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Classiques Garnier

Les transformations du marché et la RSE

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Entreprise & Société
    2018 – 1, n° 3
    . varia
  • Auteur : Igalens (Jacques)
  • Résumé : Ce papier vise à comprendre les transformations que les pratiques de RSE ont provoquées sur les marchés. Sur le marché financier avec l’ISR, sur les marché des biens et services, on met en évidence l’importance de la chaîne d’approvisionnement et de la sous-traitance, sur le marché de l’emploi on met en exergue le potentiel transformateur de la RSE par rapport de la simple évolution de la GRH.
  • Pages : 77 à 96
  • Revue : Entreprise & Société
  • Thème CLIL : 3312 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Économie publique, économie du travail et inégalités
  • EAN : 9782406084273
  • ISBN : 978-2-406-08427-3
  • ISSN : 2554-9626
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08427-3.p.0077
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 22/08/2018
  • Périodicité : Semestrielle
  • Langue : Français
  • Mots-clés : RSE, marchés, ISR, sous-traitance, gestion des ressources humaines
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Les transformations
du marchÉ et la RSE

Jacques Igalens

Professeur des Universités

TSM Toulouse School of Management
Université de Toulouse Capitole

En 2001 la Commission Européenne surprend le monde des affaires en publiant son « Livre Vert » intitulé « Promouvoir un cadre européen pour la RSE ». Linitiative en revenait à la Direction Générale de lEmploi et des Affaires Sociales et, dès lintroduction, cette initiative était placée sous les auspices de lappel de 1993 émanant de Jacques Delors qui demandait aux entreprises de prendre part à la lutte contre lexclusion sociale.

On se souvient de la définition de la RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) par le « Livre Vert » : « Intégration volontaire des préoccupations sociales et écologiques des entreprises à leurs activités commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes » (Commission des Communautés européennes, 2001). Dans ce document la RSE était présentée en deux parties, la dimension interne et la dimension externe. La première comprenait la GRH, la santé et sécurité au travail, ladaptation au changement et ce point concernait essentiellement les restructurations et leurs conséquences sociales et enfin la gestion des retombées de lactivité sur lenvironnement et les ressources naturelles. La seconde partie comprenait les relations de lentreprise avec les communautés locales, les partenaires commerciaux, les droits de lhomme et enfin les préoccupations environnementales à léchelle de la planète.

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Avec le recul on peut trouver cette présentation quelque peu surprenante du fait, par exemple, de la séparation en deux de la dimension environnementale de la RSE. Les rédacteurs semblent avoir été prisonniers de leur plan qui consistait à découper la RSE en deux parties, interne et externe. Le sentiment des observateurs de lépoque fut que cette conception de la RSE était très marquée par les idées de lancien Président de la Commission Européenne et quelle privilégiait donc lemploi, les conditions de travail et de façon plus générale la dimension interne de lentreprise.

Au-delà de cette particularité, on se souvient que ce livre vert fut bien reçu mais quil fit naitre une controverse autour de la notion « dintégration volontaire ». Celle-ci fut contestée dès lorigine par certaines ONG (Organisations Non Gouvernementales) et par certains syndicats, notamment en France le syndicat CGT-FO, alors quelle fut revendiquée avec force par le patronat.

Que de chemin parcouru en 10 ans ! Si on prend la définition de la même Commission Européenne, elle devient dix ans après : « la responsabilité des entreprises vis-à-vis des effets quelles exercent sur la société » (Commission des communautés européennes, 2011). La norme ISO 26 000 a certainement exercé une forte influence, elle a été publiée un an auparavant et, dans sa définition de la RSE, elle évoque « les impacts des décisions et des activités (de lentreprise) sur la société et sur lenvironnement » (ISO 2010). Mais la Commission ne se contente pas de « moderniser » la définition de la RSE, elle ajoute quil

[] convient que les entreprises aient engagé, en collaboration étroite avec leurs parties prenantes, un processus destiné à intégrer les préoccupations en matière sociale, environnementale, éthique, de droits de lHomme et de consommateurs dans leurs activités commerciales et leur stratégie de base (Commission des Communautés Européennes, 2011, p. 22).

Et enfin, la Commission précise :

[] pour optimiser la création dun bénéfice réciproque, les entreprises sont encouragées à adopter vis-à-vis de la RSE une approche stratégique à long terme, et à explorer les possibilités de concevoir des produits, des services et des modèles dentreprise innovants qui contribuent au bien-être de la société et débouchent sur des emplois de meilleure qualité et plus productifs (Commission des Communautés Européennes, 2011, p. 24).

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La différence entre les deux définitions est importante car ce qui fit controverse en 2001 a disparu. Le problème nest plus de savoir si la RSE relève dobligations ou dengagements volontaires, en dix ans la réponse a été largement fournie par la pratique, il sagit des deux et la hard law est souvent imbriquée dans la soft law. En revanche, ce qui apparait au centre de la nouvelle définition (ce que la Commission appelle explicitement « la conception moderne de la RSE ») cest sa dimension stratégique.

