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Classiques Garnier

Les trajectoires des demandeurs d’emploi passés par l’activité réduite Une analyse croisée quantitative et qualitative

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Socio-économie du travail
    2018 – 1, n° 3
    . Discontinuités de l’emploi et indemnisation du chômage / Discontinuity in employment and unemployment insurance
  • Auteurs : Gilles (Fabrice), Issehnane (Sabina), Moulin (Léonard), Oumeddour (Leila)
  • Résumé : Cet article analyse les parcours des demandeurs d’emploi en activité réduite en mobilisant à la fois les outils de l’analyse statistique et une enquête de terrain. L’étude construit une typologie des trajectoires à partir d’un panel issu des données du FH-D3 et des DPAE. 8% des demandeurs d’emploi s’inscrivent dans des trajectoires marquées par une sortie durable du chômage vers un emploi à durée indéterminée, tandis que 25% ont des trajectoires marquées par une activité réduite durable.
  • Pages : 31 à 68
  • Revue : Socio-économie du travail
  • Thème CLIL : 3319 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Économie publique, économie du travail et inégalités -- Travail, emploi et politiques sociales
  • EAN : 9782406082644
  • ISBN : 978-2-406-08264-4
  • ISSN : 2555-039X
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08264-4.p.0031
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 10/07/2018
  • Périodicité : Semestrielle
  • Langue : Français
  • Mots-clés : Activité réduite, chômage, analyse de séquences, trajectoires, formes particulières d’emploi
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Les trajectoires des demandeurs demploi passés par lactivité réduite

Une analyse croisée quantitative et qualitative1

Fabrice Gilles

Université de Lille,

LEM-CNRS (UMR 9221)

TEPP-CNRS (FR 3435)

CEET-Cnam

Sabina Issehnane

Université de Rennes, LIRIS

Car-Céreq

CEET-Cnam

Léonard Moulin

Institut national
des études démographiques (INED)

Leila Oumeddour

IRTS Paris Ile-de-France

Le développement des formes particulières demploi contribue à rendre de plus en plus poreuses les frontières entre chômage et emploi et questionne notre système dindemnisation du chômage, fondé 32principalement sur un modèle demploi salarié, stable et à temps plein. Lactivité réduite sinscrit dans cette évolution. Elle a connu une croissance régulière depuis sa création. Le nombre de demandeurs demploi en activité réduite2 a triplé depuis le milieu des années 1990, et a doublé depuis la crise de 2008 pour atteindre plus de 2 millions dindividus en novembre 2017 (Dares, 2017). Ces demandeurs demploi sont inscrits dans les catégories B et C de Pôle emploi : ils exercent une activité rémunérée tout en recherchant activement un emploi. Ils représentent aujourdhui un quart de lensemble des catégories de demandeurs demploi. Leur part a ainsi presque doublé depuis les années 90. Derrière cette évolution de longue durée se cachent des variations sur courte période : la part des catégories B et C a été en constante augmentation jusquà la crise de 2008 (24 % en février 2008), puis a connu une légère diminution suite à celle-ci (22 % en février 2009), et a de nouveau augmenté jusquà aujourdhui. La compréhension de lactivité réduite est ainsi essentielle à lheure où le nombre de demandeurs demploi ne cesse daugmenter.

Le développement du nombre de demandeurs demploi en activité réduite reflète en effet lévolution du système demploi français. Cette tendance participe au renouvellement de la conception de la relation entre emploi et non-emploi (Castel, 2007). Du début des années 80 jusquà la fin des années 90, la part des contrats à durée déterminée a doublé dans lemploi salarié, celle de lintérim a été multipliée par quatre, tandis que celle des emplois à temps partiels a été multipliée par deux (COE, 2014). Depuis le début des années 2000, la part des emplois temporaires et des temps partiels se stabilisent dans lemploi salarié. Cependant, la part des emplois temporaires dans les embauches augmente pour atteindre près de 9 embauches sur 10. Cette croissance sest accompagnée dune réduction de la durée des contrats temporaires effectués3 (Bourieau et al., 2014). Ces évolutions participent à la progression de la discontinuité de lemploi, et ainsi à celle de lactivité réduite.

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1. Lactivité réduite

Lactivité réduite ne désigne pas seulement une activité exercée par les demandeurs demploi qui sont inscrits sur les listes de Pôle emploi. Elle renvoie aussi à la possibilité, sous certaines conditions, pour les demandeurs demplois indemnisés au titre de lassurance chômage, comme pour les bénéficiaires de lAllocation de solidarité spécifique (ASS)4, de cumuler un revenu dactivité avec leur allocation. Son principe est le suivant : offrir la possibilité au demandeur demploi indemnisé dexercer une activité occasionnelle tout en continuant à percevoir une partie de son indemnisation (Unédic, 2013). Ce faisant, le demandeur demploi peut retrouver une activité salariée sans pour autant y perdre en termes de revenus5. La possibilité de cumuler une activité réduite avec lindemnisation du chômage sappuie sur lhypothèse quelle inciterait les demandeurs demploi indemnisés à reprendre une activité même si celle-ci est moins rémunérée que celle précédant leur inscription à Pôle emploi. Elle sinscrit donc dans la lignée des politiques de lemploi qui répondent à une logique dactivation. Dans cet article, nous nous intéressons à lactivité réduite en tant quactivité à caractère discontinu exercée par les demandeurs demploi au-delà du simple dispositif de cumul possible entre revenu dactivité et allocation.

Notre objectif est denrichir notre connaissance du public ayant eu recours à lactivité réduite, nous avons ainsi fait le choix darticuler une analyse quantitative et qualitative. La multiplication des sources et des méthodes denquêtes, en particulier par larticulation de lanalyse économique et de méthodes ethnographiques (Gramain et Weber, 2001), nous donne des outils pour comprendre lenjeu du recours à lactivité réduite. Dune part, nous avons construit un panel à partir du Fichier historique de Pôle emploi et du Fichier national des allocataires (FH-D3) fusionnés avec les Déclarations préalables à lembauche (DPAE) qui permettent de suivre les individus mois par mois suite à leur inscription à Pôle emploi. Dautre part, nous avons mené une enquête de terrain auprès de demandeurs demploi qui ont eu recours à une activité réduite.

Notre recherche vise à mettre en évidence la diversité des trajectoires des demandeurs demploi ayant eu recours à lactivité réduite. Pour cela, nous avons construit une typologie de ces trajectoires, ce qui nous permet de mettre en évidence la diversité des pratiques qui sont liées au passage par lactivité réduite, tout en prenant en considération 34les caractéristiques sociodémographiques et professionnelles associées aux différents types de trajectoires. Lapproche longitudinale nous permet de saisir de manière plus fine les temporalités des trajectoires des demandeurs demploi ayant eu recours à lactivité réduite. Elle permet aussi danalyser les déterminants des trajectoires qui saccompagnent dun retour à lemploi et ceux des trajectoires qui se caractérisent par un passage durable au chômage en prenant soin de distinguer, au sein de cette dernière catégorie, les demandeurs demploi ayant eu recours ponctuellement à lactivité réduite et ceux qui ont eu recours à lactivité réduite de manière prolongée. Pour ce faire, nous utilisons une méthode doptimal matching sur le panel construit à partir des données du FH-D3 et des DPAE, afin de retranscrire a posteriori les trajectoires de demandeurs demploi ayant eu recours à lactivité réduite.

Lobjet de cet article est de mettre en évidence des trajectoires de « différentes qualités » plus ou moins marquées par une activité réduite durable et danalyser les caractéristiques des demandeurs demploi selon leur trajectoire individuelle. De plus, nous cherchons à montrer que lanalyse quantitative est un élément qui permet certes de mieux comprendre les déterminants du recours à lactivité réduite, mais quelle peut se nourrir également dune analyse qualitative. Nous mobilisons pour cela les entretiens menés dans le cadre de notre enquête de terrain, afin déclairer par des monographies les différents groupes identifiés par lanalyse de séquences dune part, et daffiner lanalyse des déterminants au recours à lactivité réduite par des facteurs qui émergent de lenquête de terrain dautre part.

Dans un premier temps, nous proposons une courte analyse de la littérature récente sur les effets de lactivité réduite. Nous montrons que ces travaux conduisent souvent à des résultats ambigus qui masquent souvent une forte hétérogénéité des situations, objet de notre article. Dans un deuxième temps, nous évoquons nos différentes sources de données, ainsi que les méthodologies mobilisées. Dans un troisième temps, nous présentons les différents types de trajectoires identifiées grâce à lanalyse de séquences. Il nous est alors possible détudier les différences entre celles qui mènent à un retour à lemploi hors activité réduite et celles qui se caractérisent par un passage plus durable comme demandeur demploi, en général, et par lactivité réduite en particulier. Nous nous proposons ensuite de présenter les caractéristiques sociodémographiques 35et professionnelles des différents groupes de trajectoires. Nous enrichissons ces résultats par lanalyse de notre enquête de terrain afin de mieux comprendre ce qui détermine le recours à lactivité réduite. Notre objectif est ainsi de mettre en évidence les profils de demandeurs demploi qui appartiennent à une trajectoire plus ou moins marquée par lactivité réduite, par un chômage de longue durée, ou par une sortie du chômage en emploi temporaire ou permanent.

