Skip to content

Classiques Garnier

Établissement du texte

  • Publication type: Book chapter
  • Book: Mélodrames. Tome V, volume I. 1811-1814
  • Pages: 333 to 336
  • Collection: French Theatre Library, n° 71
  • CLIL theme: 3622 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Théâtre
  • EAN: 9782406105541
  • ISBN: 978-2-406-10554-1
  • ISSN: 2261-575X
  • DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-10554-1.p.0333
  • Publisher: Classiques Garnier
  • Online publication: 03-15-2021
  • Language: French
333

Établissement du texte

Le texte ici publié suit le protocole expliqué dans la « Note sur la présente édition » en tête de ce tome. Il est établi daprès lédition princeps1(Paris, Barba, 1812, 70 p. in-8o). Cest cette même édition qui fut intégrée dans le Théâtre de René-Charles Guilbert de Pixerécourt colligé par les soins de lauteur2 (t. 5). La pièce, qui ne figure pas dans le Théâtre choisi, na connu quune seule réédition, dans la collection des « Chefs-dœuvre du répertoire des mélodrames joués à différents théâtres » (Paris, chez Mme Veuve Dabo, 1824, t. 3, p. 251-367, in-18). Celle-ci est exempte de la précision générique « à grand spectacle » sur la page de titre ; elle présente quelques variantes (formules ou didascalies manquantes, par exemple) que nous signalons après le sigle Éd-1824, mais nous ne tenons pas compte des variantes pour son usage des majuscules ou de la ponctuation.

Trois manuscrits complets ont subsisté ; un quatrième offre le texte intégral et indépendant dun nouveau 3e acte, conçu alors que la pièce était déjà en répétition et déposée à la censure.

Le premier manuscrit complet, autographe, désigné ici sous le sigle MsA-1, est conservé à la SHLML (boîte 6, pièce no 68, cahier de 60 fo, 115 x 175 mm). Le verso des pages, laissé vide, est réservé aux ajouts ou réécritures de répliques ou de séquences. Nous reproduisons toutes les variantes par rapport au texte de lédition princeps, sans pour autant donner systématiquement celles qui sont propres au manuscrit, dont nous ne retenons que les plus signifiantes. Cela implique que nous ne mentionnons pas le texte figurant sous les biffures ni les repentirs dordre reformulatoire, sauf sils apportent des nuances susceptibles de révéler ou éclairer une intention esthétique, dramaturgique, morale, symbolique, scénique ou autre.

334

Un autre manuscrit autographe (cahier de 23 fo, MsA-2), conservé sous la forme dun cahier supplémentaire dans le dossier de la SHLML3, propose la réécriture dun nouveau 3e acte, en 20 scènes au lieu des 14 initiales. Il reprend le texte du MsA-1 jusquà la scène 5, à partir de laquelle il vit sa propre vie ce qui ne lempêche pas de récupérer çà et là certains fragments de répliques utiles. Cette version est quasi identique au texte de lédition, sauf pour quelques passages que nous signalons, notamment pour les dernières scènes qui offrent encore un autre dénouement. Le nouveau troisième acte sert de leçon intégrale au 3e acte du manuscrit ayant servi aux répétitions (MsR) : celui-ci entérine dabord au propre le MsA-1 pour les actes I et II, puis se poursuit avec le 3e acte en suivant le texte du MsA-2 (20 scènes, réduites à 19 dans lédition).

Ce manuscrit (MsR), partiellement autographe, est conservé à la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, département des manuscrits, sous la cote naf 2911 (fo 148-218). Il contient en marge quelques annotations de la main dAlexandre Piccini pour la musique, ainsi que des interventions ultérieures dues probablement au souffleur, et dautres marques de mise en scène et de régie de la main de Pixerécourt4. Il a donc très visiblement servi aux répétitions puisquil porte la trace typique dune pliure centrale verticale ainsi quune large marge occupant la moitié gauche des pages. Cet espace est réservé aux indications musicales ou de régie, ainsi quaux réécritures de séquences passées à lépreuve de la scène. Cest le cas par exemple à lacte II, scène 8, fameuse scène « du bouquet » qui fut rejouée 52 fois durant les répétitions5. Le manuscrit entérine donc le MsA-1 jusquau 2e acte inclus, tout en subissant de nouvelles modifications. En revanche, tout le 3e acte entérine le MsA-2, après 335quoi de nouvelles réécritures interviennent en marge. Nous indiquons si nécessaire les variantes textuelles notables de ce MsR, pour rendre plus clairs les liens de filiation entre les divers manuscrits. Tout ce qui concerne les marques de la régie (musique, lumière, indications pour la mise en scène, etc.) fait en revanche lobjet dappels de notes de bas de page, aux endroits du texte où sobservent les occurrences.

