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Classiques Garnier

Recensions d'ouvrages

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Entreprise & Société
    2021 – 2, n° 10
    . varia
  • Auteurs : Pérez (Roland), Walliser (Élisabeth)
  • Pages : 179 à 189
  • Revue : Entreprise & Société
  • Thème CLIL : 3312 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Économie publique, économie du travail et inégalités
  • EAN : 9782406126980
  • ISBN : 978-2-406-12698-0
  • ISSN : 2554-9626
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-12698-0.p.0179
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 19/01/2022
  • Périodicité : Semestrielle
  • Langue : Français
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Bernard Billaudot (2021), Société, Économies et Civilisation – Vers une seconde modernité écologique et solidaire ?, La Plaine-Saint-Denis, EMSHA éditions – 3 tomes.

Recension par Roland Pérez

Les recensions douvrages qui viennent de paraitre constituent un passage obligé, à la fois pour les auteurs concernés pour qui cest un moyen de mieux faire connaitre leurs productions et pour les revues qui démontrent ainsi quelles suivent bien lactualité scientifique dans leur champ de référence. Pour les rédacteurs de ces recensions, la tâche est plus ou moins aisée en fonction des caractéristiques de louvrage (volume, style décriture, nature des items traités). Dans le cas de celui, sous revue, de Bernard Billaudot (BB), les indicateurs de difficulté se cumulent :

(i) Louvrage publié par les Éditions des Maisons des Sciences de lHomme Associées (EMSHA1) se présente, pour la version imprimée, en trois volumineux volumes, totalisant environ 1 500 pages, lesquelles sont en petits caractères (notamment les nombreux encarts et notes complémentaires), soit au total léquivalent dune bonne demi-douzaine douvrages de format classique.

(ii) Si lécriture est soignée, le texte est parfois difficile daccès ; lauteur ne cherchant pas à séduire des lecteurs, mais à aller le plus loin possible dans son raisonnement, lequel ne recourt pas à des schémas cognitifs simplistes, et dont lexposé nest pas particulièrement didactique, y compris dans le vocabulaire utilisé. Pour bien lire ce traité, il faut « savoir parler le Billaudot » ; heureusement, lintéressé a fait éditer aussi un « glossaire » qui « fournit les définitions des principaux termes du cadre conceptuel utilisé », avec les variantes relatives aux différentes situations étudiées ; cest précieux, mais lanalyse de cet ouvrage magistral demande un réel effort2.

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(iii) Les objectifs et les items traités sont eux-mêmes parmi les plus larges quils soient : rien de moins quune réflexion visant à « interpréter lhistoire de lHumanité ». Lauteur annonce cette ambition dès les premières lignes de présentation de son ouvrage :

« Explosion des inégalités partout dans le monde, impuissance des États face à la mondialisation économique et montée des nationalismes dune part, dérèglement climatique dorigine humaine et épuisement des ressources naturelles non reproductibles de lautre, lentrée dans le xxie siècle a tout de la fin dun monde »

BB ne se contente pas de dresser le constat déchec de la situation mondiale actuelle, il la relativise : « Divers mondes se sont succédé dans lHistoire. Celui qui prend fin sous nos yeux nest pas le monde moderne, mais seulement celui dune première modernité… Il ne signe pas la fin de lHistoire », prenant ainsi le contre-point de la prise de position, un peu hâtive, de F. Fukuyama, en 1989 (à la suite de la dislocation de lUnion Soviétique)

Lauteur se propose de dresser des scénarios quant à lavenir : « Cet ouvrage présente deux projets dits de seconde modernité : lun réformiste, lautre révolutionnaire ».

BB va plus loin en donnant son opinion personnelle : « Le projet réformiste a notre préférence » ; il le considère comme un « projet de refondation de la social-démocratie ». « Cet ouvrage voudrait y contribuer en forgeant une vision capable de combler le vide né de léchec du socialisme révolutionnaire et lépuisement du socialisme réformiste ». Une telle prise de position est parfaitement légitime comme citoyen, mais aboutit à changer le statut de louvrage, passant dun traité déconomie à un essai politique.

