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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Simone Weil, réception et transposition
  • Pages : 371 à 377
  • Collection : Colloques de Cerisy - Philosophie, n° 3
  • Thème CLIL : 3133 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Philosophie contemporaine
  • EAN : 9782406082484
  • ISBN : 978-2-406-08248-4
  • ISSN : 2606-5983
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08248-4.p.0371
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 19/11/2019
  • Langue : Français
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Résumés

Robert Chenavier, « Avant-propos »

La pensée de Simone Weil offre les entrées les plus riches à partir de notions qui paraissent dabord discrètes. Il en est ainsi de celle de transposition, féconde dans tous les domaines de la réflexion. Elle éclaire le franchissement par la philosophe, à plusieurs reprises, dun « seuil », au cours de sa progression philosophique et spirituelle. Le colloque a dévoilé également le bénéfice quon peut tirer de la notion weilienne de dimensions, essentielle pour percevoir une pensée dans sa réalité.

Fernando Rey Puente, « La transposition comme critère de vérité »

Les différentes significations revêtues par le terme « transposition » sont rapprochées du terme « analogie » qui semble avoir un rôle semblable chez Simone Weil. Il y a une dimension objective et une autre, subjective, de la transposition, bien que Simone Weil fasse de la seconde un usage soit positif soit négatif. Enfin, limportance primordiale de ce concept dans la pensée weilienne est soulignée, dans la mesure où il permet à la philosophe de réunir différents niveaux de la réalité.

Adrienne Janus, « À lécoute de Simone Weil. La transposition de(s) sens »

Lécoute du monde a des résonnances ontologiques, affectives et éthiques. Cela conduit à une « transposition de(s) sens » par laquelle les actes les plus simples deviennent léquivalent dun « regard juste » orienté vers le secret, le silencieux, linvisible et linfiniment petit. Regarder nest plus fixer un objet comme une cible, mais devient semblable à une écoute. Cest un mode dattention orientée vers les résonances imperceptibles qui accompagnent le moindre sentiment dêtre-dans-le-monde.

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Robert Chenavier, « “Se mettre dans la troisième dimension”. Une théorie du transfert chez Simone Weil »

Comment figurer la pensée qui embrasse plusieurs rapports verticalement superposés ? À chaque étape de sa réflexion, Simone Weil fait appel, pour parvenir à une figuration, à une constellation de notions : métaphore, traduction, transfert, transposition et convenance. Après analyse des procédés de la transposition dans le domaine de la connaissance, puis dans celui de laction, est interrogée la dimension spirituelle de lart de transposer, appellation justifiée par sa composante esthétique.

Frédéric Worms, « “Elle me gouverne mais ne me convertit pas”. Simone Weil, le malheur et lamour humain »

Le but est doffrir une lecture et une transposition de « LAmour de Dieu et le malheur ». Une lecture, dabord, du malheur sous le signe de lamour. Le malheur à la fois brise lâme et lui révèle quelle est « en relation ». Il sagit aussi dune transposition. Peut-on penser le malheur sans lamour de Dieu, sans quitter le texte et le défi quil lance ? Lamour révélé dans le malheur et qui peut y répondre est-il nécessairement lamour « de Dieu » ? Pourquoi ne serait-il pas lamour humain ?

Alejandro Del Río Herrmann, « Simone Weil et le problème dune politique de la culture »

À laide de la notion de « politique de la culture », telle quelle est esquissée par le philosophe italien Norberto Bobbio, on peut essayer de comprendre quel était lenjeu politique effectif de Simone Weil. Au cœur de la pensée weilienne, la « décréation », vocation de toute « créature raisonnable », permet de proposer, à travers la « lecture décréative », une notion du travail de la culture comme « lectures superposées » ou « lecture des lectures ».

Pascal David, « Une vie philosophique ? Simone Weil, éthique et écriture »

Simone Weil publie beaucoup, mais des articles dans des journaux ou des revues militantes qui relèvent du combat politique et syndical, dont le présent est lenjeu. Quelle conception propose-t-elle de la philosophie ? Le philosophe nest pas celui qui construit un système mais celui qui opère sur lui-même 373un travail de transformation de soi afin daccéder au réel, la vérité nest pas un ensemble de connaissances mais un bien vers lequel il faut tourner toute lâme. Simone Weil incarne une vie philosophique.

