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Classiques Garnier

La place de l’asymétrie entre entrepreneurs et salariés dans quelques théories post-keynésiennes

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Revue d'histoire de la pensée économique
    2020 – 1, n° 9
    . varia
  • Auteur : Piluso (Nicolas)
  • Résumé : En partant de la thèse selon laquelle la « révolution keynésienne » s’appuie sur l’hypothèse d’asymétrie du rapport salarial au fondement de la théorie du chômage de Keynes, il semble utile d’analyser la place d’une telle hypothèse dans les grandes branches de l’analyse post-keynésienne. Les résultats sont contrastés selon le modèle considéré. L’asymétrie occupe une place centrale dans l’analyse du circuit. Elle semble importante mais implicite dans les modèles de croissance et du marché du travail. Enfin, elle est absente du modèle de type stock-flux cohérent, ce qui entre en contradiction avec l’idée de soumission monétaire du salarié qui y est développée.
  • Pages : 155 à 174
  • Revue : Revue d’histoire de la pensée économique
  • Thème CLIL : 3340 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Histoire économique
  • EAN : 9782406106029
  • ISBN : 978-2-406-10602-9
  • ISSN : 2495-8670
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10602-9.p.0155
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 27/05/2020
  • Périodicité : Semestrielle
  • Langue : Français
  • Mots-clés : Asymétrie, circuit, chômage, croissance, loi de Walras, rapport salarial
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La place de lasymÉtrie entre entrepreneurs et salariÉs dans quelques thÉories post-keynÉsiennes1

Nicolas Piluso

Université Toulouse III

Paul Sabatier

Lasymétrie de statut entre entrepreneurs et salariés occupe une place centrale dans les travaux de Keynes. Dans le Traité de la monnaie (1921), elle est présente à travers les équations fondamentales qui définissent léquilibre économique du seul point de vue des entrepreneurs. Elle est aussi exprimée à travers la métaphore de la « cruche de la veuve » (reprise par Kalecki), qui montre que les entrepreneurs gagnent ce quils dépensent, alors que les salariés ne dépensent que ce quils gagnent, ce qui nest jamais quun symptôme de leur soumission monétaire. Dans la Théorie générale (1936), Keynes expose dès le chapitre 2 son refus du second postulat classique, en vertu duquel les salariés égalisent leur désutilité marginale au salaire réel. Pour Keynes, si les entrepreneurs peuvent maximiser leur profit (premier postulat classique), les salariés sont la plupart du temps dans limpossibilité de maximiser leur satisfaction (second postulat classique). Le niveau demploi nest pas déterminé par la confrontation des plans de décision des salariés et des entrepreneurs, mais par les seules décisions des firmes. Autrement dit, les entrepreneurs ont le contrôle de la contrainte budgétaire des salariés, ce qui aboutit au rejet de la loi de Walras. Lhypothèse dasymétrie de statut entre entrepreneurs et salariés constitue la condition incontournable dobtention 156dun résultat déquilibres de chômage involontaire, comme lont montré Glustoff (1968) et Cartelier (1995). Lhypothèse dasymétrie entre entrepreneurs et salariés est donc tout à fait fondamentale, puisquelle permet à Keynes de remettre en question de façon radicale les théorèmes de léconomie du bien-être, qui affirment que léquilibre général de léconomie est un optimum au sens de Pareto.

Pourtant, les postkeynésiens restent relativement muets sur cette hypothèse fondamentale qui permet de caractériser le rapport salarial. À titre dexemple, louvrage de référence dAlain Barrère (1990), éminent postkeynésien français, ne met nullement en évidence le refus du second postulat classique de Keynes. Dans le Livre 1, intitulé « Keynes et lorthodoxie », il est question déconomie réelle et déconomie monétaire de production. Dans le Livre 2, il est question dincertitude et de comportements conventionnels. Enfin, le Livre 3 passe directement à lexposé de la demande effective. Tout au plus, on trouve dans le Livre 2 une brève référence au « pouvoir des entrepreneurs », qui est spécifique dans léconomie, mais elle se situe sur le même plan que les hypothèses liées à la monnaie ou lincertitude.

Dans le même ordre didée, louvrage sorti récemment en France sur les théories postkeynésiennes (2018) sous la direction de Berr, Monvoisin & Ponsot ne consacre que huit lignes (page 29) au refus du « second postulat classique » sur les quatre cent cinquante-neuf pages de louvrage. Daprès Lainé (2018), le fondement de léconomie keynésienne est son traitement spécifique de lincertitude et non la remise en cause de la conception néoclassique du rapport salarial. Cette thèse contraste avec les écrits de certains postkeynésiens tels ceux de Kalecki dans lesquels lasymétrie de statut occupe une place fondamentale.