Un dernier manuscrit, également conservé à la BnF sous la même cote (naf 2911, fo 99-147) correspond à celui qui fut « reçu au théâtre de la Gaîté », ainsi que lindique cette mention, signée « Dubois », sur la première page. Cest ce manuscrit qui fut déposé et vu (dans sa première mouture) à la censure le 22 mai 1812, puis approuvé le 16 juin, comme lindiquent les mentions, signatures et dates figurant sur la première page. Nous y faisons référence sous le sigle MsC. Pour les deux premiers actes, il sagit dune mise au propre, par un copiste qui écrit dans toute la largeur des pages, du texte retenu dans le MsR. On trouve toutefois des interventions ultérieures dune autre encre, et dune autre main, dont il est difficile de déterminer le moment précis. Nous les mentionnons, notamment lorsquil sagit de suppressions parlantes dues pour la plupart davantage aux besoins dramaturgiques quaux exigences de la censure, difficiles à circonscrire. Au 3e acte, la main et la présentation paginale changent : il sagit dune mise au propre du MsA-1, de la main de Pixerécourt qui écrit sur la moitié droite de la page, ménageant une marge à gauche. De fait, certaines séquences du MsA-2 différentes du texte entériné dans la marge de droite du MsC, figurent dès lors en ajout dans la marge de gauche, mais ces réécritures ont été laissées en suspens au beau milieu de la scène 12. Quelques annotations concernant la mise en scène ou la régie, dans lélan de réécritures en marge du 3e acte, ont été insérées de la main probable du souffleur. Nous les avons indiquées en notes de bas de page puisquelles apportent certaines informations nouvelles, sur lorganisation scénique.

On observe donc un ordre différent des (ré-)écritures, selon quil sagit des deux premiers actes ou du dernier. Pour les deux premiers, le MsA-1 sert de leçon au MsR, puis le MsR sert de leçon au MsC, ce qui constitue lordre logique. En revanche, pour le 3e acte, cest le MsA-2 qui sert de modèle au MsR, tandis que le MsC émane du MsA-1, ce qui expliquerait la mention « Envoyez le double » en haut en diagonale sur la première page du MsC : à un moment donné, létat du texte consigné 336sur plusieurs manuscrits a eu deux vies différentes. Cela laisse à penser aussi que le MsA-2 a été rédigé après lenvoi du MsA-1 à la censure, mais avant le retour de celle-ci, et avant la fin des répétitions.

Comme il est assez compliqué dexpliquer ça et là certaines discrépences dun manuscrit à lautre, ou encore, de saisir la chronologie des réécritures pour certaines séquences, il est possible de concevoir quau moins un manuscrit intermédiaire nous manque, tout comme il manque celui qui, mettant tout au propre, a dû ensuite servir à létablissement de lédition princeps. Toutefois, il nous est permis de constater que le MsR savère le plus proche de lédition une fois prises en compte les biffures, réécritures et additions quil comporte.

Dans lensemble, il faut être attentif aux décalages dans la numérotation des scènes : ils sont dus à des réorganisations de dialogues ou de séquences dans lélan des réécritures. Nous avons pris soin dindiquer ces différences entre les manuscrits et lédition.

On laura compris, cest avant tout le 3e acte qui a subi le plus grand nombre décarts entre le texte primitif et la publication. Lajout de deux personnages acolytes, hommes de main du traître, est instructif quant aux exigences de la censure (ou de lauto-censure) pour atténuer la responsabilité criminelle du gouverneur. Il est plus notable encore de constater lécriture sur le vif, dans la marge du seul MsR et comme in extremis, de la réplique finale ultérieurement entérinée par léditeur, ce qui infléchit le sens moral du dénouement.

Grâce aux variantes, le lecteur aura donc accès à la série des « textes possibles » qui ont marqué les étapes de la création du Fanal de Messine. Ces métamorphoses en font toute la valeur, et tout léclat.

1 La Bibliographie de lEmpire françaisouJournal de limprimerie et de la librairie annonce la parution de la brochure (tirée à 1000 exemplaires) dans sa livraison du 18 juillet 1812 (1re année, no 43, p. 510).

2 Voir, sur ce recueil, lintroduction générale de cette édition (t. 1).

3 Dans les variantes, nous ne tenons pas compte dun autre manuscrit conservé dans le même dossier. Il sagit du « Plan du Fanal de Messine », sorte de cahier préparatoire avec résumé des scènes, plan de travail et autres notes préalables. Nous en commentons en revanche certains aspects très révélateurs dans la « Présentation » de la pièce.

4 Il est assez difficile, pour les indications des morceaux de musique, de distinguer lécriture de lauteur de celle du compositeur dans ces notes écrites en « pattes de mouche » et sur le vif dans les marges du manuscrit, notamment si ne figure que le numéro du morceau, sans commentaire. A priori, il sagit le plus souvent de lécriture de Pixerécourt. Limpossible certitude donc limpossible partage nen sont peut-être que plus révélateurs dun processus de création en binôme. Plutôt que de trancher en risquant des erreurs, nous avons pris le parti de transcrire les indications pour la musique au bas des pages du texte, sans en spécifier la main, sauf lorsque la logique permet de la déduire de lénoncé (voir notamment le début de lacte II, sc. 1).

5 Voir la « Présentation ».