I. Comprendre lactivité réduite :
une littérature récente et des effets incertains

Les recherches menées sur lactivité réduite en France et à létranger ont porté principalement sur lévaluation de leffet incitatif du dispositif sur le retour à lemploi des demandeurs demploi bénéficiaires (Granier et Joutard, 1999 ; Gerfin et al., 2005 ; Gurgand, 2009 ; Fremigacci et Terracol, 2013). Même si notre recherche ne vise pas à évaluer un possible effet causal du dispositif, nous interrogeons lidée que la pratique dun emploi, de courte durée ou à temps partiel, peut diminuer léloignement à lemploi via le maintien dun lien avec le marché du travail. Cette pratique peut ainsi avoir un effet bénéfique sur le retour à un emploi permanent (« effet tremplin »), ou au contraire diminuer la probabilité dévoluer vers un emploi stable si elle conduit à un « effet blocage » en réduisant le temps consacré à la recherche dun emploi. En outre, la pratique répétée dune activité réduite peut également conduire à un effet denfermement dans une trajectoire précaire, dit effet de locking-in (Fredriksson et Johansson, 2003). Ces recherches aboutissent à des résultats contrastés en termes de retour à lemploi. À court terme, lactivité réduite enfermerait le demandeur dans une trajectoire professionnelle précaire. À long terme, une activité réduite accroîtrait la probabilité de retrouver un emploi pérenne.

Ces travaux se sont limités à mesurer leffet sur la sortie du chômage compte tenu des données à disposition (Granier et Joutard, 1999 ; Gurgand 2009 ; Fremigacci et Terracol, 2013). Fontaine et Rochut (2014) se sont par la suite intéressés à la qualité de lemploi repris hors activité 36réduite, en étudiant notamment leffet de lactivité réduite sur le salaire et le nombre dheures du contrat de travail de lemploi en reprise. Si les auteurs aboutissent au résultat suivant lequel lactivité réduite a un effet positif sur le retour à lemploi à long terme, ils montrent à partir de modèles de « matching dynamique » (Lechner, 2008 ; Frederiksson et Johanssen, 2008) quil ny a pas deffet positif sur le salaire en emploi et le nombre dheures travaillées. Auray et Lepage-Saucier (2016) ont mobilisé les mêmes données – le FH-DADS 2004 (Fichier historique – Déclarations Annuelles de Données Sociales 2004) – mais utilisent des approches de chronologie des évènements (« timing of events ») dAbbring et Van den Berg (2003) pour analyser le rôle de lactivité réduite sur la sortie du chômage. Ils mettent en évidence un effet tremplin positif de la pratique dune activité réduite. Joutard et al. (2016), à partir des mêmes modèles de « timing of events » et des mêmes données montrent que lactivité réduite semble globalement avoir un effet tremplin sur la sortie du chômage (mesurée par la sortie des fichiers de Pôle emploi). Cependant, les données mobilisées ne permettent pas davoir des informations sur laccès à un emploi et sur le type demploi retrouvé. Ainsi, afin de mieux interroger lidée de trappe à précarité, ils mesurent également la durée observée avant une nouvelle période de chômage. Par le biais de cette mesure, Joutard et al. (2016) montrent que lactivité réduite naurait pas deffet significatif sur la qualité des emplois recouvrés, puisquil semblerait que ces emplois appartiennent à un « mauvais segment » du marché du travail, caractérisé par des emplois non pérennes. Leur conclusion rejoindrait ainsi celle des autres études menées sur la qualité des emplois repris suite à la pratique dune activité réduite (Fontaine et Rochut, 2014 ; Issehnane et al., 2016). Cette recherche sinscrit dans la continuité du travail réalisé par Fontaine et Rochut (2014) en tenant compte de la qualité de lemploi, notamment à travers la nature du contrat de travail.

Toutes les recherches menées mettent en évidence des effets complexes et hétérogènes selon les caractéristiques sociodémographiques des demandeurs demploi ayant eu recours à lactivité réduite. Fremigacci et Terracol (2013), plus récemment Joutard et al. (2016) et Auray et Lepage-Saucier (2016), soulignent que les individus qui présentent les caractéristiques les moins favorables à la reprise dun emploi, comme les demandeurs demploi de longue durée ou les séniors, sont ceux qui 37ont le moins souvent recours à lactivité réduite alors que ce sont eux qui ont plus de chances de bénéficier dun effet tremplin positif. Déjà dans les années 90, Eydoux (1997) avait mis en évidence une diversité des profils des demandeurs demploi qui exercent une activité réduite à partir du Fichier historique de Pôle emploi. Nous nous inscrivons dans cette démarche qui vise à rendre compte dune diversité de trajectoires de demandeurs demploi ayant eu recours à une activité réduite selon le profil des demandeurs demploi. Plus récemment, Gonthier et Vinceneux (2017) investissent la question des trajectoires des demandeurs demploi indemnisés en étudiant le recours plus ou moins fréquent à lactivité réduite et limportance du cumul allocation/salaire, dans lobjectif de simuler le niveau de vie des personnes en activité réduite en tenant compte des prestations de solidarité.

Dans ce contexte, nous nous intéressons aux parcours de lensemble des demandeurs demploi passés par lactivité réduite, afin de mettre en évidence leur trajectoire de sortie ou denfermement, grâce à la mobilisation de données complémentaires au Fichier historique de Pôle emploi, les Déclarations Préalables à lEmbauche, qui nous permettent de suivre les individus une fois sortis des fichiers de demandeurs demploi. De plus, lobjectif de cet article est de coupler notre analyse quantitative avec une enquête de terrain afin daffiner notre compréhension des trajectoires des demandeurs demploi, notamment celles qui saccompagnent dun retour à lemploi et celles qui sinscrivent dans une pratique durable de lactivité réduite. Nous présentons dans la prochaine partie les données et les méthodologies mobilisées afin de distinguer la diversité de ces trajectoires.

II. La construction dune typologie de trajectoires
de demandeurs demploi en activité :
données et méthodologie

Cet article sappuie sur une approche mixte, mobilisant une analyse quantitative et qualitative, afin de mettre en évidence les effets des différentes caractéristiques des demandeurs demploi qui ont connu au moins 38une expérience dactivité réduite dans leur trajectoire. Pour cela, nous avons construit une typologie des trajectoires des demandeurs demploi qui ont eu recours à au moins une activité réduite à partir dune méthode doptimal matching en mobilisant un panel constitué par la fusion des données du FH-D3 et des DPAE. Cette analyse longitudinale permet de mettre en évidence des groupes de trajectoires types en fonction du recours plus ou moins durable à une activité réduite et la sortie vers un emploi lui aussi plus ou moins pérenne. Nous avons ensuite caractérisé ces différents groupes de trajectoires à partir de leurs variables individuelles et professionnelles. Cette analyse descriptive est ainsi couplée à notre enquête de terrain qui permet déclairer les différentes trajectoires à travers les parcours biographiques des demandeurs demploi en fonction de leurs caractéristiques. Nous présentons les données mobilisées (1), puis la méthode doptimal matching qui nous permet de construire notre typologie (2), et enfin notre méthode denquête de terrain (3).

II.1. Les données : la construction dun panel
de demandeurs demploi passés par lactivité réduite

En premier lieu, le FH-D3 est composé du Fichier historique statistique des demandeurs demploi (FHS) de Pôle emploi et du segment D3 (issu du Fichier national des allocataires). Le FHS de Pôle emploi nous permet de distinguer les épisodes dinscription à Pôle emploi, le recours ou non à une activité réduite, les caractéristiques individuelles des demandeurs demploi, le lieu dhabitation, ainsi que les caractéristiques de lemploi précédant linscription à Pôle emploi. Le segment D3 nous permet davoir accès aux caractéristiques de lindemnisation. Il est en effet essentiel de prendre en compte le statut vis-à-vis de lindemnisation dans le recours à lactivité réduite et dans les trajectoires des demandeurs demploi suivis. Notre échantillon se compose ainsi de toute la population des demandeurs demploi en France métropolitaine, quel que soit leur régime dindemnisation. Nous considérons quune personne est indemnisable si elle a une demande dindemnisation ouverte tout au long du mois dinscription à Pôle emploi. Nous prenons également en compte le bénéfice du revenu de solidarité active (RSA) disponible dans le FHS.

Les DPAE nous permettent de disposer dinformations supplémentaires sur les caractéristiques des emplois en activité réduite, ainsi que sur les emplois à la sortie des listes de Pôle emploi : le contrat de travail, 39la durée du travail (annuelle, mensuelle ou hebdomadaire), lactivité et la taille de létablissement ainsi que la qualification du poste. Cependant, nous navons pas pu exploiter les variables renseignant la qualification du poste et les durées du travail, car celles-ci sont très mal renseignées (respectivement 99 % et 97 % de données manquantes). Nous avons pu néanmoins dégager des informations utiles à une meilleure connaissance des activités réduites, notamment la nature du contrat de travail. Cest cette dernière variable que nous mobilisons afin de caractériser nos états. Rappelons que la déclaration dembauche dun salarié est obligatoire pour les employeurs auprès des organismes de protection sociale (Urssaf ou MSA pour les salariés agricoles), quelles que soient la durée et la nature du contrat de travail. Cette obligation exclut les particuliers employeurs.

