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Classiques Garnier

Straccinò, stracinò, stracciò ou tormentò ? Encore sur les erreurs (ou prétendues telles) de l’italien de Montaigne

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Bulletin de la Société internationale des amis de Montaigne
    2016 – 1, n° 63
    . varia
  • Auteur : Cavallini (Concetta)
  • Résumé : L’article analyse la partie italienne du Journal de voyage de Montaigne (1774) et la possibilité de l’existence des « erreurs linguistiques » à travers l’exemple de l’interprétation et de la traduction du verbe « straccinò ». L’article se pose aussi la question des livres/manuels que Montaigne pourrait avoir utilisés pour apprendre ou améliorer son italien. Delle phrasi thoscane (1566) de G. Montemerlo présente avec le texte italien du Journal plusieurs analogies qui stimulent la réflexion.
  • Pages : 39 à 53
  • Revue : Bulletin de la Société internationale des amis de Montaigne
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406060871
  • ISBN : 978-2-406-06087-1
  • ISSN : 2261-897X
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06087-1.p.0039
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 06/08/2016
  • Périodicité : Semestrielle
  • Langue : Français
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Straccinò, stracinò,
stracciò ou tormentò ?

Encore sur les erreurs (ou prétendues telles)
de litalien de Montaigne

La question de la partie italienne du Journal de voyage de Montaigne est loin dêtre éclaircie. La nouvelle traduction (par Élisabeth Schneikert et Lucien Vandrame) que les Classiques Garnier ont publiée1 fournit un texte français qui reconnaît limportance de la nouveauté représentée par le rapport du voyageur au « monde » italien et qui, au niveau linguistique, souligne la centralité de loralité dans la partie du texte rédigée en italien2. Cet élément influence le style de Montaigne, comme plusieurs spécialistes lont déjà souligné3. Malgré quelques études ponctuelles sur la traduction de Querlon4, qui demeure une traduction du xviiie siècle, avec tout ce que cela implique quant à lapproche adoptée, une analyse

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systématique sur lensemble des traductions de la partie italienne reste à faire. Le manque du manuscrit original, ainsi que les rares informations apportées à la partie du texte rédigé en italien par la découverte de la copie Leydet ne font que rendre les choses plus difficiles.

« Les erreurs de langage peuvent entraîner nombre de malentendus5 », affirme François Rigolot dans la belle étude qui a inspiré les travaux de ce colloque. Dans le texte italien de Montaigne, les prétendues erreurs linguistiques, de nature multiple, ont toujours beaucoup influencé lappréciation et la réception de la partie italienne du Journal de voyage. Ce que Rigolot appelle « équivoque bilingue6 » reste sans aucun doute à la base des oscillations et des incompréhensions de traduction du texte du Journal. Cependant, ce qui pourrait sembler évident, ne lest pas tout à fait, car les équivoques bilingues dépendent aussi, pour le texte du Journal, des nombreuses oscillations déterminées dans litalien du xvie siècle par la floraison de sources, références, lectures, auteurs qui présentaient des opinions différentes sur un même fait linguistique. Lexemple le plus évident est celui qui a motivé le titre de cette communication : lanalyse du verbe straccinò, utilisé par Montaigne. « La notte sentii al lato manco un principio di colica assai violento e pungente, il quale mi straccinò un buon pezzo… ». Giuseppe Bartoli dans une note précisa le sens de ce verbe : « Forse stracciò per tormentò, Più sotto vedremo stracciandomi nel medesimo significato7 ». Querlon traduit sur la base de la note de Bartoli et propose comme traduction : « La nuit je sentis au côté gauche un commencement de colique assez fort qui me tourmenta pendant un bon espace de tems8 ». Aldo Rosellini est le premier qui soppose à la lecture de Bartoli ; pour lui, une sorte de confusion sest produite dans lesprit du voyageur, et il a utilisé un mot pour un autre : « Il faut écarter à mon avis lhypothèse stracciò, due à Bartoli, qui na ici aucun sens9 ». Il propose dinterpréter straccinare dans le sens de straziare. Fausta Garavini revient sur la question du verbe

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straccinare pour souligner quil ny a eu en réalité aucune confusion car dans litalien de la Renaissance « stracciare è doppione fonetico di straziare ».

Ma stracinare è registrato da Tommaseo come forma arcaica di strascinare e sembra sussistere in pisano e in lucchese (Malagoli, Nieri). Montaigne ha dunque voluto dire – e la sua frase è ineccepibile – : « un principio di colica [] il quale mi trascinò un buon pezzo10 ».

Le mot utilisé par Montaigne serait donc correct ; il sagirait dune variante strascinare qui en patois pisan et lucquois signifie « traîner11 ». Garavini affirme que le dictionnaire de Tommaseo12 indique une forme archaïque stracinare qui se rapproche, tout en ne coïncidant pas parfaitement, de la forme straccinare utilisée par Montaigne. Cest une des nombreuses variantes du verbe (avec straginare, strasginare, strasinare, strassinare). Le verbe est transitif ; mais avec le sens de « andare per le lunghe, protrarsi », que semble lui donner Garavini, la forme réflexive du verbe serait souhaitable, car lemploi de la forme transitive, dans le sens imaginé par Garavini, semble peu commun même dans la langue du xvie siècle. Nous signalons enfin quentre stracciò et straccinò, il ny a quune consonne de différence ; il pourrait très bien sagir dune erreur des copistes sur le manuscrit. Les œuvres de lépoque sont souvent contradictoires entre elles : par exemple, le verbe stracciare remplacé par le plus « italien » stratiare dans le Vocabolario de lAcharisio est reproposé dans sa vieille forme stracciare par Francesco Alunno13.