Emilia Bea et Cristina Basili, « Vers une civilisation du travail. Action et contemplation dans la pensée de Simone Weil »

Cette contribution analyse la pertinence philosophico-politique du thème du travail dans la pensée de Simone Weil. Elle discerne dabord les traits principaux de la conception weilienne du travail, en suivant son évolution depuis les années trente. Elle se concentre ensuite sur les questions qui émergent de sa proposition dune civilisation fondée sur la spiritualité du travail. Finalement, elle essaye de comprendre les implications de la réflexion weilienne pour la théorie politique contemporaine.

Christina Vogel, « Penser lexpérience du temps dans la société postindustrielle à la lumière des écrits weiliens »

Létude reprend les analyses que Simone Weil a conduites sur le rapport entre lexpérience du temps et le travail, en tenant compte des mutations dues aux innovations techniques qui bouleversent les formes de production. Nos sociétés de consommation nont pas seulement changé la nature du travail, elles privent un nombre croissant de gens de la possibilité de trouver un travail. Que signifie être exclu du monde du travail et avoir du temps libre, non consacré à des activités professionnelles ?

Pascale Devette, « La condition humaine comme travail de perception »

Sous quelles conditions le travail actualise-t-il les capacités perceptives de lêtre humain ? En posant limportance sociale dune perception intuitive, nous analyserons les effets dun travail oppressif sur les dispositions perceptives. Plus particulièrement, nous examinerons les conséquences inhérentes à limpératif de la vitesse et celles associées au temps de lhorloge, en tentant de départager ce qui relève de la nécessité du travail de ce qui est engendré par différentes constructions abstraites.

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Françoise Meltzer, « Corps et âme. La philosophie du travail chez Simone Weil »

Présence primordiale au monde, notre corps lorganise avant que la pensée surgisse. Simultanément, souffrance et attention conduisent à la compassion. Affligée de migraines, un effort dattention permit à Simone Weil de sextraire de cette « misérable chair, de la laisser souffrir seule ». Cette attitude envers son propre corps, difficile à concilier avec certaines de ses idées, conduit à interroger le rapport entre corps et souffrance, et à demander comment ce rapport inclut le travail physique.

Thomas Pavel, « Le déracinement selon Simone Weil et Gabriel Marcel »

Selon Simone Weil, lenracinement, besoin naturel des êtres humains dappartenir à une communauté, à son passé et à ses projets davenir, dépérit à cause de la puissance de largent, de lélitisme culturel et du pouvoir de lÉtat. Pour Gabriel Marcel, le déracinement est la conséquence du système bureaucratique et de la prééminence du rendement. Comment défendre le « chez-soi » dans un monde régi par largent et la mobilité ? Grâce à lamour, pense Simone Weil, par le recueillement, propose Gabriel Marcel.

Olivier Rey, « Simone Weil et Günther Anders »

« Toutes les fois quon fait vraiment attention, on détruit du mal en soi », écrit Simone Weil, qui reconnaît dans lattention la plus importante des vertus. Günther Anders sest attaché à mettre au jour ce qui nous rend massivement, structurellement, spécifiquement inattentifs dans le monde contemporain. Voilà pourquoi, quoique Simone Weil et Günther Anders aient des personnalités et des œuvres si différentes quon nait guère songé à les rapprocher, il semble fécond de confronter leurs pensées.

Ghislain Waterlot, « Renouveler la notion de vérité religieuse. Le legs de Simone Weil »

Dieu vient féconder lâme qui consent à lirruption en elle de ce qui lexcède. Ce consentement éveille la « faculté damour surnaturel » qui produit des effets dans le monde humain, notamment les religions. Toute religion authentique naissant dun contact de lâme et de Dieu, Simone Weil critique lidée que 375la vérité serait lapanage dune religion. Penser la notion de vérité religieuse cest écarter la tentation de synthèse, tout en soulignant le caractère fécond de la comparaison des religions.

Laurent Mattiussi, « Unicité des religions, unité de la religion ? Simone Weil et Mircea Eliade »

Dans sa quête duniversalité, Simone Weil pense lunité de la religion, sans dissoudre dans une abstraction lunicité des religions : chacune peut prétendre à lexclusivité de la vérité et pourtant saccorder avec les autres, dans leur singularité, à lhorizon de la mystique. La science des religions, qui compare les mythes, les images et les symboles se met au service de cette visée pour suggérer, comme chez Mircea Eliade, la permanence du religieux à travers la diversité de ses manifestations.