Les considérations précédemment exposées sont de nature à décourager plus dun lecteur et il est probable que peu de projets de recension seront finalisés, à limage du tapuscrit de cet ouvrage qui, compte tenu des mêmes considérations, a subi maintes rebuffades avant dêtre accueilli par EMSHA, pour une publication sur support numérique, en Open Edition Books.

Nous considérons que cette initiative dEMSHA est particulièrement heureuse pour plusieurs raisons convergentes :

Elle permet à un plus large public daccéder à lœuvre de Bernard Billaudot qui est – comme on le sait – un pilier de lEcole de la 181Régulation3. Au-delà de la gratuité procurée par lOpen Edition, il est possible daccéder directement à chacune des composantes de louvrage, facilitant ainsi leur accès.

Elle permet, en retour, à BB, de faire connaitre ses réflexions sur lévolution de notre civilisation et, au-delà, sur lavenir de lHumanité. Pour lui, « la rupture que représente lavènement dune seconde modernité est un changement de civilisation ». La diffusion de son travail lui permettra séchanger avec tous ceux qui sintéressent à ces problématiques existentielles.

Pour EMSHA le pari déditer ce gros ouvrage devrait savérer gagnant : notre conviction est quil sinscrira dans la liste restreinte des ouvrages majeurs publiés dans la décennie. Cette consécration devrait être progressive – au fur et à mesure que les personnes intéressées feront leffort dy accéder – ; elle sera accélérée si des chercheurs anglo-saxons, attentifs au French scientists, décidaient, à leur tour, de sy intéresser, comme cela a été le cas pour dautres éminents auteurs francophones…

En toute hypothèse, je suggère, aux lecteurs de la présente recension, de se faire eux-mêmes une opinion en accédant directement à cet ouvrage (cf, en annexe, la table des matières)

Table des matières de louvrage :

Avant-propos

Introduction générale – Malaise dans la modernité

Tome 1 : Déconstruction

Introduction – Déconstruction

Première partie : Les visions traditionnelles de la société moderne et leurs limites

Chapitre 1 : La vision classique : le couplage du Marché et de lÉtat de Droit

Chapitre 2 : La vision marxienne : le mode de production capitaliste comme infrastructure de la société moderne

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Conclusion de la première partie : Un bilan des limites communes aux deux visions traditionnelles

Deuxième partie : Le renouvellement des approches de la modernité du xixe au xxie siècle : une nouvelle vision postclassique et rien dautre que des contributions

Chapitre 3 : Un premier bilan à partir des nouvelles théories de lentreprise

Chapitre 4 : La nouvelle vision de la société moderne en termes de société de marchés et son inscription dans lhistoire de lhumanité

Chapitre 5 : Les apports de Max Weber, John Commons et Karl Polanyi (et leurs contradictions)

Conclusion de la deuxième partie : De la nécessité de reconstruire une autre vision que la vision postclassique

Tome 2 : Reconstruction

Introduction : Reconstruction

Troisième partie : Une vision générale et historique du vivre-ensemble des humains

Chapitre 6 : Quest-ce quune vision ?

Chapitre 7 : La vision générale dun groupement humain global

Chapitre 8 : Une fresque historique

Quatrième partie : Lespèce « société moderne »

Chapitre 9 : La caractérisation densemble de la société moderne

Chapitre 10 : Lordre économique de la société moderne et lentreprise

Cinquième partie : Une vision de la première modernité

Chapitre 11 : Le monde de première modernité

Chapitre 12 : Une vision densemble de la société de première modernité

Chapitre 13 : Lordre économique et lentreprise en première modernité : quel sens donner au capitalisme ?

