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Résumés/Abstracts

Philippe Ragel, « Avant-propos. Du portrait de peinture au cinéma : héritages, relances et figure »

Philippe Ragel est professeur d’histoire et d’esthétique du cinéma à l’Université Toulouse II – Jean Jaurès (UR PLH). Dans le prolongement de ses travaux sur le cinéma iranien (Kiarostami, le cinéma à l’épreuve du réel, Yellow Now, 2008), il s’intéresse aux régimes poétiques du cinéma (Le Film en suspens, PUR, 2015 ; Stase d’écrit, stase d’écran. Poétique du suspens narratif, Textimage, 2021, codir.) ainsi qu’à la question picturale et paysagère.

Héritant d’une longue tradition littéraire, le portrait peint apparaît dès les premiers temps du muet. Si le cinéma renforce « le caractère d’œuvre » (Aumont) de cette figure qui comparait, si sa présence est nécessairement à la croisée d’un montage de significations qui l’implique, il s’agit surtout ici de rappeler que le tableau d’un personnage extérieur ou non à la diégèse demeure, dans un film, autant l’agent d’une proposition théorique sur le portrait que le lieu où elle s’accomplit.

Mots-clés : figure, portrait, présence, théorie du cinéma, transmédialité.

Philippe Ragel, “Foreword. From the painted portrait to film: Inheritances, revivals, and figure”

Philippe Ragel is professor of history and film aesthetics at the University of Toulouse 2 – Jean Jaurès in the Heritage, Literature, and History unit (UR PLH). Continuing his work on Iranian cinema (Kiarostami, le cinéma à l’épreuve du réel, Yellow Now, 2008), he is interested in the poetic regimes of cinema (Le Film en suspens, PUR, 2015; Stase d’écrit, stase d’écran. Poétique du suspens narratif, Textimage, 2021, co-editor) as well as in pictorial and landscape issues.

Inscribed in a long literary tradition, painted portraits appear on screen from the outset, in silent films. While cinema reinforces “the characteristic of an artform” of this figure which is summoned, while its presence is at the junction of a construction of meanings in which it is involved, our purpose is to recall that the portrait of a 240character who may or may not be extradiegetic constitutes in a film both the agent of a theoretical proposal on portraits and the locus where it takes place.

Keywords: figure, film theory, portrait, presence, transmediality.

Jean-Michel Durafour, « Le portrait dont la résolution est le lointain. Littéralement, la peinture : L’Ange de la rue »

Jean-Michel Durafour est philosophe, professeur des universités en esthétique et théorie du cinéma, et poète. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont dernièrement Tchernobyliana. Esthétique et cosmologie de l’âge radioactif (Vrin, 2021). En 2022, il codirigera avec Emmanuelle André et Luc Vancheri le Dictionnaire d’iconologie filmique (PUL), et publiera deux ouvrages dont Gene Tierney. Une irradiation blême (Circé). En 2021, il a également fait paraître sous le pseudonyme d’Étienne Vaunac un recueil de poèmes, Le Monde naturel (Le Lierre embrassant la muraille).

Certains films proposent une pensée figurative renouvelant des débats théologiques et engageant des conjectures théoriques sur les images. Par exemple, si pour Gance le cinéma est une « résurrection lumineuse », n’est-ce pas parce que la projection transporte dans le rai d’une machine le corps glorieux des êtres humains fors ses fonctions organiques, réduit à son idée somatique ? Dans L’Ange de la rue de Borzage, comment le portrait peint fait-il interface entre la théologie et la singularité du cinéma ?

Mots-clés : Lumière, repeint, Sainte Face, théologie, théorie du cinéma.

Jean-Michel Durafour, “Portraiture whose solution is the distant. Literally, painting: Street Angel”

Jean-Michel Durafour is a philosopher, university professor of aesthetics and theory of cinema, and poet. He is the author of several books, including most recently Tchernobyliana. Esthétique et cosmologie de l’âge radioactif (Vrin, 2021). In 2022, he will co-edit the Dictionnaire d’iconologie filmique with Emmanuelle André and Luc Vancheri (PUL) and will publish two books including Gene Tierney. Une irradiation blême (Circé). In 2021, under the pseudonym of Étienne Vaunac, he also published a collection of poems, Le Monde naturel (Le Lierre embrassant la muraille).

Some films propose a figurative thought that renews theological debates and engages theoretical conjectures on images. For instance, if Gance assumes that the cinema is a “luminous resurrection”, isn’t it because the projection transports the glorious body of human beings stripped of its organic functions and reduced to its somatic idea throught the spoke of a machine? In Borzage’s Street Angel, how does the painted portrait become a interface between theology and the singularity of cinema?