La Commission appelle à renouveler les modèles daffaires (« Business models ») ; elle est passé en dix ans dune RSE cosmétique à une RSE stratégique. Il ne sagit plus de faire du business, cest-à-dire de créer de la valeur, en intégrant ex post des préoccupations sociales et environnementales, il sagit bien de remettre en cause ce que lon fait cest-à-dire le produit ou le service, la façon dont on le fait cest-à-dire les process dapprovisionnement de production et de commercialisation de façon à ne pas nuire et, si possible, à créer aussi du bien-être pour la société. Cette partie de la définition de la Commission parait essentielle : « explorer les possibilités de concevoir des produits, des services et des modèles dentreprise innovants qui contribuent au bien-être de la société » Chacun des mots de la Commission mériterait une exégèse : explorer ce qui illustre le caractère non abouti du propos, possibilité, nous sommes dans une hypothèse pas une certitude, concevoir tout commence à la conception, leco-conception par exemple, modèle dentreprise, on est bien sur le fondement cest-à-dire ce qui crée de la valeur, innovant cela se passe de commentaire, la RSE de demain est encore à inventer.

Cest à partir de cette évolution que lon peut analyser la transformation du marché par la RSE car la RSE première version na pas transformé les marchés elle a tout au plus créé un nouveau marché, celui de la RSE ou pour reprendre un terme qui fit flores, le marché de la vertu (Vogel, 2007). Ce marché de la RSE a vu, en quinze ans, fleurir une offre de prestations émanant dauditeurs, de consultants et daccompagnateurs que lon peut regrouper sous lappellation due à DiMaggio dentrepreneurs institutionnels (DiMaggio, 1988) et cette offre a certainement joué un rôle important pour que la transformation du marché par la RSE puisse sopérer. Lun des exemples récents est constitué par Deloitte Développement Durable qui, avec plus de 150 consultants, entend être le leader français du conseil sur le sujet. Nous avons également en 80France un leader européen de la notation RSE avec Vigeo-Eiris qui, au départ, fut une agence créée par « une entrepreneure institutionnelle » (Déjean et al., 2006). Mais ces entrepreneurs institutionnels furent et demeurent les opérateurs de la transformation du marché, ils nen sont nullement la cause. La transformation du marché par la RSE ne doit pas être confondue avec lapparition et lévolution du marché de la RSE.

La transformation essentielle concerne bien le marché en général ou plutôt les marchés car on doit prendre en compte la pluralité des marchés, le marché financier en premier lieu, le marché des biens et services et également, mais de façon mois appuyée, le marché de lemploi.

Concernant le marché financier, nous montrerons que sa transformation ne concerne pas uniquement lapparition dun compartiment nouveau, celui de lISR, même si lISR ne cesse de croître en importance depuis quinze ans. Concernant la transformation du marché des biens et services, nous mettrons en évidence limportance de la chaîne dapprovisionnement et de sous-traitance. Enfin, concernant le marché de lemploi nous essaierons de faire la part entre le potentiel transformateur de la RSE par rapport à ce qui ressort de la simple évolution de la GRH.

I. Le marchÉ de lISR et au-delà de lISR :
comment la RSE a transformÉ
les marchÉs financiers

Les débuts de lISR sont bien connus, ils ont été rappelé, par exemple dans louvrage de Férone et al. (2001) qui retrace lévolution de son usage et de ses modes de sélection.

Pour satisfaire les demandes de communautés religieuses protestantes les premières agences se sont fondées sur des critères dexclusion tels que lalcool, le tabac, larmement. Dautres critères sont apparus plus tard, le caractère répressif des régimes politiques (notamment lapartheid en Afrique du Sud), le travail des enfants, la défense des animaux. Ce principe dexclusion repose essentiellement sur léthique de linvestisseur. Par la suite dautres méthodes ont été utilisées. Ainsi, les entreprises furent notées sur des critères relatifs à la protection de lenvironnement, à la 81qualité de la GRH, aux relations avec les communautés et à lapplication dune bonne gouvernance. On se situe là dans une approche plus financière quéthique. Les formes de ce type de filtrage peuvent être multiples. Les fonds dits « thématiques » peuvent également être inclus dans cette catégorie, puisquils reposent sur la sélection dentreprises sur des critères et sur des secteurs spécifiques liés au développement durable et à lenvironnement (eau, santé, changement climatique, vieillissement), au domaine social (emploi, conditions de travail des salariés) ou au critère de gouvernance (bonnes pratiques de gouvernance, engagement actionnarial). Le monde de lISR est donc complexe, il fait également lobjet de critiques. On reproche, par exemple, aux approches de type « best-in-class », fondées sur la notation, de ne pas être suffisamment dissuasives pour priver les entreprises peu responsables de financement (Dawkins, 2016).

