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Classiques Garnier

« Stratégie d’innovation par le design thinking et engagement RSE Le cas d’Hutchinson »

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Entreprise & Société
    2018 – 1, n° 3
    . varia
  • Auteur : Fagbohoun (Sandra)
  • Résumé : Bien que ces dernières années, l’étude du lien entre les pratiques d’innovation et l’engagement RSE ait nourrit un nombre croissant d’articles en sciences de gestion, ces travaux ont rarement éclairé les moyens par lesquels ces pratiques peuvent renforcer l’engagement RSE. Cette étude montre que l’intégration des parties prenantes dans une stratégie d’innovation et de créativité et la mise en place d’un contexte organisationnel favorable, consolident les relations entre innovation et RSE.
  • Pages : 163 à 184
  • Revue : Entreprise & Société
  • Thème CLIL : 3312 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Économie publique, économie du travail et inégalités
  • EAN : 9782406084273
  • ISBN : 978-2-406-08427-3
  • ISSN : 2554-9626
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08427-3.p.0163
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 22/08/2018
  • Périodicité : Semestrielle
  • Langue : Français
  • Mots-clés : Stratégie d’innovation, RSE, Design Thinking, étude de cas
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« StratÉgie dinnovation par
le Design Thinking et engagement RSE

Le cas dHutchinson »

Sandra Fagbohoun

ESDES – The Business School
of UCLy, Université de Lorraine,
Laboratoire BETA
(UMR CNRS 7522)

INTRODUCTION

La littérature en management stratégique a étudié les raisons qui poussent les organisations à adopter une stratégie de Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) (Tang et al., 2012 ; Surroca et al., 2010 ; Le Bas et Cabagnols, 2006), et en particulier celles en référence aux démarches dinnovation (Bérard et al., 2013 ; Ernult et Hamdouch, 2013 ; Bocquet et Mothe, 2013). Cependant, beaucoup de ces recherches se focalisent sur le sens « engagement RSE  démarche dinnovation », et très peu de travaux lont étudié dans le sens inverse. Or, le sens du lien revêt une signification distincte. Ainsi, si, dans le premier sens, il sagit de dire que la RSE peut permettre dimpliquer davantage les salariés dans des dynamiques dinnovation (Ingham et al., 2011), dans le second, ce sont les pratiques dinnovation qui peuvent conduire à renforcer lengagement RSE dune entreprise (Berger-Douce, 2011). Or, mieux comprendre les deux sens du lien nous semble particulièrement intéressant. Nous pourrons ainsi appréhender comment une entreprise peut adopter une 164trajectoire co-évolutive de lengagement RSE à linnovation et de la stratégie dinnovation à lengagement RSE. Mais pour cela, il savère nécessaire de bien comprendre comment linnovation peut influencer cet engagement.

Ce papier entend présenter une analyse exploratoire, menée à partir dune recherche-intervention autour de lintégration du Design Thinking au sein de lentreprise Hutchinson. Ainsi, létude empirique nous conduit à nous concentrer sur cette méthode spécifique de management de linnovation. Nous verrons comment la stratégie dinnovation par le Design Thinking peut renforcer lengagement RSE des entreprises.

Cet article est structuré en cinq temps. Nous expliquons le cadre conceptuel spécifique à notre question. Puis, nous présentons le cas étudié et la méthodologie de recherche adoptée. Ensuite, nous exposons les résultats obtenus et enfin nous les discutons. Nous finissons par proposer des apports et des perspectives en vue de recherches complémentaires.

I. CADRE CONCEPTUEL DE LÉTUDE

La première partie de larticle développe les liens RSE-innovation (I.1), approchés, ensuite, à travers le Design Thinking, en tant que méthode de management de la créativité et de linnovation (I.2).

I.1. Liens entre RSE et innovation

De nombreuses définitions de la RSE peuvent être trouvées dans la littérature (Heslin et Ochoa, 2008 ; Moore et al., 2009 ; Perrini, 2006) ; le rapport de la Commission Européenne les résume ainsi : lengagement RSE consiste en « lintégration volontaire, par les entreprises, des préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties prenantes » (Commission de la Communauté Européenne, 2001, p. 6). Les travaux en sciences de gestion identifient deux types dapproches de la RSE : (1) une approche réactive ou cosmétique, non reliée au cœur des activités de lentreprise et destinée à redorée limage de celle-ci, et (2) une approche stratégique, proactive, qui ambitionne de conduire à une meilleure performance 165sociale et financière (Meiseberg et Ehrmann, 2012). Les axes principaux dune démarche stratégique de RSE peuvent être résumés ainsi : les conditions de travail ; les relations aux partenaires ; le respect de lenvironnement ; linscription dans la communauté ; les valeurs de lentreprise ; et les démarches de certification et la communication autour de lengagement.