Nous avons procédé à une fusion des différentes bases de données disponibles (FH-D3, puis FH-D3-DPAE) afin de réaliser un panel mensuel des demandeurs demploi de 2012 à la fin 2013. Ce panel vise à disposer dune observation par mois pour chaque demandeur demploi pour lensemble des régions en France métropolitaine. Lobjectif de ce panel est de pouvoir suivre les trajectoires des demandeurs demploi durant toute la période considérée. Lappariement du FH-D3 avec les DPAE fournit ainsi une meilleure description de la qualité de lemploi occupé en activité réduite et de lemploi occupé a posteriori. Pour des raisons liées à notre modélisation, nous avons réduit notre champ afin de ne prendre en compte que les individus qui sont rentrés à Pôle emploi au cours du premier trimestre. Notre échantillon se compose donc des personnes qui se sont inscrites à Pôle emploi entre janvier et mars 2012 en France métropolitaine – que nous suivons jusquen décembre 2013 – et ayant connu au moins un épisode dactivité réduite durant les douze premiers mois dinscription en tant que demandeur demploi (t+12). Nous créons une variable dintérêt à partir des informations du FHS de Pôle emploi et des DPAE permettant de savoir à chaque mois si le demandeur demploi est inscrit dans une des catégories de Pôle emploi et plus particulièrement sil effectue une activité réduite (catégories B et C en spécifiant le seuil des 110 heures), ou sil sort des fichiers de Pôle emploi. Dans ce dernier cas, nous pouvons : (1) soit repérer lindividu grâce aux DPAE – il peut être soit en CDD/CTT soit en CDI ; (2) soit ne retrouver lindividu ni dans le FH, ni dans les DPAE, auquel cas, il peut être inactif, chômeur non inscrit à Pôle emploi ou salarié, notamment 40chez un particulier-employeur. Ce panel est ainsi constitué de 46 492 trajectoires (une trajectoire correspond à un individu observé).

II.2. La construction de la typologie
par une méthode d
optimal matching

Afin de réaliser une typologie des trajectoires des demandeurs demploi ayant recours à lactivité réduite, nous utilisons les méthodes dappariement optimal (voir par exemple Studer, 2012). Ces méthodes reposent, dans un premier temps, sur lutilisation dune mesure de distance entre trajectoires pour en déduire, dans un second temps, une typologie permettant didentifier et danalyser les régularités existantes dans les trajectoires des demandeurs demploi ayant eu recours à lactivité réduite. Nous présentons successivement ces deux étapes.

II.2.1. Calcul des distances entre séquences

Une séquence est définie comme une liste ordonnée détats, chaque état correspondant à une situation dans laquelle se trouve un individu à un moment donné. Par exemple, une séquence pourrait correspondre au fait dêtre inscrit en tant que demandeur demploi de catégorie A au mois de janvier à septembre 2012, puis être inscrit en demandeur demploi de catégorie B doctobre à décembre 2012, puis occuper un CDI jusquen décembre 2013 (date après laquelle nous nobservons plus les individus composant notre échantillon).

Les états qui composent nos trajectoires sont les suivants :

1. catégorie A (demandeurs demploi tenus de faire des actes positifs de recherche demploi, sans emploi) ;

2. catégorie B (demandeurs demploi tenus de faire des actes positifs de recherche demploi, ayant exercé une activité réduite courte, i.e. de 78 heures ou moins au cours du mois) ;

3. catégorie C1 (demandeurs demploi tenus de faire des actes positifs de recherche demploi, ayant exercé une activité réduite longue, i.e. plus de 78 heures au cours du mois avec une limite de 110 heures6) ;

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4. catégorie C2 (demandeurs demploi tenus de faire des actes positifs de recherche demploi, ayant exercé une activité réduite longue, i.e. de plus de 110 heures au cours du mois) ;

5. catégorie D (demandeurs demploi non tenus de faire des actes positifs de recherche demploi, en raison dun stage, dune formation ou dune maladie, sans emploi) ;

6. catégorie E (demandeurs demploi non tenus de faire de actes positifs de recherche demploi, en emploi, par exemple les bénéficiaires de contrats aidés) ;

7. contrat à durée déterminée (CDD) ou contrat de travail temporaire (CTT) ;

8. contrat à durée indéterminée (CDI) ;

9. état manquant : ces individus peuvent avoir retrouvé un emploi (par exemple salarié chez un particulier-employeur), être devenus inactifs ou actifs inoccupés sans être inscrits à Pôle emploi.

La distance entre deux séquences est calculée à partir des opérations réalisées (insertion dun élément, suppression dun élément ou substitution dun élément par un autre) pour passer dune séquence à lautre. Chaque opération se voit affecter un coût spécifique et la distance entre deux séquences correspond à la somme des coûts des opérations nécessaires pour transformer une séquence en une autre. Lobjectif des méthodes doptimal matching est de déterminer le coût total minimal de transformation. Les opérations dinsertion et de suppression vont avoir un coût différent des opérations de substitution dans la mesure où les premières font émerger lenchainement des états entre les séquences, au détriment de leur structure temporelle, alors que les secondes préservent la structure temporelle des séquences pour comparer les états à position constante (Lesnard et de Saint Pol, 2006). Les coûts de substitution sont estimés à partir des taux de transition entre états (Rohwer et Pötter, 2005). De cette manière, le coût de substitution entre états augmentera à mesure que la probabilité de transition entre ces états diminuera (Pollock et al., 2002). Nous fixons ensuite le coût dune opération dinsertion-suppression à la moitié du coût de substitution maximal7 afin de comparer les séquences en tenant compte à la fois de 42leur contemporanéité et de lordonnancement des états. Une fois les distances entre les différentes séquences calculées, il nous est possible de procéder à la création dune typologie des séquences des demandeurs demploi passés par lactivité réduite.

II.2.2. Création dune typologie

La construction dune typologie des séquences, i.e. le regroupement de la population composant léchantillon en plusieurs groupes sur la base des caractéristiques communes entre ces séquences, se fait en utilisant une procédure de classification. Les groupes sont construits de façon à ce quils soient les plus homogènes possibles tout en étant les plus différents possibles les uns des autres. La typologie8 retenue a été construite à laide de lalgorithme PAM (Partioning Around Medoids) en six groupes9. Il sagit dun algorithme dont le fonctionnement est fondé sur la recherche de k objets représentatifs, appelés médoïdes, qui minimisent la somme des différences des observations à leur plus proche objet représentatif.

Cet algorithme fonctionne en deux étapes. Dans un premier temps, il est initialisé en cherchant les observations qui minimisent la somme pondérée des distances aux médoïdes existants (choisis aléatoirement). Dans un second temps, il calcule pour lensemble des observations le gain résultant dun échange entre les médoïdes existants avec une observation et procède effectivement à léchange si la qualité de la partition est améliorée par cette opération. Lalgorithme continue jusquà ce quil ne soit plus possible daméliorer la qualité du partitionnement. Grâce à cette méthode, nous mettons en évidence des trajectoires de « différentes qualités » plus ou moins marquées par une activité réduite durable.

Par ailleurs, nous exploitons une enquête de terrain afin déclairer ces trajectoires par les parcours biographiques des demandeurs demploi passés par lactivité réduite.

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II.3. Lenquête de terrain

La quarantaine dentretiens semi-directifs prévue initialement concourent à enrichir lanalyse des « grands nombres » (Desrosières, 1993) de la trajectoire sociale et professionnelle de demandeurs demploi qui recourent ou ont recouru à lactivité réduite. Cette modalité de recherche met laccent sur lexpérience des acteurs qui, à travers leurs récits biographiques, peuvent mettre en lumière un certain nombre de motivations et de ressorts qui les ont conduits à la situation professionnelle dans laquelle ils se trouvent, ou se sont trouvés.

Dans le cadre de cette recherche, 36 entretiens semi-directifs ont ainsi été menés dans trois régions différentes. Malgré laccord de principe des demandeurs demploi et la rigueur des protocoles mis en place par les agences, quelques personnes ne se sont pas présentées le jour de lentretien, ce qui réduit très légèrement le nombre de récits biographiques collectés. Les territoires explorés sont les suivants : Paris, la petite couronne, la Bretagne et la Picardie. Lobjectif était dinterroger des demandeurs demploi dans des bassins demploi différents notamment en termes de secteurs dactivité.

La mise en œuvre de cette enquête de terrain sappuie sur une coordination avec les agences Pôle emploi. La sélection des demandeurs demploi en activité réduite interrogés dans le cadre de lenquête de terrain a été faite par les agences locales de lemploi participantes car nous ne pouvions pas accéder aux fichiers nominatifs de Pôle emploi. Il est certain que cette disposition induit des biais importants dans létude mais aucune alternative satisfaisant les différentes parties na pu être trouvée. Afin de minimiser les effets de ce biais, il a été nécessaire de se coordonner avec les responsables dagences impliqués dans la démarche, en définissant notamment les critères de sélection des futurs participants à lenquête et le nombre dentretiens attendus. Une note-argumentaire a été transmise aux agences concernées. Elle synthétisait les objectifs de létude et proposait un cadre commun négocié qui devait uniformiser autant que faire se peut les étapes de lenquête qui échappaient au contrôle de léquipe de recherche. Léquipe de chercheurs a été mise en relation avec 13 agences locales de lemploi dans les trois régions précédemment citées.

