Résumés des contributions
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Prêcher la mort à l’époque moderne. Regards croisés sur la France et l’Angleterre
- Pages : 367 à 372
- Collection : Rencontres, n° 446
- Série : Colloques, congrès et conférences sur la Renaissance européenne, n° 108
Résumés des contributions
Paula Barros et Claudie Martin-Ulrich, « Introduction »
L’ouvrage examine les points de rencontre entre le sermon et la mort. L’introduction offre un aperçu critique et historiographique des travaux consacrés à ces sujets et propose une définition générique du sermon, dont elle rappelle la vocation évangélique et parénétique. Elle présente les trois axes de questionnement selon lesquels se déploient les études rassemblées ici : la revendication confessionnelle et identitaire, l’accompagnement pastoral des fidèles et la commémoration des défunts.
Jonathan Arnold, « Dying to this World. John Colet’s Celestial Vision for the Church in his Convocation Sermon 1511–1512 »
Dans le sermon prononcé en 1511-1512 devant l’assemblée du haut clergé de la province de Cantorbéry, John Colet (1467-1519), doyen de la cathédrale Saint-Paul, présente sa vision perfectionniste et céleste de l’Église. L’article propose de renouveler l’interprétation de la pensée de John Colet, fortement marquée par l’idéalisme néoplatonicien.
Adrien Paschoud, « L’écriture sermonnaire au miroir de la polémique confessionnelle. L’exemple de Simon Vigor (1515-1575) »
Les sermons de ce prêtre soutiennent sa lutte menée toute sa vie contre la doctrine réformée, notamment dans les Sermons et prédications chrétiennes et catholiques pour tous les jours de Pasques. On y lit une attaque en règle contre la doctrine calviniste, jouant de l’opposition entre le modèle christique et la « dépravation » des réformés. Vigor s’engage dans un débat poétique s’en prenant à l’interprétation réformée du sacrement de l’Eucharistie.
368Monique Vénuat, « Rhétorique et doctrine du salut dans “An exhortation agaynst the feare of death” de Thomas Cranmer »
Thomas Cranmer est l’auteur d’une homélie qui reflète bien le contexte politico-religieux de l’Angleterre édouardienne en faisant la leçon aux fidèles sur la question de la mort et de la vie après la mort. S’il prêche selon les principes orthodoxes du calvinisme du milieu du xvie siècle, niant l’existence du Purgatoire, l’inutilité de toute forme d’intercession, de confession ou de l’absolution, il entend cependant rassurer les fidèles. Cette étude explique par quels moyens il y parvient.
Élizabeth Tingle, « Preaching Afterlife. Teachings on Purgatory in France, 1500-1700 »
Cet article examine les débats sur la sotériologie à travers les sermons et les enseignements sur le Purgatoire pour réviser l’idée selon laquelle peu de discours édifiants furent consacrés à ce sujet dans la seconde partie du xvie siècle. À l’aube du xviie siècle, les polémiques subsistent, mais leur importance s’amoindrit. Les enseignements consacrés uniquement au purgatoire se raréfient et la question de l’au-delà se trouve incluse dans des discussions générales sur la piété et le salut.
Sandie Gautier, « Vie et mort dans les sermons funéraires luthériens au xviie siècle. Expérience religieuse et salut par la foi »
Les sermons funéraires sont une source particulièrement riche pour l’étude du monde luthérien dans l’espace du Saint-Empire à l’époque moderne. L’article se propose d’examiner les stratégies d’écriture à l’œuvre dans ces textes en s’attachant plus particulièrement aux récits biographiques qui viennent s’ajouter aux sermons à proprement parler. Normés, destinés à consoler les vivants, ils traduisent l’expérience religieuse et l’exercice vécu de la foi.