Sixième Partie : La vision dune seconde modernité : deux modèles virtuels

Chapitre 14 : Le méta-monde de seconde modernité et ses implications

Chapitre 15 : Le modèle virtuel de lalternative

Chapitre 16 : Le modèle virtuel de la conjonction

Conclusion du tome 2 : Une vision de lhistoire de lhumanité

Tome 3 : Comprendre le xxie siècle

Introduction : Comprendre le xxie siècle

Septième Partie : Lentrée en crise du modèle de première modernité : les révélateurs

Chapitre 17 : La « crise de 2008 »

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Chapitre 18 : Les problématiques du développement durable et de la responsabilité sociale de lentreprise

Chapitre 19 : La crise de la social-démocratie historique

Conclusion du tome 3 : Mondialisation et construction européenne

Conclusion générale : Quel progrès pour le xxie siècle ?

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Alain Burlaud, Franck Bournois (2021), Lenseignement de la gestion en France : identité, défis et enjeux, Caen, Éditions Management & Société (EMS), 452 p.

Recension par Élisabeth Walliser

Toute communauté scientifique consacre lessentiel de son activité à produire des connaissances qui sont utilisées par les publics concernés, qui saccumulent et évoluent au cours du temps et en fonction des différentes contributions reçues. Il est cependant parfois souhaitable de mener une activité autocentrée, une « recherche sur la recherche », permettant de faire le point sur létat des lieux, un bilan détape permettant dapprécier le chemin parcouru avant denvisager létape suivante… Ces moments de réflexion doivent rester rares et significatifs ; pour les personnes, cela peut être la préparation dune HDR ou dun concours de recrutement ; pour une institution ou un collectif à loccasion dune date anniversaire significative.

Cest cette dernière situation qui a été à lorigine du présent ouvrage : en effet, lannée 1819 a connu deux initiatives novatrices dans le domaine de lenseignement de la gestion en France : dune part une nouvelle chaire dite d« économie industrielle » au CNAM ; dautre part un établissement dédié : Ecole Spéciale de Commerce et dIndustrie de Paris (qui deviendra lESCP). Lannée 2019 correspondait donc au double centenaire de ces deux créations et cela na pas échappé aux initiateurs du présent ouvrage : Alain Burlaud ayant fait une grande partie de sa 184carrière au CNAM et restant proche de lESCP dont il est diplômé ; Frank Bournois dirigeant ce dernier établissement qui est, en quelque sorte, le doyen des établissements français consacrés entièrement à lenseignement de la gestion. Comme, par ailleurs, lun et lautre ont assumé des responsabilités variées dans ce secteur de lenseignement supérieur en France4, ils étaient particulièrement légitimes pour mener cette réflexion autocentrée de lenseignement de la gestion sur son évolution depuis ces initiatives de 1819 à nos jours.

Pour autant, les responsables de cet ouvrage nont pas souhaité se contenter de faire œuvre dhistoriens ou de sociologues ; ceci pour plusieurs raisons : tout dabord parce-que ce nétait pas vraiment leur spécialité scientifique ensuite, plusieurs travaux éminents y ont été consacrés5 ; et surtout lun et lautre souhaitaient, au-delà de la restitution des faits marquants qui ont construit la gestion comme discipline académique, poser les « enjeux » qui se posent actuellement aux responsables de ce secteur denseignement et qui sont autant de « défis » à surmonter. Ce choix de positionnement était délibéré, les deux coordinateurs ayant un objectif praxéologique : produire un ouvrage de référence pouvant servir aux acteurs concernés, notamment aux responsables publics et privés du secteur, dans leur évaluation de la situation actuelle et dans leurs décisions engageant lavenir.