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Létude qualitative10 permet ainsi daffiner et de compléter les résultats quantitatifs. Les profils rencontrés diffèrent en effet selon le niveau de formation, les caractéristiques sociodémographiques, le niveau de qualification, la trajectoire professionnelle et le régime dindemnisation. Dautres facteurs de distinction apparaissent dans les trajectoires professionnelles et personnelles des demandeurs demploi, que les données quantitatives ne révèlent pas : la situation financière et patrimoniale ; le statut marital, la situation du conjoint et les personnes à charge ; les « évènements impactant la trajectoire » (santé, prison, accidents du travail, divorce, retrait de lautorité parentale, addiction) ; le type de résidence et la mobilité (type de logement, quartier ségrégé, problème de déplacement) ; les facteurs possibles de discrimination (couleur de peau, religion, handicap) ; enfin la relation avec Pôle emploi.

Après avoir présenté les méthodologies utilisées, nous présentons notre typologie de demandeurs demploi en activité réduite en différents groupes de trajectoires.

III. Typologie des trajectoires des demandeurs
demploi passés par lactivité réduite

Au cours des 24 mois de lanalyse, les demandeurs demploi passent en moyenne par 4 statuts distincts. Alors que 1/3 du temps total se caractérise par linscription dans la catégorie A, seulement 1 mois sur 24 se caractérise par loccupation dun CDI. Pour les demandeurs demploi qui connaissent au moins un épisode en CDI (13 % dentre eux), leurs trajectoires sont durablement marquées par cet état dans la mesure où 40 % de leurs trajectoires individuelles se déroulent en CDI. En sus dune analyse de temps moyen passé dans chaque statut, lanalyse de séquences nous paraît apporter une plus-value résidant dans la prise en compte des états les moins fréquents et des nombreuses transitions qui existent dans les trajectoires. Elle a lavantage de dépasser une approche centrée uniquement sur loccupation moyenne dun état pour se concentrer sur les trajectoires des demandeurs demploi dans leur ensemble, avec leurs continuités et 45leurs ruptures. Nous commençons par présenter les six groupes de cette typologie des trajectoires des demandeurs demploi ayant eu recours à lactivité réduite (figure 1). Pour chaque période, nous représentons la distribution des états composant les trajectoires individuelles pour chacun des groupes de la typologie. Nous indiquons également létat le plus fréquent pour chaque période et pour chaque groupe (figure 2). Nous représentons ensuite la diversité des situations de chaque groupe à laide de lentropie11 (figure 3). Enfin, nous reportons la durée moyenne passée dans chaque état par lindividu moyen du groupe considéré (tableau 1).

Fig. 1 – Chronogramme de la typologie en 6 classes
des demandeurs demploi ayant eu recours à lactivité réduite.

Champ de létude : 46 492 personnes ayant eu une inscription à Pôle emploi entre janvier et mars 2012 et ayant eu recours au moins une fois à une activité réduite durant les douze premiers mois dinscription (calculs réalisés sur 41 985 séquences représentatives).

Source : Panel construit à partir du FH-D3 au 1/10e et des DPAE de janvier 2012 à décembre 2013, calculs des auteurs.

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Fig. 2 – État modal à chaque période.

Champ de létude : 46 492 personnes ayant eu une inscription à Pôle emploi entre janvier et mars 2012 et ayant eu recours au moins une fois à une activité réduite durant les douze premiers mois dinscription (calculs réalisés sur 41 985 séquences représentatives).

Source : Panel construit à partir du FH-D3 au 1/10e et des DPAE de janvier 2012 à décembre 2013, calculs des auteurs.

Fig. 3 – Entropie de chaque classe.

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Champ de létude : 46 492 personnes ayant eu une inscription à Pôle emploi entre janvier et mars 2012 et ayant eu recours au moins une fois à une activité réduite durant les douze premiers mois dinscription (calculs réalisés sur 41 985 séquences représentatives).

Source : Panel construit à partir du FH-D3 au 1/10e et des DPAE de janvier 2012 à décembre 2013, calculs des auteurs.

Note de lecture : Les contours des rectangles représentent, pour chaque groupe, la valeur prise par lentropie au premier et au troisième quartile de la distribution (respectivement 0,33 et 0,58 dans le groupe 1). La barre horizontale dans ces rectangles indique la valeur médiane (0,47 dans le groupe 1). Les barres extérieures indiquent une fois et demi lécart interquartile (0 et 0,85 dans le groupe 1). Les valeurs aberrantes sont représentées par des ronds en dehors de ces délimitations. Rappelons que lentropie vaut 0 lorsque la trajectoire individuelle ne connaît pas de variabilité et elle vaut 1 lorsque cette dernière passe par lensemble des états avec des durées similaires.

États

Groupe 1 : trajectoires en activité réduite courte

(9 %)

Groupe 2 : trajectoires vers un CDI

(8 %)

Groupe 3 : sortie des fichiers FH et DPAE

(27 %)

Groupe 4 : trajectoires en activité réduite longue

(16 %)

Groupe 5 : trajectoires vers un CDD/CTT

(10 %)

Groupe 6 : trajectoires en catégorie A

(30 %)

Ensemble

Répartition des états

Catégorie A

22

20

18

23

25

59

32

Catégorie B

48

6

7

13

8

11

13

Catégorie C ≤ 110h

9

3

3

11

3

4

5

Catégorie C > 110h

6

5

5

38

7

5

11

Catégorie D

2

1

1

2

1

2

2

Catégorie E

2

1

2

2

2

4

2

Emploi en CDD/CTT

2

2

1

3

46

3

7

Emploi en CDI

1

56

0

1

1

1

5

Manquant

8

6

63

8

8

10

23

Tab. 1 – Répartition des états au sein de chaque groupe (en %).

48

Champ de létude : 46 492 personnes ayant eu une inscription à Pôle emploi entre janvier et mars 2012 et ayant eu recours au moins une fois à une activité réduite durant les douze premiers mois dinscription (calculs réalisés sur 41 985 séquences représentatives).

Source : Panel construit à partir du FH-D3 au 1/10e et des DPAE de janvier 2012 à décembre 2013, calculs des auteurs.

Note de lecture : Sur toute la période dobservation, 22% des états qui composent les trajectoires du groupe 1 se déroulent en « catégorie A ».

Le premier groupe de la typologie (représentant 9 % de léchantillon) est composé principalement des trajectoires des individus qui sont durablement en activité réduite courte (catégorie B). Certains connaissent des déviations – cependant limitées – par rapport à cette norme, notamment via un passage en catégorie A. La catégorie B représente 48 % de lensemble des états composant les trajectoires de ces individus.

Le deuxième groupe (8 % de léchantillon) correspond aux trajectoires des individus passant par lactivité réduite très rapidement, sinscrivant généralement quelques mois également en catégorie A, qui retrouvent un emploi stable à durée indéterminée (principalement entre les mois davril 2012 et davril 2013). Le CDI représente 56 % de lensemble des états de ce groupe et la part des personnes en CDI croît dans le temps (voir figure 2), soulignant leffet du passage par cet état sur la suite de la trajectoire.

Le troisième groupe (27 % de léchantillon) regroupe les individus qui ne sont plus ni dans le FH-D3 ni dans les DPAE. Ces individus peuvent donc être salariés, par exemple chez un particulier employeur, être inactifs ou chômeurs non-inscrits à Pôle emploi. Outre le passage par lactivité réduite, les personnes de ce groupe peuvent connaître un épisode en tant que chômeur de catégorie A avant de disparaître de notre échantillon. 63 % des états composant les trajectoires des personnes de ce groupe apparaissent comme étant manquants. Ce groupe est celui qui connaît le moins de variabilité avec lentropie la plus faible. Ce groupe rappelle tout lintérêt de disposer denquêtes qualitatives complémentaires afin de comprendre qui sont les individus qui napparaissent plus dans nos bases de données.

Le quatrième groupe (totalisant 16 % de léchantillon) regroupe les trajectoires des demandeurs demploi inscrits durablement en activité réduite longue à un volume horaire supérieur à 110 heures par mois (38 % des états des trajectoires des demandeurs demploi de ce groupe de catégorie C > 110 heures). Cest ce groupe qui connaît le plus de diversité (voir figure 3), caractérisé par des passages dans dautres catégories 49A (23 % des trajectoires), B (13 %) et C moins de 110 heures (11 %) principalement.

Le cinquième groupe (10 % de léchantillon) est celui des demandeurs demploi passés par lactivité réduite qui trouvent ensuite un CDD ou un CTT. De la même manière que les personnes qui trouvent un CDI à la suite dun passage par lactivité réduite, ceux qui trouvent un CDD ou un CTT le trouvent entre avril 2012 et avril 2013 (létat modal de CDD dans le groupe 5 est légèrement décalé dans le temps par rapport à celui du CDI dans le groupe 2). Globalement, les individus de ce groupe restent en CDD/CTT jusquà la fin de la période où on les observe (décembre 2013).

