps personnel et les hommes le temps professionnel.

Cette analyse confirme partiellement lhypothèse faite initialement selon laquelle les femmes en activité partielle seraient prêtes à plus de concessions pour garder un emploi que les hommes. En effet, elles sont favorables à plus de concessions par rapport au temps partiel mais sont moins favorables à des concessions qui affecteraient leur vie de famille.

Fig. 2 – Part dindividus en activité partielle qui se déclarent prêts à accepter certaines concessions, par sexe (en %).

Source : enquête Unédic « Impact de la crise de la Covid-19 sur le marché du travail », volet « salariés ».

Champ : salariés de 18 ans ou plus du secteur privé et des entreprises publiques au moment de lenquête, hors salariés des particuliers employeurs et hors agriculture qui se déclarent au moins une fois en activité partielle entre le 17 mars et le 31 août 2020 et qui ont déclaré lenvie dun changement professionnel (changer de métier, faire une reconversion, changer de secteur dactivité, commencer une formation), France métropolitaine ; statistiques pondérées.

190

V.2. Selon leur parcours, les hommes et les femmes
manifestent une confiance dans lavenir professionnel
et dans léconomie similaire

Afin danalyser la confiance des salariés dans léconomie et dans leur situation personnelle et la manière dont le parcours professionnel entre le 17 mars et le 31 août 2020 est corrélé avec ce sentiment de confiance, nous nous appuyons sur deux questions de lenquête « Impact de la crise de la Covid-19 sur le marché du travail11 ». Nous considérons les salariés confiants lorsquils répondent « très confiant » ou « plutôt confiant » (en opposition à ceux qui se déclarent « plutôt pas confiant » ou « pas du tout confiant »). Majoritairement, les hommes ont plus confiance que les femmes dans léconomie française mais également dans leur propre avenir professionnel dans les mois à venir (Figure 3). Lécart de confiance entre les hommes et les femmes est le plus élevé pour la confiance dans léconomie, quel que soit le groupe de la typologie concerné.

D:\Delphine\EDITION\ComitÈ de rÈdaction Socio-Èco du travail\Dossier Genre et Politiques emploi travail\VF\Calavrezo et al\Graphique 3.jpg

Fig. 3 – Part de salariés se déclarant confiants,
selon le sexe et la catégorie de la typologie (en %).

Source : enquête Unédic « Impact de la crise de la Covid-19 sur le marché du travail », volet « salariés ».

Champ : salariés de 18 ans ou plus du secteur privé et des entreprises publiques au moment de lenquête, hors salariés des particuliers employeurs et hors agriculture, France métropolitaine ; statistiques pondérées.

191

La confiance dans léconomie est plus faible que celle dans lavenir professionnel et varie dans lensemble peu selon les catégories de salariés séparées par sexe. À linverse, pour les hommes et les femmes, plus lactivité partielle prend de la place dans le parcours professionnel, plus cela diminue la confiance dans la situation personnelle (voir Figure 3).

Ces résultats infirment en partie lhypothèse testée car, selon leur parcours, on nobserve pas de différences notables entre hommes et femmes en termes de confiance dans lavenir professionnel et dans léconomie même si les niveaux de confiance sont plus importants pour les hommes par rapport aux femmes.

Conclusion

Lobjectif de cet article a été danalyser si lactivité partielle, qui est un dispositif neutre en termes de genre, a conduit à des utilisations genrées. À partir des données récentes de lenquête « Impact de la crise de la Covid-19 sur le marché du travail », nous avons creusé cette question dans le contexte de la crise sanitaire actuelle. Globalement, nous avons pu constater que le rapport des femmes et des hommes à lactivité partielle était assez semblable. Quelques différences ont été cependant mises en avant mais dassez faible intensité.

