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Classiques Garnier

Résumés

  • Publication type: Article from a collective work
  • Collective work: Les Groupes d’intérêt en France
  • Pages: 667 to 675
  • Collection: Encounters, n° 551
  • Series: Political science, n° 9
  • CLIL theme: 3284 -- SCIENCES POLITIQUES -- Histoire des idées politiques
  • EAN: 9782406132974
  • ISBN: 978-2-406-13297-4
  • ISSN: 2261-1851
  • DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-13297-4.p.0667
  • Publisher: Classiques Garnier
  • Online publication: 01-25-2023
  • Language: French
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Résumés

Guillaume Courty et Marc Milet, « Introduction. Un ouvrage collectif sur les groupes dintérêt en France ? Enjeux, états des lieux et perspectives de la recherche en science politique »

Cet ouvrage collectif sur les groupes dintérêt est un événement puisquil savère être le premier en langue française à mobiliser la communauté des politistes spécialisés sur ces terrains depuis soixante ans. Ces propos introductifs se veulent aussi un manifeste. Est précisée la spécificité dune approche française de lanalyse des groupes autour de lidée selon laquelle leur étude vaut fondamentalement comme un outil de compréhension du politique qui sappuie sur une approche et des méthodes spécifiques.

Guillaume Courty et Marc Milet, « La République contre le Lobbying ? Les équivoques de la fabrique dun contre-modèle français »

Une conception théorique dominante postule que la France aurait été « immunisée » contre lintroduction des groupes dintérêt dans la vie publique du fait de ladoption pendant la Révolution française de textes qui étaient la consécration de principes philosophiques des Lumières. Ce chapitre ouvre le débat sur la mise en forme de cette vulgate et de son contre-référent nord -américain et sur le rôle que cette opposition a joué dans la consécration dune conception de la politique professionnalisée et garante de lintérêt général.

Samuel Hayat, « La représentation des intérêts en République. Perspective socio-historique »

Ce chapitre revient sur le rôle central joué par le monde du travail dans le processus de mise en représentation des intérêts privés, notamment parce quy émerge une classe que ses défenseurs définissent par la généralisation de son intérêt propre : le prolétariat. Il présente comment, après léchec de linsurrection de juin 1848, des moyens de représentation des intérêts ouvriers 668sont inventés et stabilisés, qui engagent toujours dune manière ou dune autre lÉtat et étudie leur impact sur les formes de structuration des intérêts privés au cours des xixe et xxe siècles.

Patrick Hassenteufel, « Retours sur lévolution des relations État – Groupes dintérêt en France. Un type pluraliste, (néo)corporatiste ou étatiste ? »

Ce chapitre discute la singularité des rapports entre lÉtat et les groupes dintérêt en France dans la longue durée, appréhendée à travers la notion détatisme. Sont mises en avant limportance historique des dimensions corporatistes de la représentation des intérêts et les évolutions contemporaines, à savoir la fragmentation organisationnelle de la représentation des intérêts et son gouvernement à distance par lÉtat. Cette affirmation dun État régulateur, dans un contexte de territorialisation et de supranationalisation de laction publique, nest toutefois pas propre à la France.

Philippe Ryfman, « Focus 1. Un nouveau paradigme pour les ONG : le plaidoyer ? »

La notion de plaidoyer issue à lorigine dune appellation québécoise pour qualifier la spécificité des activités des organisations non gouvernementales interroge la relation des dites ONG à lespace politique et leffectivité de la différenciation par rapport aux actions classiques de lobbying.

Guillaume Courty et Marc Milet, « Lencadrement institutionnel des représentants dintérêt »

En 2016 la loi Sapin II oblige les représentants dintérêt à senregistrer quand ils interagissent avec les décideurs. Amenée à sétendre aux collectivités territoriales et pressentie pour intégrer le domaine des marchés publics, elle applique limpératif de transparence à de très nombreuses institutions au lieu dêtre cantonné au seul Parlement. Ce chapitre a pour objectif dinscrire cette loi dans le système républicain français et de souligner à quel point elle marque autant une rupture quune consécration de dispositifs jusque-là éparpillés concernant la représentation des intérêts.