Le dernier groupe (totalisant 30 % de léchantillon), le plus important, est composé des séquences des individus passant par lactivité réduite mais étant durablement inscrits en tant que demandeurs demploi de catégorie A. La catégorie A représente 59 % de lensemble des états composant les trajectoires des individus de ce groupe.

Les caractéristiques sociodémographiques, professionnelles et dindemnisation des demandeurs demploi de ces différents groupes de trajectoires, ainsi que leurs parcours biographiques, sont analysés dans la partie suivante.

IV. Parcours biographiques et caractéristiques sociodémographiques et professionnelles
des demandeurs demploi passés
par lactivité réduite selon leur trajectoire

Pour chacune des six trajectoires types, nous décrivons le profil moyen des demandeurs demploi passés par lactivité réduite (tableaux 2 à 4). La dialectique entre lanalyse des données de Pôle emploi et des DPAE et lenquête de terrain permet de saisir le lien entre les profils types et le parcours des participants à lenquête de terrain. Parmi les six classes, quatre seulement trouvent une incarnation dans lenquête de terrain : les groupes 1 – 4 – 5 et 6 puisque par nature les situations des personnes des deux groupes restants (en CDI et sortis des fichiers FH et DPAE) les excluent de lenquête (cf. méthodologie).

50

Caractéristiques individuelles

Groupe 1 : trajectoires en activité réduite courte (9 %)

Groupe 2 : trajectoires vers un CDI (8 %)

Groupe 3 : sortie des fichiers FH et DPAE (27 %)

Groupe 4 : trajectoires en activité réduite longue (16 %)

Groupe 5 : trajectoires vers un CDD/CTT (10 %)

Groupe 6 : trajectoires en catégorie A (30 %)

Total

Age

***

***

***

***

***

Moins de 25 ans

17

21

31

22

35

27

27

Entre 25 et 49 ans

64

71

61

67

60

63

63

50 ans et plus

19

7

8

11

5

10

10

Sexe

***

***

***

***

***

Masculin

33

51

46

53

59

53

50

Féminin

67

49

54

47

41

47

50

Nationalité

*

***

***

***

***

Française

87

91

88

87

92

87

88

Étrangère

13

9

12

13

8

13

12

Situation matrimoniale

***

***

***

***

***

***

Célibataire

44

51

58

51

64

57

55

Divorcé, veuf

11

7

6

8

5

8

7

Marié, concubinage

46

41

36

42

31

34

37

Nombre denfants

***

***

***

***

***

Pas denfant

55

62

69

61

72

66

65

1 ou 2 enfant(s)

33

31

24

30

23

26

27

3 enfants

12

7

7

9

5

8

8

Handicap

***

*

***

*

***

Oui

4

2

2

2

2

4

3

Non

96

98

98

98

98

96

97

Région

***

***

***

***

***

***

51

Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine

8

8

8

8

8

9

8

Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes

10

9

9

10

10

9

9

Auvergne-Rhône-Alpes

12

12

13

12

15

12

12

Bourgogne-Franche-Comté

3

3

4

5

4

4

4

Bretagne

6

5

6

6

6

5

6

Centre-Val de Loire

5

4

4

4

4

5

4

Corse

0

0

0

0

0

0

0

Île de France

16

24

18

14

16

17

17

Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées

10

8

9

9

9

10

9

Nord-Pas-de-Calais-Picardie

10

8

8

10

9

10

9

Normandie

7

4

5

6

6

5

5

Pays de la Loire

6

5

6

8

7

6

6

Provence-Alpes-Côte dAzur

8

8

9

7

7

9

8

Tab. 2 – Caractéristiques sociodémographiques
des demandeurs demploi ayant eu recours à lactivité réduite.

Niveau de significativité : * p < 0,05, ** p< 0,01, *** p< 0,001 (test du khi-deux).

Source : Panel construit à partir du FH-D3 au 1/10e et des DPAE de janvier 2012 à décembre 2013, calculs des auteurs.

Champ de létude : 46 492 personnes ayant eu une inscription à Pôle emploi entre janvier et mars 2012 et ayant eu recours au moins une fois à une activité réduite durant les douze premiers mois dinscription.

Note de lecture : Parmi les demandeurs demploi appartenant à une trajectoire marquée par une activité réduite courte durable (groupe 1), 19 % sont âgés de 50 ans et plus.

52

Les groupes 2 et 5 (totalisant un peu moins de 20 % de léchantillon) correspondent aux trajectoires des individus qui sont passés par lactivité réduite et qui ont retrouvé un emploi, soit en CDI (groupe 2) soit en CDD/CTT (groupe 5). En plus dêtre passés par lactivité réduite, la plupart ont également été inscrits en tant que demandeurs demploi de catégorie A avant de retrouver un emploi.

Les demandeurs demploi du groupe 2 sont plus souvent des actifs âgés de 25 à 49 ans, résidant en Île-de-France (voir tableau 2). Ils sont plus fréquemment diplômés du supérieur (notamment au niveau Bac+3 et plus), ce qui les amènent à accéder plus facilement à une position stabilisée dans le système demploi et à occuper des postes de cadres (voir tableau 3). Ils sont plus fréquemment devenus demandeurs demploi suite à une rupture conventionnelle et sont moins souvent issus de lintérim. Par ailleurs, la part des bénéficiaires du RSA est légèrement plus faible dans ce groupe. En outre, au moment de leur inscription en tant que demandeurs demploi, ils sont les plus nombreux à avoir été indemnisés par le régime dassurance chômage ou de solidarité (voir tableau 4). Parmi ceux qui bénéficient dune allocation dassurance chômage, la majorité appartient au régime général.

Les demandeurs demploi du groupe 5 ayant exercé au moins une fois une activité réduite constituent le groupe le plus jeune de léchantillon avec une part importante de personnes de moins de 25 ans. Les individus qui retrouvent un CDD/CTT sont plus nombreux à être célibataires et à ne pas avoir denfant. Les individus de ce groupe sont majoritairement des hommes, ce qui sexplique notamment par la nature des contrats de travail suite à leur période dactivité réduite : ils sont ainsi plus nombreux à sinscrire à Pôle emploi suite à une fin de période dintérim ou à la suite dun contrat aidé ou dun CDD et ils sont plus souvent indemnisés au titre des Annexes 4 qui leur sont destinées12. Ils bénéficient davantage du régime dassurance chômage lors de leur inscription à Pôle emploi. Ils sont moins diplômés que ceux dont la trajectoire mène à un CDI, mais plus diplômés que lensemble des demandeurs demploi ayant exercé une activité réduite. Plus de la moitié dentre eux sont des employés qualifiés, techniciens ou agents de maitrise.

53

Les individus interrogés lors de lenquête de terrain, dont les caractéristiques se rapprochent de ce groupe, sont en majorité des jeunes, alternent des emplois courts et des périodes de chômage et pour certains des phases dindépendance et des retours dans leur famille comme la vécu Marine :

Après, jai vécu vraiment presque pendant huit mois toute seule dans mon appartement. [] Voilà. Ils [ses parents] mont proposé [de la loger], je navais pas trop le choix parce que du coup avec ce que je gagnais, ce nétait pas assez pour payer le loyer parce quil était cher, je navais plus dAPL. Donc voilà, je nai pas eu le choix que de rentrer puisque javais des impayés, voilà (Marine, 25 ans, Bac+2).

Tous les jeunes rencontrés dans le cadre de lenquête de terrain cumulent les contrats courts qui les empêchent de décohabiter. Lautonomie est lhorizon que tous visent, mais quils narrivent pas à concrétiser de façon pérenne. Au moment de lenquête, John, 24 ans, possède un Bac pro quil a complété par un BTS management des unités commerciales en alternance, sans en obtenir le diplôme néanmoins. Il a travaillé 2 ans ½ dans une surface commerciale : 2 ans en alternance et 6 mois en CDD pour remplacer une personne absente pour maladie. À la suite de cette période dactivité, il sinscrit à Pôle emploi et perçoit une indemnité modeste. Désireux de vivre avec sa compagne, il cherche activement un emploi dans la grande distribution. Cependant, les seuls emplois quil décroche sont des CDD payés au SMIC et qui ne débouchent jamais sur un emploi pérenne ; il alterne ainsi les contrats courts et les périodes de chômage :

Lactivité réduite, ce quil y a, cest que plusieurs fois, jai des emplois. Après ça, cest, jai fait chômage, emploi, chômage, je nai fait que ça, quoi [].

En quête de stabilité professionnelle et personnelle, il a opté, au moment de lentretien, pour un contrat de professionnalisation de 9 mois dans une grande enseigne commerciale. Il a limpression de ne rien apprendre mais il espère que la qualité de son travail lui permettra de se voir proposer un CDI :

Cest un contrat pro, donc, un CDD de 9 mois quoi. [Et quest-ce que vous espérez en fait après ça ?]. Un CDI.

