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Classiques Garnier

Glossaire

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Théâtre. Tome I
  • Pages : 887 à 895
  • Collection : Bibliothèque du théâtre français, n° 67
  • Thème CLIL : 3622 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Théâtre
  • EAN : 9782406099055
  • ISBN : 978-2-406-09905-5
  • ISSN : 2261-575X
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09905-5.p.0887
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 09/11/2020
  • Langue : Français
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Glossaire

Comme indiqué dans lintroduction, ce « Glossaire » reprend principalement les termes dont la compréhension narrête pas immédiatement la lecture, mais dont lusage a toutefois changé, et parfois considérablement, depuis le xviiie siècle. Il est compilé à partir des entrées de Furetière et de Henri Basnage de Beauval dans le Dictionnaire universel (DU) de 1701. Celles-ci nont pas toujours été reproduites intégralement : parfois, seul a été retenu le sens alternatif, ou spécialisé, dans lequel le mot est employé dans une des pièces ; à linverse, certains sens alternatifs ou spécialisés ont pu être laissés de côté quand le premier sens du mot, tel quattesté par le DU, suffisait pour léclaircissement du texte.

On trouvera donc des notices commençant avec « se dit aussi » ou « se dit également », que Furetière et Basnage de Beauval emploient pour indiquer les sens alternatifs, et dautres précisant « en termes de morale », « on dit au Palais », etc., autant de formules employées dans le DU pour signaler la terminologie. Ceci ne signifie pas que les variantes sémantiques laissées de côté ne se retrouvent pas dans le texte de Boissy, mais leur compréhension a été jugée immédiate, ou en tout cas plus facile, pour un lecteur du xxie siècle.

Abuser : « signifie aussi, tromper, séduire ».

« Ah ! Dorante, vous mabusez ! Vous ne connaissez point la beauté qui me charme, vous ne lui avez point parlé. » (Amant, sc. 10)

Accès :« se dit aussi en médecine des retours périodiques de certaines maladies qui laissent quelques bons intervalles. »

« toujours la raison doit régler nos accès » (Impatient, prologue)

Affadir : « donner du dégoût »

« et maffadit le cœur avec sa politesse » (Impertinent, v. 108)

Affaire : 1o « se dit particulièrement des procès, et de tout ce qui se traite en quelque juridiction que ce soit, tant en matière civile quen matière criminelle. »

« Cest ainsi que je perds une affaire très sûre. » (Impatient, v. 926)

2o « se dit aussi des querelles, des combats, des différends, des brouilleries damitié. »

« Il va trouver Damis, et se faire une affaire. » (Impatient, v. 1073)

« tu te serais fait vingt affaires pour une » (Français à Londres, sc. 1)

Agiter : « signifie aussi, disputer, examiner, contester, débattre. »

« Ne voilà-t-il pas mon homme desprit, quun rien distrait, quune niaiserie occupe, tandis quon agite une question sérieuse. » (Français à Londres, sc. 15)

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Air : « signifie encore, manière dagir, de parler, de vivre, soit en bonne, ou en mauvaise part. Il est des gens du bel air. Il a lair de pédant, de campagnard. » etc.

« Oui, à une femme du bel air, à une coquette de profession… » (Amant, sc. 5)

Amant : « Celui qui aime dune passion violente, et amoureuse. »

« Lamant doit être vif, jeune, aimable, galant » (Impatient, v. 57)

Appât : « se dit figurément en choses morales de ce qui sert à attraper les hommes, à les attirer, à les inviter à faire quelque chose. La gloire est un grand appât pour les braves ; elle les fait exposer à toutes sortes de périls. La beauté est un grand appât pour engager le cœur des hommes. Cette femme est pleine de charmes et dappas. »

« Montrez-vous avec tous vous appas, je vous en conjure. » (Amant, sc. 8)

Ardeur : « se dit figurément en morale, et signifie, passion, vivacité, emportement, fougue. »

« ces amants [] froids dans leurs ardeurs » (Impatient, I, 1)

Attraper : « v. act. Tromper quelquun, le surprendre, le faire tomber dans quelque piège, ou embûche. »