Litalien du xvie siècle, le toscan en particulier, traversait à lépoque du voyage de Montaigne une phase très compliquée de son histoire. La « question de la langue » ou « sur la langue » avait un intérêt strictement national et il est presque certain que les français ne la connaissaient pas dans le détail14. Cependant, les factions pour ou contre la langue Toscane

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ou Florentine, la langue écrite ou parlée, la langue de la poésie ou de la prose, la langue des « trois couronnes » (Dante, Pétrarque, Boccace) ou des contemporains, les règles proposées par Bembo, Fortunio, Varchi et dautres ne faisaient pas lunanimité. La base de toutes les théories est, de toute manière, celle que Castiglione énonce dans son traité du Courtesan, à savoir lincidence de la matrice latine dans laffirmation du toscan :

Oltre a questo usansi in Toscana molti vocabuli chiaramente corrotti dal ltino, li quali nella Lombardia e nelle altre parti dItalia son rimasti integri e senza mutazione alcuna, a tanto universalmente susano per ognuno, che dalli nobili sono ammessi per boni e dal vulgo intesi senza difficultà [] nè comprendo perchè [] la [lingua] lombarda o qualsivoglia altra non debba poter sostenere li medesimi latini puri, integri, proprii e non mutati in parte alcuna15.

Pour Castiglione toutefois, lincidence de loralité est aussi importante. Nombre de fois, dans son traité, il parle des accents toscans en les définissant comme « gentili » : « per aver servato quella nazione gentil accenti nella pronunzia ed ordine grammaticale in quello che si convien, più che laltre16 ». La langue était sujette à plusieurs interrogations : lexique, syntaxe, source, et surtout grammaire étaient pris en compte et examinés. Le Regole della lingua fiorentina de Pierfranceco Gambullari, publiées en 1552, forment la première grammaire du toscan publiée par un florentin17. Les précédentes, en effet, avaient été publiées dans dautres villes de la péninsule (à Naples par Paolo del Rosso en 1545 et à Venise par Nicolò Tani da Borgo San Sepolcro en 1550), les toscans étant un peu réticents dans la codification de leur langue. Certaines dentre elles, comme la grammaire de Paolo del Rosso, choisissaient sans aucun doute de présenter une langue parlée, la langue orale, avec des exemples inventés par le grammairien sur les usages courants de la langue18.

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Limportance de la langue orale est soulignée par presque tous les auteurs italiens de la seconde moitié du xvie siècle qui se sont intéressés à la langue italienne. Ce quon recherche, cest aussi un style, une brièveté, une efficacité, qui puissent transformer la langue des traités en une langue vivante. Lodovico Dolce, par exemple, un auteur que Montaigne aussi lisait19, dans ses Osservationi della volgar lingua (Venise, Giolito de Ferrari, 1550), critique Bembo et Fortunio, mais utilise Pétrarque comme source dexemples. La « brevità », première marque de loralité, avait été déjà examinée par des auteurs de la première moitié du xvie siècle, comme Giacomo Gabriele dont les Regole grammaticali indiquent comme objectif justement le style bref : « Con quella più brevità, che mi sarà dal moderator de cieli conceduta, et non come gli altri ampiamente fanno, ti narrerò volentieri quello che io ho di questa favella in molto tempo da diversi autori raccolto20 ».

Nous avons déjà essayé de déterminer quels ouvrages décrivant la langue italienne Montaigne pourrait avoir étudiés21. Néanmoins, la chose nest pas aisée, car bien des auteurs se corrigeaient, changeaient davis, se convertissaient à de nouvelles opinions. On vient tout juste de retrouver, en Italie22, dans une bibliothèque particulière, un exemplaire des Prose della volgar lingua de Bembo abondamment annoté par lauteur en vue dune nouvelle édition après la première de 1525 (Venise, Tacuino) et la seconde de 1538 (Venise, Marcolini). Lexemplaire passa de Bembo à son disciple Carlo Gualteruzzi, auteur lui aussi dune note datée du 21 août 1547. Les nombreuses notes prouvent le niveau de mobilité de la pensée des auteurs autour de la langue italienne à cette époque.

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Les opinions oscillaient, mais les formes aussi ; les auteurs se corrigeaient les uns les autres et il nest pas étrange de considérer comme erreurs des formes qui ne représentent en réalité quune des variantes régionales ou dusage admises dans une langue orale qui sinspire de la langue toscane. Notre attention, il y a déjà quelques années, avait été retenue par un ouvrage singulier, le Phrasi toscane de Giovanni Stefano da Montemerlo, défini par le Dr Hoefer comme « le meilleur dictionnaire italien jusquà celui de Pergamini23 ». Nous avions été frappée par le fait que certaines structures présentes dans litalien de Montaigne et considérées comme des erreurs, ne létaient pas dans lœuvre de Montemerlo. Nous ne citerons quun exemple : lemploi de « parecchi », invariable dans le texte italien du Journal, est considéré par Rosellini comme un gallicisme de structure : « Parecchi, ainsi que le français plusieurs, est invariable24 ». En réalité, comme nous lavons déjà affirmé, « Montemerlo prévoit lusage de parecchi comme forme non accordée, soit avec volte25, soit avec dautres noms comme miglia dans la forme “parecchi miglia26” ». Montaigne utilise parecchi invariable plusieurs fois : « parecchi Gentildonne27 » (JdV, p. 181), « parecchi sorte » (JdV, p. 188), « parecchi macchie » (JdV, p. 191), « parecchi volte » (JdV, p. 192), « parecchi panie » (JdV, p. 196), « parecchi villette » (JdV, p. 201), « parecchi polle » (JdV, p. 206), « parecchi cose » (JdV, p. 211), « parecchi volte » (JdV, p. 211).