Keynes reproche à lapproche « classique » dignorer la réalité de léconomie capitaliste. Le principe de la demande effective, qui est au cœur de sa théorie du chômage involontaire, est dans la droite ligne de cette remise en cause. Le rejet du « second postulat classique » est étroitement lié à ce principe puisque dans un tel cadre, les entrepreneurs fixent lemploi de façon unilatérale. Ainsi, la lecture que fait Jean Cartelier de Keynes nest aucunement une explication mono-causale du chômage. Cartelier ne remet nullement en cause les développements réalisés par Keynes lui-même mais aussi par les postkeynésiens sur limportance de la monnaie et de lincertitude dans la théorie du chômage involontaire 157(Piluso, 2007). Lenjeu de la lecture de Cartelier est de démontrer rigoureusement que lhypothèse dasymétrie entre entrepreneurs et salariés ouvre la possibilité déquilibres généraux avec chômage involontaire (voir le modèle que Cartelier présente dans son ouvrage de 1995, soit un modèle déquilibre général standard où lintroduction de lhypothèse dasymétrie suffit à remettre en cause le résultat dajustement automatique des marchés vers le plein-emploi). Cette possibilité se mue en nécessité en enrichissant lanalyse par létude de la monnaie et de lincertitude. Lhypothèse dasymétrie explique lapparition du chômage involontaire. La demande effective explique le niveau de ce chômage. Au sein de la grille de lecture de Cartelier, lincertitude revêt dailleurs un rôle tout à fait central dans la relation salaire-emploi (Piluso, 2007). Autrement dit, Cartelier insiste sur le caractère fondamental de lhypothèse dasymétrie faite par Keynes parce quil est impossible dobtenir un résultat de chômage involontaire déquilibre sans elle. Pour autant, la richesse de lanalyse des postkeynésiens nest nullement remise en cause par cet auteur puisque les grilles de lecture ne sont pas opposées mais complémentaires.

Lobjet de cet article est ainsi danalyser la place quoccupe effectivement lasymétrie du rapport salarial, pierre angulaire de léconomie de Keynes, dans les théories postkeynésiennes qui affichent dune part certaine radicalité dans lhétérodoxie, et dautre part une grande fidélité à lesprit des travaux de Keynes. Pour ce faire, nous passerons en revue la théorie du circuit, la théorie de la croissance postkeynésienne, le modèle canonique postkeynésien du marché du travail et enfin le modèle stock-flux cohérent de Lavoie & Godley (2001). Nous montrerons quelle occupe une place importante dans ces branches de léconomie postkeynésienne, sans pour autant faire toujours lobjet dun exposé explicite. Cela semble pour nous problématique pour la raison évoquée ci-dessus : nul résultat de chômage involontaire déquilibre nest possible sans adopter cette hypothèse. En ce sens, il est indispensable dexpliciter cette dernière dans les différents modèles.

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I. LA THÉORIE POSTKEYNÉSIENNE DU CIRCUIT

Dans la mesure où il existe un certain foisonnement des approches par le circuit, nous nous bornerons à la présentation faite par Frédéric Poulon dans le dernier ouvrage français des postkeynésiens (2018), ainsi que dans ses ouvrages de 1982 et 2015. Nous ne perdrons cependant pas en généralité car nous ne nous limiterons quaux grands principes de la théorie générale du circuit. Cette dernière a connu des développements importants dans les années 80 grâce à des auteurs tels que Parguez, Vallageas, Graziani, Gnos et Lavoie.

Le schéma du circuit est fondé sur quatre fonctions définies par Keynes dans le chapitre 3 de la Théorie générale (Poulon, 2018) : une fonction demploi, qui lie le niveau demploi L mis en œuvre par les entrepreneurs aux anticipations de consommation D1 et dinvestissement D; une fonction de production, qui relie le niveau demploi L au revenu global R anticipé par les entrepreneurs ; une fonction de consommation, qui relie le revenu global R aux dépenses anticipées de consommation des ménages et des entrepreneurs D1 ; une fonction dinvestissement, qui relie le revenu global R aux dépenses anticipées dinvestissement D2.

Le système déquations est donc :

L=f(D 1, D 2 ) (1a)

R=g(L) (2a)

D 1 =w(R) (3a)

D 2 =w (R) (4a)

On remarque ici immédiatement que les relations fonctionnelles qui permettent la détermination de lemploi et du revenu relèvent exclusivement des décisions des entrepreneurs. Contrairement à la théorie standard, il nest nullement question dune confrontation entre les décisions des entrepreneurs et les décisions des salariés. Ces derniers sont soumis aux décisions des entrepreneurs. La représentation graphique (Figure 1) du circuit en révèle le fondement : seuls les entrepreneurs du pôle E ont accès au financement F par le pôle banque B. La soumission monétaire des salariés (qui constituent une partie du pôle ménages M) est explicite. Ces derniers sont contraints doffrir leur travail pour percevoir 159une partie du revenu global de léconomie Y sous forme de salaires et ainsi financer leur consommation (comprise dans C). S nest jamais que lépargne qui reflue vers le pôle banque. Le pôle E, outre la distribution du revenu Y, investit I et réalise des consommations intermédiaires U pour le bon déroulement de lactivité productive.

