Aller au contenu

Classiques Garnier

Économie sociale et solidaire et pouvoir transformateur des investisseurs à impact social

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Entreprise & Société
    2017 – 2, n° 2
    . varia
  • Auteur : Alix (Nicole)
  • Résumé : Les entreprises de l’économie sociale et solidaire, non orientées vers le profit, offrent des retours sur investissement faibles. En cas de gestion de services sociaux, ceux-ci nécessitent des aides publiques ou de dons pour être accessibles à tous. Les investisseurs à impact social, qui répondent mal à leurs besoins en fonds propres, pourraient les détourner de leur objectif social principal. Des approches financières diversifiées, de long terme et fondées sur la proximité sont nécessaires.
  • Pages : 133 à 153
  • Revue : Entreprise & Société
  • Thème CLIL : 3312 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Économie publique, économie du travail et inégalités
  • EAN : 9782406073901
  • ISBN : 978-2-406-07390-1
  • ISSN : 2554-9626
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07390-1.p.0133
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 22/12/2017
  • Périodicité : Semestrielle
  • Langue : Français
  • Mots-clés : Économie sociale et solidaire, services sociaux d’intérêt général, investisseurs à impact, mesure d’impact, rentabilité
133

Économie sociale et solidaire
et pouvoir transformateur
des investisseurs à impact social

Nicole Alix1

La Coop des Communs (Présidente)

Linvestissement à impact social se présente comme une solution financière innovante en réponse aux besoins sociaux : alors que les budgets publics se restreignent, de nouveaux acteurs financiers sapprêtent à répondre aux besoins de financement des acteurs sociaux. Les grandes banques dinvestissement envisagent « linvestissement à impact » comme une nouvelle façon dinvestir les organisations sociales comme une nouvelle classe dactifs (Alix et Baudet, 2013). Les philanthropes et les épargnants veulent « donner du sens à leur argent » et « investir » leur argent là où il sera le plus rentable socialement. Dans les discours, la frontière entre le don et linvestissement sestompe. Une nouvelle vague dinvestisseurs (Cohen, 2014) fait valoir que, pour « passer à léchelle » les entreprises sociales pourraient améliorer leur efficacité en passant des accords avec des « investisseurs à impact » sur des objectifs dimpact social quelles sengagent à réaliser.

Depuis 2012, date de la mise en œuvre de son « Initiative en faveur de lentrepreneuriat social », lUnion européenne souhaite elle aussi tirer parti de linvestissement à impact social pour activer le financement des entreprises sociales, dans un contexte de restrictions des budgets nationaux en matière daction sociale, dinsertion et de santé.

134

Mesurer l« impact social » des organisations permettrait aussi de mieux planifier laction publique. Dans son « Paquet pour linvestissement social » (SIP) (UE, 2013), la Commission invite les États membres à concevoir des programmes de soutien à linvestissement social et à mieux utiliser à cette fin les fonds de lUE, notamment le FSE (Fonds social européen). Les contrats à impact social (Social impact bonds) sont expérimentés pour faire financer des programmes sociaux par des investisseurs privés, qui seront remboursés plus intérêt si les objectifs sociaux sont atteints. Ces innovations financières, peu nombreuses, font beaucoup parler delles : après la crise financière, un certain nombre de pays les perçoivent comme une proposition intéressante pour le financement de la prestation des services sociaux (OCDE/LEED, 2015).

Or, les investisseurs, au niveau local comme international, ont une influence sur les entreprises et une capacité à transformer leurs modèles daffaires (Orléan, 1998 ; Mottis et Ponsard, 2002).

Jusquà présent, en Europe au moins, les banques nont pas eu lhabitude dentrer dans les instances de gouvernance des entreprises, en tous cas pas dans les organisations qui composent léconomie sociale et solidaire (ESS), coopératives, mutuelles, fondations, associations, gouvernées par leurs membres. Les banques prêtent (ou pas), mais se siègent pas dans les instances de gouvernance.

La nouvelle vague dinvestisseurs « à impact », en revanche, fait valoir que le capital-risque est une « réponse originale aux besoins dinvestissement des entreprises à haut risque et innovantes ». Elle la voit comme une « réponse nouvelle pour permettre à des organisations sociales innovantes et à haut risque daccéder aux marchés de capitaux » (Cohen, 2014). Sir Ronald Cohen, linventeur des « social impact bonds » et promoteur de linvestissement à impact, fait valoir que cest en définissant leurs objectifs dimpact social avec des « investisseurs à impact » que les entrepreneurs sociaux, encore trop petits et peu habitués à prendre des risques financiers, arriveront à passer à grande échelle. Les nouveaux investisseurs « à impact » souhaitent donc participer :

aux conseils dadministration des entreprises de lESS ou à leurs autres instances de décision ;

à la détermination de leurs objectifs sociaux et leurs systèmes de gestion, à lévaluation et au choix des outils de mesure.

135

Léconomie sociale et solidaire (ESS) repose sur un partage dobjectifs et de ressources au sein dentreprises appartenant à des membres, regroupés pour trouver par leur action économique des réponses à leurs besoins collectifs ou à des besoins sociaux dintérêt général. Si ces entreprises « collectives », cest-à-dire à gouvernance collective, revêtent des formes différenciées dans les différents États membres de lUE, en fonction de lhistoire, la culture, le contexte social et politique de ceux-ci, elles ont des points communs en termes dobjectifs et modes de fonctionnement.