Malgré son titre, Delle phrasi toscane lib. 12 [] Con molte et molte maniere di ben dire latino, scelte fra i più dotti, et eleganti auttori, lœuvre

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de Montemerlo semble plutôt liée à loralité. De plus, les positions de Montemerlo, entre tradition et innovation, sont équilibrées, ce qui fait son originalité. Giovanni Stefano da Montemerlo, de famille aristocratique, travailla à la compostition de cette grammaire en forme de dictionnaire pendant vingt ans. Malheureusement, les archives de famille des Montemerlo ont été perdues, sauf pour quelques documents du xviiie et du xixe siècle, que les derniers membres de la famille ont emportés avec eux dans leur déménagement en Australie28. Il est aussi vrai que déjà au xve siècle, la famille Montemerlo comptait à Tortona environ une dizaine de branches différentes, et le nom Giovanni Stefano était très répandu29.

Il serait intéressant, en vue de notre analyse, de comprendre quelle fut la circulation de louvrage de Montemerlo, qui était en format in-folio et donc qui nétait pas très pratique à consulter. Il serait aussi intéressant de comprendre quelles étaient les fréquentations de Montemerlo, ce qui pourrait éclaircir sa position dans la question de la langue. La famille Montemerlo était à lépoque de Giovanni Stefano, une famille guelfe philo-française. Loncle de lécrivain, Pierre, magistrat à Milan et « podestà » de Pavie en 1504-1506, avait fait partie du conseil de Jean Jacques Trivulce, conseil qui aidait le Maréchal de France dans le gouvernement de la Lombardie30.

Cest Nicolò31, un des derniers enfants de Giovanni Stefano, historien, qui nous fournit dans son Raccoglimento di nuova historia dellAntica città di Tortona, quelques nouvelles sur sa famille et sur son père32. Sébastien, le père de Giovanni Stefano, était notaire ; il mourut vers 1518, quand

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son fils navait que trois ans33. Pierre, le frère de Sebastiano, prit alors son neveu sous son aile. Aidé par son oncle, Giovanni Stefano acheva vraisemblablement ses études de droit. Il fut membre du Conseil Général de la ville de Tortona de 1558 à 1570. Il se maria vers 1545 avec Donina Viscardi, de laquelle il eut six enfants, trois fils et trois filles, tous cités dans son testament de 156334 : Sebastiano (qui fut chanoine de la cathédrale de Tortona), Pietro (qui mourut en bas âge), Nicolò (historien), Apollonia (qui sappelait comme la mère de Giovanni Stefano, Apollonia Gentile), Urania et Isabella.

Nicolò nous donne une belle description de son père et de lamour de ce dernier pour les lettres :

[] il quale, perchè fu possessore di virtù, e di bell elettere latine, et volgari, come appare dalle opere, che nelluno, e laltro idioma vanno per lo Mondo, non mi pare in questa occasione indegno di memoria, tanto più perchè accompagnato dalle scienze universali, fù sempre duna bona intentione, e duna natura inclinata alla bontà ; con la quele, e con la sua integrità, e rettitudine, diede sempre buono essempio, et incitamento di virtù alla posterità35.

Dès son plus jeune âge, Giovanni Stefano fit des études de Grammaire, mais après la mort de son oncle Pierre, il suivit aussi des cours de Logique, de Philosophie et de Rhétorique à Pavie. Il aurait voulu y faire aussi son Droit, mais une série de problèmes de santé laffectèrent dès lâge de vingt-deux ans et les médecins lui conseillèrent dinterrompre moméntanément ses études. Après sa guérison, Giovanni Stefano « si ingolfò tutto ne studi delle belle lettere, fece qualche profitto nellAstrologia, nella Medicina, e nella Theologia ancora ; ma sopra il tutto si diede alla Poesia,

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latina, e volgare, et alla lettione continua de più scielti autori, cosi di prosa come di versi verso delluna e dellaltra lingua36 ».

Il nous reste de lui des orations et un recueil dodes en latin dédiées au cardinal Gian Paolo della Chiesa37, lui aussi originaire de Tortona, plus un poème héroïque en six livres, De gestis apostolorum ; il nous reste aussi un recueil de Rime, publié posthume par les soins de Nicolò en 159838. Mais cest son premier ouvrage qui nous intéresse, ce qui a été défini comme une « grande encyclopédie phraséologico-idiomatique39 » partagée en douze livres contenant environ neuf mille entrées, selon lévaluation dAlfredo Serrai40. Nicolò nous raconte quil fallut vingt ans à son père pour composer cet ouvrage :

Quasi subito preso moglie, cominciò esso a compilar lopera delle Phrasi Toscane, di volume grande non meno dun Calepino, nella quale spese vinti anni, della sua migliore, e più florida età, godendosi di giovare a virtuosi, con materia non meno utile (secondo il parer de dotti), che necessaria, e ristorando la Tosca favella duna sua parte, la quale, essendo la più bella di tutte, non era ancora stata toccata da huomo, con tante vigilie, et si dure fatiche, come ben può giudicare, chi la vede in iscritto, e con sano discorso la pesa, et essamina41.