Fig. 1 – Le circuit économique dans la représentation de Poulon (2015).

On peut enfin souligner que lasymétrie du rapport salarial et la « désactivation de loffre de travail » (Cartelier, 1995) se lisent également dans lanalyse de la crise du système et du chômage, totalement indépendante du comportement des salariés en matière doffre de travail (contrairement aux nouvelles théories du marché du travail et autres modèles WS-PS). Dans la théorie de Poulon, léconomie entre en crise à compter du moment où la valeur de linvestissement I devient inférieure au montant de lemprunt contracté par les firmes F. Une telle situation est à mettre en lien avec lintensification de la concurrence inter-firmes qui pousse ces dernières à accélérer la rotation du capital, induisant elle-même une augmentation de la consommation de capital fixe.

Poulon reprend ainsi à son compte les fondamentaux de la théorie keynésienne du circuit initiée par Schmitt (1960). Pour ce dernier, celui qui emprunte de la monnaie doit pouvoir anticiper que la monnaie lui reviendra pour pouvoir rembourser le crédit à échéance. Il doit avoir lassurance que la monnaie quil dépense lui reviendra, donc que la monnaie suivra une trajectoire circulaire. Lemprunteur effectue grâce au crédit qui lui est octroyé une dépense à des fins circulatoires. Schmitt affirme que seuls les entrepreneurs peuvent effectuer ce type de dépense en rémunérant les facteurs de production. Lasymétrie de statut entre entrepreneurs et salariés est donc réaffirmée. Mais ce dernier va encore plus loin pour caractériser le rapport 160salarial. En effet, la monnaie créée pour les entrepreneurs est une disponibilité temporaire. Cette monnaie nest pas appropriée par les capitalistes : ils nen disposent que pour un certain temps. Mais cette monnaie créée subit une mutation lorsquelle arrive aux mains des salariés : ces derniers ne sont pas débiteurs de lentrepreneur pour le montant de leur salaire. Ils peuvent librement choisir de dépenser leur salaire ou lépargner. Ils sont désormais possesseurs de cette monnaie. La rémunération des salariés a donc investi la monnaie dun véritable pouvoir dachat. Dans la mesure où la monnaie est dépourvue de pouvoir dachat au moment de lembauche des salariés, Schmitt considère que lembauche nest pas un acte dachat de facteur travail. Léconomiste du circuit approfondit donc le concept dasymétrie pour caractériser le rapport salarial, comme le fera plus tard Cartelier dans son ouvrage de 2016 sur la base dune analyse différente. Dans la théorie du circuit économique, la place de lasymétrie entre entrepreneurs et salariés est donc tout à fait centrale, et reste en ce sens tout à fait fidèle aux hypothèses et résultats de Keynes.

II. LA THÉORIE POSTKEYNÉSIENNE DE LA CROISSANCE

Pour cette présentation, nous nous bornerons à létude du modèle de croissance canonique postkeynésien kaleckien (Dutt & Lang, 2018 ; Dutt, 2011).

Ce modèle de croissance repose sur un certain nombre dhypothèses usuelles (telles que la firme représentative, la production dun unique bien pour la consommation et linvestissement, lhomogénéité des facteurs de production, le caractère fermé de léconomie), et des hypothèses plus spécifiquement keynésiennes (telles que la complémentarité des facteurs de production et la détermination de la production par la demande globale renvoyant au principe de la demande effective). Loffre de travail est supposée infinie2 : les entrepreneurs ne peuvent pas faire face à une pénurie de main dœuvre. Par ailleurs, les entreprises 161fixent leurs prix par le biais dun mark-up ajouté aux coûts salariaux. Enfin, les firmes sont en situation de sous-utilisation de leur capacité productive. Les trois principales variables endogènes du modèle sont le taux dinvestissement, le taux dutilisation des capacités productives et le taux de profit. Léquilibre de court terme est déterminé lorsque le marché des biens est équilibré, cest-à-dire lorsque lépargne est égale à linvestissement. Lajustement du marché des biens se fait par lintermédiaire du taux dutilisation des capacités productives, lui-même déterminé par le taux de profit (pour un mark-up donné). Le salaire réel est quant à lui déterminé par le mark-up et la productivité du travail.

Le modèle canonique de croissance post-keynésien

Le modèle peut être décrit à travers cinq équations.

La première équation PY=WL+rPK (1b) désigne le partage du revenu global YP (avec Y le revenu réel et P le niveau des prix) entre la masse salariale WL (avec W le salaire nominal et L la quantité de travail utilisée dans léconomie) et la masse des profits rPK (avec r le taux de profit, P le prix du capital et K le stock de capital).