54

La jeune vie professionnelle heurtée de John le contraint à vivre chez ses parents. Cependant, ces derniers ont le projet de déménager dans un proche avenir, ce qui renforce le sentiment dinsécurité de leur fils.

Ce quil y a, cest que mes parents, ils vont déménager en fin dannée, donc, je nai pas le choix [] mais moi, ce quil y a, cest quil faut que je me loge aussi [] Je nai pas envie dêtre Tanguy non plus, quoi. Cest surtout ça. Je veux être indépendant au max, quoi et 24 ans ça commence déjà à le faire (John, 24 ans, Bac+2).

Caractéristiques individuelles

Groupe 1 : trajectoires en activité réduite courte (9 %)

Groupe 2 : trajectoires vers un CDI (8 %)

Groupe 3 : sortie des fichiers FH et DPAE (27 %)

Groupe 4 : trajectoires en activité réduite longue (16 %)

Groupe 5 : trajectoires vers un CDD/CTT (10 %)

Groupe 6 : trajectoires en catégorie A (30 %)

Total

Formation

***

***

***

***

***

***

Aucun diplôme

5

2

3

4

2

4

4

Certificat détude primaire ; collège, y compris BEPC

13

6

9

10

8

12

10

Seconde, première

2

1

2

2

1

2

2

CAP, BEP

36

30

32

39

38

40

36

BAC

21

22

25

23

24

22

23

BAC +2

10

18

13

12

15

10

12

BAC +3 et plus

13

21

16

10

13

10

13

Qualification

***

***

***

***

***

***

Manœuvres, Ouvriers spécialisés et Ouvriers qualifiés

16

14

18

30

27

26

23

Employés non qualifiés

24

13

21

17

17

22

20

55

Employés qualifiés

49

47

46

42

41

41

44

Techniciens et agents de maitrise

7

12

9

8

10

6

8

Cadres

4

14

6

3

4

5

5

Motif dinscription

***

***

***

***

***

***

Licenciement économique

4

4

2

4

3

3

3

Autre licenciement

15

16

9

11

9

13

12

Démission

5

5

6

5

5

4

5

Rupture conventionnelle

8

13

5

6

6

7

7

Fin de contrat aidé ou à dure déterminée

27

33

30

29

34

27

30

Fin dintérim

5

5

8

14

14

8

9

Primo arrivant

5

3

9

5

5

6

6

Fin de maladie, maternité

2

2

2

2

2

2

2

Fin dactivité non salariée

1

1

1

1

1

1

1

Sortie de stage

1

1

1

1

1

1

1

Autres cas

25

17

26

21

20

26

24

Tab. 3 – Caractéristiques professionnelles des demandeurs demploi
ayant eu recours à lactivité réduite.

Niveau de significativité : * p < 0,05, ** p< 0,01, *** p< 0,001 (test du khi-deux).

Source : Panel construit à partir du FH-D3 au 1/10e et des DPAE de janvier 2012 à décembre 2013, calculs des auteurs.

Champ de létude : 46 492 personnes ayant eu une inscription à Pôle emploi entre janvier et mars 2012 et ayant eu recours au moins une fois à une activité réduite durant les douze premiers mois dinscription.

56

Note de lecture : Parmi les demandeurs demploi appartenant à une trajectoire marquée par une activité réduite courte durable (groupe 1), 13 % ont un diplôme de niveau BAC +3 et plus.

Les groupes 1 et 4 (25 % de léchantillon) correspondent aux individus passant durablement en activité réduite, principalement en catégorie B pour les personnes du groupe 1 et en catégorie C (> 110 heures) pour celles du groupe 4.

Ces deux groupes sont composés dindividus en moyenne plus âgés que dans le reste de léchantillon (voir tableau 2). Le groupe 4 comprend des demandeurs demploi qui exercent durablement une activité réduite supérieure à 110 heures par mois, soit une durée dactivité supérieure à 80 % dun temps plein. Le groupe 1, marqué par une intensité plus faible de lactivité réduite, comprend davantage de femmes que le groupe 4 et que lensemble des demandeurs demploi qui ont exercé une activité réduite suite à leur inscription à Pôle emploi. Les personnes de ce groupe se distinguent également par le fait quelles ont davantage denfants et quelles sont plus souvent divorcées ou veuves. Enfin, la part de personnes reconnues en RQTH (reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé) est sensiblement plus élevée que dans le groupe 4. La part des diplômés du supérieur dans le groupe 1 est plus faible que dans le reste de léchantillon et les demandeurs demploi de ce groupe occupent davantage des postes demployés, qualifiés ou non qualifiés que la moyenne (voir tableau 3). Le groupe 4 concentre une part importante dintérimaires, ce que retrouvent également Gonthier et Vinceneux (2017) comme lun des visages de lactivité réduite marqué par un recours intensif à ce dernier. Cependant, nous montrons que les personnes exerçant un emploi dans les services à la personne comme les assistantes maternelles, des activités le plus souvent à caractère discontinu et à temps partiel, se retrouvent davantage dans le groupe 1 (activité réduite courte) que dans le groupe 4 (voir tableau 5). Cette différence sexplique par le fait que nous évaluons lintensité du recours à lactivité réduite en tenant compte non seulement du nombre de mois, mais aussi de la durée mensuelle dactivité réduite.

Lenquête de terrain a permis notamment dinterroger des femmes avec des enfants à charge. Parmi elles, nombreuses sont celles qui sont 57séparées ou divorcées. Celles qui sont en activité lors de lentretien ont du mal à concilier leur vie professionnelle et personnelle. Celles qui élèvent leurs enfants seules tentent de lier les deux aspects tant bien que mal. Cest la situation dans laquelle se trouve Dalila, une femme divorcée de 44 ans, dont les enfants font des études dans le supérieur. Initialement en poste en CDI, elle a subi du harcèlement moral jusquau moment où elle a été licenciée dans un contexte où son fils est tombé gravement malade. Par la suite, elle a cumulé de nombreux CDD et missions dintérim. Elle a ensuite accepté un poste demployée à temps partiel (moins de 110 heures) mais en CDI. Elle a tenté de cumuler deux emplois mais avec les enfants, ce nétait pas « tenable », elle se contente donc de ce que lentreprise lui offre et espère accéder à un temps plein dans lavenir. Elle sexplique ainsi :

Aujourdhui, le domaine où je suis cest quelque chose que jaime bien. Et je nai pas trouvé une société où je vais trouver les 35 heures [] Jai accepté à mi-temps, ils navaient pas beaucoup de boulots. Mais il y a lenvie de développer. Et pour se développer, je lui ai dit : Voilà, pour faire tout au bureau, vous ne pouvez pas. Moi, je mavance [mengage] avec vous et je fonce à mi-temps, mais à condition sil y a du boulot, sinon, je ne reste pas. [Vous voulez passer à plein temps, cest ça ?] Oui.

Arrivée en France dans les années 2000 où elle na pas de famille et est sans relais, elle a peu de temps pour trouver un autre emploi.

Oui. Je suis toute seule. Et cest des enfants qui ont grandi avec moi. Il ny a pas de famille ici en France. Ils ne savent pas tout. Ils ne connaissent pas tout. Il faut gérer. Il faut gérer les deux choses [] ça fait que je ne peux pas [] moccuper que de mon boulot et chercher pour moi et de ne faire que ça (Dalila, 44 ans, Bac).

Parmi les entretiens réalisés, celui de Patricia, devenue assistante maternelle suite à son deuxième enfant, alors quelle travaillait initialement en CDI dans un supermarché, permet déclairer une trajectoire du groupe 1 :

Et puis donc quand je me suis retrouvée enceinte de ma deuxième, mon patron ma licenciée économique parce que deux grossesses coup sur coup, il ne savait pas à quoi sen tenir. Bon, il ma proposé le licenciement économique, sinon il me trouvait une faute professionnelle pour après me virer, donc jai accepté.

58

Elle est assistante maternelle depuis 25 ans, elle explique ainsi comment elle peut basculer dans une activité réduite.

Et donc mon parcours cest simple, en étant assistante maternelle, vous avez par moment des contrats. Donc moi, en tous les cas, je suis agréée pour trois enfants, donc jai droit à trois enfants. Et donc, quand on a une période où on a trois enfants, et bien tout va bien, on les a tout petit jusquà lâge quils rentrent à lécole. Mais quand les contrats sarrêtent, on est obligé de sinscrire à Pôle Emploi. Voilà, en principe je prends toujours des contrats à temps complet et ça marrive de prendre des contrats à temps partiel. Ce quon appelle à temps partiel, cest quon nest pas payé sur les 52 semaines dans lannée. On est payé par exemple sur 40 semaines (Patricia, 50 ans, Bac).