Le présent article pointe les écarts entre les attentes financières des entreprises de lESS et les réponses qui leur sont proposées :

pour financer leurs fonds propres : appartenant à leurs parties prenantes, gérés de façon a-capitaliste selon le principe « une personne, une voix », elles saccommodent mal avec une approche capital-risque, qui repose sur une plus-value de sortie ;

pour financer leur activité « sociale » habituelle : dans les secteurs comme la santé, laction sociale, léducation, le consommateur na pas les moyens de payer à son coût réel la prestation qui lui est rendue. Faire baisser le coût des fonds propres est certes utile dans un secteur à hauts besoins capitalistiques, mais ne remplace pas les aides publiques dans la production dun service dintérêt général qui est aussi à haute densité de main dœuvre (60 à 80 % de frais de personnel).

Seules certaines entreprises de lESS répondront aux attentes financières des investisseurs privés « à impact ». Ce sont elles qui bénéficieront des fonds. Si les financements publics, la philanthropie dite « venture philanthropie » et les bailleurs de fonds salignent sur une approche de capital-risque, si la mesure de limpact devient une condition nécessaire pour déclencher une décision dinvestissement, certaines entreprises de lESS souffriront plus que dautres : celles qui gèrent des services sociaux dintérêt général, qui garantissent à ce jour laccès des citoyens de lUE à léducation, la santé et aux services sociaux.

Demeurent donc nécessaires les financements publics, de même que des solutions financières spécifiques pour que les entreprises collectives de léconomie sociale et solidaire, puissent rester centrées sur les besoins des personnes, rôle essentiel quelles sont censées tenir.

136

I. LES CARACTERISTIQUES FINANCIERES DE LESS,
NOTAMMENT GERANT DES SERVICES SOCIAUX

Les besoins de financement des entreprises de lESS dépendent essentiellement de deux facteurs :

chez toutes, la structure de gouvernance dorganisme coopératif, ou « sans but lucratif » ou « à lucrativité limitée » repose sur le pouvoir des personnes et pas des capitaux (des membres et pas des actionnaires) ;

chez certaines, le caractère « social » de lactivité, délivrant des services à des personnes qui nont pas la possibilité de payer la totalité du coût de la prestation (santé, éducation…) ou employant des personnes éloignées du monde du travail suppose un financement au moins en partie hors marché.

Il faut donc distinguer a) les besoins en capitaux et b) des besoins de financement des besoins liés à lactivité sociale des organisations de lESS.

I.1. La gouvernance « collective » des entreprises
de lESS et leurs besoins en capitaux propres :

Les entreprises « collectives » de léconomie sociale et solidaire telles que les coopératives, les mutuelles et les associations à but non lucratif se caractérisent par une organisation « non capitaliste » qui se traduit dans les statuts et les réserves impartageables : il ny a ni actions souscrites par des actionnaires ni rémunération sous forme de dividendes et/ou de réalisations de plus-values. Ces entreprises atteignent leurs objectifs économiques et de financement au travers dun cycle dexploitation parfois pluriannuel, voire à très long terme.

De plus, comme elles sont centrées sur les besoins de leurs membres ou de personnes qui nont pas les moyens de payer le prix réel, ou en tous cas un prix élevé, pour le service, la réalisation de bénéfices est pour elles un objectif secondaire. Ces caractéristiques sont dailleurs bien traduites dans les définitions données par lUE (cf. ci-dessus). Par conséquent, leur faible marge bénéficiaire les empêche généralement de fournir un gain en capital élevé à leurs investisseurs ou même dêtre 137capables de racheter leur investissement initial au moment où les investisseurs veulent se retirer.

Les difficultés des entreprises de lESS à accéder aux capitaux propres ont fait lobjet de multiples études et rapports. Lapproche capital-risque leur convient mal : quand leurs investisseurs se retirent, ils doivent le plus souvent être remplacés par dautres. Cest dans cet objectif dorganiser la liquidité que la France a ouvert aux épargnants individuels la possibilité de souscrire aux fonds dinvestissement solidaire, y compris le plan dépargne salariale, pour financer les entreprises de lESS. Cest aussi dans cet esprit de finance patiente que le monde coopératif construit ses fonds dinvestissement en fonds propres.

I.2. La dimension « sociale » des entreprises SSE
et leurs besoins de financement de leur activité

Les ressources financières de lESS et des entreprises sociales se composent de ressources du marché privé (ventes), de marchés publics (contrats), de ressources privées non commerciales (dons) et de ressources publiques (subventions) (Artis, Bouchard et Rousselière, 2015), dans des proportions variables.