Le fait davoir connu « de lintérieur » le fonctionnement du secteur denseignement de la gestion en France, au sein duquel ils ont été eux-mêmes des acteurs importants, présente des avantages évidents en termes de connaissance du terrain étudié, mais, en revanche, cela pouvait présenter un biais méthodologique, à linstar de toute recherche-observation menée par des chercheurs impliqués professionnellement 185dans le domaine étudié. Les deux coordinateurs de louvrage ont tenté de remédier à ce biais potentiel en sentourant dun conseil scientifique composé de six membres6, dont chacun a été également un acteur actif du secteur concerné et pouvant donc présenter un biais méthodologique comparable, mais dont les spécialités, les localisations, les institutions de rattachement, voire les orientations doctrinales, sont assez variées pour globalement constituer une protection vis-à-vis des risques encourus, en donnant à lensemble du projet éditorial une légitimité incontestable. Ce conseil scientifique a fonctionné à linstar dun comité éditorial pour un congrès ou une revue. Il a, selon les termes des coordinateurs, conseillé ces derniers pour, dune part « choisir les thèmes qui devaient être abordés et choisir les auteurs » (p. 17), dautre part « relire, valider, émettre des réserves sur toutes les contributions » (p. 17). Au total, louvrage a mobilisé près dune quarantaine de personnes7, permettant, in fine, daboutir à un ouvrage imposant : 452 pages réparties, hors introduction et conclusion, sur trois parties et vingt-deux chapitres.

La structure de louvrage reflète cette volonté dapproches diversifiées. Après une introduction au cours de laquelle les initiateurs du projet ont présenté celui-ci et leur méthode de travail, une première partie (150 pages, 8 chapitres) est intitulée « Emergence et institutionnalisation des sciences de gestion ». Les quatre premiers chapitres, orientés vers « lémergence », commencent par une présentation historique (Gilles Gouteux) de lenseignement de la gestion en France, lequel est apparu hors de luniversité – avec les initiatives de 1921 rappelées ci-dessus – et sest progressivement développé sur le modèle des « grandes écoles ». Puis sont successivement présentées les initiatives prises par le secteur public pour introduire la gestion dans le système universitaire :

Eric Lamarque et Maurice Saïas ont rappelé la création, en 1955, des Instituts de préparation aux affaires (IPA) ou Instituts dadministration des entreprises (IAE), permettant doffrir une « double compétence » en ajoutant la gestion à une formation initiale dans une autre discipline (droit ou économie, sciences exactes ou ingénierie).

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Bernard Dizambourg et Alain Strazziéri ont présenté les formations professionnelles dites « courtes », quont constitué les IUT, créés en 1966 dans les universités, élargissant ainsi loffre de formation constituée par les BTS préparés dans les lycées.

Bernard de Montmorillon a présenté le cas spécifique qua constitué la création, dans la foulée de la grande réforme universitaire de 1968, de Paris Dauphine : centre expérimental devenu une université de plein exercice, puis plus récemment « grand établissement » lui-même composante du nouveau pôle Paris Sciences & Lettres (PSL).

Les autres chapitres de cette partie traitent plus directement de linstitutionnalisation de la nouvelle discipline, successivement intitulée « administration des entreprises », « gestion des entreprises », « sciences de gestion », « management ». La formation des enseignants dans ce nouveau secteur de formation étant devenue une priorité et celle pratiquée en Amérique du Nord constituant la référence, des programmes de formation dans cette région ont été lancés, par lintermédiaire de la FNEGE créée en 1968. Geneviève Causse, qui a fait partie de cette première vague, en donne témoignage. Progressivement, les établissements français ont acquis de limportance et Delphine Manceau peut même se demander sils sont devenus une référence internationale. Pour autant les enseignants-chercheurs en gestion forment-ils une communauté scientifique reconnue, à linstar des disciplines plus anciennes ? Marc Nikitin apporte une réponse nuancée à cette question, compte tenu des réticences observables tant dans les médias que chez les praticiens du management. Pour vaincre ces réserves, Michel Kalika et Maurice Thévenet constatent un changement de paradigme dominant de la qualité académique à limpact managérial.

