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Classiques Garnier

La Femme à deux maris Établissement du texte

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Mélodrames. Tome II. 1801-1803
  • Pages : 333 à 336
  • Collection : Bibliothèque du théâtre français, n° 22
  • Thème CLIL : 3622 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Théâtre
  • EAN : 9782812433504
  • ISBN : 978-2-8124-3350-4
  • ISSN : 2261-575X
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-3350-4.p.0333
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 21/01/2015
  • Langue : Français
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Établissement du texte

La Femme à deux maris a été publiée à deux reprises en 1802 ; lune par le théâtre (Paris, Se vend au théâtre de lAmbigu-Comique, an 11 [1802], 71 p. in-8o), lautre par Jean-Nicolas Barba (Paris, Barba, an 11 [1802], 71 p. in-8o), reproduite en fac-similé dans le recueil colligé par lauteur dans les années 1840 et paru sous le titre Théâtre de René-Charles Guilbert de Pixerécourt (Paris, Barba, [1840], vol. 31). Ces deux éditions sont rigoureusement identiques et ont servi à établir le texte que nous éditons ci-après.

La pièce connaît trois rééditions chez Barba en 1810, 1813 et 1822 (64 p. in-8o chacune). Elles reproduisent le texte original à trois variantes près : lintitulé générique est changé (« mélodrame en trois actes, en prose et à spectacle » au lieu de « Mélo-Drame en trois actes, en prose et à spectacle »), une indication scénique est écourtée (III, 14), la didascalie finale est supprimée. Ces variantes sont renseignées dans les notes et introduites par les sigles : Éd-1810, Éd-1813 & Éd-1822.

La Femme à deux maris figure aussi dans le 1er tome du Répertoire des chefs-dœuvre du mélodrame (Paris, Veuve Dabo, 1825, p. 111-238). Les didascalies fautives des trois éditions précédentes ont été rétablies. Hormis la mention de genre, réduite en « mélodrame en trois actes », cette édition ne présente aucune autre variante avec le texte original et na donc pas été prise en compte dans lapparat critique.

La version publiée dans le Théâtre choisi (t. 1, p. 239-336) présente en revanche des différences non négligeables avec lédition princeps. Les corrections vont dans le sens dune amélioration du style : lauteur supprime des adverbes, coupe certaines répliques, corrige les expressions relevant du langage parlé (par exemple, le syntagme « ces mauvais soldats-là » est changé en « ces mauvais soldats »), allège considérablement les didascalies de façon à gommer les empreintes de la première mise

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en scène (la didascalie introduisant les danses, par exemple, à lacte II, scène 8, est entièrement réécrite). Ces variantes, introduites dans les notes par labréviation TC, permettent de suivre les remaniements dun texte que lauteur ne destine plus désormais à lusage scénique, mais bien au plaisir de la lecture.

La Société dhistoire de la Lorraine et du musée Lorrain conserve le seul manuscrit autographe de La Femme à deux maris (1 cahier relié et paginé, s. d., 115 x 180 mm, 72 fo écrits ro et annotés vo). On y remarque des ratures partielles, et peu nombreuses, apposées au fil de la rédaction, qui relèvent des hésitations de lauteur sur lemploi de certains mots. Ces ratures, qui concernent parfois de simples lettres, un début de mot biffé ou un adjectif barré puis réintroduit, nont pas été prises en compte dans les variantes afin de ne pas surcharger inutilement lappareil critique (par exemple, la réplique « Compte sur moi » est précédée de « tu p », biffé ; ces trois lettres barrées nont pas été mentionnées en note). Dautres ratures ont été effectuées au moment dune relecture. Les mots biffés sont alors remplacés, dans linterligne, par dautres syntagmes (par exemple, « veux-tu », biffé, est corrigé par « voulez-vous »), le plus souvent conservé dans lédition princeps. Nous navons pas non plus mentionné ce type de biffures, dune part parce que lintégration des partitions musicales, au sein du texte, empêchait que soit introduit un trop grand nombre dappels de note, dautre part parce que ces corrections, finalement peu nombreuses par rapport aux autres manuscrits de lauteur, napportent pas dinformations réellement significatives pour lanalyse génétique. Nous avons donc opté pour la clarté de la mise en page, afin que le lecteur puisse apprécier les relais entre parole et musique. Dautres ratures, en revanche, sappliquent sur des passages entiers de la pièce ; elles touchent plus particulièrement les grandes scènes pathétiques du drame, entièrement réécrites sur le verso des feuillets. Elles concernent la rencontre entre Fritz et son fils (I, 13), larrivée du traître au sein de la famille juste après le ballet (II, 9), la confrontation dÉliza avec son père (II, 6) et la scène finale du pardon (III, 16). Ces scènes biffées ont été reproduites dans les notes ; introduites par le signe MsA, elles permettent dapprécier la réécriture effectuée par Pixerécourt en vue daméliorer lefficacité dramatique de sa pièce. Le manuscrit présente également de nombreuses variantes textuelles avec lédition princeps, qui ont été chaque fois renseignées. Dans ce cas,

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la note donne la leçon du texte tel quil apparaît sur le MsA, sans autre commentaire.

