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Classiques Garnier

Pour une convergence des initiatives relatives à une refondation de la finance

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Entreprise & Société
    2017 – 1, n° 1
    . varia
  • Auteur : Pérez (Roland)
  • Résumé : La crise financière mondiale déclenchée en 2007-2008 a amené à réfléchir et à débattre autour des thèmes concernant la refondation de la finance. Diverses initiatives ont été prises, des collectifs ont été créés, sous l’impulsion, ici de chercheurs, là de praticiens, ailleurs de citoyens préoccupés par l’ampleur et la durée de la crise actuelle, parfois en rapprochant, à des degrés divers, ces différentes catégories d’acteurs.
  • Pages : 261 à 277
  • Revue : Entreprise & Société
  • Thème CLIL : 3312 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Économie publique, économie du travail et inégalités
  • EAN : 9782406068426
  • ISBN : 978-2-406-06842-6
  • ISSN : 2554-9626
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06842-6.p.0261
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 10/03/2017
  • Périodicité : Semestrielle
  • Langue : Français
  • Mots-clés : Crise financière, refondation, financé durable, initiatives européennes
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Pour une convergence
des initiatives relatives
à une refondation de la finance1

La crise financière mondiale déclenchée en 2007-2008 a amené à réfléchir et à débattre autour des thèmes concernant la refondation de la finance. Diverses initiatives ont été prises, des collectifs ont été créés, sous limpulsion, ici de chercheurs, là de praticiens, ailleurs de citoyens préoccupés par lampleur et la durée de la crise actuelle, parfois en rapprochant, à des degrés divers, ces différentes catégories dacteurs.

Parmi les différents appels reçus, nous avons retenu les suivants :

The Call for a Finance Watch (juin 2010)

Lappel pour « Renouveler la recherche et lenseignement en finance, économie et gestion pour mieux servir le bien commun » (mars 2011)

Le standing track « Finance, Economy and Society » dEURAM (octobre 2013)

Le Manifesto du réseau PoCFiN (avril 2015)

I. The “Call for a Finance Watch” (June 2010)

We, as European elected officials in charge of regulating financial markets and banks, can see every day the pressure exerted by the financial and banking industry to influence the laws governing it. There is nothing extraordinary if these companies make their point of view known and have discussions on a regular basis with legislators. But it seems to us that the asymmetry between the power of this lobbying activity and the lack of counter-expertise poses a danger to democracy. 262 Indeed, this lobbying activity should be balanced by that of others. When it comes to the environment or to public health, non-governmental organizations (NGOs) have developed a counter-expertise which reports a different point of view compared to the one of corporations. The same happens when it comes to social policies and industrial relations, where the voice of employers is balanced by the one of trade unions. These disputes allow elected officials to hear opposite points of reasoning. But when it comes to finance, this is not the case. Neither trade unions nor NGOs have developed an expertise capable of countering the banks expertise. Therefore, there is currently no sufficient counterpower in civil society. This absence does not prevent us from developing our own expertise, independent from industry, and to do our work, but this asymmetry constitutes in our eyes a danger to democracy. This asymmetry lies in a context of close proximity between political and financial elites. In the U.S. the connections between Goldman Sachs and the government are known. But in Europe this proximity is by no means smaller. This proximity contributes to a unilateral attention to the argumentations of the financial industry and it certainly hinders the ability of politicians to take decisions free from influences. As it happens, the lack of an adequate political response to the crisis of the financial system can feed any form of populism, based more on emotion than on reason. As European elected officials in charge of financial and banking regulations, we therefore call on civil society (NGOs, trade unions, academic researchers, think-tanks…) to organize to create one (or more) non-governmental organization(s) capable of developing a counter-expertise on activities carried out on financial markets by the major operators (banks, insurance companies, hedge funds, etc.) and to convey effectively this analysis to the media. As elected officials from different political families we may differ on the measures to be taken. But we are all together in wanting to create greater awareness in the public opinion on this risk for the quality of democracy.

As MEPs, we invite the Members of national parliaments to join our call.

263

II

Appel des enseignants et chercheurs « Renouveler la recherche et lenseignement en financeéconomie et gestion pour mieux servir le bien commun » (Genève-Fribourg-Zürich mars 2011)

II.1.

