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Classiques Garnier

Recensions d’ouvrages

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Entreprise & Société
    2019 – 2, n° 6
    . varia
  • Auteur : Zimnovitch (Henri)
  • Pages : 163 à 171
  • Revue : Entreprise & Société
  • Thème CLIL : 3312 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Économie publique, économie du travail et inégalités
  • EAN : 9782406107859
  • ISBN : 978-2-406-10785-9
  • ISSN : 2554-9626
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10785-9.p.0163
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 26/10/2020
  • Périodicité : Semestrielle
  • Langue : Français
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Patrick Boisselier, Les ravages de lidéologie dominante. La société française menacée, Préface dAlain Bauer (2019), Versailles, VA éditions, 196 p.

Henri Zimnovitch

Professeur au CNAM – LIRSRA

Après Capital et idéologie de léconomiste Thomas Piketty, cest un professeur de gestion qui parle de lidéologie pour réfléchir aux problèmes de notre société. Si, pour le premier, les angles dattaque sont les inégalités et les droits de propriété, pour le second, les menaces sont : dérèglement climatique, épuisement des ressources naturelles, démographie exponentielle, mouvements identitaires et/ou radicaux. Ce qui, pour Boisselier, pose la question de savoir quelle idéologie pourrait porter les sociétés du xxie siècle « pour contrer des mouvements purement réactionnaires, des idéologies destructrices de ressources tel le néo-libéralisme ou régressives tels lIslam extrémiste ou le créationnisme » (p. 31).

Une des différences entre les deux ouvrages tient au fait que, chez Piketty, on a une démarche scientifique, appuyée par un outil statistique, prédominante, sans que la dimension politique ne soit absente, chez Boisselier, cette dernière est hégémonique. On a affaire à un livre de conviction, on serait tenté de dire une profession de foi tant le discours est orienté sur la question religieuse pour dénoncer en des termes militants les dogmes monothéistes et particulièrement ceux défendus par lIslam du fait de limportance contemporaine de sa dimension intégriste. Lauteur nous livre avec la même force son credo sur dautres thèmes : lart, le transhumanisme…

Au total, lavenir paraît bien sombre, dans la veine des diagnostics déclinistes. Dans son dernier chapitre, « pour une idéologie du réel », lauteur esquisse des solutions qui lui semblent à même dinfléchir la courbe. La dénatalité lui paraît une voie, il est vrai que les citations de Malthus reprises pas Boisselier, pour une situation rencontrée par lhumanité il y a deux siècles, ont une actualité bien réelle. On sait aussi ce que disait Marx de Malthus : « il ny a quun seul homme de trop sur terre, et cest Malthus ! ». Il existe sans doute un juste milieu entre 164les deux grands penseurs ? On ne peut, en revanche, quêtre daccord avec ses appels à la sobriété pour sopposer à la recherche effrénée de bonheur par la consommation proposée par lidéologie néo-libérale ou encore ses appels à la laïcité et à légalité.

Mais comment faire advenir cette réalité dans un contexte où la France ne peut compter quau travers dune Union européenne, et bien peu quand on sait les divisions qui existent entre les nations qui la composent alors que les États-Unis et la Chine constituent des forces puissantes dopposition pour ne rien dire de la Russie et du Brésil ? Boisselier souhaite une nouvelle gouvernance politique, plus proche des aspirations de la population, moins tenue par une élite technocratique. Vaste débat.

On regrette quil ne consacre pas une réflexion sur la gouvernance des entreprises, dautant quil est expert-comptable. Cest lorsquil traite des questions directement reliées à sa compétence, comme la finance, quil est le plus convaincant. Il tient également un discours pertinent sur les institutions denseignement de la gestion avec cette particularité française dune segmentation université et grandes écoles. Enfin, il consacre un chapitre sur la comparaison des épistémologies entre sciences dures et sciences sociales, inspirées de ses enseignements sur la méthode de recherche en gestion, qui ouvre sur un débat quil serait profitable dapprofondir, notamment pour éviter toute dérive scientiste ou scolastique.

Le texte est clair, structuré et enrichi de références multiples, on saluera notamment le recours à des penseurs contemporains originaux (G. Bronner, F. De Smet…) qui ouvrent des horizons intéressants. Pour recommander la lecture du livre de Boisselier, on ne peut mieux faire que citer son préfacier, Alain Bauer : « un ouvrage pour nourrir la réflexion à lire sans modération ».

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Thomas Piketty, Capital et idéologie (2019), Paris, Seuil, 1232 p.

Henri Zimnovitch

Professeur au CNAM – LIRSRA

On retrouve dans Capital et idéologie plusieurs des thèmes abordés dans Le capital au xxie siècle, succès mondial, que Piketty avait publié en 2013, et dabord une réflexion sur les inégalités. La méthode est également commune : un outillage statistique, une profondeur historique, une vision transnationale, la mobilisation de références littéraires et cinématographiques. Des solutions qui font appel à la fiscalité, à la coopération internationale. Un regard épistémologique sur les sciences économiques et leur place dans les sciences sociales.