Pour donner une idée de la progression du compartiment de lISR nous avons consulté le site Novethic1 qui est, en France, lobservateur vigilant de ce type dinvestissement et tous les chiffres qui suivent proviennent de cette source et concernent uniquement le cas français.

Lévolution des encours de lISR est passé de 460 Milliards d€ en 2013 à 578 en 2014 et 746 en 2015 ce qui représente sur la dernière année connue (2015) une progression de près de 30 %. 746 milliards cest beaucoup même sil convient de relativiser en comparant ce chiffre à la taille de la place Paris : 3 320 milliards de dollars en 2015. LISR est aujourdhui un marché dominé par les investisseurs institutionnels mais il est considéré comme un marché dont limportance ne cesse de croître et qui a relativement bien tiré son épingle du jeu après la crise de 2008. Dans le cas de lépargne salariale par exemple (qui nest pas considérée comme relevant de linvestissement institutionnel) lISR atteint près de 22 milliards deuros et représente près dun tiers de la totalité de cette épargne qui appartient aux salariés mais est gérée par les entreprises.

Novethic a défini récemment une nouvelle catégorie, appelée « ISR de conviction », qui totalise 54 milliards deuros. Elle regroupe les approches de sélection de type best-in-class et écarte plus de la moitié de lunivers dinvestissement initial. En 2015, la COP21 et les obligations de reporting qui découlent de larticle 173 de la loi de transition énergétique ont poussé 17 investisseurs français, dont 5 institutionnels, à définir leur 82stratégie climatique cest-à-dire à tenir compte des émissions de GES dans leurs choix dinvestissement. Plus de la moitié dentre eux déclarent lavoir fait pour contribuer au financement de la transition énergétique, près de 40 % pour maîtriser les risques de transition, et près dun quart pour gérer les risques physiques liés au changement climatique.

On constate donc que lISR nest plus un investissement marginal et folklorique comme il a pu lêtre à ses débuts, aucune société de gestion, aucun assureur français ne lignore aujourdhui et même sil nattire pas une majorité dinvestisseurs privés, il constitue pour les salariés (via lépargne salariale) et pour les investisseurs institutionnels lunivers dinvestissement de référence.

En dépit de ce résultat très important, ce nest pas sur cette base que repose le potentiel transformateur de la RSE concernant le marché financier. Ce qui fonde ce potentiel transformateur cest que la prise en compte de critères ESG (Environnement, Social, Gouvernance) devient la norme de linvestisseur qui ne peut plus ignorer les risques que représente lirresponsabilité sociale. En dautres termes si linvestisseur ISR est parfois un investisseur de conviction (pour reprendre lappellation de Novethic) linvestisseur traditionnel demeure un investisseur qui analyse toujours le couple risque/rentabilité et même sil ne croit pas au business model de la RSE (i.e. la corrélation entre performance financière et performance sociale) il prend de plus en plus en compte le risque ESG (Sparkes et Cowton, 2004).

En 2010 le Business Risk Report du cabinet daudit Ernst and Young fait apparaître pour la première fois le risque RSE dans son survey annuel :

« Corporate social responsibility (CSR) has become increasingly important over the last decade and it is not a surprise to find this risk entering the top 10 this year2 ».

À peu près à la même époque, les bases de données des agences de notation, VIGEO ou Reuters par exemple, se mirent à saisir toutes les allégations dirresponsabilité pour les scorer et les vendre aux investisseurs « main stream ». Le premier auteur à avoir défini le concept dirresponsabilité est Armstrong, pour lui : « A socially irresponsible act is a decision to accept an alternative that is thought by the decision maker to be inferior to another alternative when the effects upon all parties 83are considered » (Armstrong, 1977, p. 14). Par la suite cette définition a évolué et désormais un acte irresponsable est un acte perçu comme tel par une partie prenante de lentreprise et lorsque ces actes se multiplient lentreprise elle-même est qualifiée dirresponsable (Stachowicz-Stanusch, 2016 ; Price et Sun, 2017). Cest en sinspirant de cette définition que les agences prennent en compte lirresponsabilité.

Pour résumer, le marché financier présente deux tendances, la première cest la montée en puissance progressive de lISR et la seconde cest la prise en compte de plus en plus massive de critères ESG ou de données relatives à lirresponsabilité dans la prise de décision. Ces deux tendances sont porteuses, à terme, dune véritable transformation car on peut imaginer que les entreprises irresponsables auront de plus en plus de difficultés à se financer sur les marchés financiers ou plus exactement quelles devront proposer des rentabilités plus élevées pour trouver à se financer. Pénalisées par rapport aux autres elles devraient donc samender ou perdre du terrain et dans certains cas, être menacées de disparition. Le centre de recherche de Novethic a étudié linfluence que peut avoir lexclusion normative. À travers lanalyse des listes noires publiées par 19 investisseurs dEurope du Nord gérant 1 500 milliards deuros sur des critères de violations des droits humains, il a établi des typologies des modes daction des investisseurs. Par exemple, Novethic a analysé en profondeur les controverses concernant six multinationales très présentes sur les listes noires (Walmart pour les conditions de travail chez ses sous-traitants et labsence de liberté syndicale, Yahoo ! pour complicité de violation des libertés dexpression en Chine, Chevron, PetroChina, Vedanta et Shell pour la situation dans le delta du Niger). Cette étude montre que si lexclusion normative ne suffit pas à changer rapidement les choses,