Le traité de Montemerlo qui fut réédité en 1594 avec un titre différent42, semble avoir été connu en France. Aujourdhui encore, on en trouve des exemplaires dans les bibliothèques publiques françaises43. Au cours

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de son voyage vers la France, Montaigne rejoignit Turin par le Nord et donc il neut pas loccasion de visiter la ville de Tortone. Cependant, il put peut-être consulter louvrage de Montemerlo qui est, dans sa mise en page même, très semblable à un dictionnaire.

La forme « uguanno » par exemple, que Rosellini place parmi les dialectalismes comme le fait DAncona, (« Tutte queste strade sono state assettate uguanno per ordine del Duca di Toscana44 ») est, selon Montemerlo une expression toscane à tous les effets, placée sous lautorité de Boccace qui lutilise dans la 40e nouvelle du Décaméron45. Ces usages de la langue florentine pour imiter les auteurs du passé, comme Boccace, étaient refusés par la plupart des contemporains. Montaigne, au contraire, cède au charme de la langue littéraire. Par exemple, il utilise « chente » accordé pour dire « quanti » (« schifare gli mali chenti e quali dogni canto46 »). Son choix est très précis, car la plupart des grammaires de lépoque, comme le Compendio di la volgare grammatica (1521) de Marcantonio Flaminio, considère « chente » comme un pronom et donc ne prévoit pas daccord47. Au contraire, Montemerlo non seulement accorde « chente », mais laccorde de manière invariable, avec un pluriel unique pour le masculin et le féminin. Voici lexemple proposé par Montemerlo : « [] le divine cose, chenti chesse si fossero [] » (p. 681).

Montaigne semble suivre de manière précise les préceptes de grammaire des trois couronnes, comme les grammaires de lépoque les proposaient. Flaminio et Giovanni Francesco Fortunio, dans les Regole grammaticali della volgar lingua (1516), reprennent Dante pour rappeler loscillation des formes du pluriel ; tous deux citent comme exemple le pluriel du mot « castello » qui était, chez Dante, soit « castelli » (Enfer, XV : « per difender lor ville e lor castelli »), soit « castella » (Enfer, XXXIII : « dhaver tradito te con le castella48 »). Montaigne utilise castella une fois

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dans le Journal : « una bella pianura molto popolata di castella, e case » (JdV, p. 182) ; cet emploi pourrait-il être qualifié derreur à partir du moment où les grammaires elles-mêmes prévoient une oscillation admise dans les sources ?

Montemerlo admet dans lusage le participe passé « suto » que Montaigne aussi utilise abondamment et qui était contesté par Bembo, Trissino, Corso, Dolce, comme le rappelle Garavini49. Montaigne, qui à partir du 10 août à Bagni della Villa, décida « dimparare con studi & arte, la lingua Fiorentina50 », dut aussi utiliser quelque support, à part lusage et lécoute de la langue vivante. À propos du verbe être, Montemerlo rappelle que « il preterito fu espresso talhora così [esser suto] » (p. 555). Les exemples sont tirés de Boccace, de lArétin et de Guittone dArezzo. Montaigne utilise souvent le participe « suto » : « E se fussero venute nove di Francia, le quali aspettava essendo suto 4 mesi senza riceverne » (JdV, p. 201), « il giorno innanzi, dun publico consentimento io era suto creato Governatore » (JdV, p. 202), « un Italiano il quale essendo suto molto tempo schiavo de i Turchi » (JdV, p. 211).

Le mot « dimestichezza » est utilisé une seule fois par Montaigne : « di quella poca pratica, e domestichezza chio aveva con questa gente » (JdV, p. 178) ; Montemerlo reconnaît au mot son sens principal, qui est celui de « familiarité » (selon son étymologie)51, mais il ajoute aussi un sens figuré, où « dimestichezza » est synonyme de « vezzi » et de « carezze52 ». Mais Montaigne utilise aussi trois fois ladverbe « altresì53 », quand il est aux Bains della Villa. Le cas d« altresì » est examiné par Flaminio et aussi par Castiglione dans son Cortegiano. Voici ce que Flaminio dit dans son Compendio :

Altresì per simelmente usa Dante et il Boccaccio in molti luoghi Nelle rime dil Petrarcha mai tale dittione non si trova. Onde noi questa voce et altre simili, tropo

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antiche né mai dal Petrarcha usate, come guari, testé, testeso, avaccio, forsennato, non facilmente dovremo usare, sì come lo illustre Conte Baldesera Castiglione ci ammonisse nel suo Cortigiano54.

Lopposition entre la langue de Dante et de Boccace et la langue de Pétrarque était très forte dans les ouvrages qui concernent la langue italienne. Rinaldo Corso55, dans ses Fondamenti del parlar toschano (Venise, Comin da Trino, 1549), utilise presque exclusivement des exemples de Pétrarque pour la poésie et de Boccace pour la prose, auteurs quil définit « i due lumi della lingua nostra56 ». Mais Montaigne ne semble pas vouloir exclure litalien de Dante et semble suivre au contraire les puristes les plus traditionnels. Il utilise par exemple plusieurs fois la conjontion « acciò che », qui introduit une subordonnée, élément typique dans la syntaxe de Dante57, qui est aussi présente dans les Phrasi toscane de Montemerlo58. Montaigne utilise « acciò che » quatre fois, aussi dans la variante avec « che » implicite : « acciò che a chi piacesse » (JdV, p. 176) « acciò non si potesse traversare la piazza » (JdV, p. 183), « acciò me ne venisse gran voglia » (JdV, p. 199), « acciò chognuno avvertisca » (JdV, p. 205).

