Résumés et présentations des auteurs
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Sculpter l’espace, ou le théâtre d’Alexandre Dumas à la croisée des genres
- Pages : 355 à 362
- Collection : Rencontres, n° 356
- Série : Études théâtrales, n° 4
résumés
et présentations des auteurs
Florence Naugrette, « Lieu du genre et genres des lieux. Topique des espaces dans le théâtre romantique »
Florence Naugrette, professeur à l’université Paris-Sorbonne, est l’auteur de Le Théâtre romantique (Paris, 2001), Le Plaisir du spectateur de théâtre (Levallois-Perret, 2002), et Le Théâtre de Victor Hugo (Lausanne, 2016). Elle a codirigé Le Théâtre français du xixe siècle (Paris, 2008), et coordonne l’édition en ligne de la correspondance de Juliette Drouet à Victor Hugo (www.juliettedrouet.org).
Le mélange des genres romantique passe aussi par le frottement l’un contre l’autre des espaces caractéristiques des genres constitués ou par l’inversion des actions censées s’y accomplir : ces détournements troublent jusqu’à créer une impression d’angoisse généralisée, en donnant à voir les obsessions de l’époque, notamment les hantises de l’enfermement, de la surveillance, de la chute, de la mort qui rôde, de la fracture sociale, de la séparation des consciences, et du retour du refoulé.
Olivier Bara, « Des didascalies imprimées à l’espace représenté. Archéologie scénique d’Henri III et sa cour d’Alexandre Dumas »
Olivier Bara, professeur de littérature française du xixe siècle et d’arts de la scène à l’université Lumière – Lyon 2, est directeur de l’IHRIM. Ses travaux, relevant de la poétique historique des formes et de la sociocritique, concernent le théâtre et l’opéra au xixe siècle, ainsi que les liens entre littérature romantique, spectacle et discours social.
Le texte de théâtre projette une image idéale de la représentation, souvent en décalage avec la mise en scène de la création. Une « archéologie scénique » d’Henri III et sa cour permet de saisir les usages de l’espace et les significations politiques, philosophiques ou métaphysiques engagées lors de la première représentation au Théâtre-Français. La pièce imprimée doit donc être relue à l’aune des documents portant traces du spectacle originel : livrets de mise en scène et parodies.
356Roxane Martin, « Espaces et musique dans La Tour de Nesle. Le drame “mélodramatisé” »
Roxane Martin, professeur à l’université de Lorraine, est l’auteur de La Féerie romantique sur les scènes parisiennes, 1791-1864 (Paris, 2007) et L’Émergence de la notion de mise en scène dans le paysage théâtral français, 1789-1914 (Paris, 2014). Elle a codirigé Les Arts de la scène à l’épreuve de l’Histoire (Paris, 2011) et dirige l’édition critique des Mélodrames de Pixerécourt (Paris, depuis 2013).
Cet article analyse la musique de La Tour de Nesle dans sa capacité à produire de l’espace (symbolique, métaphorique, scénique, extrascénique). L’identification des procédés musico-spatio-dramatiques mis en œuvre dans la pièce permet de soulever la question générique, et de déterminer en quoi ils relèvent d’un choix délibéré des auteurs, ou obéissent au contraire à un protocole scénique qui aurait fait subir au texte d’Alexandre Dumas et Frédéric Gaillardet une sorte de « mélodramatisation » forcée.
Marion Lemaire, « Frédérick Lemaître et le façonnement de l’espace dans Kean, ou Désordre et génie »
Marion Lemaire, docteur en études théâtrales, est l’auteur de Robert Macaire : la construction d’un mythe. Du personnage théâtral au type social (1823-1848) et d’articles sur Robert Macaire et Frédérick Lemaître. Elle travaille sur l’édition critique de L’Auberge des Adrets et de Robert Macaire et prépare la publication numérique de la correspondance de Frédérick Lemaître.
Frédérick Lemaître tient un rôle déterminant lors de l’écriture de Kean. L’analyse des variantes d’écriture entre les différents manuscrits permet de comprendre comment se construit et se pense l’espace dramatique chez l’acteur et les dramaturges. Est alors particulièrement abordée la question de l’apport de Frédérick Lemaître dans le façonnement d’une dramaturgie alliant conventions d’écriture textuelle et conventions d’écriture scénique.
