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Classiques Garnier

Établissement du texte et principes d’édition

  • Publication type: Book chapter
  • Book: Théâtre complet. Tome IV
  • Pages: 27 to 33
  • Collection: French Theatre Library, n° 56
  • CLIL theme: 3622 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Théâtre
  • EAN: 9782406086826
  • ISBN: 978-2-406-08682-6
  • ISSN: 2261-575X
  • DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-08682-6.p.0027
  • Publisher: Classiques Garnier
  • Online publication: 08-13-2019
  • Language: French
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Établissement du texte
et principes dédition

Lédition princeps du quatrième tome du Théâtre dAlexandre Hardy présente un état correct du texte, avec peu de fautes de composition. Nous suivons les principes dédition de la collection « Classiques Garnier » (modernisation pour les textes du xviie siècle) mais nous avons choisi de rester proches de létat initial, notamment pour ce qui est de la ponctuation dont on sait limportance pour le texte théâtral. Nous présentons ci-dessous, sans les détailler, les opérations de modernisation et de correction que nous avons pu mener sur lédition princeps.

Établissement du texte

Comme il a été dit dans lintroduction de ce quatrième tome, David du Petit Val na donné quune seule édition de louvrage, parue en juin 1626. Nous nous sommes fondés sur un des exemplaires de ce volume conservés à la BNF (cote RES Yf4464) : il sagit de lexemplaire qui a été numérisé et mis en ligne sur le site Gallica. Ce volume correspond au second état de lédition qui est sorti des ateliers rouennais de David du Petit Val et dont on a conservé le plus dexemplaires. En effet, Alan Howe a pu établir quil existe deux états de cette édition, la première vraisemblablement livrée au début du mois de juin 1626, la seconde probablement un mois plus tard1. Il y a peu de variantes entre les deux états : seule la dernière page a été corrigée par limprimeur qui a aussi remplacé le premier privilège quil avait pris par un nouveau. Nous donnons les deux privilèges à la suite des pièces liminaires.

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Nous reprenons à Alan Howe la collation du volume tel quon le trouve le plus couramment :

LE / THEATRE / dAlexandre / Hardy / Parisien. / DEDIÉ / A. / Monseigneur / le / Prince / TOME QVATRIESME. / De LImprimerie de Dauid du Petit / Val Imprimeur du Roy a Rouen. / M.DC.XXVI. / Auec Priuilege du Roy.

Collation : 8o : Titre gravé + ã8 A-2P8 [ã4 non signé], 312 feuillets (+ titre gravé), pp. [16] 1-607 [608] [erreur dimpression 272 pour « 172 », 303 pour « 103 », 381 pour « 383 », 384 pour « 386 »].

Contenu : titre gravé (verso blanc) ; ã1a-ã3b dédicace à Monseigneur le Prince ; ã4a-ã5a « Au Lecteur » ; ã5b poème de lAtre ; ã6a poème de Guillebert ; ã6b vierge ; ã7a page de titre de La Mort de Daire ; ã7b-ã8a « Argument » de la pièce ; ã8b liste des « Acteurs » de la pièce ; A1a-2P8a texte des sept pièces : La Mort de Daire, La Mort dAlexandre, Aristoclée, Frégonde, Gésippe, Phraarte, Le Triomphe dAmour ; 2P8b « Extrait du priuilege du Roy ».

Exemplaires : BNF, Rés Yf.2977 et Rés. Yf.4464 ; Arsenal, Rf. 6223 (4) et 8o BL 12646 ; Bibl. de la Sorbonne, R. ra. 452 (12o) ; Bibl. Mazarine, 21775

Le premier état de lédition 1626, correspondant au livre offert au prince de Condé, est conservé à la BNF sous la cote RES Yf.4468.

Principes généraux dédition

Lédition de ce quatrième volume sinscrit dans la continuité du travail effectué depuis la publication du premier tome du Théâtre, dirigée par Charles Mazouer. Les principes dédition que nous avons suivis poursuivent ceux des précédents ouvrages : nous en rappelons ici les grandes caractéristiques.