La seconde équation L=aY(2b) montre comment est déterminé lemploi L dans léconomie en fonction du revenu réel Y et de la productivité moyenne du travail a.

La troisième P=(1+z)aW(3b) décrit le comportement de fixation de prix P par les entreprises : elles appliquent une marge z à leurs coûts variables.

La quatrième g=I/K=i0+i1u(4b) donne le taux dinvestissement g comme fonction des « esprits animaux » keynésiens i0et du taux dutilisation des capacités productives u.

La cinquième équation I/K=S/K (5) donne la condition déquilibre du marché des biens ; un tel équilibre est réalisé lorsque le taux dinvestissement I/K est égal à lépargne S rapportée sur le stock de capital K. En combinant les précédentes équations, il est possible dobtenir :

– la relation entre le taux de profit et le taux dutilisation des capacités productives, à savoir r=(z/1+z)*u (6) ;

– la relation positive entre le taux dinvestissement g et le taux de profit r, soit g=I/K=i0+i1[(1+z)/z]r (7) ;

– la relation positive entre le rapport épargne capital et le taux de profit, soit S/K=s*r (8).

Les principaux résultats du modèle sont les suivants :

un choc positif de confiance des entrepreneurs entraîne un accroissement du taux de croissance économique déquilibre, du taux dutilisation des capacités productives et du taux de profit ;

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une hausse du taux dépargne des ménages réduit les valeurs déquilibre du modèle, illustrant le « paradoxe de lépargne » de Keynes ;

une baisse du mark-up entraîne laugmentation du salaire réel, de linvestissement et du taux dutilisation des capacités productives ; le taux de profit saccroît également (paradoxe des coûts de Rowthorn, 1983) ;

il existe toujours du chômage involontaire dans léconomie, même si le marché des biens est équilibré.

Ce dernier résultat, le plus fondamental à nos yeux, signifie quimplicitement, la loi de Walras est rejetée : le marché des biens peut être équilibré alors même que loffre est supérieure à la demande sur le marché du travail. Il y a donc bien ici asymétrie du rapport salarial qui se traduit par le contrôle de la contrainte budgétaire des salariés par les décisions demploi des firmes. Par ricochet, les décisions en matière doffre de travail des salariés nont aucune influence sur les variables endogènes du modèle, et notamment le taux de croissance économique déquilibre. Il sagit cependant dune hypothèse qui nest pas clairement explicitée, même si les auteurs font bien la distinction entre la classe des salariés et celle des entrepreneurs pour mettre en avant les conflits de répartition des richesses. Pourtant, cette hypothèse dasymétrie est centrale puisque cest grâce à elle que le résultat de chômage involontaire est obtenu, indépendamment des hypothèses de complémentarité des facteurs de production, du rôle de la confiance et de lincertitude, ou encore de la production tirée par la demande.

Pour illustrer notre position, présentons brièvement le modèle de croissance keynésien exposé par Cartelier dans son ouvrage de 2018. Cartelier reprend à son compte lensemble des hypothèses traditionnelles des modèles néoclassiques de croissance : fonction de production Cobb-Douglas avec substituabilité des facteurs de production, parfaite flexibilité du prix sur le marché des biens, équilibre de lépargne et de linvestissement réalisé par la flexibilité du taux dintérêt (théorie des fonds prêtables), demande de travail fonction décroissante du taux de salaire réel… La seule hypothèse des modèles néoclassiques que Cartelier remet fondamentalement en cause est celle affirmant légalité de statut entre entrepreneurs et salariés. Il reprend donc à son compte le refus 163keynésien du « second postulat classique » et rejette la loi de Walras puisque le marché du travail en est exclu. Il obtient alors un résultat général détat stable avec chômage involontaire. La croissance équilibrée de plein-emploi de Robert Solow est réduite à un cas particulier du modèle plus général de Cartelier. Ce résultat nest pas dû à la rigidité du salaire nominal (qui ne produit aucun résultat dans un modèle déquilibre général à compter du moment où les autres prix sont flexibles) mais bien à lhypothèse dasymétrie. Dans un modèle déquilibre général, la rigidité du salaire nominal nempêche aucunement lajustement spontané du marché du travail puisque cet ajustement peut être réalisé via les prix des biens qui ramènent le salaire réel à son niveau déquilibre (en situation de concurrence parfaite).

Il faut ajouter que Cartelier obtient un résultat dinstabilité de la croissance économique. En supposant que laccumulation du capital dépende du profit et quelle est dautant plus forte que le profit réalisé excède le profit attendu, il montre que tout écart par rapport au sentier déquilibre samplifie au cours du temps, validant la thèse du « fil du rasoir » bien connue dans le modèle de Harrod.