Keywords: film theory, Holy Face, light, repainted, theology.

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Chiara Tognolotti et Laura Vichi, « Le portrait ambigu de la douleur. Identité fluide, androgynie, souffrance et création artistique dans La Chute de la maison Usher (Jean Epstein, 1928) »

Chiara Tognolotti (PhD) est professeure à l’Université de Pise, où elle enseigne l’histoire du cinéma italien et l’esthétique du cinéma. Parmi ses derniers travaux, on notera La caduta della casa Usher (Jean Epstein, 1928). Fotogenie, superfici, metamorfosi (Mimesis 2020) et De la photogénie du réel à la théorie d’un cinéma au-delà du réel : l’archipel Jean Epstein (Kaplan 2020, avec Laura Vichi).

Laura Vichi (PhD) est chercheuse indépendante. Avec l’association qu’elle dirige, L’Usine aux Images, elle enseigne et promeut l’histoire du cinéma par des actions éducatives et auprès d’organismes français consacrés à l’éducation populaire. Elle est auteure d’ouvrages sur Henri Storck et Jean Epstein et d’articles sur le cinéma italien, le documentaire, le cinéma d’avant-garde, le cinéma muet, pour certains parus dans des revues internationales.

Bien que Jean Epstein ait dédié maintes pages à l’intense proximité que le visage en gros plan déplie devant les spectateurs, quand les images accueillent un portrait (La Chute de la maison Usher), les règles du jeu semblent changer. En s’appuyant sur des publications récentes ainsi que sur des sources d’archives, on s’aperçoit que la relation complexe entre le corps et le portrait conduit à mettre en lumière des thèmes moins explorés mais parmi les plus fascinants du corpus epsteinien.

Mots-clés : Jean Epstein, La Chute de la maison Usher, portrait, photogénie, douleur, genre au cinéma.

Chiara Tognolotti and Laura Vichi, “An ambiguous portrait of pain. Fluid identity, androgyny, suffering, and artistic creation in The Fall of the House of Usher (Jean Epstein, 1928)”

Chiara Tognolotti (PhD) is a professor at the University of Pisa, where she teaches Italian film history and film aesthetics. Her latest works include La caduta della casa Usher (Jean Epstein, 1928). Fotogenie, superfici, metamorfosi (Mimesis 2020) and De la photogénie du réel à la théorie d’un cinéma au-delà du réel: L’archipel Jean Epstein (Kaplan 2020, with Laura Vichi).

Laura Vichi (PhD) is an independent researcher. Under the auspices of L’Usine aux Images, the organization she leads, she teaches and promotes film history through educational actions and with French organizations dedicated to popular education. She is the author of books on Henri Storck and Jean Epstein and of articles on Italian cinema, documentaries, avant-garde cinema, and silent cinema, some of which have appeared in international journals.

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Even if many of the pages written by Jean Epstein are dedicated to the intensity stemming from the close-up of the human face, when the images turn towards a portrait (La Chute de la maison Usher) the rules of the game appear to be different. Based on a number of recent publications as well as on archival sources, this article studies the complex relationship between the body and the portrait, so as to enlighten one of the themes less explored and most fascinating in Epstein’s body of work.

Keywords: Jean Epstein, The Fall of the House of Usher, portrait in film, photogenie, pain, gender in film.

Janig Bégoc, « La performativité du portrait peint dans Théorème de Pier Paolo Pasolini »

Janig Bégoc est maîtresse de conférences en histoire et théorie des arts visuels à l’Université de Strasbourg. Ses recherches portent sur les arts de la performance et l’anthropologie des images. Elle a codirigé La performance : entre archives et pratiques contemporaines (PUR, 2011) et La performance au risque du texte, le texte au risque de la performance (Accra, 2019).

Cet article s’attache au portrait de l’être aimé que Pietro cherche à peindre dans Théorème de Pasolini (1968). Tout en témoignant d’une généalogie de l’art de la performance, les expérimentations du jeune homme restituent une anthropologie des images sacrées. En observant le portrait peint à l’aune de la théologie chrétienne, il s’agit de montrer que le renoncement à l’imitation et l’usage des fluides corporels par Pietro visent, par l’incarnation, à mettre en présence la figure christique.

Mots-clés : Pasolini, Théorème (film), urine, anthropologie chrétienne, incarnation, sexualité, performativité.