[] elle amène les investisseurs à remettre en cause des modèles économiques qui conduisent à des violations des droits humains dont le coût leur semble, in fine, trop élevé pour les entreprises elles-mêmes. Si les investisseurs protègent ainsi leur propre réputation cest aussi une façon dalerter les compagnies et de les inciter à mettre fin aux controverses, (source : Novethic).

Le premier mécanisme transformateur du marché par la RSE passe par laccès au marché financier qui se ferme ou devient plus exigeant pour les firmes irresponsables. La transformation consiste donc en une « disciplinarisation » des firmes irresponsables.

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II. Le marchÉ des biens et services,
transformation des produits et des process

Concernant le marché des biens et services, il convient de distinguer entre les produits et services eux-mêmes et les process qui leur ont permis dêtre mis sur le marché. Plus précisément il convient deffectuer une distinction entre un produit, disons une voiture, et les process de fabrication, dapprovisionnement ou de sous-traitance, de distribution et de maintenance qui vont avec cette voiture.

Lapparition de nouveaux produits ou services directement issus de lapplication des principes de la RSE ne se limite pas au cas déjà évoqué dans lintroduction du « marché de la vertu ».

La transformation du marché des biens et services par la RSE consiste en premier lieu dans lapparition de biens et services nouveaux quils soient le fait dacteurs traditionnels, cest-à-dire dentreprises anciennes ou quils soient le fait de nouveaux entrants.

Permettez-moi de raconter, sur le premier point, les vieilles entreprises, une anecdote personnelle qui remonte à lan 2000 et qui concerne le groupe Total. Javais été consulté pour donner mon avis sur lun des premiers rapports de développement durable que le groupe sapprêtait à publier (de façon volontaire) et je métais étonné que rien ne soit dit sur les limites de lextraction dénergie fossile et la nécessité de considérer les énergies renouvelables. Un responsable mavait répondu quil sagissait dune remarque sans fondement car, déjà, dans les années 70 le rapport de Rome (« Halte à la croissance ») disait quil y avait « 30 ans de réserves prouvées », quil en allait de même aujourdhui (en 2000) et que dans 30 ans ce serait toujours la même chose : « [] on ira au fond de la mer, sil le faut, cest une question de progrès technique et de volonté politique ». Ce responsable avait raison mais on peut néanmoins comparer son discours de lépoque avec ce qui figure aujourdhui en tête des rapports de Total :

Grand acteur de lénergie, nous plaçons nos engagements environnementaux et sociétaux au cœur de notre stratégie. Assurer la sécurité et la sûreté des personnes, répondre aux défis du changement climatique ou encore renforcer notre intégration locale : nous agissons de manière durable et responsable au quotidien… Cest le sens de notre ambition : devenir la 85major de lénergie responsable. (http://www.total.com/fr/engagement consulté le 25/05/2017).

Et cet engagement ne relève pas du greenwashing car le groupe est devenu un acteur majeur des énergies renouvelables. À travers la filiale SunPower, le Groupe fait partie du top 3 mondial de lindustrie solaire. Par lindustrialisation de la biomasse, Total produit des biocarburants incorporables dans les essences, et de lhuile végétale hydrotraitée (HVO) pour le gazole. Total a récemment investi via son fonds TEV dans lAméricain United Wind qui développe des projets de mini-éoliennes pour des petites entreprises rurales et des particuliers. Solaire, bio-masse, huile végétale, éolienne autant de transformations du business model de Total qui est pourtant perçue comme une entreprise particulièrement engagée dans le vieux modèle de lénergie carbonée.

Beaucoup dautres exemples pourraient être fournis avec des entreprises traditionnelles comme Ikea qui sengage dans la reconversion vers une économie sans déchets, les entreprises automobiles qui ont développé des véhicules électriques, les entreprises du secteur du bâtiment qui proposent de nouveaux matériaux de construction ou encore le secteur de lalimentation avec lapparition du rayon « bio ». Il est incontestable que la RSE est à lorigine dun pan original et nouveau de la production de biens et que ce pan concerne tout autant de nouveaux entrants, les bio-techs par exemple, que les entreprises plus anciennes.