Le règlement Eusef no 346/2013 sur les fonds européens pour lentrepreneuriat social définit lentreprise sociale comme une entreprise

ii) dont lobjectif premier est de rechercher des impacts sociaux mesurables et positifs, conformément à ses statuts, à ses statuts ou à dautres règles… soit que lentreprise :

fournit des services ou des biens à des personnes vulnérables ou marginalisées, défavorisées ou exclues,

utilise un mode de production de biens ou de services qui incarne son objectif social, ou fournit un soutien financier exclusivement aux entreprises sociales telles que définies dans les deux premiers tirets ;

iii) « utilise ses bénéfices principalement pour réaliser son objectif social primaire conformément à ses statuts, à ses statuts ou à toute autre règle [] qui détermine les circonstances dans lesquelles les bénéfices sont distribués aux actionnaires et aux propriétaires pour veiller à ce quune telle répartition des bénéfices ne porte pas atteinte à son objectif premier. »

Examinons les deux cas dentreprises visées ci-dessus :

Une entreprise sociale qui « fournit des services ou des biens à des personnes vulnérables » sadresse, comme expliqué plus haut, à des « clients » 138ne sont pas en mesure de payer le coût total du bien ou du service fourni. Dans la plupart des pays de lUnion européenne, cest le système de protection sociale qui permet (en principe) laccès de tous aux services pour tous, grâce à des financements publics ou en provenance de la sécurité sociale. Cest ce qui fonde les partenariats conclus entre lESS et les pouvoirs publics pour la gestion des « services dintérêt économique général » (SIEG). Dans les services sociaux dintérêt général (SSIG) les financements publics vont de 0 à 100 %.

Cest pourquoi les aides dÉtat sont essentielles dans la réalisation de services sociaux dintérêt général accessibles à tous. Un long combat en faveur de leur reconnaissance de leur importance (Alix, 2012) a conduit la Commission européenne à la réforme dite « Paquet Almunia » en 2012, vers une meilleure reconnaissance du rôle joué par les SIEG dans lUE pour répondre aux besoins des citoyens.

Lintroduction de capitaux privés dans les hôpitaux ou dans dautres types dentreprises fournissant des services sociaux, gérés par des secteurs privés, publics ou à but non lucratif, ne suffit pas à ajuster les prix des services aux capacités financières des utilisateurs. Les frais de personnel représentent 60 à 80 % du total des charges. « Un défi majeur pour linvestissement à impact est que, généralement, il ne parvient pas à faire baisser suffisamment les prix… pour rendre les produits et services vraiment abordables pour les plus défavorisés. Linvestissement à impact, qui devrait permettre de réduire les prix des services hospitaliers de 6 % seulement, ne réussira probablement pas à fournir en Inde aux personnes pauvres des services hospitaliers à une échelle significative » (Clyde et Karnani, 2015).

Dans les hôpitaux, le logement social, les établissements pour personnes âgées dépendantes et les personnes handicapées, etc., la durée damortissement des bâtiments est calculée sur 30 à 50 ans, pour réduire la répercussion de la charge sur le budget public et sur les utilisateurs. Dans ces modèles « daffaires », le résultat brut dexploitation est faible et nest pas distribué aux actionnaires. Les investisseurs, quils soient publics, privés ou philanthropiques, ne peuvent escompter quun retour sur investissement bas et à long terme ou à un rendement nul.

139

Lentreprise inclusive (deuxième cas de la définition dentreprise sociale dEusef) « utilise une méthode de production… qui incarne son objectif social ») produit des biens ou des services sur le marché en assumant des coûts sociaux et environnementaux que la plupart des sociétés commerciales externalisent ou nassument pas : emploi de personnes handicapées, en difficultés sociales, etc. Cest la raison pour laquelle lactivité des entreprises dinsertion sociale a généralement besoin de soutien public.

Ii. Linvestissement à impact social
dans lunion européenne

Le concept dimpact social connaît un succès étonnamment rapide dans le monde de léconomie sociale et de lentrepreneuriat social. Mesurer son impact social devient un élément différenciateur pour, à la fois, mieux identifier et piloter sa performance, convaincre les pouvoirs publics de maintenir leurs « investissements sociaux », voire pour attirer les nouveaux philanthropes ou des investisseurs privés.

II.1. Les raisons de la promotion
de linvestissement à impact social

Plusieurs phénomènes expliquent cette vogue, poussée à grands frais par les grandes fondations américaines depuis 2008.

La « mesure de limpact social » met en scène au moins quatre catégories dacteurs, eux-mêmes au cœur de puissantes évolutions : le monde de lévaluation, qui se tourne de plus en plus vers la mesure et laudit ; celui de la finance, qui se déplace de la banque vers la finance de marché ; celui des politiques publiques où lÉtat devient « investisseur social » et, enfin, celui de lESS qui souvre à des formes dentreprises sans contours légaux ou statutaires définis.

Le monde de lévaluation glisse vers celui de la mesure, du qualitatif vers le quantitatif, pour au moins deux raisons : les chiffres sont plus faciles à suivre que des éléments qualitatifs dans des tableaux de bord numérisés ; on peut les introduire dans des raisonnements « coûts/bénéfices », 140qui sappliquent à des domaines de lactivité humaine auparavant évalués sur un mode plus qualitatif et « politique » : lenvironnement, le social. La « mesure de limpact » est bien plus exigeante quun reporting dactivités ou de résultats : elle est censée permettre le lien entre une cause (laction de lentreprise) et une conséquence (limpact), mesure du retour pour les investisseurs. Montrer quune chose fonctionne et expliquer pourquoi sont deux registres différents. La preuve de causalité est plus complexe à apporter que la preuve defficacité. Toute une industrie de la mesure est intéressée par ce marché (sociétés daudit, consultants, écoles de commerce…).