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Simon Baeckelandt et Julien Talpin, « Démocratie participative et groupes dintérêt »

Ce chapitre a pour objectif de questionner la confrontation des groupes dintérêt à limpératif participatif. La théorie délibérative, soubassement théorique du tournant participatif de laction publique, émerge dans les années 1980 et sest en partie construite contre les théories pluralistes et néo-corporatistes. De hostiles à enthousiastes, de béats à critiques, la réception et lusage de ces espaces par les groupes dintérêts apparaît pour le moins contrastée en fonction des acteurs et des contextes.

Carole Bachelot, « Les groupes dintérêt et les partis politiques en France. Du “mythe de lindépendance” à lanalyse des interactions »

Alors que les relations entre partis politiques et groupes dintérêt se sont récemment développées dans la littérature internationale, elles constituent un des angles morts de la recherche française. Ces distinctions (liées à des spécialisations disciplinaires, ainsi quaux spécificités de lhistoire partisane et syndicale française) sont loin de refléter la densité des interactions et la diversité des formes quelles peuvent prendre. Ce chapitre plaide ainsi pour la (ré)-ouverture dun programme de recherche portant sur la réévaluation de ce que les groupes dintérêt font aux partis – et inversement.

Stéphane Cadiou et Julie Pollard, « Les groupes dintérêt dans la gouvernance territoriale »

Ce chapitre éclaire les mécanismes de gouvernance territoriale tout en esquissant, en retour, de nouvelles pistes de recherche pour létude de la représentation des intérêts. Sont évoqués les vecteurs de territorialisation des intérêts avant de cerner les caractéristiques et répertoires daction des groupes dintérêt mobilisés dans les espaces locaux. La question des groupes dintérêt est replacée dans le contexte denchevêtrement des niveaux et des secteurs daction publique. Ce chapitre revient ainsi sur de possibles singularités des groupes dintérêt dans les territoires infranationaux.

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Hélène Michel, « Leuropéanisation des groupes dintérêt français. Conditions et effets du “passage à lEurope” »

Ce chapitre propose un état des recherches qui ont étudié dans une perspective historique et sociologique leuropéanisation des groupes dintérêt français. Sont mis en évidence les logiques qui rendent possible le « passage à lEurope » de groupes dintérêt français, les formes de cette européanité et les effets de ce changement déchelle. Il montre alors le rôle des configurations nationales, des institutions européennes et nationales, ainsi que des représentants dans la production sociale de la dimension européenne dun groupe dintérêt. Il donne dès lors à voir de multiples transformations induites.

Christophe Traisnel, « Focus 2. Les francophonies : entre cause linguistique internationale et enjeux politiques locaux »

Les groupements de promotion de la francophonie, entendus comme « groupe daspiration francophone », méritent dêtre envisagés en tant que causes linguistiques différemment imaginées qui font intervenir deux dimensions, une dimension globale (la promotion et la défense de « La » Francophonie) et des causes plus localisées. Le contexte de mobilisation (sectoriel, territorial) détermine ainsi fondamentalement des dynamiques propres.

Marieke Louis et Yohann Morival, « Les groupes dintérêt patronaux français et la scène internationale (xxe-xxie siècles) »

Ce chapitre analyse le rapport des groupes patronaux à la scène internationale. Létude remontant du début du xxe siècle permet didentifier les investissements dont les enjeux internationaux font lobjet, aussi bien dans le choix des espaces investis, des modes de prise en charge et des répertoires daction. Loin dune vision linéaire de linternationalisation, ce chapitre éclaire la progressive structuration de linternational par le biais des cartels, des organisations régionales et internationales et des sommets, jusquà lémergence de la figure du patron-diplomate.

Guillaume Courty, « Les consultants en affaires publiques/lobbying »

Lanalyse des groupes dintérêt a très rapidement diagnostiqué une modification importante de la représentation des intérêts : elle nest plus lapanage 671de personnels dédiés à cette activité dans des organisations mais correspond à une prestation de consultants. On aurait pour autant tort de considérer que ce marché du conseil ne concerne que la représentation des intérêts. Lavènement des consultants dépasse en effet les affaires publiques/lobbying et montre une autre facette de la consécration du néolibéralisme dans et autour de lÉtat français.

François-Xavier Dudouet, « Focus 3. Les réseaux daffaires en France »

Ce focus sintéresse à lévolution des réseaux daffaires en France depuis les années 1970, époque où apparaissent les premières analyses de réseaux du capitalisme français, en prenant soin de relier cette évolution à celle de lÉtat et de sa place dans léconomie française. La relation entre ces réseaux et les pouvoirs publics doit être moins envisagée sous le mode de laltérité, de la pression entre deux corps, que sous celui dune perméabilité profonde entre deux espaces interdépendants.

