In memoriam Paul Viallaneix (1925-2018)
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Revue d’Histoire littéraire de la France
1 – 2019, 119e année - n° 1. varia - Auteur : Lioure (Michel)
- Pages : 245 à 246
- Revue : Revue d'Histoire littéraire de la France
Paul Viallaneix (1925-2018)
Michel Lioure
Paul Viallaneix, décédé à Seilhac le 3 août 2018, a effectué la plus grande partie de sa carrière universitaire à la Faculté des Lettres de l’Université de Clermont, où il a laissé les meilleurs souvenirs auprès de ses étudiants et de ses collègues.
Né le 4 juillet 1925 à Gumont, en Corrèze, où son père était instituteur, il a fréquenté les écoles corréziennes, au gré des déplacements professionnels de sa famille. Il a effectué ses études secondaires au lycée de Tulle, avant de préparer au lycée Louis-le-Grand, à Paris, le concours d’entrée à l’École Normale Supérieure, où il a été admis en 1946. Entre-temps, il avait participé aux réseaux de la Résistance en Corrèze. Reçu à l’agrégation des Lettres classiques en 1949, il est pensionnaire à la Fondation Thiers, avant d’être recruté comme assistant à la Sorbonne, puis à la Faculté des Lettres de l’Université de Clermont-Ferrand, où il est nommé maître de conférences, après la soutenance, en 1959, de sa thèse sur Michelet, sous la direction de René Jasinski et publiée, avec l’autorisation d’André Malraux, sous le titre prestigieux de La Voie royale (Delagrave, rééd. Flammarion, 1971).
C’est à la Faculté des Lettres de Clermont, où il assurait les cours de licence et d’agrégation sur les auteurs du xixe et parfois du xvie siècle, qu’il demeurera fidèle jusqu’à sa retraite. Il y poursuivit une intense activité de recherche et de publication. Il créa et dirigea, en collaboration avec le professeur Jean Ehrard, le Centre de recherches révolutionnaires et romantiques, où il organisa plusieurs colloques internationaux. En tant que Secrétaire général de la Société des études romantiques et dix-neuvièmistes, il veilla et participa très 246activement à l’organisation, à la réalisation et à la diffusion des travaux sur cette période. Il institua également à Clermont un Centre Albert Camus, un écrivain sur lequel il prononça plusieurs conférences et dont il édita des textes de jeunesse, sous le titre Le Premier Camus (Gallimard, 1973). Il est également l’auteur d’ouvrages sur Vigny, sur lequel il publia un Vigny par lui-même dans la collection des écrivains par eux-mêmes (Seuil, 1964) et dont il édita les Œuvres complètes aux éditions du Seuil en 1965. Intéressé par la poésie moderne, il écrivit un essai sur Supervielle, Le Hors-venu ou le personnage poétique de Supervielle (Klincksieck, 1972). Directeur plein d’initiatives, il suscita de nombreux travaux non seulement sur le xixe siècle, mais aussi sur des écrivains modernes ou contemporains, comme Valery Larbaud.
Son sujet de prédilection demeura l’œuvre et la pensée de Michelet, auquel il consacra, outre sa thèse doctorat, de très nombreux articles et plusieurs ouvrages, comme Michelet, les travaux et les jours (Gallimard, 1998), et dont il édita et préfaça plusieurs écrits, notamment le Journal (Gallimard, 1959 et 1962), Le Peuple (Flammarion, 1974), Jeanne d’Arc (Gallimard, « Folio », 1974), La Mer (L’Âge d’Homme, 1980), La Sorcière (Flammarion, 1993), Cours au Collège de France (Gallimard, 1995), Tableau de la France (éd. Équateur, 2008). Il entreprit et dirigea aux éditions Flammarion, à partir de 1971, la publication monumentale des Œuvres complètes de Michelet (40 tomes parus).
Dans les derniers temps de sa vie universitaire, il eut le plaisir d’effectuer de longs séjours en Angleterre, en qualité de fellow au Churchill College de Cambridge et au St Antony’s College d’Oxford.
Converti à la religion protestante dans les années 50, il assuma, après avoir quitté l’Université, d’importantes fonctions administratives et journalistiques au sein de la communauté à laquelle il avait adhéré : participation au Conseil national de l’Église réformée de France, assistance aux cérémonies et aux manifestations commémoratives, et direction du journal Réforme dont il rédigea, de 1985 à 1992, les éditoriaux hebdomadaires.
Une fois retraité, il partagea son temps entre son domicile parisien et sa patrie corrézienne. Il eut le malheur de perdre en 2005 son épouse Nelly, philosophe et spécialiste de Kierkegaard sur lequel elle a publié de nombreux essais. Ses dernières années furent assombries par la maladie et l’hospitalisation dans des établissements de son pays natal, où il recevait de nombreuses visites amicales et familiales.
À tous ceux qui l’ont connu et fréquenté, étudiants, collaborateurs, collègues et amis, Paul Viallaneix laissera le souvenir ému non seulement d’un professeur et d’un chercheur extrêmement actif et créateur, mais aussi d’un homme affable et souriant, optimiste, entreprenant, passionnément dévoué à toutes les tâches, universitaires, éditoriales, administratives ou confessionnelles, auxquelles il était fermement attaché.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-08862-2
- EAN : 9782406088622
- ISSN : 2105-2689
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08862-2.p.0245
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 05/02/2019
- Périodicité : Trimestrielle
- Langue : Français