Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Tolérance, liberté de conscience, laïcité. Quelle place pour l’athéisme ?
- Pages : 247 à 250
- Collection : Constitution de la modernité, n° 12
Résumés
Nicole Gengoux, « L’athéisme au xviie siècle : une aporie morale ou politique ? La naissance douloureuse de l’idée de tolérance dans le Theophrastus redivivus »
Cet article aborde la question de l’aporie morale et politique de l’athéisme au xviie siècle chez les libertins érudits, qui partagent majoritairement la thèse de l’imposture des religions. L’étude s’intéresse principalement à l’auteur athée et (donc) anonyme du Theophrastus redivivus (1659) qui démontre qu’il n’existe aucun dieu, aucune « transcendance », mais affirme dans le même temps qu’il faut chasser l’athéisme de la cité.
Antony McKenna, « Pierre Bayle, liberté de conscience, liberté de penser »
Cet article insiste sur le rationalisme moral de Bayle afin de mettre en question son supposé scepticisme, de délimiter le domaine des droits de la conscience, de dissiper le faux problème du persécuteur de bonne foi, d’analyser les termes dans lesquels il bannit l’athéisme de la Cité, et enfin afin de mieux saisir la contradiction entre le rationalisme moral du Commentaire philosophique où est fondée la doctrine baylienne de la tolérance et le fidéisme extrême du Dictionnaire.
Jacques-Louis Lantoine, « Tolérer pour tenir en respect ? La défense de la liberté de philosopher chez Spinoza »
Cette contribution montre comment Spinoza tente de constituer politiquement un champ épistémologique de la pensée libre, et non pas simplement un champ politique de coexistence respectueuse des croyances. S’il s’agit bien de constituer un champ, c’est parce que le problème est posé dans les termes d’un rapport de forces : il faut instituer le principe de la liberté de philosopher pour autoriser la raison à lutter contre les préjugés, institution qui passe par l’État.
248Alain Sandrier, « Tolérer [selon] l’athéisme. Les leçons du baron d’Holbach »
Cet article soulève deux questions : il s’agit aussi bien de savoir si le débat d’idées pouvait « tolérer l’athéisme » dans cette expression franche et tranchée que lui a donnée le baron d’Holbach ; mais aussi quel pourrait être un point de vue athée sur la tolérance religieuse : malgré l’intolérance religieuse dont on les accuse, les athées sont-ils bien placés pour parler de tolérance et que peuvent-ils entendre par là ?
Francine Markovits Pessel, « Figures de l’athéisme »
Cette étude aborde la question de l’identification de l’athée par le biais des accusations, c’est-à-dire comme une imputation. Cette démarche croise les déterminations de l’athéisme et du scepticisme, en considérant que l’athéisme n’est pas seulement la négation de la personnalité de Dieu ni l’absence de croyance, mais suppose toute une systématicité conceptuelle que cet article met en évidence.
Sophie Wahnich, « Quelle place pour l’athéisme après le décret sur l’Être suprême du 18 floréal an II ? »
La question de l’athéisme dans le moment révolutionnaire français prend une acuité particulière après le décret du 18 floréal an II (7 mai 1794), dans l’événement lui-même puis dans l’historiographie qui le considère comme un décret théocratique. De fait il affirme un rapport intense à ce qui est tantôt nommé « Être suprême » tantôt « Divinité ». Cet article analyse le présent de ce décret et de la fête de l’Être suprême, et défend l’idée d’une place pour le fait religieux en République.
Frédéric Brahami, « Comte : pourquoi la religion ? »
Cet article rend compte de la solution apportée par Comte au problème posé par la Révolution française. Ce problème est celui de l’inadéquation entre les principes idéaux d’égalité et de liberté et la réalité brutalement hiérarchisée des rapports sociaux dans le monde industriel, inadéquation qui produit la dissolution de la société ainsi que la dégradation des individus. Or pour Comte, la solution à ce problème ne peut être qu’une solution religieuse.
249Lucie Rey, « La critique de l’athéisme philosophique et du protestantisme dans l’Encyclopédie nouvelle »
Cette étude s’intéresse à un héritage méconnu de la philosophie des Lumières et de la Révolution française au xixe siècle : l’Encyclopédie nouvelle de Pierre Leroux et Jean Reynaud. Cet ouvrage constitue une interprétation riche et complexe de la modernité qui vient brouiller les lignes de compréhension ordinaires, tout particulièrement en ce qui concerne la question de l’athéisme et de la place de la religion dans la société post-révolutionnaire.
Louise Ferté, « La critique de l’athéisme chez Quinet »
Edgar Quinet croit en la force de la religion sur la scène politique pour sceller la Révolution française : l’athéisme, en privant la politique républicaine de ses fondements religieux, représente un danger. Cette contribution montre ainsi que la critique virulente de Quinet à l’égard de toute institution ecclésiastique s’accompagne d’une foi profonde et d’une pensée religieuse qui rejette tout autant l’idée d’une société athée que celle de l’athéisme au sein de la société religieuse.
Georges Navet, « L’antithéisme de P.-J. Proudhon »
Cet article interroge les raisons qui ont poussé Proudhon à introduire le mot « antithéisme » en philosophie : en quoi désigne-t-il une idée nouvelle distincte de l’athéisme ? En effet, Proudhon se défend d’être athée : pour lui, l’existence de Dieu ne peut ni être prouvée, ni être récusée par la raison. Cette étude éclaire cet antithéisme à partir d’une citation du Système des contradictions économiques dans laquelle Proudhon affirme son besoin de l’« hypothèse de Dieu ».
Jacqueline Lalouette, « La morale laïque et le religieux. Débats entre républicains (1880-1905) »
Cette étude rend compte d’un problème essentiel pour les figures majeures de la IIIe République, celui des fondements de la morale et de ses liens avec les religions positives, notamment dans le domaine scolaire. Les républicains divergent à ce sujet. L’article analyse ces divergences à partir de la présentation de six pensées républicaines : celles de Jules Ferry, Paul Bert, Jules Simon, Ferdinand Buisson, Émile Combes et Jean Jaurès.
250Anne-Claire Husser, « Ferdinand Buisson et l’athéisme. Une reconnaissance ambiguë »
La question de l’athéisme offre un observatoire privilégié des tensions qui sous-tendent l’approche buissonienne de la laïcité : elle invite à interroger les conditions de possibilité ainsi que le coût théorique de sa tentative de conciliation des options spirituelles les plus éloignées. Cet article rend compte de l’effort engagé par Ferdinand Buisson pour jeter les bases d’une spiritualité laïque à même de susciter l’adhésion des croyants comme des athées.
- Thème CLIL : 4127 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Philosophie éthique et politique
- ISBN : 978-2-406-07841-8
- EAN : 9782406078418
- ISSN : 2494-7407
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07841-8.p.0247
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 05/04/2018
- Langue : Français