Le caractère asymétrique du rapport salarial est de nature à remettre en cause radicalement les conclusions de lanalyse standard : « ce qui oppose léconomie de Keynes à léconomie néoclassique nest pas ladjonction de rigidités quelconques, ni dans les prix, ni dans le salaire, ni dans la combinaison productive, mais plutôt dans le traitement des salariés qui se lit dans les différentes contraintes budgétaires auxquelles ils sont soumis » (Cartelier, 2006, p. 89). Le traitement des salariés dont parle Cartelier est le fait que les entrepreneurs contrôlent leur contrainte budgétaire lorsquon fait lhypothèse dasymétrie.

Dans les théories de la croissance postkeynésienne, lhypothèse dasymétrie est bien présente mais contrairement à la théorie du circuit, elle est implicite : elle se déduit de la coexistence de léquilibre du marché des biens et du déséquilibre du marché du travail. Il en va de même pour le modèle canonique du marché du travail postkeynésien.

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III. LE MODÈLE CANONIQUE DU MARCHÉ DU TRAVAIL
DES POSTKEYNÉSIENS

Dans cette section, nous nous référons à la présentation de Lavoie (2004) et de Lavoie & Lang (2018).

Le modèle postkeynésien du marché du travail repose sur une critique explicite de lhypothèse de maximisation du profit des firmes doù découle le « premier postulat classique » dégalisation de la productivité marginale du travail et du salaire réel :

plus les entreprises produisent et vendent, plus le profit par unité sera élevé – en raison des coûts fixes en capital et en travail – et plus les profits réalisés par chaque firme seront élevés. La contrainte de maximisation du profit ne joue plus. La contrainte cruciale est celle relative aux ventes. Cest la contrainte de demande effective. Ainsi, si le salaire réel des travailleurs augmente, lentreprise souhaite continuer produire autant quelle peut vendre à un prix donné, car elle augmente ainsi ses profits (Lavoie & Lang, 2018, p. 227-228).

En posant dun côté que loffre de bien est régie par une fonction dutilisation kaleckienne (Y=A.L avec Y la production réelle, A un paramètre de productivité et L la quantité de travail utilisée) et que la demande globale de biens comprend la dépense de consommation des salariés (égale à la masse salariale wL, avec w le salaire monétaire) et la dépense autonome (comprenant notamment linvestissement) ap (avec a la dépense réelle et p le niveau du prix), léquilibre du marché des biens est atteint lorsque tout le revenu créé est dépensé, ou, de façon équivalente, lorsque la valeur de la production est égale à celle de la demande : AL=(w/p)L+a. De cette condition déquilibre, il est possible de déduire lexpression de la demande de travail des firmes L=a/A-(w/p). La fonction de demande de travail est donc construite à partir de la condition déquilibre du marché des biens3 ; laugmentation de la demande de travail augmente la production, cest-à-dire loffre de biens, puisquun accroissement du facteur travail utilisé permet dobtenir un supplément de produit ; le salaire réel augmente le niveau de la demande 165globale. Les postkeynésiens considèrent que cette courbe de demande de travail des firmes exprime la contrainte de débouchés à laquelle elles sont soumises. Le résultat obtenu est alors radicalement opposé à celui de la théorie standard : toute hausse du salaire réel entraîne une augmentation de la demande de travail, si lon considère la dépense autonome constante. Si loffre de travail est considérée comme une donnée et que léconomie est en situation de chômage involontaire, ce nest pas une baisse du salaire réel mais une augmentation de ce dernier qui permettra de résorber le chômage dans la mesure où la hausse du salaire alimente la hausse de la consommation et donc de la demande effective. De la même façon, le chômage peut être réduit par une augmentation de la dépense autonome, dans laquelle peuvent être inclus la dépense publique et linvestissement. Le rôle bénéfique de la politique monétaire de bas taux dintérêt peut alors aussi être mis en évidence.

Lorsquon introduit dans le modèle une courbe doffre de travail coudée, croissante avec le salaire réel pour des faibles niveaux de salaire, les propriétés du modèle se modifient de façon substantielle. En effet, il apparaît la possibilité déquilibres multiples du marché du travail : un équilibre « haut » avec un fort niveau demploi et un salaire réel élevé, et un équilibre « bas » avec un faible niveau demploi et un salaire réel peu élevé. Vers quel équilibre léconomie tend-elle spontanément ? Les postkeynésiens pensent que le salaire réel est essentiellement déterminé par des facteurs institutionnels4 (Lavoie, 2004). Mais si quelquun croit que les forces du marché dominent dans une telle économie, alors celle-ci va se diriger inévitablement vers léquilibre bas du marché du travail et non vers léquilibre haut. En effet, le modèle à équilibres multiples exhibe deux courbes croissantes : loffre de travail (concave) et la demande de travail (convexe). Lorsque le salaire diminue, offre et demande convergent vers un équilibre « bas » de plein-emploi. Cest pourquoi lintervention de lÉtat est indispensable.