Cette transformation du marché des biens est en partie tirée par la demande, en partie seulement car les attentes des consommateurs sont complexes. Daprès létude du cabinet spécialisé Ethicity, plus de la moitié des Français (50,5 %) souhaitent consommer autrement. Ce chiffre est en hausse régulière depuis 2010, où il atteignait 35 %. Consommer autrement pour les personnes interrogées, cest acheter des produits écolabellisés, locaux, bio ou moins polluants. Une autre enquête menée par Havas et publiée en octobre 2014 va dans le même sens :

55 % des consommateurs français déclarent avoir au cours de lannée écoulée, accepté de payer plus cher, au moins une fois, pour acheter « responsable » ;

39 % paient parfois plus cher pour des produits ou des services responsables et 16 % le font souvent.

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Ce qui semble nouveau et transformateur relativement à la consommation cest que si le prix reste bien sûr une variable fondamentale dans le choix du consommateur, la course aux prix les plus bas et vers le low cost, nest plus systématique. La hausse de la consommation responsable est un levier de changement notamment avec des préoccupations de santé dans le cas de lalimentation.

Une mention spéciale, concernant les services, doit être réservée au secteur social et solidaire. Léconomie sociale et solidaire (ESS) est la branche de léconomie regroupant les organisations privées (entreprises coopératives, associations, mutuelles ou fondations) qui cherchent à concilier activité économique et équité sociale. Du commerce équitable à lépargne solidaire, en passant par les innovations sociales dans le champ de la protection de lenvironnement, de la lutte contre lexclusion, de la santé ou de légalité des chances, lESS apporte une réponse à de nombreux enjeux de société en respectant les principes de la RSE. En France, ce secteur représente environ 10 % des emplois salariés et cette part saccroit au cours du temps. Avant de devenir lESS ce secteur sappelait le tiers secteur par opposition au premier secteur, le secteur privé ou au second secteur, le secteur public. Il a été transformé lui aussi par la RSE car longtemps les acteurs du tiers-secteurs ont été persuadés quils étaient dispensés, es-qualité, de toute réflexion sur les principes du développement durable. Pendant des décennies les dirigeants des associations, coopératives et autres mutuelles ont affirmé que leurs spécificités en matière de gouvernance (et notamment le principe « un homme/une voix ») les dispensaient de réflexion et dengagements plus approfondis sur leur impact social ou environnemental.

Il faut attendre la loi Hamon du 31 juillet 2014 pour que les choses changent et que la notion dimpact sur la société soit placée au centre de la définition de lESS. Hors de la France on trouve également des évolutions comparables, par exemple, les Benefit corporations ou B corporations qui existent depuis 2010 aux États-Unis et qui sont définies dans 30 états américains, elles partagent certains objectifs avec lESS notamment celui dimpact positif.

À laune de la place limitée de lESS, force est cependant de reconnaître que lapparition de ces nouveaux produits ou services issus de la RSE ne pèseraient pas grand-chose sils navaient pas été accompagnées dune transformation des process des entreprises.

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Concernant le process de production, on sait que pour produire leurs biens et services, les entreprises peuvent avoir des impacts négatifs sur la planète. Comme le remarque Novéthic : 

Elles peuvent, par exemple, participer à la destruction de la biodiversité (via la déforestation ou la pollution des sols ou de leau par exemple) ou contribuer au changement climatique (via lémission de gaz à effet de serre comme le méthane ou le CO2). Les entreprises peuvent aussi avoir un impact social. Les pollutions engendrées par lactivité des entreprises peuvent conduire à une dégradation de la santé humaine (ex. : problèmes respiratoires liés aux émissions de particules fines des véhicules diesel) et notamment des riverains (ex. : contamination de leau par le déversement de déchets toxiques dans les rivières). Lentreprise peut aussi contribuer à la dégradation de la santé de ses collaborateurs en ne les équipant pas suffisamment pour manipuler les produits toxiques par exemple (ou via une surcharge de travail…). Dans les pires cas, elles peuvent contribuer au travail des enfants ou à lesclavage moderne, via notamment leur chaîne de sous-traitance. Enfin, lactivité des entreprises peut avoir un impact sur léconomie. Elle peut favoriser la corruption mais aussi contribuer à la dégradation des services publics par exemple. En effet, en optant pour des techniques doptimisation fiscale agressives ou en pratiquant lévasion fiscale, elles privent les gouvernements de ressources, notamment fiscales, ce qui peut amener ces derniers à augmenter les impôts et/ou à réduire les services publics. (source : Novethic).

Les process de transformation dues à la RSE vont être les process de nature à adoucir ou à supprimer lensemble des impacts environnementaux, sociaux ou économiques décrits par Novethic. Par exemple, pour réduire leurs impacts environnementaux, les entreprises peuvent utiliser des technologies propres, faire du recyclage, etc. Elles peuvent aussi fournir des produits ou services qui vont permettre à dautres entreprises ou aux particuliers de réduire leur consommation dénergie par exemple. Pour lutter contre les atteintes aux droits de lhomme dans les pays en voie de développement les entreprises peuvent faire preuve de vigilance au sens de la récente loi adoptée en dernière lecture par lAssemblée Nationale qui sera évoquée ci-dessous. Les entreprises peuvent également avoir des actions vertueuses en choisissant dêtre transparentes sur les paiements (comme les droits à la production, les impôts ou taxes, ou les redevances) quelles font aux gouvernements pour lutilisation des ressources du pays (ex. : entreprises minières) ou en répartissant de façon juste leurs bénéfices entre leurs actionnaires, les collaborateurs et les communautés affectées par leur activités.