La seconde partie de louvrage, la plus étoffée (215 pages, 11 chapitres) traite des « défis et enjeux de lenseignement et de la recherche en sciences de gestion ». Plusieurs sujets, relativement distincts mais complémentaires, sont abordés :

Tout dabord celui du corps enseignant, déjà abordé ci-dessus ; il sest considérablement développé ces dernières décennies, tant au niveau des écoles consulaires ou privées, que dans les universités. Véronique des Garets et Annie Médina notent, dans chacun des deux réseaux quelles connaissent bien, une professionnalisation croissante.

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Ensuite sur le rôle de lÉtat qui se trouve à la fois impliqué directement pour les établissements publics et en position de régulateur pour lensemble du secteur. Cette dualité a donné lieu à une table-ronde regroupant autour dAlain Burlaud et des observateurs du monde de la gestion (Marianne Blanchard, Olivier Rollot), des membres du Comité scientifique (Jean-Pierre Helfer, Roland Pérez) et des collègues en charges de responsabilités (Aude Deville, Isabelle Huault). Si lÉtat joue un rôle clé via les politiques dhabilitation des diplômes, le marché a lui une influence décisive via les mécanismes daccréditation internationale particulièrement sensibles pour les écoles, au point que Philippe Lorino et Nicolas Mottis se demandent si ces dernières vivent « un dérapage contrôlé ou un saut dans le ravin ? » (p. 221). Une articulation entre intérêts nationaux et relations internationales parait cependant possible pour Bernard Ramanantsoa pour qui les meilleurs établissements (dont HEC évidemment) peuvent être des « vecteurs de la diplomatie dinfluence de la France » (p 233).

Par ailleurs, plusieurs points plus techniques font lobjet de développements spécifiques : ainsi, sur la formation en alternance (Geneviève Causse), sur lévolution de la pédagogie entre savoirs daction et formation scientifique (via des exemples vécus à HEC sur vingt ans), sur lincidence du numérique (Aurélie Dudezert, Jean-Fabrice Lebraty et Katia Lobre). Parfois, les contributeurs nhésitent pas à aborder un sujet qui fait polémique, tel que celui des classements des revues de recherche, dont Jean-Philippe Denis et Aurélien Rouquet dénoncent « les effets pervers » (p. 303).

Enfin, sont présentées des questions financières qui sont parfois difficiles tant pour les établissements universitaires (Marie-Pierre Mairesse) que pour les autres établissements de formation, comme elles lont été pour les établissements de santé (Edgar Gnanou). Cette situation est encore plus préoccupante pour les étudiants et leurs familles qui pourraient connaitre en France une vague dendettement à linstar de celles constatées dans dautres pays, notamment anglo-saxons (Catherine Desjacques).

La troisième partie de louvrage (36 pages, 2 chapitres + conclusion) est en fait une synthèse dressée par les deux coordinateurs de louvrage, conscients probablement que le nombre et la variété des thèmes traités, ainsi que la diversité des formes délibérément acceptées pour leur 188présentation, pouvaient donner limpression dun cocktail un peu hétérogène. Pour cela, Alain Burlaud et Frank Bournois ont rassemblé leur propos autour de deux questions globales : « doù venons-nous ? », puis « quels futurs ? ». Pour eux, ces interrogations étaient complémentaires : lanalyse de lévolution passée étant nécessaire à la compréhension de la situation actuelle et de son évolution à venir. Après avoir synthétisé les différentes périodes qui ont marqué le secteur de lenseignement de la gestion en France ces dernières décennies, ils en rappellent les principaux enjeux qui sont autant de défis à surmonter. Ils terminent par une sentence prudente : « une réflexion, si possible collective, est préférable à larrogance de lignorance pour faire les meilleurs choix » (p. 424).

Cet ouvrage collectif apporte, à notre sens, une contribution à plusieurs niveaux.

