Or, parmy la multitude de ces ecrits, qui n’ont comme les roseaux, qu’une agreable verdeur, & une belle apparence de paroles pompeuses, creux & vuides au dedans, & sans aucune substance solide : il y en a une espece, que l’on peut appeler une fourmiliere & une pepiniere de ces folastres inventions. C’est celle qui porte pour titre le nom de Nouvelles. […] Ils font encore estat de celles du Bandel, que je n’ay jamais veues, & les estiment à cause du stile. Mais à ce que j’ay appris de ceux qui les ont leues, il y a de telles ordures, & abominations, que non seulement elles ont esté supprimees par l’authorité du magistrat, comme pernicieuses aux bonnes mœurs, mais encore par la detestation publique. Il est vray qu’il y avait entre les autres des evenements funestes, qui ont esté recueillis et traduits en nostre langue par Belle-forest, dont il a façonné ses Histoires Tragiques. Encore y en a-t-il qui meriteroient de la correction, & qui sont aussi pleines de chair et de sang.
Jean-Pierre Camus, Les Evenemens singuliers, Avis au lecteur, Lyon, Jean Caffin et François Pleignard, 1628.
Tout cela manque de sang.
Albert Camus, Caligula (acte II, scène 14), Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1962.