Résumés
- Publication type: Journal article
- Journal: Parade sauvage
2016, n° 27. Revue d’études rimbaldiennes - Pages: 215 to 219
- Journal: Parade sauvage (Wild Parade)
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Résumés
Corinne Saminadayar-Perrin, « “Le Forgeron”. Un bonnet rouge au dictionnaire »
En faisant d’un forgeron l’incarnation du peuple insurgé, Rimbaud rend la Révolution aux travailleurs qui l’ont faite ; l’insurrection du 20 juin 1792 montre la légitimité de l’exercice direct du pouvoir par le peuple souverain. Contre les élites qui l’ont confisquée, le poème restitue la voix du peuple, sans censure ni médiation : l’oralité familière et la chanson populaire investissent la noblesse de l’alexandrin – l’insurrection stylistique est à l’image de l’assaut donné aux Tuileries.
Choosing to incarnate the people in revolt in the figure of a blacksmith, Rimbaud returns the French Revolution to those who carried it out in the streets. In opposition to the powerful, Rimbaud’s “Forgeron” recreates the voice of the people, without censure or mediation: everyday orality and popular songs swarm the palace of the alexandrine in a discursive insurrection that is the stylistic equivalent of the storming of the Tuileries Palace.
Denis Saint-Amand et Florine Roland, « Jésus caricaturé ? À propos des Proses évangéliques »
L’article propose une relecture des ambivalentes Proses évangéliques amorcées par Rimbaud en cherchant à montrer que, débordant d’ironie et chargées sur le plan intertextuel, ces trois textes peuvent se lire comme un projet parodique sans forcément correspondre à un ensemble de « proses contre-évangéliques ».
This article proposes to re-read Rimbaud’s ambivalent, fragmentary Proses évangéliques and seek to show that it is possible to discern in these three texts, which are saturated with irony and complex intertextual gestures, a parodic project whose meaning is not limited to the domain of the “counter-evangelical”.
216Steve Murphy, « “Ce que les Juifs n’ont pas vendu”. Notes en marge de “Solde” »
Comment interpréter la formule d’attaque de « Solde » ? L’objectif n’est pas ici de trancher entre deux interprétations contrastées du positionnement de Rimbaud sur « la question juive » mais de rappeler les rapports, dans les dictionnaires de l’époque comme dans des discours « de gauche », entre le mot « Juif », la richesse, l’usure et le commerce malhonnête. L’article souligne la polyphonie constitutive et parodique du poème qu’on ne peut lire comme s’il exprimait directement la pensée de Rimbaud.
How should one interpret the opening phrase of “Solde”? The article does not aim to choose one of the two opposing interpretations of Rimbaud’s positions on “the Jewish question”, but seeks rather to note the links, in dictionaries of the period and in certain “left-wing” discourses, between the word “Jew”, wealth, usury, and commercial dishonesty. The article stresses the constitutive and parodical polyphony of the poem that cannot be read as if it was a direct expression of Rimbaud’s thought.
Julien Weber, « Prière d’Arthur Rimbaud. Les aléas de l’allégorie animale dans “Les Corbeaux” »
Cette étude discute le contenu théologique du poème « Les Corbeaux ». Souvent interpété comme une satire sociale, ce poème se prête cependant à une lecture différente de l’allégorie animale où ce sont avant tout les codes de la prière ainsi que le motif chrétien de l’incarnation qui sont en jeu. « Les Corbeaux » nous invite ainsi à réfléchir au rapport conflictuel que la poésie entretient avec la symbolique religieuse.
This article engages with the theological side of “Les Corbeaux”. Often taken as social satire, we contend that the poem also lends itself to a different reading of animal allegory in which what is at stake is above all prayer as form of code and the Christian motif of the incarnation. “Les Corbeaux” thus asks us as readers to attend to the tense symbolic relationship that poetry maintains with the religious.
Philippe Rocher, « Le poème et le détail. Contribution à une “histoire rapprochée” des vers de Rimbaud »
Dans l’œuvre versifiée de Rimbaud avant 1872-1873, les césures et les rimes sont déjà l’occasion de« singularités » tantôt discrètes, tantôt plus facilement perceptibles dans les cas d’irrégularité métrique. Loin d’être un jeu gratuit, de 217tels détails, qui focalisent ponctuellement et localement l’attention du lecteur sur la forme, le rythme et le signifiant, sont d’autant plus significatifs qu’ils contribuent à l’interprétation globale des poèmes.
Sometimes subtly, and sometimes easily perceptibly when the question of metrical regularity is at stake, rhyme and the caesural position are already the object and terrain of a series of “singularities” in Rimbaud’s verse corpus prior to 1872–1873. Far from constituting a pointlessly gratuitous poetic game, this article shows how such “singularities” frequently and strategically focus the reader’s attention on the questions and functions of form, rhyme and the signifier, and thus play a key role in the overall interpretation of the poems in question.