Janig Bégoc, “The performativity of the painted portrait in Pier Paolo Pasolini’s Teorema”

Janig Bégoc is a senior lecturer in history and theory of visual arts at the University of Strasbourg. Her research focuses on performance art and the anthropology of images. She co-edited La performance: Entre archives et pratiques contemporaines (PUR, 2011) and La performance au risque du texte, le texte au risque de la performance (Accra, 2019).

This article focuses on the portrait of the beloved that Pietro seeks to paint in Pasolini’s Theorem (1968). While testifying to a genealogy of performance art, the young man’s experiments restore an anthropology of sacred images. By observing the portrait painted in the light of Christian theology, I seek to show that the renunciation 243of imitation and the use of bodily fluids by Pietro aim, through the incarnation, to bring into presence the Christ figure.

Keywords: Pasolini, Theorem (Film), urine, Christian anthropology, incarnation, sexualit, performativity.

Àngel Quintana, « Sur le portrait cinématographique de famille. À propos de Familystrip de Lluís Miñarro »

Àngel Quintana est professeur d’histoire et de théorie du cinéma à l’université de Gérone (Espagne). Il a publié une quinzaine de livres sur le cinéma, dont les essais Fábulas de lo visible (Acantilado, 2003), Después del cine (Acantilado, 2011). Certains de ses ouvrages ont été traduits en français : Federico Fellini (Cahiers du cinéma / Phaedon, 2007), Virtuel ? (Cahiers du cinéma, 2008), Lorca et le cinéma (Nouvelles Éditions J.M. Place, 2018) et Dylan et le cinéma (Nouvelles Éditions J.M. Place, 2021).

Cet article explore l’état des portraits de famille réalisés dans le domaine du documentaire, plus particulièrement Familystrip de Lluís Miñarro (2009), un portrait des parents du cinéaste réalisé par l’artiste Francesc Herrero pour perpétuer un souvenir. Sur la base des exemples explorés, l’article cherche à définir les traits essentiels et les caractéristiques des œuvres qui se déplacent entre le présent et le passé, entre la sphère privée des images et leur utilisation publique.

Mots-clés : Lluís Miñarro, Francesc Herrero, documentaire, famille, mémoire, photographie.

Àngel Quintana, “On filmic family portraits. Familystrip by Lluís Miñarro”

Àngel Quintana is a professor of history and film theory at the University of Girona (Spain). He has published some fifteen books on cinema, including the essays Fábulas de lo visible (Acantilado, 2003) and Después del cine (Acantilado, 2011). Some of his works have been translated into French: Federico Fellini (Cahiers du cinéma / Phaedon, 2007), Virtuel? (Cahiers du cinéma, 2008), Lorca et le cinéma (Nouvelles Éditions J.M. Place, 2018) and Dylan et le cinéma (Nouvelles Éditions J.M. Place, 2021).

This article explores the state of the family portraits directed in the cinematic documentary field, especially Lluís Miñarro’s Familystrip, a portrait of the filmmaker’s parents made by the artist Francesc Herrero to perpetuate a memory. On the basis of the examples explored, the article seeks to define the essential features and characteristics of the works that move between the present and the past, between the private dimension of the images and their public use.

Keywords: Lluís Miñarro, Francesc Herrero, documentary, family, memory, photography.

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Alice Letoulat, « Du portrait de famille à l’autoportrait. Violence et passion de Luchino Visconti (1974) »

Alice Letoulat est docteure en études cinématographiques et chercheuse associée au laboratoire FoReLLIS et à l’IRCAV. Ses recherches portent principalement sur les rapports entre le cinéma et les autres formes expressives (en particulier le théâtre, la littérature et les arts plastiques) ainsi que sur les enjeux de figuration politique et mémorielle soulevés par les films, notamment contemporains.

On s’intéresse ici au rôle que tiennent les portraits de famille peints dans Violence et passion de Luchino Visconti (1974). Ceux-ci interrogent ce qui reste, du groupe d’abord (une relation dysfonctionnelle), de soi ensuite (l’isolement mortifère du Professeur). Un autre portrait se laisse deviner, celui du cinéaste lui-même qui, malade, est obligé de contenir ses ambitions entre quatre pans de murs – ceux d’une chambre d’hôpital ou d’un décor de cinéma.

Mots-clés : Violence et passion, Gruppo di famiglia in un interno, Luchino Visconti, portraits de famille, autoportrait.