Le canon italien de Montaigne, qui avait déjà été analysé et reconnu comme assez vaste, est aussi très variable dans les emplois de la langue. Les oscillations que nous remarquons dans lutilisation de son italien et qui ont été parfois lues comme des erreurs, sont en réalité admises par lun ou lautre des traités quil avait peut-être consultés. Cest surtout Bembo quil suit, comme il le fait pour « discosto » utilisé comme adjectif et comme adverbe. Nous ne citons que des exemples pour « discosto » utilisé par Montaigne comme adverbe (« un miglio discosto della mia » – JdV, p. 182, « discosto di Parma » – JdV, p. 218) et comme adjectif (« un bagno discosto »

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JdV, p. 206, « posti nel piano, assai discosto » – JdV, p. 207). Montemerlo analyse le couple « accosto / discosto » : « sì come per contrario di Accosto, il Bembo nel. 3 de gli Asolani [] e lAretino nel.1 delle lettere []59 » proposent ladjectif et adverbe « discosto », que Montaigne utilise abondamment.

Ladverbe « assai60 » utilisé comme adjectif avec des substantifs masculins et féminins dans le sens de « molte » mérite un discours à part ; Montemerlo propose lexemple de Boccace « Si legga ancora così. Il Boccaccio nel princ. del Dec. ASSAI & HUOMINI & DONNE abbandonarono la propria città61 ». Montaigne utilise abondamment « assai » comme adjectif : « assai cose » (p. 195), « assai tempo » (p. 196), « con stracchezza assai » (p. 199), « con assai quantità » (p. 201), « assai botteghe aperte » (p. 204), « assai nobile » (p. 206), « con assai stanzette » (p. 207), « con assai sabbio » (p. 215), « artigiani dassai sorte » (p. 221), « Villetta dove sono assai case » (p. 223), « durato assai giorni » (p. 224). Il sagit dun usage assez rare, comme le reconnaissent les grammaires de lépoque : « Assai è voce posta dal Petrarcha et Dante sempre in luogo de multum over satis adverbialmente, fuor che nel Triompho primo dellAmore et nel canto XII et XXIII dellInferno e nel canto XXII del Purgatorio, ne quali lochi si pone come nome adiettivo. Ma il Boccaccio nelle prose sue parimente lo uso alluno e laltro modo62 ».

Tout discours sur le lexique apparaît approximatif car au xvie siècle les mots circulaient librement ; donc faire une distinction lexicale entre les mots toscans et les mots provenant dautres dialectes italiens est risqué. La grammaire et la syntaxe permettent de produire un discours plus précis. Garavini, en commentant lanalyse de litalien de Montaigne par Rosellini, mettait en garde les lecteurs sur le risque de simplification, car bien des formes utilisées par Montaigne ne sont quapparemment erronées63. Garavini excluait aussi toute une série de faux gallicismes

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qui appartiennent, daprès elle, à lusus scribendi du xvie siècle, comme parecchi, que plusieurs grammaires et auteurs de traités sur la langue italienne admettent dans la forme non accordée utilisée par Montaigne.

La question de lerreur se déplace alors sur un niveau différent, car Montaigne forge son italien sur la langue parlée et donc orale, mais aussi sur les auteurs quil connaît ou quil apprend à lire en Italie. Et, dans ce domaine, il y a encore des découvertes à faire, comme nous avons essayé de le prouver pour sa rencontre avec Vicenzo Castellani, auteur de livres importants sur les inscriptions romaines des alentours de Fossombrone et auteur également de la première chronique du Grand Siège de Malte64 que Montaigne pourrait avoir lus.

Nous considérons authentique litalien de Montaigne. En effet, à part les affirmations envénimées de Baretti contre Bartoli qui concernent toutefois des questions privées entre ces deux écrivains65, il ny a aucune preuve concrète dune réécriture ou dune opération massive de correction de la part de Bartoli sur la copie italienne de Montaigne. Au contraire, toute la vie professionnelle de Giuseppe Bartoli semble avoir été marquée par lattention et le respect pour les textes sur lesquels il travaillait. Litalien de Montaigne, italien littéraire, comme on la déjà affirmé plusieurs fois, est toutefois plein doscillations, dusages opposés de la langue qui ont longtemps fait penser à des erreurs. En réalité, cela dépend presque sûrement des sources, des livres, des auteurs quil lisait. Comme nous avons essayé de le prouver avec Montemerlo, les positions de Bembo et de Varchi nétaient pas les seules références. Il se peut que Montaigne ait eu connaissance dautres œuvres qui présentaient un autre état de la langue et qui ont déterminé ses choix de langue. Il faudrait, comme la bien dit François Rigolot en parlant derreurs linguistiques, recontruire la « relation entre texte empruntant et texte emprunté66 ». Pour les choix de langue de Montaigne, la définition d« erreur » est donc inappropriée. Il faudrait au contraire nuancer lidée de linexpérience

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et de la mauvaise connaissance que Montaigne avait de litalien, car le texte du Journal (du moins le texte qui nous est parvenu et que, jusquà démonstration contraire, nous devons considérer comme sien) révèle une connaissance très approfondie des questions, des positions, des théories sur la situation de la langue italienne en 1580 et 1581.

Concetta Cavallini

Università di Bari Aldo Moro, Italie

1 Michel de Montaigne, Journal de voyage. Partie en italien, édition dÉlisabeth Schneickert et Lucien Vendrame, Paris, Classiques Garnier (« Études montaignistes », 61), 2012.

2 Élisabeth Schneikert, « Introduction », in Michel de Montaigne, Journal de voyage. Partie en italien, cit., p. 58.