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Graphie

Nous avons systématiquement remplacé lorthographe ancienne par lorthographe actuelle, en suivant les principes de dissimilation ordinaires : i par j, u par v, & par et, ſ par s, ß par ss, x par s ou s par x, z par s, ç par s, õ par on, ã par an, eu par u ou par ou, y par i, es par é, ei par é ou è, ez par és pour les pluriels, les formes verbales en oi par celles en ai. Cela nous a aussi conduit à pratiquer les suppressions habituelles : suppression des trémas, des s après voyelle, des accents circonflexes, des consonnes redoublées, des voyelles et des consonnes intermédiaires, des espaces et des apostrophes dans certains mots. Les conjugaisons des verbes ont été systématiquement modernisées : nous avons supprimé les imparfaits et les conditionnels en -oi, les formes plurielles en -ez, ajouté les désinences actuelles aux impératifs ou aux premières personnes du singulier. Laccentuation des mots a été elle aussi modernisée : des accents ont été ajoutés, supprimés ou remplacés selon les cas. Nous avons supprimé les fluctuations dans les usages, en particulier pour les prépositions ou les conjonctions (à/ou) : nous avons uniformisé selon la graphie moderne. Nous nentrons pas dans le détail des modifications opérées sur le texte : elles sont courantes dans le cas des éditions modernisées.

La limite que nous nous sommes donnée est le respect du mètre et de la rime : nous navons pas modernisé la graphie dans les cas où cela modifierait le nombre de syllabes ou les sons finaux. Le lecteur trouvera à la fin de chacune des introductions des pièces la liste des rimes qui nont pas été modifiées, ainsi quune liste des coquilles, entendues comme erreurs de composition. Lorthographe du xviie siècle étant très libre, nous navons pas considéré comme coquilles ce qui nest sans doute quune variation parfaitement admise de la forme de certains mots.

Les majuscules et les minuscules sont un cas à part dans ces opérations de modernisation. Dans la plupart des cas, nous avons choisi de conserver lusage des majuscules à linitiale de certains noms communs : nous avons considéré que lauteur ou limprimeur donnaient par là un relief particulier à un mot. Mais nous avons toujours veillé à la cohérence et à la systématicité de leur emploi. Lorsque, dans une pièce, un même mot reçoit aussi bien une majuscule quune minuscule, nous avons opté pour lusage majoritaire. Nous avons aussi mis une majuscule à certains 30mots lorsquils désignent une divinité ou une puissance transcendante, afin de distinguer dautres sens quils pourraient avoir : cest le cas en particulier pour lAmour, le Ciel ou la Nature.

Ponctuation

Nous avons cherché à respecter la ponctuation de lédition princeps qui a souvent une fonction respiratoire plutôt que syntaxique, comme cest encore lusage dans le théâtre du xviie siècle. Cependant, conformément aux principes en vigueur dans la collection, nous avons choisi de moderniser certains usages pour faciliter la compréhension et clarifier la syntaxe dans la mesure du possible. Sans doute faut-il préciser sur ce que nous entendons par modernisation : il ne sagissait pas de refondre toute la ponctuation selon les principes actuels. Ce travail a consisté en deux opérations distinctes : lune qui a cherché à simplifier la ponctuation pour mieux faire apparaître la structure syntaxique dans certains cas spécifiques mentionnés ci-dessous ; lautre qui a été conçue comme la traduction dun signe ancien par un autre qui pourrait avoir une valeur comparable dans le système de ponctuation actuel afin de mieux marquer une pause ou une inflexion de phrase. Nous avons ainsi cherché un équilibre entre le nécessaire respect philologique pour ne pas dénaturer ou déterminer à outrance la prosodie et le souci du lecteur contemporain pour lui permettre daccéder à ce théâtre sans trop de difficultés. Les paragraphes qui suivent présentent de manière synthétique les principes que nous nous sommes donnés au cours de ce travail dédition.

Le remplacement le plus systématique a concerné les deux points lorsquils précèdent un alinéa. Lusage en est constant dans le tome IV et cette ponctuation sert à signaler une pause et une articulation logique au sein dune tirade. En fonction du sens, nous avons remplacé les deux points par un point-virgule lorsque les deux paragraphes sont fortement articulés, par un point lorsque le lien logique est moins sensible. Dans quelques rares cas, nous avons remplacé les deux points par un point dinterrogation, voire par des points de suspension.

Toujours pour des raisons de clarté et de confort de lecture, nous avons augmenté la présence des marques dinterrogation. Nous avons remplacé systématiquement le point par un point dinterrogation pour mieux faire apparaître la structure des phrases interrogatives directes ; nous en avons usé de même pour certaines exclamatives lorsque celles-ci 31ne se repéraient pas facilement ; mais nous avons été plus économes avec les points dexclamation qui pouvaient surcharger inutilement laspect du texte.

Pour mieux indiquer les vers interrompus par larrivée dun personnage, par une autre réplique ou par un jeu de scène particulier (par exemple, lorsque meurt un personnage), nous avons choisi de remplacer la virgule ou les deux points qui indiquent les pauses les plus brèves par les points de suspension qui sont à peu près leur équivalent dans le système actuel et dont lemploi se généralise dans lédition théâtrale dès les années 1630.