En outre, il est entendu désormais quil existe des liens entre RSE et performance financière et entre RSE et innovation. En effet, une innovation découlant dun engagement RSE favorise limplication des employés, des clients et des fournisseurs, en parallèle de lamélioration de la performance de lentreprise (Ingham et al., 2011). Les parties prenantes souvrent alors aux échanges mutuels, dans la perspective de lacceptabilité (éthique), de la désirabilité sociétale du processus dinnovation, et de la durabilité (Szostak, 2016a). Les recherches montrent ainsi quune telle innovation se déploie par des processus ouverts (Chesbrough et al., 2014 ; Tushman et al., 2012), pour, premièrement, sortir des frontières des services Recherche & Développement (R&D) et, deuxièmement, sinscrire dans le territoire avec lequel lentreprise interagit.

Certaines études soulignent, en outre, que lengagement RSE favorise lacquisition de nouvelles connaissances, ressources et capacités (Russo et Fouts, 1997) et engendre le développement des innovations technologiques. Dautres, au contraire, désignent un lien négatif entre les deux, en précisant que des engagements RSE peuvent freiner linnovation (Bocquet et al., 2012) ou être incompatibles avec certains investissements en R&D (Gallego-Alvarez et al., 2011). La littérature montre aussi que les entreprises qui sengagent en RSE ont tendance à conduire davantage à des innovations dexploitation quà des innovations de rupture (López-Pérez et al., 2007), ou à favoriser léquilibre entre les deux (Berger-Douce, 2011). Pourtant, cet équilibre est connu pour être difficile (March, 1991) : Ben Mahmoud-Jouini et al. (2007) ont souligné les difficultés rencontrées par les acteurs dans la coexistence de projets dinnovation de rupture et dinnovation dexploitation au sein des organisations.

En résumé, ces recherches adoptent principalement la perspective selon laquelle la RSE incite, développe ou freine linnovation. Il reste à explorer davantage le lien inverse, soit « innovation → RSE ». Dans cet objectif, il reste à étudier comment les pratiques dinnovation peuvent renforcer (ou non) lengagement RSE. Or, certains modèles dinnovation sont plus 166adaptés que dautres pour assurer les conditions présentées ci-dessus. Cest le cas, par exemple, de linnovation responsable, qui « ne concerne pas seulement la question du champ social et environnemental, mais aussi la façon dont cette innovation est menée » (OSEO, 2012, p. 29). Nous choisissons de ne pas étudier ce type dinnovation inscrite sur le temps long, et qui conduit, sans grande surprise et assez naturellement, les entreprises à sengager en RSE.

Nous faisons le choix de nous pencher sur dautres stratégies dinnovation qui ne sintéressent pas spontanément à la RSE et qui sont sur des temporalités courtes. Et cest le cas du Design Thinking (Brown, 2010 ; Verganti, 2008). La méthodologie du Design Thinking (I.2) est en plein développement ces dernières années et suscite un engouement croissant au sein des entreprises de toute taille. Il sagit alors à présent didentifier comment, par le Design Thinking, une stratégie dinnovation peut conduire à renforcer lengagement des acteurs en RSE.

I.2. StratÉgie dinnovation par le Design Thinking

Le design peut être défini comme un moyen de créer et de capter des idées de valeur dans un système social complexe. Le design a le potentiel de devenir une capacité dynamique stratégique, dans la mesure où il peut renforcer, voire créer la durabilité et la lisibilité auprès des parties-prenantes de lavantage concurrentiel de lorganisation (Szostak, 2016a).