Le monde de la finance évolue : le dégonflement du bilan des banques européennes ouvre un champ nouveau à la finance de marché. Les règlements dits de Bâle III et Solvancy II conduisent les banques et les investisseurs de long terme à immobiliser en capital des sommes plus importantes quauparavant en contrepartie de leurs prêts, ce qui a conduit à un resserrement du crédit. Jusquà présent, 80 % de léconomie était financée par des banques en Europe, 20 % par le marché financier, la proportion étant contraire aux États-Unis. Des banques qui connaissaient les entreprises dont elles gardaient les comptes cèdent le pas à des investisseurs qui, pour gérer leurs portefeuilles, ont besoin de bases de données externes et, pour ce faire, dune industrie de la mesure « à distance ».

Les nouveaux règlements internationaux imposent aussi des normes de prise de risques fondées sur des bases de données de plus en plus centralisées. La prise de décision de risque séloigne du terrain. Les systèmes de reporting et de notation lemportent sur lexpérience humaine, les bases de données quantitatives et les mesures sur lévaluation qualitative, les experts sur lexpérience de terrain.

Le monde de lESS évolue aussi (Alix dans Alix et De Nanteuil éd., 2014). Le capitalisme tente de développer des pratiques dans une perspective éthique au travers de la responsabilité sociale des entreprises et, ainsi, surmonter les obstacles à son développement ; il a aussi tenté de sattaquer au marché des plus pauvres (Pralahad, 2004). Les grandes entreprises nouent des partenariats avec des ONG. Pour toutes ces raisons, on accorde une attention accrue aux « entreprises sociales », entreprises qui, quelles que soient les formes statutaires quelles adoptent, visent à satisfaire des objectifs sociaux et environnementaux au travers 141de léchange de biens et de services sur des marchés privés et publics (Ormiston et Seymour, 2011 ; Peredo et MacLean, 2006). Dès lors quil nexiste pas de définition commune de lentreprise sociale en Europe, la mesure de limpact social a été retenue aussi bien pour attester des performances des entreprises sociales que pour les qualifier. Cest la raison pour laquelle la Commission Européenne a décidé de « développer une méthode pour mesurer [leurs] gains socio-économiques [et] leur impact sur la communauté2 ».

Les politiques publiques se transforment : dune part, pour bousculer une protection sociale orientée vers le présent et pas assez vers le futur, tout un courant de recherche préconise dinvestir dans les jeunes et vers les nouveaux besoins sociaux ; dautre part, dans un contexte de raréfaction de ressources publiques, largent investi doit produire du progrès social tangible, avec un « retour sur investissement » mesurable. Cest ainsi que les États, appauvris et endettés, ne cherchent plus seulement à transférer certaines de leurs anciennes prérogatives à des acteurs privés ; ils encouragent les investisseurs privés à simpliquer dans un marché des investissements sociaux.

Le G8 a mis « linvestissement à impact » à son ordre du jour « pour placer le marché des investissements à impact social sur une grande échelle et le pérenniser » (« Investissement dimpact : Le cœur invisible du marché », octobre 2014). Il sagit de mieux comprendre le potentiel du marché et de viser « la transparence et la standardisation de système de la mesure de limpact ».

« Le cœur invisible des marchés » se déclare prêt à « exploiter le potentiel de lentrepreneuriat, de linnovation et du capital en faveur du bien public » (« Investissement à impact : le cœur invisible des marchés », 2014). Les plus grandes banques dinvestissement considèrent « linvestissement à impact » comme une nouvelle catégorie dactifs (JP Morgan, 2010). Cette nouvelle vague dinvestisseurs à impact affirme quil ny a pas de contradiction entre lexpansion du social et lexpansion du marché, au contraire (Cohen, 2014) : les entreprises sociales (qui sont petites et ont peu dargent) devraient apprendre du monde de lentreprise qui sait prendre des risques. En formant des tandems avec des capital risqueurs, les entrepreneurs sociaux apprendraient à prendre des risques et à parier sur la croissance et, enfin, seraient en mesure de résoudre un nombre 142plus important de problèmes sociaux. Cest la définition dobjectifs dimpact social avec des « investisseurs influents » qui fera progresser ces entrepreneurs. La somme de ces impacts sera bénéfique pour la société et on pourra ainsi financer les investissements sociaux lorsque la pénurie de fonds publics le nécessitera définitivement. Cette innovation est soutenue par des milieux influents qui soutiennent également lidée que la mesure de l« impact social » des organisations servira à planifier laction publique et le marché des dons (Alix et Baudet, 2013). LOCDE a conduit des études pour guider laction publique en la matière (note dorientation de lOCDE sur la mesure de limpact social pour les entreprises sociales, 2014).

Le « risque social », considéré comme un manque à compenser, un coût par rapport à un rendement « normal », peut, en étant mesuré, faire lobjet dune demande de compensation auprès de la puissance publique ou la philanthropie. Cest pourquoi limpact social doit être mesuré selon des données « objectives ». De nouvelles méthodes sont promues pour que les organisations sociales définissent en détail leurs impacts sociaux, puis les mesurent en valeur monétaire, et finalement, si possible, actualisent les flux de trésorerie à leur valeur actuelle (JP Morgan, 2012). Cest ce qui justifie limportance des énormes investissements réalisés pour collecter des informations normalisées sur les impacts.

Cest notamment lobjectif poursuivi par IRIS (Impact Reporting and Investment Standards) : la publication de ses indicateurs permet de créer un cadre commun de définitions et de gestion de la performance pour les « investisseurs à impact ». Actuellement, ces critères constituent des références pour les reporting sur les impacts qui sont faits auprès des grands investisseurs. Tous ces reporting, établis en conformité avec les indicateurs de IRIS sont rassemblés dans une Impact Base, base de données gérée par le Global Impact Investment Network. Lensemble tente de simposer progressivement.

