Introduction

Le recueil collectif de poésies imprimé tient une bonne place dans le paysage éditorial des xvie et xviie siècles. Réceptacle de compositions poétiques variées, plus ou moins récentes, ce type de publication propose un aperçu d’esthétiques poétiques diverses. Mais l’appellation de « recueil collectif », utilisée par Frédéric Lachèvre, qualifie un ensemble hétérogène. Il s’agira donc d’en dessiner la carte, de considérer ses divers avatars dans leur singularité, mais aussi d’en interroger les limites et les marges.

Influencée à la fois par les conjonctures historiques, dont particulièrement les Guerres de religion, et le contexte éditorial et littéraire, la compilation poétique est soumise à de multiples mutations sous l’Ancien Régime. La publication des Diverses Poësies nouvelles de Raphaël du Petit Val en 1597 marque un changement décisif ; pourquoi et comment les recueils qui ont suivi se différencient-ils de ceux qui ont vu le jour au cours du xvie siècle ? Quelles sont les évolutions qu’ils vont vivre à la fin du siècle suivant ?

Une typologie, puis une périodisation vont permettre d’esquisser les contours de l’objet éditorial que représente le recueil collectif entre 1597 et 1671, mais aussi de mettre en évidence ses mutations.

Caractérisé par l’absence d’une instance auctoriale fédératrice et, souvent, de visée explicite, le florilège pose la question des raisons de son existence. Dans une telle configuration, l’espace liminaire est investi d’une importance particulière : les épîtres, avis, tables et privilèges peuvent nous renseigner sur le projet qui a présidé à sa genèse. La compilation obéit-elle à un plan, qui la dote d’une unité plus ou moins forte, ou l’impression de textes divers dans un même volume est-elle avant tout une stratégie d’imprimeur-libraire, peut-être à court de nouveautés ?

Afin de rendre compte de la place du recueil collectif tant sur le marché du livre que dans l’éventail des genres de son temps, il sera enfin confronté au recueil d’auteur contemporain, avec lequel il entretient à la fois des relations de complémentarité et de concurrence.