Résumés
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Scandales, justice et politique à Rome. Textes inédits d’Alain Malissard suivis d’hommages en son honneur
- Pages: 301 to 305
- Collection: POLEN - Power, Literature, Norms, n° 9
Résumés
Alain Malissard, « Une République née d’un scandale. Le viol de Lucrèce »
Le récit développe les éléments donnés par Tite-Live du viol de Lucrèce par le cousin du roi, Tarquin le Superbe. De honte, Lucrèce se donne la mort. Brutus, neveu du roi, soulève alors le peuple contre le roi Tarquin : c’est ainsi qu’est instaurée la République, en 509 avant notre ère, née donc d’un scandale.
Alain Malissard, « L’affaire Verginia »
Plusieurs auteurs relatent ce scandale du milieu du ve siècle où se reflètent les tensions sociales. Pour apaiser les conflits entre patriciens et plébéiens, le pouvoir est confié à dix hommes, les décemvirs. L’un d’eux, le patricien Appius Claudius, pris de désir pour une plébéienne, Verginia, fille d’un centurion, prétend en justice qu’elle est fille d’un esclave, et, pour éviter le déshonneur, son père la tue. La foule des citoyens indignés se révolte et abolit le décemvirat.
Alain Malissard, « Les profiteurs de guerre. L’affaire Postumius »
Cet épisode, situé pendant les guerres puniques, dénonce le scandale des publicains qui s’enrichissent comme fournisseurs aux armées. L’un d’eux, Marcus Postumius, imagine en outre une fraude lucrative : faire couler au large de vieux rafiots chargés de pierres et se faire rembourser navires et cargaisons. À son procès, les tribuns accusateurs se heurtent à l’opposition du Sénat et des publicains : il est finalement condamné pour trouble à l’ordre public et non pas pour fraude.
Alain Malissard, « L’affaire Verrès »
Le récit revient sur le rôle de Cicéron pour mettre fin aux exactions que Verrès multiplie, pendant sa carrière de propréteur de Sicile, pour satisfaire 302sa passion des œuvres d’art. Pendant trois mandats consécutifs, il met l’île au pillage. Les Siciliens portent plainte contre lui et prennent Cicéron pour avocat. En 70 av. J.-C., il obtient, malgré un contexte politique complexe, la condamnation de Verrès : mais ce dernier s’exile dans sa belle villa de Marseille, où il jouit de sa fortune jusqu’à sa mort.
Alain Malissard, « La mafia de Larinum. Les affaires Scamander et Cluentius »
Cette histoire révèle une succession de crimes à Larinum, où Cicéron joue un rôle ambigu. Oppicianus s’est enrichi grâce à cinq mariages, quelques meurtres et empoisonnements. Après sa mort, sa femme prend la relève en accusant Cluentius, fils de premières noces, d’avoir empoisonné son père. Défendu par Cicéron, il est acquitté. Mais un affranchi Scamander est enrôlé pour empoisonner Cluentius : par intérêt pour sa carrière, Cicéron le défend, contre son ancien client, mais sans succès.
Alain Malissard, « La conjuration de Catilina. “L’affaire Cicéron” »
Ce récit revient sur un épisode crucial pour Rome et Cicéron. En 63 av. J.-C., devant la menace de prise du pouvoir par Catilina, Cicéron, consul mandaté par le Sénat afin d’assurer la sécurité, fait exécuter six des principaux conjurés. Mais, attaqué par Clodius pour avoir fait mettre à mort des citoyens romains sans qu’ils puissent faire appel au peuple, il est condamné à l’exil, sa maison pillée et détruite. Quelque temps après, la situation se retourne en sa faveur et il fait un retour triomphal à Rome.
Alain Malissard, « L’affaire Clodius. Le scandale de la Bona Dea »
Le retentissement du sacrilège de Clodius, relaté par Plutarque, met en lumière la collusion entre argent, politique et justice. En 62 av. J.-C., Clodius est surpris, déguisé en femme, dans la demeure de la femme de César, lors du culte de la Bonne Déesse, interdit aux hommes. Son procès est l’occasion de violents affrontements politiques. Le témoignage de Cicéron aurait dû suffire à condamner Clodius, mais celui-ci avait acheté le vote de plus de la moitié des jurés. Le Sénat sort très affaibli de l’affaire.
303Alain Malissard, « L’assassinat de Clodius. L’affaire Milon »
Le poids du politique apparaît dans cette affaire, peu glorieuse pour Cicéron. À Rome s’affrontent les bandes de Clodius, agitateur des populares, et celles de Milon, l’homme des optimates. Quand, en 52 av. J.-C., leurs cortèges se croisent sur la Via Appia, Clodius est blessé au cours d’une rixe, Milon l’achève. Son procès a lieu dans une atmosphère si tendue que Cicéron, paralysé, ne peut éviter la condamnation à l’exil de son client : mais il rachète ensuite, en sous-main, les biens de Milon confisqués.
Bruno Clément, « Épilogue. Un anachronisme souriant »
Partant d’une brève notation du texte sur l’affaire Clodius, qui fait le lien entre l’époque de la République romaine et la nôtre, cette étude défend l’idée que nombre de textes d’Alain Malissard jouent sur le double sens et pratiquent un anachronisme concerté. Loin d’être une faute méthodique, l’anachronisme est un moyen de rendre vivant ce qui est révolu, et de parler du présent. Il est dit « souriant » car se profile bien souvent derrière lui la figure de son auteur, à la fois savant et malicieux.