De leur côté, les organisations de lESS tentent de promouvoir une diversité de méthodes. En avançant sur ce terrain, avec des outils quelles veulent choisir, elles espèrent gagner une plus grande autonomie dans le choix de leurs indicateurs de gestion, que les financeurs publics leur ont jusquà présent imposé à des degrés proportionnels aux moyens investis.

143

II.2. L« investissement à impact » comme solution
de financement pour les entreprises sociales dans lUE

LUnion européenne vise à drainer plus dargent privé vers linvestissement dans les domaines sociaux. La Social Business Initiative (SBI, 2011) considère que la question de laccès à une finance adéquate est lun des principaux défis pour les entreprises sociales. Doù un intérêt croissant pour la création dun marché des investissements sociaux.

Or la Social Business Initiative (2011) de la Commission européenne utilise des définitions assez vagues qui font peu de différence entre :

a)les sociétés de capitaux qui pratiquent une action sociale par le biais de leur responsabilité sociale dentreprises (considérant les pratiques dans une perspective éthique) ou en visant le marché des plus défavorisés : on peut les définir comme des « social business » (que la version française du texte de la SBI a toutefois traduit par « entrepreneuriat social ») ;

b)les entreprises sociales dont les objectifs comportent une dimension sociale, mais qui sont des entreprises individuelles ou des sociétés de capital : on peut les définir comme « les entreprises sociales » ou « entrepreneurs sociaux » ;

c)des entreprises déconomie sociale et solidaire basées sur ladhésion des membres, dont certaines fournissent des services sociaux ou sont des entreprises dinsertion (Alix et de Nanteuil éd., 2014).

Ainsi les frontières sestompent entre les secteurs public et privé, lucratif et sans but lucratif, commercial et non commercial, entre la responsabilité sociale des entreprises, les nouvelles « profit-for-purpose societies », les entreprises sociales, léconomie sociale et solidaire. Dans la mesure où il ny a pas de définition légale et uniformément reconnue de lentreprise sociale, cest la mesure de limpact social qui va définir lentreprise sociale. Tel a été le choix du Parlement européen, plutôt que celui, un moment envisagé, de créer un « label dentreprise sociale » au plan de lUE, pour guider les investisseurs vers les entreprises labellisées.

« Étant donné que lobjectif principal des entreprises sociales est davoir un impact social positif plutôt que de maximiser les bénéfices, le présent Règlement ne devrait admettre ladmission dans les portefeuilles des fonds que des entreprises qui ont un impact social mesurable et positif » (Règlement N o 346/2013 du Parlement européen et du Conseil 144du 17 avril 2013 relatif aux Fonds européens pour lentrepreneuriat social). Le GECES (Groupe dexperts de la Commission sur linitiative pour lentrepreneuriat social) a adopté en juin 2014 un rapport visant à « promouvoir un cadre européen commun pour la mesure de ces impacts ».

La réponse actuelle de lUE aux besoins de ces entreprises, quel quen soit le type dorganisation (cf. a, b ou c ci-dessus) repose de plus en plus sur la notion dinvestissement.

On notera dailleurs que, en anglais, le terme de « social » disparaît souvent de lexpression « impact social ». On parle de « impact investing » ou « impact investment » sauf pour les « social impact bonds » qui visent très expressément le secteur des activités sociales. Sans entrer dans le détail de lanalyse, on pourra retenir que le terme social est employé en anglais au sens de « sociétal » et même sans doute au sens de « non financier » ou « non uniquement tourné vers la satisfaction des actionnaires ». Le présent article ne permet pas de donner une place à une étude approfondie de ces expressions, qui montrerait certainement des ambiguïtés. On notera aussi des imprécisions dans lemploi des termes suivants lun pour lautre : investissement social, investissement à impact social, investissement à impact.

II.3. Linvestissement social comme la solution innovante
de financement public des activités sociales :

Mesurer l« impact social » des organisations peut aussi servir de guide à laction publique. Dans lUE, le Paquet dinvestissement social (SIP, 2013) vise ainsi à réorienter les politiques des États membres vers les investissements sociaux, là où cela est nécessaire. « Les politiques de soutien doivent laisser aux individus une stratégie de sortie, être accordées aussi longtemps que nécessaire, et sont donc en principe de nature temporaire », « en vue dassurer ladéquation et la durabilité du système social ». La Commission européenne appelle les États à mener des actions visant à renforcer linvestissement social et à utiliser au mieux les fonds de lUE à cette fin.

Pour promouvoir linnovation sociale et la souplesse dans les politiques sociales, le Paquet dinvestissement social européen 2013 préconise de considérer certaines actions sociales comme des investissements et non pas comme de simples coûts. Lobjectif affirmé du SIP est de moderniser les systèmes de protection sociale en investissant dans des personnes de 145tout âge. Cette modernisation passe par des partenariats permettant de compléter les financements publics par des capitaux privés. On voit que les responsables des politiques sociales et les investisseurs utilisent des mots similaires.