Penny Pritchard, « English Dissenters’ Funeral Sermons from 1660–1700 »
Cette étude se concentre sur les décennies suivant la Restauration (c. 1660-1700), où les non-conformistes souffrent à la fois de persécutions et de divisions internes. Elle analyse l’utilisation, dans ce contexte, du sermon funèbre, un genre dont la flexibilité permet la poursuite d’objectifs 369multiples qui servent à forger l’identité collective non-conformiste. Ce travail souligne aussi la parenté du sermon funèbre avec d’autres genres de la littérature dévotionnelle.
Claude La Charité, « La mort dans la théorie et la pratique homilétiques de Denys Peronnet »
Prédicateur sous Henri III et Henri IV, Denys Peronnet représente un cas d’étude intéressant, en ce que son œuvre combine théorie et pratique du sermon. Il s’agit ici de confronter la théorie du Manuel general et instruction des curez (1581) à la pratique illustrée par ses sermons, en insistant sur trois genres : le « Sermon pour le jour des Trespassez », le « Sermon funebre, pour la consolation des parens et amys du defunct » et le « Sermon funebre, pour prier Dieu pour les trespassez ».
Marianne Carbonnier-Burkard, « “Pour consoler de la mort d’un enfant”. La prédication aux parents affligés dans un manuel du pasteur Charles Drelincourt »
Parmi les soixante et un dialogues imaginaires rassemblés par le pasteur Charles Drelincourt dans ses Visites charitables, cinq traitent de la mort de l’enfant, s’adressant à des parents dont l’enfant vient de mourir ou dont l’enfant est mourant, voire à l’enfant mourant lui-même. Plusieurs des motifs de consolation et d’édification apparaissent spécifiques d’une pédagogie de la mort de l’enfant, tant à l’usage des parents que de l’enfant.
Nicolas Bourgès, « Se préparer à la mort par la repentance. L’exemple d’un sermon de Richard Werge (1624-1685 ? / 1687) »
En 1683, Richard Werge prononce un sermon pour honorer la mémoire de George Johnson. Décrivant l’attitude à adopter par tout chrétien désireux d’échapper à la peur de la mort, son discours a une visée pédagogique qui attire l’attention sur le rôle du prédicateur comme conseiller spirituel. Cette étude se propose d’analyser comment Werge esquisse une méthode d’introspection pour apprendre à se repentir et trouver une paix intérieure propice à l’acceptation de la mort.
370Véronique Ferrer, « Prédication ou méditation ? Le rôle du livre dans la préparation à la mort chez les réformés français des xvie et xviie siècles »
À partir d’œuvres de Pierre Du Moulin, François de Combles et Charles Drelincourt, l’étude interroge la complémentarité, voire la convergence des sermons et des ouvrages de dévotion dans la préparation à la mort chez les réformés français du xvie et xviie siècle. Elle met en évidence le rôle du livre comme prolongement du sermon et substitut potentiel à la parole orale.
Hubert Bost, « “Il faut que nous nous considerions comme des ressuscitez”. Un sermon de Pierre Du Bosc »
Pierre Du Bosc (1623-1692), pasteur de Caen, frôle la mort en 1676. Lorsqu’il remonte en chaire, son sermon porte sur deux versets du Psaume 116 qui lui permettent d’approfondir sa réflexion sur la situation historique d’Israël au moment où David exprime à Dieu sa confiance, sur la maladie, la souffrance et la signification de la mort. Il s’efforce d’appliquer à son auditoire les leçons dispensées par la Bible aux fidèles qui sont exhortés à se considérer « comme des ressuscitez ».
Julien Gœury, « Le testament et la relique. Récit du dernier prêche et publication du dernier sermon dans les Églises réformées (xvie-xxe siècles) »
Les « Derniers sermons » sont une sous-catégorie d’un genre qui prend une ampleur considérable dans la seconde partie du xviie siècle : les « Dernières heures » des pasteurs. L’étude permet de mesurer la place prise par des pratiques pseudo-hagiographiques en principe proscrites dans le monde réformé et de comprendre leur fonction en mettant l’accent sur les restes matériels de ces derniers sermons, considérés comme de véritables reliques.