Deux remarques peuvent être formulées à légard du modèle.

Le « premier postulat classique » fait lobjet dune remise en cause explicite par les auteurs. La remise en cause du second postulat nest pas mise en avant de façon particulière, mais il nexiste pas de différence 166fondamentale entre le modèle du circuit de Poulon et le modèle du marché du travail des postkeynésiens : dans les deux cas, la demande de travail détermine la quantité de travail disponible. La confirmation de ce rejet du « second postulat » se lit également implicitement dans le déséquilibre du marché du travail qui coexiste avec léquilibre du marché du bien ; la loi de Walras nest que restreinte.

La seconde remarque concerne la radicalité du résultat déquilibres multiples. Il est possible à cet égard de confronter le modèle postkeynésien avec le modèle de Cartelier.

Le modèle postkeynésien montre quune baisse de salaire permet à léquilibre datteindre le plein-emploi (ou du moins un taux demploi « bas ») ; ce taux demploi est « bas » et sous-optimal, mais il sagit malgré tout dune situation de plein-emploi. On parle de sous-optimalité du niveau « bas » de plein-emploi car dans une situation déquilibres multiples, il existe un autre équilibre de plein-emploi associé à des niveaux demploi et de salaire réel plus élevés. La rigidité à la baisse du salaire reste un obstacle au retour au plein-emploi, comme dans le modèle standard WS-PS (qui peut exhiber également des équilibres multiples liés à des défauts de coordination, voir Piluso (2018) et Zajdela (1999)). Le modèle postkeynésien reste cependant opposé à la thèse standard puisque :

la demande de travail des firmes augmente avec le salaire,

le chômage nest pas imputable au comportement des travailleurs comme dans le modèle WS-PS,

la libre flexibilité du salaire nengendre que des situations sous-optimales.

Dans les modèles de Glustoff et de Cartelier qui ont pour cadre danalyse la théorie de léquilibre général et la concurrence parfaite, il existe une multiplicité déquilibres de chômage involontaire paramétrés par le salaire nominal. Cependant, la baisse du salaire nominal agit sur lefficacité marginale du travail et ses effets sont indéterminés : elle peut résorber le chômage comme elle peut laggraver. Il nous semble que les modèles de Cartelier (2015), Glustoff (1968) et Piluso (2011), pourtant beaucoup plus proches du modèle standard, remettent en cause de façon tout aussi radicale que les postkeynésiens les résultats de lapproche 167néoclassique du marché du travail : la baisse du salaire monétaire ne permet pas toujours datteindre le plein-emploi. La rigidité à la baisse du salaire nest plus une explication de la persistance du chômage. Cela montre bien que la seule remise en cause du second postulat classique amène à une critique radicale de lorthodoxie, même lorsque les autres hypothèses standard sont respectées (concurrence parfaite, rémunération des facteurs à leur productivité marginale, flexibilité des prix ajustant les marchés, etc.).

IV. LasymÉtrie dans le modÈle stock-flux cohÉrent de Lavoie & Godley

Les modèles stock-flux cohérents développés initialement par Lavoie & Godley (2001), en application des principes énoncés notamment par Tobin, sont présentés par les postkeynésiens comme une alternative au modèle déquilibre général dArrow-Debreu (Caverzasi & Godin, 2015). Ce dernier décrit le fonctionnement dune économie fictive peuplée dagents représentatifs qui maximisent leur fonction-objectif sous contrainte. Dans cette approche néoclassique, la monnaie est totalement absente, les agents économiques sont homogènes, les ajustements des marchés sont réalisés grâce à la flexibilité des prix et les effets de stock sont ignorés. Dans les modèles stock-flux cohérent, les agents économiques sont hétérogènes, la monnaie est intégrée à léconomie, les ajustements macroéconomiques se font par les quantités et les prix, et la trajectoire des stocks est impactée par la dynamique des flux (Nikiforos & Zezza, 2017).

Le principe fondateur de ce type de modèle est que tout flux vient de quelque part et doit aller quelque part. Il ne doit y avoir aucun « trou noir ». Ainsi larticulation entre les flux et les stocks doit être parfaitement cohérente. En outre, comme lindique Le Héron (2015, 2018), la dynamique temporelle du modèle doit tenir compte du décalage pouvant exister entre les différents types dopérations, la modélisation doit contenir plusieurs actifs et taux de rendement et enfin la loi de Walras doit être vérifiée.

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Les postkeynésiens, par souci de réalisme, remettent aussi en cause lhypothèse dagent maximisateur dont la rationalité est substantielle, pour lui substituer lhypothèse dun agent cherchant seulement à atteindre un certain niveau de satisfaction. Les modèles stock-flux respectent également la tradition keynésienne dun niveau de production tiré par la demande et dune offre de monnaie endogène (Lavoie & Godley, 2007).