Une autre nouveauté est lintroduction en Europe dinnovations financières nées aux USA sous le terme de « payment-for-success bonds » (Callanan et Law, 2013). Comme lexplique lOCDE (2015), il sagit non démissions dobligations (« bonds »), mais de « contrats à terme sur résultats sociaux » (« future contracts on social results »), qui permettent de faire financer des programmes sociaux (au sens anglo-saxon de « toute action permettant dagir sur lhumain et la vie sociale) par un investisseur privé, celui-ci faisant crédit de son investissement dans lattente de la réalisation dudit programme. Si le programme est correctement réalisé, les finances publiques remboursent linvestisseur avec un intérêt rémunérant le risque pris.

On voit ainsi que la mesure de limpact social peut ainsi servir à au moins trois objectifs (Chiapello, 2015)3 :

un paiement aux résultats : lorganisation sociale et son « investisseur » obtiennent des revenus en fonction des objectifs atteints (les « obligations à impact social » se situent dans cette ligne et permettent à linvestissement social de devenir rentable) ;

une évaluation des organisations sociales qui nourrit leur réputation pour attirer les investisseurs ;

une classification des entreprises sociales, soit dans une perspective fiscale soit dans un logique doctroi de labels de référence.

III. LIMPACT DES INVESTISSEMENTS À IMPACT
SUR LES ORGANISATIONS DE LESS

Linfluence de larrivée de linvestissement privé dans le secteur social a été profondément analysée (Alix et Baudet, 2013 ; Chiapello, 2013, 2014 ; Alix et Chiapello, 2015). Elle repose sur deux nouvelles catégories dacteurs :

146

des investisseurs privés, qui, même sils sont des « investisseurs sociaux », entrent dans les instances de décision des entreprises sociales et introduisent des outils de gestion auxquels ils sont habitués dans des entreprises entièrement « commerciales » ;

des intermédiaires du marché financier et des gestionnaires de fonds, qui gèrent largent dinvestisseurs à qui ils doivent rendre compte. Nayant pas dexpertise spécifique, ils vont utiliser un petit nombre dindicateurs, limpact social devenant le troisième paramètre à côté du risque et du retour sur investissement (voir http://www.confrontations.org/fr/conferences/2015/2335-puissance-et-limites-des-indicateurs-ou-mesures-d-impact-objectifs-enjeux-acteurs-confrontations-et-institut-cdc).

 Linvestissement à impact va encourager un changement dans létat desprit des organisations sociales et des entrepreneurs. Il leur permettra de prendre des risques en investissant dans linnovation et la croissance. Au fur et à mesure que les capitaux disponibles vont augmenter, les entrepreneurs sociaux seront incités à entrer sur le marché et recruter des cadres à potentiel. Ce changement dattitude ne se fera pas du jour au lendemain, il faudra de dix à vingt ans pour fabriquer un élan significatif, parce que les modèles mettent du temps à se construire et quil faut que les entrepreneurs arrivent à se projeter. Mais le mouvement a commencé et il va se réaliser. (Cohen, 2014)

Les entrepreneurs et les organisations sociales devront sajuster…Linvestissement à impact repose sur des paramètres de performance définis, audités et présentés de manière standardisée. Les entrepreneurs sociaux sy adapteront, mais, les grandes organisations sociales auraient peut-être intérêt à faire un test dans un de leurs secteurs dactivités, là où il est facile de définir des paramètres. (Cohen, 2014).

III.1. Le pouvoir de transformation
des investisseurs et de leurs outils

Linfluence des investisseurs « à impact » et de leurs outils de mesure sur les entreprises de lESS est prévisible.

Tous les impacts ne peuvent pas être mesurés, surtout dans le secteur social. Souvent, limpact ne peut être identifié (cas de causes multiples qui entraînent des effets croisés) ou traduit en chiffres incontestables. Les objectifs dimpact social définis ex ante de façon à pouvoir être mesurés ex post appréhendent mal le capital humain, linnovation et 147linvestissement à très long terme. Les petites organisations, qui nauront pas les moyens de développer des systèmes de mesure coûteux, risquent dêtre écartées.

Dans les domaines de la santé, de léducation, de la formation et de la culture, linnovation découle des usages, ainsi que des échanges entre les personnes, et pas seulement des percées technologiques. Les besoins en recherche et développement de lESS portent principalement sur des actifs incorporels, qui supposent une approche de long terme différente. Le principal problème général de financement de linnovation sociale provient du fait que linvestisseur ne peut pas parier sur une forte valeur ajoutée, comme cest le cas dans dautres domaines de lactivité humaine.

Le paiement au résultat est plus « adapté pour des programmes bien rôdés que pour des innovations, pour des programmes visant des changements de comportement que pour des prestations de biens et des services sociaux ». Par ailleurs, « les organismes sans but lucratif qui se plient à des évaluations minutieuses sans parvenir à atteindre leurs objectifs pourraient subir de véritables dommages de réputation. Enfin, si un secteur se préoccupe trop de reproduire à grande léchelle ce dont lefficacité a déjà été prouvée, on pourra vite se trouver en manque dinnovation. À manipuler avec précaution ! » (Callanan et Law, 2013).

Cette approche du social par « linvestissement » favorisera :

les secteurs qui se développent rapidement et qui permettent de créer un effet boule de neige sur le retour sur investissement ;

les entreprises sociales les plus « rentables » ;

les entreprises de lESS et les entreprises sociales dont les activités peuvent être mesurées de manière quantitative et à distance, selon les méthodes des investisseurs privés ;

les entreprises des secteurs où le retour sur investissement est faible mais où les investisseurs bénéficieront dincitations fiscales ou de remboursements de leurs frais par les autorités publiques.