3 Furio Brugnolo, « Scrittori stranieri in lingua italiana. Montaigne », in Il Rinascimento italiano e lEuropa, vol. II, Umanesimo ed educazione, a cura di G. Belloni e R. Drusi, Vicenza, Angelo Colla editore, 2007, p. 424-429 (puis revue in Furio Brugnolo, La Lingua di cui si vanta Amore. Scrittori stranieri in lingua italiana dal Medioevo al Novecento, Roma, Carocci, 2009, p. 66-72) et C. Cavallini, « Montaigne et litalien. Essais de style », in Scrittori stranieri in lingua italiana, dal Cinquecento ad oggi, Atti del Convegno Internazionale di Studi, Padova, 20-21 marzo 2009, a cura di Furio Brugnolo, Padova, Unipress, 2009, p. 31-47.

4 E. Schneikert, « Litalien du Journal de voyage de Montaigne. De limpact de la traduction », Bulletin de la société internationale des amis de Montaigne, 2013-2, n. 58, p. 75-93 et id., « Montaigne et le corps en voyage : “Assaggiamo di parlar un poco questa altra lingua” », Travaux de littérature, XXVI, n. 46, 2013, p. 25-31. Voir aussi C. Cavallini, « Cette belle besogne » : Étude sur le Journal de Voyage de Montaigne, avec une bibliographie critique, préface de Philippe Desan, Fasano-Paris, Schena-Presses de lUniversité de Paris-Sorbonne, 2005, p. 71-80 et C. Cavallini « Problèmes de traduction dans le Journal de voyage de Montaigne », in Tradurre. Riflessioni e rifrazioni, a cura di Alfonsina De Benedetto, Ida Porfido, Ugo Serani, Bari, B.A. Graphis, 2008, p. 3-18.

5 F. Rigolot, LErreur de la Renaissance. Perspectives littéraires, Paris, Honoré Champion éditeur, 2002, p. 10.

6 F. Rigolot, LErreur de la Renaissance, cit., p. 255.

7 Journal du voyage de Montaigne en Italie par la Suisse et lAllemagne en 1580 et 1581, avec des notes par Meunier de Querlon, A Rome & se trouve à Paris, Chez Le Jay, Librairie, rue Saint-Jacques, au Grand Corneille, 1774, 3 voll., in-12, t. III, f. L8 vo, (p. 256).

8 Ibid., p. 257.

9 Aldo Rosellini, « Quelques remarques sur litalien du Journal de Voyage de Montaigne », Zeitschrift für Romanische Philologie, 83 (1977), p. 392, n. 32.

10 F. Garavini, « Sullitaliano del Journal de Voyage », in Itinerari a Montaigne, Firenze, Sansoni, 1983, p. 128, n. 15.

11 Garavini cite dans la note bibliographique à la fin de son article les dictionnaires quelle a utlisés pour son analyse : Giuseppe Malagoli, Vocabolario pisano, Firenze, Accademia della Crusca, 1939 et Idelfonso Nieri, Vocabolario lucchese, Lucca, G. Giusti, 1902. F. Garavini, « Sullitaliano … », cit., p. 133.

12 N. Tommaseo, B. Bellini, Dizionario della lingua italiana, Torino, Unione Tipografico-Editrice, 1861-1879.

13 Ornella Olivieri, « I primi vocabolari italiani fino alla prima edizione della Crusca », Studi di Filologia italiana, VI, 1942, p. 136.

14 Pour un aperçu général de la question voir M. Vitale, La Questione della lingua. Nuova edizione, Palermo, Palumbo, 1984 et Giancarlo Mazzacurati, La Questione della lingua dal Bembo allAccademia fiorentina, Napoli, Liguori, 1965.

15 B. Castiglione, Il Libro del Cortegiano, con una scelta di opere minori, éd. B. Maier, Torino, UTET, 1981, p. 76-77.

16 Ibid., p. 140.

17 G. Patota, « Lingua, stampa e norma nel Cinquecento. Le grammatiche e i vocabolari », in Storia generale della letteratura italiana, a cura di Nino Borsellino e Walter Pedullà, Milano, Motta, 1999, vol. V, p. 220-240.

18 Laurent Vallence, « Uh che bel caso ! Il grammatico dimezzato. Le Regole osservanze, e avvertenze sopra lo scrivere correttamente la lingua volgare Toscana in prosa & in versi (Napoli, 1545) di Paolo del Rosso, prima grammatica toscana del 500 », Vox Romanica 68, 2009, p. 45-97.

19 Franco Giacone, « La source du vers “Che ricordarsi il bel doppia la noia” de Michel de Montaigne », in La Langue de Rabelais – La langue de Montaigne, actes du colloque de Rome, septembre 2003, édités par Franco Giacone, Genève, Droz, 2009, p. 587-592.

20 Jacomo Gabriele, Regole grammaticali, a cura di P. Ortolano, Pescara, Opera, 2010, p. 84. Le titre complet de lœuvre était Regole grammaticali di M. Iacomo Cabriele non meno utili che necessarie a coloro che dirittamente scriuere ne la nostra natia lingua si dilettano (Venezia, Giovanni de Farri & fratelli, 1545). Une deuxième édition fut publiée en 1548 (Venise, Giovanni Griffio).

21 C. Cavallini, « “Jay un dictionnaire tout à part moy” : La pratique du “dictionnaire” chez Montaigne écrivain italien », Studi di letteratura francese, XXXI-XXXII, 2006-2007, p. 61-75.

