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Classiques Garnier

Préface Message de salutation

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Actualités de Louis Meigret, humaniste et linguiste
  • Auteur : Hausmann (Franz Josef)
  • Pages : 7 à 8
  • Collection : Rencontres, n° 480
  • Série : Colloques, congrès et conférences sur la Renaissance européenne, n° 111
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406104148
  • ISBN : 978-2-406-10414-8
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10414-8.p.0007
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 29/03/2021
  • Langue : Français
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Préface

Message de salutation

Chers Collègues,

les organisatrices de ce colloque, à qui je rends hommage pour cette magnifique réunion de « meigrétologues », mont invité à vous adresser un mot de salutation, et je le fais avec grand plaisir. Je suis honoré quil soit fait allusion à mes travaux dans lappel à contributions. Aussi nest-il peut-être pas inintéressant dexpliquer dans quelles conditions est née mon éphémère contribution à la « meigrétologie ».

En effet, le Colloque « Actualités de Louis Meigret, humaniste et linguiste » me rappelle des souvenirs vieux de quarante ans. Fin 1976, jétais depuis sept ans assistant de Hans Helmut Christmann, dabord à Sarrebruck, depuis 1974 à Tübingen. Javais publié quelques livres et articles et pouvais me considérer comme sortant du rodage. Javais à ma disposition les bibliothèques incomparables de lendroit et, grâce à la largesse de mon maître, un auxiliaire. Et javais le temps, car mon enseignement ne dépassait pas deux heures par semaine et Christmann avait peu besoin de moi ou plutôt avait scrupule à freiner lépanouissement de ses élèves, son souci majeur.

Cest dans cette situation quil me manquait le sujet de recherche pour un livre à mettre en haut du lot de travaux sur lequel il était prévu que je passe lhabilitation (sur dossier). Le mérite de lidée initiale revient entièrement à Christmann. Comme je nétais pas trop porté sur lancien français, tout en désirant élargir lhorizon au-delà du 18e siècle, il ma proposé de transcrire la Grammaire de Meigret dont Wendelin Foerster avait fait en 1888 une édition à peine plus lisible que loriginal. Et cest là que jai découvert dabord la Grammaire qui, manifestement, était en attente dune époque qui saurait lapprécier à sa juste valeur, et ensuite cet extraordinaire personnage, Louis Meigret, dans son siècle non moins ahurissant. Lannée 1977, je lai vécue comme une aventure intellectuelle 8sans pareil, plongé dans un univers traversé par un souffle fascinant, où on discutait orthographe, grammaire et religion en sinvectivant comme des chiffonniers.

Et cest ainsi que mes deux livres concernant Meigret ne sont pas du tout, comme il laurait mérité, les fruits dun long mûrissement, mais ce sont des produits éruptifs, issus dune extrême concentration sur le sujet pendant douze mois de la part dun chercheur enthousiaste, mais pressé et qui, dailleurs, était dautant plus enclin à admettre certaines faiblesses et limites de son travail quil croyait pouvoir reprendre le sujet ultérieurement, quasi une vie durant.

Or, le sort en a décidé autrement. Cest, en été 1981, la nomination à une chaire dune orientation très différente qui ma coupé du 16e siècle, tout en me lançant pour une décennie dans une aventure nouvelle.

La critique française (Nina Catach, Colette Demaizière, Luce Guillerm, Jean-Claude Chevalier et dautres) a, somme toute, accueilli mes volumes avec bienveillance. Quant à la critique allemande, elle a voulu insister sur limportance (peu évidente chez moi) de Nebrija comme source de Meigret, un sujet sur lequel jaurais aimé me repencher. Mais cétait déjà trop tard. Javais quitté le navire. Je nétais plus dans la course.

Aujourdhui, je suis heureux que dautres soient montés à bord et que Meigret, au bout de quarante ans, passionne encore, ou à nouveau, des plus jeunes que moi. Lidée me plaît de pouvoir montrer à Christmann, trop tôt disparu, le volume de ce Colloque en lui disant : Merci, maître, pour votre généreux et magistral pilotage. Voyez comme dautres après nous se sont saisis de la barre et que le bateau avance toutes voiles dehors !

Chers Collègues, Meigret dit dans la préface au Polybe : « Toutes choses tant bonnes et excellentes que tu voudras, se trouvent sans leur grâce mornes et peu agréables ». Cest cette grâce, je nen doute pas, qui va habiter le Colloque et que, de toute manière, je vous souhaite en abondance.

Franz Josef Hausmann