Enfin, les deux opérations les plus fréquentes ont été, dune part, de mieux marquer les propositions indépendantes en remplaçant les virgules par des points-virgules ; dautre part, de supprimer systématiquement les virgules lorsquelles interrompent les liaisons syntaxiques fondamentales, en particulier en fin de vers : séparation du sujet et du verbe, du verbe et du complément dobjet direct ou indirect, du nom et de son complément. Lédition princeps utilise très couramment une virgule pour marquer la fin du vers et indiquer un léger suspens dans la lecture. Pour simplifier la présentation du texte et dans les cas où le signe sinterpose entre deux éléments forts de la phrase, nous avons opté pour la suppression.

Bien entendu, nous excluons de ce principe les cas dincise ou dapposition, nombreux sous la plume de Hardy. Il arrive que les incises et les appositions ne soient signalées que par une seule virgule ; nous avons alors généralisé lusage dun signe qui marque le début et la fin du syntagme.

Note sur la versification
dans le Théâtre dAlexandre Hardy

Pour éviter de surcharger les notes de bas de page, nous navons pas signalé les nombreux cas de diérèse dans le texte dAlexandre Hardy. Comme dans le théâtre versifié du xviie siècle, les mots terminés par -ion, -iance, -ience, les adjectifs terminés par -ieux, -ieuse, -ienne ou -iente, 32certains noms ou verbes qui ont un hiatus (mariage, piété, fier, lien mais aussi ruine, très fréquent, ou fuir) comportent des diérèses quil ne faut pas oublier de faire entendre pour que la mesure du vers soit juste.

Dautres usages sont moins connus parce quils sortent de la versification théâtrale peu de temps après Alexandre Hardy ; ils sont néanmoins fréquents dans son œuvre et nous avons choisi de ne pas les signaler systématiquement. Cette note éclaire les lecteurs sur trois spécificités de la versification au début du xviie siècle :

le [h] à linitiale dun mot est aspiré et fonctionne comme une consonne2 ; par conséquent, si le mot précédent sachève par un [e] muet, celui-ci se prononce comme cest le cas lorsquil se trouve devant une consonne. Ainsi dans ce vers de la Mort dAlexandre (« Déclare hardiment ce quajoutent les Dieux3 »), le premier mot « Déclare » contient trois syllabes ;

le [e] muet après une voyelle et devant une consonne se prononce et compte pour une syllabe. Il sagit dun héritage de la versification médiévale, encore très répandu au xvie et au début du xviie siècle4. Par exemple, dans « Ma vie soffrirait volontiers de rançon » (Aristoclée, acte III, v. 623), « vie » compte pour deux syllabes [vi-e]. Dans le théâtre dAlexandre Hardy, ces cas sont nombreux : nous nous sommes résolus à ne pas les indiquer par une note pour éviter les répétitions fastidieuses. Voici deux autres exemples qui montrent la variété des cas : « Convaincues sur lheure on vide ce procès ; » ([con-vain-cu-es], Phraarte, acte I, sc. 3, v. 287) ; « Ah sur le seuil ma Clitie mattend » ([Cli-ti-e], Triomphe dAmour, acte I, sc. 4, v. 406) ;

une conséquence de la règle précédente est que certaines désinences verbales qui contiennent un [e] muet, peuvent compter pour deux syllabes lorsquelles précèdent une consonne, alors quaujourdhui nous ne lirions quune seule syllabe. Cest le cas en particulier pour les verbes en ier, oyer ou oire (envoyer, guerroyer, ployer, croire, etc.), pour la désinence des troisièmes personnes du singulier et du pluriel du présent ou de limparfait. Les vers suivants sont des exemples pris 33au hasard : « Que le Ciel ici-bas envoie, désireux » ([en-voi-e], La Mort dAlexandre, acte III, sc. 2, v. 755) ; « Que mon sang épanché purifie mon crime » ([pu-ri-fi-e], Gésippe, acte III, sc. 1, v. 822) ; « Douze astres dessous lui sinfluent tour à tour » ([sin-flu-ent], Phraarte, v. 535) ; « Lhonneur, Tyran fâcheux, guerroie mon amour » ([gue-rroi-e], Phraarte, acte IX, sc. 5, v. 1427).

1 Alan Howe, art. cité, p. 135.

2 Voir G. Gougenheim, Grammaire de la langue française du xvie siècle, Paris, Picard, Connaissances des langues, 1974, p. 27-28.

3 Alexandre Hardy, La Mort dAlexandre, acte III, sc. 1, v. 679.

4 Voir M. Aquien, La Versification, Paris, P.U.F., Que sais-je, 1990, p. 15.