Lun des apports de ce nouvel opus est de considérer les thèmes précédemment étudiés en regard des idéologies (dans leurs dimensions sociales, économiques et politiques) qui justifient les inégalités et structurent lorganisation des sociétés dans ses fonctions régaliennes et ses droits de propriété, car « chaque régime inégalitaire repose au fond sur une théorie de la justice » (p. 837). Pour lauteur, « toutes les sociétés humaines ont besoin de justifier leurs inégalités [] afin dorganiser les rapports entre les groupes sociaux et les relations de propriété et de frontière » (p. 1111). Il insiste dans son livre sur ces dernières relations car « chaque régime inégalitaire, chaque idéologie inégalitaire, repose sur une théorie de la frontière et une théorie de propriété » (p. 17). La frontière permet de distinguer qui fait partie dune communauté et comment celle-ci se gouverne : cest dans une large mesure la question du régime politique ; la propriété, elle, détermine ce qui peut être possédé : hommes, actifs corporels, incorporels et financiers. « Cette question du régime de propriété, avec celles du régime éducatif et du régime fiscal, a un impact structurant sur les inégalités » (p. 18). Or, pour lauteur, « linégalité sociale na jamais rien de naturel ; elle est toujours profondément idéologique et politique » (p. 484).

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Plusieurs recherches ont mis en évidence un sévère creusement des inégalités ces quarante dernières années et les menaces qui en découlent sur le plan politique et écologique. Pour y répondre, Piketty considère « [qu]il est essentiel de décrire la généalogie historique afin de mieux pouvoir analyser les enjeux du présent » (p. 391). Cela le conduit à une étude portant sur les cinq cents dernières années, plus précisément sur le xixe et le xxe siècle, compte tenu de la disponibilité de sources statistiques. Ce faisant, lauteur prend soin de se démarquer de tout projet déterministe univoque car, écrit-il, « le rôle de la recherche historique est précisément dillustrer lexistence dalternatives et de bifurcations, en fonction des rapports de force politico-idéologiques entre les différents groupes en présence » (p. 450). Une histoire qui couvre lEurope, lAmérique, lAsie et lAfrique car il faut « relativiser limportance des déterminismes culturels et civilisationnels, et insister sur limportance des logiques sociopolitiques et événementielles dans la transformation des régimes inégalitaires » (p. 430). Les dix-sept chapitres dont le livre est composé se répartissent en quatre parties : « Les régimes inégalitaires dans lhistoire », « Les sociétés esclavagistes et coloniales », « La grande transformation du xxe siècle », « Repenser les dimensions du conflit politique ».

La première partie débute avec lanalyse des inégalités trifonctionnelles en France au Moyen Âge quand la noblesse et le clergé possédaient lessentiel des terres, bénéficiaient largement du système fiscal et cumulaient propriété et pouvoirs régaliens. Un régime inégalitaire aux dépens du Tiers État qui trouvait sa justification dans la stabilité sociale et par la religion : « idéologie politique explicite » (p. 155). Une situation dont Piketty retrouve les principaux traits sur cette période en Espagne, au Royaume-Uni, en Irlande et en Suède. Dans le cas de la France, la Révolution de 1789 va jouer un rôle spécifique pour « linvention des sociétés de propriétaires » même si ailleurs également « lidéologie trifonctionnelle a progressivement été remplacée par lidéologie propriétariste, fondée sur une séparation stricte entre le droit de propriété (réputé ouvert à tous) et les pouvoirs régaliens (désormais monopole de lÉtat centralisé) » (p. 483). Cette société qui sacralise la propriété, prétend donner à chacun les mêmes chances et justifier les inégalités par le mérite personnel, lesprit dentreprise quand il est favorable à lintérêt général, va perdurer en Europe au cours du xixe siècle 167et jusquau début du suivant. Une période qui correspond à une très forte dérive inégalitaire. Pourtant, la question dune répartition plus juste des richesses, notamment en usant dun mécanisme fiscal pour parvenir à une redistribution fut posée. Mais la crainte quen entamant ce débat, on ne débouche sur le chaos fit reculer toute mise en œuvre, telle la boîte de Pandore quil vaut mieux ne jamais ouvrir de peur de ne savoir comment la refermer.