Un marché dentreprises sociales pourrait ainsi se constituer, avec des normes, des outils de gestion et de mesure et, bien sûr, des outils financiers qui influenceront les équilibres nationaux et les modèles dentreprises hybrides de lESS eux-mêmes. Certaines entreprises sociales 148seront gagnantes, dautres perdantes. Les besoins de financement des organisations de lESS, fondées sur les personnes et non sur les capitaux, trouveront-ils satisfaction ? La question se pose notamment pour celles qui fournissent des services sociaux dintérêt général.

III.2. Quelles voies de solution ?

Comment éviter que la logique des investisseurs lemporte sur celle des acteurs, comme la logique de tutelle administrative la lemporté dans le passé sur les outils de pilotage spécifique des entreprises associatives ? Comment empêcher que, dès lors quon créera un système de mesure, se crée un marché, un « marché des impacts sociaux mesurés » comme il existe un marché carbone et un marché de la biodiversité ? Comment éviter que les capitaux privés aillent, comme ils le font spontanément, vers des secteurs de rente ni les plus significatifs socialement ni les plus innovatifs mais mesurables et/ou garantis par la puissance publique ?

Cest lutile confrontation des points de vue et les alliances entre pouvoirs publics, ESS et finance sociale et solidaire qui garantira une diversité des outils de mesure et la préservation de la diversité de lESS. Deux pistes à cet égard :

rompre avec les modes actuels de valorisation du capital et de son rendement, pour aller vers des solutions de préservation. Les procédures actuelles de sélection des investissements futurs ne favorisent ni le financement à long terme (choix du taux dactualisation) ni les actifs incorporels (choix des actifs à évaluer). Depuis un siècle, le terme « capital » ne se rapporte plus à un stock de marchandises, mais à une source de revenus futurs. Nous calculons la valeur dune chose sur la base des rendements futurs, en utilisant la méthode des flux de trésorerie actualisés. Des propositions alternatives de mode de comptabilité (Rambaud et Richard, 2016) mériteraient dêtre testées ;

intégrer des critères de long terme, des critères de « biens communs » et dintérêt général dans les systèmes de notation et de sélection des investissements. Par exemple, les projets de recherche devraient être évalués non seulement sur la base du nombre de brevets quils produisent, mais aussi en fonction de leur contribution au domaine public et aux biens communs.

149

Sur le plan des structures de financement, il faut aussi garantir :

des solutions de financement des actifs de long terme ou qui présentent un caractère dintérêt général, des actifs incorporels et des organismes qui ont un caractère non lucratif ou à lucrativité limitée ;

une diversité de financement notamment via dans la finance sociale et solidaire et de possibilité dhybridation avec des fonds publics.

On doit aussi veiller au sourcing. LESS et les entreprises sociales sont souvent décentralisées. Un sourcing efficace supposerait donc de recueillir les informations les concernant auprès de sources situées sur le terrain (réseaux sociaux et conseils, succursales bancaires, comptables agréés…) plutôt quauprès dagences publiques ou par le biais de bases de données externes comme celles qui sont utilisées par lindustrie financière.

Une des particularités des banques coopératives et de la finance éthique est en effet de sappuyer dans leur prise de risque sur lexpérience de leurs membres et de leurs clients pour réduire les asymétries dinformation (UNRISD, 2015). En ce sens, les banques coopératives et la finance éthique devraient être à la fois en mesure daccroitre une prise de risque raisonnée (Mäkinen et Jones, 2015) et, grâce à des chaînes plus courtes dapprovisionnement et de redistribution de largent, capables dexpliquer doù largent vient et où il va. En créant la confiance nécessaire pour favoriser les approches de proximité, elles devraient permettre dinvestir dans des actifs incorporels qui noffrent pas de garantie réelle, encouragées et évaluées en ce sens par lUE.

Conclusion

Le financement de linnovation sociale ne peut pas reposer sur des bases de données qui se contentent de mesurer ce qui est déjà connu. Cela reviendrait à conduire en regardant en permanence dans le rétroviseur. Tous les investissements sociaux ne nécessitent pas une mesure de leur « impact », terme qui reste bien flou, pour être décidés. La somme des impacts sociaux décidés par les investisseurs privés, quand bien même ils seraient des philanthropes, ne constitue pas lintérêt général. Pour 150garantir que la valeur ajoutée sociale est réinvestie dans les objectifs sociaux, une réglementation publique est nécessaire. Pour que le secteur des organismes de lESS et particulièrement des organismes sans but non lucratif soit intégré, il faut conserver des aides publiques et une approche à long terme. Il faut non seulement des moyens privés nouveaux et novateurs de financement, mais aussi des réglementations publiques et financières plus durables. Ces conditions sont nécessaires pour sauver la grande diversité des organisations socio-économiques.

151

Bibliographie

Alix N. (2012), « Do EU legislation and economic policies act in concert in developing a harmonised business theory for social economy and social enterprise? A European review from 1990 to 2011 » (2013) ISTR Conference Working Papers Series – volume VIII – Siena, Italy ; RECMA 327, janvier 2013.