Tout dabord, malgré le fait que lon trouve que les femmes sont « toutes choses égales par ailleurs » plus souvent sujettes à lactivité partielle, la corrélation mise en évidence entre sexe et activité partielle est relativement faible. Par ailleurs, nous avons trouvé que les femmes ont été davantage concernées par les arrêts de travail pour garde denfants en étudiant le lien entre le fait davoir des enfants et la probabilité davoir été en activité partielle, compte tenu du fait quà partir du 1er mai 2020 lactivité partielle indemnisait également, temporairement, des situations pour garde denfant ou pour personnes vulnérables.

Une typologie de parcours entre le premier confinement et la fin de lété 2020 a mis en avant larticulation de lactivité partielle avec lemploi et le chômage en dégageant quatre types de trajectoires : des parcours caractérisés quasi intégralement par le travail (58 %), des parcours qui 192combinent les situations de travail et dactivité partielle (30 %), des parcours moitié chômage-moitié travail (7 %) et des parcours quasi intégralement en activité partielle (5 %). La répartition des individus selon ces types de parcours est très proche entre hommes et femmes. En outre, « toutes choses égales par ailleurs », le sexe apparaît comme déterminant uniquement pour le groupe dindividus caractérisés par des parcours quasi intégralement en activité partielle : la probabilité dun homme de connaître un parcours de type « activité partielle » est inférieure de 3 points à celle dune femme de connaître ce type de parcours.

À partir de dimensions plus subjectives liées à la mise en activité partielle, nous avons approché les répercussions de plus long terme que le confinement est susceptible davoir sur les situations professionnelles des femmes et des hommes notamment au travers des questions sur les concessions que les unes et les autres seraient prêts à faire ou encore la confiance dans lavenir professionnel ou dans léconomie. Les femmes sont favorables à plus de concessions par rapport au temps partiel mais sont moins favorables à des concessions qui affecteraient leur vie de famille. Selon leur parcours, les hommes et les femmes manifestent une confiance dans lavenir professionnel et dans léconomie similaire. Par ailleurs, la confiance dans leur avenir professionnel est plus faible pour celles et ceux qui ont connu un parcours en activité partielle.

Laugmentation de la part des femmes dans lactivité partielle par rapport aux crises précédentes (Calavrezo et Lodin, 2013 ; Calavrezo et Duhautois, 2013) semble ainsi liée au caractère inédit, par sa soudaineté et son ampleur, de cette crise, et à la massification de lusage de lactivité partielle. Cette augmentation nexclut toutefois pas une inégalité de traitement entre les femmes et les hommes qui pourrait, une fois les dispositifs de soutien à léconomie arrêtés, saccentuer et se répercuter sur les destructions de poste. Une étude genrée approfondie des conséquences de lactivité partielle sur le maintien dans lemploi à plus long terme permettrait danalyser la différence ou non de traitement des femmes et des hommes sur le marché du travail en termes de perte effective demplois et dheures travaillées, les femmes et les hommes nétant pas prêts aux mêmes concessions pour garder leur travail.

193

Bibliographie

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196

Annexe 1

Part de salariés se déclarant en activité partielle entre le 17 mars et le 31 août 2020 selon les caractéristiques des salariés et le sexe (en %)

Ensemble

Hommes

Femmes

Âge

Moins de 30 ans

48

42

56

30 à 49 ans

51

50

52

50 ans ou plus

47

50

44

Lieu de résidence

Île-de-France

49

47

51

Autre région

49

48

51

Type de contrat de travail

Contrat à durée limitée (CDD, intérim)

35

37

31

CDI

50

49

52

Catégorie socioprofessionnelle

Cadre et professions intellectuelles supérieures

34

30

37

Profession intermédiaire

53

56

50

Employé

52

51

52

Ouvrier

54

50

68

Diplôme

Moins que le Bac

56

54

59

Bac

51

49

55

Bac+2

50

49

52

Bac+3 ou plus

41

38

43

Nature de lemployeur

Entreprise privée, association

49

48

51

Entreprise publique (EDF, La Poste, SNCF, etc.)