Le Design Thinking adopte lapproche dite user-centered design (Brown, 2010) et se nourrit dune observation des pratiques des utilisateurs. Le Design Thinking parvient à briser les silos traditionnels car il exige dapprocher linnovation par la multidisciplinarité (Carlgren, et al., 2016 ; Szostak, 2016b). Cela qui rompt avec les modèles de développement dinnovation de première génération qui mobilisent des acteurs dédiés à des phases spécifiques : léquipe R&D pour la phase de veille et dexploration, les designers pour la phase de recherche et de proposition, les ingénieurs pour le développement et lévaluation, les commerciaux pour la valorisation et le déploiement. La méthodologie du Design Thinking mobilise, quant à elle, et à des degrés variables, tous les acteurs du début à la fin du développement de linnovation, leur permettant davoir une vision globale du projet. Le Design Thinking appartient dès lors aux modèles de seconde génération, caractérisés par la flexibilité 167des relations inter-fonctionnelles (Cooper, 1993). La littérature souligne à cet égard, combien ces modèles permettent daugmenter le taux de succès des produits dinnovation (Griffin et Hauser, 1996) et de réduire la durée de leur développement (Eisenhardt et Tabrizi, 1995). Ces modèles favorisent les échanges, notamment entre activités techniques et marketing, et permettent à chaque niveau dexpertise de contribuer au développement de linnovation et à son évaluation, conduisant, si nécessaire, à une réorientation du projet (Royer, 2002). À linverse, les modèles de première génération (technology push et need-pull) sont caractérisés par des processus linéaires et séquentiels et conduisent à ralentir les projets par un fonctionnement en silos et une responsabilité laissée à chaque étape au responsable fonctionnel concerné, sans compréhension globale du projet dinnovation (Clark et Wheelwright, 1992). Les modèles dinnovation de troisième génération sont, quant à eux, décrits comme favorisant encore davantage la réduction des délais de développement, grâce au chevauchement des étapes du projet (Cooper, 1994), dans un processus itératif dexpérimentation (Takeuchi et Nonaka, 1994), mais semblent moins adaptés pour les innovations de rupture (Einsenhardt et Tabrizi, 1995).

Ainsi, il apparaît que tous les modèles ne favorisent pas a priori lengagement RSE. En effet, les modèles dinnovation de première génération ne permettent pas suffisamment lintégration des parties prenantes, le dialogue et la diversité des équipes au cours des projets. Cest ainsi que la littérature souligne la pertinence des modèles de développement dinnovation de seconde génération qui mobilisent des profils variés pour déployer des projets par itération, à mesure que les retours des parties prenantes sont pris en compte, pour développer des projets dinnovation radicale. Ces caractéristiques se retrouvent dans la méthode du Design Thinking : elle mobilise une grande diversité dacteurs et de parties prenantes, depuis la phase didéation jusquà limplémentation (Carlgren et al., 2016). Ainsi, une stratégie dinnovation appuyée sur le Design Thinking peut avoir potentiellement un impact sur lengagement RSE. La question que lon se pose est donc la suivante : comment cette stratégie peut-elle renforcer lengagement RSE ? Pour y répondre, nous explorons le cas de lentreprise Hutchinson qui a choisi de déployer une stratégie dinnovation appuyée sur le Design Thinking.

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II. PRÉSENTATION DE LÉTUDE EMPIRIQUE :
LE CAS HUTCHINSON

Il sagit dune recherche-action menée auprès dune entreprise qui sengage en RSE et qui développe une stratégie dinnovation. Cest pourquoi, à ce titre, nous commençons par présenter lentreprise (II.1), avant de détailler la méthodologie de lanalyse (II.2).

II.1. PrÉsentation de lentreprise Hutchinson

Hutchinson a près de 160 ans dhistoire et compte plus de 41 000 collaborateurs, répartis sur une centaine de sites dans 20 pays. Parti du traitement du caoutchouc, il se diversifie pour grandir et voit son expertise reconnue dans le domaine de lautomobile. Ce groupe a un chiffre daffaires de plus de 4 milliards de dollars en 2016 et en consacre 5 % chaque année, pour la R&D. Linnovation est au cœur de la stratégie de croissance du groupe, qui gère un portefeuille de plusieurs centaines de brevets industriels actifs. Hutchinson développe une recherche autour de trois axes majeurs, les matériaux, les procédés de fabrication et les systèmes, sur les grands enjeux industriels de ses marchés.

