Note sur cette édition
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Paul et Virginie
- Pages : LI à LVI
- Réimpression de l’édition de : 1990
- Collection : Classiques Jaunes, n° 446
- Série : Littératures francophones
NOTE SUR CETTE ÉDITION
Cette édition n'aurait, après tant d'autres, aucune raison d'être, si elle ne s'efforçait pas d'être moins défectueuse que les précédentes. Établissement du texte On a le choix entre l'édition de lySS, qui est l'édition originale (elle est très fautive), l'édition de lySp, soigneu¬ sement revue et corrigée par l'auteur (la meilleure selon nous), et l'édition de 1806 qui est la dernière révisée par Bernardin de Saint-Pierre en collaboration avec son éditeur. C'est le texte de cette édition que l'on trouvera ici. Mais nous en avons rectifié les imperfections par recours aux leçons rencontrées dans l'édition de iyS$, ou même de iy88 : nous nous en expliquons à chaque reprise. De même, nous tenons compte des corrections opérées par C.-Aimé Martin^ dans LW rééditions car en plusieurs endroits elles suppriment des fautes évidentes et il est possible qu'elles reflètent les ultimes volontés de l'auteur. (É. G.)
I. Louis-Aimé Martin (1782-1847) fut le secrétaire et le disciple de Bernardin de Saint-Pierre avant d'épouser sa veuve. Par ses soins furent publiées L·es Harmonies de la Nature en 1815, puis les Œuvres complètes du maître en 1818-1820 (12 volumes. Nouvelle édition augmentée en 1826. Réédition en 2 vol. gr. in-S*^ en 1833). Cette collection, évi¬ demment très imparfaite, n'a jamais été remplacée. Mais, avant de condamner le travail de celui que Jean Fabre appelait « le malencontreux éditeur et biographe de Bernardin », encore faudrait-il examiner de près les pièces du dossier. A en juger seulement par Paul et Virginie.^ Aimé Martin a tenu son rôle d'éditeur de manière irréprochable. — Est-ce pour rehausser son patronyme que ce « littérateur distingué » signait L. Aimé-Martin'è (É. G.)
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Orthographe J'aurais souhaité, quant à moi, garder l'orthographe de l'édition de 1806. Mais la collection des Classiques Garnier ayant pour principe de moderniser l'orthographe des textes de cette époque, j'ai été obligé de respecter ce principe. En revanche, si l'orthographe du Préambule et du roman a été modernisée, j'ai gardé l'orthographe des variantes du manuscrit de la Bibliothèque X^ictor Cousin, et cela pour deux raisons : d'abord nous sommes certains d'avoir ici Γ orthographe de Bernardin, alors que, dans les éditions successives, on petit avoir souvent l'orthographe des typogra¬ phes et des correcteurs : enstdte il importe que le lecteur ait un échantillon étendu et varié de l'orthographe, fort incertaine et parfois fantaisiste, de Bernardin^. En particulier les philo¬ logues attachent à cette question une certaine importance.
Variantes Seuls les remaniements opérés sur un texte par l'auteur ou d'après sa volonté constituent à proprement parler une variante. Après l'originale de ij88, trois rééditions de Paul et Virginie répondent à des degrés divers à cette condition : celle de 178g, celle de 1806 et celle d'Aimé Martin. Dans /'Avis qui précède l'édiHon séparée de 178g, Ber¬ nardin déclare : « Pour moi. J'ai corrigé dans cette édition quelques fautes de date et de style qui m'étaient échappées dans celle de mon quatrième volume des Études de la Nature,
I- D'après VAvant-Propos de L·a l'^ie et les Œuvres de Rousseau par B. de Saint-Pierre, l'orthographe ne lui était pas indifférente (éd. Souriau, Paris, Didier, 1907, p, xv). Mais ses manuscrits ne la respectent pas.
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et j'en ai rem les épreuves avec le plus grand soin^. » Ό ans le Préambule de 1806, Γ écrivain avoue : « M. Oidot l'aîné, si célèbre par la beauté de ses éditions, en a imprimé le texte ; il en a revu les épreuves avec moi, et m'a aidé plus d'une fois de ses utiles observations^. » Ces deux décla¬ rations définissent des retouches de type différent : les pre¬ mières doivent tout à l'auteur, seul pilote en son navire ; les secondes découlent d'une collaboration dont les paris res¬ pectives sont difficiles à démêler. On pourrait en déduire qu'en vertu de sa plus grande authenticité, igSp offre le meilleur état du texte : c'est le parti que nous avons adopté pour la collection des « Cettres françaises »®. Mais l'usage a consacré 1806, dernière version publiée du vivant de l'auteur et devenue, malgré ses défauts notoires, h vulgate d'à peu près tous les éditeurs, dont Pierre Trahard. Une ultime étape sera franchie quand Uotiis-Mimé Martin publiera Paul et Virginie. Ces premières phrases de Γ « Avis de l'éditeur » daté de mars 1818 laissent entendre que Bernardin avait eu l'intention d'abréger le Préambule et de corriger une dernière fois le texte du roman : « Quelques indications manuscrites de Bernardin de Saint-Pierre nous ont guidé dans ce travail, qu'il avait presque achevé. » Toilette posthume sans doute, mais dont on ne peut ignorer les effets. Entre lySg et 1806, l'hiventaire de Paul Toinet^ recense trente-quatre éditions. Beaucoup sont introuvables, un bon nombre étaient des contrefaçons, très peu, sauf erreur, offrent le label de l'authenticité. Mélangeant le scrupule et la mala-
1. Voir p. CLXi de la présente édition. 2. Voir p. 43 de la présente édition. 3. Paris, Imprimerie Nationale, 1984. Voir notamment les « Prin¬ cipes d'édition » exposés p. 61-74, à compléter par notre article « A propos des variantes de Paul et X^irginie », Mélanges offerts à Frédéric Oeioffre, à paraître (Paris, S.E.D.E.S.)· 4. « Paîd et Virginie », Képertoire bibliographique et iconographique^ Paris, Maisonneuve & Larose, in-8°, 1963.