Alice Letoulat, “From family portrait to self-portrait. Luchino Visconti’s Conversation Piece (1974)”

Alice Letoulat holds a PhD in film studies and is a researcher associated with the Linguistic, Literary, and Artistic Forms and Depictions of the Image of the Stage (FoReLLIS) laboratory and the Research Institute for the Cinema and the Audiovisual (IRCAV). Her research focuses on the relationships between cinema and other expressive forms (in particular theater, literature, and visual arts) as well as on the issues of political and memorial figuration raised by films, particularly contemporary ones.

I am interested in the role played by the painted family portraits in Conversation piece (Luchino Visconti, 1974). They question what remains, first of all of the group (a dysfunctional relationship), then of the self (the Professor’s mortifying isolation). Another portrait emerges, that of the filmmaker himself who, weakened by illness, is obliged to contain his ambitions within four walls – those of a hospital room or a cinema set.

Keywords: Conversation piece, Gruppo di famiglia in un interno, Luchino Visconti, family portraits, self-portrait.

David Vasse, « Se figurer un destin romantique. La place du portrait peint dans N’oublie pas que tu vas mourir de Xavier Beauvois (1995) »

David Vasse est maitre de conférences HDR en études cinématographiques à l’université de Caen-Normandie. Spécialiste du cinéma français contemporain et de la 245critique de cinéma, Il a publié Catherine Breillat, un cinéma du rite et de la transgression (Arte/Complexe, 2004), Le Nouvel âge du cinéma d’auteur français (Klincksieck, 2008), Jean-Claude Brisseau, entre deux infinis (Rouge Profond, 2015) et Critique et université : Les lois de l’hospitalité (Marest, 2020).

Dans N’oublie pas que tu vas mourir (1995), la peinture est le domaine théorique du personnage principal, étudiant en Histoire de l’art. Se sachant gravement malade, il se détourne de ses ambitions pour vivre une aventure extrême, aux confins de sa mort annoncée. Dès lors, le portrait peint passera d’objet d’étude à motif figuratif d’un destin romantique. Ce texte en analyse les étapes de conversion, sur un plan à la fois narratif et esthétique.

Mots-clés : Romantisme, fresque, maladie, art, miroir.

David Vasse, “Imagining a romantic destiny. The place of the painted portrait in N’oublie pas que tu vas mourir by Xavier Beauvois (1995)”

David Vasse is an HDR lecturer in film studies at the University of Caen-Normandy. An expert on French cinema and film criticism, he is the author of Catherine Breillat, un cinéma du rite et de la transgression (Arte/Complexe, 2004), Le Nouvel âge du cinéma d’auteur français (Klincksieck, 2008), Jean-Claude Brisseau, entre deux infinis (Rouge Profond, 2015), and Critique et université: Les lois de l’hospitalité (Marest, 2020).

In N’oublie pas que tu vas mourir (1995), painting is the theoretical domain of the main character, an art history student. Knowing that he is seriously ill, he turns away from his ambitions to live an extreme adventure, on the verge of his announced death. From then on, the painted portrait will go from being an object of study to a figurative motif of a romantic destiny. This text analyzes the stages of conversion, on both a narrative and aesthetic level.

Keywords: Romanticism, fresco, disease, art, mirror.

Yann Calvet, « Hermès contre Narcisse. Le Portrait de Dorian Gray (1945) d’Albert Lewin »

Yann Calvet est Maître de conférences en études cinématographiques à l’Université de Caen Normandie. Il a publié plusieurs ouvrages dont Cinéma, imaginaire, ésotérisme : Murnau, Dreyer, Tourneur, Lewin (L’Harmattan, 2003) et Jean Grémillon et les quatre éléments (Presses universitaires du Septentrion, 2019, codir.). Fondateur et rédacteur en chef adjoint de la revue Eclipses, il en a coordonné plusieurs numéros. Il collabore aussi à de nombreuses revues (Double Jeu, CinémAction, Contrebande, Positif) tout en continuant ses recherches sur les rapports entre le cinéma, l’imaginaire et les mythes.

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Le Portrait de Dorian Gray (Albert Lewin, 1945) commence par un hommage à Charles Baudelaire et une référence à Hermès. Ces références construisent un réseau de sens qui déborde la simple fonction narrative pour interroger la question de l’inspiration et la fonction de l’œuvre d’art en elle-même. Le film met ainsi en abyme le principe de l’image comme portrait où les personnages se contemplent, renvoyant aussi à la question du rapport du spectateur « narcissique » à l’image cinématographique.

Mots-clés : Hermès, Narcisse, Lewin, dualité, déterminisme.