Marie-Pierre Rootering, « Une fille du Régent (1846) devient Le Capitaine Lajonquière (1850). Un nouvel espace scénique pour un nouvel espace dramatique… ou l’inverse ? »
Marie-Pierre Rootering est docteur en littérature française. Elle a consacré sa thèse aux adaptations théâtrales de romans français au xixe siècle. Chercheuse indépendante, ses travaux portent sur le rapport roman-théâtre, la poétique de la dérivation, le statut 357de l’écrivain et les mécanismes de la production théâtrale au xixe siècle. Elle a publié en collaboration L’Odéon, un théâtre dans l’Histoire (Paris, 2010).
L’étude comparative de deux variations théâtrales d’un même thème permet d’interroger le rapport entre espace scénique et espace dramatique. Les différences génériques et structurelles des pièces influent-elles sur l’espace linéaire de la représentation ? À la fois lieu et temporalité, l’espace doublement significatif du théâtre est mué par Alexandre Dumas en un espace d’éducation politique, civique et morale prônant la suprématie de l’amour sur l’horreur de la mort.
Jean-Claude Yon, « Les Mohicans de Paris. Les espaces politiques du drame dumasien au prisme de la censure »
Jean-Claude Yon est professeur d’histoire contemporaine à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines. Spécialiste d’histoire des spectacles du xixe siècle. Il est directeur du Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines, et directeur d’études cumulant à l’École pratique des hautes études. Il a publié Une histoire du théâtre à Paris de la Révolution à la Grande Guerre (Paris, 2012).
En août 1864, Alexandre Dumas fait jouer au Théâtre de la Gaîté une adaptation de son roman Les Mohicans de Paris. Le drame a toutefois été profondément mutilé par la censure, celle-ci refusant de montrer à la scène le Paris souterrain des sociétés secrètes de la fin de la Restauration. En détaillant les trois versions du drame, cet article s’interroge sur le rapport à l’espace et au temps à l’œuvre dans cette pièce, véritable méditation de Dumas sur le Paris de sa jeunesse.
Stéphane Arthur, « Les lieux et les scènes du seizième siècle dans le théâtre de Dumas »
Stéphane Arthur, enseignant en classes préparatoires au lycée Voltaire à Orléans, auteur d’une thèse intitulée « La Représentation du xvie siècle dans le théâtre romantique », est l’auteur d’articles sur le théâtre romantique et l’écriture de l’Histoire. Il a collaboré au numéro des Nouveaux Cahiers de la Comédie-Française consacré à Hugo, et participe à la publication des œuvres de Pixerécourt (Paris, en cours depuis 2013).
Si l’intérêt d’Alexandre Dumas pour le xvie siècle est connu, on néglige l’influence du théâtre de ce siècle sur sa poétique, en particulier sur son traitement de l’espace : l’attention portée par Dumas aux mystères l’atteste. De 358fait, dans les nombreux drames que l’auteur d’Henri III et sa cour et de La Reine Margot a consacrés au xvie siècle français et européen, les lieux représentés sont avant tout des espaces symboliques, qu’inspire un temps fantasmé par Dumas et ses spectateurs.
Sophie Mentzel, « La fugue et le piège. Espace et royauté dans le théâtre de Dumas »
Sophie Mentzel est agrégée de lettres modernes et enseigne actuellement dans un lycée parisien ainsi qu’à l’université. Elle est l’auteur d’une thèse sur la représentation de la royauté sur la scène romantique et a publié plusieurs articles sur le théâtre romantique.
Les pièces d’Alexandre Dumas tissent un lien complexe entre espace et royauté, à travers les motifs privilégiés de la fugue et du piège. Elles mettent en scène une monarchie décentrée, littéralement désaxée. Le roi, la reine, ne cessent de déserter l’espace du pouvoir qui les empiège. La place royale n’est plus figée et en surplomb ; elle est un espace fluctuant, nomade, contesté et contestable qui signale que la royauté est désormais, sur scène comme à la ville, un lieu inhabitable.
Barbara T. Cooper, « Décors et corps en mouvement, ou Napoléon Bonaparte et Richard Darlington comme exemples d’une esthétique dumasienne de l’espace »
Barbara T. Cooper, professeure émérite de français à l’université du New Hampshire (USA), est spécialiste du théâtre français de la première moitié du xixe siècle et de la représentation des Noirs sur les scènes parisiennes. Elle participe à l’édition du Théâtre complet de Pixerécourt, de Dumas et de Lemercier. Elle a récemment publié Le Marché de Saint-Pierre, d’Antier et Decomberousse (Paris, 2016).
Dans Napoléon Bonaparte et Richard Darlington, l’esthétique dumasienne de l’espace est marquée par une même tendance à animer l’Histoire et les histoires par la multiplication et la juxtaposition des décors et par le mouvement des corps dans et à travers l’espace. Symboles d’ambition et d’impermanence, de triomphes et de défaites, les lieux sont les signes d’une esthétique qui reconnaît et reproduit l’instabilité des institutions et des idéologies dans la période postrévolutionnaire.