43

44

40

Secteur dactivité

Industrie

50

48

52

Construction

66

67

63

Commerce (commerce, transports et entreposage, hébergement et restauration)

54

51

61

Services

42

40

44

197

Ancienneté dans lentreprise

Moins dun an

41

41

41

De 1 an à moins de 3 ans

51

45

60

De 3 ans à moins de 10 ans

51

50

53

10 ans ou plus

48

49

47

Taille de lentreprise

Moins de 10 salariés

53

53

54

De 10 à 49 salariés

50

49

53

De 50 à 249 salariés

47

46

48

250 salariés ou plus

46

45

47

Enfants de moins de 14 ans vivant au sein du foyer

Au moins un enfant

52

49

56

Aucun enfant

47

47

47

Personnes dans le foyer

1 personne

46

46

46

2 personnes

50

48

53

3 personnes

50

50

49

4 personnes ou plus

51

48

54

Propriété logement

Locataire

50

49

52

Propriétaire

48

47

50

Montant mensuel net habituel des revenus du foyer

Moins de 2 000 euros

53

52

56

De 2 000 euros à moins de 3 000 euros

50

50

51

De 3 000 euros à moins de 5000 euros

49

46

52

5 000 euros ou plus

29

33

22

Ne souhaite pas répondre

51

50

53

Ensemble

49

48

51

Nombre dobservations

2 028

1 108

920

Source : enquête Unédic « Impact de la crise de la Covid-19 sur le marché du travail », volet « salariés ».

Champ : salariés de 18 ans ou plus du secteur privé et des entreprises publiques au moment de lenquête, hors salariés des particuliers employeurs et hors agriculture, France métropolitaine ; statistiques pondérées.

198

Annexe 2

Caractéristiques des individus par groupes de parcours
entre le 17 mars et le 31 août 2020 (en %)

Ensemble

Groupe « mix chômage et travail »

Groupe « mix travail et activité partielle »

Groupe « travail »

Groupe « activité partielle »

Sexe

Homme

57

64

58

57

44

Femme

43

36

42

43

56

Âge

Moins de 30 ans

22

37

26

19

19

30 à 49 ans

52

49

50

54

51

50 ans ou plus

26

14

25

28

30

Lieu de résidence

Île-de-France

24

36

24

22

33

Autre région

76

64

76

78

67

Type de contrat de travail

Contrat à durée limitée (CDD, intérim)

4

14

3

4

1

CDI

96

86

97

96

99

199

Catégorie socioprofessionnelle

Cadre et professions intellectuelles supérieures

19

13

12

25

9

Profession intermédiaire

19

14

20

19

18

Employé

33

29

36

32

35

Ouvrier

29

45

33

24

38

Diplôme

Moins que le Bac

24

19

27

22

29

Bac

25

41

30

21

31

Bac+2

25

20

25

25

21

Bac+3 ou plus

26

20

18

32

19

Nature de lemployeur

Entreprise privée, association

98

99

98

98

98

Entreprise publique (EDF, La Poste, SNCF, etc.)

2

1

2

2

2

Secteur dactivité

Industrie

18

15

17

19

16

Construction

7

6

8

7

6

Commerce (commerce, transports et entreposage, hébergement et restauration)