« je lattraperai ce siècle extravagant » (Impatient, Prologue) ; « je ne me laisse pas attraper » (La France galante : Strasbourg, sc. 1)

Avantager : « Donner plus à lun quà lautre. »

« Cette tante qui maime et veut mavantager » (Babillard, v. 34)

Aventure : « Événement ; accident ; chose qui arrive inopinément. »

« Pour bien mettre à profit cette heureuse aventure. » (Triomphe intérêt, v. 848)

Balancer : « se dit figurément pour délibérer, hésiter ; être irrésolu et incertain ensuite de lexamen que lon fait dans son esprit, des raisons qui le tiennent en suspens, et qui le font incliner de part et dautre. »

« Je ne balance pas un moment à le croire. » (Babillard, v. 260)

Baiser : « v. act. donner un témoignage damitié, damour, de respect, dhumilité, par lattouchement de la bouche. Les pères et mères baisent leurs enfants au front. » etc.

« Et moi aussi, quand ce ne serait que pour avoir le plaisir de baiser la mariée. » (France galante : Paris, sc. 12)

Barbon : « vieillard qui est revenu de tous les plaisirs de la jeunesse, qui les condamne, et qui les empêche autant quil peut. »

« Jai bien de laversion pour le couvent ; mais je laimerais encore mieux que ce barbon-là. » (Amant, sc. 6)

Berner : « se dit aussi figurément pour ballotter, railler quelquun ; le faire servir de jouet à une compagnie. [] Originairement, ce mot ne signifiait autre chose que vanner, ou jeter en haut avec le van. »

« vous aider encore, moi-même à les berner. » (Impertinent, v. 862)

Bouchon : « est aussi un nom de cajolerie quon donne aux petits enfants, aux jeunes filles de basse condition. »

« Laimable bouchon ! » (Triomphe intérêt, v. 301)

Bourgeois : « se dit quelquefois en mauvaise part par opposition à un homme de la Cour, pour signifier un homme peu galant, peu spirituel, qui vit et raisonne à la manière du bas peuple. »

« je serais berné des honnêtes gens sils 889savaient la manière bourgeoise dont je vis avec la mienne » (Amant, 2)

Brigue : « Désir ambitieux pour obtenir quelque charge ou dignité, où lon tâche de parvenir plus par adresse que par mérite. »

« La brigue ne fait rien dans notre régiment » (Je ne sais quoi, v. 31)

Brusquer, « Faire une insulte de paroles à quelquun ; lui répondre de manière brusque, offensante, ou peu civile. »

« un certain Chevalier qui ne salue personne, qui brusque dédaigneusement tout le monde » (Amant, sc. 4)

Cabinet : « signifie aussi une pièce dappartement, et un lieu retiré dans les maisons ordinaires, où lon étudie, où lon se séquestre du reste du monde, et où lon serre ce quon a de plus précieux. »

« Il était si pressé, que dans son cabinet,

Il na pas eu le temps de prendre le billet » (Impatient, I, 2)

Cadeau : « se dit aussi des repas quon donne hors de chez soi, et particulièrement à la campagne. » Par extension, il désigne tous les plaisirs que lon offre à une dame quon courtise.

« Il faut attendre la soirée pour me donne ce cadeau. » (France galante : Paris, sc. 5)

Calotin : membre du régiment de la Calotte, société festive et carnavalesque, qui délivre en se moquant des brevets de « calotinage » aux personnes ayant commis une bêtise ou une folie notoire.

« je suis bien bon de vouloir faire entendre raison à un Calotin » (Français, sc. 16)

« Dêtre un peu calotin, ou bien dêtre ennuyeux. » (Impertinent, v. 450)

Caquet : « abondance de paroles inutiles qui nont point de solidité. Les femmes nont que du caquet ; elles ne parlent que de bagatelles. »

« jusquà mon retour commande à ton caquet » (Impatient, v. 895)

Carogne : « terme injurieux, qui se dit entre les femmes de basse condition, pour se reprocher leur mauvaise vie, leurs ordures, leur puanteur. Cest la même chose que charogne, quand on lui donne une prononciation picarde. »

« La carogne ! Elle me paiera ce tour-là. » (France galante : Paris, sc. 11)

Casser : « en termes de Palais, signifie, annuler un écrit, en ruiner la force et la valeur, le rendre nul et comme non fait. »

« Pour casser un hymen mal fait… » (France galante, v. 322)

« Casser signifie aussi, supprimer la charge dun officier, ou le destituer ».