359Maurizio Melai, « Caligula, ou de la synthèse rêvée des genres dramatiques sous l’égide de l’Histoire »
Maurizio Melai, agrégé et docteur en lettres, est professeur de français en classe préparatoire. Il a publié sa thèse sous le titre Les Derniers feux de la tragédie classique au temps du romantisme (Paris, 2015), et est l’auteur de nombreux articles publiés par exemple dans Orages, Littérature et culture 1760-1830, dans L’Année stendhalienne ou encore dans la Revue d’Histoire du Théâtre.
En 1837, Alexandre Dumas place son Caligula, tragédie en cinq actes et en vers, sous le signe de l’hybridité générique, afin de satisfaire aussi bien les classiques que les romantiques et d’attirer au Théâtre-Français un public à la fois nostalgique des formes anciennes et friand du spectaculaire moderne. La résurrection de l’Histoire, qui passe avant tout par une conception originale de l’espace scénique, est pour Dumas la seule opération qui puisse permettre une synthèse entre les genres dramatiques.
Christine Prévost, « La mise en place du jeu électoral dans Catilina »
Christine Prévost, maître de conférences à l’université d’Artois, est l’auteur d’une thèse sur le théâtre de Dumas « L’Homme sans nom et le roi sans couronne, (1827-1835) ». Elle participe à des publications collectives : « Dumas du texte à la scène » (Cahiers de l’AIEF, 2012), Dumas critique (Limoges, 2013). Ses recherches portent sur les filiations entre scènes du xixe siècle et médias audio-visuels du xxe.
Dans le contexte du suffrage de 1848, la représentation de Catilina fut incomprise. Alexandre Dumas met en scène ce moment symbolique de la démocratie qu’est le vote des citoyens appelés aux urnes. Ainsi, machiné pour les besoins d’une intrigue de corruption, l’espace se veut aussi réaliste avec ses lieux de la vie parlementaire reconstitués. La tension entre ces deux aspects, machiné et réaliste, installe un jeu avec l’espace théâtral : la politique a ses acteurs doués, son public, et ses trucages.
Anne-Marie Callet-Bianco, « D’Édith à Catherine Howard. La construction d’un espace imaginaire »
Anne-Marie Callet-Bianco, maître de conférences à l’université d’Angers, travaille sur l’œuvre romanesque d’Alexandre Dumas, en particulier ses premiers romans dont elle a réédité plusieurs titres peu connus. Elle codirige avec Sylvain Ledda l’édition de son Théâtre Complet.
360Cette contribution aborde la question spatiale en comparant le drame Catherine Howard, joué en 1834, avec sa source, la tragédie Édith, non représentée. Dégagé des contraintes du genre tragique, Alexandre Dumas repense l’espace selon les codes du drame romantique, associés à l’esthétique et aux enjeux mélodramatiques. Enrichie d’une dimension imaginaire qui fait éclater les limites de l’action scénique, la pièce devient un drame intemporel et fantasmatique, reflétant la psychè perturbée de son héroïne.
Julie Anselmini, « Espaces réel et fantasmatique dans Teresa »
Julie Anselmini, maître de conférences à l’université de Caen – Normandie et membre du LASLAR (EA 4256), est spécialiste d’Alexandre Dumas. Elle est l’auteur de Le Roman d’Alexandre Dumas père ou La Réinvention du merveilleux (Droz, 2010), a édité Gaule et France (Paris, 2015) et dirigé Dumas critique (Limoges, 2013) ainsi qu’Alexandre Dumas critique dramatique (1836-1838) (Cahiers Alexandre Dumas, no 42, 2015).
Le lieu unique et l’évolution vers un huis clos étouffant permettent de situer Teresa (1832) par rapport aux genres de la tragédie et du drame romantique ; le lieu réel s’ouvre aussi à des espaces imaginaires qui exercent une influence déterminante sur les personnages et entraînent le drame vers le romanesque ; enfin, le travail de l’espace permet d’évaluer les déplacements qu’opère Teresa par rapport à des pièces antérieures dont ce drame s’inspire.
François Vanoosthuyse, « Sur la route. Le “style spatial” de quatre pièces de Dumas (1830-1834) »
François Vanoosthuyse est professeur de littérature française à l’université de Rouen-Normandie. Il est membre du Cérédi. Ses travaux portent principalement sur les littératures romantiques et réalistes. Il est directeur de publication de L’Année stendhalienne.