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À terme, si les entreprises ne prennent pas en compte les impacts environnementaux et sociétaux de leurs activités, si elles résistent au pouvoir transformateur de la RSE, cest leur pérennité qui est menacée. Par exemple, lapprovisionnement des entreprises en matières premières peut devenir problématique au fur et à mesure que les ressources se raréfient voire sépuisent (minerais, plantes, pétrole…) ou du fait des effets du changement climatique, avec la multiplication des sécheresses et des inondations par exemple. Le problème réside moins dans lignorance de ces réalités (qui sont aujourdhui partagées par de nombreux dirigeants) que dans le décalage entre la vitesse de propagation des effets négatifs, par exemple le réchauffement climatique, et celle des transformations dores et déjà à lœuvre dans les entreprises par exemple les bilans carbone et les mesures de réduction démission de Gaz à Effet de Serre (GES).

Le cas du process dapprovisionnement pour les entreprises françaises est particulièrement important. On sait quau terme dun parcours chaotique matérialisé par une censure partielle du Conseil Constitutionnel, la loi relative au devoir de vigilance des sociétés mères et des entreprises donneuses dordre a finalement été promulguée le 27 mars 2017. Cette loi initiée à la suite du drame du Rana-Plaza est totalement située dans le paradigme de la RSE, elle porte sur lélaboration dun plan qui doit « [] comporter des mesures de vigilance raisonnable propre à identifier les risques et à prévenir les atteintes graves envers les droits humains et les libertés fondamentales, la santé et la sécurité des personnes ainsi que lenvironnement ». Sans revenir sur le contenu contraignant de ce plan, cette construction juridique témoigne de lapport de la soft law à la hard law en matière de RSE et illustre donc bien ce passage de la première époque de la RSE (celle du livre vert de 2001) à la seconde dix ans après.

Lobligation de vigilance trouve son fondement dans le domaine du droit international des droits de lhomme et en particulier dans les travaux de John Ruggie mais il sagissait jusquici de soft law (Ruggie, 2014). Les principes directeurs des Nations Unis prévoient que les entreprises doivent sefforcer de prévenir et datténuer les incidences négatives sur les droits de lhomme qui sont directement liés à leur activité, produits ou services même si elles nont pas contribué à cette influence. On retrouve la même idée dans le Pacte Mondial avec le concept de « sphère dinfluence ». Cest donc une véritable logique issue de la soft law qui consiste à déplacer les frontières de lentreprise dès 89quil sagit de responsabilité sociale et qui aboutit à prendre en compte lensemble des process de production et de transport. Cest cette même logique que lon trouve déjà dans le droit avec la loi du 10 juillet 2014 visant à lutter contre la concurrence déloyale.

Le potentiel transformateur de la RSE concernant le marché des biens et service, outre lapparition de nouveaux comportements des acheteurs et lapparition de nouvelles catégories de consommation, concerne linstauration dune véritable responsabilité collective dans certains process de nature à faire évoluer la nature même de lentreprise.

III. les transformations du marchÉ de lemploi
sous linfluence de la RSE

Il est plus difficile daborder cette troisième partie du fait de la confusion qui existe entre la gestion des ressources humaines et la RSE. Depuis lapparition de la RSE, disons le début du nouveau siècle, beaucoup dobservateurs ont le tort de penser que toute innovation en matière de GRH est due à la RSE. En réalité, sur de nombreux sujets, la GRH a connu et connait toujours des transformations régulières dont la plupart sont à imputer par exemple au dialogue social ou encore à lévolution de la législation sociale ou parfois aux progrès en matière de systèmes dinformation relatifs à la GRH (SIRH)3. Ces trois domaines nont rien à voir avec la RSE et ils étaient présents bien avant quelle apparaisse. Le cas le plus frappant est celui de légalité de rémunération entre les hommes et les femmes. Le principe en est inscrit depuis un siècle dans le code du travail et ce principe a été précisé pour pouvoir être effectif devant les tribunaux en 1981 avec larrivée de la gauche au pouvoir donc bien avant que la RSE soit devenue un sujet dactualité.

En revanche, on peut à juste titre considérer que certains thèmes ont été portés ou profondément renouvelés par la RSE. Deux dentre eux paraissent significatifs, lemployabilité et la diversité.

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On sait que la notion de carrière a évolué et que, mis à part la fonction publique, il est devenu très rare aujourdhui de faire une carrière, cest-à-dire doccuper plusieurs emplois successifs, chez le même employeur. Les aléas économiques, lobsolescence des connaissances obligent à la formation tout au long de la vie. Ce que la RSE apporte de nouveau par rapport à ce constat (qui pourrait être analysé sous le seul angle de la bonne GRH) cest lidée de rendre lemployeur responsable ou « coresponsable » de lemployabilité de ses salariés.