« Fuyez vite, on vous casse tous. » (Je ne sais quoi, v. 1104)

Chère : « se dit aussi des repas quon donne à ses hôtes, à ses amis. »

« nous ferons grande chère » (La France galante : Montpellier, v. 154)

Commerce : « se dit aussi de la correspondance, de lintelligence qui est entre les particuliers, soit pour les affaires, soit pour les études, ou simplement pour entretenir lamitié. »

« la tendresse parmi nous est un commerce de sentiments, et non pas un trafic de paroles » (Français, sc. 2)

Concert : « signifie figurément complot ; laccord de plusieurs personnes pour lexécution de quelque dessein. »

« Êtes-vous de concert avec la cruelle, pour me désespérer ? » (Amant, 2)

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Congé : « se dit aussi en parlant de celui quon prie de se retirer dune maison où il avait quelque habitude, ou quelque prétention. Ce jeune homme recherchait une telle fille, mais les parents lui ont donné congé, lont prié de ne plus y penser. »

« Serviteur à Clitandre, il aura son congé. » (Impatient, 876)

Conter : « signifie aussi, en faire accroire, donner pout vraies de choses fausses ».

« Jen vais conter à ma rivale » (France galante : Strasbourg, sc. 6)

Déchirer : « signifie aussi médire, calomnier. Les femmes sont sujettes à se déchirer lune lautre, se déchirent à belles dents. »

« je leur ai fait entendre [] quil nous déchirait continuellement par des médisances outrées » (Amant, sc. 5)

Désert : « qui nest point habité ni cultivé. »

« La scène est dans un désert. » (Le Je ne sais quoi)

Diadème : « se prend en général pour la dignité royale, ou la souveraineté. »

« comme moi lorner du diadème » (Admète et Alceste, v. 154)

Diantre : « terme populaire dont se servent ceux qui se font scrupule de nommer le diable. »

« Qui diantre a pu linformer ? » (Français à Londres, sc. 13)

Encens : « se dit figurément en morale des flatteries et des louanges. »

« Ce nest quà ce qui porte un caractère aimable, / Que mon encens est départi. » (Je ne sais quoi, v. 562-563)

Engeance : « se prend souvent en mauvaise part, et se dit de la multiplication trop grande des insectes et choses nuisibles. »

«  engeance ici dautant plus insupportable, quelle a tous les vices de vos petits maîtres de France » (Français à Londres, sc. 7)

Entiché : « Qui commence à se pourrir. Il ne se dit au propre que des fruits. [] Entiché, se dit figurément et bassement des personnes, pour marquer quelque défaut quon commencé dapercevoir en elles. »

« De men voir entiché, jai lâme très ravie » (Impertinent, v. 488)

Entrailles : « se dit encore figurément en parlant de la tendresse quon a pour les malheurs dautrui. »

« elle eut toujours pour vous des entrailles de mère. » (Admète et Alceste, v. 286)

Étonner : « Surprendre, épouvanter ; causer à lâme de lémotion, soit par surprise, soit par admiration, soit par crainte. »

« que rien ne vous étonne », (Admète et Alceste, v. 9)

Étrangement : « Extraordinairement, excessivement. »

« Lun de lautre étrangement diffère. » (Impatient, Prologue)

Étrivières : « courroie de cuir, par laquelle les étriers sont suspendus. [] Donner les étrivières, cest, Châtier les valets de livrées, les fouetter avec ces étrivières. »

« Moi, je te donnerai mille coups détrivières » (Impertinent, v. 311)

Extrémité : « on le dit aussi figurément en choses morales, de lexcès, de ce qui est outré, et poussé trop loin. [] On dit aussi, quun homme est à lextrémité, pour dire quil est à lagonie ». En général, désigne une situation extrême, dangereuse.