Catherine Comet, « Focus 4. Les grands patrons et les thinktanks »

Les thinktanks et les groupes de discussion politique sont des organisations dont lobjectif est de produire des expertises pour influencer lagenda médiatique et politique. En étudiant la circulation des élites économiques françaises dans les think tanks, il apparaît que ce sont essentiellement des membres de la fraction des dirigeants ayant des liens étroits avec lÉtat ou la sphère publique qui sy impliquent le plus.

Michel Offerlé, « Les organisations patronales »

Les organisations patronales sont à la fois semblables et très différentes selon les pays et selon les intérêts. Pour comprendre ce quorganisation patronale veut dire, nous aurons à réfléchir sur leur définition et leur désignation, avant de restituer comment et pourquoi elles se sont constituées comme lun des principaux groupes dintérêt. Leur répertoire daction a considérablement changé dans les démocraties occidentales et le recours à lexpertise en constitue le socle. La question de leur influence est une des questions récurrentes et centrales quil faut analyser.

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Caroline Frau et Marc Milet, « Focus 5. Les mobilisations anti-fiscalistes »

Les mobilisations anti-fiscales, envisagées ici au travers des « organisations » qui les ont portées, comprennent des groupes qui revendiquent la représentation de lensemble des contribuables et ceux organisés autour dautres intérêts mais qui se mobilisent contre certaines formes de fiscalité. Ces actions, loin de signifier des actions strictement contestataires, fondent bien plutôt des formes expressives des rapports des administrés à lÉtat.

Sarah Abdelnour, « Focus 6. Revendications et représentations de nouveaux indépendants : les auto-entrepreneurs »

Le régime des auto-entrepreneurs adopté en 2008 a atteint assez rapidement le million de bénéficiaires constituant une nouvelle génération de petits-indépendants. Ce dispositif inventé pour soutenir la croissance est défendu à la fois par ses promoteurs issus du monde politique ou des groupes dintérêt patronaux, tandis que les mobilisations des auto-entrepreneurs sont en revanche parfois hostiles au dispositif, largement utilisé pour contourner le salariat et les droits qui lui sont associés.

Marion Guenot et Agathe Piquet, « Protéger lÉtat, promouvoir la police, défendre les policiers. Les tensions structurantes du syndicalisme dans un domaine régalien »

Ce chapitre analyse les particularités dun syndicalisme peu exploré, le syndicalisme policier. En remontant à la formation de lÉtat moderne, cette contribution met en lumière les tensions structurantes rencontrées par les organisations syndicales des policiers : comment manifester leur mécontentement et exprimer des revendications à lÉtat tout en le protégeant ? Ce chapitre permet de comprendre lémergence tardive des syndicats de police, létat actuel du syndicalisme policier, marqué par un très fort éclatement, ainsi que les instruments diversifiés mobilisés.

Ismail Ferhat, « Focus 7. Les enseignants sont-ils (toujours) un groupe dintérêt ? »

Longtemps incarné par la Fédération de léducation nationale, le syndicalisme des enseignants est passé dune forme de cogestion sociale-démocrate à une remise en cause de lomnipotence des organisations du fait de la multiplication 673des organisations, de la montée en puissance de certaines (parents délèves) et de la légère décrue des adhérents.

Pierre-Yves Baudot, « Les associations en charge de la question sociale peuvent-elles faire pression ? »

Les associations ont contribué à définir les frontières du social, la mesure des problèmes et les modalités de lintervention publique. Cette construction du secteur se retrouve dans les modalités dinstitution de la concertation, en équilibre instable entre captation de la régulation par les associations et mise sous tutelle étatique. Les récentes transformations dans leur financement par le recours à lappel à projet et le développement de la philanthropie, conduisent à la reconfiguration des relations avec lÉtat et à lévolution des formats dexpression des revendications.

Céline Béraud et Philippe Portier, « Focus 8. La manif pour tous et le monde catholique »

La France est lun des pays les plus sécularisés en Europe. Lampleur de la mobilisation contre le mariage pour tous et sa durée ont beaucoup surpris les médias mais aussi le monde académique et nourri de nombreuses recherches. Ces mobilisations se sont focalisées sur lunion matrimoniale et la parentalité en sinscrivant dans un mouvement plus globalisé de campagne anti-genre.