En termes de marché du travail, la préférence française pour la formation initiale savère un mauvais choix lorsque la rapidité des mutations (technologiques, économiques, sociales) transforme le travail et les besoins des entreprises. Facteur aggravant : les employeurs ont une trop forte propension à rechercher une adéquation étroite des diplômes des candidats aux postes quils proposent, au détriment de leur motivation et de leurs compétences. Couppié et al. ont montré, sur la base dune étude de cohorte, quen 2001 seuls 46 % des jeunes en poste occupent un emploi qui correspond à la spécialité de leur formation initiale terminée trois ans auparavant (Couppié et al., 2009)

Les enseignements de GRH nont pas été assez attentifs à cela. Nous avons entendu lexhortation de Martine Aubry qui déclarait en 1993 que « les entreprises licencient trop, trop vite et trop fort » en nous lançant tête baissée dans la GPEC mais nous navons pas su penser à lépoque, ce quon appelle aujourdhui la flex-sécurité parce que nous navions pas imaginé que la responsabilité de lemployeur puisse être de former ses salariés pour dautres employeurs. Aujourdhui, sous la pression de la RSE, le marché du travail évolue et lemployabilité dans sa forme contemporaine (léconomiste Jean Gazier a montré quil existe des versions plus anciennes du concept) plaide pour une plus grande responsabilité de lemployeur dans le devenir de ses employés non seulement dans son entreprise mais au-delà. On peut également évoquer, dans le même sens, le concept de capabilité. Une « capabilité » ou « capacité » ou « liberté substantielle » est, suivant la définition quen propose le prix Nobel Amartya Sen, la possibilité effective quun individu a de choisir diverses combinaisons de fonctionnements, autrement dit une évaluation de la liberté dont il jouit effectivement. Capabilité et employabilité dressent un fonctionnement du marché du travail profondément différent de ce quil est aujourdhui. Au lieu dêtre mis sur des rails à partir de sa 91formation initiale et ainsi dêtre tributaire des aléas économiques de son employeur ou de sa branche dactivité, le salarié de demain pourrait construire en permanence son employabilité, développer ses capabilités avec le soutien et le financement de ses employeurs successifs. Le marché du travail serait alors plus fluide et plus dynamique.

Le second thème de GRH apparu avec la RSE est moins transformateur que le précédent mais il est important, il sagit de la diversité. Il sagit dun thème qui était peu présent dans la GRH avant 1999 et qui a été porté par la RSE. On sait quil a été porté aussi bien dans la société civile que dans lentreprise et on se souvient, par exemple, de la demande faite aux chaines de télévision pour laisser plus de place aux « minorités visibles ».

Où en est-on aujourdhui ? Savez-vous combien de critères de diversité sont pris en compte par la loi ? Réponse 23 soit :

Lorigine, le sexe, la situation de famille, la grossesse, lapparence physique, le patronyme, le lieu de résidence, létat de santé, la perte dautonomie, le handicap, les caractéristiques génétiques, les mœurs, lorientation sexuelle, lidentité de genre, lâge, les opinions politiques, les activités syndicales, lappartenance ou non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, lappartenance ou non-appartenance, vraie ou supposée à une nation, lappartenance ou non-appartenance, vraie ou supposée à une prétendue race, lappartenance ou non-appartenance, vraie ou supposée à une religion déterminée, la particulière vulnérabilité résultant de sa situation économique apparente ou connue de son auteur, la capacité à sexprimer dans une langue autre que le français.

Il ne sagit pas ici de gloser sur la formulation de certains critères, notamment le dernier qui a dailleurs été critiqué par le défenseur des Droits, Jacques Toubon4. Il sagit de sinterroger sur les transformations du marché du travail quils sont susceptibles dentraîner. Dans létat actuel de la pratique, cette législation dinspiration RSE modifie à la marge le fonctionnement du marché du travail. Il y a en revanche un changement de regard évident chez les DRH qui aujourdhui sont devenus plus attentifs, certains diraient plus prudents, par rapports aux stéréotypes et aux mauvaises décisions quils entrainent parfois.

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En revanche, le marché du travail pourrait être impacté si notre conception de la politique des quotas évoluait, bref si on décidait un jour dintroduire une politique de quota vis-à-vis de tel ou tel critère. On sait que certains pays lont fait, notamment les États-Unis à travers leurs programmes daffirmative action. Nous avons une expérience nationale de cette politique et dans les deux domaines où elle a été introduite elle a donné de bons résultats. Ces deux domaines sont bien connus, il sagit du handicap avec la loi qui fait obligation de réserver sous peine de sanctions financières 6 % des emplois aux handicapés et il sagit du sexe avec lamendement Zimmermann/Copé qui fait obligation aux conseils dadministration de comprendre 40 % de femmes avec là aussi menace de sanctions pour les contrevenants5. Dans les deux cas les résultats sont bons et peut-être un jour, sur la base de ces réussites, dautres quotas pourraient être introduits et ils seraient alors de nature à transformer le marché du travail.