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dresse, P. Trahard avait, suivant ses dires, relevé « les variantes des éditions de lySS (texte des Études de la Nature, Didot-Méquignon), de lySp (édition séparée de Didot), de lyyo (texte des Études de la Nature, Didot), de 1800 (édition des Pihraires Associés), de 1802 (édition Auguste Delalain), enfin de 1806 (édition de luxe par souscription, chey Didot) »1, laissant de côté d'autres éditions rencontrées en chemin et soupirant au bout du compte : « D'ailleurs, ce travail de variantes, long et minutieux, est assey_ décevant"^ », non sans minimiser la valeur des vraies variantes indistinctement confiondues avec les « infimes varia¬ tions orthographiques » et autres déviances typographiques. Il ne semble pas s'être rendu compte que lypo est un alliage composite de iy88 et lySy tenant à des motifs de mise en pages, et d'autre part qu'aux bourdes près 1800 reproduit iy88 et 1802 reproduit iy8p, ce qui ôte aux pseudo-variantes qu'offrent ces versions la moindre validité. Pin outre, il a inclus dans la liste des variantes, sans l'annoncer et à des fins purement polémiques, toutes les erreurs relevées par lui dans l'édition M. Souriau. Enfin, il a commis nombre de fautes, méprises et omissions. Pe résultat constituait un assemblage hétérogène, inutilement gonflé, comme l'a bien montré Roger LaufeTK Nous avons limité l'indication des variantes aux deux éditions de iy88 et de lySp et à celle procurée par Aimé Martin en 1818. Contrairement à ce qu'avait fait P. Tra¬ hard, les le pons de 1806, sauf cas spéciaux, ne sont pas signalées puisque le lecteur les a sons les jeux. Certains passages du texte font l'objet d'un commentaire grammatical ou philo¬ logique. (É. G.)
1. Précédente édition, p. lix-lx. 2. Ihid., p. Lx. 3. Introduction à la textologie, Larousse, 1972, p. 54-58.
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MANUSCRIT Bernardin a travaillé avec acharnement son texte avant de le livrer à l'imprimeur, et ce long travail, véritable toile de Pénélope, importe peut-être plus que les variantes posté¬ rieures. On assiste à la très pénible élaboration du livre, à ses remaniements successifs, à ses innombrables corrections, à la refonte ou à la suppression de pages entières, à des bou¬ leversements considérables. C'est pourquoi le manuscrit ou plus exactement les brouillons disparates et désordonnés du roman sont indispensables à consulter^. M. Souriau les a ignorés, on ne sait pourquoi. G. Canson les a partiellement étudiés. Grâce à l'extrême obligeance de M. JSabert j'ai pu avoir communication du « manuscrit » de la Bibliothèque l'Pctor Cousin, et j'ai complété, autant qu'il m'a été pos¬ sible, le travail de G. Imusou, sans épuiser la matière, contraint de faire un choix et de me limiter à des exemples. Ce lecteur trouvera donc ici, avant le roman même, la préfi¬ guration du livre dans ses états successifs; il assistera ainsi à sa lente formation, il aura sous les yeux ses transformations incessantes et ses interminables tâtonnements. Il trouvera aussi quelques documents qui proviennent de la Bibliothèque du Havre. Les pages qui suivent le renseigneront donc sur les brouillons de la Bibliothèque \ Ictor Cousin et sur les documents de la Bibliothèque du Havre. fduant aux notes, sans les ;nultiplier à l'excès, je me suis efforcé de les rendre aussi précises que possible. Elles mon¬ treront que Bernardin avait le souci de Γ exactitude et de la
I. Depuis 1975, nous disposons pour le faire de l'admirable Édition critique du manuscrit de Paul et Virginie [...] procurée par Marie-Thérèse Veyrenc. Ce déchilîrage intégral et quasi déhnitif complète les en¬ quêtes intéressantes mais partielles de G. Lanson dans son atticlc de 1908 et de P. Trahard dans la présente édition. (É. G.)
66couleur locale. Seules, les éditions de (Henriot) et de i8jy (Lemerre) avaient été assec^ copieusement annotées, surtout la première, qui est précieuse à cet égard. * * + Il ?7ie reste à retnercier tous ceux qui ont bien voulu m'aider dans Vétahlissetnent laborieux de cette édition, en particulier M. Cain, Administrateur de la Bibliothèque Nationale et ses aimables collaborateurs ; M. Nabert, Bibliothécaire en chef de la Bibliothèque Victor Cousin; M. le Conser¬ vateur de la Bibliothèque Municipale du Havre, qui a bien voulu me communiquer certaines liasses manuscrites de B. de Saint-Pierre ; Mlles Barthélémy et Weil, Biblio¬ thécaire et Bibliothécaire adjointe de la Bibliothèque Univer¬ sitaire de Dijon; Al. Gras, Bibliothécaire de la Bibliothèque Alunicipak de Dijon; AIM. les Bibliothécaires des Biblio¬ thèques de province, universitaires ou municipales...
- Thème CLIL : 3436 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques
- ISBN : 978-2-8124-1470-1
- EAN : 9782812414701
- ISSN : 2417-6400
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-1470-1.p.0061
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 08/04/2014
- Langue : Français