22 Carlo Pulsoni, « Ritrovato autografo di Pietro Bembo », 19 settembre 2014, consulté en ligne, http://www.treccani.it/magazine/piazza_enciclopedia_magazine/cultura/Ritrovato_autografo_di_Pietro_Bembo.html

23 Nouvelle Biographie générale depuis les temps les plus reculés jusquà nos jours, avec les renseignements bibliographiques et lindication des sources à consulter ; sous la direction de M. le Dr Hoefer, Paris, Firmin Didot frères, fils et C.ie éditeurs, 1861, tome 36, p. 174. Le traité cité par le Dr Hoefer est Il memoriale della lingua italiana del sig. Giacomo Pergamini da Fossombrone, publié en 1602 et réédité plusieurs fois par la suite.

24 Aldo Rosellini, « Quelques remarques…, cit., p. 399.

25 Delle phrasi toscane lib. 12. Di M. Gio. Stefano da Montemerlo, gentilhuomo di Tortona. Con molte et molte maniere di ben dire latino, scelte fra i più dotti, et eleganti auttori, In Venetia, appresso Camillo et Francesco Franceschini fratelli, 1566 (Stampato in Venezia, per Camillo Franceschini), p. 178. Nous avons consulté les deux exemplaires qui se trouvent à la Bibliothèque nationale de Naples (Rari Branc. D 31) et à la Bibliothèque nationale de Bari (CINQ 70 Z 0332). La Biblioteca Civica de Tortona, ville natale de Montemerlo, conserve aussi un exemplaire de cet ouvrage. Dorénavant Phrasi toscane.

26 Phrasi Toscane …, cit., p. 317. C. Cavallini, « “Jay un dictionnaire tout à part moy”… », cit., p. 73 et suiv.

27 Montaigne, Journal de Voyage, éd. présentée, établie et annotée par F. Rigolot, Paris, PUF, 1992. Dorénavant JdV.

28 Ugo Rozzo, « Gli ultimi Montemerlo di Tortona », Julia Dertona, XV, 1967, p. 19-21.

29 Nous remercions madame Nicoletta Busseti de la Biblioteca Civica de Tortona et M. Fausto Miotti, membre de la Società Storica tortonese Pro Iulia Dertona pour leur aide dans notre recherche sur Montemerlo et sur ses ouvrages.

30 L.-G. Pelissier, Louis XII et Ludovic Sforza (8 avril 1498 – 23 juillet 1500), Paris, Fontemoing, 1896, tome II, p. 313 et suiv.

31 Voir la fiche consacrée à cet auteur par Ugo Rozzo in Tortona : la storia e le storie, Tortona, Quaderni della Biblioteca civica, n. 7, 1988, p. 14-15.

32 Raccoglimento di Nuova Historia dellantica città di Tortona del sig. Nicolò Montemerlo, gentilhuomo di essa città. Diviso in sei libri. Ne quali cominciando dalla distruttione della medema città fatta da Fedrico Barbarossa si narrano i successi a lei occorsi sino a tempi presenti. Con una conchiusione dellopera per il frutto che di essa si dee trarre, ove si discorre dellAntichità e Nobiltà, e diverse virtù morali e Christiane. Et insieme nel fine, con alcune Annotationi nelle quali si tratta della verità, dellutile dellhistoria, dellamore della Patria, delleducationi de figliuoli, dellotio e daltri soggetti utili, e dilettevoli secondo che sono caduti a proposito dellHistoria, In Tortona, per Nicolò Viola, 1618. Dorénavant Raccoglimento.

33 Quelques doutes subsistent sur les dates précises de ces événements. Pour Nicolò, son père naquit « in questo istesso anno 1515 a 28 Marzo a hore 18 » et perdit son père Sebastiano à trois ans (« non havea a pena compiuto gli tre anni, che la morte lo privò del Padre », Raccoglimento, p. 170 et 171). Nicolò confirme que son père Giovanni Stefano mourut à 57 ans, le 29 septembre 1572. Par contre, Aldo Berruti, dans la fiche consacrée aux Montemerlo, donne dautres dates pour la naissance de Giovanni Stefano (1505) et pour la mort de son père Sebastiano (1516). Giovanni Stefano devait donc avoir onze ans à la mort de son père (Aldo Berruti, Tortona insigne. Un millennio di storia delle famiglie tortonesi, Tortona, Cassa di Risparmio di Tortona, 1978, p. 410).

34 Le testament fut rédigé par le notaire Giovanni Guidobono de Tortona. Cest à travers ce document que lon découvre la composition de la famille de Giovanni Stefano : de ses six enfants, il faut rappeler surtout Nicolò (1561-1624), qui fut historien et qui sest occupé de la réimpression des ouvrages de son père, décédé en 1572.

35 Raccoglimento, p. 171.

36 Ibid., p. 172.

37 Ad Io. Paulum Ecclesiam Cardinalem amplissimum. Carminum lib. 7. Io. Stephano Montemerula …, Impressum Ticini, apud Hieronymum Bartolum, 1570 et Oratio ad illustrissimum ac maxime reuerendissimum card. Io. Paulum ecclesiam, Per Io. Stephanum Montemerulam Dertonensem Papiae, apud Hieronymum Bartolum, 1572.

38 Rime del signor Gio. Stefano Montemerlo gentilhuomo di Tortona. Novamente date in luce per il sig. Nicolò Montemerlo suo figliuolo. Con brevissima espositione de i soggietti loro situati nel fine con ordine dalfabetto, in Tortona, per Bartolomeo Bolla, 1598.

39 Ugo Rozzo, « Nicolò Montemerlo », in Tortona : la storia e le storie, cit., p. 14.

40 A. Serrai, « Bibliografia e cabala. Contributo alla storia della Bibliografia », IV, Il Bibliotecario, n. 9, 1986, p. 29. Pour une analyse détaillée du contenu des livres de Montemerlo voir la p. 28 et suiv.