« la qualité / Dont jai le plus besoin en cette extrémité » (Triomphe de lintérêt, v. 247-248)

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Fat : « Sot, sans esprit, qui ne dit que des fadaises. Un fat est celui que les sots croient homme de mérite. La Bruy. »

« Cest un fat amoureux de lui-même » (Impatient, I, 1) ; « Et Valère est un fat » (Impatient, III, 3)

Faquin : « Crocheteur, homme de la lie du peuple, vil et méprisable. [] se dit aussi en quelque sorte au figuré, pour un homme sans mérite, sans honneur, sans cœur, digne de toute sorte de mépris. »

« Il y a tant de faquins qui le portent » (Français à Londres, sc. 8) ; « Vous êtes un faquin » (Je ne sais quoi, v. 304)

Fiacre : « Cest un nom quon a donné depuis peu aux carrosses de louage, du nom dun fameux loueur de carrosses qui sappelait ainsi ; ou plutôt, comme latteste M. Ménage, du nom de limage de St. Fiacre qui servait denseigne à un certain logis de la rue St. Antoine de Paris, où lon a premièrement loué ces sortes de carrosses. Quoi quil en soit, quand on parle dun carrosse mal propre, ou mal attelé, on lappelle par mépris un fiacre. »

« Secoué, cahoté dans un fiacre exécrable. » (Babillard, v. 132)

Forfait : « se dit des crimes en général. »

« pour mieux assurer le prix de mon forfait. » (Admète et Alceste, v. 612)

Goûter : « se dit figurément en choses spirituelles et morales, et signifie quelquefois, approuver, agréer. »

« Je goûte vos raisons » (Impatient, Prologue) ; « vous men goûterez mieux tout à lheure » (Français à Londres, sc. 2)

Gouvernement : « charge qui donne le pouvoir de gouverner, de commander dans une place, dans une ville, dans une province au nom du roi. »

« Je vais agir pour mon gouvernement. » (Babillard, v. 181)

Grisette : « femme ou fille jeune vêtue de gris. On le dit par mépris de toutes celles qui sont de basse condition, de quelque étoffe quelles soient vêtues. »

« Grisette qui na rien. » (Triomphe intérêt, v. 115) ; « vous nous traitez comme vos grisettes » (France galante : Montpellier, sc. 9)

Honnête : « on le dit premièrement de lhomme de bien, qui a pris lair du monde, qui sait vivre ; qui a du mérite et de la probité ».

« elles sont honnêtes et civiles » (France galante : Montpellier, sc. 8)

Hymen : « ou hyménée, signifie aussi, poétiquement, le mariage. »

« Faut-il que le destin jaloux de mes plaisirs, / Retarde notre hymen » (Impatient, II, 5)

Idée : « signifie aussi quelquefois vision, imagination fausse. »

« Il vous adore à présent sous lidée dune autre » (Amant, sc. 8)

Imbécile : « Qui est faible, sans vigueur. Les enfants au-dessous de sept ans, les vieillards à quatre-vingt, sont dans un âge imbécile. On appelle aussi le sexe imbécile, les femmes. »

« Lépoux [doit être] sexagénaire, imbécile, opulent. » (Impatient, I, 1)

Immoler : « faire un acte de religion, en sacrifiant une victime à quelque divinité. »

« Plus quaux dieux quil invoque il immole aux passions. » (Admète et Alceste, v. 856)

Libertin : « qui prend, qui se donne trop de liberté ; qui ne veut pas sassujettir aux lois, aux règles de bien vivre, 892telles quelles sont prescrites à un chacun suivant létat où il se trouve. »

« je suis las de mener une vie coquette et libertine. » (Amant, sc. 1) « Tu te gâtes, mon frère, et tu deviens libertin. » (Français à Londres, sc. 4)

Malin : « enclin à faire du mal. [] se dit aussi des hommes de mauvais naturel, pour dire méchant, mordant. [] se dit aussi des choses inanimées qui sont nuisibles. »

« Je nai rien à répondre à ces discours malins » (Babillard, sc. 16).