Avant 2013, comme les activités dinnovation dexploitation étaient au cœur de sa stratégie, un concours interne nommé « Tous Innovateurs » a été mis en place, pour motiver les collaborateurs à sinvestir dans linnovation de rupture. Cependant, la plupart des projets primés sapparentaient à linnovation dexploitation. En 2013, lentreprise a choisi de sappuyer sur la méthode du Design Thinking pour manager ses équipes projets : cest le programme Make It Possible (MIP). Cet événement paraît important pour lentreprise dans ses pratiques dinnovation et son engagement en RSE. Le tableau suivant, basé sur les caractéristiques des démarches RSE (Bérard et al., 2013), fait alors apparaître les évolutions en matière dengagement RSE, avant et après la stratégie dinnovation basée sur le Design Thinking (Tableau 1).

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Axes principaux concernés par les pratiques RSE

Engagement RSE dHutchinson avant 2013

Nouveaux engagements RSE dHutchinson après 2013

Axe 1. Conditions
de travail

Développement
des compétences.

Politique Hygiène Sécurité.

Incitation au travail en mode projet inter-sectoriel.

Valorisation des compétences.

Incitation à la prise dinitiatives en matière dinnovation.

Axe 2. Relation aux partenaires (clients, fournisseurs)

Réactivité.

Relations de confiance.

Excellence. 

Aménagement du « 507 Fab House », sur le site historique, pour accueillir des événements dinnovation ouverte et impliquer partenaires et acteurs économiques.

Axe 3. Respect de lenvironnement

Préservation
des ressources.

Sensibilisation au
respect de la nature
et de lenvironnement.

Développement de lécoconception et de matériaux recyclables.

Gestion des déchets. 

Nouvelles activités autour de la mobilité des personnes dans le futur.

Positionnement dans la presse comme un « acteur industriel responsablei ».

Axe 4. Inscription dans la communauté

Atelier professionnel de réinsertion sociale au sein dun centre pénitentiaire dEspagne.

Mise en sachet de pièces de rechange automobile par des personnes à mobilité réduite.

Formation de populations locales aux risques liés aux installations industrielles.

Interactions régulières avec des associations pour orienter les produits dinnovation technologique vers ces acteurs.

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Axe 5. Valeurs
de lentreprise

Affichage des valeurs : « Patrimoine, Humain, Enthousiasme, Implication, Passion des défis ».

Appropriation et Mobilisation des valeurs à chaque nouveau défi dinnovation.

Axe 6. Démarches
de certification

Certifications ISO26000, ISO9001, ISO TS 16949…

i.Pour davantage de verbatims, me contacter par e-mail.

Tab. 1 – Engagement RSE dHutchinson.
Sources : Nos données.

Il apparaît quavant 2013, le Hutchinson développait moins spontanément le volet social de la RSE, que les volets de performance économique et environnementale. Forts de ce constat, nous cherchons comment la stratégie dinnovation appuyée sur le Design Thinking a renforcé lengagement RSE dHutchinson sur les autres axes.

II.2. PrÉsentation de la mÉthodologie

Cet article de recherche ré-exploite les données dune étude menée au sein de lentreprise Hutchinson pendant trois ans, autour dune nouvelle stratégie dinnovation par le Design Thinking. Nous avions, à lépoque, une question spécifique1 ; nous avons obtenu un résultat inattendu : le renforcement de lengagement RSE. Cest ce résultat-là qui nous conduit à réexaminer nos données aujourdhui. Cest pourquoi notre orientation de recherche est de construire plutôt que de tester (Baumard et Ibert, 2014) et que notre analyse exploratoire adopte une méthode qualitative. Au sein dune équipe pluridisciplinaire2, nous avons accompagné le déploiement de ce MIP, comme une nouvelle entité organisationnelle consacrée au développement dinnovations radicales. Lintérêt dune telle recherche-intervention est danalyser finement les fonctionnements, les relations, voire les tensions exprimées au sein de lentreprise lors de changements organisationnels (Pérez, 2008).

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La collecte des données a porté sur les documents destinés à la communication officielle du groupe et les documents internes à diffusion restreinte. Elle sest aussi faite par des entretiens semi-directifs, pour faire surgir spontanément les mots qui faisaient sens pour évoquer leur engagement dans les projets MIP, leur motivation ou leurs inquiétudes. Le recueil du matériau a commencé dès le premier séminaire que nous avons animé dans lentreprise et il sest échelonné de 2013 à 2016. Notre posture a donc été variable entre formation au management de projets par le Design Thinking sur des séminaires de plusieurs jours, observation et participation aux soutenances des groupes et réunions de travail. En substance, les rapports détonnement, analyses, comptes rendus formalisés des réunions ainsi que tous les documents recueillis ont constitué le matériau principal de la recherche.