33

51

39

27

42

Services

42

28

36

47

37

200

Ancienneté dans lentreprise

Moins dun an

9

35

7

7

6

De 1 an à moins de 3 ans

19

24

20

17

23

De 3 ans à moins de 10 ans

34

26

35

34

40

10 ans ou plus

38

14

38

41

30

Taille de lentreprise

Moins de 10 salariés

23

19

25

22

23

De 10 à 49 salariés

30

55

31

26

30

De 50 à 249 salariés

27

18

24

30

25

250 salariés ou plus

20

9

20

22

22

Enfants de moins de 14 ans vivant au sein du foyer

Au moins un enfant

37

36

41

36

37

Aucun enfant

63

64

59

64

63

Personnes dans le foyer

1 personne

22

36

22

21

16

2 personnes

28

21

27

29

36

3 personnes

23

20

24

23

28

4 personnes ou plus

26

24

27

26

19

Propriété logement

Locataire

43

67

44

39

50

Propriétaire

57

33

56

61

50

201

Montant mensuel net habituel des revenus du foyer

Moins de 2 000 euros

28

26

30

26

33

De 2 000 euros à moins de 3 000 euros

27

44

29

25

24

De 3 000 euros à moins de 5 000 euros

28

17

28

30

27

5 000 euros ou plus

7

6

4

9

4

Ne souhaite pas répondre

10

6

9

10

12

Nombre dobservations

2 028

121

600

1 205

102

Source : enquête Unédic « Impact de la crise de la Covid-19 sur le marché du travail », volet « salariés ».

Champ : salariés de 18 ans ou plus du secteur privé et des entreprises publiques au moment de lenquête, hors salariés des particuliers employeurs et hors agriculture, France métropolitaine ; statistiques pondérées.

1 Les indépendants sont couverts par dautres dispositifs de soutien : Fonds daction sociale, Fonds de solidarité, Prêt garanti par lÉtat…

2 Aujourdhui, lutilisation de lAPLD par les entreprises est marginale comparée à celle de lactivité partielle de droit commun.

3 En outre, pour le calcul des quotas, sont écartés les salariés pour lesquels la catégorie socioprofessionnelle, la taille deffectif de létablissement, le secteur dactivité de létablissement ou la condition demploi ne sont pas renseignés.

4 Environ 1 % des salariés interrogés sont des artisans salariés, commerçants salariés ou chefs dentreprise salariés. Compte tenu de la faiblesse de leurs effectifs et afin de ne pas introduire des déformations supplémentaires dans la représentativité de léchantillon, ces salariés ont été intégrés dans cette analyse dans la modalité « cadre et professions intellectuelles supérieures » qui est la catégorie socioprofessionnelle la plus proche.

5 Pour les données administratives, il sagit de salariés concernés par au moins une demande dindemnisation pour activité partielle déposée par leur établissement employeur pour au moins une heure dactivité partielle entre mars et août 2020.

6 Dans lenquête « Impact de la crise de la Covid-19 sur le marché du travail », 48 % des salariés hommes et 51 % des salariées femmes se déclarent en activité partielle entre le 17 mars et le 31 août 2020 contre 60 % des salariés hommes et 50 % des salariées femmes à partir des données administratives dactivité partielle combinées avec lenquête Emploi.

7 Sont considérées des caractéristiques sociodémographiques (sexe, âge, lieu de résidence, enfants de moins de 14 ans vivant dans le foyer, propriété du logement, revenus du foyer) ainsi que des caractéristiques relatives à lemploi occupé (type de contrat de travail, catégorie socioprofessionnelle, ancienneté dans lentreprise) et à lemployeur (nature de lemployeur, secteur dactivité et taille dentreprise).

8 Cette corrélation est également retrouvée lorsque lon pondère la régression.

9 En complément, nous avons également analysé les déterminants de lintensité de lactivité partielle (en semaines) à laide de modèles tobit. Les résultats ainsi obtenus confirment que les caractéristiques qui accroissent la probabilité dêtre en activité partielle accroissent aussi son intensité. Notamment lintensité de lactivité partielle est plus importante pour les femmes que pour les hommes.

10 Pour chaque état, le salarié déclare un nombre de semaines compris entre 0 et 24, la somme des quatre durées étant de 24 semaines.

11 « De manière générale, lorsque vous pensez à la situation de léconomie française, diriez-vous que vous êtes plutôt confiant ou plutôt pas confiant ? », « Et plus spécifiquement, quand vous pensez à votre avenir professionnel dans les mois à venir, diriez-vous que vous êtes plutôt confiant ou plutôt pas confiant ? ».