Yann Calvet, “Hermes versus Narcissus. The Portrait of Dorian Gray (1945) by Albert Lewin”

Yann Calvet is a senior lecturer in film studies at the University of Caen Normandy. He has published several books including Cinéma, imaginaire, ésotérisme: Murnau, Dreyer, Tourneur, Lewin (l’Harmattan, 2003) and Jean Grémillon et les quatre éléments (Presses universitaires du Septentrion, 2019, co-editor). As the founder and associate editor of the journal Eclipses, he has organized several issues. He is also a contributor to a number of other journals (Double Jeu, CinémAction, Contrebande, Positif) while continuing his research on the relationship between cinema, the imaginary, and myths.

The Portrait of Dorian Gray (Albert Lewin, 1945) begins with a tribute to Charles Baudelaire and a reference to Hermes. These references build a network of meaning that goes beyond the simple narrative function to interrogate the issue of inspiration and the function of the work of art itself. The film thus puts in abyme the principle of the image as a portrait in which the characters contemplate themselves, also referring to the question of the “narcissistic” spectator.

Keywords: Hermes, Narcissus, Lewin, duality, determinism.

Lydie Decobert, « Hitchcock, des tableaux assassins »

Lydie Decobert est diplômée de l’École Nationale des Beaux-Arts de Paris, agrégée d’Arts Plastiques et Docteur ès Arts et Sciences de l’Art (Paris I Panthéon-Sorbonne). Elle a publié aux Éditions L’Harmattan plusieurs essais sur Hitchcock : L’escalier dans le cinéma d’Alfred Hitchcock, une dynamique de l’effroi (2008), L’Arc d’Alfred Hitchcock, un jeu de cordes (trois volumes : Poétique de l’objet, 2012 ; La corde musicale, 2015 ; La peinture à l’œuvre, 2017), Les jeux de rideau d’Alfred Hitchcock, le théâtre de l’amour et du crime (2021).

Ce texte propose de voir comment Hitchcock revisite un topos littéraire et cinématographique, « Le portrait enchanté », titre d’une nouvelle de Bandello (1554) et d’un conte de Mallarmé (1893). De Blackmail (1929) à Vertigo (1958), 247ces portraits « modèles » agissent sournoisement : ils piègent le regard et se referment sur les consciences abusées qu’ils exposent à la mort. Le pouvoir « assassin » des portraits est-il réductible à la place qui leur est accordée dans la narration ?

Mots-clés : double, maléfice, modèle, piège, regard.

Lydie Decobert, “Hitchcock, murderous paintings”

Lydie Decobert is a graduate of the École Nationale des Beaux-Arts de Paris with an agrégation in fine arts and a PhD in arts and art sciences (Paris 1 – Panthéon-Sorbonne). She has published several essays on Hitchcock with Éditions L’Harmattan: L’escalier dans le cinéma d’Alfred Hitchcock, une dynamique de l’effroi (2008), L’Arc d’Alfred Hitchcock, un jeu de cordes (three volumes: Poétique de l’objet, 2012; La corde musicale, 2015; La peinture à l’œuvre, 2017), Les jeux de rideau d’Alfred Hitchcock, le théâtre de l’amour et du crime (2021).

In this paper, we want to consider how Hitchcock revisits a literary and cinematographic topos, « Le portrait enchanté », the title of a short story by Bandello (1554) and a tale by Mallarmé (1893). From Blackmail (1929) to Vertigo (1958), these « model » portraits are sneaking up: they capture the look and the trap is closing on the tricked consciences that they expose to death. Can the portraits’s murderous power be reduced to the attention they are given by the narration?

Keywords: Double, spell, model, trap, look.

Livio Belloï, « L’instauration du portrait »

Livio Belloï est chercheur qualifié du Fonds National de la recherche scientifique et professeur associé à l’Université de Liège. Derniers ouvrages en date : Pierre La Police. Une esthétique de la malfaçon (2019, en collaboration avec Fabrice Leroy) et L’Image pour enjeu. Essais sur le cinéma expérimental contemporain (2021).

Le présent texte se donne pour ambition de saisir la question du portrait peint à ses origines, dans le vaste champ du cinéma des premiers temps. Après avoir évoqué quelques formes de portraiture spécifiques à cette période originaire, l’analyse se concentre sur The Portrait of Lady Anne (Thanhouser, 1912), film méconnu, mais particulièrement révélateur quant aux mises en scène et aux enjeux du portrait peint dans le cinéma du début des années 1910.

Mots-clés : cinéma des premiers temps, Thanhouser, mélodrame, portrait peint, modèle, incarnation, ellipse temporelle, reproduction.