Nous avons codé les contenus recueillis et avons procédé par abstraction, pour faire émerger les catégories de lanalyse des entretiens, validées par les acteurs du terrain, selon les principes recommandés par Girin (1990). La section suivante présente les résultats issus de lanalyse des impacts de la stratégie dinnovation sur lengagement RSE, au sein de lentreprise Hutchinson.

III. RÉSULTATS

Nous structurons cette partie autour de deux principaux résultats : le management des parties prenantes (III.1) et les caractéristiques du contexte organisationnel (III.2).

III.1. Le management des parties prenantes

Il apparaît que trois facteurs sont déterminants dans le renforcement de lengagement RSE par la stratégie dinnovation menée par Hutchinson : lacceptation de la diversité des profils (III.1.1), la stimulation de la motivation des acteurs (III.1.2) et la valorisation des compétences (III.1.3).

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III.1.1. Facteur 1 : Accepter la diversité des profils

La mise en place dune stratégie dinnovation par le Design Thinking a conduit Hutchinson à solliciter notre équipe pluridisciplinaire pour concevoir un programme MIP. Les participants au programme (« la MIP Team ») ont été sélectionnés en favorisant la diversité : de sexe, dorigines géographiques, de profils métiers3 et dâges4. De même, parmi les cadres dirigeants sollicités pour participer aux soutenances, on compte les Directions Technique, Stratégie, Ressources Humaines et Relations sociales. Les données recueillies font état de difficultés liées à cette diversité, notamment à travers linter-fonctionnel dans une organisation structurée autour dunités fonctionnelles bien distinctes. Toutefois, au fil du temps, les acteurs acceptent, voire apprécient, cette diversité : les axes 1 et 5 de la RSE sont ainsi renforcés (Tableau 1). La stratégie dinnovation amène alors moins de difficultés ou celles-ci se font moins pesantes, ce qui est également renforcé par la motivation des acteurs (III.1.2).

III.1.2. Facteur 2 : Stimuler la motivation
des acteurs par des valeurs communes

Les mécanismes de motivation et dengagement individuel sont précieux pour pérenniser un dispositif et pour fédérer les salariés comme les parties prenantes, autour de valeurs collectives. Parmi les discours recueillis, on note que les sources de motivation sont intimement liées à la production de sens, ce qui nous conduit à explorer les valeurs revendiquées dans la mise en œuvre du MIP. Depuis 2013, toutes les entités du groupe se rassemblent sous une marque commerciale unique, de façon à être plus visibles auprès des clients et à fédérer la diversité de ses équipes. Lidentité visuelle est repensée : logo, signature et communication autour de valeurs du groupe. « Patrimoine, Humain, Enthousiasme, Implication, Passion des défis ». Au-delà de ces éléments de communication, nous observons que certaines valeurs profondes déterminent les comportements des salariés. Lanalyse des contenus des échanges entre salariés montrent que 173ces valeurs considérées comme étant essentielles sont la transversalité, la transmission, limplication, la motivation, le patrimoine et la tradition. Ce facteur renforce les axes 1 et 5 de la RSE (Tableau 1). Ces valeurs communes et même fédératrices pour les acteurs sont désormais portées par la nouvelle stratégie dinnovation choisie, et elles conduisent à la valorisation des compétences (III.1.3).

III.1.3. Facteur 3 : Valoriser les compétences des acteurs

Même si le groupe est une firme internationale, la culture initiale de lentreprise familiale est maintenue : les membres du groupe recherchaient activement une appartenance commune, trouvée dans cette culture initiale. Cela sest traduit par un sentiment de fierté, de lamusement, mais aussi lappropriation des retombées des innovations, même par les salariés extérieurs aux projets. En outre, une communication régulière a été établie pour améliorer la connaissance de chaque service autour du savoir-faire des autres. Cette reconnaissance des expertises a un impact sur les axes 1, 2 et 5 de la RSE (Tableau 1) car les salariés développent une estime deux-mêmes qui est perceptible à chacun des événements auxquels le groupe les convie. Les personnes interrogées, équipe dirigeante comprise, ont témoigné de leurs croyances en limportance de la gestion des connaissances et compétences, pour favoriser le développement de linnovation.