En ce qui concerne la méthode, la RSE préconise de faire appel à la co-construction, au diagnostic partagé et soppose aux approches centralisées et verticales, qui prétendent gagner du temps en court-circuitant les « corps intermédiaires » au risque de dresser les parties prenantes contre le changement. La RSE pose également le problème du statut et du rôle des syndicats : sils sont évidemment légitimes à être non seulement consultés mais également associés à toute réforme du marché du travail, la question qui se pose est de savoir sils sont les seuls dans cette situation. Pour être plus précis encore, des représentants des demandeurs demploi, des retraités voire certains porteurs de cause sociale telle que les mères ou les pères nont-ils pas également une certaine « présomption de représentativité » en matière de transformations du marché du travail ?

Voilà où se situe le dernier mécanisme transformateur par la RSE, le marché du travail. Il se situe à la fois dans la démarche qui consiste à sortir du dialogue social traditionnel pour aller dans une direction dinclusion dautres parties prenantes. Dit différemment, il fait du travail une question centrale de la réflexion et du débat sociétal et pas seulement un enjeu des accords négociés à deux ou à trois entre les syndicats employeurs et employés sous lœil attentif de lÉtat. Cette transformation 93passe également par la diffusion de deux concepts apparus avec la RSE, le concept demployabilité et celui de diversité. A contrario, beaucoup dautres thèmes de RSE qui sont parfois évoqués lorsquon enseigne la GRH ne semblent pas relever de la RSE mais de la GRH. Pour le recrutement je pense à limage employeur, pour la rémunération, à léquité ou à la hiérarchie souhaitable des rémunérations, pour la gestion des carrières je pense aux carrières nomades et pour la gestion des plans sociaux je pense au reclassement. Tous ces thèmes sont importants mais ils ressortissent simplement à la bonne GRH.

En conclusion, la RSE est source de transformation des marchés, parfois puissamment dans le cas des marchés financiers, parfois plus modérément ou potentiellement dans le cas des autres marchés. Les États, tels que nous les avons connus et tels que nous les observons aujourdhui encore vivent mal la mondialisation car elle les oblige à renoncer à des pans entiers de souveraineté. Beck a montré que la mondialisation de léconomie augmentait le pouvoir des multinationales au détriment des États et quen conséquence la RSE constitue la contrepartie nécessaire de cet accroissement de pouvoir des grandes entreprises multinationales (Beck, 2003). Depuis ce livre, paru il y a quinze ans, le constat ne sest pas démenti, il sest au contraire élargi puisque Beck nenvisageait que le cas des multinationales alors quaujourdhui lexigence de RSE déborde ce cadre et touche toutes les organisations.

Cette transformation des marchés par la RSE prend toujours deux formes. La première cest la production du neuf et la seconde la transformation de lancien. On assiste à lapparition de nouveaux acteurs, de nouveaux produits et services mais, de façon plus diffuse la RSE modifie certains cadrages cognitifs. Dans le cas des marchés financiers, cest le risque qui ne peut plus être pensé comme autrefois (Igalens et Tahri, 2017), dans le cas des marchés de biens et services cest la nature même de lentreprise qui est remise en cause. Si, en conformité avec la RSE, demain, lobjet social de lentreprise inclut la prise en compte des parties prenantes cest la manière de penser des dirigeants qui devra évoluer. Il devra élargir le cadre de sa réflexion pour évaluer les conséquences de ses décisions sur de nouveaux acteurs, les parties prenantes, il devra les consulter, leur rendre des comptes. Il devra certainement introduire de nouvelles boucles dans ses raisonnements pour tenir compte, par exemple, des conséquences sociétales et environnementales. Il devra 94évidemment allonger la durée de ses prévisions, « penser long terme ». Gérer na jamais été facile mais tout semble indiquer que nous entrons, avec la RSE, dans un monde où la gestion va gagner en complexité.

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1 www.novethic.fr

2 http://www.ey.com/gl/en/services/advisory/business-risk-report-2010---business-risks-across-sectors

3 Cf. sur ce sujet : Fombonne (2001). Personnel et DRH : laffirmation de la fonction personnel dans les entreprises, France, 1830-1990. Vuibert.

4 Dans son avis sur le projet de loi sur la Justice du xxie siècle, il craint que « la notion de discrimination linguistique, [permette] à un régionaliste ou à un étranger déclarant ne pas maîtriser le français de se réclamer de larsenal anti-discriminatoire pour contester un refus demploi ou de service… ».

5 En 2020, la loi Copé-Zimmermann sétendra aux entreprises de plus de 250 salariés dont le chiffre daffaires atteint au minimum 50 millions deuros.