La construction dun modèle de type stock-flux suit systématiquement trois étapes : lécriture des matrices de stock et de flux ; la vérification du nombre de variables et didentités comptables issues des matrices ; la définition de chaque variable endogène par une équation comptable ou de comportement. Une fois le modèle construit, le modélisateur donne des valeurs précises aux paramètres à la lumière des enseignements donnés par les faits stylisés ou des résultats des régressions économétriques. Il cherche ensuite à obtenir un état caractérisé par le fait que les grandes variables endogènes du modèle croissent à taux constant. Léconomiste peut alors simuler des chocs sur les variables exogènes pour en étudier les effets macroéconomiques. Laccumulation de stocks dinvendus, le déficit budgétaire de lÉtat, le déficit de la balance commerciale ou encore le chômage constituent dans le modèle des amortisseurs de conjoncture.

Nous présentons brièvement dans cette section le modèle de base de Godley & Lavoie (2001) pour saisir les problèmes posés par ce type de modélisation.

Dans la matrice de stocks, chaque colonne représente le bien dun secteur institutionnel ou dun « pôle dagents ». Les lignes représentent une catégorie particulière dactif. Les actifs sont affectés dun signe positif et les passifs dun signe négatif. La richesse nette est égale à la différence entre les actifs et les passifs. La matrice est ici empruntée à Le Héron (2015).

Fig. 2 – La matrice des stocks.

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Les ménages disposent de dépôts bancaires monétaires (M) qui sont un passif pour les banques. Les crédits accordés par les banques (L) constituent leur actif. Les firmes possèdent un capital productif (K), émettent des actions (e) au prix (pe) qui sont détenues par les ménages, et demandent des crédits (L) aux banques.La quantité de monnaie détenue par les ménages augmentée de la valeur des actions constitue la richesse nette des ménages. Celle des firmes est la différence entre le capital productif détenu (actif) et la somme des crédits contractés et des actions émises (passifs).

La matrice des flux du modèle de Godley & Lavoie (2001) est également présentée par Le Héron (2015) et est la suivante :

Fig. 3 – La matrice des flux.

Chaque colonne représente le compte dun secteur institutionnel, cest-à-dire sa contrainte budgétaire, et chaque ligne représente un compte dopération. Tout flux reçu est affecté dun signe positif, tandis quun flux versé a un signe négatif. Chaque colonne a un solde nul : cela signifie que la contrainte budgétaire des agents économiques est respectée, mais aussi que chaque flux a une affectation et une provenance. Cest un impératif pour que le modèle soit stock-flux cohérent. Concernant le compte des opérations, chaque enregistrement dopération nécessite une inscription en ressource et une inscription en emploi (ou bien une inscription en variation dactif et une inscription en variation de passif).

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Le circuit monétaire que traduit le modèle stock-flux de Lavoie & Godley est en fait fidèle à la théorie keynésienne du circuit traditionnelle présentée plus haut. Le circuit souvre ainsi par le crédit bancaire qui finance lactivité productive des firmes (financement initial), à savoir le versement des salaires W, le versement des dividendes sur les profits de la période précédent Pd, linvestissement I, et les intérêts sur la dette accumulée lors de la période précédente iL.L-1. La monnaie est endogène car elle est induite par lactivité de production.

Les ménages peuvent utiliser leur revenu pour la consommation C ou lépargne S. Lépargne constituée constitue une fuite pour les entreprises car il sagit dune quantité de monnaie qui ne reflue pas vers elle. Les firmes tentent de récupérer cette monnaie via lémission dactions en fin de période (∆e.pe). Cest ce que les post-keynésiens appellent le « financement final » des entreprises. Si les ménages investissent lintégralité de leur épargne sous forme dactions, les firmes peuvent rembourser la totalité de leur crédit contracté auprès des banques et donc toute la monnaie créée est détruite : ∆L=0. Dans le cas où une partie de lépargne des ménages est thésaurisée sous forme de dépôts bancaires (∆M), ces derniers correspondent au besoin de financement final des firmes (∆L).

La modélisation stock-flux cohérente appelle plusieurs questionnements. Tout dabord, quelle place occupe lasymétrie entre entrepreneurs et salariés, qui constitue le fondement de ce que Cartelier (2018) appelle « la conjecture de Keynes », à savoir la possibilité déquilibres généraux de chômage involontaire en situation de prix et salaire flexibles ? Lorsque lon observe la matrice des flux, on pourrait penser que la contrainte budgétaire des ménages est rigoureusement contrôlée par les ménages eux-mêmes : leur revenu salarial Ws est le produit du salaire paramétrique et de leur offre de travail, par opposition aux revenus versés par les entreprises Wd qui est le produit du même salaire paramétrique et de la demande de travail. En réalité, les sigles Ws et Wd nont pas la signification traditionnelle. La demande de travail est déterminée par la demande effective, tandis que loffre de travail doit sy ajuster : cest ce que disent les équations (10) et (12) de Lavoie & Godley (2001). Ainsi, loffre et la demande de travail ne sont pas égalisées par la variation du salaire nominal ou du salaire réel. En ce sens, on peut dire que le niveau demploi résulte bien dune hypothèse dasymétrie du rapport 171salarial5. De façon équivalente, Lavoie & Godley affirment que « there is assumed to be an infinitely elastic supply of labor » (2001, p. 284), ce qui leur permet de supposer que la quantité demplois que les entrepreneurs sont prêts à créer sera exactement la quantité qui sera prise par les travailleurs6.