41 Raccoglimento, p. 172.

42 La nouvelle édition a comme titre Tesoro della lingua toscana, nel quale, con autorità de più approvati scrittori, copiosamente sinsegnano le più eleganti maniere desprimer ogni concetto, e sono confrontate per le più con le frasi latine. Mais « cest cependant celle de 1566, avec un nouveau frontispice et une épître dédicatoire », comme le dit la Biographie universelle (Biographie universelle ancienne et moderne, Paris, chez L. G. Michaud, 1821, tome 29, p. 492).

43 Nous trouvons des exemplaires de lédition de 1566 de lœuvre Delle phrasi toscane à Tours, à Strasbourg, à la Médiathèque dOrléans, à la Bibliothèque municipale de Nantes. Un très bel exemplaire, avec un ex-libris de Ph. Desportes se trouve à Carpentras, à la Bibliothèque Inguimbertine et trois exemplaires sont conservés à la Bibliothèque nationale de France (deux à lArsenal, un à Tolbiac).

44 JdV, p. 214.

45 Delle Phrasi toscane, cit., p. 672.

46 JdV, p. 199.

47 P. Bongrani, « “Breviata con mirabile artificio”. Il Compendio di la volgare grammatica di Marcantonio Flaminio », in Per Cesare Bozzetti. Studi di letteratura e filolgia italiana, a cura di S. Albonico, A. Comboni, G. Panizza, C. Vela, Milano, Mondadori, 1996, p. 232. Cette étude inclut le texte du Compendio aux p. 219-267.

48 P. Bongrani, « “Breviata con mirabile artificio”, cit., p. 252 et Giovan Francesco Fortunio, Regole grammaticali della volgar lingue, in Ancona, per Bernardin Vercellese, 1516, p. 20-21. C. Marazzini et S. Fornara ont procuré une reproduction photographique fac-similé de lédition princeps de Fortunio (Pordenone, Accademia San Marco, 1999).

49 F. Garavini, « Sullitaliano del Journal de Voyage », cit., p. 131.

50 JdV, p. 196.

51 Cest aussi la traduction du mot proposée par Querlon (Journal du voyage de Montaigne en Italie par la Suisse et lAllemagne …, cit., t. III, f. D10 ro) et par Schneickert et Vandrame (Michel de Montaigne, Journal de voyage. Partie en italien…, cit., p. 101).

52 Phrasi toscane …, cit., p. 430.

53 « Al 12 andai altresì a visitar » (JdV, p. 196), « Ci stetti due ore altresì » et « Scorgeva altresì non so che movimenti ai reni » (JdV, p. 198).

54 P. Bongrani, « “Breviata con mirabile artificio”… », cit., p. 237-238.

55 Rinaldo Corso avait rédigé en 1554 un commentaire à lédition du Canzoniere de Pétrarque publiée à Venise par Giacomo Ruscelli, une édition où les rimes étaient disposées selon lordre suggéré par Vellutello en 1525 (Le Volgari opere del Petrarcha con la espositione di Alessandro Vellutello da Lucca, Venezia, per i torchi dei fratelli da Sabbio). Corso édita aussi le Canzoniere de Vittoria Colonna en 1541, une édition enrichie des Rime spirituali. Voir Monica Bianco, « Rinaldo Corso e il “Canzoniere” di Vittoria Colonna », Italique, I, 1998, p. 35-45.

56 Fondamenti del parlare toschano di Rinaldo Corso non prima veduti corretti et accresciuti, Venezia, Melchiorre Sessa, 1549, c. 22r.

57 Voir la fiche consacrée à cette conjonction par Mario Medici in Enciclopedia Dantesca (1970), consultée en ligne sur le site www.treccani.it.

58 Phrasi toscane …, cit., p. 668.

59 Phrasi toscane …, cit., p. 51.

60 Nous retrouvons ladverbe « assai » dans la note « Riletto assai volte » de la main de Montaigne sur le Pétrarque de sa librairie qui est conservé dans le fonds Payen (Il Petrarca, con nuove et brevi dichiarationi, insieme una tavola di tutti i vocaboli, detti et proverbi difficili, diligentemente dichiarati, in Lyone, appresso Gulielmo Rovillio, 1550). Voir notre LItalianisme de Michel de Montaigne, préface de Giovanni Dotoli, Fasano-Paris, Schena-Presses de lUniversité de Paris-Sorbonne, 2003, p. 35. Voir aussi A. Legros, Montaigne manuscrit, Paris, Classiques Garnier, 2010.

61 Phrasi toscane …, cit., p. 395.

62 P. Bongrani, « “Breviata con mirabile artificio”… », cit., p. 261-262.

63 F. Garavini, « Sullitaliano del Journal de Voyage… », cit., p. 123 : « forme “apparentemente” erronee ».

64 C. Cavallini, « “Alla bottega dei Giunti [] comprai un mazzo di Commedie” : Montaigne voyageur et bibliophile italianisant », in Montaigne à létranger (voyages avérés, possibles et imaginés), par Philippe Desan, sous presse.

65 C. Cavallini, « Giuseppe Bartoli et le Journal de Voyage de Montaigne », Studi di Letteratura Francese, XXVIII, 2003, p. 19-29. Citer uniquement les opinions envenimées de Baretti sur Bartoli signifie donner un aperçu partiel (Michel de Montaigne, Journal de voyage. Partie en italien…, cit., p. 24 et 25).

66 F. Rigolot, LErreur de la Renaissance, cit., p. 257.