Cet article essaie, à partir d’une étude du rapport entre espace scénique et espace diégétique, de montrer l’incidence du roman sur la conception dumasienne de l’intrigue et de la représentation théâtrale. L’analyse porte plus particulièrement sur quatre pièces : Antony, Angèle, Teresa, Richard Darlington.
361Hélène Laplace-Claverie, « L’Alchimiste de Dumas et Nerval (1839) ou la fabrique d’un espace romantique »
Hélène Laplace-Claverie est professeur de littérature française à l’université de Pau, membre du Centre de recherche poétique, histoire littéraire et linguistique. Elle étudie les arts du spectacle en France aux xixe et xxe siècles, avec une prédilection pour des formes réputées mineures comme le ballet, la féerie ou la pantomime. Elle a publié Écrire pour la danse (Paris, 2001) et Modernes féeries (Paris, 2007).
L’Alchimiste (1839) ressemble moins, sur le plan de l’intrigue, à un drame romantique qu’à un drame bourgeois à la façon du xviiie siècle. Mais le traitement de l’espace apparaît quant à lui typique d’une esthétique propre au premier xixe siècle. À la fois dynamique et polysémique, l’espace dramatique et scénique peut se lire à différents niveaux (référentiel, symbolique, psychanalytique, métathéâtral). Il a pour finalité de rendre peu à peu ostensible le contenu latent de la fable.
Georges Zaragoza, « La pratique dumasienne du rideau de scène comme outil de la dramaturgie romantique »
Georges Zaragoza, professeur émérite de littérature comparée à l’université de Bourgogne, comédien et metteur en scène, étudie le récit fantastique et le drame romantique. Il a notamment publié Le Personnage de Théâtre (Paris, 2006), édité Promenade de Dieppe aux montagnes d’Écosse de Nodier (Paris, 2003), Le Trouvère de Garcia Gutiérrez (Paris, 2011) et une Trilogie écossaise (Paris, 2013).
Le rideau de scène est attaché à un mode de représentation qui triomphe au xixe siècle, mais également à une dramaturgie propre à ce moment de l’histoire du théâtre. On peut dès lors étudier comment les dramaturges romantiques et particulièrement Alexandre Dumas ont su tirer parti de l’effet que produit la chute du rideau de scène. Il devient une sorte de respiration du spectacle propre à rythmer les temps forts et à décupler les émotions, en même temps qu’il sert à structurer l’espace dramatico-scénique.
Nicolas Manuguerra, « Para-espaces et praticabilité dans le théâtre de Dumas autour de 1830 »
Nicolas Manuguerra, doctorant en littérature française et chargé de cours à l’université d’Uppsala, prépare une thèse sur les espaces praticables dans le théâtre de la période romantique. Il s’intéresse aux théories de l’espace en littérature et a 362publié dans la revue Orages (no 15, 2016) un article sur l’objet théâtral et son influence sur l’espace dramatique et la question générique dans le Charles VII d’A. Dumas.
L’article met au jour la nature transitionnelle des espaces praticables. Leur présence et leur usage dans les pièces d’Alexandre Dumas (dans le texte ou sur scène) permettent d’esquisser une théorie de la fonction « para-spatiale », qui éclaire des pertinences herméneutiques et symboliques. Assurant un rôle de médiation entre différents espaces au sein et au-delà de la perspective scénique, les praticables pourraient même avoir une incidence sur la formation ou la perception générique des pièces.
Sylvain Ledda, « Le lit dans le théâtre d’Alexandre Dumas. L’espace de tous les dangers ? »
Sylvain Ledda est professeur de littérature française à l’université de Rouen-Normandie et membre du Cérédi. Ses travaux portent sur le romantisme, en particulier le théâtre des années 1820-1840. Il a consacré une biographie à Alexandre Dumas (Paris, 2014), a édité Kean (Paris, 2017), Henri III et sa cour, La Tour de Nesle (Paris, 2015), La Reine Margot (Paris, 2014) et codirige le Théâtre complet de Dumas.
Élément de décor dans la représentation de la vie privée comme de la vie publique, le lit occupe une place essentielle dans la manière dont Alexandre Dumas conçoit l’espace. Sur scène, le lit est un élément praticable, autour duquel peuvent se nouer des situations dramatiques ou comiques. Dans ses drames, Dumas en fait un micro-espace potentiellement dangereux. C’est le rôle dramatique du lit dans l’espace que cet article propose d’étudier.
- Thème CLIL : 4028 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes de littérature comparée
- ISBN : 978-2-406-07448-9
- EAN : 9782406074489
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07448-9.p.0355
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 03/01/2019
- Langue : Français