Alix N. et Baudet A. (2013), « Linvestissement dimpact : un facteur de transformation du secteur social en Europe », 4e Conférence internationale CIRIEC, Anvers, www.ciriec-ua-conference.org

Alix N. et M. de Nanteuil (éd.), (2014), « Pour une économie de confiance en Europe : la contribution de léconomie sociale et solidaire – De la crise au changement social », LOption 33 Confrontations Europe.

Alix N. (2015), « Mesure de limpact social, mesure du consentement à investir ». Revue internationale de léconomie sociale, RECMA, n o 335, p. 111-116.

Archambault E. (2000), « Perspective internationale sur le secteur sans but lucratif », Projet, 3/12/2000.

Bancel J.-L. (2014), « Les attentes des entreprises de lESS dans un contexte de crise financière », dans « Pour une économie de confiance en Europe : la contribution de lESS – De la crise au changement social », LOption no 33, Confrontations Europe.

Bouchard M. et Rousselière D. (éd.) (2015), « Le poids de léconomie sociale, une perspective internationale », CIRIEC, Peter Lang.

Callanan L. & J. Law, McKinsey & Company (2013), « Pay for Success: Opportunities and Risks for Nonprofits », Community Development Investment Review, Volume 9, Issue 1.

CFE/LEED (2015), « Understanding Social Impact Bonds », 10/REV1 REV1, 30-Oct-2015

Chiapello E. (2014), « Financialisation of valuation », Human Studies, 37, no 4.

Clyde P. et Karnani A. (2015), « Improving Private Sector Impact on Poverty Alleviation: A Cost-Based Taxonomy », University of California, Berkeley V. 57, No. 2, CMR. Berkeley. EDU

Cohen Sir R. (2014), « Revolutionising Philanthropy: Impact Investment », The Mansion House, Thursday 23 January 2014

Confrontations Europe, conférences sur les investissements en impact social (2015), http://www.confrontations.org/fr/conferences/2015/2335-puissance-et-limites-des-indicateurs-ou-mesures-d-impact-objectifs-enjeux-acteurs-confrontations-et-institut-cdc

152

Dorion C. (2015), « Le financement de léconomie sociale au Québec », http://www.eu2015lu.eu/fr/agenda/2015/12/03-04-conf-economie-sociale/C_-Dorion-Le-financement-de-l_economie-sociale-au-Quebec_Français.pdf

EC/OECD, (2014), « Policy Brief on Social Impact Measurement for Social Enterprises », EC Publishing, Luxemburg.

Commission européenne (2011), Communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions, « Initiative commerciale, Création dun climat favorable aux entreprises sociales, acteurs clés de léconomie sociale et de linnovation » – COM (2011) 682/2.

Commission européenne (2013), Communication au Parlement européen, au Conseil, au CESE et au Comité de la région. « Vers linvestissement social pour la croissance et la cohésion – y compris la mise en œuvre du Fonds social européen 2014-2020 ». 20.2.2013 COM (2013) 83 final

Parlement européen et Conseil (2013), Règlement (UE) n o 346/2013 du 17 avril 2013 relatif aux « fonds européens pour lentrepreneuriat social ».

Morgan J. P. (2010), « Impact Investments, An Emerging Asset Class, Report », Global Research.

Levêque B. (2011), « Réflexions sur la conjoncture économique et politique : un monde qui se défie, un monde à reconstruire », Dossier conjoncture laction nationale, p. 157-175.

Makinen M. et Jones D. C. (2015), « Comparative Efficiency Between Cooperative, Savings and Commercial Banks in Europe Using the Frontier Approach », Annals of Public and Cooperative Economics 86:3 2015, p. 401-420.

Mottis N. et Ponsard J.-P., (2002), « Linfluence des investisseurs institutionnels sur le pilotage des entreprises », Revue française de gestion « Lactionnaire », 2002/5 (n o 141), pp 225-248.

OECD Antonella NOYA (éd.) (1999). « Social enterprises », OECD Paris.

Ormiston J. et Seymour R. (2011), « Understanding Value Creation in Social Entrepreneurship: The Importance of Aligning Mission, Strategy and Impact Measurement », Journal of Social Entrepreneurship, Volume 2, Issue 2, 2011.

Orléan A. (1998), Le pouvoir de la finance, Odile Jacob, 276 p.

Peredo A. M. et MacLean M. (2006), « Entrepreneuriat social : une critique du concept », Journal of World Business, vol. 41, No. 1, p. 56-65.

Pralahad C. K. (2004), « The Fortune at the Bottom of the Pyramid », Pearson Education.

Rambaud A. et Richard J. (2016), « The “Triple Depreciation Line” Accounting Model and Its Application to the Human Capital » In Finance and Economy for Society: Integrating Sustainability. Published online, 16/12/2016 ; 225-252.

153

Social Impact Investment Taskforce, (2014), « Impact Investment: The Invisible Heart of the Market », October 2014.

UNRISD (2015), « Social and Solidarity Finance; Tensions, Opportunities and Transformative Potential » – Workshop Concept note. Geneva.

Young D. R. (2007), « A Unified Theory of Social Enterprise », Working Paper 07-01, Andrew Young School of Policy Studies, Georgia State University.

1 nicole.alix@coopdescommuns.org

2 http://ec.europa.eu/internal_market/social_business/expert-group/social_impact/index_fr.htm

3 http://www.confrontations.org/en/conferences-english/2015/2348-social-impact-investing-and-its-role-in-the-Avenir-social-public-privé-investissements-poursuite-dialogue