Cet argument « pandorien » (p. 422) ne fut pas propre à la France de cette époque, comme lobserve Piketty, il se retrouve chaque fois que la propriété est mise en cause. Ainsi, quand il étudie, dans un chapitre de la deuxième partie, linégalité extrême des sociétés esclavagistes, cest la justification qui apparut pour indemniser les propriétaires desclaves en France, en 1848, mais aussi au Royaume-Uni, aux États-Unis ou au Brésil. Alors quaucune mesure de compensation ne fut envisagée pour les esclaves, si lon excepte la promesse faite par les Nordistes, lors de la guerre de sécession, de leur accorder à chacun, après la victoire, « une mule et 40 acres de terres » (p. 283), promesse qui ne fut pas tenue ! Cette deuxième partie étudie également limpact du colonialisme européen sur le reste du monde : Afrique, Chine, Japon, Iran, pays arabes, Inde. Autant de situations qui permettent à Piketty de comprendre les invariants des régimes inégalitaires mais aussi « la multiplicité des trajectoires et bifurcations possibles » (p. 378). Le cas de lInde avec ses castes fait lobjet du chapitre huit, il offre un exemple particulièrement édifiant, notamment dans la manière par laquelle la République indienne sattaqua aux inégalités statutaires, après lindépendance de 1947, en menant une politique de discrimination positive, de quotas. Ce nest pas par souci dexotisme que Piketty prend la peine dentreprendre cette réflexion sur lInde mais parce quil a la conviction que « cest en prenant pleinement la mesure des succès et des limites de lexpérience indienne quil sera possible daller plus loin dans le dépassement des inégalités sociales et statutaires anciennes » (p. 426). Une remarque quil étend au reste du monde.

Bien que la troisième partie occupe le nombre de pages le plus important, presque autant que les deux premières réunies, il est possible de passer rapidement sur certains des épisodes qui la composent car ils embrassent des évènements largement connus : ceux qui vont de la fin de la Première Guerre jusquà nos jours. Piketty met laccent sur 168leffondrement des inégalités et de la propriété privée en Europe suite, dune part, aux guerres mondiales, à la révolution soviétique et la crise des années 30 et, dautre part, à linstauration dune fiscalité progressive sur les revenus et le patrimoine accompagnée dune politique sociale dans plusieurs pays européens et aux États-Unis avec le New Deal. Il convient de revenir sur le cas de la Suède, dont lexemplarité en matière de social-démocratie, souvent citée, est généralement rapportée à la culture nordique. Or il nen est rien. Encore au début du xxe siècle, le pays présentait des inégalités criantes et une démocratie « hypercensitaire » : le nombre de bulletins de vote possédés par chaque électeur était indexé sur sa fortune : un même individu pouvait cumuler jusquà 100 voix ! Lauteur en tire la leçon que rien nest figé dans lhistoire dun pays, une situation peut changer très rapidement. Sur la période qui court jusquaux années 1960, et pour lensemble des pays occidentaux, Piketty relève un second enseignement porteur despérance : une forte croissance économique accompagnée de hauts taux dimposition. Des faits en contradiction avec les idées néolibérales qui dominent depuis les années 1980, jusques et y compris dans les sociétés postcommunistes, selon lesquelles il faudrait baisser la fiscalité pour libérer les énergies et favoriser le progrès. Ce qui a conduit à lidée selon laquelle « lambition redistributive nétait au fond pas nécessaire, et que lautorégulation des marchés et leur extension maximale à léchelle européenne et mondiale suffisaient à définir un nouvel horizon politique » (1003), avec pour conséquence un creusement des inégalités en matière de patrimoine, de revenus et déducation.

Ce dernier point fait lobjet dune réflexion dans la quatrième partie pour « repenser les dimensions du conflit politique ». Pour comprendre les changements dhabitudes électorales survenus depuis les années 1950, une donnée essentielle est laugmentation des diplômés de lenseignement supérieur dans le monde, qui ne concernait jusque-là que les États-Unis. Or le vote de cette population sest porté, depuis les années 1980, sur la gauche, attirée par les positions de celle-ci sur les questions de santé, déducation, de culture… Ce qui a conduit les partis sociaux-démocrates à séloigner des questions « classistes » traditionnelles de redistribution des richesses. À droite, sur cette période, le courant libéral a accompagné le mouvement de mondialisation générale. Piketty distingue ainsi : « la “gauche brahmane” [qui] croit dans leffort et le mérite scolaire ; 169[et] la “droite marchande” qui insiste sur leffort et le mérite dans les affaires » (p. 896). La conséquence de cette segmentation fut lapparition de mouvements politiques mettant laccent sur le thème de la frontière, du « nativisme », discours capables dattirer les classes populaires qui ont le sentiment dêtre les perdants de la globalisation. Combattre ce « populisme », pour lauteur, cest engager une réflexion pour renouveler « les institutions sociales, fiscales et politiques susceptibles de contribuer à la mise en place dune société plus juste » (p. 1109). Ce à quoi il consacre la suite de son ouvrage. Lauteur avait fait précédemment le constat que « la construction européenne sest surtout illustrée par sa défense des principes de la concurrence “libre et non faussée”, et a été généralement perçue comme une force hostile ou indifférente au développement de lÉtat social » (p. 642). Il avait dressé les contours de ce que pourrait être un « social-fédéralisme en Europe » doté dune souveraineté parlementaire européenne avec un budget conséquent et un impôt commun progressif (p. 1026-1040) capable de résorber les dettes publiques (1046-1050). Dans le dernier chapitre : « Éléments pour un socialisme participatif au xxie siècle », il reprend les axes de réformes nécessaires sur le plan démocratique et fiscal, cette fois à léchelle mondiale quon ne détaillera pas ; nous névoquerons que celles qui concernent plus particulièrement la revue Entreprise & Société, notamment dans ses travaux sur la cogestion. Sinterrogeant sur les conditions dune propriété juste, Piketty considère que « cela exige de développer de nouvelles formes de propriété sociale, de partage des droits de vote et de participation à la prise de décision dans les entreprises. Cela demande également de remplacer la notion de propriété privée permanente par celle de propriété temporaire, au travers dun impôt fortement progressif sur les propriétés importantes permettant de financer une dotation universelle en capital et dorganiser une circulation permanente des biens et de la fortune » (p. 1112).