Plusieurs demandeurs demploi autrefois dans un emploi stable ont connu une rupture dans leur carrière en raison dune maladie ou dun accident du travail et illustrent une autre situation proche du groupe 1. Cest le cas de Bertrand, 54 ans, qui a dû arrêter son métier de chauffeur poids lourd en raison de 3 hernies discales, une pathologie courante chez les chauffeurs routiers. Il a été reconnu en qualité de travailleur handicapé, il est dorénavant chauffeur de bus scolaire à temps partiel et ne perçoit plus de cumul avec lassurance chômage. Leur fils étant atteint de mucoviscidose, sa femme avait dû arrêter de travailler mais dans ses conditions, elle a dû reprendre son poste de surveillante de nuit. Cest également le cas de Samba, 50 ans, qui a travaillé comme couturier pendant 30 ans, notamment dans des grandes maisons de couture. Au moment de lentretien, il ne travaille que 11h les week-ends comme pompiste dans un hangar à bus.

Mon problème, cest la santé. Sinon, on peut avoir de quoi vivre. Je ne cherche pas maintenant des milliards. Non, maintenant, jattends encore. Je ne suis pas… jattends parce que je vais faire… je vais essayer de voir autre chose. Je vais chercher, comme dhabitude quoi. Parce que moi, le boulot, si ce nétait pas ça, moi le boulot, je peux… parce que dès que je rentre dans un atelier à couture, si je veux, je vous assure Madame, je connais mon métier. Je peux couper, je peux créer, je peux monter, donc, il ny a aucun problème. Le problème que jai, cest ma maladie. Je narrive pas à masseoir longtemps. Pour le moment, ça me fait mal. Je ne peux pas, même… avec les douleurs que jai, le machin que jai là. Pour moi, je peux vous garantir, je ne peux même pas rester ici longtemps là sans partir (Samba, 50 ans, sans diplôme).

59

Caractéristiques individuelles

Groupe 1 : trajectoires en activité réduite courte (9 %)

Groupe 2 : trajectoires vers un CDI (8 %)

Groupe 3 : sortie des fichiers FH et DPAE (27 %)

Groupe 4 : trajectoires en activité réduite longue (16 %)

Groupe 5 : trajectoires vers un CDD/CTT (10 %)

Groupe 6 : trajectoires en catégorie A (30 %)

Total

Type dindemnisation

***

***

***

***

***

***

Allocation daide au retour à lemploi (ARE)

53

64

32

58

60

48

48

Autres assurances

1

2

1

2

2

1

2

Régime de Solidarité (ASS, etc.)

2

1

1

2

1

2

2

Autres

0

0

0

0

0

0

0

Non indemnisé

44

32

65

38

36

48

48

RSA

***

***

***

*

***

***

Oui

9

5

6

7

6

10

8

Non

91

95

94

93

94

90

92

Régime dassurance chômage

***

***

***

***

***

***

Régime général

49

66

32

47

54

45

45

Régime particulier dont :

Intérim

5

5

4

15

14

7

8

Intermittent

2

0

0

1

0

0

0

Autres (y compris inconnus)

43

29

63

37

33

48

47

Tab. 4 – Caractéristiques dindemnisation
des demandeurs demploi ayant eu recours à lactivité réduite.

Niveau de significativité : * p < 0,05, ** p< 0,01, *** p< 0,001 (test du khi-deux).

60

Source : Panel construit à partir du FH-D3 au 1/10e et des DPAE de janvier 2012 à décembre 2013, calculs des auteurs.

Champ de létude : 46 492 personnes ayant eu une inscription à Pôle emploi entre janvier et mars 2012 et ayant eu recours au moins une fois à une activité réduite durant les douze premiers mois dinscription.

Note de lecture : Parmi les demandeurs demploi appartenant à une trajectoire marquée par une activité réduite courte durable (groupe 1), 44 % ne sont pas indemnisés. Les caractéristiques de lindemnisation présentées dans le tableau sont les caractéristiques initiales de lindividu i.e. au début de létude sa trajectoire.

Les individus du groupe 4 sont quant à eux plus nombreux à être manœuvres, ouvriers spécialisés et ouvriers qualifiés (voir tableau 3). Ils sont ainsi plus nombreux à être indemnisés au titre des Annexes 4 des intérimaires, possèdent lun des taux daccès à lAllocation daide au retour à lemploi les plus élevés et sont généralement plus informés sur leurs droits. Les activités réduites quils ont occupées sinscrivent en majorité dans des activités de services administratifs et de soutien dans lesquelles on trouve les activités de sécurité, de nettoyage, de centres dappel ou de conditionnement (voir tableau 5). La surreprésentation de ces secteurs dans les activités réduites exercées pourrait laisser penser que les employeurs de ces secteurs mobilisent sciemment ce dispositif comme une subvention implicite, alors que les études montrent une méconnaissance de ce dispositif par les employeurs (Kornig et Recotillet, 2016).

À linstar du groupe 5, cest dans ce groupe, que la proportion de demandeurs demploi sinscrivant à Pôle emploi en raison dune fin de contrat dintérim est la plus élevée. Les intérimaires rencontrés dans le cadre de lenquête de terrain sont tous à la recherche dun emploi en CDI et ils connaissent davantage leurs droits. Cette forme demploi est vue comme un moyen de « faire ses preuves » dans lentreprise avant lobtention dun CDI mais ils sont souvent désabusés comme Sergio lavance :

Alors, donc je suis en fait intérimaire. Je cherche un poste fixe. Je suis à la recherche dun CDI durable, sauf que la seule façon de laquelle jai limpression de pouvoir y accéder, et encore entre guillemets y accéder, cest lintérim parce que je vois lintérim travailler beaucoup avec de grosses sociétés. Jai fait pas mal de missions et puis jai besoin de travailler [] Mais en fait, ça naboutit pas. Donc en même temps moi, en même temps moi ça me va parce quà la fin du mois jai quand même un chèque. Nous, on est rémunérés, il y a les ASSEDIC []. Et donc, jaccepte volontiers les missions. Après en espérant 61que derrière ça nous sert à quelque chose. Sauf que ça naboutit presque jamais (Sergio, 34 ans, Cap-Bep).

Nombre dentre eux ajustent leurs prétentions de par leurs expériences, en redéfinissant leur « travail accessible » (Demazière et Zune, 2016), le CDI à plein temps devenant un horizon inatteignable. Pour dautres, le but reste le même, cest-à-dire accéder à un CDI, mais lévolution du marché du travail a rendu le passage par des contrats dintérimaire incontournable et ils se plient à cette modalité de recrutement. Rayan est dans ce cas. Il travaille en CDI, comme steward, pendant 7 ans pour une compagnie aérienne basée en Irlande. Il décide de rejoindre sa compagne en région parisienne où il se met à la recherche dun emploi dans le même secteur dactivité. Il a la forte conviction que lintérim est devenu le mode de recrutement de beaucoup de compagnies :

Il y a du personnel permanent, bien sûr. Il y a des CDI dans la société dans laquelle je travaille mais actuellement, ils embauchent également des intérimaires puisque, je pense, ils ne sont pas sûrs de lévolution du secteur de laérien actuellement []Pour revenir sur [Nom de compagnie] on obtient un CDI chez eux au bout de deux ans et demi, trois ans [] Alors, intérim dans un premier temps, on va dire la première année, la deuxième année, on aura des contrats saisonniers [] Puis généralement, en troisième année chez eux, on obtient un CDI (Rayan, 32 ans, Bac+2).

Caractéristiques

Groupe 1 : trajectoires en activité réduite courte (9 %)

Groupe 2 : trajectoires vers un CDI (8 %)

Groupe 3 : sortie des fichiers FH et DPAE (27 %)

Groupe 4 : trajectoires en activité réduite longue (16 %)

Groupe 5 : trajectoires vers un CDD/CTT (10 %)

Groupe 6 : trajectoires en catégorie A (30 %)

Total

ROME – Domaines professionnels

***

***

***

***

***

***

Agriculture et pêche, espaces naturels et espaces verts, soins aux animaux

3

2

4

4

3

4

4

Arts et façonnage douvrages dart

1

0

0

0

0

1

0

Banque, assurance, immobilier

1

3

2

1

2

1

1

62

Commerce, vente et grande distribution

14

22

17

12

16

18

17

Communication, media et multimédia

2

2

2

2

2

2

2

Construction, bâtiment et travaux publics

5

8

9

13

15

12

11

Hôtellerie-restauration tourisme loisirs et animation

10

10

10

6

8

10

9

Industrie

4

7

7

13

12

8

8

Installation et maintenance

2

3

4

4

5

4

4

Santé

4

5

5

5

4

4

4

Services à la personne et à la collectivité

35

13

21

17

9

16

18

Spectacle

4

1

1

1

0

1

1

Support à lentreprise

9

17

11

10

12

10

11

Transport et logistique

6

8

7

12

12

10

9

Secteur dactivité de lactivité réduite exercée

chômage

***

***

***

***

***

***

Agriculture, sylviculture et pêche

3

2

3

3

2

4

3

Industries extractives

0

0

0

0

0

0

0

Industrie manufacturière

3

8

5

4

3

4

4

Production et distribution délectricité, de gaz, de vapeur et dair conditionné

0

0

0

0

0

0

0

63

Production et distribution deau ; assainissement, gestion des déchets et dépollution

0

0

0

0

0

0

0

Construction

2

7

4

2

3

5

4

Commerce ; réparation dautomobiles et de motocycles

9

19

14

8

7

12

12

Transports et entreposage

2

5

2

3

3

3

3

Hébergement et restauration

9

12

7

5

5

10

8

Information et communication

3

3

1

2

1

1

2

Activités financières et dassurance

1

3

1

1

1

1

1

Activités immobilières

1

2

2

2

3

2

2

Activités spécialisées, scientifiques et techniques

4

8

4

3

3

3

4

Activités de services administratifs et de soutien

34

15

36

52

56

40

40

Administration publique

4

2

3

2

2

2

2

Enseignement

2

1

1

1

1

1

1

Santé humaine et action sociale

11

8

11

10

6

7

9

Arts, spectacles et activités récréatives

7

1

2

1

1

2

2

Autres activités de services

4

4

3

2

2

3

3

Tab. 5 – Domaines demploi recherché et secteurs de lactivité réduite
la plus importante exercée par les demandeurs demploi.