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Livio Belloï, “The establishment of the portrait”

Livio Belloï is a qualified researcher at Belgium’s National Fund for Scientific Research and associate professor at the University of Liège. His most recent books include Pierre La Police. Une esthétique de la malfaçon (2019, in collaboration with Fabrice Leroy) and L’Image pour enjeu. Essais sur le cinéma expérimental contemporain (2021).

This essay aims to address the question of the painted portrait as it was posed at its origins in the vast field of early cinema. After having recalled various forms of portraiture specific to this inceptive period, my analysis will focus on The Portrait of Lady Anne (Thanhouser, 1912), a little-known film which nevertheless appears particularly revealing in regard to the staging devices and the wider stakes of the painted portrait in the cinema of the early 1910s.

Keywords: early cinema, Thanhouser, melodrama, painted portrait, model, incarnation, temporal ellipsis, reproduction.

Tristan Grünberg, « Le portrait hanté. De l’emprise picturale dans le cinéma de Roger Corman »

Tristan Grünberg est Docteur en Études cinématographiques et audiovisuelles de l’Université Paris 3 et diplômé en Master 2 d’Histoire de l’Art de l’Université Paris 1. Ses recherches et ses enseignements s’articulent autour des figures de la hantise, notamment par le prisme des rapports entre peinture et cinéma chez Alfred Hitchcock, Fritz Lang, Rainer Werner Fassbinder, Dario Argento ou Atom Egoyan.

Dans le cinéma de Roger Corman, le portrait peint n’est ni une copie, ni un simulacre, ni même un talisman, mais une menace fantomatique, planant au-dessus des personnages et travaillant la matière-même des films qui l’accueillent. Fenêtre ouverte sur le monde des défunts, il est la voie par laquelle le mort saisit le vif, se met à posséder les corps et l’œuvre-cadre, y imposant les contraintes plastiques, rythmiques et matérielles de la hantise picturale.

Mots-clés : Roger Corman, Edgar Allan Poe, portrait funéraire, tableau vivant, hantise, hybridation, incarnation, couleur.

Tristan Grünberg, “The haunted portrait. The hold of the pictorial in the films of Roger Corman”

Tristan Grünberg holds a PhD in film and audiovisual studies from the University of Paris 3 and a Master’s in art history from the University of Paris 1. His research and teaching focus on haunting figures, particularly through the prism of the relationship between 249painting and cinema in Alfred Hitchcock, Fritz Lang, Rainer Werner Fassbinder, Dario Argento, and Atom Egoyan.

In Roger Corman’s cinema, the painted portrait is neither a copy, nor a simulacrum, nor even a talisman, but a ghostly menace that threatens the characters and elaborates from the inside the very matter of the movies in which it appears. Open window on the world of the deceased, it is the path through which the dead seizes the living, possesses the bodies and the framework, enforcing the plastic, rhythmic and material constraints of pictorial haunting.

Keywords: Roger Corman, Edgar Allan Poe, Funerary portrait, Tableau vivant, Haunting, Hybridisation, Incarnation, Colour.

Patrick Werly, « All About Eve de Mankiewicz. Sortir du cadre du portrait »

Patrick Werly, Maître de conférences HDR en Littérature comparée à l’Université de Strasbourg, travaille sur les rapports entre poésie, philosophie et pensée religieuse (Yves Bonnefoy et l’avenir du divin, Hermann, 2017 ; La décision d’Yves Bonnefoy. Fonder sur l’épiphanie, Hermann, 2021) ainsi que sur les rapports entre littérature et cinéma (Roberto Rossellini. Une poétique de la conversion, Le Cerf, 2010 ; et un livre sur Kieślowski en cours).

Un plan de All About Eve de Joseph Mankiewicz (1950) montre, sur un mur de l’appartement de l’actrice Margo Channing, le portrait par Sir Joshua Reynolds d’une célèbre comédienne galloise du xviiie siècle, Sarah Siddons. Or ce portrait allégorique a une fonction paradoxale dans le film : s’il représente certains traits prêtés à Margo Channing, c’est pour s’en libérer car ce film était d’abord pour Mankiewicz une réflexion sur le leurre de l’image et sur le nom propre, à distinguer du moi réel.

Mots-clés : Joseph Mankiewicz, Sir Joshua Reynolds, portrait, allégorie, image figurale, masque, représentation du moi, image, leurre.