Mander : « Donner un ordre à un inférieur de faire quelque chose. [] signifie aussi, inviter à se trouver à quelque cérémonie. []signifie aussi, écrire à quelquun, ou lui envoyer un message pour lui faire savoir quelque chose, pour le prier, le charger de faire quelque affaire. »

« Il vous mande vous-même. » (Admète et Alceste, v. 222)

Maraud : « Terme injurieux qui se dit des gueux, des coquins, des fripons, des bélîtres, qui nont ni bien ni honneur, qui sont capables de faire toute sorte de lâchetés. »

« Debout ! maraud, debout ! » (Impatient, I, 2)

Mouche : « est aussi un petit morceau de taffetas noir, que les dames mettent sur le visage par ornement, ou pour faire paraître leur teint plus blanc. »

« Monsieur joint la badine à son ajustement, / Et des mouches encor, pour surcroît dagrément. » (Impatient, III, 7)

Montrer : « signifie aussi, enseigner, apprendre à quelquun quelque art ou science. »

« Cest-à-dire quà Paris les filles montrent aux garçons ! » (La France galante : Paris, sc. 4)

Musette : « instrument à vent et à anche portatif, qui sert à faire une musique champêtre. »

« Que la flûte, que la musette / Annoncent le retour du dieu de lAgrément » (Je ne sais quoi, v. 1095-1096)

Nasarde : « chiquenaude que lon donne sur le bout du nez. »

« Quune nasarde… » (Babillard, v. 444)

Nœud : « se dit figurément en choses morales, en parlant des liaisons, des engagements qui attachent ensemble les personnes. Le mariage est un nœud éternel et indissoluble, qui unit le mari et la femme. »

« Après un tel aveu, je vais tout disposer pour un nœud si charmant. » (Amant, sc. 15)

Panneau, donner dans le : « On dit aussi, quil a donné dans le panneau, pour dire, quil a été surpris par son trop de crédulité, quil a donné dans un piège qui lui avait été tendu. »

« Philinte a donné dans le panneau. » (Amant, 3)

Parterre : « signifie aussi laire dune sale de comédie, entre le théâtre, et lamphithéâtre, où le peuple est debout. [] Parterre se dit figurément du peuple qui est contenu dans le parterre. »

« Au parterre, en revenant sur ses pas. » (Babillard, sc. dernière)

Passer : « signifie encore, souffrir, endurer, pardonner. »

« Il faut lui passer quelque chose en faveur de la jeunesse et des grâces. » (Français à Londres, sc. 3)

Patron : « se dit aussi à la Cour, dun seigneur sous la protection duquel on se met pour avancer sa fortune. »

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« Des amis, des patrons, jen ai de toute espèce. » (Babillard, v. 223) ; « Alcandre son patron, homme en place et puissant » (Impertinent, v. 25)

Pays : « est aussi un terme relatif à légard de quelques personnes particulières, et signifie alors le lieu où on est né, habitué, ou naturalisé ; et cela sétend depuis lendroit précis où lon est né jusquau bout du royaume doù il dépend. On lappelle autrement patrie. »

« Vous êtes de ce pays sans doute » (France galante : Paris, sc. 2)

Petit-maître : « Cest un nom quon a donné aux jeunes seigneurs de la Cour ; on prétend quil commença à être en usage dès le temps que le Duc Mazarin, fils du maréchal de la Meilleraye, fut reçu en survivance de la charge de grand maître de lartillerie. On donna ce nom de petits maîtres aux gens de qualité qui étaient de même âge que lui. Ensuite il a passé sans distinction à tous ceux qui prennent lair, et les manières des gens de qualité, qui se mettent au-dessus des autres, qui décident de tout souverainement, qui se prétendent les arbitres du bon goût, et de la politesse, pour régler la destinée des pièces de théâtre, donner le prix à tout, et faire la loi aux autres. »

« Vous voyez dans sa personne un petit-maître qui pense quil est du bel air de mépriser sa femme » (Amant, sc. 8) ; « La nature jamais ne fit un petit-maître. » (Je ne sais quoi, v. 370)

Petites maisons : « cest ainsi quon appelle à paris lhôpital où on renferme ceux qui ont lesprit aliéné. »