Les auteurs de cet appel constatent avec inquiétude que plus de trois ans après léclatement de la crise qui a fortement mis en lumière les écueils, limites et dangers ainsi que les responsabilités de la pensée dominante en matière économique, cette dernière continue à exercer un quasi-monopole sur le monde académique. Ce monopole tient au pouvoir institutionnel que ses inconditionnels exercent sur le monde universitaire et sur celui de la recherche. La domination, relayée par les prétendues meilleures universités, date dil y a au moins un quart de siècle et est mondiale. Toutefois, la manière dont ce paradigme persiste malgré la crise actuelle met en évidence son ampleur et la dangerosité de son caractère dogmatique. Les enseignants et chercheurs, signataires de cet appel, constatent que cette situation limite la fécondité de la recherche et de lenseignement en économie, finance et gestion, car elle les détourne des questions essentielles pour la société.

II.2.

Cet appel est à la fois public et international et sinscrit dans un cadre plus large dinitiatives convergentes. En effet, dans les conditions actuelles, le monde académique ne semble plus en mesure de former des esprits ouverts, novateurs et responsables, susceptibles daffronter les défis actuels et ceux à venir. Cette situation nest limitée ni à la Suisse, ni à lEurope. La recherche doit contribuer au bien-être commun et non pas produire des analyses complaisantes sur les supposés bienfaits de la financiarisation de lensemble du système économique obtenus grâce aux avantages présumés de linnovation et de la spéculation financière.

264

II.3.

Les professeurs, enseignants et chercheurs sont dépositaires de la confiance de la société qui leur a donné pour tâche de la servir par la transmission et par la quête continue dune meilleure appréhension de la réalité. Cest seulement dans ce contexte que la liberté académique a un sens, elle est responsabilité et non licence. Ainsi, aujourdhui, lune des grandes priorités de la recherche en finance, économie et gestion devrait être dexaminer ses propres fondements et pratiques à la lumière des phénomènes qui ont conduit à la crise financière. Cest seulement à cette condition quil sera possible délaborer des politiques et remèdes permettant de retrouver un fonctionnement équilibré de léconomie.

II.4.

Il est impératif de dépasser ainsi les discussions à huis clos entre spécialistes tous coulés dans le même moule. Par construction, de telles discussions sont incapables de remettre en question leurs propres présupposés. La situation actuelle requiert donc louverture de ces disciplines à une investigation fondamentale qui est nécessaire pour apporter la distance nécessaire à leur régénérescence. Cet effort se heurte à une résistance interne forte et doit donc trouver des relais extérieurs. Pour affirmer un pluralisme dapproches, il convient donc de mettre en discussion les fondements (épistémologiques, éthiques et anthropologiques) des disciplines déconomie, de finance et de gestion.

II.5.

En tant que dépositaires de la confiance des citoyens et producteurs didées qui influencent les comportements et les politiques, nous attirons lattention de lopinion publique et du monde politique sur le fait que les conditions daccomplissement responsable de notre mission sont compromises. Cet appel sadresse dune part aux étudiants, jeunes chercheurs, collègues et acteurs économiques, et dautre part à ceux qui exercent des responsabilités publiques en matière déducation universitaire et de recherche, recteurs et présidents dinstitutions denseignement sans oublier les responsables des structures de financement de la recherche. Il leur revient, en premier lieu, de veiller à ce que les conditions nécessaires 265au renouvellement fondamental de nos disciplines et au retour au pluralisme des approches soient rapidement remplies.

II.6.

Les professeurs de lenseignement supérieur, signataires de cet appel suggèrent des pistes dactions susceptibles de promouvoir le pluralisme, rempart contre les risques de laveuglement dogmatique et la dérive des politiques et des comportements qui en résultent. Ils proposent notamment

Quun examen critique rétrospectif soit initié, de manière à remettre à lesprit de chaque chercheur la question de la pertinence, pour la société, des travaux quil produit grâce aux financements publics. La liberté académique ne saurait justifier de faire limpasse sur la responsabilité des enseignants et chercheurs en la matière.

Quau niveau institutionnel, le décloisonnement et linterdisciplinarité soient réellement promus.

II.7.