Emmanuel Gabellieri, « Simone Weil, de lélargissement de la métaphysique à lélargissement du christianisme »

La « métaxologie » weilienne analyse les modalités par lesquelles la « plénitude de lêtre » descend dans les créatures. Cela suppose une ontologie récusant limmanentisme et lextrinsécisme entre nature et grâce ; une épistémologie retrouvant le lien entre logos et philia ; une philosophie de la religion articulant « foi implicite » et foi qui traverse les religions, mais qui trouve son explicitation dans la figure du Christ, par rapport à laquelle le christianisme historique paraît inachevé.

François Marxer, « Palimpseste théologique. Simone Weil, Henry Duméry, Stanislas Breton ou le surnaturel en question »

Bénéficiant du reflux du positivisme, la question du surnaturel reprend quelque actualité au début du xxe siècle, notamment avec Blondel. Simone Weil sy confronte de façon originale en se réclamant dune inspiration platonicienne et en proposant une métaphysique de la Croix, détachée de la résurrection et donc de toute respective eschatologique. Henry Duméry et Stanislas Breton méditent à leur tour une théologie de la Croix, élargissant lhorizon weilien que sa radicalité rendait difficilement pensable.

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Maria Villela-Petit, « Convergences spirituelles. Actualité de luniversalisme de Simone Weil »

Chaque culture est influencée par dautres au sein dune civilisation. Simone Weil dépassait ce quon entend par civilisation. Elle sarrêtait sur les « perles de vérité » issues de cultures comme celles des polynésiens, des amérindiens, dethnies africaines. Cette étude sattache à sa « lecture » du taoïsme mis en rapport avec des textes chrétiens, grecs ou mystiques, afin dillustrer la conception weilienne des convergences spirituelles selon une méthode de transposition pertinente aujourdhui.

Luigi A. Manfreda, « Simone Weil, limpossible et le nécessaire »

La structure de la pensée weilienne se présente comme une liaison de multiples fils. Cette étude tente de comprendre la liaison de deux de ces fils, puis de penser son insertion dans lensemble de la pensée de Simone Weil. Dabord, il y a limpossibilité détablir un domaine du bien et de la justice, le monde étant dominé par la force ; mais il existe aussi une nécessité détablir une obligation morale qui puisse fonctionner comme paradigme éthique, pour lindividu comme pour la collectivité.

Rita Fulco, « “Seul ce qui est juste est légitime”. Limite du politique et obligation de justice »

Le concept de légitimité et celui de justice constituent lobjet de cette réflexion. À partir dun précepte minimal négatif – la justice cest de « ne pas faire de mal aux hommes » –, Simone Weil arrivera à formuler un précepte hyperbolique positif – la justice comme un « excès damour » – qui impose à tous une responsabilité potentiellement illimitée pour chaque être humain. Toute institution politico-juridique, pour être légitime, doit essayer de se rapprocher dun tel concept de justice.

Christine Ann Evans, « Simone Weil et la justice daprès-guerre »

Dans LEnracinement, Simone Weil exprimait ses appréhensions sur laprès-guerre. À partir de lanalyse des buts poursuivis dans les accusations portées contre les fonctionnaires de Vichy (notamment présenter Vichy comme une « rupture » dans la continuité du récit historique français), elle annonçait 377les dangers dune justice mise au service de buts symboliques et politiques : répartir les Français en deux camps, « purs » ou « impurs », et ensevelir précipitamment quatre ans de collaboration.

Martine Leibovici, « La vulnérabilité de lhumain et la tension vers luniversel. Simone Weil depuis les éthiques du care »

« LIliade ou le poème de la force » est lun des textes qui expose le plus directement la réflexion de Simone Weil sur la vulnérabilité de lhumain. Il permet détablir le lien quelle entretient avec la nécessité des conduites de soin. Les théoriciennes des « éthiques du care » ont dailleurs redécouvert son œuvre. Lexploration de convergences entre ce courant et la pensée de Simone Weil conduit à déceler, en retour, les insuffisances des « éthiques du care » sur la question de luniversel.

Federica Negri, « Simone Weil et Emmanuel Lévinas. Limpersonnel et laltérité, le même défi ? »

Le but de cette communication est de proposer quelques points, quelques occasions de comparaison entre la formulation du sacré par Simone Weil (notamment dans « La personne et le sacré ») et la pensée sur laltérité dEmmanuel Lévinas, telle quelle se dessine à partir de Totalité et Infini et dans Autrement quêtre ou au-delà de lessence, dans lespoir de pouvoir faire apparaître des points de contact importants et inattendus – au-delà de grandes différences et de quelques malentendus lévinassiens.