Le fait que les modèles stock-flux respectent la tradition du circuit postkeynésien qui entérine la soumission monétaire des salariés (seules les firmes ont accès au financement bancaire) implique logiquement linégalité de statut des entrepreneurs et des salariés : la soumission monétaire engendre nécessairement lasymétrie du rapport salarial.

Conclusion

Dans cet article, nous défendons la thèse que la « révolution keynésienne » a pour fondement la conjecture de Keynes, qui consiste à démontrer la possibilité déquilibres de chômage involontaire en situation de prix et salaire flexibles. Cette conjecture est directement liée au refus du « second postulat classique » permettant de caractériser le rapport salarial, fondamentalement asymétrique. La conjecture de Keynes constitue une critique radicale de lapproche orthodoxe car elle remet en question la thèse selon laquelle il existe un équilibre général de léconomie qui est optimal au sens de Pareto. Cartelier la clairement démontré dans ses ouvrages de 1995 et 2018. Cest pourquoi nous avons tenté détudier la place quoccupe lhypothèse dasymétrie de statut entre entrepreneurs et salariés dans quelques-unes des branches les plus importantes du courant postkeynésien qui affiche une grande fidélité aux travaux de Keynes. 172Lobjet de cet article na pas été de présenter le modèle de Cartelier (1995) ; en revanche, celui-ci fonde notre argumentation. Ainsi, nous affirmons avec Cartelier que lhypothèse dasymétrie est beaucoup plus fondamentale quil nest habituellement supposé. Cette hypothèse mérite dêtre exposée et développée explicitement dans lénoncé des hypothèses dun modèle mais aussi dans lanalyse de ses résultats.

La place de cette asymétrie de statuts dans le courant postkeynésien apparaît importante mais malheureusement souvent implicite. Dans la théorie du circuit, elle est incontournable. Dans les théories de la croissance et du marché du travail, elle reste importante mais nest pas explicitement mise en avant comme ont pu le faire Keynes (chapitre 2 de la Théorie générale) et Cartelier (2018). Enfin, le modèle stock-flux cohérent de Lavoie et Godley intègre cette asymétrie, bien que la présence de loffre de travail dans la matrice des flux puisse porter à confusion.

Beaucoup de postkeynésiens insistent sur le rôle de la monnaie, de lincertitude et de linsuffisance de la demande dans la détermination du niveau demploi. La thèse défendue dans cet article est quil ne faut pas oublier trop vite que dans la Théorie générale, le chapitre 2 qui traite des postulats de léconomie classique reste le fondement de la démonstration des équilibres de chômage involontaire.

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1 Je remercie les rapporteurs qui ont contribué à une discussion constructive sur le sujet débattu et ont permis une amélioration significative de larticle.

2 Cela implique que le niveau demploi se fixe au niveau souhaité par les entrepreneurs. Cela exprime bien lidée dasymétrie entre entrepreneurs et salariés, puisquune telle asymétrie ne signifie pas que loffre de travail nexiste pas.

3 Chez Keynes, le niveau demploi ne résulte pas de relations déquilibre mais des anticipations des entrepreneurs. Ce modèle postkeynésien, dans lequel les anticipations sont absentes, séloigne donc de la Théorie générale.

4 La législation, celle sur le SMIC par exemple, impose un certain degré dindexation sur les prix déterminés en dehors du marché du travail. Il existe donc un lien institutionnel entre prix des biens et salaire monétaire.

5 Le modèle de Lavoie & Godley contient lhypothèse dasymétrie mais sous une autre forme que celle de Cartelier. Ce dernier fait en effet de cette hypothèse une clé générale pour rendre intelligible le chômage involontaire dans toutes les conceptions des rapports économiques.

6 Dans son ouvrage de 2018, Jean Cartelier affirme au contraire que les modèles SFC font limpasse sur lhypothèse dasymétrie entre entrepreneurs et salariés et que par conséquent, ils sont incapables de produire un véritable résultat de chômage keynésien. Lun des deux rapporteurs de cet article a expliqué en quoi ce type de modèle contient bien implicitement lidée dasymétrie et de soumission monétaire des salariés. Par conséquent, nous avons modifié dans larticle largument de ce paragraphe.