Il sagit aussi de créer les conditions nécessaires à ce que la pluralité soit présente et reconnue à tous les niveaux de la hiérarchie académique :

Par la prise en compte dans le recrutement de nouveaux professeurs de lintérêt quils portent à la résolution de problèmes dordre socio-économiques ainsi quen général à léquité, la stabilité et la durabilité du système économico-financier.

Par lélargissement des critères dévaluation de la recherche de manière à intégrer la pertinence des thèmes choisis, le contenu et le caractère interdisciplinaire des articles ou livres publiés et non pas seulement le nombre de publications dans quelques revues monolithiques.

II.8.

La critique de la pensée dominante est une exigence scientifique. Il sagit donc davancer sur ces pistes pour que le pluralisme devienne une réalité reconnue et appréciée et quil enrichisse le débat public et éclaire les choix politiques.

266

II.9.

Les auteurs de cet appel sont :

Titre/Prénom/Nom

Institution dattache

Pays

Prof. Hon. Claude Auroi

IUHEID – Genève

Suisse

Prof. Heinrich Bortis

Université de Fribourg

Suisse

Prof. Marc Chesney

Université de Zurich

Suisse

Prof. Paul Dembinski

Université de Fribourg

Suisse

Dr Denis Dupré MCF

Université de Grenoble

France

Prof. Rajna Gibson

Université de Genève

Suisse

Prof. Jean-Christophe Graz

Université de Lausanne

Suisse

Em. Prof. Chris Lefebvre

Université catholique de Leuven

Belgique

Prof. Rafeal Matos

HES Sierre

Suisse

Em. Prof. Claude Mouchot

Université de Lyon 2

France

Prof. Alfred Pastor

IESE – Barcelone

Espagne

Prof. Étienne Perrot

Institut catholique de Paris

France

Prof. Hes M-F Perruchoud-Massy

HES Sierre

Suisse

Prof. Frédéric Poulon

Université Montesquieu – Bordeaux

France

Prof. Birger P. Priddat

Université de Witten/Herdecke

Allemagne

Dr Gilles Raveaud MCF

Université Paris 8 Saint-Denis

France

Prof. Sergio Rossi

Université de Fribourg

Suisse

Prof. Jean-Michel Servet

IUHEID – Genève

Suisse

Prof. Milad Zarin

Université de Neuchâtel

Suisse

Les collègues enseignants-professeurs ainsi que toute personne découvrant cet appel et souhaitant le signer, peut le faire sur ce blog en cliquant sur le lien www.responsiblefinance.ch/appel/signer-lappel/. Vous 267pouvez ci-dessous aussi nous faire part de vos éventuels commentaires. Ladhésion et les commentaires peuvent aussi être envoyés à ladresse dédiée manifeste@obsfin.ch

III. Le standing track
« Finance, Economy and Society » dEURAM

LEuropean Academy of Management (EURAM) est une association européenne, regroupant depuis 2001 un nombre croissant de chercheurs et universitaires dans le monde des sciences de gestion (www.euram-online.orgo. Elle est structurée par thèmes dominants en Special Interest Group (SIG), notamment sur le thème « Business for Society » au sein duquel a été créé un standing track « Finance, Economy and Society » (animé par Catherine Karyotis (Neoma B. S.). Ce collectif a organisé des sessions dédiées aux congrès EURAM 2014 (Valencia), 2015 (Warshaw), 2016 (Paris) – thème directeur : « Finance, Economy and Society : For a sustainable re-embedding ».

Finance et soutenabilité : vers un changement de paradigme ?

Catherine Karyotis,
avril 2015

La crise financière de 2008 encore visible aujourdhui mais aux conditions et à lampleur totalement différentes nous amènent à remettre la finance au service de léconomie réelle et de la société. Lhyper-financiarisation appelle un changement de paradigme pour remettre la finance en phase avec la soutenabilité des économies via son ré-encastrement au sens de Polanyi (1944).