Christophe Traïni, « Groupes et mobilisations autour de la “nature”. Expertise, controverses, conflits dusage et dispositifs de sensibilisation »

Ce chapitre rend compte des modalités à partir desquelles certains groupes sociaux semploient à ériger le devenir des espaces naturels en enjeu politique prioritaire. Dans cette optique, il relève certaines évolutions sociodémographiques et institutionnelles qui permettent de comprendre pourquoi et comment, au sein darènes distinctes et complémentaires, de multiples intérêts et points de vue divergents nont eu de cesse que de saffronter afin de tenter de peser sur la définition des politiques environnementales.

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Anne Bellon, « État contre Internet ? Lintervention des groupes dintérêt numériques dans la fabrique des politiques publiques »

Ce chapitre retrace linstitutionnalisation déchanges entre groupes dintérêt numériques et administrations. Des mouvements de défense du numérique aux grandes plateformes internationales, il analyse la construction dune régulation de linternet. La saillance accrue des problématiques liées au numérique – piratage, vie privée, désordre informationnel – ainsi que la dépendance forte des institutions aux ressources et expertises des internautes et des entreprises du web éclairent les rapprochements entre acteurs publics et privés autour dune réglementation.

Marc Milet, « Agir par le droit, agir sur le droit. Les ambivalences des rapports au juridique des groupes dintérêt »

Ce chapitre présente les rapports au droit induits par lactivité des groupes dintérêt. Le premier temps montre dans quelle mesure la diffusion des différentes traditions danalyse (sociologie du droit, science politique nord-américaine) fait lobjet de multiples réappropriations. Sont ensuite différenciés les registres daction, ce qui permet de dépasser lapproche strictement contentieuse qui domine immanquablement. Les conditions du recours au droit permettent enfin de considérer dans quelle mesure laction juridique sinscrit dans des configurations multiples et contraignantes.

Xavier Crettiez, « Les groupes dintérêt et la violence politique »

Ce chapitre analyse un répertoire daction parfois mobilisé par les groupes dintérêt : la violence physique. Un premier temps offre un cadrage théorique de la violence appliquée aux groupes dintérêt à travers les cadres analytiques disponibles. À partir de ce regard, une base de données dresse un état des lieux de la violence mise en œuvre en France par trois types de groupes dintérêt : le syndicalisme ; les groupes environnementaux ou religieux ; les groupes régionalistes à travers une réflexion sur le terrorisme comme répertoire daction de groupes de pression.

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Alexandre Hobeika, « Focus 9. La FNSEA : de la cogestion de la politique agricole à la manifestation de rue »

La Fédération nationale des syndicats dexploitants agricoles donne limage dun groupe dintérêt imposant mais elle fait aussi lobjet dinstrumentalisations et de concurrences. Sous la Ve République, sa place dominante parmi les syndicats dagriculteurs lui a permis de développer un répertoire daction original, qui articule au quotidien lobbying, négociations, et mobilisations de rue.

Élise Roullaud, « Focus 10. Un répertoire daction spécifique à la “gauche paysanne” ? Le cas de la Confédération paysanne »

La Confédération paysanne sest opposée aux réformes de la politique agricole commune (PAC) sur une vingtaine dannées. Elle a développé un répertoire daction de la « gauche paysanne » autour de lusage de la violence comme enjeu de distinction entre syndicats. Pour lanalyser il convient douvrir aux rapports quils entretiennent avec les pouvoirs publics ainsi quaux relations établies entre syndicats concurrents dans la lutte pour la représentation des intérêts agricoles.

Guillaume Courty et Julie Gervais, « Les groupes en campagne et le moment électoral »

La mobilisation électorale des groupes dintérêt est largement ignorée de la littérature académique européenne. Ce chapitre explore les différents types dintervention des groupes, en revenant sur lhistoire des mobilisations électorales. Exposant les biais analytiques des travaux sur linfluence, il propose de réintégrer les agents politiques et leur entourage dans létude de cette relation et de se pencher, enfin, sur les pratiques concrètes du jeu dinfluence, qui relèvent dune forme de division du travail de production des enjeux électoraux.