En résumé, les trois facteurs étudiés composent le management des parties prenantes, première condition pour que la stratégie dinnovation puisse renforcer lengagement RSE. Lanalyse nous permet davancer une seconde condition : les caractéristiques du contexte organisationnel favorables au renforcement de lengagement RSE (III.2).

III.2. Caractéristiques du contexte organisationnel

Les résultats de notre étude terrain font apparaître combien louverture des frontières de lorganisation (III.2.1) et léquilibre entre activités dinnovation de rupture et activités dinnovation dexploitation (III.2.2) sont essentielles. Ces caractéristiques favorisent le renforcement de lengagement RSE par la stratégie dinnovation.

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III.2.1. Facteur 4 : Ouvrir les frontières de lorganisation

La première promotion du MIP5 a travaillé sur le thème : « La technologie bienveillante ». Pour concevoir un produit innovant, chaque groupe a ainsi dû solliciter dautres acteurs extérieurs à Hutchinson, ce qui na pas été spontané ni aisé. Il est intéressant de noter que le projet primé à lissue de cette première promotion du programme MIP est « La Hut », un abri de secours autonome qui intègre les fonctionnalités nécessaires aux secouristes dans la prise en charge de victimes : éclairage, point deau, mobilier, zone de recharge dappareils électriques. Plusieurs Hut peuvent être connectées entre elles pour sadapter à toutes les typologies de catastrophe. Pour les victimes, il sagit dun espace « humanisant », SAS entre la catastrophe et le retour à la vie quotidienne. Pour les secouristes, cest une zone de travail permettant doffrir du réconfort. Assez loin des enjeux familiers du secteur Automobile et de lAerospace, le projet primé vise le champ du soutien psychologique, totalement inédit pour le groupe et il est commercialisé en 2018.

Le projet « Hut », a permis de renforcer (1) le volet social de la démarche RSE dHutchinson (par le développement des compétences des salariés mobilisés, leur autonomie dans la réalisation du projet et la gestion pluridisciplinaire) et (2) le volet sociétal (par lintégration dacteurs nouveaux à la mise en œuvre du projet et par lattention portée à lécosystème environnemental et humain). Ce facteur a donc un impact sur les axes 2, 3 et 4 de la RSE (Tableau 1).

Il reste à identifier comment la stratégie dinnovation choisie par lentreprise peut se pérenniser dans le temps et par là-même pérenniser ses impacts sur lengagement RSE du groupe. Pour le dire autrement, comment la stratégie dinnovation par le Design Thinking peut-elle coexister avec les pratiques dinnovation dexploitation de lentreprise (III.2.2) ?

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III.2.2. Facteur 5 : Équilibrer linnovation de rupture
et linnovation dexploitation dans le temps

La mise en place de groupes projets chargés de développer de nouveaux business à partir doffres intégrées innovantes impacte nécessairement le contexte organisationnel jusqualors principalement orienté innovation dexploitation. Lobjectif du MIP est de proposer des produits ou services innovants qui sappuient sur la fertilisation croisée des activités (produits, compétences et capacités industrielles). Si lanalyse relève un nombre certain de questionnements liés à la pertinence dune telle stratégie dinnovation qui rompt avec la stratégie dinnovation initiale du groupe et qui sest heurtée à une résistance en interne. Malgré tout, au terme du programme qui a duré 8 mois, chaque groupe a réussi à présenter une innovation considérée par tous comme une rupture, accompagnée dun démonstrateur, ou prototype au sens du Design Thinking, et dune proposition de business model pour son développement, afin de tester sa viabilité économique.

Le Directeur de la stratégie a déclaré que linnovation de rupture mérite une place dans la stratégie du groupe, « à côté et avec les activités existantes ». Se pose alors la question de léquilibre à trouver entre les innovations dexploration et dexploitation dans le temps pour adopter une temporalité commune à la stratégie RSE. Cest ainsi, que, progressivement, des actions ont été menées pour développer et renforcer les compétences des collaborateurs, tout en prenant appui solidement sur son histoire. Cette démarche permet à Hutchinson de justifier ses choix de diversification progressive dactivités et renforce les axes 1, 2 4 et 5 de la RSE (Tableau 1).

En substance, la stratégie dinnovation par le Design Thinking renforce la stratégie RSE. Le tableau 3 fait alors apparaître la nature de son impact sur les dimensions RSE mobilisées au cours des projets MIP, en mentionnant les cinq facteurs identifiés dans la recherche, qui seront, en partie, discutés dans la dernière section.