Patrick Werly, “Mankiewicz’s All About Eve. Getting out of the portrait frame”

Patrick Werly is an HDR lecturer in comparative literature at the University of Strasbourg and works on the relationship between poetry, philosophy, and religious thought (Yves Bonnefoy et l’avenir du divin, Hermann, 2017; La décision d’Yves Bonnefoy. Fonder sur l’épiphanie, Hermann, 2021) as well as on the relationship between literature and cinema (Roberto Rossellini. Une poétique de la conversion, Le Cerf, 2010; and a book on Kieślowski in progress).

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A shot of Joseph Mankiewicz’s All About Eve (1950) shows, on a wall of the apartment of the great actress Margo Channing, Sir Joshua Reynolds’ portrait of a famous welsh tragedian of the eighteenth century, Sarah Siddons. This allegorical portrait plays a paradoxical role in the film: if it is linked to a few traits of Margo Channing, the film strives to liberate the character from her portrayal and reflects on the delusion of the image and on the differences between proper noun and real self.

Keywords: Joseph Mankiewicz, Sir Joshua Reynolds, portrait, allegory, mask, persona, self, image, lure.

Benjamin Thomas, « La Jeune Fille à la perle (Peter Webber, 2003). Le portrait, forme et figure »

Benjamin Thomas, professeur en études cinématographiques à l’Université de Strasbourg, est l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’esthétique du cinéma. Ses publications incluent Le Cinéma de Bruno Dumont en fragments alphabétiques (dir., Laval, Warm, 2021), Faire corps avec le monde. De l’espace cinématographique comme milieu (Circé, 2019), Fantômas de Louis Feuillade (Vendémiaire, 2018), L’Attrait du vent (Yellow Now, 2016).

Dans La Jeune fille à la perle (Peter Webber, 2003), le tableau de Vermeer est l’enjeu d’une confrontation de registres de regards inconciliables. Pour la femme de Vermeer, ce tableau est un portrait, celui de Griet, jeune domestique du peintre, et archive le désir du peintre pour son modèle, référent de chair. Pour Vermeer et Griet elle-même, ce tableau est une figure : là pour autre chose que lui-même, c’est un problème de peinture qu’il permet de prendre en charge.

Mots-clés : peinture, cinéma, portrait, figure, regard.

Benjamin Thomas, “Girl with a Pearl Earring (Peter Webber, 2003). Portrait, form, and figure”

Benjamin Thomas, professor of film studies at the University of Strasbourg, is the author of several books on the aesthetics of cinema. His publications include Le Cinéma de Bruno Dumont en fragments alphabétiques (ed., Laval, Warm, 2021), Faire corps avec le monde. De l’espace cinématographique comme milieu (Circé, 2019), Fantômas de Louis Feuillade (Vendémiaire, 2018), and L’Attrait du vent (Yellow Now, 2016).

In Girl With the Pearl Earring (2003), the picture by Vermeer known by the same title is the place of a confrontation between two opposite qualities of gaze. To Vermeer’s wife, this picture is a portrait. The one of Griet, a young maid of Vermeer’s household, and it bears the trace of the desire of the painter for his model. To Vermeer 251and Griet herself, the painting is a figure: it is there as a substitute to something radically different; it acts as a support for a painting problem.

Keywords: Painting, cinema, portrait, figure, gaze.

Sophie Lécole Solnychkine, « Concurrence des genres. Portrait, nu et paysage dans Portrait de la jeune fille en feu (Céline Sciamma, 2019) »

Sophie Lécole Solnychkine est Maître de conférences à l’Université Toulouse II – Jean Jaurès, où elle enseigne l’esthétique et la philosophie de l’art. Spécialiste du paysage dans les arts visuels (peinture, cinéma), elle développe ses travaux de recherche dans le cadre de l’épistémologie de l’esthétique, au croisement de l’histoire des formes et de l’histoire des idées, depuis les sites théoriques que constituent les images cinématographiques et picturales

Portrait de la jeune fille en feu porte à l’écran le récit de la fabrication d’un portrait peint, placé dans une rivalité d’images avec deux autres genres picturaux : le nu et le paysage, et comme « augmenté » par le recours à deux autres médiums, le texte imprimé et la musique. Ce texte vise à étudier comment ces deux régimes concurrentiels, celui des genres et celui des médiums, nourrissent une réflexion à la fois cinématographique et picturale sur la nature de l’acte de figurer.

Mots-clés : portrait, peinture, genres picturaux, médiums, acte de figurer.