Alexandre Dubois, « Dire “Adieu” au “Génie”. Le sacré des lointains chez Rimbaud »
Cet article fait dialoguer les poèmes de Rimbaud que sont « Adieu » et « Génie », dialogue déjà amorcé par la pensée scientifique dès lors qu’elle place arbitrairement « Génie » à la fin des Illuminations, affiliant ce poème avec l’« Adieu » de la Saison. À l’appui d’un style parataxique, Rimbaud rend compte d’une expérience mystique de manière concrète et ordonnée, de sorte que dire « Adieu » au « Génie » formule la séparation avec le divin de même que sa non moins nécessaire adresse.
This article seeks to scrutinize Rimbaud’s “Adieu” and “Génie” by putting the prose poems into dialogue – a dialogue also already announced or created by an editorial tradition that arbitrarily placed “Génie” at the end of Illuminations, thereby infratextually affiliating the text with Une saison en enfer’s “Adieu”. Rimbaud deploys a stylistics of parataxis here, one that allows the poet to grasp in its materiality and impose order on a mystic form of experience. Saying “Adieu” to (the) “Génie” is thus one way of articulating both humanity’s necessary separation from – and no-less necessary address to – the divine.
Joseph Acquisto, « Entre Rimbaud et Bataille. Le salut, le savoir et l’impossible renoncement à la poésie dans Une saison en enfer »
Cet essai fait appel à la poétique de Georges Bataille afin d’énumérer les conséquences de l’impossibilité de renoncer à la poésie telle qu’elle se manifeste dans Une saison en enfer. Prenant en compte des considérations (a)théologiques et épistémologiques, l’essai démontre que le refus du salut entraîne, comme 218le refus de la poésie, non pas un abandon mais une transformation. Rimbaud finit par annuler le renoncement et répond ainsi à la liberté vide et située nulle part selon la pensée de Bataille.
This article prevails upon Georges Bataille’s conception of the poetic in order to assess the consequences of the impossibility of giving up on poetry in Une saison en enfer. Taking both (a)theological and epistemological considerations into account, the article shows how the refusal of salvation leads, like the rejection of poetry, not to abandonment but to a transformation. Rimbaud gives up on (his) giving up, and thus plunges into the atopical void of freedom as Bataille understands it.
Jean-Baptiste Fanouillère, « Les échos rimbaldiens d’Un beau ténébreux. Présences de Rimbaud chez Julien Gracq (II) »
La présente étude entend poursuivre le travail entamé dans l’article « De “Ville” à Liberté grande », publié dans la 26e livraison de Parade sauvage et qui s’attachait à analyser l’influence d’Arthur Rimbaud sur les œuvres de Julien Gracq, et, plus particulièrement, sur ses poésies. Dans cette contribution, c’est au versant romanesque de l’œuvre gracquienne que nous nous intéressons, à travers une relecture du deuxième roman de l’auteur, Un beau ténébreux, qui multiplie les allusions au poète.
The present study is intended as a companion piece following-up on the analysis and arguments of “De ‘Ville’ à Liberté grande” (Parade sauvage, 26), which sought to assess Rimbaud’s influence on the poetic works of Julien Gracq. This article thus seeks to make a contribution to understanding the stakes of a Rimbaldian intertext in Gracq’s romanesque production, and pays particular attention to the myriad allusions to Rimbaud in Gracq’s second novel, Un beau ténébreux.
Yasser Elhariry, « 8e dormant. Vers une poétique franco-arabe : Salah Stétié lecteur de Rimbaud »
Cet article reconsidère Les Déserts de l’amour du point de vue de la poétique comparée franco-arabe. Le poète libanais Salah Stétié consacre à Rimbaud un essai dans lequel il lui réserve une lecture ouvrant la polysémie des « Déserts » à l’intertexte arabo-islamique. Les vers de la sourate « La Caverne » retrouvent des échos chez un Rimbaud guidé par la poétique coranique, ce qui mène à une constatation étonnante : Rimbaud s’inscrit dans la lignée du personnage du dormant coranique sacré.
219This article reconsiders Les Déserts de l’amour from the critical perspective of comparative Franco-Arabic poetics. The Lebanese poet Salah Stétié opens up “Les Déserts” to a polysemic, Arabo-Islamic intertextual reading. Thus, in the verses of the Surah entitled “The Cave” we find a series of echoes or traces of a Rimbaud guided by Qur’anic poetics, all of which suggest the following, surprising observation: Rimbaud is a poetic descendant of the sacred, slumbering figure of the Qu’ran.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-06926-3
- EAN: 9782406069263
- ISSN: 2262-2268
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-06926-3.p.0215
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 05-05-2017
- Periodicity: Annual
- Language: French