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Facteurs de la stratégie dinnovation par le DT
renforçant l
engagement RSE

Stratégie RSE

Axe 1.

Conditions de travail

Axe 2.

Relations aux partenaires (clients, fournisseurs, etc.)

Axe 3.

Respect de lenvironnement

Axe 4.

Inscription dans la communauté

Axe 5.

Valeurs de lentreprise

Facteur 1. Accepter la diversité des profils (âge, origine, métier, sexe)

Facteur 2. Stimuler la motivation des acteurs par des valeurs communes

Facteur 3. Valoriser les compétences des acteurs

Facteur 4. Ouvrir les frontières de lorganisation

Facteur 5. Équilibrer linnovation de rupture et linnovation dexploitation dans le temps

Tab. 2 – Impacts de la stratégie dinnovation sur lengagement RSE, au sein dHutchinson.
Sources : nos données.

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Ainsi, il apparaît que les axes qui sont le plus impactés par la stratégie dinnovation par le DT sont les conditions de travail, les valeurs de lentreprise et les relations aux partenaires. Laxe du respect environnemental, quant à lui, paraît nêtre quasiment pas impacté par cette stratégie dinnovation or cest justement laxe qui était le plus développé avant 2013.

Enfin, louverture des frontières, léquilibre entre innovation de rupture et innovation dexploitation et la valorisation des compétences sont les facteurs qui influencent le plus lengagement RSE.

IV. DISCUSSION

La difficulté majeure dune stratégie dinnovation réside dans le fait que le contexte organisationnel se définit essentiellement à travers des routines (Rerup et Feldman, 2011). Cest pourquoi des auteurs soulignent que le contexte organisationnel, composé des dimensions telles que les systèmes, les processus et les croyances, est central dans le management de linnovation et de la créativité (Brion et Mothe, 2017 ; Sarooghi et al., 2015). Ces dimensions peuvent renforcer une stratégie dinnovation, tout comme la freiner car certaines de leurs exigences peuvent être contradictoires. Cest pourquoi nous proposons de discuter ces dimensions à travers, en particulier trois points : les systèmes propices à lambidextrie (IV.1), les processus favorisant louverture des frontières organisationnelles (IV.2) et la mobilisation des croyances (IV.3).

IV.1. Renforcer lengagement RSE
par des systÈmes propices À lambidextrie

Des auteurs ont montré que les systèmes organisationnels incitent parfois à rechercher avant tout lefficacité et ce, au détriment du développement de démarches dinnovation (Brion et Mothe, 2017). Dautres recherches ont aussi souligné que les interactions entre acteurs internes de lentreprise sont souvent freinées par des dispositifs structurels et processuels, diminuant la pérennisation de démarches dinnovation (Parmentier et Szostak, 2016). Pour résoudre ces difficultés, des travaux 178mettent notamment laccent sur lambidextrie contextuelle et montrent comment mener des opérations courantes dans une relative stabilité, tout en intégrant le changement radical (Ferrary, 2008).

Dans le cas étudié, par la méthodologie du DT, lorganisation a travaillé son ambidextrie, de façon à pouvoir intégrer les activités dexploration en son sein, en parallèle des activités dexploitation jusqualors développées. Il reste à identifier sur le long terme si la mise en œuvre des activités dinnovation de rupture se déploient à travers une structure autonome, dédiée à lexploration ou si le contexte organisationnel assure un équilibre, selon le modèle ambidextre. Cette question est importante pour identifier les voies de pérennisation des relations entre engagement RSE et stratégie dinnovation, car la littérature a montré les risques encourus par les entreprises qui isolent les structures dédiées à lexploration (OReilly et Tushman, 2004).

IV.2. … Mais aussi par louverture
des frontiÈres de lorganisation…

La littérature a fait apparaître que louverture des frontières de lorganisation (Chesbrough et al., 2014 ; Tushman et al., 2012) et la régularité des interactions avec des acteurs différents (Wenger et al., 2014), permettent de développer linnovation.

Dans le cas étudié, les directions de la stratégie et de la R&D ont fait le choix, comme préconisé par la méthodologie du DT, dimpliquer les diverses parties prenantes et de développer des partenariats économiques, technologiques, universitaires. La littérature a précisément montré que les conditions de pérennisation des innovations reposent sur le management des parties prenantes (Von Schomberg, 2011). Il reste à lentreprise dorganiser aussi des apprentissages inter-projets et de structurer des processus dacquisition de connaissances, en amont des projets (Charue-Duboc et Midler, 2001). Le développement de linnovation nécessite en effet dêtre articulé au management des connaissances.