« Aux petites maisons vous devez être mis. » (Impertinent, v. 1202)

Piquer (se piquer de) : « se dit figurément en choses spirituelles et morales, et signifie, se glorifier dune chose, en faire vanité. »

« Moi, je ne copie personne, Madame, je me pique dêtre original. » (Français à Londres, sc. 12)

Plumet : « cavalier qui porte des plumes ; et particulièrement il se dit de celui qui fait le fanfaron, à cause quil a une épée au côté, et des plumes sur le chapeau. »

« Vous méritez, Monsieur, darborer le plumet. » (Impertinent, v. 934)

Prévenir : « en termes de pratique, cest se saisir le premier dune affaire. »

« Il faut le prévenir. » (Babillard, v. 240)

Priser : « signifie aussi, vanter, louer. »

« Le monde ne vous estime quautant que vous vous prisez vous-même. » (Français à Londres, sc. 15)

Profession, faire profession de : « se dit aussi par extension en plusieurs rencontres, des choses dont on se pique, et à quoi on sattache sans que ce soit un métier, ou emploi positif. Faire seulement profession dhonnête homme, de savant. »

« Comme il fait profession de médire du beau sexe… » (Amant, 2)

Prude : « qui est sage, et modeste. []Prude se prend très souvent en mauvaise part, et se dit de ces fausses vertueuses qui cachent leurs intrigues sous des dehors sévères, ou qui se jettent dans la dévotion quand le monde les abandonne, ou quelles ne sont plus bonnes quà se repentir. »

« Demandaient une prude attentive aux égards » (Impertinent, 418)

Poste : « est un lieu choisi sur les grands chemins de distance en distance, où les courriers trouvent des chevaux tout 894prêts pour courir et faire diligence. []se dit aussi de lespace qui est entre les deux maisons de poste. []se dit de la course et de la diligence que fait le courrier, du courrier même, et des paquets qui viennent par cette voie. »

« Clitandre a pris la poste avant le point du jour » (Impatient, I, 1) ; « À deux postes dici ma chaise sest rompue » (Impatient, II, 5) « nos cœurs courent la poste » (La France galante : Montpellier, v. 75)

Poulet : « signifie aussi un petit billet amoureux quon envoie aux Dames galantes, ainsi nommé, parce quen le pliant on y faisait deux pointes qui représentaient les ailes dun poulet. »

« Continuons toujours, et lisons le poulet. » (Impertinent, v. 636)

Rebattre : « signifie figurément en morale, redire plusieurs fois la même chose. []

Rebattu, e, part. pass. et adj. Cela est si commun, que jen ai les oreilles rabattues. »

« ouvrages décolier / Dont on est rebattu » (Impatient, Prologue)

Représenter : « signifie aussi, remontrer, tâcher à persuader ; faire voir. »

« Cest ce que je lui représente à tout moment. » (Amant, sc. 11) ; « Il faut lui représenter que les maris de ce pays-ci ne sont pas faits pour rendre une femme heureuse. » (Français à Londres, sc. 3)

Saillie : « il se dit figurément en choses spirituelles, et signifie, mouvement vif et subit ; emportement, fougue, transport. Il se prend ordinairement en mauvaise part, à moins quil ne soit accompagné de quelque épithète favorable. »

« Doù vous vient cette saillie ? » (Je ne sais quoi, v. 196) ; « Nous avons des saillies / Nous autres Champenois. » (France galante, v. 95-96)

Savoir : « signifie aussi, avoir le pouvoir, ladresse de faire quelque chose. Je saurai bien le ranger à la raison. »

« Je ne saurais, elle ma défendu de parler. » (Amant, sc. 2) ; « Tu ne saurais le nier. » (Amant, sc. 4)

Séditieux : « qui émeut le peuple contre lautorité légitime ; qui cause du trouble ; perturbateur du repos public. »

« le peuple qui croit ce chef séditieux » (Admète et Alceste, v. 972)

Sensible : « signifie encore, touchant, douloureux. »

« Sil déplaît, on na point le sensible regret / De voir son nom en butte au barbare sifflet. » (Impatient, Prologue)