En termes de contenus thématiques, ces derniers sont nombreux et devraient intéresser plusieurs catégories de personnes concernées par lenseignement de la gestion :

les membres de la communauté académique en premier lieu : les enseignants eux-mêmes évidemment et ceux qui aspireraient à exercer ce métier exigeant ; les étudiants et autres usagers de ces enseignements de gestion ; les responsables des équipes pédagogiques et des établissements concernés

les partenaires de cette communauté académique : en premier lieu les entreprises et autres organisations susceptibles demployer les étudiants formés dans les établissements de gestion ou de recourir à leurs services (formation continue, alternance…) ; également les autorités de tutelles, quelles soient étatiques ou professionnelles (Chambres de commerce et dindustrie, fonds dinvestissements, …).

Par ailleurs, sagissant dune réflexion autocentrée émanant dune communauté académique, celle des enseignants de gestion dans la France contemporaine, le résultat de cet exercice collectif ouvre dautres pistes de réflexion :

auprès dautres communautés scientifiques en France pour mieux cerner les spécificités de la gestion par rapport à dautres champs disciplinaires

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auprès de communautés comparables dautres pays (notamment en Europe) afin détudier si les trajectoires suivies et les enjeux et défis sont semblables ou non

Dans cette double perspective, une coopération scientifique entre les membres du collectif de rédaction engagés dans cette réflexion collective auto-centrée et des collègues dautres disciplines et dautres pays, pourrait apparaitre souhaitable pour lélargissement et le prolongement du présent ouvrage.

Mais, il convient davancer pas à pas et envisager cet élargissement à loccasion dune nouvelle édition du « B & B » – comme tend à être déjà appelé ce traité remarquable. Espérons que cette nouvelle initiative sera menée à bien avant le troisième centenaire des initiatives fondatrices de 1819 !

1 LEMSHA est une initiative éditoriale, prise en partenariat par les MSH de Nanterre, Saclay et Saint-Denis, en vue de publier, en format numérique, des travaux relevant des SHS (https://books.openedition.org/emsha/ consulté le 25 août 2021)

2 Dexpérience, disons un mois pour prendre le temps dassimiler la trentaine de textes composant louvrage (cf liste en annexe)

3 Cf notamment « Régulation et croissance », LHarmattan, 2001 ; « Lordre économique de la société mondiale », LHarmattan, 1996 ; « Croissance et crises » (avec A. Gauron), La Découverte, 1985.

4 Pour Alain Burlaud, les présidences des jurys dexpertise comptable, de la section « 06 Sciences de gestion » du Conseil National Universitaire (CNU), de lAssociation Francophone de Comptabilité (AFC) et de lInternational Federation of Scholarly Associations of Management (IFSAM) ; pour Frank Bournois, les présidences de la Commission dEvaluation des Formations et des Diplômes de Gestion (CEFDG), du concours dAgrégation en Sciences de gestion et de la commission formation de la Conférence des Grandes Ecoles (CGE).

5 Cf. notamment Blanchard (2015), Les Ecoles supérieures de commerce : sociohistoire dune entreprise éducative en France, Paris, Garnier ; Chessel & Pavis (2001), Le technocrate, le patron et le professeur : une histoire de lenseignement supérieur de gestion, Paris, Belin ; Garel & Godelier (2004), Enseigner le management. Méthodes, institutions, mondialisation, Paris Hermès ; Pavis (2003), Sociologie dune discipline hétéronome. Le monde des formations en gestion entre universités et entreprises en France 1960-1990, Thèse Université Paris 1.

6 Bernard Colasse, Jean-Pierre Helfer, Michel Kalika, Roland Pérez, Hervé Stolowy et Jaques Rojot (ce dernier est décédé en avril 2020 avant la publication de cet ouvrage).

7 Exactement 39 comprenant les 2 coordinateurs, les 6 membres du CS et 31 contributeurs.