Isabelle Fernandes, « Un chien vivant vaut-il mieux qu’un lion mort ? John White et le sermon prononcé aux obsèques de Marie Ire »
Dans le sermon funèbre prononcé par John White lors des funérailles de Marie Ire, l’éloge de la défunte devient l’occasion de développements polémiques. Situant le sermon de White dans le contexte religieux d’une fin de règne catholique, l’article montre comment la déploration et la consolation se doublent d’une critique acerbe du protestantisme et d’Elisabeth Ire elle-même.
371Christian Jérémie, « Rhétorique et théologie dans les sermons funèbres d’Edwin Sandys et d’Edmund Grindal »
L’article analyse comment deux sermons prononcés par deux prélats de l’Église d’Angleterre sous le règne d’Élisabeth Ire parviennent à faire l’éloge d’un prince catholique, Ferdinand Ier, empereur germanique et d’un roi de France, Charles IX. Mettant en tension la figure de l’orateur et celle du prédicateur, Il étudie la manière dont Edmund Grindal et Edmund Sandys abordent les prières pour les morts et le dogme du purgatoire.
Anne-Marie Miller-Blaise, « “A forraine righteousness, to my succour”. Le sermon ou la justification de l’élégie dans la commémoration de Lady Danvers (1627) »
S’appuyant sur la lecture conjointe du sermon de commémoration de John Donne pour Lady Danvers et des poèmes élégiaques composés par George Herbert, fils de la défunte, cet article démontre que ces deux textes doivent se lire conjointement. Ils se répondent et constituent une « œuvre commune » non dénuée de portée politique défendant la via media entre catholicisme post-tridentin et séparatisme. La défunte est une figure allégorique de cette Église d’Angleterre qu’ils défendent.
Cinthia Meli, « La vertu féminine à l’épreuve de la mort. Le motif de la femme forte dans les oraisons funèbres du second xviie siècle »
Il s’agit de voir comment le motif de la femme forte se déploie dans un corpus de dix oraisons funèbres du second xviie siècle. Présentant une série des portraits de femmes, ces textes interrogent la participation des défuntes au pouvoir politique et révèlent une tension entre leurs vertus régaliennes, héroïques et militaires d’une part et leurs vertus domestiques d’autre part.
Ruth Whelan, « Prêcher la mort. Jacques Abbadie, prédicateur réformé au Refuge huguenot »
L’étude s’applique à mieux cerner l’éloge homilétique de langue française en régime réformé telle qu’on le trouve chez Jacques Abbadie dans ses trois sermons funèbres : pour la mort d’Élisabeth Henriette, princesse électorale de Brandebourg, en 1683, pour Charles, deuxième duc de Schomberg, en 1693 et pour Marie, reine d’Angleterre, en 1695. S’affranchissant en partie des règles 372de la Discipline, Abbadie infléchit la pratique réformée et prend position dans le débat autour de l’éloquence sacrée.
Ralph Houlbrooke, « English Preachers Gathered in the House of Mourning. Threnoikos (1640–1672) »
Le recueil de sermons funèbres Threnoikos a été publié en 1640 puis en 1660 et 1672 par un compilateur anonyme. La plupart de ces pièces considèrent que l’exposé de la doctrine est plus important que la biographie du défunt. Cette étude apporte des réponses nouvelles à des questions sur les objectifs du recueil, les critères de sélection des sermons et l’identité du compilateur.
Christian Belin, « “Des noms pompeux, vides de sens et de choses”. La nécrologie en faillite dans les oraisons funèbres de Bossuet »
Bossuet se détache des codes de l’oraison funèbre pour les pervertir de l’intérieur en vidant les mots de leur substance pour « proclamer la mort mystique du discours ». Mettant en scène la chute vertigineuse des plus grands personnages, sa parole relève « un triple renoncement : à l’héroïsation du défunt, à la fausse perpétuité du souvenir, à la sacralisation profane de la mort ».
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-10029-4
- EAN : 9782406100294
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10029-4.p.0367
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 19/10/2020
- Langue : Français