Serviteur : « se dit ironiquement en cette phrase : Je suis votre serviteur ; pour dire, je ne suis pas de votre avis, je ne ferai pas ce que vous me proposez. »

« Serviteur à Clitandre, il aura son congé. » (Impatient, v. 876)

Sexe : « absolument parlant, ou le beau sexe, se dit des femmes et des filles. »

« Clarice, honneur du sexe, a le don de se taire » (Babillard, v. 24)

Singulier : « se dit aussi en mauvaise part de ce qui est particulier, extraordinaire ; contre lusage commun. »

« fort honnête homme, et qui nest pas moins raisonnable pour être un peu singulier » (Français à Londres, sc. 3)

Soins : « se dit aussi des soucis, des inquiétudes qui émeuvent, qui troublent lâme. »

« Ce discours semble adoucir mes soins » (Impatient, I, 1)

Souffrir : « signifie aussi, ne se pas opposer 895à une chose, y consentir tacitement, la tolérer. »

« souffrez que pour vous, ils marchent sur mes pas. » (Admète et Alceste, v. 24)

Souris : sourire.

« Un coup de tête, un air dépaule, un geste, un souris » etc. (Français, sc. 14)

Suffrage : « Voix, ou avis quon donne en une assemblée où lon délibère de quelque chose, où on élit quelquun pour une charge, pour un bénéfice. [] Suffrages, se dit aussi de lapprobation des particuliers. »

« Après un tel suffrage, il nest rien que je nose. » (Admète et Alceste, v. 26)

Système : « Supposition, ou hypothèse que font les astronomes dun certain ordre, et dun certain arrangement des parties de lunivers, sur le fondement de laquelle ils expliquent tous les phénomènes, ou apparences, qui se trouvent dans le cours des astres, ou dans leurs changements. Il ny a de différence entre système et hypothèse, sinon que lhypothèse est un système plus particulier, et le système une hypothèse plus générale. »

« quoiquon soit dabord choqué de son système » (Impertinent, v. 187)

Tonne : « Grand vaisseau de bois propre à garder du vin de plusieurs feuilles. »

« Je nai jamais chanté que le dieu de la tonne » (Impertinent, v. 1211)

Tout à lheure : tout de suite.

« Monsieur, il va sortir, dépêchez. Léandre : Tout à lheure… » (Babillard, sc. 5)

Traitable : « Qui est docile, affable, accessible, accommodant ; qui a lesprit doux et facile ; qui entend volontiers raison. »

« je la rendrai traitable » (Impatient, I, 5)

Transport : « se dit aussi figurément en choses morales, du trouble, ou de lagitation de lâme par la violence des passions ».

« souffrez que je me livre à toute la vivacité de mes transports. » (Amant, sc. 21).

« Le plus faible transport, le moindre sentiment / Que la nature envoie » (Impatient, I, 1)

Trancher : « se dit encore ironiquement des fanfarons, de ceux qui affectent de paraître plus quils ne sont. Il tranche du grand seigneur ; pour dire, Il fait le grand seigneur. »

« Sous de minces habits veut trancher du seigneur » (Impatient, III, 3)

Traverser : « signifie figurément en morale, faire obstacle, opposition, apporter de lempêchement, troubler. »

« le destin []traverse mes désirs » (Impatient, II, 5)

Trépas : « mort, passage de cette vie à une autre. »

« un barbare trépas » (Admète et Alceste, v. 544)

Vouloir (en vouloir à quelquun) : « avec la particule en, signifie avoir quelquun en vue, soit pour lui faire du bien, soit pour lui faire du mal. [] On le dit aussi absolument ; pour dire, À qui voulez-vous parler ? Cest à vous que jen veux, à qui jai à faire. »

« Cest toi, Jasmin ? À qui donc en veux-tu ? » (Impatient, III, 2)

Zèle : « Les poètes se servent quelquefois de zèle pour signifier, affection, amour. Il lui a témoigné son zèle en toutes occasions. En ce sens il vieillit. »

« je le blâme par zèle et non pas par envie » (Impertinent, v. 47)