Dominique Briquel, « Un enlèvement de Romaines par des Sabins »
Tite-Live relate une bagarre provoquée en 501 av. J.-C. par des Sabins, venus à Rome pour une fête, qui avaient voulu enlever des prostituées. Il dit que pour certains la dictature avait été instaurée à la suite de cet incident. Or l’analogie avec l’enlèvement des Sabines par les Romains est frappante : on peut envisager derrière ce fait divers une tradition rapportant à la gens Valeria l’honneur d’avoir exercé la première dictature, illustrée par une victoire sur les Sabins rappelant celle de Romulus.
Jean-Pierre De Giorgio, « Clodius le scandaleux d’après la Correspondance de Cicéron (58 et 56 av. J.-C.) »
Clodius est l’homme du scandale par excellence. Cicéron en fait le portrait autour du scandale de la Bona Dea et des suites de l’affaire dans sa correspondance avec Atticus entre 62 et 56 av. J.-C., où il développe et affine ses premières narrations politiques. Jusqu’au retour de l’exil, Clodius réapparaît régulièrement dans les lettres. Du jeune homme turbulent au monstre 304politique, de l’ennemi personnel à l’ennemi de République, Cicéron parvient à faire de son personnage un antiportrait de lui-même.
Fabrice Galtier, « César, Rome et le Rubicon. Un enjeu de mémoire dans la Pharsale de Lucain »
Au début de la Pharsale, Lucain met en scène le franchissement du Rubicon pour en faire ressortir le caractère scandaleux. L’intervention du fantôme de la Patrie, marquée par un échec aussi significatif qu’inéluctable, souligne la transgression de l’acte césarien, d’autant plus grave qu’il ouvre la voie à la guerre civile. Mais cet affrontement primordial entre Rome et César renvoie à un autre enjeu important, celui de la place que doit occuper César dans la mémoire romaine.
Jean-Yves Guillaumin, « Scandale, pouvoir et science. L’arithmologie contre Néron »
La phrase satirique rapportée par Suétone (Néron 39, 3) sur Néron matricide, est une attaque arithmologique portée contre le princeps par un personnage de sa propre cour, l’Alexandrin Léonidas selon toute vraisemblance ; elle témoigne de l’habileté arithmétique et isopséphique de son auteur, mais peut-être davantage de son cynisme que de son engagement contre les scandales de Néron.
Olivier Devillers, « Le personnage de Messaline dans les Annales de Tacite »
La dimension politique du personnage de Messaline est envisagée dans le cadre de l’historiographie sénatoriale propre à Tacite. Sont discutés, à la lumière d’une comparaison avec Dion Cassius, le récit du procès de Valerius Asiaticus dans les Annales, puis le mariage avec Silius. Outre la qualité de sénateur de Silius, la passivité de Claude, la dimension impériale dont est investie la figure de Messaline, on souligne les divers points de rencontre entre le procès de Valerius et le mariage avec Silius.
Françoise Michaud-Fréjaville, « Transgression et gloire, le souvenir de Clélie lors du procès en nullité de la condamnation de Jeanne d’Arc »
Les traités rédigés pour démontrer qu’il fallait annuler le procès fait à Jeanne en 1431 ont utilisé des exemples de femmes ayant joué un rôle pendant 305des guerres. Les plus utilisés sont ceux des femmes fortes de la Bible. Seul Jean Bréhal a cité la conduite héroïque de Clélie, jeune Romaine du début de la République. Il semble pourtant que les actions de l’héroïne antique soient bien peu comparables avec celles de la Pucelle.
Rémy Poignault, « Du scandale au piédestal ? Une réécriture de Juvénal, Satires, VI, 116-132, dans la Messaline d’Alfred Jarry »
L’article analyse le chapitre 1 de Messaline d’Alfred Jarry (1900), qui est une réécriture des v. 116-132 de la Satire VI de Juvénal. Ce chapitre de roman, tout en respectant – en l’amplifiant – la lettre du texte, en subvertit le sens, puisqu’au lieu que soit stigmatisée la lubricité de l’impératrice comme chez le satiriste latin, Messaline dans ses frasques est présentée comme un être en quête d’absolu, qui retrouve en tant que Lupa les origines mêmes de Rome et une forme de sacralité.
Géraldi Leroy, « Du profane et du sacré. Mystique et politique chez Charles Péguy »
Réagissant aux propos de Daniel Halévy après l’affaire Dreyfus, Charles Péguy a établi un parallèle entre la politique dévalorisée et la mystique sublimée. Or l’Affaire, avec ses luttes partisanes, a été immédiatement politique. Péguy, investi dans des affrontements partisans, par son attachement à la pureté des intentions a méconnu que les nécessités de l’action exposent à des distorsions avec celles-ci. Reste que son insistance à maintenir l’exigence éthique en politique n’a jamais cessé d’être d’actualité.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-06805-1
- EAN: 9782406068051
- ISSN: 2492-0150
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-06805-1.p.0301
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 03-02-2018
- Language: French