IV.3. … Tout en mobilisant des croyances
communes significatives pour les acteurs

Enfin, la littérature a montré que la mobilisation des croyances, troisième dimension du contexte organisationnel (après les systèmes et les processus) peut avoir une forte influence sur le développement de 179la créativité et de linnovation (Leonard et Swap, 2000). En effet, les croyances contribuent à la production de sens (sensemaking), et par-là, soutient lengagement créatif des individus (Drazin et al., 1999). De plus, les liens entre RSE et innovation supposent en sus de cette forte implication des employés (Bocquet et Mothe, 2013), celle des clients ou des fournisseurs, tout comme leur motivation.

Dans cette lignée, létude de cas menée a permis didentifier que le partage de croyances et la production de sens ont un impact sur la motivation des équipes et sur lengagement des individus dans les projets dinnovation, ce qui sest traduit, entre autres, par des prototypes caractéristiques du DT. En somme, le cas nous permet de comprendre comment les systèmes, les processus et les croyances peuvent favoriser le renouveau de lorganisation (Hahn et al., 2014), et par-là lengagement RSE. La nouvelle identité affirmée par Hutchinson suite au MIT a dynamisé lappropriation de nouvelles pratiques et limplication dans des activités moins maitrisées comme linnovation de rupture et la création de nouveaux produits. Les systèmes, processus et croyances, dimensions du contexte organisationnel parviennent donc à dynamiser linnovation en tant que capacité organisationnelle (Davies, 2014) et à renforcer lengagement RSE du groupe.

CONCLUSION

Lapport original de cet article réside dans sa contribution à la compréhension des facteurs renforçant le lien entre le management de linnovation et lengagement RSE des entreprises. Ainsi, les choix de modèles dinnovation à relèvent denjeux stratégiques importants (Schäfer et al., 2016), non seulement car ils orientent la capacité des organisations à anticiper le changement et à favoriser lémergence de solutions inédites, mais aussi car ils renforcent lengagement RSE des organisations. Dans le cas étudié, cet engagement RSE a surgi, à travers les méthodes de management de linnovation par le DT, ainsi que comme produit dinnovation dexploration. La pertinence de la stratégie suivie par lentreprise est soulignée par les dynamiques quelle impulse 180(de la RSE à linnovation et de linnovation à la RSE) et par les impacts observés sur le contexte organisationnel. Les processus sont modifiés à travers la mise en œuvre de projets interdisciplinaires, les frontières sont ouvertes, les échanges sont fluidifiés et les opportunités de développement des compétences sont multipliées. Même les croyances entrent en jeu pour renforcer la motivation, lengagement individuel et pour fédérer les salariés comme les parties prenantes, autour de valeurs collectives.

À lissue de ce papier, trois perspectives souvrent de façon claire. Premièrement, létude de cas étant unique, une recherche menée sur dautres méthodes de développement de linnovation que le DT serait intéressante pour confirmer et affiner les facteurs identifiés.

Deuxièmement, notre analyse a fait apparaître que louverture des frontières, lambidextrie et la valorisation des compétences sont les facteurs qui influencent le plus lengagement RSE. Il faudrait mener dautres études de cas pour mieux comprendre ces impacts.

Troisièmement, si les entreprises dont lengagement RSE est volontaire et proactif, développent de précieuses capacités organisationnelles, certaines méthodes de développement de linnovation permettent à lorganisation de reconfigurer des compétences internes et externes pour devenir une capacité dynamique (Maclean et al., 2015). Nous pourrions ainsi chercher à caractériser les impacts du contexte organisationnel sur le management de linnovation et de la créativité, ainsi que sur la pérennisation de linteraction Innovation-RSE au sein des organisations.

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1 Le développement de linnovation de rupture par lintroduction de projets pluridisciplinaires.

2 Composée dun designer, dun ingénieur, dun artiste et dun anthropologue.

3 Responsables déploiement de produits, Responsable R&D, Responsable juridique, Directeur commercial France, Directeur commercial Allemagne, Chef de projet R&D, Responsable développement de produit, Chargé de communication.

4 De 25 à 58 ans.

5 9 collaborateurs répartis en 2 groupes.