La partition musicale que nous éditons est conservée au Département de la musique de la BnF ([Gérardin-Lacour], 15 livrets manuscrits, s. d., Parties : vl répétiteur [28 fo écrits ro-vo], vl 1 [2 ex.], vl 2 [2 ex.], a-vla [a-vla 1 & a-vla 2], b [vlc & cb], cb [2 ex.], fl, cl 1, cl 2, fag, cor 1, cor 2). Elle présente de nombreuses ratures et corrections, effectuées très probablement lors des reprises de novembre 1830 et daoût 1850 au théâtre de la Gaîté2. Ces corrections sont de deux natures : des ratures apposées au crayon couvrent plusieurs séries de mesures au sein des morceaux, voire suppriment des morceaux entiers (voir fig. 3) ; des ajouts sont portés sur des papiers de couleur bleu, parfois insérés au sein des livrets, dautres fois découpés et collés sur la première version. Nous avons suivi le protocole expliqué dans la « Note sur la présente édition », cest-à-dire que nous avons cherché à reproduire autant que possible la première version (notée à lencre, voir fig. 3). Certaines corrections ont empêché néanmoins que soit reproduite la totalité des voix de lorchestre. Cest le cas principalement pour les morceaux 11 à 16 de lacte II (partie des ballets), recouverts par des collettes. Seule la partie du violon conducteur demeure encore lisible à cet endroit ; nous avons donc reproduit uniquement cette partie, qui mentionne toutefois les différentes voix de lorchestre. Dautres passages, rendus illisibles par les corrections, ont pu être reconstitués à laide des autres parties. Dans ce cas, nous avons indiqué les têtes de notes sous la forme dun x. Lorsque la reconstitution savérait impossible, nous avons introduit de larges barres obliques au sein des mesures, qui signalent une partie manquante.

Afin de proposer une mise en page claire et aérée, nous avons rassemblé les différentes voix dun instrument sur une même portée (par exemple clarinettes 1 & 2). Nous avons aussi supprimé toutes les altérations ajoutées par les copistes au cœur dune mesure, nous référant sur ce point aux principes de la notation musicale actuelle, qui autorise que soit mentionnée uniquement la première altération, valable pour toutes les notes de la portée jusquà son annulation par un bécarre. En revanche, nous avons ajouté les signes dexpression et de liaisons sous-entendus ; ils apparaissent alors entre crochets pour les premiers, en pointillés pour

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les seconds. Certaines incohérences de la partition nont pas pu être résolues. Cest le cas, par exemple, pour certaines parties des cors et des clarinettes, dues à des problèmes de transposition difficiles à trancher. Dans le doute, et ne connaissant pas précisément le type dinstruments utilisés au sein de lorchestre du théâtre de lAmbigu-Comique en 1802, nous avons transcrit les parties des cors et des clarinettes à lidentique. Nous avons toutefois corrigé la transposition des cors pour le morceau 19 de lacte I, notée en mi# (qui nexiste pas) sur la partition, changé en mi, ce qui semblait plus approprié à lharmonie densemble.

Les livrets des instrumentistes contiennent les répliques de la pièce servant de repères pour débuter un morceau. Pour faciliter la lecture et favoriser la compréhension des relais entre texte et musique, nous avons introduit un appel de note, au sein des dialogues, immédiatement après le dernier mot de la réplique notée sur la partition. En note de bas de page sont ainsi précisés : le numéro du morceau (dont la partition figure sur la page en regard) et la nature des corrections apposées sur les livrets manuscrits. Le lecteur pourra ainsi apprécier les allègements effectués sur la musique originale lors dune reprise ultérieure (quil nest pas possible, évidemment, de dater précisément). Nous rappelons que seule la partie des ballets fut entièrement réécrite ; les autres corrections se bornent à des coupes, voire à des suppressions de morceaux entiers. La nouvelle partie musicale des ballets, en revanche, na pas été transcrite3.

Notre édition a enfin été enrichie dun ensemble de notes qui précisent les références biographiques, historiques et intertextuelles pouvant éclairer la lecture de La Femme à deux maris. Disposant dun appareil critique assez complet, le lecteur pourra ainsi apprécier pleinement, nous lespérons, ce grand mélodrame de Pixerécourt, qui a bouleversé pendant près dun demi-siècle des générations de spectateurs.

1 Sur ce recueil, voir la partie « Introduction » de la présente édition, t. 1, p. 37.

2 Sur ces reprises, voir notre présentation.

3 Nous tenons à remercier Victor Huguenin, Julian Mannarini, Claire Segalen et Jean-Baptiste Zellal, étudiants du Conservatoire à Rayonnement Régional de Nice, pour leur aide dans la transcription des partitions musicales.