Ce nest pas un livre qua fait Piketty, cest une encyclopédie : de la baisse du pourcentage du clergé et de la noblesse dans la population masculine depuis 1380, jusquaux revendications dindépendance de la Catalogne ou à lanalyse des sommets dinégalités atteints au Moyen-Orient de nos jours. Louvrage foisonne de récits, tous intéressants. Sont-ils tous nécessaires pour soutenir les thèses défendues par lauteur ? Celles-ci sont servies par un appareillage statistique impressionnant et sont illustrées par des graphiques très éclairants. Sont-ils toujours convaincants ? 170Lauteur prend soin en introduction den rappeler les limites (p. 23). Dès lors, on aimerait quil se montre davantage prudent dans les conclusions quil en tire parfois. Considérer quil ny a pas incompatibilité entre une fiscalité appuyée et une forte croissance économique sur la base des statistiques enregistrées entre la fin de la Seconde Guerre et le début des années 1970 pour les États-Unis, peut être contesté. Tant dautres facteurs ont pu influencer la croissance sur cette période, à commencer par les cycles de Kondatrieff. Dautres exemples nous font penser que, chez Piketty, le « politique » prend parfois le pas sur le « savant ».

Avec raison, il nous dit que « seul le croisement des approches économiques, historiques, sociologiques, culturelles et politiques peut permettre de faire quelques progrès dans notre compréhension des phénomènes socio-économiques » (p. 1197). Il faut rendre grâce à lauteur davoir donné lexemple et considérer que cest rendre hommage à ses qualités exceptionnelles de lui en demander davantage en mobilisant de surcroît la psychologie et la philosophie. Pour lauteur, il ne fait pas de doute que, passé un certain seuil de fortune, lincitation financière est superflue, voire nuisible (p. 831). Mais comment en être sûr ? Existe-t-il la moindre enquête sur les motivations des entrepreneurs sur ce sujet ? Sait-on « à quoi servent les riches1 » ? Seul Ubu peut affirmer avec sérénité : « Jai lhonneur de vous annoncer que pour enrichir le royaume je vais faire périr tous les Nobles et prendre leurs biens. » Sur le plan philosophique, les conceptions de Piketty en matière de justice mériteraient dêtre approfondies. Il est fait allusion aux principes défendus par Rawls (p. 1114), mais apprendre que lobjectif de lauteur est « de permettre aux membres les moins favorisés de bénéficier des conditions dexistence les plus élevées possibles » (p. 1113) est un peu court, peu de monde serait en désaccord. Quant à la thèse selon laquelle « les idées et les idéologies comptent dans lhistoire » (p. 1191), on voit mal qui y ferait objection. Certainement pas Marx auquel il nest jamais fait explicitement référence dans le livre. Bien sûr on comprend que Piketty prend ses distances avec le matérialisme dialectique, mais on regrette quil ne renforce ses propos par un appareil conceptuel qui donnerait davantage de force à ses propositions, dont il perçoit lui-même ce quelles peuvent avoir didylliques. On pourrait dire utopiques et lon sait tout le mal que pensait lauteur du Capital dun socialisme qui sen réclamait.

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Reste un travail de titan, dune qualité exceptionnelle, qui ne sattaque à rien moins quaux risques de destruction planétaire auxquels nous faisons face. Si lon ajoute à cela la notoriété mondiale atteinte par lauteur, on tient là un ouvrage majeur capable dinfluencer profondément ce xxie siècle.

1 Titre dun dossier du Monde daté 29 octobre 2019 qui laisse la question ouverte.