Sophie Lécole Solnychkine, “Competition between genres. Portrait, nude, and landscape in Portrait of a Lady on Fire (Céline Sciamma, 2019)”

Sophie Lécole Solnychkine is a senior lecturer at the University Toulouse 2 – Jean Jaurès, where she teaches aesthetics and philosophy of art. An expert on the landscape in the visual arts (painting, cinema), she is developing her research within the framework of the epistemology of aesthetics at the crossroads of the history of forms and the history of ideas, from the theoretical sites constituted by film and pictorial images.

Portrait of a Lady on fire brings to the screen the painting of a portrait, which competes with two other pictorial genres: the nude and the landscape. It is also augmented by the use of two other mediums foreign to painting, printed text and music. This article aims at studying how the competitive regimes of genres and mediums nourish a both cinematographic and pictorial reflection on the nature of the act of figuring.

Keywords: portrait, painting, pictorial genres, mediums, act of figuring.

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Jitka de Préval, « Le portrait peint dans le cinéma indien ou l’héritage du théâtre sanscrit »

Jitka de Préval a soutenu sa thèse « Le mélodrame de l’incompréhension dans le cinéma de Raj Kapoor (1924-1988), Inde » en 2017 sous la codirection de Laurent Véray et de Térésa Faucon (Sorbonne Nouvelle – Paris 3). Depuis, elle se consacre à la recherche en histoire et esthétique du cinéma indien des premiers temps. Bénéficiaire de la bourse « création » du CNL, elle a publié un récit historique Camille Legrand, un opérateur Pathé sur la route des Indes, 1895-1920, aux éditions Riveneuve (2021).

Cet article se propose de considérer le portrait peint dans le cinéma populaire hindi comme une figure héritée du théâtre sanscrit. Cela signifie que dans une œuvre dramatique, si l’acte de peindre revêt la fonction de jointure interne (antara sandhi), le portrait peint obéit, lui, à une dynamique propre – shakti [la force] – participant à la progression du fil narratif. Le cinéma populaire hindi se coule dans cette conception, consacrant au portrait une place particulière dans la narration.

Mots-clés : Cinéma hindi, théâtre sanscrit, shakti, antara sandhi.

Jitka de Préval, “The painted portrait in Indian cinema or the legacy of Sanskrit theater”

Jitka de Préval defended her thesis “Le mélodrame de l’incompréhension dans le cinéma de Raj Kapoor” (1924–1988), Inde” in 2017 under the joint direction of Laurent Véray and Térésa Faucon (Sorbonne Nouvelle – Paris 3). Since then, she has devoted herself to research in the history and aesthetics of early Indian cinema. A recipient of the French National Book Center (CNL) “creation” grant, she has published a historical account Camille Legrand, un opérateur Pathé sur la route des Indes, 1895–1920, published by Riveneuve (2021).

This paper proposes to consider the painted portrait in popular Hindi cinema as a figure inherited from Sanskrit theatre. This means that in a dramatic work the act of painting takes on the function of internal joinder (antara sandhi); the painted portrait is endowed with a dynamic of its own – shakti [strength] – contributing to the progression of the narrative thread. Popular Hindi cinema follows this concept, giving the portrait a special place in the narrative.

Keywords: Hindi cinema, Sanscrit theatre, shakti, antara sandhi.

Philippe Ragel, « La piel que habito. Portrait de Vera en Ariane au dos tourné »

Ce texte propose de s’intéresser au tableau de Guillermo Pérez Villalta Dionysos rencontre Ariane à Naxos dans La piel que habito (Almodóvar, 2011). 253Dans la chambre où se trouve cette toile, un écran reproduit en vis-à-vis les faits et gestes de Vera que le professeur a transexuée contre son gré et qu’il retient prisonnière. Nous formulons ici l’hypothèse que ce dispositif d’écran vise à accomplir le visage infiguré du portrait peint placé en vis-à-vis.

Mots-clés : Almodóvar, La piel que habito, Villalta, dispositif, fantasme, iconisation, peinture, transgénèse

Philippe Ragel, “The Skin I Live In. Portrait of Vera as Ariadne with her back turned”

This essay focuses on Guillermo Pérez Villalta’s painting, Dionysus Finds Ariadne on Naxos, in The Skin I Live In (Almodóvar, 2011). In the bedroom where this painting hangs, a screen on the opposite wall reproduces the actions and gestures of Vera, held prisoner by the professor who has trans-sexualised her against her will. This essay contends that the use of a screen aims at creating the unfigured painted face of Villalta’s painting set in front of it.

Keywords: Almodóvar, La piel que habito, Villalta, apparatus, fantasy, iconisation, painting, transgenesis.