64

Niveau de significativité : * p < 0,05, ** p< 0,01, *** p< 0,001 (test du khi-deux).

Source : Panel construit à partir du FH-D3 au 1/10e et des DPAE de janvier 2012 à décembre 2013, calculs des auteurs.

Champ de létude : 46 492 personnes ayant eu une inscription à Pôle emploi entre janvier et mars 2012 et ayant eu recours au moins une fois à une activité réduite durant les douze premiers mois dinscription.

Note de lecture : Parmi les demandeurs demploi appartenant à une trajectoire marquée par une activité réduite courte durable (groupe 1), 35 % recherchent un emploi dans le secteur des services à la personne et à la collectivité.

Le groupe 6 (30 % de léchantillon) constitue le groupe le plus important. Il correspond aux trajectoires des personnes qui, après avoir fait lexpérience dune activité réduite, restent de manière durable au chômage en étant inscrites à Pôle emploi comme demandeuses demploi de catégorie A, autrement dit sans aucune activité. Au niveau de lâge, du sexe, de la situation matrimoniale, des motifs dinscription, du type dindemnisation et du régime dassurance chômage, ces individus ont des caractéristiques proches de celles observées en moyenne dans léchantillon. Les spécificités de ce groupe résident dans le fait que les individus qui le composent soient les plus nombreux à ne pas avoir denfant, quils disposent dun plus faible niveau de formation et quils sont plus nombreux à percevoir le RSA.

Ce groupe reflète notamment la situation de demandeurs demploi faiblement qualifiés. Cest le cas dHélène, 45 ans, licenciée économique en 2012 après 10 années dactivité chez un concessionnaire automobile. Depuis, elle alterne les contrats courts et des périodes de chômage. Elle est consciente que le métier de secrétaire a évolué et que son âge peut représenter un obstacle à son recrutement. Elle multiplie ainsi les formations offertes par Pôle emploi :

Je me suis aperçue que notamment dans les offres, peu importe doù elles viennent, Pôle emploi, le métier de secrétaire, maintenant, ça ne veut plus rien dire [la même chose] [] Moi jestime que si on a des compétences, imaginons, si on les met en valeur, si on se donne les moyens et tout ça, moi je pense que le recruteur [] fera abstraction de lâge (Hélène, 45 ans, Bac).

Enfin, le groupe 3 (27 % de léchantillon) rassemble les trajectoires des personnes passées par lactivité réduite et que lon ne retrouve plus ensuite dans le Fichier historique de Pôle emploi et dans les DPAE. Ces individus peuvent être inactifs, chômeurs non-inscrits à Pôle emploi ou salariés, par exemple chez un particulier-employeur. Ces personnes ont 65des caractéristiques très proches de celles de léchantillon global, mais sen différencient par le nombre important de jeunes, de primo-arrivants, par le taux très élevé de personnes non indemnisées, et par le non accès au régime dassurance chômage.

Conclusion

Lutilisation dune méthode doptimal matching a permis didentifier différents types de trajectoires de demandeurs demploi ayant recours à lactivité réduite. Cette typologie a permis de dégager 6 groupes de trajectoires différentes : (1) une trajectoire marquée durablement par une activité réduite « courte » ; (2) une trajectoire marquée par un retour durable dans un emploi à durée indéterminée ; (3) une trajectoire marquée par de lattrition ; (4) une trajectoire marquée durablement par une activité réduite « longue » ; (5) une trajectoire de sortie vers les CDD/CTT ; (6) une trajectoire durable sans emploi en catégorie A. Cette analyse met en évidence que seuls 8 % des demandeurs demploi sinscrivent dans des trajectoires marquées par une sortie durable vers un emploi à durée indéterminée. Alors que 25 % appartiennent à des trajectoires marquées par une activité réduite durable, 30 % présentent des trajectoires caractérisées par une situation durable sans aucune activité.

À lissue de cette typologie, nous avons mené une analyse descriptive des caractéristiques sociodémographiques et professionnelles des trajectoires individuelles. Cette analyse couplée à une enquête de terrain a permis déclairer les parcours biographiques des demandeurs demploi qui ont expérimenté de manière plus ou moins durable une activité réduite.

Nos résultats montrent que les caractéristiques des demandeurs demploi qui ont eu recours à une activité réduite diffèrent selon leur trajectoire professionnelle. Ainsi, les séniors et les femmes sinscrivent moins souvent dans une trajectoire débouchant sur lobtention dun emploi pérenne, tandis quils sont plus nombreux à se trouver durablement en activité réduite. Les trajectoires marquées par un retour durable à lemploi regroupent davantage de diplômés du supérieur et de cadres. En outre, le motif dinscription joue sur lappartenance à lune des 66trajectoires types. Les demandeurs demploi qui se sont inscrits suite à un licenciement (économique ou autres) se trouvent davantage dans un parcours marqué durablement par une activité réduite courte. De plus, ceux qui se sont inscrits à Pôle emploi suite à une mission dintérim sont peu présents dans les trajectoires de sortie du chômage vers un emploi à durée indéterminée. Cette recherche confirme la forte segmentation sectorielle qui conduit à une concentration des activités réduites dans certaines activités de service, comme les activités de centre dappel ou de sécurité. Les demandeurs demploi qui recherchent un emploi de service à la personne sont aussi ceux qui ont des trajectoires marquées durablement par une activité réduite courte.

Les parcours biographiques des demandeurs demploi interrogés permettent déclairer les trajectoires des demandeurs demploi et de mettre en évidence les caractéristiques spécifiques de ceux qui ont pratiqué durablement une (ou des) activité(s) réduite(s). Les entretiens permettent de rendre compte de la complexité des facteurs qui influencent les parcours des demandeurs demploi. Ces facteurs se croisent et saccumulent en impactant durablement leur trajectoire professionnelle. Lenquête de terrain révèle ainsi dautres facteurs de frein à la sortie vers un emploi durable et denfermement dans une trajectoire marquée par lactivité réduite, comme les problèmes de santé ou les accidents du travail.

67

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1 Cette recherche a fait lobjet dun financement de Pôle emploi dans le cadre dun appel à projet de recherche. Les auteur.e.s sont seul.e.s responsables du contenu de cet article.

2 Calculs des auteurs à partir des données mensuelles du Fichier historique des demandeurs demploi (FHS) de Pôle emploi.

3 La moitié des CDD a désormais une durée inférieure ou égale à 10 jours en 2013, contre 14 jours en 2012 (Bourieau et al., 2014).

4 Ce cumul est aussi possible avec la prime dactivité, qui a remplacé le volet « activité » du revenu de solidarité active (RSA).

5 Pour plus dinformations concernant lhistorique du dispositif du cumul et ses modalités précises, voir Issehnane et al. (2016).

6 Nous avons fait le choix de scinder la catégorie C en deux (C1 et C2) afin de prendre en compte leffet de seuil des 110 heures, qui conduit les demandeurs indemnisés par lassurance chômage à ne plus percevoir dallocation daide au retour à lemploi le mois où leur activité réduite dépasse le seuil des 110 heures.

7 Au-delà de ce seuil, les opérations dinsertions-suppressions ne sont plus utilisées (Robette et Thibault, 2008).

8 Nous avons agrégé les séquences identiques en suivant la méthode décrite dans Studer (2013). La typologie est obtenue sur un échantillon contenant 41 985 séquences représentatives, pondérées par leurs fréquences dapparition.

9 La typologie a été effectuée en évaluant la qualité des regroupements (entendue ici comme la combinaison dun algorithme de classification et dun nombre de groupes) à laide de différentes mesures de qualité. Lensemble des mesures de qualité utilisées et des algorithmes de classification testés est détaillé dans Moulin (2014). Le détail des calculs est disponible sur demande auprès des auteurs.

10 Le guide dentretien de cette enquête est disponible sur demande.

11 Lentropie représente la fréquence et la distribution des durées des différents états des séquences. Celle-ci vaut 0 lorsque la trajectoire individuelle ne connaît pas de variabilité et elle vaut 1 lorsque cette dernière passe par lensemble des états avec des durées similaires.

12 Les Annexes 4 du régime dassurance chômage, supprimées par la Convention dassurance chômage de 2017, constituent un dispositif dérogatoire relatif au règlement général de lassurance chômage élaboré en raison des spécificités de lactivité professionnelle exercée, ici celle des travailleurs intérimaires.