III.1. Une crise financière aux contours indéfinis

Les dérives de la finance proviennent dun développement à outrance de la finance devenue un but davantage quun moyen, ce quAristote a appelé la chrématistique. Ces dérives sinscrivent dans la trajectoire de 268lhyper-financiarisation des économies. Les encours des marchés dérivés sélèvent, en 2013, à 693 000 milliards de dollars, soit dix fois le PIB mondial ; pourtant, selon la Banque des Règlements Internationaux, seules 7 à 8 % des transactions sur les marchés à terme seraient dédiées aux besoins de couverture des entreprises industrielles ou commerciales ; le shadow banking, atteint 53 000 milliards deuros ; tandis que chaque jour séchangent 5 300 milliards de dollars sur le marché des changes.

Le modèle de léconomie hyper-financiarisée assise sur lendettement, leffet de levier et le court-termisme ont fait oublier le fondement des relations à long terme essentielles à la pérennisation de nos économies ; le système sest écroulé en 2008. La crise est devenue globale et se révèle être une crise de modèle (Aglietta & Rigot 2009).

Lerreur de la finance est pourtant antérieure à la crise ; on a cru que tout pouvait se mettre en équation. On a cru à une modélisation totale, reposant sur le déterminisme. Cette financiarisation à outrance des économies et cette idéologie du quantifiable et du modélisable se sont cristallisés notamment dans une technique, qui fut linstrument de propagation de la crise, la titrisation. En financiarisant la vie quotidienne (Martin 2002), les relations entre les individus et la société se sont progressivement structurées via le crédit. On a titrisé lAmerican dream. Aujourdhui, une gouvernance de la finance mondiale est tout autant nécessaire que la stabilité de la même finance.

III.2. Un nécessaire changement de paradigme
pour un ré-encastrement de la finance

Polanyi (1944) avait dénoncé lencastrement de la société dans léconomie, aujourdhui cet encastrement est double : la société est encastrée par léconomie, elle-même encastrée par la finance. « La marchandisation économique [a pris] peu à peu le pas sur le développement éthique et spirituel. Lavoir [la emporté] sur lêtre. Les liens de réciprocité entre les personnes, et les rapports mêmes avec le politique, [se sont effacés] devant lextension de léchange marchand à la sphère privée » (Lenoir 2012).

Plus que la marchandisation, cest la « marchéisation » qui doit être limitée. Polanyi (1944), affirmait en effet que « La maîtrise du système économique par le marché a des effets irréversibles sur lorganisation toute entière de la société : elle signifie que la société est gérée en tant 269quauxiliaire du marché. Au lieu que léconomie soit encastrée dans les relations sociales, ce sont les relations sociales qui sont encastrées dans le système économique ».

Soixante ans après le sociologue, appelons à un changement de paradigme pour une nouvelle gouvernance ; que la finance reste un moyen et non un but !

Il convient de réguler lensemble des acteurs financiers et pas seulement les banques, dassainir certaines techniques telles que la titrisation secondaire ou tertiaire ou certaines pratiques (limitation des bonus, séparation des activités bancaires…), de limiter lactivité de certains marchés (marchés OTC, etc.), de décourager, voire dinterdire, certaines transactions telles celles pratiquées dans les paradis fiscaux ou encore dinstaurer une taxation sur les transactions financières. À cette fin, le ré-encastrement prend toute son importance, pour remettre les choses à lendroit, donc la finance au service de léconomie et des hommes

IV. Manifesto POCFIN

Thomas Lagoarde Segot
et Christophe Revelli
– Kedge B.S. (avril 2015)

Linédite complexité du système financier et les conséquences délétères de la financiarisation aux plans économique, social et écologique nous appellent à repenser en profondeur les concepts de la théorie financière. Mais une telle diversification est-elle réellement envisageable, compte tenu de lunicité paradigmatique de la finance académique, des conditions actuelles de ladministration de la recherche, et de lévolution du métier denseignant-chercheur ?

Ce sont ces raisons qui ont poussé au printemps 2015 un collectif de chercheurs (en provenance dinstitutions telles quOxford University, KEDGE Business School, Leicester University, Loughborough University, University of Westminster) à lancer un Manifeste dont le texte est repris en annexe. Lobjectif de ce Manifeste est de fournir un point de ralliement 270et de la visibilité à tout chercheur souhaitant sengager dans la voie de la diversification de la théorie financière, dans une perspective pluraliste et interdisciplinaire, et dans le respect des normes académiques douverture, déquité et de transparence. Sur un plan épistémologique, nous affirmons que lapport croisé de contributions issues dapproches différentes permettra une compréhension plus fine du monde financier, appréhendé sous ses multiples facettes. Nous posons comme principe que la recherche est un processus créatif pouvant être conduit de façon multiple : développer des connaissances dans des directions différentes… enrichira considérablement notre compréhension du monde social. Linteraction et le dialogue entre les différentes approches nous permettra de synthétiser, transformer, polariser, et clarifier les différences de point de vue, sans viser à obtenir un référentiel uniforme. Cette initiative aura également pour corollaire de responsabiliser les chercheurs, en nous rendant pleinement décisionnaires du protocole de recherche. Nous aurons en effet à nous justifier explicitement de lapproche retenue, des hypothèses posées, et des objectifs de leur recherche, en fonction de la nature du problème posé, et des alternatives existantes. Cet élargissement nous permettra de mieux appréhender la complexité nouvelle du système financier, ainsi que ses interactions avec lenvironnement et la société.Enfin, par transposition dans les contenus denseignement, ces travaux nous permettront de stimuler le pluralisme économique, en favorisant lémergence de nouvelles formes de gestion et de financement de lactivité économique.

Ce Manifeste est par ailleurs associé à un grand nombre dinitiatives (ateliers de recherche, coopérations avec les acteurs, ouvrages collectifs, numéros spéciaux, conférences internationales…), notre objectif partagé étant de faire paraître une cinquantaine darticles dans des revues labellisées à lhorizon 2018 ; et de publier dans la foulée un manuel denseignement assis sur ces nouvelles connaissances. Si nous réussissons, nous aurons très probablement jeté les bases du processus de diversification de la finance académique et aurons contribué, à notre échelle, à un projet partagé démancipation du capitalisme financiarisé.

Manifesto (Postcrisis Finance Research Network – Marseille, spring 2015)

The ongoing economic, social and environmental crisis has revealed the need to redefine the finance function. Given its micro-normative intent, academic 271 finance bears significant responsibility in this process addressing the interaction between finance and society. As a response, many private actors have enlarged their definition of value to include environmental and social elements into their management and asset allocation practices. Such practices, however, appear incompatible with the current epistemological structure of academic discourse in finance, which is heavily influenced by logical positivism and the methodological individualism hypothesis based on the maximization of the shareholder s utility function. This paradox challenges us to reconsider the epistemological foundations of modern finance, and, in particular, the dominant role played by shareholders. In particular, we argue there is a need to turn the order upside down : economy and finance have to be embedded in environmental and social welfare to answer challenges we face, rather than the opposite. There is a need for a radical break with the methodological individualism that dominates the fields of economics and management, and especially finance. It is of our responsibility to question social welfare simply considered as a result of shareholders value maximization point of view. Or should we instead promote another character, as a substitute to the shareholder ? How should we (re)define the concept of value ? This could serve as a stepping stone for the rethinking of academic finance and attempt to carve out innovative paths for financial research in the 21 st century.

Il parait souhaitable que les différentes initiatives prônant une « refondation de la finance » se coordonnent entre elles pour construire ensemble une alternative crédible face à la toute puissance du mainstream.

Toutes les personnes intéressées par ce projet collectif sont invitées à y participer et à le faire savoir. « Working together » comme nous le recommandait Lin Ostrom…

Contacts :

Réseau PoCFin c/o chaire “finance autrement” AG2R-La Mondiale – Kedge BS (bernard.paranque@kedgebs.com ; thomas.lagoardesegot@kedgebs.com ; christophe.revelli@kedgebs.com)

Finance Watch (benoit.lallemand@finance-watch.org)

Observatoire de la finance. Genève, CH (manifeste@obsfin.ch)

Séminaire « Éthique et finance » MSH Paris chaire-ef@msh-paris.fr, christian.walter@msh-paris.fr

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Groupes de travail. EURAM et RIODD (fred.dejean@gmail.com, catherine.karyotis@neoma-bs.fr)

finance@bienscommuns.org (nicole.alix@credit-cooperatif.coop ; perez.roland@free.fr)

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1 Informations rassemblées par Roland Pérez, (juillet 2016).